L'église Saint-Budoc de Trégarvan. Ses inscriptions, ses sablières et ses blochets, sa statuaire, ses bannières.
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Vous pourrez lire aussi, sur le sujet des sablières de Bretagne, les articles suivants :
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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).
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Les sablières (1508) du bas-coté de l'église Notre-Dame de Grâces (22).
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Les sablières et les blochets de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren.
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Les sablières et les blochets restaurés de l'église Notre-Dame de Brennilis.
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Quelques sculptures de l'intérieur de l'église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle à l'Hôpital-Camfrout.
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Les sablières, les blochets et les statues de l'église de Le Tréhou. I.
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La charpente sculptée de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Les abouts de poinçon du chœur.
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Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56). (1608)
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L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623), les blochets et poinçons.
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Les sablières et poinçons de l'église Notre-Dame et Saint-Michel de Quimperlé.
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L'intérieur de l'oratoire Notre-Dame de l'abbaye de Daoulas.
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Quelques pièces sculptées de la charpente de l'église de Grâces à Guingamp. Les abouts de poinçons.
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L'église de Guengat II : Statues, sablières et inscriptions.
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Les sablières de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).
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Les sablières et les blochets de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren.
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Les sablières, les blochets et les statues de l'église Sainte-Pitère de Le Tréhou. I .
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Vierges allaitantes VII: Lannelec à Pleyben (3) mobilier et statues.
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Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), voir :
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La charpente sculptée de l'église de Pleyben (1571) par le Maître de Pleyben : le transept sud.
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Sur les sablières de Bodilis, voir :
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Les sablières de l'église de Bodilis. I. La scène des semailles et du labour (anonyme, 1567).
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Les sablières de l'église de Bodilis. III. Le coté nord de la nef.
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Les sablières de l'église de Bodilis. IV. Le coté sud de la nef. (Maître de Pleyben, 1567-1576).
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Les entraits sculptés à engoulants (1567-1576) de la nef de l'église de Bodilis.
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Sur les réalisations du Maître de Saint-Nic (1561-1576) :
- La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic : son Pardon de la Saint-Jean, et sa fontaine. Sa statuaire. Sa charpente, l'inscription du recteur Perfezou et les sablières. (1653)
- La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic : ses sablières (1641-1675) À paraître.
Et enfin :
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SITUATION.
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L'Aulne maritime, ou Rivière de Châteaulin, creuse, dans sa progression rêveuse mais avide d'en finir avec une course de 144 km, une large et profonde ria où elle dessine quelques derniers méandres ; ce sont eux qui font toute la beauté du paysage qu'un promeneur peut découvrir du haut du Bélvédère (152 m), à Rosnoën. Le fleuve vient de recevoir son dernier affluent en rive droite, la Douffine, à Pont-de-Buis, mais accepte encore une dernière contribution en rive gauche, celle des eaux du Garvan, et ses saumons.
C'est précisément ce Garvan qui donne son nom à Trégarvan, de tref , "village", en en délimitant le territoire à l'est .
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J'ai utilisé en complément de mes clichés les ressources de GEOPORTAIL / REMONTERLETEMPS avec les cartes IGN, d'Etat-Major, de Cassini, et les photos aériennes.
https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.214302&y=48.251928&z=15&layer1=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&mode=normal
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C'est ce ruisseau du Garvan, qui descend des pentes du Ménez-Hom (330 m) en alimentant des moulins, qui, associé au "ster" du Cosquer, va dessiner ce chapeau de gendarme de Trégarvan.
Site Géoportail hydrographie.
https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/reseau-hydrographique
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Une dernière photo de l'Aulne en amont de Trégarvan nous permet de comprendre que les habitants qui ont inscrit leur nom sur les murs de l'église au XVI et XVIIe siècle étaient de riches cultivateurs, ou des meuniers.
Pourtant, Marteville et Varin écrivait encore en 1853, dans la nouvelle édition du Dictionnaire d'Ogée :
"Trégarvan, commune formée de l'ancienne trève d'Argol, sans desservance. Limit. : N. rivière de Châteaulin ; E. Dinéault, anse de Garvan ; S. Saint-Nic ; Dinéault ; O. Argol.
Principaux villages : Goulenes, Brigneun, Toulargloët, Kerfréval, Le Cosquer. Superficie totale 972 hectares, dont les principales divisions sont terres labourables : 201 ha. Près et pâtures : 16 ha. Bois : 8 ha; vergers et jardins : 8ha. Landes et terres incultes 711 hectares. Quatre moulins à –au, Kerfréval, Le Cosquer et du Garvan. "Cette commune est peut-être celle de toute la Bretagne qui a le plus de landes : celles-ci couvrent plus de 7/10e de son territoire. On parle breton."
La première édition, de 1778, décrivait Trégarvan avec Argol, mais dans des termes comparables :
"Argol ; située entre des montagnes ; à 7 lieues au Nord-Nord-Ouest de Quimper, son Evêché, à 41 lieues trois quarts de Rennes ;& à 2 lieues un tiers du Faou , la Subdélégation. On y compte 1050 communiants, y compris ceux de Trégarvan, sa trêve. Elle ressortit à Châteaulin, & la Cure est présentée par l'Abbé de Landevenec.
Ce territoire , couvert de montagnes serrées les unes contre les autres & plein de landes , ne contient que des terres stériles , Il vous en exceptez quelques-unes limées au Nord & à l'Est, qui produisent du froment & autres grains."
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COMMUNICATIONS.
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La carte de Cassini (fin XVIIIe) montre que les voies de communication longent l'Aulne par les routes Châteaulin-Dinéault-Telgruc-Crozon au sud, Braspart-Quimerc'h-Rosnoën-Térenez au nord. Deux "passages" traversaient le fleuve du nord au sud, à Térenez et à La Forest entre Rosnoën et Dinéault, comme le suggèrent — sans indiquer les passeurs — les voies qui s'interrompent sur les deux rives.
Aux XVIe - XVIIIe siècles, période de construction de l'église tréviale, Trégarvan est à l'écart relatif de ces voies, sauf par sa proximité du Passage La Forest-Maison-Blanche.
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La carte d'Etat-Major de 1820-1866 montre la même chose. Notez la rareté du bâti sur la colline (42 m et 78 m) qui domine Trégarvan, et l'indigence des chemins conduisant à Le Passage, entre Rosnoën et Dinéault.
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La carte au 1/50000 de 1950 indique enfin un enrichissement du bâti sur le petit promontoire, et mentionne clairement le bac et la route (ex Chemin de Grande Communication) Le Faou-Dinéault passant par le bac, dûment indiqué.
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PRÉSENTATION.
D'après Chrystel Douard 2010.
Relevant dès le 11e siècle de l´abbaye bénédictine de Landévennec et trève de la paroisse d´Argol, Trégarvan est érigé en commune en 1792 et devient paroisse indépendante en 1842.
Aucun tissu urbain n'existe avant la seconde moitié du 19e siècle. En 1831, l'ancienne chapelle tréviale devenue ensuite église paroissiale, entourée du cimetière, se situe dans un secteur dépourvu de toute construction. Une demi douzaine de maisons dont l'ancien presbytère est construite à la fin du 19e siècle dont deux à usage temporaire d'école communale et plusieurs à usage de commerce. Le presbytère, aujourd'hui désaffecté, conserve un élément sculpté ancien remployé au-dessus de la porte nord provenant peut-être de l'église et portant des armoiries associées à une crosse et une mître d'abbé, peut-être celles d'un abbé de Landévennec. La mairie, petit bâtiment à pièce unique, est construite en 1907, peut-être, comme le groupe scolaire à Kergroas (actuellement Musée de l'Ecole Rurale en Bretagne), d'après le projet de l'architecte A. Marie, de Brest. En 1930, le cimetière a été légèrement agrandi vers le sud et l'ouest et quelques maisons d'habitation ont été bâties au sud de l'église dans la période de l'entre-deux-guerres .
En 1965, une monographie succinte, rédigée par le ministère de la construction dans le cadre de la préparation d´un « plan sommaire d´urbanisme révèle une population éparse mais plus concentrée autour du bourg. Entre 1936 et 1962, la population diminue de 27 %. Parmi les 51 exploitations agricoles recensées en 1946, 44 subsistent en 1965 (contre cinq en 2009). Les 968 hectares du territoire communal sont alors composés de 367 hectares de terres labourables, de 56 hectares de prés, de 10 hectares de vergers, de 25 hectares de bois et de 477 hectares de landes, ces dernières couvrant presque la moitié de la commune. On y cultive la pomme de terre et les céréales.
Le bateau-vapeur liant Brest à Port-Launay, hors service dans les années 1960, faisait longtemps escale à Trégarvan pour permettre aux touristes de gravir le Ménez-Hom. En 1965, le potentiel touristique de la commune était perçu comme un atout. On comptait alors une cinquantaine de mouillages de bateaux et quatre cafés-épiceries dont deux au bourg et deux à Kergroas et Pont-Carvan. Situé dans la partie sud-ouest du Parc Naturel Régional d´Armorique, Trégarvan (arrondissement et canton de Châteaulin) fait partie de la Communauté de Communes du Pays de Châteaulin et du Porzay (Châteaulin, Dinéault, Saint-Nic, Plomodiern, Plonévez-Porzay, Ploéven, Quéménéven, Cast et Saint-Coulitz, Port-Launay). A dominante rurale et résidentielle, la commune se distingue par la qualité de de ses espaces naturels remarquables dont l´Aulne maritime et le Ménez-Hom, site classé depuis 2004, « en raison des ses caractères pittoresque et légendaire ». La commune couvre une superficie de 968 hectares et comptait 146 habitants au 1er janvier 2009. Avec plusieurs gîtes ruraux et un village de vacances, la commune est aujourd'hui tournée vers le tourisme rural, en lien avec l'attrait exercé par l'Aulne et le Ménez-Hom.
Un recensement des objets mobiliers conservés dans l´église, non reconduit dans le cadre de la présente enquête (fiches descriptives, photographies), avait été réalisé en 1977 ; il est disponible au centre de documentation du patrimoine (Région Bretagne). Trégarvan conserve des éléments patrimoniaux identifiés et dignes d´intérêts parmi lesquels figurent le Musée de l´Ecole Rurale en Bretagne, remarquable au niveau régional, ainsi que l´église paroissiale Saint-Budoc récemment restaurée et mise en valeur. Les hameaux de Goulénez, Stanquélen, Kerfréval, Keryé, Brigneun et Toul ar Gloët conservent des éléments significatifs de l´architecture rurale de la commune.
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L'EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-BUDOC.
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"Plan en croix latine à trois vaisseaux datée par inscription de 1527 ; 1590 ; 1629 ; 1658 ; 1670 ; 1696 ; 1706 ; 172. Gros-œuvre en granite ; kersantite ; grès ; appareil mixte ; pierre de taille ; moellon toit à longs pans ; croupe ; noue ; pignon ; flèche en maçonnerie Charpente : lambris de couvrement."
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I. LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES.
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Palissy :"Piles de la nef début 16e ; croix de cimetière en 1527 ; vers 1590 rehaussement des arcades, inscription : YVO CAPYTE ETON 1590 ; chevet en 1629, inscription : BVZEC CAPITEN F 1629 ; sacristie en 1658, inscription : N LE SCOARNEC FAB 1658 ; sablière angle N.O. de la croisée porte l'inscription : I MAZEAU FA 1670 ; nef pignon ouest : N SCOARNEC F ; clocher en 1696, inscription : ... NORD. F.1696 ; reprise de la 1ère arcade nord : M.Y.CAPITAINE. P.I.GVEOC A.MARC. 1706 ; sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"
À l'extérieur, les inscriptions lapidaires portent les dates de 1629, 1658, 1696 et 1698, et les patronymes des fabriciens B[e]uzec Capitaine, N. Le Scoarnec, Y. Scoarnec et F. Moro.
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1°) Au pan sud du chevet. Buzec Capitaine 1629.
2°) Sur le mur de la sacristie. N. Le Scoarnec 1658.
3°) Au dessus de la porte ouest. Y. Scoarnec
4°) Sous la galerie du clocher, côté sud. F : MORO 1696 "
5°) Le cadran solaire de 1698.
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1°) Au pan sud du chevet. Buzec Capiten 1629.
Lettres capitales romaines ; fût perlé (I) . Ponctuation de séparation des mots par trois points. Pierre de Logonna (microdiorite quartzique).
Longueur 50 cm, hauteur 40 cm
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BVZEC : CA
PITEN : F
1629.
"BUZEC : CAPITEN : F[ABRICIEN] 1629."
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BUZEC est vraisemblablement le prénom du fabricien, c'est une forme de Budoc.
Le patronyme CAPITAINE est très commun à Trégarvan.
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2°) Sur le mur de la sacristie.
Lettres capitales romaines.
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N : LESCO
ARNEC :
FAB : 1658.
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"N : LE SCOARNEC : FAB[RICIEN] : 1658."
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3°) Élévation occidentale, au dessus de la porte .
Lettres capitales romaines.
Y : SCOARNEC : F.
"Y[ves] SCOARNEC F[ABRICIEN].
Sans date, mais la tour que soutient ce mur est datée de 1696.
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4°) Sous la galerie du clocher, côté sud.
F : MORO 1696 " (ou 1690 ?)
Microdiorite quartzite. Lecture douteuse du patronyme. Les auteurs de la notice de la base Palissy ont lu : "NORD 1696", ce qui est encore plus douteux.
http://www.cgf-forum.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=24457
Je propose d'y voir une graphie pour MOREAU . Par exemple, on trouve dans la généalogie de Philippe Mérour Jean Moreau, père de Yves Moreau (décédé après 1699), lui-même père (?) de Jeanne Moreau, née à Dinéault le 10/02/1699 et décédée à Trégarvan (Cosquer) le 21/05/1771, qui épousa Jean Capitaine. Leurs enfants Corentin, Marie, Jeanne Catherine et Magdelaine ont vécu à Trégarvan, soit au Cosquer, soit à Brigneun.
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5°) Le cadran solaire de 1698.
Chambre des cloches. Schiste. cadran rayonné central, numérotation arabe de droite à gauche 7, 6,5,4,3,2,1 -fleur-11,10,9, 8, 7, 6, 5.
Registre supérieur : cercle au monogramme christique I.~H S , le tilde surmonté d'une croix. Chronogramme 1698 entourant le motif religieux.
L'inscription haute est partiellement (et sans doute volontairement) effacée, laissant lire ---N: ---:FA.
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Voir :Yves-Pascal CASTEL, L'iconographie religieuse sur les cadrans solaires du Finistère, d'après Jean-Paul Cornec, Pierre Labat-Ségalen, «Cadrans solaires en Bretagne», Skol Vreizh, 2010
http://patrimoine.du-finistere.org/art2/index_ypc_cadrans_solaires.html
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II. LE CALVAIRE DE 1527.
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Description par Yves-Pascal Castel :
3022. Trégarvan, église, g. k. 1527. Trois degrés. Socle à cavet: MVCXXVII - - - FABRIQVE, écu usé. Fût à pans, griffes hautes. Croisillon aux anges, écu aux trois pommes de pin et à la crosse. (Alain de Trégain, de Briec, abbé commendataire de Landévennec). Croix, crucifix, anges au calice. [YPC 1980] http://croix.du-finistere.org/commune/tregarvan.html
Voir aussi Christel Douard:
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1°) La face orientale : Vierge à l'Enfant.
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2°) La face occidentale : Crucifix et anges au calice.
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Croquis de Yves Pascal Castel :
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Le blason d'Alain de Trégain, abbé de Landévennec de 1524 à 1530 : aux 3 pommes de pin pointes en haut, crosse en pâl.
Voir :
. http://www.lavieb-aile.com/2019/05/les-blasons-de-quelques-abbes-de-landevennec.html
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III. LES STATUES EN KERSANTON DE L'ENTRÉE.
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1°) La Pietà aux anges de compassion. Kersanton, XVIe siècle.
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inscrit au titre objet 2003/01/09
h = 97 ; la = 105 ; pr = 36. "La Vierge agenouillée prie devant la dépouille de son fils soutenue par deux anges de part et d'autre du corps." Notice base Palissy.
Cette œuvre appartient donc au groupe des "Pietà aux anges de douceur", ou plus généralement aux crucifix où le Christ mort est assisté par deux anges. Voyez par exemple mon commentaire sur la Pietà de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou, où je donne une synthèse de l'iconographie.
Ici, l'ange de gauche soutient tendrement la tête du Christ, tandis que le deuxième ange enveloppe d'un linge les pieds.
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2°) Saint Budoc. Kersanton, XVIe siècle.
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2003/01/09 : inscrit au titre objet
h = 135 ; la = 57 ; pr = 50 Saint Budoc en pied, en tenue d'évêque, tient la crosse de la main droite.
b) Saint Budoc : Evêque fêté le 9 décembre
"Dans sa vie de saint Guénolé, écrite entre 850 et 885, Gurdisten reprend une tradition ancienne, selon ses propres paroles, quand il nous décrit Budoc comme "ministre angélique, richement doué de savoir, remarquable par sa droiture, que tout le monde de ce temps considérait comme l'une des plus fermes colonnes de l'Eglise". Budoc était le "maître" de l'Ile Lavret (Laurea), où Gwénolé fut, dès son enfance, élevé comme son disciple. Avec Maudez puis Budoc, nous sommes à la fin du 5e siècle et à l'aube de la grande expansion du monachisme chez nous : monachisme d'ermites où chacun a son "peniti" ; et, quand il s'agira d'un monastère, l'abbé continuera souvent à vivre en ermite (voir Goulven, Goeznou, Gwénolé) ; l'influence orientale reste prépondérante. Le culte de saint Budoc est couramment lié à celui de saint Gwénolé.
Saint Budoc (ou Beuzec) était le patron de l'ancienne paroisse de Beuzec-Cap-Caval (aujourd'hui en Plomeur). Il est toujours le saint patron des églises paroissiales de Beuzec-Cap-Sizun, Beuzec-Conq (en Concarneau), Trégarvan, Plourin-Ploudalmézeau et Porspoder." https://diocese-quimper.fr/fr/se-ressourcer/les-saints/story/917/saint-budoc
Saint Budoc, fils de sainte Azénor, fille du roi de Brest donna son nom à la paroisse de Beuzec.
Les pêcheurs, obligés de lutter avec la mer ne croient pas avoir de meilleurs patrons que sainte Azénor voguant sans voiles et sans rames et son fils saint Beuzec, Buzec ou Budoc (littéralement le noyé, ou sauvé des eaux) .
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On comparera cette statue à celle de saint Guénolé (disciple de Budoc) en abbé (kersanton, vers 1520) dans l'ancienne abbaye de Landévennec ; il tient également la crosse de la main droite.
Il est plus exact d'écrire que saint Budoc, si on admet cette identification non fondée, est représenté en abbé et non en évêque. Il s'agit peut-être aussi d'une statue de saint Guénolé, puisque nous sommes ici sur une possession de l'abbaye de Landévennec.
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La reliure ou couverte du livre qu'il tient porte cinq cercles placés en quinconce.
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La mitre est également orné de de groupes de cinq fleurons en quinconce placés de chaque coté d'une bande verticale médiane décorée d'un fleuron et de deux languettes.
La mitre porte bien entendu des fanons.
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Nous pouvons remarquer aussi que :
La crosse est tenue à droite, le crosseron (à crochets) orienté de façon axiale.
Cette crosse est tenue par l'intermédiaire d'un sudarium.
Des bagues sont enfilés sur chaque doigt long de la main droite (comme la statue de saint Guénolé à Landévennec).
Un manipule pend au poignet gauche, avec son gland de passementerie.
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IV. LE CLOCHER ET SES TÊTES.
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L'église paroissiale de Trégarvan partage certaines caractéristiques géologiques et stylistiques avec d'autres édifices religieux du Parc Naturel Régional d'Armorique. On retrouve, par exemple, des flèches à arêtes sculptées figurant des têtes humaines entre autres, à Landévennec (église paroissiale), à Dinéault (chapelle Saint-Exupère de Loguispar), à Brasparts (église paroissiale Notre-Dame et Saint-Tugen) ou encore à Pleyben (chapelle de la Madeleine). (d'après C. Douard)
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La galerie de la tour est cantonnée par quatre têtes, (deux têtes humaines et deux têtes animales), et l'élévation ouest est encadrée de deux crossettes (un ange et une sirène) : elles seront étudiés dans un article propre.
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V. LE CLOCHER : LES DEUX CLOCHES.
LA CLOCHE MARIE JOSEPH ANNA (1880).
Base Palissy Enquête de l'Inventaire : Castel Yves-Pascal ; Quillivic Claude
Cette cloche a été fondue, comme celle de la chapelle Saint-Jean et celle de Guengat, celle de l'hospice de Châteaulin, celle de la chapelle Saint-André d'Ergué-Gabéric (1854) par Jean Fondeur, de Quimper, en 1880. Haute de 70 cm, elle porte en ornementation un Salvator Mundi, et l'inscription :
PAROISSE DE TREGARVAN M. JOSEPH BARBOU RECTEUR J. M. MOAL MAIRE HERVE LAGADEC TRESORIER JE M'APPELLE MARIE JOSEPH ANNA JEAN MEROUR PARRAIN MARIE LAGADEC MARRAINE L'AN 1880
JEAN FONDEUR QUIMPER
LA CLOCHE DE 1859.
Base Palissy Enquête de l'Inventaire : Castel Yves-Pascal ; Quillivic Claude
Egalement fondue par Jean Fondeur à Quimper, et haute de 76cm, elle est ornée d'une Vierge, d'une gloire et d'une étoile, avec l' inscription :
PAROISSE DE TREGARVAN MR POLIQUEN RECTEUR MM J. M. MOAL MAIRE J. CAPITAINE ADJOINT M. H. MOAL TRESORIER S. J. L. NICOLAS P. ALL LAGADEC F. P. J. LOUIS BATANY M. J. N. MEROUR
JEAN FONDEUR A QUIMPER 1859
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Elles sont ornées en début de ligne par des manicules dont l'index et l'auriculaire sont tendus vers des couronnes ou O.
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VI. UNE CROSSETTE.
Angle sud-est : un chien (?) attaquant sa proie.
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L'INTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-BUDOC.
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Trégarvan, est une ancienne trève d'Argol érigée en paroisse en 1841. Son église est en forme de croix latine, comprenant une nef de trois travées avec bas-côtés, deux chapelles en ailes formant faux transept au droit de la dernière travée et un chœur profond terminé par un chevet à trois pans. L'édifice présente des restes du XVIe siècle (arcades), mais a été en partie reconstruit au XVIIe siècle puis au début du XVIIIe siècle, ainsi que l'attestent les inscriptions. L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau avec sablières sculptées mais sans entraits. Les arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers octogonaux. Arcs diaphragmes entre les bas-côtés et le transept. (Couffon)
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I. LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES : 1706 et 1590 (?).
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1°) dans l'évasement du mur nord au dessus du 2ème pilier de la nef.
Un bloc de pierre sombre, de 53 cm sur 28 cm en deux fragments :
M : Y : CAPITAI
NE : P : I : GOVEOC
A : MARC : 1706 (ou A : MARO)
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M : Y : CAPITAINE : P : I : GOVEOC / A : MARC : 1706.
Interprétation possible : "Messire Yves Capitaine Prêtre, I. Goveoc et A. Marc (fabriciens), en 1706."
a) le nom Capitaine est attesté comme nous l'avons vu. La lettre M précédant l'initial du prénom m'incite à y voir le titre messire qui précède le nom des recteurs, et la lettre P la mention "prêtre", mais aucun prêtre de ce nom n'est mentionné dans la paroisse d'Argol, dont Trégarvan est la trève jusqu'en 1842. Un "Yves Capitaine " est mentionné à Trégarvan, mais un peu plus tardivement puisque ses parents sont nés en 1704 et 1699.
b) le patronyme GOVEOC n'est attesté, ni à Trégarvan ou Argol, ni comme patronyme en France. Nous trouvons en Bretagne Le Govec (diminutif de Le Goff : Le Goffic, Le Govic, Le Gouic, Le Govec). Peut-être une graphie dérivée de (LE) CORREOC ? Dans cette famille où Jean est attesté en 1685 à Dinéault, Anna Le Correoc épousa Yves Capitaine, et décéda à Brigneun, Trégarvan, en 1772.
c) A : MARC ou MARO pourrait correspondre aux patronymes Le Maro, Le Marchou, Le Marc'h, Le Marc, dérivé du breton marc'h, "cheval".
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2°) Dans l'évasement du mur nord au dessus du 3ème pilier de la nef (1570 ? 1590 ?)
Elle semble être un fragment d'une inscription plus complète. Elle est elle-même traversée par une fissure (comblée de mortier ?). Les lettres latines sont irrégulières. On trouve des lettres conjointes liant entre eux le nom et le prénom, et un N rétrograde. La lecture est hasardeuse, notamment celle de la date, pourtant cruciale.
70 cm x 43 cm.
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Je lis
YVOCAPYTE
ETON : 1570
Couffon a lu : " YVO CAPITE.../PETON. 1590. "
On peut penser à Yvon Capiten (Capitaine) , et , peut-être au patronyme Peton ou Petto
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LES SABLIÈRES ET BLOCHETS : 1670 (NEF) et 1720 (CHOEUR).
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1°) Les sablières de la nef.
Si les trois travées découpent la nef, ce sont cinq entraits (poutres transversales que je numérote 1 à 5 d'ouest en est)) qui scandent la charpente lambrissée. Des pannes sablières sculptées s'intercalent entre les entraits, de la tribune de l'ouest jusqu'au chœur. Les premières ne sont ornées que d'une frise de tulipes, sans intérêt. Les pièces anciennes débutent après le premier pilier et le troisième entrait.
Je décrirai d'abord les sablières du coté nord, d'ouest en est.
a) Les sablières de la nef du coté nord.
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Blochet nord, contre le troisième entrait.
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C'est un personnage peut-être féminin, taillé dans une pièce de bois rectangulaire comme une poutre, sans aucune extension latérale. De ce fait, les cotés sont rabattus ; ils ressemblent à deux feuilles nervurées, mais pourraient être les ailes d'un ange.
Ce personnage est vêtu d'une tunique boutonnée de haut en bas, et serré au cou par une fraise courte mais cet habit est peu réaliste.
Deux éléments stylistiques doivent être notés :
a) le menton en godet ou en rideau forment avec les joues rondes un contraste particulier. Ce détail se retrouve sur le bas-coté sud de la chapelle Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic en 1661.
b) les trous forés assez profondément pour représenter les yeux et les boutons. Ils sont soigneusement exécutés, très réguliers, et nous allons les retrouver régulièrement. J'émets l'hypothèse qu'ils ont pu servir de mortaise pour des éléments décoratifs colorés.
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Première sablière nord ancienne, entre le 3ème et le 4ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
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Cette frise est exactement comparable à celle exécutée à la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic en 1653, mais se rapproche également des sablières de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de la même commune.
Elle se double d'une étroite frise inférieure, faite de pampre avec ses grappes.
Trous pour les yeux de l'angelot et de l'oiseau.
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Deuxième sablière nord ancienne, entre le 4ème et le 5ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
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Inscription sur la frise inférieure, à droite.
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I MAZEAV FA : 16 / 76
René Couffon a lu : " M : I : MAZEAV : FA : 1676. sur la corniche du choeur "
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Les généalogistes signalent à Trégarvan Budoc Mazeau, décédé le 2 février 1718. Ou un Jean Mazeau, compatible avec l'initiale I de Ian, dont le fils Nicolas s'est marié en 1717.
L'inscription, placée dans la frise sous-jacente à la sablière ornée, et tracée en capitales romaines très géométriques, est comparable à celles de la nef de la chapelle Saint-Côme à Saint-Nic, datées de 1641. Les lettres elles-mêmes sont identiques, hormis le A dont la traverse est droite à Saint-Côme, et en V ici. .
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Les sablières anciennes de la nef , coté sud, du chœur vers l'ouest.
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Troisième sablière sud ancienne, après le 5ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
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Deuxième sablière sud ancienne, entre le 5ème et le 4ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
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Première sablière sud ancienne, entre le 4ème et le 3ème entrait. Deux dragons affrontés attachés par un anneau entourant le cou.
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Cette pièce est exactement comparable à celle exécutée à la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic en 1653, mais se rapproche également des sablières de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de la même commune.
Les caractéristiques en sont ici :
- les écailles du corps traités, selon les zones, par deux entailles différentes, soit en coup de biseau, soit en ligne irrégulière et sinueuse.
- Les plages du corps lisses, dépourvues d'écailles,
- les langues dont le caractère épineux est figuré par un aspect foliaire.
- Le fouet des queues traité comme des épis ou des grappes.
- Les trous des pupilles.
Toutes, sauf les langues foliées, sont présentes à Saint-Nic.
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Blochet sud, en avant du 3ème entrait. Ange ?
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Menton en galoche ou godet (cf. supra)
Vêtement stylisé, non réaliste.
Trous d'ornementation pour les yeux, la collerette et la ceinture.
La collerette en larges pétales , comme celle d'un Pierrot, se retrouve sur les blochets de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de Saint-Nic.
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Les six blochets et les sablières du chœur (1720 et 1750).
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Blochet du chœur n°1.
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Blochet du chœur n°2.
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Sablière entre les blochets 2 et 3.
Inscription : IA 1750.
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Blochet du chœur n°3.
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Inscription entre les blochets 3 et 4 :
I : F. MASEO : CVRE : BVJOC : LEPAN : FABICN
La notice Palissy mentionne : "sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"
René Couffon a lu : " I : F : MASEO CVRE BVDOC LERAN FABRIC. " au mur nord de la nef."
Le chronogramme 1720 a pu être détruit lors de restauration, puisque la corniche s'arrête là, avant une pièce de bois récente. Néanmoins, il faut bien lire LEPAN et non LERAN, d'une part par constatation de la photo, d'autre part car le patronyme LE PANN est attesté à Trégarvan.
On transcrira donc : I : F : MASEO : CURÉ : BUDOC : LE PAN[N] : FABRI[QUE] [1720]
ou" I.F. Mazeau curé, Budoc Le Pann fabricien (1720 ?)"
Je ne trouve pas d'information sur Budoc Le Pann, mais la famille Le Pann est attestée à Argol, (Bodogat) et à Trégarvan (Yves Le Pann, 1689-1742, père de Michel, père d'Alain qui épouse Marie Mazeau en 1780 à Trégarvan).
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Blochet du chœur n°4.
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Sablière entre les blochets 4 et 5.
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Blochet du chœur n°5.
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Blochet du chœur n°6.
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Les sablières du faux-transept sud.
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Blochets et sablières de la chapelle latérale sud (Sainte-Marguerite).
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Blochet de gauche.
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Sablière de gauche, coté ouest du faux-transept. Deux dragons affrontés tête reliées par un anneau.
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Sablière de droite, coté ouest du faux-transept. Frise à pampre, oiseaux.
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Oiseau picorant les grappes : notez les trous d'ornementation.
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Blochet de droite du faux transept sud. Ange et inscription MARIA.
Inscription MARIA avec les deux premières lettres jointes comme dans le monogramme marial. Le personnage en buste est un ange, dont les ailes se devinent sur les cotés et dont le col est stylisé en collerette à la Pierrot.
Cou large, menton en godet, trous pupillaires.
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Synthèse : les sablières de Trégarvan et l'atelier de Saint-Nic.
Les sablières sculptées de l'église de Trégarvan sont, finalement au nombre de six pièces : deux dans la nef nord, deux dans la nef sud et deux dans la chapelle sud. J'exclus les autres pièces, celle du début de la nef, aux successions de "tulipes", et celles du chœur, en frise géométriques dont seules les inscriptions datées (1720 ? et 1750) sont dignes d'intérêt.
Ces six pièces sont non seulement homogènes mais aussi répétitives, puisqu'on n'y trouve que deux motifs : celui des dragons affrontés et liés, et celui des pampres aux grappes picorées par les oiseaux, de part et d'autre d'une tête d'angelot.
À cet ensemble ne s'applique pas les dates de 1720 et 1750, mais la date de 1676 associée au nom du maître d'ouvrage le fabricien I. MAZEAU.
Nous devons attacher à cet ensemble de six sablières les 12 blochets (deux dans la nef, six dans le chœur et quatre dans la chapelle sud) car ils sont tous cohérents sur le plan stylistique et qu'ils ont des caractères de style communs avec ces sablières : utilisation de trous pour les pupilles et le décor, menton en godet, double contour des yeux en amande, lignes sinueuses ornementales, stylisation non réaliste des vêtements.
Ces six sablières et ces douze blochets de 1676 peuvent, par ces caractéristiques, être attribuées au sculpteur d'une partie des sablières de la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic, réalisées en 1653 sous la direction du recteur Guillaume Perfezou, M. Kervarec étant fabricien, et où les deux mêmes motifs des pampres à angelots et oiseaux et de dragons affrontés sont réalisés à l'identique. Et au sculpteur des sablières des bas-cotés de la chapelle Saint-Côme, à Saint-Nic, réalisées en 1661 et 1670-1675 sous la direction du même recteur Perfezou, tandis que R.G Marzin était fabricien en 1661 et Alain Roignant en 1675 ; et où les mêmes motifs des sablières s'associent au caractères des blochets, notamment le caricatural menton en godet.
Faut-il déduire des inscriptions datées de Saint-Côme que le sculpteur était cet Alain Roignant, qui se signale à deux reprises comme "charpentier" ? C'est ce que suggérait Sophie Duhem dans sa thèse de 1997 :
"Un autre compagnon se joint aux ouvriers [ Olivier Guillosou et Jacques "Bolesec en 1641 et 1646] , une dizaine d'année plus tard, pour exécuter un ouvrage de même goût dans le bas-coté sud de l'église. Une poutre précise l'époque (nous sommes en 1661) et l'une des factures identifie le nouvel artisan : il s'agit d'Alain Roignant, qui reproduit fidèlement les thèmes sculptés par ses compagnons mais pour un résultat plus médiocre que tente de camoufler une excessive décoration de stries, d'encoches et de points. L'artisan a visiblement été formé aux « méthodes » des sculpteurs et familiarisé avec les images de l'atelier.
Son activité ne débute pas en 1661 puisqu'il exerce déjà son métier en 1653. il réalise à cette époque les décors sculptés de la chapelle Saint-Jean, toujours pour le recteur Guillaume Perfezou. Ses déplacements le conduisent à quelques kilomètres de là, dans la paroisse de Trégarvan qui l'emploie à l'ornementation de la charpente. La date de réalisation de cet ensemble n'est pas connue ; elle est probablement contemporaine des travaux de Saint-Nic et de l'achèvement des reliefs du bas-coté nord en 1670."
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Avec plus de prudence, mais en me basant sur des critères stylistiques précis et un corpus d'images placées en ligne, je propose de définir un atelier, celui du Maître de Saint-Nic, actif entre 1661 et 1676 entre les deux chapelles de Saint-Nic et l'église de Trégarvan.
Il reste à définir la filiation entre cet atelier et celui qui avait réalisé les sablières de la nef de Saint-Côme en 1641-1646. Par la parenté entre l'inscription MAZEAU FA 1676 et celles des sablières de la nef (et non plus des bas-cotés) de Saint-Côme, ou par la présence d'ornementation par trous dans le corps des dragons de cette nef, je suis tenté d'étendre l'activité de cet atelier à la période 1641-1676. Définir, dans cet atelier, les différentes "mains", sera la tâche suivante.
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LA STATUAIRE.
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I. Les statues du chœur.
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1°) Saint Budoc. Pierre polychrome. XVIIe
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Le saint est représenté en évêque avec mitre rouge et or, chirothèque, pantoufles épiscopales, cape, surplis et soutane, mais il tient le bâton pastoral en forme de croix simple, sans crosse ni double traverse.
Notice Palissy : h = 135 ; la = 42 ; pr = 26
1992/01/21 : inscrit au titre objet
Ou bien Base Palissy h =140, la = 40, attribuée à Roland Doré. Base réparée au ciment.
Emmanuelle Le Seac'h n'inclut pas cette œuvre dans son catalogue critique de Roland Doré.
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Saint Sébastien.
Ce saint était invoqué contre la peste, ou les épidémies apparentées, tout comme saint Roch (infra).
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Saint Roch et son chien Roquet.
Le médecin de Montpellier Roch, en costume de pèlerin de Rome, montre sa plaie bubonique, tandis que son chien Roquet,, miraculeusement, lui apporte chaque jour le secours d'un morceau de pain.
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La chapelle nord et le retable de saint Étienne.
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Base Palissy.
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Prédelle : la lapidation de saint Étienne.
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Saint Antoine. Bois polychrome, XVIIe ?
Base Palissy Inscrit 1992/01/21
Attribut : son habit d'Antonin, son cochon et son chapelet. Il manque la cloche et le tau, mais c'est le livre que devait tenir la main gauche.
Hauteur 90 cm, largeur 34 cm, profondeur 25. Inscription peinte S. ANTON.
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Statues de la chapelle sud.
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La Pietà. Bois (chêne) polychrome, XVIe.
Base Palissy Yves-Pascal Castel et Claude Quillivic
1960/02/23 : classé au titre objet
Statue d'applique à revers évidé, haute de 90 cm et large de 40 cm. La Vierge est assise, les mains jointes, le corps de son Fils étendu en arc sur ses genoux.
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Sainte Marguerite issant du dragon. Bois polychrome, XVIIe.
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Base Palissy. inscrit MH 1960/02/23
Sainte Marguerite sort miraculeusement du dos du dragon qui l'avait avalé, et qui tient encore dans sa gueule l'extrémité du manteau bleu à revers rouge.
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Ses cheveux sont retenus par un bandeau postérieur, de même étoffe que le manteau.
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Statue du bas-coté nord de la nef. Dieu le Père.
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Les fonts baptismaux. Grès, XVIe siècle.
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" grès peint faux granite ; cuve carrée, sur pied, avec piscine accolée de moindre hauteur, base commune ornée de moulures ; dimensions : h = 95" (Castel et Quillivic)
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LES BANNIÈRES DE PROCESSION.
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Dans la tribune :
Velours rouge brodé
SAINT PIERRE PRIEZ POUR NOUS.
SACRÉ COEUR DE JÉSUS SAUVEZ LA FRANCE.
Cette bannière peut être datée de la Grande Guerre 1914-1918 par son inscription votive patriotique.
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Bannière de sainte Anne et de Notre-Dame de Lourdes.
Soie brodée, début XXe (?)
a) Bannière de sainte Anne.
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Bannière de Notre-Dame de Lourdes.
inscription N-D DE LOURDES P.P. NOUS [Priez pour nous]
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Bannière de la guerre de 1914-1918 et de sainte Jeanne d'Arc.
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Soie brodée et peinte, cannetille. Début XXe.
a) Bannière de la guerre de 1914-1918.
Inscription DON DES PAROISSIENS CONSOLATRICE DES AFFLIGÉS GUERRE 1914-1918.
La Vierge.
Une religieuse en cornette (probable sœur de la congrégation des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul) se penche sur le bras gauche garotté d'un blessé dont elle pose le pansement.
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b. Bannière de Jeanne d'Arc.
Inscription JHESUS MARIA.
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Bannière de Notre-Dame de Lourdes et de l'ange gardien
a) Bannière de l'ange gardien : soie rouge. Inscription SOYEZ MON GUIDE.
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b) Bannière de Notre-Dame-de-Lourdes.
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N-D. DE LOURDES PRIEZ POUR NOUS.
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La plaque tombale du dernier grenadier de Napoléon.
"Michel Hicher, grenadier de la garde impériale, est décédé à Trégarvan le 8 août 1857. En 2014, la plaque a été .redorée :
« Ici repose Michel Hicher né à Plonévez-Porzay, grenadier du 1er régiment de l'ex-garde impériale, Chevalier de la Légion d'honneur, décédé à Trégarvan le 8 août 1857 à l'âge de 86 ans ».
Deux articles de Jean-Jacques Kerdreux et de Patrick Jadé ont donné tous les renseignements sur ce grenadier : présentées dans « Avel Gornog » n°22 d'août 2013.
Michel Hicher est né en 1771, au moulin de Lesvren en Plonévez-Porzay, dans une famille de meuniers de Dinéault (moulin de Tréfiec depuis 1760). Il fut enrôlé comme soldat de la Révolution lors de la levée en masse de 1794. ll devient fusillier du 1er bataillon des Ardennes.
Mesurant plus de 1,70 m, il devint grenadier dans l'armée d'Italie, sous les ordres de Napoléon Bonaparte.
Dans la 106e demi-brigade, il participe à la défense de Gènes en avril-juin 1800. Il est en Autriche en 1805, 1809, puis intègre le 1er régiment de grenadiers à pied de la garde impériale, l'une des quatre seules unités de la Vieille Garde et "la plus valeureuse de tous les temps". Cette unité accompagne Napoléon jusqu'à Moscou, et parvient à garder un ordre à peu près régulier pendant la retraite de Russie.
Puis c'est la campagne d'Allemagne en 1813, puis la campagne de France en 1814, au cours de laquelle Michel Hicher reçoit la Légion d'honneur le 2 avril 1814, juste avant l'abdication de Napoléon le 6 avril. Il participe à la campagne de Belgique en 1815 mais est absent à Waterloo le 18 juin.
En 1815, après 23 ans et 6 mois de service dont 23 ans de campagne, il revient à Dinéault comme cultivateur. Il se marie le 25 septembre 1918 à Dinéault avec Laurence Bescou de Trégarvan et s'installe à Brigneun (Trégarvan). Il aura cinq enfants et aujourd'hui, plusieurs de ses descendants habitent la commune.
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SOURCES ET LIENS.
—Base Palissy :
http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/dapapal_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Tr%e9garvan&DOM=MH&REL_SPECIFIC=3
http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_8=REF&VALUE_8=IA00005336
"Piles de la nef début 16e ; croix de cimetière en 1527 ; vers 1590 rehaussement des arcades, inscription : YVO CAPYTE ETON 1590 ; chevet en 1629, inscription : BVZEC CAPITEN F 1629 ; sacristie en 1658, inscription : N LE SCOARNEC FAB 1658 ; sablière angle N.O. de la croisée porte l'inscription : I MAZEAU FA 1670 ; nef pignon ouest : N SCOARNEC F ; clocher en 1696, inscription : ... NORD. F.1696 ; reprise de la 1ère arcade nord : M.Y.CAPITAINE. P.I.GVEOC A.MARC. 1706 ; sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"
— CASTEL, Yves-Pascal. Atlas des croix et calvaires du Finistère. Société archéologique du Finistère, 1980. Quimper, p. 356-357.
— CHAURIS, Louis. (2015) Pour une géo-archéologie du Patrimoine : Pierres, carrières et constructions en Bretagne. Revue archéologique de l ouest p. 259-283
https://journals.openedition.org/rao/925?lang=en
La langue bretonne emploie quelques termes pour désigner les roches, mais ceux-ci s’avèrent dans l’ensemble peu précis. Ainsi, la dolérite, appelée mein houarn ou menhouarn (pierre de fer), en raison de sa ténacité, n’est aucunement un minerai de ce métal. En presqu’île de Crozon, lorsqu’elles est altérée, la même roche est dénommée men rouz (pierre rousse) du fait de sa teinte ; plusieurs parcelles l’évoquent ainsi à Crozon : « Men roux » (section 36, n° 1364 à 1374) et « Parc Men roux » (section n° 36, n° 1375). Parfois, (à Trégarvan ou à Dinéault), les cultivateurs appellent la dolérite « Kerzanton », confusion éminemment fâcheuse (Chauris et Kerdreux, 2000). Il est rare qu’en breton le toponyme indique la nature de la pierre de manière relativement précise.
— CHAURIS, L., KERDREUX, J.-J., 2000 – La dolérite : une pierre de construction singulière en presqu’île de Crozon, Avel Gornog (Crozon), 8, p. 18-23.
On trouve de la dolérite par exemple dans certains gisements affleurants dans le centre de la Bretagne et notamment près du village de Plussulien sur le site de Quelfennec qui est connu comme étant l'un des principaux sites de fabrication de haches polies de la période Néolithique qui s'exportèrent dans tout l'ouest de la France.
—CHAURIS, Louis. Un projet de haut fourneau à Trégarvan au XIXe siècle. Dans : Les Cahiers de l´Iroise, n° 147. Brest, 1990, p. 156-163.
— COUFFON (René), LE BARS, (Alfred), 1988,, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.;
"TREGARVAN Ancienne trève d'Argol érigée en paroisse en 1841.
EGLISE SAINT-BUDOC En forme de croix latine, elle comprend une nef de trois travées avec bas-côtés, deux chapelles en ailes formant faux transept au droit de la dernière travée et un choeur profond terminé par un chevet à trois pans.
L'édifice présente des restes du XVIè siècle (arcades), mais a été en partie reconstruit au XVIIè siècle puis au début du XVIIIe siècle, ainsi que l'attestent les inscriptions :
" BVZEC : CAPITEN : F : 1629. " au pan sud du chevet,
" N : LE SCOARNEC. FAB. 1658. " sur le mur de la sacristie,
" M : I : MAZEAV : FA : 1676. " sur la corniche du choeur,
" 1696 " et " MORO. F. " sous la galerie du clocher, côté sud, -
" M : Y : CAPITAINE : P :/I : GOVEOC : A : MARC : 1706. " sur un pilier de la nef,
" YVO CAPITE.../PETON. 1590. " sur un autre pilier de la nef,
" I : F : MASEO CVRE BVDOC LERAN FABRIC. " au mur nord de la nef,
" MI CAPITEN PBRE. " sur une sablière du choeur.
L'accès au clocher est extérieur. Une galerie à forte balustrade classique entoure la chambre de cloches. Au sommet des gables de la flèche, mascarons ; autres mascarons sur les arêtes. Ossuaire d'attache à deux baies. L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau avec sablières sculptées mais sans entraits. Les arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers octogonaux. Arcs diaphragmes entre les bas-côtés et le transept.
Mobilier Maître-autel en tombeau galbé. - Deux autels latéraux : au sud, petit retable à quatre colonnes lisses ; au nord, retable à deux colonnes torsadées évidées, représentation en bas-relief polychrome de saint Etienne dans le panneau central, et martyre du diacre dans la prédelle. Fonts baptismaux de granit."
Statues anciennes
- en pierre polychrome : saint " BVDOC " ;
- en bois polychrome : Dieu le Père portant la tiare et assis sur son trône, XVIIe siècle (porche),
-saint Pierre,
-saint Sébastien, XVIIe siècle (C.),
-saint Roch, XVIIe siècle (C.),
-sainte Marguerite, XVIIe siècle (C.),
-saint Antoine ermite, XVIIe siècle,
-Vierge de Pitié, XVIe siècle (C.),
-Christ en croix, XVIe siècle ;
- en bois doré : Immaculée Conception (statuette de procession), XVIIIe siècle.
Trois vitraux figuratifs dans le choeur, vers 1946.
Cadran solaire de 1698.
A l'entrée de l'enclos, deux statues en kersanton :
Vierge de Pitié à genoux, contemplant son Fils étendu à terre et dont deux anges soutiennent la tête et les pieds ;
- saint Budoc en évêque.
Dans l'enclos, calvaire aux sculptures rongées par le temps, consoles vides ; sur le socle : " M Vc XXVII.
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. Presses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index . Voir pages 60 et 147.
— ARCHIVES PAROISSIALES.
https://diocese-quimper.fr/fr/archives/story/2484/archives-paroissiales-de-tregarvan
— — OGEE, Jean-Baptiste. Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne. 1ère édition 1778-1780. Nouvelle édition, revue et augmentée par MM. A. Marteville, et P. Varin, avec la collaboration principale de MM. De Blois, Ducrest de Villeneuve, Guépin de Nantes et Lehuérou. Rennes, 1843, p. 917.
— OGEE, édition 1778 :
https://archive.org/stream/dictionnairehist01og#page/22/mode/2up
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