Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h.
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— Sur les fonts baptismaux :
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Les fonts baptismaux de l'église de Lampaul-Guimiliau. (granite, 1651) et leur baldaquin (chêne polychrome, 1650)
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Le bénitier de l'église de Ploudiry. (kersantite, 1675-1715, Le Bescont ?)
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Les sculptures de l'église de Bodilis : les Fonts baptismaux. (Roland Doré, XVIIe siècle).
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L'église Saint-Salomon de La Martyre. II. Le bénitier de 1681.
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Les fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou (29).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix.
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PRÉSENTATION
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Définition générale.
Fonts baptismaux : cuve qui sert à recevoir l'eau du baptême.
Les fonts baptismaux furent d'abord des cuves larges et profondes, enfoncées dans le sol pour le baptême par immersion. Vers le XIe s., l'usage de baptiser les enfants par infusion prévalut ; ils furent alors placés sur des supports de formes variées. La bénédiction des fonts au cours de la veillée pascale est plus exactement une bénédiction de l'eau baptismale.
Les actes de baptême devinrent obligatoire par l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 qui institua l'état-civil religieux : les actes signés par les parents, parrain et marraine permirent le recensement de la population.
Les fonts étaient placés à l'ouest, et souvent, comme ici, dans la première chapelle.
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Description.
Dans la chapelle sud-ouest de l'église, ces fonts baptismaux à cuve octogonale en granite de 90 cm de haut et 130 cm de large se remarque par les sept mascarons de ses faces, chacun séparé par des épis de blé ou des grains empilés. Ils sont classés à titre d'objet depuis le 30 décembre 1930.
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Une série de huit fonts à mascarons de la région de Morlaix au XVIe siècle.
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Ces fonts de Plouezoc'h appartiennent, par leurs mascarons et leur décor végétal, à un groupe stylistique (ou plutôt thématique) de sept autres fonts de la région de Morlaix, groupe étudié par Emmanuelle Le Seach, autrice d'une thèse sur la sculpture sur pierre en Basse-Bretagne, dans un article de 2004.
Elle a choisi comme prototype de cette série ceux de Plougasnou où les motifs floraux sont omniprésents : grains de raisins, boutons de rose, feuilles de lierre ou de chou, de hêtre, de chêne séparant les 5 mascarons et les 2 écus, feuilles de marronnier ou de feuillage inconnu séparant les 6 masques du bras de vidange. Les mascarons sont marqués par les yeux tirés en amande, au contour tracé en méplat. Les visages sont pointus avec un front rétréci. Le tout donne un air oriental aux masques. Les lèvres sont dessinées avec une légère ouverture, les nez sont droits et épatés. Les coiffures varient d'un masque à l'autre : mitre, couettes soulignées d'une calotte, frange monacale lisse ou à mèches. L'un des masques esquisse un sourire énigmatique, et un autre tire la langue.
Les huit fonts diffèrent par le nombre des masques : ce sont ceux de Plougasnou (11 masques dont 5 sur la piscine et 6 sur le bras de vidange), Saint-Jean-du-Doigt (28 masques dont 20 sur la piscine), Plourin-Lès-Morlaix (7), Plouezoc'h (7), Plouégat-Guérand (7), Plougonven (7), Guimaëc (3) et Morlaix-Ploujean (1). Ceux de Plougasnou portaient selon Abgrall une inscription A MA VIE. A MA VIE. J. ALBI FECIT ISTVM, mais le nom J. Albus, transcription possible d'un Jean Le Guen, qui peut indiquer le nom du sculpteur avec la formule x fecit, "m'a fait", pourrait aussi être le patronyme du commanditaire ou fabricien (mais on aurait alors la précision F. ou FAB).
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Datation.
Les 8 fonts de la série sont datés par estimation de la fin du XVe ou début du XVIe : "la forme et le modelé des visages sont traités de manière simple et schématique qui se rapprochent d'une technique de sculpture de l'époque romane caractérisée par son dépouillement, des traits justes et économes dans la ligne pour un rendu précis et sans fioritures. On est malgré tout bien ici en présence de sculptures médiévales comme on en rencontre énormément dans le Finistère servant d'ornementations décoratives dans les chœurs, l'appareillage des murs, sur les consoles à l'intérieur des églises et des chapelles mais aussi à l'extérieur, sur les crossettes, les gargouilles, les fleurons à personnages, les acrotères..." (Le Seac'h)
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Six sculpteurs différents.
Pour E. Le Seac'h, les six sculpteurs ont un style différents, même si celui de Saint-Jean-du-Doigt est le plus doué, suivi de celui de Plourin-lès-Morlaix pour sa maîtrise des chapeaux, alors que ceux de Plouégat-Guérand et Plouezoc'h, les deux "naïfs" viennent en queue de peloton et que celui de Plougasnou, "l'oriental" à cause des yeux de ses masques, se place au milieu.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Liste :
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Masque n°1 : Homme à cheveux courts en torsade .
Masque n°2 : Homme à cheveux courts en torsade .
Masque n°3 : Homme à cheveux courts en torsade et à menton à fossette.
Masque n°4 : personnage à face de lune, à cagoule plissée.
Masque n°5 : femme portant une coiffe carrée.
Masque n°6 : homme à cheveux torsadés (ou femme à coiffe plissée?).
Masque n°7 : femme portant une coiffe.
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Masque n°1 : Homme à cheveux courts en torsade.
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Les cheveux sont stylisés en torsades formant une couronne radiante. La bouche est très petite.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°2 : Homme à cheveux courts en torsade .
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Masque assez identique au premier. Les yeux ne sont pas à la même hauteur, et conservent, comme la bouche, des traces de polychromie ocre rouge.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°3 : Homme à cheveux courts en torsade, et à menton à fossette.
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Le visage est d'un ovale longiligne qui se retrouvera dans le masque féminin n°5.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°4 : personnage à face de lune .
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E. Le Seac'h le décrit comme un "masque à la cagoule plissée". Le style naïf, presque primitif, est patent.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°5 : femme portant une coiffe à bords droits.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°6 : homme à cheveux torsadés (ou femme à coiffe plissée?).
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°7 : femme portant une coiffe.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Décor floral du fût de la piscine.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Vue supérieure : la cuve octogonale, et le système de fixation du couvercle.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Vue supérieure : la piscine, hexagonale, et son orifice de vidange.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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DOSSIER COMPLÉMENTAIRE SUR LA SÉRIE THÉMATIQUE.
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Liens :
—Plouégat-Guérand : Ces fonts conservent leur cuve intérieure en plomb et leur couvercle en bois.
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000707.
—Plouégat-Guérand :
https://www.letelegramme.fr/finistere/plouegat-guerand/une-tres-ancienne-armoire-eucharistique-retrouvee-dans-l-eglise-saint-agapit-a-plouegat-guerand-12-05-2022-13024138.php
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Les photos et l'illustration de l'article d'E. Le Seac'h.
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Photos complémentaires : Plougasnou :
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SOURCES ET LIENS.
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Plouezoc'h, Nouveau répertoire des églises du diocèse de Quimper et Léon.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/266fa1c809751eb71efa70b653415c0f.pdf
"Fonts baptismaux : cuve octogonale de granite, décor de mascarons, XVIe siècle".
— LE GUENNEC (Louis), 1906,Excursion dans la commune de Plouézoc'h (B.S.A.F. 1906).
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2004, "Un art original : les fonts baptismaux sculptés du Trégor finistérien autour de 1500", Bulletin de la Société archéologique du Finistère pages 109-118.
Résumé :
"Les églises du Trégor fïnistérien possèdent six fonts baptismaux sculptés. Ils présentent une constante dans le décor, unique dans le Finistère : soixante-trois masques, sculptés vers 1500 attendent le visiteur. Même si les fonts baptismaux ne sont pas signés - comme c'est le cas de la majeure partie de la statuaire de l'époque - il ressort de l'étude que six mains différentes peuvent être distinguées, les styles variant du naïf au méditatif, de l'orientaliste au chapelier, jusqu'à la maîtrise parfaite. Ils permettent de découvrir un art original sur du mobilier caché dans l'obscurité des églises.
Sur la cuve baptismale de l'église de Plougasnou, est inscrite le nom du maître de l'œuvre "J : albi fecit istu(m)" et la devise des Montfort "A ma vie". L’hermine de Bretagne, le lys de France, et une autre feuille, avoisinent ce texte. Serait-ce un don de la reine ou un hommage des habitants de Plougasnou à leur souveraine?"
— Monumentum
https://monumentum.fr/eglise-saint-etienne-pa00090229.html
— Ouest-France
https://www.ouest-france.fr/bretagne/plouezoch-29252/des-panneaux-explicatifs-dans-leglise-st-etienne-88b63976-1639-4ab8-9d1e-a72e9508648d
— POP culture
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29004007
—Wikipedia
https://commons.m.wikimedia.org/wiki/File:Plouezoc%27h_(29)_%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_-_Int%C3%A9rieur_12.jpg