Le jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice (29).I. La tribune.
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1. Voir sur cette église :
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La maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. La Passion de 1539.
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— Voir sur les autres monuments de la commune :
2. Voir sur les jubés de Bretagne :
Le jubé (en pierre de kersanton) du Folgoët
Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). A. La clôture. 1480
Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). B. La tribune.
Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. II. Le coté du chœur (coté est).
L'église de Goulven IV : la tribune d'orgue, ancien jubé du XVIe siècle.
La tribune de l'église d'Esquibien. (ancien jubé, XVIe siècle)
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3. Voir sur l'art des grotesques de la Renaissance :
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Les vitraux en grisaille (1542-1544) de la galerie de Psyché, Musée Condé de Chantilly.
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Les vitraux héraldiques provenant du château d'Ecouen, 1541, de la Galerie Duban à Chantilly.
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Le Hibou harcelé par les oiseaux des Compertementen (cartouches) de Jacques Floris en 1564.
. Voir sur l'art des grotesques de la Renaissance en Bretagne par ordre chronologique :
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Les 54 stalles (vers 1530-1550) de l'ancienne collégiale de La Madeleine de Champeaux (35).
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L'église de Goulven IV : la tribune d'orgue, ancien jubé du XVIe siècle.
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La tribune (bois polychrome, XVIe siècle) ou ancien jubé de l'église d'Esquibien.
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Sans compter les sablières à cuirs chantournés et/ou grotesques du Maître de Plomodiern à Saint-Nic (1561-1566), Plomodiern (1564), à l'atelier du Cap-Sizun à Primelin, Pont-Croix (1544), Confort-Meilars, Esquibien ou de celle du Maître de Pleyben (1567-1576) à Pleyben, Kerjean, Plomodiern (Sainte-Marie du Menez-Hom), Bodilis, Saint-Divy, et peut-être Roscoff.
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PRÉSENTATION.
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Description générale
"Sur une longueur de 5 mètres entre les deux grosses piles de l’entrée du chœur, est placé un jubé en bois de chêne polychromé d’une ornementation abondante qui le date de la fin du XVIe siècle. Il se compose d’un soubassement de panneaux surmonté d’une claire-voie. Celle-ci sert d’appui à des montants verticaux ou obliques qui soutiennent la tribune à laquelle on accède par un escalier aménagé dans la pile sud." (G. Leclerc)
Soucieux de fournir aux amateurs une iconographie commentée de l'expression de l'art de la Renaissance, je consacrerai à ce jubé breton trois articles :
— La tribune.
— La clôture ou chancel.
—Les deux retables aux licornes : sainte Marguerite et sainte Anne éducatrice.
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Datation
-vers 1540, si on se réfère à la verrière, selon Yves-Pascal Castel (vidéo)
-vers 1550 (M. Jules)
-vers 1560-1570, SPREV
- 1570-1580, "Petit Patrimoine"
-"fin XVIe siècle" ... "Seconde Renaissance" Guy Leclerc.
Je rappelle que le portail sud date du milieu du XVIe siècle, que la maîtresse-vitre date de 1539, et que les sablières datent de 1552 (bas-côté sud), 1559 (nef et chœur) et 1561 (bas-côté nord).
Il est amusant ou intriguant de constater que, si on adopte une datation postérieure à 1560, celle-ci correspond à la fin du concile de Trente (1545-1563), par lequel il fut demandé aux paroisses de dégager le lieu de la célébration liturgique en enlevant les jubés, précisément installés pour fermer le chœur et isoler le célébrant et les membres du clergé des fidèles tout en permettant à ceux-ci d'entendre la lecture des textes liturgiques et les chants donnés depuis la tribune. Après ce Concile de Trente, les jubés ont été démontés et remplacés par des chaires à prêcher. Pourquoi celui-ci fit exception ?
La datation n'est pas accessoire, notamment en histoire de l'art pour suivre la pénétration du style des décors Renaissance (grotesques et cuirs à enroulements) en Bretagne. La pose du jubé suppose que la toiture du chœur soit achevée, soit entre 1539 (vitrail) et 1561 (sablières). On peut s'appuyer sur la date de la diffusion des gravures de modèles de termes et cariatides par Serlio (1537) ou Androuet du Cerceau (1546-1560) et autres diffuseurs du style italien puis bellifontain. Plus on adopte une date tardive, plus cette réalisation devient contraire aux consignes du Concile de Trente, achevé en 1564, sur le passage de chœurs clos, médiévaux, aux chœurs ouverts permettant une intégration des laïcs au culte, son accès à la Présence Réelle du Saint-Sacrement présenté sur l'autel dans le tabernacle, et son accès à la prédication désormais délivrée depuis des chaires. Mais c'est un vieux et complexe débat que celui de l'application de ces consignes, même si force est de constater que la Bretagne n'a conservé qu'une vingtaine de ses jubés et clôtures de chœur.
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Restauration.
Le jubé a été restauré en 1968 par l'atelier Hémery de Paris, M. Auzas étant inspecteur des Monuments historiques (A. Croguennec).
La restauration de la charpente de l'église et de sa polychromie a eu lieu en 2014-2017 par les entreprises Le Ber et Arthema sous la supervision de Marie-Suzanne de Ponthaud.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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LA TRIBUNE COTÉ NEF ET LES 12 PANNEAUX.
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Douze niches accueillent des personnages. Les architectures en plein cintre sur des pilastres vus en perspective sont surmontées de dais polygonaux à fuseaux encadrés par des volutes.
Ces niches séparées par des fuseaux sont bordées en haut et en bas par des moulures à perles, rais de cœur, oves et denticules.
Elles accueillent des personnages sculptés en haut-relief.
On trouve du coté ouest 9 apôtres qui sont barbus, pieds nus et qui tiennent un livre (les Actes des Apôtres). Ils portent tous un manteau, ouvert sur une tunique soit bouffant au dessus d'une ceinture, soit boutonnée. Il manque à la série des 12 apôtres saint Pierre, saint Jean et saint Barthélémy. Par contre, Dieu le Père est représenté trois fois, en pape, sans sembler remplacer les absents L'un de ces "papes" vaut-il pour saint Pierre (cet façon de faire n'étant pas attesté en Finistère dans ces séries apostoliques) ?
Enfin, la séquence des apôtres ne suit pas l'ordre habituel, hiérarchisé par le Credo apostolique.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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1. L'Apôtre Philippe et sa croix à longue hampe.
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2. Dieu le Père coiffé de la tiare, bénissant, assis sur une cathèdre. [ou pour la majorité des auteurs : un pape]
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3. L'Apôtre André avec sa croix en X.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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4. L'Apôtre Thomas et son équerre.
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5. L'Apôtre Matthias et sa lance (ou hallebarde) (ou Jude Thaddée) .
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6. L'Apôtre Matthieu et sa balance de collecteur d'impôt.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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7. Dieu-le-Père coiffé de la tiare, bénissant, assis sur une cathèdre. [ou pour la majorité des auteurs : un pape].
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8. L'Apôtre Jacques le Mineur et son bâton de foulon.
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9. L'Apôtre Jules Thaddée (ou Matthias) et sa lance.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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10. Dieu-le-Père coiffé de la tiare, bénissant, assis sur une cathèdre.[ou pour la majorité des auteurs : un pape].
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11. L'Apôtre Simon et sa scie.
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12. L'Apôtre Jacques le Majeur, son chapeau de pèlerin, son bourdon, son baudrier à coquilles et sa besace.
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LA TRIBUNE COTÉ CHOEUR ET LES 12 PANNEAUX.
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Les 12 panneaux sont séparés, comme à l'ouest, par des fuseaux et encadrés en haut et en bas par des moulures à oves, denticules et perles, mais on ne retrouve ni les dais, ni les niches en perspective, et les personnages sont sculptés en bas-relief dans un cadre rectangulaire. Le décor de ce cadre diffère pour chaque panneau, et énumère le vocabulaire des ornemanistes de l'époque. Seul les deux premiers panneaux reprennent, la niche en plein cintre et en perspective.
Les saints et saintes qui entourent le Christ de la Résurrection sont ceux qui figurent, dans les Livres d'Heures, aux Suffrages. Nous avons la liste presque complète des saintes vénérées dans ceux-ci (avec sainte Ursule et sainte Hélène).
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
.Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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1. Saint Pol-Aurélien, patron et fondateur de l'évêché du Léon, en évêque tenant le dragon par son étole.
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On sait que Pol Aurélien débarrassa l'île de Batz, en face de Roscoff, du dragon qui la dévastait en passant son étole autour de son cou.
Il porte la mitre (avec ses fanons) et tient la crosse propre à sa dignité. Il est vêtu sous la chape vermillon d'un surplis blanc au dessus de la tunique talaire violette. Le dragon ailé tire sa langue rouge, mais il est asservi par la pointe de la hampe. Les pilastres de la niche sont remplacés par un décor de rinceaux et de volutes, qui est propre à l'art des grotesques.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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2. Un autre évêque, sans attribut distinctif, debout sur une tête d'angelot.
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La niche associe une voûte en plein cintre (au décor de tresse) et deux pilastres cannelés.
L'évêque n'est pas nimbé (mais saint Pol-Aurélien non plus).
Seules les couleurs de son habillement change, avec une tunique rouge et une chape verte. Mais les gants (ou chirothèques) et les chaussures liturgiques (ou "sandales" épiscopales) restent de couleur violette, car tous les deux accordés à celle du temps liturgique, ici celui de l'Avent ou du Carême. Même la mitre ou du moins les fanons sont accordés ! Mais j'ignore si les couleurs sont d'origine, ou bien relèvent d'une restauration.
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On peut hésiter entre saint Corentin, patron fondateur de l'évêché de Quimper (alors distinct, et jusqu'en 1790, de celui de Saint-Pol-de-Léon), et, mais cela me semble moins vraisemblable, Claude de Rohan fils cadet du seigneur de la Roche-Maurice et évêque de Quimper.
Des quantités de saints évêques sont honorés dans le Léon (et figurent par exemple sur les bannières paroissiales) et sont dépourvus d'attributs permettant leur identification lorsque leur nom n'est pas spécifié.
Nous ne pouvons exclure non plus saint Nicolas.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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3. Saint Christophe portant Jésus enfant en Salvator mundi.
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— Sur l'iconographie de saint Christophe : Voir :
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Petite iconographie de Saint Christophe à Séville. II : La cathédrale. (1584)
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Petite iconographie de Saint Christophe à Séville. IV: à l'Alcazar
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Iconographie de Saint Christophe : les vitraux de la cathédrale d'Angers, II. La baie 117 (1451)
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Panneau de Jeanne du Pont présenté par Saint Christophe à Tonquédec (1470)
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Iconographie de saint Christophe : Semur-en-Auxois (c.1372).
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Iconographie de saint Christophe : La peinture murale de saint Christophe à Louviers (vers 1510).
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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4. Saint Michel terrassant le dragon.
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L'archange est en armure sous la cape rouge d'officier, comme chef de la milice céleste, et darde la pointe de la hampe de la croix dans la gueule du dragon. Le bouclier est en forme de masque anthropomorphe feuillagé.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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5. Sainte Marie-Madeleine tenant le flacon d'aromates.
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Elle occupe la place de choix qui est la sienne, à droite du Ressuscité, qu'elle fut la première à rencontrer devant le tombeau ouvert et vide : c'est la scène du Noli me tangere, dans laquelle Jésus a pris l'apparence d'un jardinier.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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6. Le Christ ressuscité.
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Il occupe la place centrale devant l'autel.
Il est figuré victorieux de la Mort puisqu'il tient la croix de cette victoire ainsi que le manteau rouge écarlate, mais son corps nu sous le pagne met en évidence la plaie de son flanc droit. L'importance donnée à cette plaie plus encore qu'à celles des mains et des pieds a été commentée dans mon article sur la dévotion des plaies du Christ à la cour ducale de Bretagne. C'est elle seule qui justifie que le Christ tienne la lance de Longin.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
.Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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7. Sainte Catherine d'Alexandrie.
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Nous l'identifions par sa couronne, son livre et son épée.
La couronne est celle de la noblesse de sa naissance, car elle elle est la fille du roi Costus (Légende dorée) mais se rapporte surtout à son prénom qui provient du mot syriaque céthar "couronne", car, selon saint Jérôme, elle a remporté la triple couronne de la virginité, de la science et du martyr.
Le livre témoigne du fait que, instruite dès son enfance des arts libéraux, ce puits de science et de sagesse tint tête par son éloquence à l'empereur Maxence, et à plus de cinquante grammairiens et rhéteurs d'Alexandrie.
L'épée est celle de sa décollation, pour avoir résisté au supplice de la roue armée de lames, à la prison et au jeun, et tant irrité l'empereur par son entêtement à s'opposer au culte des idoles et à refuser les honneurs qu'il lui proposait en échange.
L'iconographie complète ces attributs par la roue dentée, absente ici, et par la tête couronnée placée sous ses pieds. Il faut donc penser que la tête coiffée de linge blanc et portant une fraise puisse correspondre à celle de l'empereur, ou du roi Costus, ou des savants d'Alexandrie. Mais il s'agit plutôt d'un ornement semblable à ceux des autres compartiments.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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8. Sainte Barbe tenant la palme du martyre, le livre de sa science théologique, avec derrière elle la tour aux trois ouvertures de sa réclusion, et de sa foi en la Trinité.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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9. Sainte Apolline, son livre, et les tenailles avec lesquelles le bourreau arracha toutes ses dents.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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10. Saint Antoine avec son livre, sa canne en tau et son chapelet.
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Ce saint n'est pas toujours identifié, alors que ses attributs sont nombreux : outre la canne en tau et le chapelet à gros grains, nous trouvons le livre de la règle de l'ordre hospitalier des Antonins, qu'il fonda, l'habit monastique de cet ordre, avec pèlerine , capuche et ceinture (sans le tau). Il manque la clochette et le cochon.
Sous ses pieds est repris l'ornement d'un masque à coiffe blanche nouée.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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11. Sainte Geneviève de Paris, et le conflit de l'ange et du démon autour du cierge de la Foi.
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Sainte Geneviève de Paris (en latin Genovefa), vierge du VIe siècle, patronne de Paris et du diocèse de Nanterre, est représentée en religieuse et tenant un cierge. Elle fait l'objet d'un culte particulier à Loqueffret, à Lannédern et à Brennilis, ainsi qu'à Saint-Herbot, car on la considère comme une sainte bretonne, sœur de saint Edern, et fondatrice du monastère de Loqueffret. Bien que certains estiment que cette Genovefa bretonne n'est qu'une homonyme de la sainte parisienne, les statues et bas-reliefs la montrent portant les mêmes attributs et relevant du même légendaire que cette dernière.
Elle tient le cierge de la Foi, dont la flamme résiste miraculeusement aux tentatives d'un diable qui tente de l'éteindre avec un soufflet tandis qu'un ange le rallume. Ce motif se retrouve presque constamment associé à la représentation de la sainte (*), mais il est complété ici du détail de l'ange frappant le diable avec un bâton (un goupillon sans doute).
La statue de sainte Geneviève à Saint-Herbot.
(*) Voir la discussion et l'iconographie de la sainte dans mon article sur la niche à volets de l'église de Brennilis avec la photo de sainte de l'église de Saint-Suliau à Sizun.
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La sainte est représentée entre deux colonnes engagées cannelées à chapiteaux de feuillage presque corinthien. Un nouvel indice de l'influence de la Renaissance et de son goût pour l'antique.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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12. Sainte Marguerite d'Antioche issant du dragon, crucifix à la main.
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La sainte, emprisonnée pour sa foi et son attachement à la virginité face aux avances du préfet Olybrius, demanda au Christ de voir le diable de visu. Un dragon lui apparut, et la dévora, mais elle en fut victorieuse en se taillant une issue hors du ventre de la bête grâce à son crucifix. Elle est donc vénérée par les femmes enceintes pour les protéger des dangers de la délivrance. L'artiste n'oublie pas de montrer l'extrémité de la robe rouge qui est encore dans la gueule du dragon ailé tandis que sa victime lui échappe déjà.
L'encadrement est une tresse simple, le fond des feuilles d'acanthe.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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LES ANGES DU COTÉ CHOEUR.
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Sous la moulure à godrons et tresse, huit anges volent, le corps et les jambes horizontales. Sept tiennent les instruments de la Passion, et un seul près du pilier sud tient un phylactère.
Ils sont réunis par une frise de rinceaux où des mascarons crachent des rubans.
je les décris de gauche à droite.
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1. Ange tenant la Colonne (de la Flagellation).
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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2. Ange tenant deux fouets.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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3. Ange tenant la couronne d'épines.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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4. Ange tenant la croix.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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5. Ange tenant un outil ?
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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6. Ange tenant un clou (et jadis un marteau en main droite ?)
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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7. Ange tenant les verges de la Flagellation.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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8. Ange tenant un phylactère.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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LE PLANCHER DE LA TRIBUNE (OU PLAFOND DU JUBÉ).
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En 1924, Victor-Henri Debidour a décrit le jubé de La Roche-Maurice comme une dernière évolution des jubés bretons, après celui de Priziac en 1580. Il utilisa, pour désigner les pendentifs en boule du plafond, le terme technique de "toupies", qui a été repris ensuite par tous les auteurs :
"À La Roche-Maurice, dernière étape : la tribune n'est plus sur voûte, mais sur plafond à caissons décorés d'entrelacs en « cuirs » avec des toupies pendantes (*) ; de monstrueuses consoles animales, accroupies, soutiennent ce plafond."
(*)"toupies" : on décrit sur les solives des plafonds à la française "des tournettes ou toupies, sortes de petits cul-de-lampe ou pendentifs de bois tourné reproduisant l'effet des anciennes chevilles saillantes de l'art du charpentier".
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Mais on s'arrêtera plutôt sur les 40 caissons, multipliant les décors géométriques (animés parfois de personnages) autour du motif du cuir chantourné à enroulement, introduit en France sous forme de cartouches par la construction de la Galerie François Ier à Fontainebleau en 1530, et sans tarder en Bretagne sur les stalles de la collégiale de Chapeaux (ca 1530-1550), avant de les voir repris au château de Kerjean vers 1570. Ils ont été largement diffusés par la gravure par Androuet du Cerceau dans sa suite des Cartouches dits parfois « Grands cartouches de Fontainebleau » publiés entre 1548 et 1549 et la suite des « Compartiments de Fontainebleau » dite « Petits cartouches de Fontainebleau » entre 1545 et 1547. Ou par René Boyvin à Angers, par Jacques et Cornelis Floris à Anvers.
https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/1802-cartouches?offset=3
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Du coté de la nef :
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Du coté chœur :
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Quatre fous en ronde tiennent dans des cuirs un motif circulaire tressé.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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LES 14 MONTANTS VERTICAUX AUX TERMES ET ANIMAUX.
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Les 7 montants verticaux du coté ouest aux atlantes et cariatides anthropomorphes ou animaux .
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Ils sont complétés par 7 autres figures analogues du coté est.
Ces "termes" (du nom de dieu Terminus et de celui des bornes qui, équivalents des piliers hermaïques, limitaient les territoires dans l'antiquité latine) masculins et féminins, sont placés en toute logique au dessus de la clôture limitant la nef du chœur. C'est en vertu de la même logique que Sébastien Serlio les plaça en encadrement de la porte du frontispice de sa Règle générale d'architecture (Regole generali , Venise, 1537) introduisant ainsi ce motif en architecture puis en ornement de la Renaissance. Le remplacement des jambes par un pilier, propre à leur fonction de bornage, et une métaphore de la stabilité d'un dieu Terminus, qui ne bouge pas.
Certains de ces termes, coiffés de pots de fleurs et certains ayant les pieds posés sur des masques, sont à comparer aux 12 planches gravées Termes et cariatides (3 figures par planches) d'Androuet du Cerceau, datant de 1546-1560. Mais on notera qu'ils disposent tous de leurs bras (ou dans un cas de tronçons en volutes)
On songera aussi aux trois termes gainés (dont 2 cariatides) sculptés en 1619 sur le fronton et à l'angle sud-ouest de l'ossuaire de La Martyre, à quelques kilomètres de là.
"Le goût de ces motifs se révèle chez Androuet du Cerceau dès 1549, avec les XXV exempla arcuum. Peu représentés dans la trattatistica italienne (Serlio n’en use que pour les cheminées), ils connurent une fortune certaine en France, comme en témoignent les ouvrages d’Hugues Sambin (Œuvre de la diversité des termes, Lyon, 1572) puis de Joseph Boillot (Nouveaux portraits et figures de termes, Langres, 1592) et dans l’ensemble de l’Europe du Nord, Flandres, Allemagne et Angleterre. "(Yves Pauwels, Cesr, Tours, – 2009)
Leur piètement est souvent un tronc de pyramide cannelé, parfois nappé partiellement (comme chez Serlio) d'une feuille.
Deux d'entre ces figures sont en réalité des animaux, un lion et un bélier, dotés de leurs pattes. Ils tiennent curieusement, et pour une raison qui m'échappent un carré de bois devant leur bassin.
Voir :
—SAMBIN ( Hugues), (Lyon, 1572 Oeuvre de la diversité des termes dont on use en architecture eduict en ordre par Maistre Huges Sambin Bibliothèque municipale de Lyon, Rés 126685.
—Androuet du Cerceau (Jacques), Livre d’architectvre de Jaques Androvet du Cerceau, contenant les plans et dessaings de cinquante bastimens tous differens : pour instruire ceux qui desirent bastir, soient de petit, moyen, ou grand estat. Auec declaration des membres & commoditez, & nombre des toises, que contient chacun bastiment, dont l’eleuation des faces est figurée sur chacun plan..., Paris, s.n., 1559.
—Androuet du Cerceau (Jacques), Second Livre d’architecture, par Iaqves Androvet Du Cerceau. Contenant plusieurs et diverses ordonnances de cheminées, lucarnes, portes, fonteines, puis et pavillons, pour enrichir tant le dedans que le dehors de tous edifices. Avec les desseins de dix sepultures toutes differentes, Paris, André Wechel, 1561.
—Androuet du Cerceau (Jacques), Livre d’architecture de Jaques Androuet Du Cerceau, auquel sont contenues diverses ordonnances de plants et élévations de bastiments pour seigneurs, gentilshommes et autres qui voudront bastir aux champs ; mesmes en aucuns d’iceux sont desseignez les bassez courts... aussi les jardinages et vergiers..., Paris, pour Iaques Androuet du Cerceau, 1582. de l’Orme (Philibert), Le Premier tome de l’architecture, Paris, Frédéric Morel, 1567.
—Serlio (Sebastiano ), Liure extraordinaire de architecture, de Sebastien Serlio, architecte du roy treschrestien. Auquel sont demonstrees trente Portes Rustiques meslees de diuers ordres. Et vingt autres d’oeuvre delicate en diverses especes, Lyon, Jean de Tournes, 1551.
https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/32769-extraordinario-libro-di-architettura-di-sebastiano-serlio-livre-extraodinaire-de-architecture-de-sebastien-serlio
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Les 7 montants verticaux du coté est aux atlantes et cariatides anthropomorphes ou animaux .
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Les sept termes ou figures du coté est sont pour la plupart la reprise de leur homologues du coté ouest.
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L'abbé Castel avait cru reconnaître dans cette figure je ne sais quelle divinité d'Amérique Centrale, ce qui fut repris à l'envie pour célébrer les Bretons voyageurs prompts à trouver leur inspiration outre atlantique quelques années seulement après la découverte du Mexique !
L'origine du décor à la grotesque vient de la redécouverte des peintures effectuées pour le palais de Néron, avec leurs figures précisément bizarres ou monstrueuses, voire "exotiques", reprises avec leur entourage d'arabesques et d'animaux par Pinturicchio, Giovanni da Udine, Raphaël, Jules Romain, etc. Néanmoins, un peintre aussi soucieux d'histoire naturelle que Giovanni da Udine sut faire figurer des espèces botaniques et animales du Nouveau Monde dans ses pergolas factices, peu d'années après leur apparition en Europe, pour le plus grand plaisir des riches propriétaires des palais du Latium passionnés par les collections d'histoire naturelle.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Les 4 jambes de force soutenant la tribune du coté ouest.
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Ce sont quatre hybrides (et autant de l'autre coté) aux pattes et à la crinière animales, à la tête parfois léonine mais souvent anthropomorphe. Les gueules sont hilares, les sourcils hypertrophiés, les yeux exorbités.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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Les 4 jambes de force soutenant la tribune du coté est.
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Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
Tribune du jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile 2017 et 2020.
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LA POUTRE DE GLOIRE.
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SOURCES ET LIENS.
— APEVE
http://www.apeve.net/spip/spip.php?article234
—CASTEL (Yves-Pascal) / CAOUISSIN (Eflamm) /DIOCÈSE DE QUIMPER, 2 décembre 2014, YOUTUBE
https://www.youtube.com/watch?v=BC6Gm629lcE&feature=emb_logo&ab_channel=Dioc%C3%A8sedeQuimper
—COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine. - 551 p.: ill.; 28 cm. ISBN 978-2-950330-90-1.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/5592f62fd515e4240a066ba83b49b374.pdf
— CROGUENNEC (André)
http://andre.croguennec.pagesperso-orange.fr/lr/jube-lr.htm
— DEBIDOUR (Victor Henri), 1924, L'art de Bretagne, réed. Arthaud 1979 page 198
"Jubé de Priziac, achevé en 1580. [...] À La Roche-Maurice, dernière étape : la tribune n'est plus sur voûte, mais sur plafond à caissons décorés d'entrelacs en « cuirs » avec des toupies pendantes ; de monstrueuses consoles animales, accroupies, soutiennent ce plafond."
— JULES (Matthieu), guide pour la SPREV, 2018, Vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=2uq5YmOPmf8&ab_channel=MatthieuJULES
https://www.youtube.com/playlist?list=UU9Oua4vaYC2qbSXQsfnv8TA
— LECLERC (Guy),2012, SHAB
https://www.shabretagne.com/scripts/files/58e3e365148ef0.21808328/2012_31.pdf
"Sur une longueur de 5 mètres entre les deux grosses piles de l’entrée du chœur, est placé un jubé en bois de chêne polychromé d’une ornementation abondante qui le date de la fin du XVIe siècle. Il se compose d’un soubassement de panneaux surmonté d’une claire-voie. Celle-ci sert d’appui à des montants verticaux ou obliques qui soutiennent la tribune à laquelle on accède par un escalier aménagé dans la pile sud.
Sur les six panneaux du soubassement de 66 sur 32 centimètres chacun, figurent, en bas-relief, sur les deux faces, des grotesques constituées de visages coiffés de plumes ou de turbans noués sur les côtés, de ces visages partent des rinceaux se terminant par des têtes humaines ou animales. La partie inférieure des panneaux est décorée de cuirs enveloppant un masque.
La claire-voie est composée de colonnettes tournées présentant un triple étage de formes et terminées par des chapiteaux corinthiens. Aux extrémités des claires-voies les montants sont décorés d’une succession de masques ou de personnages soutenant des chutes de feuillages. L’entablement au-dessus de la claire-voie présente d’abord une série d’arcatures encadrant des bustes en relief de saints personnages ou autres. Au-dessus de la porte, aujourd’hui disparue, deux grotesques évidées montrent un personnage ailé jaillissant de rinceaux qui se terminent en têtes de dauphins. Au-dessus de la frise, des palmettes sont surmontées de gouttes et de volutes. Les montants perpendiculaires ou obliques qui soutiennent la tribune sont décorés de cariatides humaines ou animales à l’aspect menaçant. Tout ce décor abondant et extrêmement varié appartient à la tradition maniériste de la seconde Renaissance. Ici, la dévotion semble faire bon ménage avec des représentations humaines caricaturées et dénudées. Rien ne permet de dire à qui revient l’initiative d’un tel décor entre le commanditaire ou l’artiste. Le sculpteur disposait de gravures diffusées en grand nombre par les ornemanistes du XVIe siècle. Des inscriptions qui figuraient sur des écriteaux tenus par des cariatides ont été buchées. Au milieu de tous ces personnages caricaturés apparaît, sur un montant de l’entrée, le buste d’une jeune femme sculptée en haut-relief : apparition surprenante dans ce monde de sculptures en délire.
La tribune offre un décor moins burlesque plus propre à accueillir sur sa face du côté de la nef, la théorie incomplète des Apôtres sculptés en haut-relief dans des niches en trompe l’œil surmontées de dais à fuseaux. Sur l’autre face, du côté du chœur, on a les représentations en bas-relief de saints personnages en compagnie du Christ ressuscité.
Le dessous de la tribune est constitué d’un plafond à caissons décorés de motifs géométriques et de pendentifs. Du côté de la nef, la tribune sert de poutre de gloire pour une crucifixion encadrée de la Vierge et saint Jean."
— LE GUENNEC (Louis), Le Finistère monumental, page 501.
"Le jubé de la Roche est une des plus belles œuvres en chêne sculpté que nous ait légué le XVIe siècle. Le soubassement plein est surmonté d'une clairevoie à barreaux fuselés, entremêlés de colonnettes formant pendentifs d'un très heureux effet.
Au-dessus règne une plate-forme dont le plafond divisé en caissons, a pour supports d'élégantes consoles ornées de figures fantastiques. Les deux façades de la galerie, où on monte par un escalier ménagé dans le pilier, à l'entrée du chœur du côté de l'Épître, sont richement décorés de panneaux avec personnages. Du côté de la nef sont neuf Apôtres et trois papes. La façade du côté chœur contient les statues suivantes : saint Pol Aurélien - évêque bénissant - saint Christophe - saint Michel terrassant le dragon - sainte Marguerite - Christ de Résurrection - sainte Marie Magdeleine - sainte Barbe - sainte Appoline - saint Antoine, ermite - sainte Geneviève - autre sainte Marguerite. Un grand Christ en croix domine le jubé ; à sa droite, la Vierge, à sa gauche, saint Jean. Les statues de ce groupe sont presque de grandeur naturelle"
—Petit-patrimoine
https://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=29237_2
—Mairie :
http://www.larochemaurice.fr/fr-fr/patrimoine/l-eglise-saint-yves-et-l-enclos-paroissial
— RIDEL (Laurent)
https://decoder-eglises-chateaux.fr/jubes-fonctions-architecture-histoire/
— SERLIO Sebastiano, Regole generali di architettura (...) sopra le cinque manière degli edifici (...) , Venise, 1537
http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Images/B272296201_A101Index.asp
— SPREV
http://www.sprev.org/centre-sprev/la-roche-maurice-eglise-saint-yves/
— TASSIN (Raphaël), 2018, "Le frontispice du Quarto libro de Sebastiano Serlio et sa fortune durant l’époque moderne" in Construire avec le corps humain. Bauen mit dem menschlichen Körper, dir. S. Frommel, E. Leuschner, V. Droguet, T. Kirchner, collab. R. Tassin et C. Castelletti, Rome/Paris, Campisano/Picard, 2018, vol.1, p. 239-253.
https://www.academia.edu/36826171/_Le_frontispice_du_Quarto_libro_de_Sebastiano_Serlio_et_sa_fortune_durant_l_%C3%A9poque_moderne_
—POP
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00090399
— WIKIPEDIA
https://en.wikipedia.org/wiki/La_Roche-Maurice_Parish_close
https://en.wikipedia.org/wiki/File:La_Roche_Maurice_Lettner_det03.jpg