Le calvaire (kersanton,1893), et les fragments de calvaire (kersanton, 1648, Roland Doré) intégrés au Monument aux morts, de l'église de Rosnoën.
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Voir sur Rosnoën :
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2. Voir les œuvres de Roland Doré :
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Calvaire de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic.
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Les calvaires de Dirinon II. Le calvaire de la Croix-Rouge ou Beg-ar-Groaz (vers 1640).
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Le calvaire (Roland Doré, 1630) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel.
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Les sculptures de l'église de Bodilis : les Fonts baptismaux.
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Le gisant de Jacques Barbier au Musée du Léon de Lesneven. (avec les liens d'autres références)
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Le gisant d'Yves Bervet, sieur du Parc au Musée départemental breton de Quimper.
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Saint-Ségal : le calvaire du bourg (vers 1550 et 1630, kersanton, atelier Prigent et Roland Doré).
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Le calvaire (Roland Doré, 1655) de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez (quartier de Pouldavid).
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Le calvaire (Roland Doré, 1655 ?) de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez : de nouvelles photos.
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Le calvaire de la chapelle de Trévarn en Saint-Urbain.
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PRÉSENTATION.
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L'église de Rosnoën porte à l'extérieur deux inscriptions lapidaires de fondation en caractères gothiques portant les dates de 1562 et de 1604 et le nom des fabriciens.
À l'intérieur, deux autres plaques plus tardives sont en caractères romains en lettres capitales. L'une porte le nom du recteur de Rosnoën Jean Boulart et la date de 1674, l'autre porte le nom d'un autre recteur plus tardif, François Luguern, décédé en 1732. Ceci a déjà été présenté ici.
Église de Rosnoën et ses inscriptions lapidaires : tilde, N rétrograde, et esperluettes!
La sacristie porte la date de 1722.
Le calvaire visible actuellement a été construit en 1648 et porte le nom du recteur Maturin La Baron .
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Description.
Ce calvaire porte sur sa base les noms des commanditaires, prêtres et fabriciens, et la date de 1648. Il figure à son emplacement d'origine sur un plan de 1878. Ce calvaire a été remonté à une cinquantaine de mètres à l'ouest de son emplacement d'origine. Lors du déplacement et de la restauration intervenus en 1895, on remplace des statues géminées exécutées en 1648 par le sculpteur Roland Doré par des copies ; les originaux ont été remployés dans le monument aux Morts de la commune. La statue de la Vierge à l'Enfant, également l'œuvre de Doré, est placée dans une niche de l'élévation ouest de l'église.
Je ne parviens à connaître ni la raison de ce remplacement des statues, ni l'auteur des copies, de facture tout à fait honorable.
Le nouveau calvaire perd d'une part son orientation correcte (le crucifix fait désormais face à l'est, au lieu d'être symboliquement tourné vers le couchant), mais aussi sa cohérence, puis ce Christ en croix n'est plus encadré au pied de la croix par Marie et par Jean (ils sont remplacés par saint Pierre et saint Paul).
Les inscriptions du socle, fort précieuses sur le plan historique, et la base des statues de Roland Doré, sont partiellement dissimulées aujourd'hui par des potées de géranium.
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La quittance du 25 août 1649 de Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne, pour Ollivier Camus, fabrique, pour le calvaire de l'église de Rosnoën est conservée aux Archives départementales du Finistère (234G2, comptes de fabriques de Rosnoën, f°140 r°).
"Je soubsigné Rolland Dorée, sculpteur du Roy en Bretaigne cognois avoir receu de Ollivier Camus fabrique esté en l église parochiale de Rosnohen la somme soixante cinq livres moins (?) deux souls en parpayement de quatre cents cinquante [livres] ? dix livres à moy deubs pour la construction d'une novelle croix par moy faitte à l'yssue du bourg parochial dudist Rosnohen ; dont quitte tant le dist Camus que les précédants fabriq(ue) : les deniers desquels j'avois receu avant l'année dudist Camus en fabriq(ue) et dist ledist Camus comme je cognois avoir touché par ses mains la somme de cent soixante livres t(ournoi)s qi il debvoit par accord et acte raporté par noble Charles Robin notaire que ladiste somme soit à décompter et déclarer a (illisible) pour debvoir par le compte cydevant à Guill(aume) Bihan et Charles Crenen à p(rese)nt fabriques à la diste église le diste Bihan présent en tesmoign de quoy soubs mon segin (seing) le quitte généralement et enthierement [jusqu'] à ce jour ; faist le vingt et cinquiesme jour d'aoust mil six cents quarante et neuff le dist Bihan ne sachant signer a priè m(ess)ire Guill(aume) Camus de signer à sa requête."
L'acte est signé R le doré d'une écriture cursive nette et soignée.
Voir ici l'article de Y.-P. Castel page 18.
Nous apprenons que ce calvaire de 1648 en remplace un autre, et qu'il est placé à la sortie du bourg. La somme de 460 livres est à comparer à celle de 198 livres déboursée par les commanditaires à Roland Doré pour la tombe de Jacques Barbier dans un acte du 23 février 1638.
Le nom du fabrique pour 1648, Olivier Camus, se retrouve inscrit sur le socle, comme celui de messire Guillaume Camus, curé de Rosnoën. Ses successeurs pour 1649 sont Guillaume Bihan et Charles Crenen. Mais il faut lire "Charles CREVEN", un nom propre bien attesté à Rosnoën. Charles Creven et Françoise Mallegol se sont mariés en 1630, et ont eu notamment un fils Jean Creven, prêtre, cité sur la plaque d'inscription de l'intérieur de l'église.
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I. LE CALVAIRE DE 1648/1895.
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Il est placé devant la mairie et il atteint 6 mètres de haut .
L'emmarchement et le soubassement sont en microdiorite quartzique ("pierre de Logonna"). Quatre degrés à moulurations portent un soubassement à niches vides.
Le socle cubique en kersantite porte des inscriptions sur trois de ses faces, elles seront étudiées infra. Le fût à pans y est érigé. Le calvaire est en kersantite.
Le croisillon porte des statues géminées. On identifie sur la face ouest : un saint évêque, une Vierge à l'Enfant au centre, et encore un saint évêque. Et sur la face est saint Pierre, puis au centre l'inscription RESTAUREE 1893, puis saint Paul tenant l'épée. Plus haut, le Christ en croix.
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Au centre : le Crucifié.
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Sur le croisillon à notre gauche : saint Pierre.
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Sur le croisillon à notre droite : saint Paul tenant l'épée de sa décollation.
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LA FACE OUEST.
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Au centre : la Vierge à l'Enfant.
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Le saint évêque de gauche.
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Le saint évêque à notre droite.
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Le socle et ses inscriptions.
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L'inscription du coté est :
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MIRE : MATVRIN : /LE : BARON : RECTEVR
Soit "messire Maturin Le Baron, recteur".
Cette inscription est en réserve (en relief), les autres sont en creux.
Les auteurs y ont lu la date de 1648 que je n'ai pas trouvée.
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-Ce recteur est attesté en 1647 ("recteur de Rosnohen") comme parrain de Louise de Kersulguen, fille de François, et de Louise Menez. :
https://de.geneanet.org/archives/releves/publi/publication/jlm/r14kersulguen.html
-La même année, il fait inscrire son nom sur le clocher de Saint-Sauveur du Faou, alors en construction :
"VENERABLE : PERSONNE : MISSIRE : MATTVRIN : LE : BARON : RECTEVR. FINIS CORONAVIT OPVS/ . NOBLE JACQVE DEN GV /1647".
Les inscriptions lapidaires de l'église saint-Sauveur du Faou (29).
-Les archives mentionnent le 11 juillet 1649 la fondation par ses parents : "Maître Jacques Le Baron et Yvonne Le Dérédec, sa femme, fondent 3 livres 4 sols, pour jouir de la tombe où fut enterré Missire Mathurin Le Baron, leur fils, recteur de Rosnoën. " Les généalogistes signalent le couple Jacques Le Baron (v. 1595-1650) x Jeanne le Dérédec (Rosnoën 1595 -) et leurs sept enfants.
https://gw.geneanet.org/bernardc?n=baron&oc=&p=jacques
Armoiries : https://gw.geneanet.org/skrebs1?n=le+baron&oc=&p=jacques
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L'inscription du coté sud.
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MIRE : GVILLE : CAMVS/CVRE : O : CAMVS : FABRIQ .
soir Messire Guillaume Camus curé [et] Olivier Camus fabrique".
Un Guillaume Le Camus a été parrain en 1657 de Corentin Hamon, et en 1664 de François Hamon.
Messire Guillaume Camus signe à la place du fabricien Le Bihan la quittance d'août 1649.
Olivier Camus est le fabricien qui a traité avec Roland Doré le règlement du calvaire, en 1648.
https://gw.geneanet.org/aconestabile?lang=en&pz=francoise+marie+corentine&nz=feunteun&p=corentin&n=hamon
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L'inscription du coté ouest.
MIRE : N : MORVAN : P/E : CVRE
soit "Messire N. Morvan prêtre, curé."
Un Nicollas Morvan, prêtre, est cité dans un acte de Rosnoën du 9 mars 1680
https://www.geneanet.org/archives/registres/view/24570/269
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II. LES STATUES DE ROLAND DORÉ (FRAGMENTS DU CALVAIRE de 1648) REMONTÉS AUTOUR DU MONUMENT AUX MORTS.
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La Vierge au calvaire.
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Chacune de ces statues illustre de façon exemplaire l'expressivité du sculpteur landernéen.
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Saint Jean au pied du calvaire (géminé avec Barthélémy).
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La statue de saint Jean d'un calvaire de Roland Doré est toujours l'une des plus remarquables ; mais hélas celle-ci a été abîmée au niveau de l'œil et de la tempe gauche. Nous retrouvons la chevelure bouclée triangulaire en perruque, l'ovale longiligne du visage, les narines larges, la bouche aux commissures évasées, les deux mains croisées sur la poitrine, le pan du manteau unique qui retombe sous l'avant-bras gauche, déjà détaillés à Croaz-Moudennou.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Saint Barthélémy (au dos de Jean).
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Cet apôtre se reconnaît par le couteau qu'il tient contre lui : ce fut l'instrument de son supplice puisqu'il fut dépecé.
Sa présence est rare sur un calvaire.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Un saint évêque (au dos de la Vierge).
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C'est cet évêque qui a servi de modèle aux deux évêques du calvaire de 1895, mais ici il porte une croix, et non une crosse.
Sa mitre évasée évoque le bonnet carré des docteurs et recteurs, et cela se retrouve souvent chez Roland Doré ; on le retrouvera chez saint Audoën infra.
Le visage est en ovale allongé.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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La Vierge de Pitié.
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Liste des Vierges de Pitié de l'atelier de Roland Doré (1618-1663) :
Brennilis, calvaire (1625). Déploration.
Cast, calvaire de l'église 1660
Châteaulin, Saint-Idunet
Châteaulin, presbytère
Irvillac, calvaire de Coatnan
Plonévez-du-Faou, Sainte-Anne-la-Palud, calvaire,
Plougastel, Le Passage, calvaire 1622
Plougastel, chapelle Saint-Claude, calvaire
Plourin-les-Morlaix, vestiges du calvaire
Rosnoën, calvaire 1648
Saint-Servais, calvaire église,
Seven-Léhart, calvaire ,
Trézivédé, calvaire
Elle se distingue des nombreuses Vierge de Pitié (pietà) du Finistère, car le corps du Christ est orienté tête à la gauche de la Vierge. L'inclinaison de la tête et du haut du buste de la Mère vers la gauche rompt avec l'habituelle composition parfaitement triangulaire des Prigent et rend la Vierge plus présente.
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Le dos du groupe est creusé, ce qui montre bien comment il se moulait sur le fût du calvaire.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
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Saint Audoën, patron de la paroisse.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
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LA VIERGE À L'ENFANT DE ROLAND DORÉ DU CALVAIRE DE 1648 REMONTÉE AU PORCHE OUEST.
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Le visage à l'ovale allongé, les yeux aux pupilles creusées, le nez en tour Effel (triangulaire à base élargie), la bouche aux commissures creusées montrent que nous avons affaire à une œuvre de Roland Doré.
Cette Vierge à l'Enfant très élancée ressemble à celle du porche sud de l'église de Plougourvest, mais cette dernière ne présente pas, comme ici, un fruit à son fils.
Au contraire, celle de la chapelle de Saint-Sébastien en Saint-Ségal présente un fruit, probablement une poire.
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Vierge à l'Enfant (kersanton, Roland Doré, v. 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
Vierge à l'Enfant (kersanton, Roland Doré, v. 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
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LE CHRIST SAUVEUR (KERSANTON, ROLAND DORÉ, v. 1648) DU PORCHE SUD.
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Inscription IESVS.
Le Christ, jambe gauche légèrement avancée, bénit de la main droite le monde qu'il tient dans la main gauche.
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Christ sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1648) du porche de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
Christ sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1648) du porche de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
Christ sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1648) du porche de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
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SOURCES ET LIENS.
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— COUFFON (René), 1988, Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/a155cffa8f166b91ad6007528b055ff5.pdf
— DOUARD Christel, TOSCER (Catherine), 1995
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-saint-audoen-rosnoen/ad95845c-9dcc-4f09-a114-f7c26d750b02
http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/calvaire-bourg-rosnoen/4acc96c3-3ed9-48bb-b0f7-7709565619b7
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle. PUR éditions.
— Infobretagne
http://www.infobretagne.com/rosnoen.htm