L'église Saint-Monna de Logonna-Daoulas : la statuaire ancienne.
Voir :
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PRÉSENTATION.
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Le nom de la localité est attesté sous les formes locus Monnae faisant partie d' Irvillac en 1218 (*), Locmonna en 1513, Logonna en 1535, Locgonna en 1536. Du breton lok qui signifie ermitage et de sant Monna, alias saint Nonna . Saint Monna est aussi le patron de la paroisse de Logonna-Quimerc'h.
(*)"La même année 1218, Guillaume, évêque de Quimper. confirmait la donation des annates des prébendes canoniales au profit des chanoines de Daoulas, et concédait à l'abbaye du consentement du chapitre les églises de loco sanctæ Brigida Loperchet, Sanctæ Nonnita (Dirinon), sancti Baharni, saint Baharn, patron de l'église de Trévarn. ancienne trève de Dirinon; sancti Monnæ, d'Irvillac; saint Monna qui fut avant saint Pierre le patron de cette paroisse, et est encore le patron de Logonna, indùment appelé Nonna, car tous les anciens titres jusqu'au 17° siècle traduisent en latin Logonna par locus monnæ, et il n'est pas rare de rencontrer des pièces en français appelant saint Monna le patron de cette paroisse." (SAF 1895)
Logonna est au Moyen-Âge (1237) un prieuré-cure, "Lougonna" de l'abbaye de Daoulas, possédé par un chanoine avec un bénéfice évalué à la fin du XVIIe siècle à 600 livres. La liste des prieurs est la suivante :
" Jean Lochan, prieur 1405.Frère Salomon Sourt ou Bouzard. pourvu 1422 ÷ 1477. Frère Jean Tartoux, pourvu 1477. Frère Riou du Guermeur, pourvu 1480. Frère Christophe Kersulguen, pourvu 1495. Charles Jégou, abbé et prieur de Logonna, avant 1535. Guillaume Rosmorduc, chanoine prieur de Logonna, 1538. Frère Olivier Le Jeune, pourvu 1548 Frère Guillaume Rosmorduc, prieur résigne 1549. Olivier Le Jeune, prieur 1553-1555. Frère Mathieu Morvan, résigne 1563 à frère Alain Maucazre 1563. Frère Alain Maucazre pourvu sur résignation en 1571. Frère Yves Maucazre, pourvu 1583. François Autret, 1601-1605. Frère Guillaume Kerouartz, pourvu 1605-1615. Frère François Boloré, pourvu 1622. 1626-1630. Tanguy Jouhan, prieur. Urbain de Kerouartz, prieur de Logonna et d'Hanvec, 1664. résigne 1671. Vincent de Kerouartz vicaire à Logonna, 1661. 1733.Guillaume Clevede (*). 1733, octobre. Nommé Pierre Le Gentil, de Quélern, licencié. 1744. Sur résignation. Michel Dumoulins, religieux profes., nommé 1758. 1758. Jean Raguénés, novice, nommé" (SAF 1895)
(*) inscription lapidaire sur le chevet de l'église avec les dates de 1710 et 1715.
Logonna était le chef-lieu du fief héréditaire de la famille de Rosmorduc (Salomon de Rosmorduc, qui vivait en 1250, est le plus ancien membre connu de cette famille) qui dès le XIIIe siècle englobait le territoire de la commune actuelle avec d'importantes emprises dans les paroisses voisines.
Logonna possédait au XVe siècle au moins deux maisons nobles : celle de Rosmorduc (qui appartenait en 1405, à Guyon, seigneur de Rosmorduc) et le manoir du Bretin, qui appartenait au sieur de Roserf. (Wikipédia)
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1°) SAINT ÉVÊQUE : SAINT NONNA ? Kersanton polychrome. XVIe siècle.
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Il existe en Finistère un grand nombre de statues de ces saints évêques du XVIe siècle, sans attributs particuliers permettant de les identifier mais dans lesquels chaque paroisse, voire chaque chapelle, voit le portrait du saint fondateur, très souvent un de ces moines venus évangéliser l'Armorique au VIe siècle et qui établit son ermitage près d'une source.
C'est le cas de saint Nonna (ou ou saint Monna à Logonna, ou saint Onna ou saint Vougay ou saint Vio , disciple de saint Dewi, qui aurait été au vie siècle évêque d'Armagh en Irlande avant de traverser la Manche sur un vaisseau de pierre pour s'installer d'abord dans l'île Saint-Nonna en Penmarc'h, avant de terminer sa vie dans le Léon à Saint-Vougay [sant Nouga] où il décède vers 585.
Une inscription était peut-être lisible sur le socle, permettant à H. Pérennès de décrire : "Près de l'autel , une vieille statue en pierre de saint Monna , représenté en évêque , et dont la main droite est levée pour bénir."
Le saint porte une mitre rouge à ornements dorés rehaussés de pierreries et de perles en rosette, et de deux losanges. Il tient sa crosse par l'intermédiaire d'un linge ou sudarium blanc. Le crosseron est centré par un quatrefeuille. On retrouve ce décor, associé à des barrettes et des losanges, sur la bande de la chasuble rouge et or, frangée au bord inférieur. Le surplis blanc à galon d'or laisse apparaître l'extrémité d'une chaussure à bout rond, aux couches de couleur noire et rouge.
Il lève la main droite pour la bénédiction épiscopale : cette main gantée (on voit le gland d'or au poignet) porte deux anneaux d'or, l'un à l'index et l'autre au majeur.
La vue de profil révèle, sous la chasuble, une tunique courte fendue latéralement , pouvant correspondre à une dalmatique ; ses bords sont perlés.
L'autre vue de profil, côté gauche, montre un manipule à l'avant-bras.
Cette statue, de même que les autres statues de pierre de l'église, n'est pas décrite par Emmanuelle Le Seac'h dans l'ouvrage de référence Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne ; René Couffon parle de "statues anciennes". On peut comparer cette statue à celle de Saint-Thuriau au porche sud de Landivisiau (Prigent, 1554-1564), de saint Eloi à Plabennec (Prigent), de saint Pol-Aurélien à La Martyre (Maître de Plougastel, 1619), de saint Maudez de l'église de Plogonnec.
On prendra donc mes datations "XVIe siècle" pour ce qu'elle valent.
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Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
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2°) SAINT ÉVÊQUE : SAINT UGEN selon inscription. Kersanton polychrome. XVIe siècle.
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Ce saint est également représenté en évêque, mitré, tenant sa crosse (brisée) et bénissant, portant ses gants épiscopaux, ses bagues et anneaux, mais il est vêtu d'une chape rouge/bleue fermée devant la poitrine par un large entrelacs à boules, et orné sur ses orfrois (bandes latérales) de successions de roses ou quintefeuilles et de deux-points. Cette chape recouvre un surplis court et une cotte plissée d'où dépassent deux solides chaussures noires.
L'inscription sur le socle indique J: FALAFAS suivie d'une ancre de marine. Le patronyme FALAFAS n'est pas attesté (sauf une mention au XVIIIe siècle dans l'Aude sur la base Geneanet). Les généalogistes pourraient rechercher des patronymes locaux s'en rapprochant.
Quand au saint, il pourrait s'agir, si on suit l'inscription, de saint Tugen, dont la graphie Ugen est attestée, mais son attribut, la clef, est absent.
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Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
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3°) SAINT YVES. Kersanton, traces de polychromie, XVIe siècle. Livre de ceinture et geste d'argumentation judiciaire.
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Cette statue est décrite par René Couffon comme un "saint moine tenant un livre dans un sac", mais nous pouvons identifier ici saint Yves, non seulement à sa tenue (camail, cotte talaire et surcot), malgré une ceinture de cordelier grossièrement repeinte, mais surtout à son livre de droit porté dans un sac de transport dont l'étoffe serré dans le poing est bloqué par une boule, et plus encore par le geste de la pulpe de l'index droit posé sur la pulpe du pouce gauche pour énumérer ses arguments juridiques (saint Yves était official de Tréguier) : ce sont là des caractéristiques qui sont presque des attributs du saint "avocat des pauvres" dans la statuaire bretonne :
Saint Yves était vénéré à Logonna-Daoulas comme ailleurs en Bretagne, et sa statue se retrouve dans la chapelle Sainte-Marguerite (revêtu de la même tenue mais coiffé de la barrette de docteur, avec son livre de ceinture au poignet droit), et ici même (cf. infra), toujours avec son livre de ceinture.
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Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
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4°) VIERGE DE PITIÉ. Kersanton polychrome. XVIe siècle.
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Les représentations sculptées de la Vierge de Pitié, tenant le corps de son Fils déposé de la croix, soit seule (Pietà), soit entourée de plusieurs personnages (Déplorations), apparaissent au XVe siècle (Pietà du calvaire de Tronoën, de Plozévet, de Quintin, chapelle N.D. des Portes ; Déplorations de La Chapelle-des-Fougeretz au nord de Rennes, du Musée départemental breton de Quimper etc.) et témoignent de l'importance, dans le duché de Bretagne, du culte centré sur les plaies du Christ crucifié et le sang versé, d'une part, et su les larmes ou le chagrin suscités chez le chrétien par cette mort, d'autre part.
Ce culte s'amplifie encore au XVIe siècle avec la multiplication des calvaires, où les pietà ou déplorations sont rarement absentes, et des verrières de la Crucifixion avec leur scènes de la Pâmoison ou de la Déploration. Les Vierges de Pitié sont encore fréquentes au XVIIe siècle sous le ciseau de Roland Doré.
Voir :
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La posture de Marie, figée par son chagrin, et celle du Christ reposant sur les genoux de sa mère, sont les plus courantes, mais ces Pietà se distinguent notamment par les positions des bras et des jambes du Christ : la formule choisie ici associe la position verticale du bras droit, montrant en évidence la plaie de la paume, tandis que le bras gauche est allongé horizontalement , et que les jambes sont fléchies mais non croisées. La plaie du flanc droit est bien exposée, et son saignement est souligné par le peintre, qui en montre l'écoulement jusqu'à la cuisse. Le saignement de la tête sous l'effet de la couronne d'épines est également bien visible.
La tête aux yeux clos est paisible, les cheveux tombent en mèches peignées, la barbe est courte.
La Vierge assise soutient de la main droite la tête de son Fils et prend tendrement sa main gauche. En réponse aux écoulements de sang, ses larmes sont présentes, mais elles ne sont pas sculptées, mais peintes. Dans l'encadrement d'un voile "coqué" (à plis raides formant des angles), le visage montre un front et des sourcils épilés, des yeux en amandes longues et étroites dont les paupières ne sont marquées que par le peintre, un nez triangulaire, des lèvres fines et raides.
Le vêtement est original : on voit peu cette robe ajustée prés du corps, moulant la poitrine et les bras, au col mandarin remontant, et surtout à l'ouverture médiane en fente étroite. La chemise remonte également en encolure ronde.
Le long voile vient servir de drap sous le corps du Christ. Ce détail se retrouve, dans un autre style, dans les déplorations du Maître de Laz (vers 1563).
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Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
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5°) SAINT ISIDORE. Bois polychrome. Atelier du sculpteur Antoine Chavagnac,, 4e quart 17e siècle.
Patron des paysans, il est représenté dans son costume du dimanche sur cette statue du XVIIe siècle. La datation de cette oeuvre est importante, puisqu'elle apporte un document iconographique sur le costume régional d'une classe sociale, et je trouve sur la fiche de Protection PM 29000524 des Monuments historiques consacrée aux 4 statues de saint Isidore, la Vierge à l'Enfant, saint Monna, saint Yves, que celles-ci sont attribuées à l'atelier d'Anthoine et datent du dernier quart du XVIIe siècle, soit 1675-1699. Il s'agirait de cet Anthoine qui a signé le Sépulcre de Lampaul-Guimiliau (Anthoine fecit) en 1676, et qui a réalisé quatre statues à L'Hopital-Camfrout (Christ, Vierge, saint Jean, saint Yves).
Si on lit René-Yves Creston, (Le Costume breton, écrit entre 1953 et 1958, ed Tchou 1978, p. 30), on apprend que nous ne disposons pas de documents matériels sur les costumes bretons avant la Révolution en dehors des sculptures sur bois des sablières, d'ornementation de meubles, qui ne nous montrent "que des costumes d'origine française et plus particulièrement de l'époque Louis XIII", et que c'est sous cette forme qu'apparurent à la fin du XVIIIe les costumes masculins des paysans bretons, sans existence de modes locales ou régionales, le phénomène de fragmentation des modes n'apparaissant qu'après la Révolution.
Philippe Le Stum, dans son introduction de l'ouvrage de Yann Guesdon (Costumes de Bretagne, ed. Palantines, 2009) conteste cette notion en écrivant page 12 : "On a longtemps supposé que la diversification locale des costumes ne datait que de l'extrême fin du XVIIIe siècle "...mais "le dépouillement et l'analyse des sources d'Ancien-Régime, effectués principalement par Marie-Thérèse Sclippa dans une thèse soutenue à Brest en 1982 dément cette croyance en une rupture post-révolutionnaire"..."faisant remonter la multiplication de formes locales du vêtement populaire breton au moins au début du XVIIIe siècle, et très vraisemblablement avant cette date".
Plus loin, cet auteur cite le travail mené par Marie-Dominique Menant, chercheur à l'Inventaire régional de Bretagne, pour classer et analyser les représentations des saints Fiacre et Isidore, tous deux protecteurs de l'agriculture et représentés dans le costume paysan contemporain du sculpteur.
J'ai examiné ici les statues d'Elliant Costumes bretons d'Elliant : vitrail et statues. et de Brélès Église de Brélès : anges musiciens et Isidore en costume breton.
Comment est habillé ce fermier qui vient, faucille en main, offrir une gerbe de blé?
En partant du bas (la statue est placée en hauteur...d'où ma photo en contre-plongée) on remarque les chaussures à boucles d'argent, les guêtres qui semblent de cuir mais qui étaient le plus souvent de toile, boutonnée sur le coté, qui ne couvrent pas les chaussures ; la culotte bouffante de drap blanc semblable aux bragou braz ; le gilet de drap bleu fermé sur le coté droit par une douzaine de boutons ronds en métal ; la ceinture de flanelle, rouge, comparable au turban mais portée ici très haut.
La veste est longue (comme dans l'habit à la française), dotée de larges poches au rabat fermé par deux boutons arrondis dorés, de manches à revers. Elle reste ouverte malgré le double alignement de boutons (boutons convexes comme nos boutons de blazer). Le col est relevé dans le cou autour du col de chemise blanche, laquelle épanouit sa corolle après avoir été sévèrement fermée par un joli petit bouton d'or:
On remarque le collier de grosses perles dorées auquel est suspendu une croix.
En résumé, ce costume fin XVII n'est pas très éloigné, pour un néophyte, de celui que porteront deux ou trois cent ans plus tard les paysans de Logonna.
Logonna-Daloulas est placé par R.Y. Creston dans la guise de la presqu'île de Plougastel (p. 138) : le costume masculin y est décrit avec un seul gilet et une veste à manche, entièrement bleues.
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Saint Isidore, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint Isidore, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
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6°) SAINT YVES. Bois polychrome. Atelier du sculpteur Antoine Chavagnac, 4e quart 17e siècle.
Le saint est présenté, dans le faste propre au XVII/XVIIIe, dans une posture d'éloquence rappellant celle des grands prédicateurs de la Cour. Il porte le costume du clergé de l'époque, avec barrette à quatre cornes, camail noir à boutons ronds, surplis blanc sur une cotte ou soutane noire, et longue étole. Il désigne de l'index droit le texte de sa plaidoirie, en rouleau dans la main gauche.
Une confrérie de saint Yves est attestée par les comptes de la paroisse, conservés pour la période de 1764 à 1790 dans les archives départementales.
Antoine Chavagnac, qui signe "Anthoine fecit" la Mise au tombeau de Lampaul-Guimiliau de 1676, était sculpteur de la Marine de Brest au XVIIe siècle. Originaire de Clermont-Ferrand, maître sculpteur du Roi, il réalisa les figures de proue des vaisseaux de Louis XIV comme celles de "l’Admirable" et du "Souverain".
On lui doit aussi le saint Yves et le Christ en croix de l'Hôpital-Camfrout, et, de son atelier , plusieurs statues à Lanildut et Tréglonou. Et sans doute le Christ en croix de la chapelle Sainte-Marguerite de Logonna, très proche de celui de l'Hôpital-Camfrout.
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Saint Yves, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint Yves, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
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Il resterait à décrire :
- les deux autres statues du sculpteur Anthoine : saint Monna en évêque, saint évêque portant sur le socle une inscription.
- Le christ en croix provenant de la poutre de gloire de l'ancien chancel.
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Je place ici la description du retable en kersanton polychrome des Cinq Plaies, présenté dans l'enfeu nord. XVIe siècle.
Ce retable ou panneau globalement rectangulaire (objet classé mh) de 60 cm de haut, 43 cm de large et 10 cm de profondeur est consacré à un motif aussi courant que celui de la Vierge de Pitié et relevant du même culte du sang versé par le Christ lors de la Passion, dont la contemplation doit provoquer chez le fidèle un élan de compassion (com-passion, souffrir avec) et de reconnaissance.
Il est répandu dans toute la Bretagne, et ailleurs, et je m'étonne qu'on le considère ici, par un singulier contresens, comme le blason des carriers, à cause des plaies des mains. Et je m'étonne que ce contre sens soit repris par la base Palissy PA00090100 (qui y ajoute une autre erreur en le localisant à Logonna-Quimerc'h).
Il représente les cinq plaies (celles des deux mains, des deux pieds et du flanc droit, remplacé par un cœur pour faciliter la compréhension), mais aussi les instruments de la Passion : la croix (tenue par un ange), la couronne d'épines, la lance et les clous.
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Panneau des cinq plaies, kersanton, église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
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Un panneau sculpté presque identique a été déposé au pied de la croix de Ruliver ; mais il n'a pas conservé sa polychromie. La couronne d'épines entoure les cinq plaies, les clous et la lance sont absents, et la croix est d'une facture plus rectiligne sans doute plus récente.
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Croix de Ruliver, Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.
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SOURCES ET LIENS.
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https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1956_num_114_3_4004_t1_0225_0000_2
—BLANCHARD (Romain), L'HARIDON (Erwana) 2016 & 2017, Inventaire topographique du patrimoine IA29010125 et IA29131975
https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA29131461
https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA29131975
https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA29010125
— BROUCKE (Paul-François), MAUGUIN (Michel), 15 décembre 2012 conférence article Le Télégramme
https://www.letelegramme.fr/finistere/logonna-daoulas-29460/spanasamblesspan-au-temps-des-blasons-et-des-armoiries-1722734.php
—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère
https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/logonna_daoulas.html
—CASTEL (Yves-Pascal), 18 mai 1985, "La chapelle Sainte-Marguerite à Logonna-Daoulas vient d'être restaurée", Le courrier du Léon,
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/f0a7793cb0c26228870959e090aed40d.jpg
— CASTEL (Yves-Pascal), 2001, "Patrimoine du Finistère : les Pietà du Finistère" , Revue Minihy-Levenez n°69 de juillet-août 2001.
—COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, "Logonna-Daoulas", Nouveau répertoire des églises et chapelles, diocèse de Quimper.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/923
—COUFFON (René), 1952, La sculpture au port de Brest aux XVIIe et XVIIIe siècle. Son influence sur l'art breton. Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3cc58712e2b705674338e2aab4352253.pdf
—COUFFON (René), 1955, De quelques sculptures finistériennes de la fin du XVIIè siècle Saint-Brieuc Presses bretonnes .
—COUFFON (René), 1955, Les sculptures de la Marine de Brest, Anthoine, ses disciples et ses imitateurs. 8 planches. Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord p. 78-95.
—LAURENCEAU (Elise), Le château de Rosmorduc, inventaire topographique
https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA29002850
—LE DEUNF (Roger), 2011, Les pietà de Basse-Bretagne, editions LN
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle, 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm; Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395. Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014. Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut
—MAUGUIN (Michel), 2012, Les écussons de la chapelle Sainte Marguerite de Logonna-Daoulas, comm. pers..
—MAUGUIN (Michel), 2012, L'église de Logonna Daoulas. Les écussons des vitraux Une généalogie de neuf générations, de 1608 à 1890 de la maison Le Gentil de Rosmorduc. comm. pers..
— PÉRENNÈS (Henri, 1928, Notice sur Logonna-Daoulas, Bull. diocésain d'histoire et d'archéologie du diocèse de Quimper.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/89d804ca12a441ca5235986c109d9238.pdf
—THIRION ( Jacques), 1952, La sculpture au port de Brest aux XVIIe et XVIIIe siècles [compte-rendu] Bulletin Monumental Année 1952 110-4 pp. 379-381
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1952_num_110_4_8147_t1_0379_0000_2
—TUDCHENTIL
Shttps://tudchentil.org/spip/IMG/pdf/Le_Gentil.pdf
—Base Palissy
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000524
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00090100
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29004720