La "plaque de cocher" du Passage à Rosnoën : le Chemin de Grande Communication n°47, et le Passage de l'Aulne par bac à Treizh Guenhel.
.
.
Voir : Le site remarquable et incontournable de Patrick Rollet
Voir ici :
La plaque de cocher de Landerneau. Route nationale n° 164 d'Angers à Brest.
La plaque de cocher de Roscoff. Route nationale n°169 de Lorient à Roscoff.
La plaque de cocher de La Martyre. Chemin de Grande Communication n° 35.
Une "plaque de cocher" à Quimperlé, Chemin de Grande Communication n°16.
.
Voir aussi :
.
.
Sur la commune de Rosnoën, une "plaque de cocher" garde le souvenir du Chemin de Grande Communication n°47. On y lit :
CHEMIN DE GDE COMTION N°47
PLOMODIERN <----- 10K 770
PLONEVEZ PORZAY <---- 17K 870
DOUARNENEZ <----- 29K 370
LE FAOU ----> 7K 505.
le Finistère disposait de 5 routes nationales, 14 routes départementales, 56 Chemin de Grande Communication CGC, et 30 chemins vicinaux d'intérêt commun. Le Classement des chemins vicinaux en chemins de grande communication date de 1861.
Le Chemin de Grande Communication n° 47 Douarnenez Le Faou mesure, selon cette plaque 36 km 875.
Mais cette plaque est singulière, peut-être unique, car elle est apposée sur le pignon est d'une maison privée, l'ancienne maison du dernier passeur (1951) Jean Horellou, sur la rive de l'Aulne maritime. Cette plaque qui s'arrête devant "Le Passage" signale une absence de route, et un passage par où on ne passe plus. Kafkaïen, non?
.
.
La route s'arrête là, face à une jetée qui descend vers le fleuve, entourée des croupes grises de vasières .
.
.
Mais en face, sur l'autre rive, sur la commune de Dinéault, des maisons blanches en haut d'une jetée indiquent que la route reprend, comme si de rien n'était. Cet endroit est nommé Le Passage (CEM 1820-1866), et à la fin du XVIIIe "Maison Blanche", toponyme qui n'a pas vieilli.
&layer1=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&mode=doubleMap
https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.198493&y=48.250336&z=16&layer1=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&mode=doubleMap
.
Mais regardez ! une plaque nous dit tout sur ce Passage !
25 000 personnes par an, et le bétail, les moutons et les véhicules !
68,49 personnes par jour ! mais combien de moutons ?
.
.
Si, rêvant de ces foules montées à bord du bac de Jean Horellou, je m'écarte en contrebas de la jetée, je parviens à un autre rêve, celui des algues froides, de la palud (ou schorre) où se plaisent l'Obione, l'Aster et les chausse-trappes où je m'enfonce : slouourpe, plaf , eh ! Baignade non surveillée !
.
.
.
C'est pour découvrir un baradozig où de vieilles coques achèvent leurs jours et rêvent du passé.
.
.
.
.
.
.
Très bien, très bien les pieds dans l'eau ! Mais Voler, grimper tout seul vers la Lune, et contempler ce Passage parmi les blés mûrs comme le font les beaux oiseaux marins !
.
.
.
DOCUMENTS.
.
1°) Didier Cadiou 1997.
"En 1811, ce passage est armé par deux chalands, la Marie Jeanne et la Marguerite. Le passeur dispose en outre d'une loge construite près du village de La Forêt en Rosnoën, mais ce passage, comme celui de Térenez, est dépourvu de cale d'embarquement. Tous les six ans, l'Administration procède à une nouvelle adjudication des droits de passage. Tous les fermires n'atteignent cependant pas le terme de leur bail en raison d'un décès, d'une résiliation pour difficultés économiques ou d'une décision préfectorale. Utile aux hommes, le bac est aussi pour le bétail comme l'atteste ce témoignage, vers 1830, de J.F Brousmiche, l'un des rares auteurs à évoquer le passage de l'Aulne:
"Pour se rendre à Ménez-com, les chevaux, le bétail du Léonnais sont obligés de passer la rivière de l'Aulne au bac de Rosnohan, et cette rivière étant rivière de marée, quand le vent et le courant sont en opposition avec le flot, il arrive fréquemment de voir le bac dériver, et fréquemment aussi ce bac trop chargé chavire, et la rivière engloutit les hommes et les animaux. Il ne se passe pas de foires à Ménez-com sans accidents de cette nature,. et cependant ces foires sont très fréquentées". Jean-François Brousmiche, Voyage dans le Finistère en 1829,1830, 1831, Quimper, éditions Morvran, 1977.
Finalement, en décembre 1856, l'Administration se décide enfin à établir sur chaque rive "une rampe en pavement à pierres sèches simplement dégrossies" (45 m sur chaque rive)dont l'entretien devra être assuré par les fermiers eux -mêmes. Les travaux sont rapidement entrepris pendant la campagne 1857." D. Cadiou, Avel Gornog 1997
2°) Le site Antreizh, ce qui veut dire "Le passage" :
http://www.antreizh.fr/lepassage.html
"Appartenant aux seigneurs du Faou sous l'Ancien Régime, le "passage" entre Rosnoën et Dinéault, situé à la limite administrative des eaux fluviales et maritimes, situé sur l'axe allant de Landerneau à Douarnenez, attesté depuis 1514, était appelé Treiz Guenhel, du breton treiz (passage), et du nom de "saint Guinal", dont la chapelle se dressait sur la côte de Dinéault et se faisait par des bacs ou des chalands. Le "passage" était périlleux, compte tenu de sa largeur et de la force du courant. En 1858 fut construite une cale en pavage de pierres sèches, foulée depuis par des flots de piétons, de bêtes, charrettes et véhicules divers. Le Passage constituait un axe de communication entre le nord du Finistère et le sud vers la plaine du Porzay (l'affluence était grande chaque dernier dimanche d'août pour se rendre au pardon de Sainte-Anne-la-Palud) ou inversement (par exemple, les pèlerins venant du sud étaient nombreux chaque 15 août pour se rendre au pardon de Rumengol). Les foires d'Hanvec, du Faou et de Sainte-Marie-du-Ménez-Hom étaient aussi des jours d'affluence. Cet itinéraire était classé chemin de grande communication no 47 depuis 1862.
Prendre le bac est dangereux comme en témoigne ce rapport du Conseil général du Finistère daté de 1874:
« Il serait à désirer, pour éviter les accidents qui se produisent souvent à l'embarquement et au débarquement des animaux, et même des passagers, que les cales d'accès fussent améliorées, principalement pour les cales des bacs de Rosnoën [à Treiz Guenhel] et de Térennez [Térénez] ; celles existantes sont beaucoup trop basses et rendent les embarquements difficiles et dangereux. »
Le même rapport de 1874 dit que « le service est déplorable, le matériel en très mauvais état, et des plaintes incessantes sont adressées à l'administration ». À cette date, le service du "passage" était assuré par trois bacs à Térénez, un grand bac en mauvais état, un bac plus petit en bon état et un batelet en assez bon état ; à Rosnoën, un bac neuf propriété du passeur vient de remplacer à cette date les deux grands bacs en mauvais état qui appartenaient à l'État ; s'y ajoute un batelet qui permet seulement le passage des personnes. Un accident provoqué le 11 août 1874 par un cheval qui défonça le grand bac de Térénez faillit provoquer la mort de 14 personnes. Même la route menant au bac de Térénez était d'accès difficile et les accidents sont fréquents ;« la difficulté des communications entre Crozon et Le Faou, augmentées par la mer, est nuisible aux deux localités », mais ce n'est que dans le courant de la décennie 1870 que ce tronçon de route est amélioré.
En 1875, 25 175 piétons, 435 chevaux, 60 voitures et 508 veaux et moutons empruntent ce passage, réaménagé en 1878. Le bac se maintint en service malgré la mise en service en 1926 du premier pont de Térénez, profitant de la rareté du trafic automobile à l'époque pour continuer à assurer un service de proximité. Le dernier passeur fut Jean Horellou (Yann an Treizour) et sa fille tint le café, malgré la fermeture du passage en 1951, jusqu'en 1984.
Le "passage" de Térénez, sur l'axe Le Faou-Crozon, était aussi très fréquenté : ce passage existe depuis au moins le xviiie siècle et les cales ont été restaurées en 1836 et 1857 ; puis à nouveau en 1913 et 1923. Certaines années, au xixe siècle, on comptait jusqu'à 25 000 piétons et un millier d'animaux. Ce "passage" a été utilisé en direction de Landévennec jusque vers 1925, date de la construction du premier pont de Térénezet à nouveau de 1944 (destruction du premier pont) jusqu'en 1951, lors de la mise en service du second pont de Térénez.
D'autres "passages" jalonnaient ainsi le fleuve, par exemple à hauteur de Trégarvan."
.
3°)
En mai 1873, le Conseil municipal de Rosnoën sollicite, en raison de l'intempérance des passeurs, la suppression des auberges situées à proximité. Car des drames se déroulent parfois, comme ce 11 juillet 1873, lorsque la barque qui transporte sept bûcherons trop impatient pour attendre le bac situé sur l'autre rive, chavire, entraînant dans la mort cinq de ses passagers .
Ou ce 3 mai 1880, lorsque le passeur Yves Capitaine disparaît en tentant en vain de sauver de la noyade son matelot Le Gall. (d'après D. Cadiou 1997)
.
Nombreuses photos du bac, du passeur et de sa famille sur le site http://www.antreizh.fr/lepassage.html
DOCUMENTS CARTOGRAPHIQUES.
Source Géoportail remonterletemps
https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.196034&y=48.246280&z=16&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.ETATMAJOR40&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.CASSINI&mode=clipLayer
.
.
La carte de Cassini (fin XVIIIe) : la route à partir de Maison Blanche est bien indiquée, alors que le chemin allant de Rosnohan à La Forest n'est tracé que par un trait.
.
Carte d'Etat-Major 1820-1866 : le site sur la rive gauche de l'Aulne est nommée Le Passage, mais aucun équipement n'est visible du coté Rosnoën.
.
.
.
Carte de 1895 : le CGC n°47 est tracé, ainsi que le symbole du bac, et les noms La Forest et Le Passage.
.
.
La route Le Faou-Dinéault/Ste-Marie-du-Ménez-Hom est tracée, ainsi que le symbole du bac, et les noms La Forest et Le Passage.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
LE PASSAGE
http://www.antreizh.fr/lepassage.html
http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/bac-et-cale/da308fb4-51c9-4a45-bb97-548f99f58ca0
— CADIOU (Didier), 1997, De bacs en pont(s), in Avel Gornog n°5, Dossier l'Aulne Maritime", page 14-22
— Archives AD Finistère Voirie vicinale (3 O supplément), 3S96, 3S 1310, 3S Rosnoên non côté.
.