Le jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice (29). II. La clôture de chœur.
1. Voir sur ce jubé :
2. Voir sur cette église :
-
La maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. La Passion de 1539.
.
.
— Voir sur les autres monuments de la commune :
3. Voir sur les jubés de Bretagne :
Le jubé (en pierre de kersanton) du Folgoët
Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). A. La clôture. 1480-1492
Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). B. La tribune.
Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. II. Le coté du chœur (coté est).
L'église de Goulven IV : la tribune d'orgue, ancien jubé du XVIe siècle.
La tribune de l'église d'Esquibien. (ancien jubé, XVIe siècle)
.
3. Voir sur l'art des grotesques de la Renaissance :
-
Les vitraux en grisaille (1542-1544) de la galerie de Psyché, Musée Condé de Chantilly.
-
Les vitraux héraldiques provenant du château d'Ecouen, 1541, de la Galerie Duban à Chantilly.
-
Le Hibou harcelé par les oiseaux des Compertementen (cartouches) de Jacques Floris en 1564.
. 4.Voir sur l'art des grotesques de la Renaissance en Bretagne par ordre chronologique :
-
Les 54 stalles (vers 1530-1550) de l'ancienne collégiale de La Madeleine de Champeaux (35).
-
L'église de Goulven IV : la tribune d'orgue, ancien jubé du XVIe siècle.
-
La tribune (bois polychrome, XVIe siècle) ou ancien jubé de l'église d'Esquibien.
-
Sans compter les sablières à cuirs chantournés et/ou grotesques du Maître de Plomodiern à Saint-Nic (1561-1566), Plomodiern (1564), à l'atelier du Cap-Sizun à Primelin, Pont-Croix (1544), Confort-Meilars, Esquibien ou de celle du Maître de Pleyben (1567-1576) à Pleyben, Kerjean, Plomodiern (Sainte-Marie du Menez-Hom), Bodilis, Saint-Divy, et peut-être Roscoff.
.
PRÉSENTATION.
.
Description générale
"Sur une longueur de 5 mètres entre les deux grosses piles de l’entrée du chœur, est placé un jubé en bois de chêne polychromé d’une ornementation abondante qui le date de la fin du XVIe siècle. Il se compose d’un soubassement de panneaux surmonté d’une claire-voie. Celle-ci sert d’appui à des montants verticaux ou obliques qui soutiennent la tribune à laquelle on accède par un escalier aménagé dans la pile sud." (G. Leclerc)
Soucieux de fournir aux amateurs une iconographie commentée de l'expression de l'art de la Renaissance, et de la pénétration des décors grotesques en Bretagne, je consacrerai à ce jubé breton trois articles :
— I. La tribune.
— II. La clôture de chœur.
—III. Les deux retables aux licornes : sainte Marguerite et sainte Anne éducatrice.
.
Introduction lexicologique.
.
Il faudrait distinguer le jubé (au sens strict : la tribune) et la clôture qu'il domine.
L'article Wikipédia incite à réserver le terme de chancel aux clôtures paléochrétiennes et médiévales, et à parler ensuite de clôture de chœur, pour désigner la même séparation entre le chœur réservé au clergé et la nef réunissant les fidèles.
Puisque ce jubé (au sens large ou métonymique) de La Roche-Maurice date de la Renaissance, j'ai donc, bête et discipliné, employé le terme de clôture de chœur pour le titre de cet article.
Mais la consultation du Trésor de la Langue Française à l'article "chancel" est néanmoins fructueux, puisqu'il indique que ce mot apparu dans notre langue dès 1130 est issu du latin cancellus "grille, treillis", du verbe cancello "disposer en treillis". Le chancel est une grille, ou une balustrade, donc une séparation à claire-voie, c'est là où je veux en venir. Mais puisque les treillis (cancellationis) servaient à délimiter les champs, on peut comprendre que l'idée de limite, de frontière ou de séparation est associée à l'idée d'entrecroisement en grillage.
.
Accessoirement (mais c'est ma gourmandise), j'apprends que chanceler, c'est marcher avec les jambes qui tricotent en X comme les barres d'un grillage, et que le chancelier ou "préposé à la grille" était l'appariteur placé près de la barrière séparant le public de la cour de justice (Alain Rey). Incarcérer, c'est, je m'en rends compte maintenant, mettre quelqu'un (et de préférence quelqu'un d'autre que moi) "derrière les barreaux" (latin cancer, cancri). Si je vous disais que tout ce petit monde de mots provient de la racine indo-européenne °karkr-, °kankr- "objet fait de matériaux entrelacés" (Alain Rey), vous comprendriez que nous ne puissions pas ôter facilement à ce mot de chancel son image d'entrelacs.
.
Tout cela pour dire que nous aurions tort d'imaginer les jubés comme des séparations étanches et pleines comme des portes derrière lesquels le public n'a aucun autre accès à ce qui se passe dans le chœur que les lectures et les chants que quelque clerc veut bien venir leur proposer du haut de la tribune. Au contraire, les fidèles participent pleinement à l'office, au déploiement de luxe de la paramentique, aux chants et psalmodies sacrées et aux parfums de l'encens. Pourvu qu'ils soient bien placés...
.
.
.
.
LA PARTIE SUPÉRIEURE EN CLAIRE-VOIE.
.
Quatre colonnes de chaque coté laissent la place, au centre, à une porte dont la largeur incite à imaginer à deux vantaux.
.
I. Le coté tourné vers la nef.
.
Elle associe des motifs religieux (les figures de 4 saintes) ou laïc (un soldat) avec un vocabulaire typique de l'art grotesque, avec notamment cette hybridation des formes (humaines, angéliques, animales) par le végétal, et cette désinvolture vis à vis de la réalité.
.
A. La colonnade du coté gauche.
.
Entre deux hémi-colonnes, la colonnade de quatre fûts évasées et baguées aux chapiteaux pseudo-corinthiens sommés d'un fleuron soutient une architrave à deux registres. Le registre supérieur aligne trois frises de modillons en volutes (ou langocha), d'oves feuillagées et de perles. Le registre inférieur est celui des arcades en plein cintre, occupés de personnages.
.
a) Dans ces arcades en plein-cintre formant niche, nous trouvons successivement de gauche à droite :
un masque ailé crachant un feuillage.
un masque ailé à barbe bifide crachant un feuillage.
Un masque barbu coiffé d'un linge noué
Une tête de mouton, feuillagée et crachant des feuillages
Un soldat en buste, coiffé d'un bonnet, la tunique plissée recouverte d'une cape, et désignant de l'index gauche l'épée ou glaive posée sur l'épaule droite.
.
b) Dans les intervalles ou écoinçons :
.
Un masque de profil
Un putto ailé à collerette de trois tiges de feuilles
Un putto ailé à bavette de feuilles
Une tête de bélier crachant trois tiges de feuilles
Un putto ailé à collerette de trois tiges de feuilles
Un masque de profil
.
.
.
.
B. La colonnade du coté droit.
.
Nous retrouvons la colonnade de quatre colonnes évasées et baguées et leur chapiteau pseudo-corinthien sommé d'un fleuron.
.
a) Dans les arcades en plein-cintre formant niche, nous trouvons quatre saintes déjà représentées sur le coté est de la tribune. Ce sont successivement de gauche à droite :
Sainte Marie-Madeleine et son pot d'aromates.
Sainte Marguerite et son crucifix.
Une sainte vierge et martyre.
Sainte Apolline.
Au centre, un masque crachant un feuillage.
.
.
b) Dans les intervalles ou écoinçons :
Un masque de profil.
Un masque de putto ailé crachant des feuillages.
Un masque humain coiffé d'un linge noué.
Un masque anthropomorphe feuillagé.
Un masque de putto ailé à cuir et feuillage.
Un masque de profil.
.
.
.
.
C. La frise au dessus de la porte.
.
Là encore, les thèmes grotesques sont déclinés, avec ces rinceaux dont les tiges sont crachées par un mascaron au bonnet de linge noué (motif récurrent ici), ou par des masques de profil, lorsqu'ils ne proviennent pas des jambes d'un putto, tandis que leurs extrémités se transforment en gueules de dragons ou de poissons : toujours le même principe de mutation des formes.
.
Note : on va retrouver le motif du mascaron au bandeau noué en mouchoir de ménagère à grands nœuds de rosettes et s'évasant derrière la nuque à plusieurs reprises sur cette clôture. Il importerait d'en trouver le modèle. Mon exploration des peintures romaines à la grotesque , des mascarons sculptés souvent plus tardifs (Bordeaux, Nantes, Paris, Strasbourg) ou des recueils de gravures diffusant l'art italien et bellifontain ne pouvait être exhaustive mais est resté vaine pour l'instant. À défaut, on notera qu'il apparaît à l'identique sur les sablières de Bodilis en 1574 (Sa Sb2 et Sb3, entrait E1), et sur celles de Notre-Dame de Berven à Plouzévédé, en 1579.
.
.
.
.
II. Le coté tourné vers le chœur.
.
.
.
.
A. La colonnade du coté gauche.
.
.
.
Le montant du coté gauche.
.
Il est centré par un mascaron en haut relief d'une tête d'homme, moustachu, et coiffé du même bandeau noué, mais dont le voile forme ici une collerette.
Trois autres têtes ornaient les autres montants (la dernière est perdue). Elles rappellent celles du bénitier du trumeau du porche sud.
Le décor est de haut en bas :
un masque casqué crachant des dauphins
un couple de dauphins affrontés
des feuillages et fruits
un putto ailé crachant des volutes de feuillages
un cuir découpé à enroulement
Des feuillages.
.
.
.
Les 5 personnages des arcades de la claire-voie.
Il manque la partie inférieure, dont la présence est attestée par un trou de fixation d'une cheville à leur partie basse.
.
.
.
Saint Yves coiffé de la barrette de docteur (en théologie) faisant le geste de l'argumentation juridique.
.
Le patron de l'église débute cette série.
Sur ce geste où la pulpe de l'index vient sur celle du pouce, voir parmi de nombreux exemples dans ce blog celui de Saint-Sébastien de Saint-Ségal :
Il est encadré d'un masque feuillagé de profil et d'un oiseau.
.
.
.
Putto ailé et feuillage.
.
À sa droite, un cheval feuillagé.
.
.
.
Moine tenant un livre ouvert.
.
À sa droite, un aigle.
.
.
.
Saint Pierre tenant sa clef.
.
.
À sa droite, un cheval feuillagé.
.
.
.
Saint Paul tenant un livre et une épée.
.
.
À sa droite, un masque de profil, feuillagé.
.
.
.
.
Le montant gauche de la porte.
.
Il comporte un masque grimaçant et feuillagé en moyen relief, un cuir découpé à enroulement noué à un ruban, un masque animal, un masque anthropomorphe feuillagé crachant des tiges et des dauphins.
.
.
.
La frise au dessus de la porte.
.
.
.
Un putto nu et ailé tient les extrémités en tête de serpent des rinceaux. Son ventre et ses jambes sont remplacées par des feuillages, sources des rinceaux. dilatés en trompes, qui se métamorphosent en dragons.
.
.
.
Le masque coiffé d'un bandeau noué crache des rinceaux qui, là encore, se transforment en serpents ou en masques de profil.
.
.
.
B. La colonnade du coté droit.
.
.
.
Le montant de gauche.
.
Il est orné d'une très belle tête féminine en haut relief.
Le décor est :
une tête de putto ailé crachant des feuillages
des feuillages en volutes affrontés
Le masque féminin à bandeau noué et voile
Un cuir découpé à enroulement
Des feuillages et fruits.
.
.
.
.
Les 5 personnages des arcades de la claire-voie.
.
Ce sont les mêmes figures que celles sculptées au verso, et visibles du coté ouest.
.
.
.
Un soldat casqué montre du doigt l'épée qu'il tient contre son épaule gauche.
.
.
.
Une tête de mouton, feuillagée et crachant des feuillages
.
.
.
4. Un masque barbu coiffé d'un linge noué.
.
.
.
5. un masque grimaçant ailé crachant un feuillage.
.
.
.
un masque ailé crachant un feuillage.
.
.
Le montant de droite.
.
La figure centrale, fixée par tenon et mortaise, est perdue.
De haut en bas :
Un masque feuillagé coiffé de palmettes et crachant des volutes feuillagées
Un putto nu et feuillagé, coiffé de palmes, aux pattes de bouc, et libérant par l'anus une tige verte
le cadre à volutes du haut relief manquant
Un masque de putto ailé crachant des tiges et des volutes portant des fruits
Un cuir découpé à enroulement,
des feuillages.
.
.
.
.
C. La frise au dessus de la porte.
.
Elle reprend les mêmes motifs qu'à son avers visible du coté ouest.
.
.
.
.
LA PARTIE INFÉRIEURE DE LA CLÔTURE.
.
La partie inférieure de la clôture, coté de la nef.
.
.
.
Le personnage du montant de gauche : Un femme jouant du violon.
.
Par le couple qu'elle forme avec le personnage d'allure christique de droite, nous pourrions penser à Marie-Madeleine, mais ses cheveux sont bruns, et, surtout, elle tient un objet contourné qui n'est pas un flacon d'aromates, mais bien plus probablement un violon.
Ses jambes et ses pieds sont nus, et croisés comme lors d'une danse.
.
.
.
Les 3 panneaux de grotesques de la partie gauche.
.
Ils s'organisent, comme les dorsaux des stalles de La Guerche datant vers 1518-1525, , ou comme les boiseries de la clôture de chœur de Gaillon datant de 1509 (ou comme les panneaux ornementaux attribués à Giovanni Pietro da Birago, gravés en 1505-1515), mais au lieu de s'organiser en volutes de rinceaux affrontés en deux parties symétriques verticalement, ils construisent leurs trois registres autour de figures centrales.
.
Premier panneau.
.
Masque ailé feuillagé dont les rinceaux se terminent par des masques feuillagés de profil et se regardant
Deux volutes affrontés s'achevant pas des masques feuillagés barbus de profil
Tête de putto ailé dans des volutes réunis au centre par une bague.
.
.
.
Deuxième panneau.
.
Masque feuillagé cornu et barbu orné de tiges à épillets et crachant des rinceaux. La tige centrale se noue comme un ruban et suspend le motif suivant
Cuir découpé à enroulement, portant en son centre un visage, et sur ses cotés des épillets
Guirlandes de légumes (cucurbites) ou de fruits.
.
.
.
Troisième panneau.
.
Masque de putto ailé d'où partent des rinceaux en volutes dont deux s'achèvent en gueules de dragon. Ce masque crache un ruban vert
À ce ruban est suspendu un cuir découpé à enroulement, portant en son centre un visage, et sur ses cotés des épillets
.
.
.
Le personnage en haut relief du montant : Le Christ ressuscité ??
.
Son torse nu et son manteau rouge plaide pour l'hypothèse christique. Au contraire, son chapeau à plumet jaune, la position de sa main (qui ne désigne pas une plaie du flanc droit, mais le milieu de la poitrine), ou ses jambes entrecroisées dans une figure de danse, ne plaident pas pour cette piste.
.
.
.
.
Les 3 panneaux de grotesques de la partie droite.
.
.
.
.
.
Montant de gauche : lion traversant un rouleau orné d'une tête grimaçante.
.
Ce motif se retrouve aussi sur les montants de la tribune.
.
.
.
Premier panneau.
.
Masque d'homme moustachu, feuillagé et ailé
Rinceaux en volutes produisant des fruits, ou se terminant par une gueule animale.
Cuir découpé à enroulement, portant en son centre un visage
.
.
.
Deuxième panneau.
.
Masque d'homme ailé au visage se déformant en cuir à enroulement.
Rinceaux en volutes produisant des fruits, ouun visage de putto au centre, ou se terminant par des têtes de béliers.
Rinceaux en volutes à feuillages et épillets, ou à masques anthropomorphes de profil.
.
.
.
Troisième panneau.
.
Masque de putto entouré de feuillages.
Rinceaux en volutes produisant des fruits ou légumes autour d'un cuir à enroulement, et s'achevant par deux têtes de dragons affrontés.
Femme nue sur une jupe de feuillage, tenant les tiges des rinceaux qui s 'achèvent en bas par des têtes animales.
.
.
.
Montant de droite.
Terme féminin à la tête de satyre, sans bras, sur un pilier recouvert de feuillages, comme les termes des montants de la tribune.
.
.
.
La partie inférieure de la clôture, coté chœur.
.
Les 3 panneaux de grotesques de la partie gauche.
.
.
.
Montant de gauche.
Cuir découpé et feuillages.
.
.
.
Premier panneau.
.
Masque grimaçant, en bandeau noué et voile en collerette plissé.
Rinceaux en volutes s'achevant par des masques de profil
Cuir découpé à enroulement, frappé de clous, portant en son centre un visage grimaçant et feuillagé.
.
.
.
Deuxième panneau.
.
Masque masculin grimaçant, feuillagé, entouré de deux masques de profil au bout de rinceaux.
Cuir découpé à enroulement, orné d'un masque et traversé de feuillages.
.
.
.
Troisième panneau.
.
Masque de lion ou de mouton crachant des rinceaux, s'achevant en masques anthropomorphes de profils.
Femme nue, coiffée du bandeau noué à voilettes, et dont le bas du corps est remplacé par des feuillages. Elle tient les tiges des rinceaux produisant des légumes.
.
.
.
Montant de droite.
Masque de lion crachant des rinceaux
Cuir découpé à enroulement et feuillages.
.
.
.
Les 3 panneaux de grotesques de la partie de droite.
.
.
.
Montant de gauche.
Masque d'animal cornu crachant des rinceaux s'achevant en tête de serpents.
Tige et feuillage traversant une tunique et jupe.
.
.
.
Premier panneau.
.
Masque anthropomorphe coiffé de palmettes sur un bandeau noué de chaque coté.
Rinceaux s'achevant par des têtes de serpents.
Rinceaux produisant des rosettes.
.
.
.
Deuxième panneau.
.
Masque d'homme barbu, feuillagé, coiffé du bandeau noué, entouré de feuilles.
Il crache une tige se divisant en rinceaux de fruits et de légumes, et de rinceaux s'achevant en tête d'oiseaux feuillagés.
Cuir découpé à enroulement, centré par une tête d'enfant, ailée.
.
.
.
Troisième panneau.
.
Masque d'homme à barbe bifide , au bandeau noué à voile derrière la nuque, entouré de feuilles.
Il crache une tige se divisant en rinceaux s'achevant en tête de serpents, et de rinceaux s'achevant en tête d'oiseaux feuillagés.
Cuir découpé à enroulement, centré par une tête d'enfant.
.
.
.
Montant de gauche.
Masque anthropoïde ou léonin, feuillagé, crachant des rinceaux
Rinceaux s'achevant par des masques de profils.
Feuillages.
.
.
.
CONCLUSION.
Le jubé de La Roche-Maurice et sa clôture de chœur nous offrent un superbe exemple de la pénétration en Bretagne, à une date hélas imprécise vers le milieu ou la fin du XVIe siècle, de l'art à la grotesque.
Ces décors révélés à la fin du XVe siècle aux artistes italiens par la découverte des anciens palais de Néron (1er siècle) et peints par Raphaël ou Giovanni da Udine pour la Loggetta et les Loges du Vatican (1519) avaient fait leur apparition en Bretagne, en bas-reliefs, sur le tombeau de Thomas James à Dol-de-Bretagne vers 1508, puis sur les stalles de La Guerche de Bretagne vers 1518-1525. Ce nouveau décor se caractérise par son attrait pour les métamorphoses, par son indépendance vis à vis de la réalité, par son obsession des courbes, en volutes notamment, par son monde en deux dimensions, et par l'absence de toute référence au religieux.
Ici, à La Roche-Maurice, nous le voyons côtoyer les figures de saints et saintes et le regard passe du coq à l'âne, de l'hagiographie médiévale aux trivialités fantasques, sans aucune séparation entre les genres.
Les masques feuillagés témoignent de cette confusion entre les formes qui se contaminent entre elles.
Les mascarons appartiennent à ce vocabulaire. J'ai souligné l'intérêt, comme indice iconographique, de la figure (masculine ou féminine) à bandeau noué en rosette et voile plissé. Elle est très largement employée ici, et se retrouve sur le charpente de Bodilis.
Les termes (atlantes, cariatides) avaient été diffusés, toujours par reprise de l'art des antiquités romaines, par les recueils d'architecture de Sébastien Serlio en 1537. Ils sont repris ici, tant sur la tribune que sur la clôture, dans leur rôle de marquage d'une transition et d'un seuil, bien avant d'apparaître sur l'ossuaire de La Martyre.
Quant aux cuirs découpés à enroulement, ils ont été développés par l'École de Fontainebleau, notamment sur les boiseries de la galerie François Ier réalisés en 1535 par Francesco Scibec de Carpi. Les panneaux de la clôture en montrent des exemples achevés, mais puisque sa date est imprécise, nous ne pouvons savoir si ils précèdent ceux de l'architecture du château de Kerjean (29) et de la charpente de sa chapelle, sculptés vers 1570.
Nous noterons néanmoins l'absence de médaillons.
Ainsi, de multiples liens peuvent être tracés entre ce décor et celui des autres bâtiments Renaissance, soit pour en souligner la similitude et les rapports, soit pour déterminer peut-être quelques traits spécifiquement locaux. C'est le rôle des liens proposés, au début, vers mes autres articles.
Il est par exemple intéressant de reprendre, après cette visite, celle du jubé de la chapelle Saint-Nicolas en Priziac peint en 1580.
.
.
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
— APEVE
http://www.apeve.net/spip/spip.php?article234
—CASTEL (Yves-Pascal) / CAOUISSIN (Eflamm) /DIOCÈSE DE QUIMPER, 2 décembre 2014, YOUTUBE
https://www.youtube.com/watch?v=BC6Gm629lcE&feature=emb_logo&ab_channel=Dioc%C3%A8sedeQuimper
—COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine. - 551 p.: ill.; 28 cm. ISBN 978-2-950330-90-1.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/5592f62fd515e4240a066ba83b49b374.pdf
— CROGUENNEC (André)
http://andre.croguennec.pagesperso-orange.fr/lr/jube-lr.htm
— DEBIDOUR (Victor Henri), 1924, L'art de Bretagne, réed. Arthaud 1979 page 198
"Jubé de Priziac, achevé en 1580. [...] À La Roche-Maurice, dernière étape : la tribune n'est plus sur voûte, mais sur plafond à caissons décorés d'entrelacs en « cuirs » avec des toupies pendantes ; de monstrueuses consoles animales, accroupies, soutiennent ce plafond."
— GUSTI HERVÉ, "Les Jubés", conférence
https://www.utl-kreizbroleon.fr/crconf/conf1213/jubes.html
— JULES (Matthieu), guide pour la SPREV, 2018, Vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=2uq5YmOPmf8&ab_channel=MatthieuJULES
https://www.youtube.com/playlist?list=UU9Oua4vaYC2qbSXQsfnv8TA
— LECLERC (Guy),2012, SHAB
https://www.shabretagne.com/scripts/files/58e3e365148ef0.21808328/2012_31.pdf
"Sur une longueur de 5 mètres entre les deux grosses piles de l’entrée du chœur, est placé un jubé en bois de chêne polychromé d’une ornementation abondante qui le date de la fin du XVIe siècle. Il se compose d’un soubassement de panneaux surmonté d’une claire-voie. Celle-ci sert d’appui à des montants verticaux ou obliques qui soutiennent la tribune à laquelle on accède par un escalier aménagé dans la pile sud.
Sur les six panneaux du soubassement de 66 sur 32 centimètres chacun, figurent, en bas-relief, sur les deux faces, des grotesques constituées de visages coiffés de plumes ou de turbans noués sur les côtés, de ces visages partent des rinceaux se terminant par des têtes humaines ou animales. La partie inférieure des panneaux est décorée de cuirs enveloppant un masque.
La claire-voie est composée de colonnettes tournées présentant un triple étage de formes et terminées par des chapiteaux corinthiens. Aux extrémités des claires-voies les montants sont décorés d’une succession de masques ou de personnages soutenant des chutes de feuillages. L’entablement au-dessus de la claire-voie présente d’abord une série d’arcatures encadrant des bustes en relief de saints personnages ou autres. Au-dessus de la porte, aujourd’hui disparue, deux grotesques évidées montrent un personnage ailé jaillissant de rinceaux qui se terminent en têtes de dauphins. Au-dessus de la frise, des palmettes sont surmontées de gouttes et de volutes. Les montants perpendiculaires ou obliques qui soutiennent la tribune sont décorés de cariatides humaines ou animales à l’aspect menaçant. Tout ce décor abondant et extrêmement varié appartient à la tradition maniériste de la seconde Renaissance. Ici, la dévotion semble faire bon ménage avec des représentations humaines caricaturées et dénudées. Rien ne permet de dire à qui revient l’initiative d’un tel décor entre le commanditaire ou l’artiste. Le sculpteur disposait de gravures diffusées en grand nombre par les ornemanistes du XVIe siècle. Des inscriptions qui figuraient sur des écriteaux tenus par des cariatides ont été buchées. Au milieu de tous ces personnages caricaturés apparaît, sur un montant de l’entrée, le buste d’une jeune femme sculptée en haut-relief : apparition surprenante dans ce monde de sculptures en délire.
La tribune offre un décor moins burlesque plus propre à accueillir sur sa face du côté de la nef, la théorie incomplète des Apôtres sculptés en haut-relief dans des niches en trompe l’œil surmontées de dais à fuseaux. Sur l’autre face, du côté du chœur, on a les représentations en bas-relief de saints personnages en compagnie du Christ ressuscité.
Le dessous de la tribune est constitué d’un plafond à caissons décorés de motifs géométriques et de pendentifs. Du côté de la nef, la tribune sert de poutre de gloire pour une crucifixion encadrée de la Vierge et saint Jean."
— LE GUENNEC (Louis), Le Finistère monumental, page 501.
"Le jubé de la Roche est une des plus belles œuvres en chêne sculpté que nous ait légué le XVIe siècle. Le soubassement plein est surmonté d'une clairevoie à barreaux fuselés, entremêlés de colonnettes formant pendentifs d'un très heureux effet.
Au-dessus règne une plate-forme dont le plafond divisé en caissons, a pour supports d'élégantes consoles ornées de figures fantastiques. Les deux façades de la galerie, où on monte par un escalier ménagé dans le pilier, à l'entrée du chœur du côté de l'Épître, sont richement décorés de panneaux avec personnages. Du côté de la nef sont neuf Apôtres et trois papes. La façade du côté chœur contient les statues suivantes : saint Pol Aurélien - évêque bénissant - saint Christophe - saint Michel terrassant le dragon - sainte Marguerite - Christ de Résurrection - sainte Marie Magdeleine - sainte Barbe - sainte Appoline - saint Antoine, ermite - sainte Geneviève - autre sainte Marguerite. Un grand Christ en croix domine le jubé ; à sa droite, la Vierge, à sa gauche, saint Jean. Les statues de ce groupe sont presque de grandeur naturelle"
—Petit-patrimoine
https://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=29237_2
—Mairie :
http://www.larochemaurice.fr/fr-fr/patrimoine/l-eglise-saint-yves-et-l-enclos-paroissial
— RIDEL (Laurent)
https://decoder-eglises-chateaux.fr/jubes-fonctions-architecture-histoire/
— SERLIO Sebastiano, Regole generali di architettura (...) sopra le cinque manière degli edifici (...) , Venise, 1537
http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/B272296201_A101Index.asp
— SPREV
http://www.sprev.org/centre-sprev/la-roche-maurice-eglise-saint-yves/
— TASSIN (Raphaël), 2018, "Le frontispice du Quarto libro de Sebastiano Serlio et sa fortune durant l’époque moderne" in Construire avec le corps humain. Bauen mit dem menschlichen Körper, dir. S. Frommel, E. Leuschner, V. Droguet, T. Kirchner, collab. R. Tassin et C. Castelletti, Rome/Paris, Campisano/Picard, 2018, vol.1, p. 239-253.
https://www.academia.edu/36826171/_Le_frontispice_du_Quarto_libro_de_Sebastiano_Serlio_et_sa_fortune_durant_l_%C3%A9poque_moderne_
—POP
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00090399
— WIKIPEDIA
https://en.wikipedia.org/wiki/La_Roche-Maurice_Parish_close
https://en.wikipedia.org/wiki/File:La_Roche_Maurice_Lettner_det03.jpg