Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix.
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— Voir sur l'église de Plourin-lès-Morlaix :
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L'Arbre de Jessé de l'église de Plourin-les-Morlaix (Finistère).
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Les statues de l'église de Plourin-les-Morlaix (1 : le Silence) .
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Les statues de l'église de Plourin-les-Morlaix (2 : Anne trinitaire) .
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix.
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.. Voir les œuvres de Roland Doré :
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Calvaire de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic.
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Les calvaires de Dirinon II. Le calvaire de la Croix-Rouge ou Beg-ar-Groaz (vers 1640).
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Le calvaire (Roland Doré, 1630) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel.
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Saint-Ségal : le calvaire du bourg (vers 1550 et 1630, kersanton, atelier Prigent et Roland Doré).
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Le calvaire (Roland Doré, 1655) de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez (quartier de Pouldavid).
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Le calvaire (Roland Doré, 1655 ?) de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez : de nouvelles photos.
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Les sculptures de l'église de Bodilis : les Fonts baptismaux.
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Le gisant de Jacques Barbier au Musée du Léon de Lesneven. (avec les liens d'autres références)
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Le gisant d'Yves Bervet, sieur du Parc au Musée départemental breton de Quimper.
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PRÉSENTATION.
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Le beau calvaire de Plourin-lès-Morlaix, de mémoire d'homme, n'a jamais été connu que sous la forme des diverses statues qui le composaient, d'abord éparpillées, puis regroupées pour six d'entre elles (qui ont conservées leur polychromie) dans l'ancien ossuaire, et pour les autres, sur le mur d'enceinte de l'enclos. Il avait été détruit à la Révolution, et le crucifix "a été soustrait par un particulier" (Castel).
Mais le style du sculpteur est si facilement identifiable (notamment sur les deux Vierges) qu'on peut l'attribuer au meilleur sculpteur breton de kersantite (une roche remarquable par la finesse de son grain et sa résistance à l'altération), Roland Doré, actif de 1618 à 1663, et auteur d'une petite centaine de croix et calvaires des paroisses de Léon, de Cornouaille et du Trégor.
Nos calvaires ne font presque jamais l'objet d'études monographiques, si on excepte les calvaires monumentaux comme ceux de Pleyben, Plougonven ou Plougastel. A fortiori lorsque ces calvaires sont réduits à l'état de vestiges.
C'est bien dommage, puisqu'à Plourin-Lès-Morlaix sont conservées de très belles pièces : trois des quatre groupes géminés, soit six personnages, qui occupaient les croisillons (la Vierge / saint François d'Assise, Marie-Madeleine / saint Paul, et saint évêque / saint Yves [groupe qui n'est pas signalé par Le Seac'h 2014 mais qui est décrit par Castel :les personnages ont été désunis, saint Yves étant conservé dans la nef et l'évêque (?) dans l'ossuaire], six statues en ronde-bosse (les quatre évangélistes, saint Grégoire et un saint évêque), deux groupes qui occupaient sans doute les nœuds des croisillons (la Vierge de Piété et la Fuite en Égypte).
Soyons juste, Yves-Pascal Castel consacre 4 doubles pages de son catalogue d'exposition Roland Doré et les enclos paroissiaux aux photographies de ces statues, et y signale leurs mensurations en légende.
C'est bien dommage que ces œuvres n'aient pas été étudiées et décrites une par une, mais cela m'a permis d'apporter mon grain de sel (ou de sénevé), et de découvrir un détail truculent sur la Fuite en Égypte. Et il faut bien que mon blog ait un peu de grain à moudre, non ?
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Les deux cartels explicatifs (pléonasme?) sont néanmoins remarquables, et fournissent de précieux renseignements.
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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Le père Y.-P. Castel avait publié une proposition de reconstitution, avec deux croisillons (afin de placer les statues géminées) et une console pour la Fuite en Égypte, tandis qu'il imaginait que les quatre évangélistes encadraient le piètement du fût . Il signale des "corrections" auxquelles je n'ai pas eu accès.
Le Seac'h indique une reconstitution dessinée par Jean-Michel Le Goff, et en donne une illustration partielle, qui ne diffère pas du schéma de Castel.
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I. SUR LE MUR D'ENCEINTE, À DROITE DU MONUMENT AUX MORTS.
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1. LA FUITE EN ÉGYPTE À LA VIERGE ALLAITANTE.
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Kersanton . H= 67 cm, l = 67 cm, pr = 25 cm.
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La Vierge est assise transversalement sur le bât de l'âne, les pieds appuyés sur un repose-pieds. Elle est recouverte d'un manteau très couvrant, laissant à peine voir l'extrémité des chaussures, et formant entre les jambes des plis en V. Elle est coiffée de ce qui semble être une couronne.
Son visage très rond et les fossettes des commissures labiales, sont caractéristiques de Roland Doré, et on retrouve cela sur le visage de l'Enfant. Le hiératisme de l'ensemble rappelle de l'artiste est un élève du Maître de Plougastel.
La Mère ne regarde pas son enfant, mais chacun d'eux fixe le lointain, devant eux. Pourtant, le geste de la main droite, qui présente le mamelon du sein dénudé entre index et majeur, permet de constater qu'elle s'apprête à allaiter son Fils.
Ce thème, un épisode de la Fuite, est connu depuis le XVIe siècle, et répond au titre de "Le Repos pendant la Fuite en Égypte".
On peut créer une sous-division de ce thème sous le titre : "La Vierge allaitant pendant le Repos (la Halte) de la Fuite en Égypte". Il est très représenté en peinture, et le dossier Wikipédia réunit 71 fichiers en rapport avec ce sujet.
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Madonna_lactans_of_the_Rest_on_the_Flight_into_Egypt?uselang=fr
Plusieurs peintures ont été réalisées par le peintre flamand Gérard David en 1490 puis en 1512-1515.
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Paintings_of_Madonna_lactans_of_the_Rest_on_the_Flight_into_Egypt?uselang=fr#/media/File:1490_David_Maria_mit_dem_Kinde_anagoria.JPG
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Paintings_of_Madonna_lactans_of_the_Rest_on_the_Flight_into_Egypt?uselang=fr#/media/File:Gerard_david_(attr.),_riposo_durante_la_fuga_in_egitto,_1515_ca._01.JPG
https://fr.wikipedia.org/wiki/Repos_pendant_la_fuite_en_%C3%89gypte_(G%C3%A9rard_David)#:~:text=Le%20Repos%20pendant%20la%20fuite,of%20Art%20%C3%A0%20New%20York.
Ou par un artiste de l'école hollandaise vers 1500.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Repos_pendant_la_fuite_en_%C3%89gypte#/media/Fichier:Netherlandish_School_-_Rest_on_the_Flight_into_Egypt_-_Google_Art_Project.jpg
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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2. LA VIERGE AU PIED DU CALVAIRE (Géminée avec Saint François d'Assise).
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Kersanton . H= 67 cm, l = 24 cm, pr = 24 cm.
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La Vierge, qui occupait un croisillon à la droite du crucifix, est voilée, et porte la guimpe. Sa tête est légèrement inclinée vers la droite, et ses mains sont croisées sur la poitrine (mais la main gauche n'est pas sculptée).
Son manteau forme un pan qui tombe horizontalement du côté droit, tandis que le pan gauche est repliée en dessinant un S.
La robe est plissée et serrée par une ceinture.
Le visage est typique du style de Roland Doré, très rond malgré un menton pointu, avec un nez dont la crête acérée s'achève par des narines dilatées, et des yeux en amande dont la paupière inférieure est ourlée. Les iris sont comme des cerises, et les pupilles en sont creusées, ce qui est un trait stylistique vraiment caractéristique du maître sculpteur.
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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3. SAINT FRANÇOIS D'ASSISE (géminé avec la Vierge).
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Kersanton . H= 67 cm, l = 24 cm, pr = 24 cm.
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Le saint est identifié par sa bure franciscaine, sa ceinture en corde à nœuds "de capucin", et surtout par sa posture présentant les paumes trouées par les stigmates.
Nous retrouvons les caractéristiques du visage rolandéen , les yeux sont ici ourlées s'un double trait sur les deux paupières. Le creusement des pupilles est bien apparent. La bouche a ce demi-sourire crispé caractéristique, qu'encadre des sillons naso-géniens accentués, permettant d'indiquer la masculinité de son personnage.
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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II. SUR LE MUR D'ENCEINTE, À GAUCHE DU MONUMENT AUX MORTS.
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4. LA VIERGE DE PITIÉ (FRAGMENT).
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Kersanton . H= 65 cm, l = 35 cm, pr = 20 cm.
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Ce groupe est très curieux. Il est difficile de dire si la Vierge est debout, ou plutôt assise comme à la chapelle Saint-Claude de Plougastel, dont la Pietà attire la comparaison. Par contre, il est clair que le Christ est assis sur le genou gauche de sa mère (la chaussure gauche apparaît sous la jambe de la Vierge, qui est bizarrement assimilable à une colonne, un montant). Marie le tient ainsi, appuyé flanc contre flanc, en le soutenant sous l'aisselle par sa main gauche. Elle soutient avec une tendre sollicitude le bras droit du Christ par une élégante prise du poignet.
Cette disposition verticale du Christ, contraire à la tradition où la Mère tient le cadavre du Fils entre ses bras, se retrouve, je l'ai dit, à la chapelle Saint-Claude, ainsi qu'à la chapelle de Sainte-Anne-La-Palud de Plonévez-Porzay. Les trois œuvres sont de Roland Doré, et sont datés par estimation vers 1630, ou vers 1642 pour Sainte-Anne-la-Palud. Également de Roland Doré, la Vierge de Pitié de Cast reprend la même disposition, mais elle pose un genou à terre, et la tête de son Fils est placée plus bas que dans les autres exemples.
Dans tous les cas, la Vierge est penchée sur son Fils, qu'elle entoure dans l'arc de son buste et de sa tendresse.
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Le Christ diffère des autres groupes (et de nombreuses Pietà) car il est placé à la gauche de sa mère. En outre, il présente ici une particularité intrigante.
Sa main gauche repose sur un volume rectangulaire qui pourrait en abuser pour un livre. C'est en réalité l'extrémité du pan du pagne, noué à gauche.
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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5. SAINTE MARIE-MADELEINE TENANT LE FLACON D'AROMATES.
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Kersanton . H= 67 cm, l = 22 cm, pr = 27 cm.
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On remarquera l'élégance du manteau, dont l'épaisse étoffe est presque palpable, et dont les pans descendent en plis symétriques sous la manche droite.
Mais on remarquera aussi le bandeau occipital, ici large et à deux plis, cette coiffure assez propre aux sculpteurs de Basse-Bretagne au XVe-XVIIe siècle, sculpteurs qui la réservent sauf exception à la Vierge et à Marie-Madeleine, en équivalent de nos "chouchous".
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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6. SAINT PAUL ET SON ÉPÉE.
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Kersanton .
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Chacun appréciera selon son point de vue la propagation des lichens sur nos statues. Quand à moi, je continue à être choqué par la manière dont ces dartres (c'est l'étymologie de "lichen") défigurent les saints personnages de notre patrimoine.
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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III. DANS L'ANCIEN OSSUAIRE.
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Six des statues de kersanton polychromes (on corrigera le texte du cartel qui parle de granite) ont été placées dans chacune des arcades de l'ancien ossuaire, derrière des vitres, excellente protection contre les lichens et autres dégradations, et belle idée d'animation de l'ossuaire. Mais cela ne fait pas l'affaire du photographe, qui doit ruser et fractionner ses clichés.
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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7.UN SAINT ÉVÊQUE.
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Kersanton polychrome. H= 85 cm, l = 26 cm, pr = 18 cm. Revers sculpté, trou de fixation.
Comme tous les personnages suivants, ce saint est en train d'écrire un livre. Si on pense aux Pères de l'église, dont les textes sont fondateurs, on peut suggérer saint Augustin ou saint Ambroise. Si on veut y voir un des grands saints évêques bretons (Corentin, Pol-Aurélien), peu sont réputés être l'auteur d'ouvrages notables.
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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8.L'ÉVANGÉLISTE SAINT MATTHIEU ET SON ANGE.
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Kersanton polychrome. H= 84 cm, l = 39 cm, pr = 20 cm. Revers sculpté, trou de fixation.
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Chaque évangéliste est représenté en train d'écrire avec un crayon sur un phylactère. Ceux-ci portent des inscriptions peintes, qui ne correspondent peut-être pas aux textes initiaux, mais parfois à l'incipit (premiers mots) de leur évangile.
Chacun est accompagné de son attribut, l'un des quatre éléments du Tétramorphe.
Ici, Matthieu est accompagné de l'ange. On lit : PASIO DOMI[NI], renvoyant à la Passion selon saint Matthieu, (Passio Domini nostri Jesu Christi secundum Evangelistam Matthaeum).
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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9.L'ÉVANGÉLISTE SAINT MARC ET SON LION.
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Kersanton polychrome. H= 83 cm, l = 35 cm, pr = 23 cm.
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L'inscription énonce : SEQUENTIA SAN[CTI] EVANG[ELII].
Le texte correspond à Sequentia sancti Evangelii secundum [Marcum. In illo tempore..]., "Suite de l'évangile selon saint [Marc. En ce temps là].
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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10.L'ÉVANGÉLISTE SAINT LUC ET SON TAUREAU.
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Kersanton polychrome. H= 85 cm, l = 40 cm, pr = 20 cm. Revers sculpté, trou de fixation.
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Sur le phylactère : IN ILLO TEMP [ORE].
In illo tempore (En ce temps-là) n'est pas l'incipit de Luc, qui est Quoniam quidem multi conati. Mais on trouve la formule dans les évangiles, notamment de Luc, notamment dans la séquence "En ce temps là Jésus dit à ses apôtres".
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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11.L'ÉVANGÉLISTE SAINT JEAN ET SON AIGLE.
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Kersanton polychrome. H= 82 cm, l = 34 cm, pr = 20 cm. Revers sculpté, trou de fixation.
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Inscription : IN ILLO TEMP[O]RE CUM ESS[ET]
Il s'agit d'une citation de l'évangile de Matthieu 3: In illo tempore. Cum esset desponsata Mater Jesu Maria Joseph. Ou de Luc In illo tempore cum esset Iehsu in una civitatum. Ou, plutôt ici, de Jean : In illo tempore cum esset sero die illo una sabbatorum.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52000464r/f146.item
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000718s/f7.item
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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12.SAINT GRÉGOIRE PÉRE DE L'ÉGLISE EN PAPE.
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Kersanton polychrome. H= 85 cm, l = 40 cm, pr = 20 cm. Revers sculpté, trou de fixation.
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Le pape Grégoire Ier (vers 540-604) est l'un des quatre pères de l'église d'Occident avec saint Amboise, saint Augustin et saint Jérôme. Le chant grégorien a été nommé en son honneur
Il est également figuré, comme les évangélistes, en train d'écrire. Le livre qu'il tient ouvert dans sa main gauche ne porte pas de titre ; je choisis son Moralia in Job.
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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IV. STATUES CONSERVÉES DANS L'ÉGLISE
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13. SAINT YVES ET LE GESTE D'ARGUMENTATION.
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— Voir sur les groupes de Saint Yves entre le Riche et le Pauvre :
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La verrière de Saint Yves de la chapelle de Coligny, église des Iffs (35) Date de 1587.
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Saint Yves entre le Riche et le Pauvre, bois polychrome du XVIe siècle de la cathédrale de Quimper.
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La chapelle Saint-Adrien à Plougastel (3) Groupes : Saint Yves, saint Martin et saint Éloi.
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L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault V : Le triptyque de saint Yves entre le Riche et le Pauvre. (XVIIe siècle)
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L'enclos paroissial de Saint-Herbot à Plonévez-du-Faou II. La chapelle saint-Yves : ses Niches et son vitrail de saint Yves. (XVIIe siècle)
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Le groupe de saint Yves entre le Riche et le Pauvre de la chapelle de Quilinen à Landrévarzec.
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Kersanton polychrome. Statue géminée avec une sainte femme : h = 66 cm, l = 27 cm, pr = 20 cm.
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a. Le costume.
Saint Yves porte la "barrette" ou bonnet carré (de recteur ou de docteur), le camail noir à revers rouge dont la capuche est rabattue, et le surplis au dessus de la cotte talaire.
b. Le livre-ceinture.
Un livre (l'ouvrage de droit qu'il doit posséder comme Official, c'est à dire comme juges aux affaires ecclésiastiques du diocèse de Tréguier) est suspendue à sa ceinture ou à son poignet gauche car il est enveloppé dans un étui de transport dont il est relié.
Cet accessoire est désigné aujourd'hui en histoire de l'art sous le terme de "livre ceinture".
Voir mes commentaires sur celui-ci ici :https://www.lavieb-aile.com/2020/07/le-calvaire-de-motreff.html
On trouve aussi ce livre-ceinture parfois sur les statues de saint Jean (Mellac, Motreff, Quilinen), sur les figures des apôtres (saint Philippe sur le Calendrier des Bergers 1498), et, porté par Yves, sur le calvaire de Pencran, sur celui de Saint-Thégonnec et sur des vestiges d'un calvaire de Guipavas. Entre autres.
Sur le calvaire de Saint-Thégonnec :
https://www.lavieb-aile.com/2021/03/le-calvaire-de-saint-thegonnec.ii-les-croix.html
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c. Le geste de l'argumentation.
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Yves de Kermartin pose la pulpe de l'index sur celle du pouce, geste précis, qui est repris dans de nombreuses représentations du saint, si bien qu'il devient un véritable attribut, le symbole de ses compétences dans la défense juridique et de sa maîtrise de la rhétorique et de l'éloquence.
— Saint Yves et le geste de l'argumentation, etc. :
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La chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal : l'Arc de triomphe.
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La bannière Le Minor de la paroisse "Saint-Yves de la côte sauvage".
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Le jubé de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice (29).II. La clôture de chœur.
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La statue de saint Yves sur le calvaire de saint Exupère à Dinéault.
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La verrière des saints Pierre, Yves et Barbe à Pont-Audemer.
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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14. SAINTE FEMME.
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Kersanton (sans polychromie). Statue géminée avec saint Yves . Photo d'Yves-Pascal Castel dans Daniel 1988 page 13, où la légende indique "saint évêque".
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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15. SAINT ANNE TRINITAIRE.
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Kersanton polychrome. H= 79 cm, l = 30 cm, pr = 18 cm. Revers évidé, trou de fixation.
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Je ne reviens pas sur ce thème iconographique que j'ai largement développé dans ce blog. Ici, nous avons sainte Anne, de taille "vraisemblable", qui tient dans ses bras et assise sur le berceau de son coude gauche sa fille Marie, couronnée, mais de la taille d'une poupée. Celle-ci tient sous les aisselles le petit Jésus, seulement vêtu d'un pagne, et dont les pieds sont soutenus par la grand-mère.
Les visages, et notamment les yeux, sont à nouveau parfaitement représentatifs du style de Roland Doré.
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GROUPES DE SAINTE ANNE TRINITAIRE de BRETAGNE.
-ailleurs :
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Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile 2014.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile 2022.
Le calvaire démantelé (kersanton, Roland Doré, vers 1630) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile 2022.
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CONTREPOINT : LE MONUMENT AUX MORTS DE JEAN-GUILLAUME DONNART (1925).
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https://monumentsmorts.univ-lille.fr/monument/30290/plourin-les-morlaix-presdeleglise/
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SOURCES ET LIENS.
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— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère n° 2319.
https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/plourin_les_morlaix.html
2319. Plourin-lès-Morlaix, église, mur d’enclos et intérieur de l’église, k. Vers 1630, par Roland Doré. Ensemble de statues dont Vierge de Pitié, statues géminées: Madeleine-Paul, Vierge-François d’Assise (mur d’enclos). Statue géminée: Yves-évêque, statues: quatre évangélistes, sainte Anne, saint Grégoire (niches dans le haut du mur de la nef, intérieur église). De cet ensemble, le crucifix a été soustrait par un particulier. [YPC 1980]
— CASTEL (Yves-Pascal) 1985, La reconstitution du calvaire de Plourin-Lès-Morlaix, . articles du Progrès de Cornouaille / Courrier du Léon 2 11 85.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/817dd792c67b867af65174754c8d2222.jpg
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1983_num_90_2_3130
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/52e804fd7d01573ff17156ea10bcef19.jpg
— COUFFON (René), 1988, Notice.Couffon, Le Bars, Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/d280b76f0261c21ebfdd95f7a887fff9.pdf
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm D'après les travaux d'Yves-Pascal CASTEL .
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_233/roland__dore__et__les_enclos__paroissiaux.pdf
"Doré s'est forgé un style si reconnaissable que certains amateurs se refusent à y déceler ces variations, subtiles mais réelles, qui font d'un simple praticien un artiste véritable qui s'attache à renouveler sa manière.
Les anatomies des personnages se cachent sous des étoffes lourdes, les mains sont stylisées, les pieds nus dépassant la tombée des plis des tuniques se réduisent à un rang de billes inégales... Tout cela pourrait faire illusion sur le talent de l'artiste encore que nous le verrons, on repère des exceptions.
Mais il y a les visages !
Fronts bombés, lisses ou creusés de rides, selon l'âge ou le sexe des personnages, ligne des arcades sourcilières larges et franches, pommettes pleines et arrondies, un visage de Doré se reconnaît presque toujours.
Les yeux, où se réfugient la manière et les intentions de l'artiste, tout comme ses manies et ses tics, sont particulièrement typés. Les paupières en amande ont le sillon palpébral toujours indiqué. En ceci, Doré se démarque franchement du maître du calvaire de Plougastel-Daoulas, qui , supprimant tout sillon, donne toute l'importance au globe oculaire. Au contraire, dans une option naturaliste
, Doré concentre l'intérêt sur l'iris. Il marque la pupille d'un creux expressif, dont la direction invite le regard de l'observateur à une mobilité qui participe à la vie de ces faces minérales.
Le sillon naso-labial est creusé, plus ou moins, s'articulant sur des lèvres relativement fines.
L'étonnant, dans ce traitement des visages, est qu'il contraste, mis à part les traits incisifs des chevelures et des barbes, avec l'agencement des drapés des vêtements et de leurs plis.
Des étoffes opaques qui masquent les corps, nous l'avons dit, dissimulant les anatomies, en quoi Doré s'engage dans un hiératisme qui l'éloigne du style de l'époque dans laquelle il s'insère. Encore que certaines grandes pièces, telle la Vierge de l'Annonciation de Saint-Thégonnec, invitent à tempérer ce jugement.
Les drapés, calmes et amples, se déploient en pans sculpturaux soulignant la majesté des volumes, tels ceux de la Madeleine du groupe de Notre-Dame-de Pitié si fascinant de Senven-Lehart.
Si les drapés sont stylisés, l'origine de leurs plis n'en demeure pas moins naturelle, structurant, en les animant tout à la fois, les silhouettes. Les plis, formés sur des étoffes épaisses et fermes, captent avec vigueur les ombres d'une sculpture destinée à vivre en plein vent, plus qu'à habiller des corps qui se font oublier.
Plis en becs caractéristiques sur les flancs des blocs sculptés. Plis en volutes, simples ou composés, aux lisières latérales. Plis en volutes simples à queue d'aronde, à étages et bouillonnants dans les pans des manteaux rebrassés. Plis couchés et repassés se chevauchant les uns les autres. Plis en accordéon, sur les manches ajustées. Plis en éventail sur les bras qui portent le manteau."
— ?? in Infobretagne et Monumentshistoriques
http://monumentshistoriques.free.fr/calvaires/plourin/plourin.html
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf
— LE GUENNEC(Louis), 1979, l'église de Plourin-lès-Morlaix, in Morlaix et sa région, p.60
" On remarque, en outre, plusieurs curieuses statues anciennes, dont un groupe triple de sainte Anne, saint Yves argumentant, saint Sébastien, les Evangélistes, saint Fiacre en jardinier, sainte Marguerite, etc. Le cimetière, dont les piliers d'entrée sont surmontés des statuettes mutilées d'un ancien calvaire, possède une petite chapelle, ancien ossuaire, dont la façade est percée d'une porte et d'une série d'arcades. A l'intérieur, on remarque les statues de sainte Barbe avec sa tour et de saint Mathurin, costumé en prêtre."
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