Le clocher comporte une tour qui prolonge le pignon occidental, encadré de deux contreforts à pilastres. Puis, au dessus d'une galerie en surplomb, vient une première chambre de cloches, carrée, et ensuite dans une flèche octogonale, une fausse chambre de cloche qui s'ouvre par des frontons encadrés de pilastres.
Selon l'abbé Billant, les premières cloches mentionnées dateraient d'avant 1670.
"Le clocher ne porte pas de date de construction. Il a dû être bâti au plus tard au commencement du XVIIe siècle. Dans un procès soutenu vers 1670 contre les prétentions du recteur de Hanvec, les tréviens de Rumengol, accusés de mal employer les deniers de leur église, allèguent « qu'ils ont fait et bâti une « tour magnifique et y ont mis des cloches ». Les galeries de la tour n'ont été construites qu'en 1750, d'après les comptes rendus par le marguillier, fabrique en 1751: «quittance de la somme de 75 livres pour premier terme passé avec Yves Tellier pour les guérides au clocher »
L'abbé Billant indique l'existence d'une cloche de 1812 (on sait que toutes les cloches du Finistère ont été fondues lors de la Révolution pour être transformées en canon, sauf une par paroisse, conservée pour sonner le tocsin: elles ont été remplacées progressivement après la Révolution): cette cloche de 1812 a été refondue en 1899 :
"L'une des cloches (546 kilos) étant fêlée, ils la remplacèrent en 1899 par deux autres de moindre poids ( 400 kilos et 280 kilos), mais qui réalisent avec la vieille cloche un carillon des plus gracieux. "
"...M. Hervé Auffret (1810-1813), dont le nom se trouvait sur une cloche fondue en 1812 et refondue comme fêlée en 1899. "
LES 4 CLOCHES AUJOURD'HUI
PRÉSENTATION.
Quatre cloches sonnent au gré des offices et des heures dans le clocher, on les atteint par un escalier en colimaçon abrité par une jolie tourelle.
La plus grosse et la plus ancienne est l’œuvre du fondeur Briens aîné de Brest, elle est bénie le 15 août 1881 et porte le nom « Immaculée-Conception », sa note est un Sol3 et son diamètre est de 103, 4cm.
La seconde cloche fut réalisée par Adolphe Havard avec la collaboration de Le Jamptel en 1899, comme la suivante. Baptisée « Marie-Jeanne », elle sonne un La3 pour 84, 1cm de diamètre et un poids de 280 kg.
La troisième cloche fut également fondue en 1899 et se nomme « Marie-Françoise », elle chante un Si3 pour un diamètre de 74, 5cm. Elle pèse 400 kgs.
Enfin la petite et la plus récente est quant à elle non signée, elle fut fondue et bénie le 3 mars 1946 et nommée « Marie-Victorine », elle chante le Ré4 pour 62, 1cm de diamètre.
Les quatre cloches composent un accord majeur complété Sol La Si Ré.
Chaque nom de baptême renvoie à la Vierge Marie, patronne de l'église Notre-Dame de Rumengol : les trois dernières associent au prénom Marie celui de la marraine ( Françoise Houé, Victorine Le Goff) ou la forme féminisée de celui du parrain (Jean Le Lann).
1°) "Immaculée-Conception", Briens aîné 1881.
Diamètre 103,4 cm. Note : Sol3. Date 15 août 1881.
Inscription du haut de la robe :
J'AI ETE NOMMEE IMMACULEE CONCEPTION ET BENITE PAR Mr SERRE VICAIRE GENERAL LE 15 AOÛT 1881
J'AI POUR PARRAIN MICHEL GRALL ET POUR MARRAINE CATHERINE CEVAER, Mr LE GRAND RECTEUR
DE RUMENGOL
Anse de type couronne : 6 anses coudées, aux arrêtes arrondies avec décor de feuillages et de rinceaux.
Au cerveau une doucine avec des défauts de fonderie suivie de trois filets régulièrement disposés.
Haut de la robe : inscriptions en capitales romaines placées sur cinq lignes chacune placée dans un bandeau encadré d’un filet supérieur et d’un filet inférieur, la première ligne débutant par une croix grecque posée sur un piédestal d’un degré, les quatre autres par une manicule.
Effigies au milieu de la robe représentant, côté nord saint Eloi, Vierge à l’Enfant tenant un sceptre, et côté sud Christ en croix avec sainte Marie-Madeleine enserrant la base de la croix.
Trois filets de même taille régulièrement disposés, au-dessus du filet supérieur, inscription du fondeur et deux estampilles de forme ronde.
Trois filets de même taille régulièrement disposés sur la pince. Note : mi 4.
Trois filets de même taille régulièrement disposés sur la pince. Note : mi 4.
Mr Adolphe Serré ancien recteur de Roscoff, était Vicaire général du diocèse de Quimper depuis 1881 jusqu'à son décès en 1893.
Le parrain,Michel GRALL , cultivateur, est né le 2 juillet 1814 à Rumengol et décédé le 5 janvier 1890 à Lannervel à Rumengol à l'âge de 75 ans. Il épousa le 3 décembre 1835 Jeanne Kerdoncuff, dont quatre enfants.
La marraine, Catherine CEVAER , née le 26 juin 1832 au Faou et décédée le 2 juillet 1891 à Rumengol, cultivatrice, était la fille d'Yves Cevaer et de Catherine Poulmarc'h. Elle épousa le 11 février 1849 à Rumengol Jean Gloaguen (1814-1896). Le couple eut 5 enfants, dont Jean Gloaguen, l'aîné et Jacques Marie (1856-1944).
—Inscription basse sur la panse : BRIENS AINE / FONDEUR A BREST.
— Anse de type couronne à 4 anses coudées sculptées de 4 têtes féminines, très proches de celles sculptées sur les anses de la cloche de Saint-Sauveur du Faou réalisée en 1823 par Viel . Briens reprend donc les modes de réalisation de l'atelier Viel, auquel il a succédé.
—Frise supérieure : Guirlandes à fruits et fleurs.
—Décor : Crucifix (titulus INRI ; tête de mort au pied de la Croix) . Vierge à l'Enfant (Jésus en Sauveur tenant le globe crucigère).
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
2°) Marie-Jeanne, A. Havard et veuve E. Le Jamtel 1899.
Diamètre 84, 1cm. Note La3.
inscription du haut de la robe :
A l'ouest :
NOMMEE MARIE JEANNE
PAR
Mr JEAN LANN MAIRE
ET
Mme FRANCOISE HOUE
A l'est :
1899
S.S. LÉON XIII PAPE
M M
OLLIVIER LE PAPE RECTEUR DE RUMENGOL
JEAN LE LANN MAIRE
JEAN-MARIE GALL PRÉSIDENT
FRANCOIS GRALL TRÉSORIER
HERVE POULMARCH
JEAN-LOUIS HOUE
HERVE GOASGUEN FABRICIENS
Léon XIII fut pape de [1878-1903]
Ollivier Le Pape fut recteur de Rumengol de 1895 à 1915 (il succéda à son frère Yves-Marie Le Pape, de Landivisiau, Petit-Séminaire de Saint~Pol-de-Léon, puis recteur de Rumengol de 1889 à 1895 et de 1916 à 1919. Un frère cadet, François Le Pape, était également prêtre et sera recteur de l'Hôpital-Camfrout puis du Drennec.
Jean-Marie Le Lann fut maire de Rumengol de 1878 à 1881 et de 1884 à 1902
"Jean-Marie Gall président"
"François Grall trésorier".
Hervé Poulmarch. La famille Poulmarc'h est signalée depuis le XVIe siècle au moins sur Rumengol. L'un d'entre eux fut maire en 1858-1860. Hervé-Marie Poulmarc'h sera maire de 1943 à 1969. Un Bernard Poulmarc'h était trésorier de la fabrique en 1864 (inscription de la chaire à prêcher).
Jean-Louis Houé. Jean-Louis Le Houé, conseiller paroissial de Rumengol, fut décoré du Mérite diocésain en 1930.
Inscription inférieure sur la panse :
A HAVARD A VILLEDIEU VVe E. LE JAMTEL A GUINGAMP
Soit "Adolphe Havard à Villedieu-Les-Poêles/ Veuve Emile Le Jamtel à Guingamp".
La fonderie Cornille-Havard est une fonderie de cloches située à Villedieu-les-Poêles dans la Manche. L'entreprise a été fondée en 1865 par Adolphe Havard ingénieur polytechnicien, qui fait construire l’atelier et sédentarise l’activité de fondeur de cloches. Dès 1874, il développe considérablement l’activité de l’entreprise qui exporte ses cloches dans le monde entier.
Adolphe Havard s’associera en 1903 à son gendre Léon Cornille qui prend la direction de l’entreprise en 1904, devenant alors la fonderie Cornille Havard.
La famille Le Jamtel était fondeurs de cloche à Guingamp depuis la veille de la Révolution .
C'est Jean-François-Charles LE JAMTEL (né le 4/11/1763 à Villedieu et décédé le 29/8/1846 à Lannion qui a appris son métier à Villedieu avant de venir exercer rue de Tréguier à Lannion (fondeur à Lannion en 1822 et encore en 1835), et qui s'installe aussi à Guingamp vers 1789. Il a eu 12 enfants parmi lesquels 3 fils ont été fondeurs. Son fils Mathurin Vincent (20 novembre 1803 à Guingamp ; 7 septembre 1873 à Guingamp) comme fondeur à Guingamp en 1835. Il est qualifié en 1856 de « fondeur de cuivre ». Il se lance dans une activité nouvelle, la fabrication des cloches d’église (en « airain, alliage de cuivre et d’étain). La fonderie est rue de Tréguier. Par la suite, il abandonne la fonderie et les cloches qu’il vend sont fabriquées à Villedieu-les-Poêles.
Les Amis du patrimoine de Guingamp n° 46.
Ces fondeurs de Guingamp s'occupèrent pendant plus d'un siècle de la fabrication puis de la commercialisation des cloches d'église (par ex : église de Brasparts, La chapelle Sainte-Croix à Guingamp ; l'église Saint-Jacques de Perros-Guirec en 1926 ). Au XIXe siècle, ils montèrent peu à peu une entreprise de commerce de gros et de détail de fers, de fontes et quincaillerie.
Le fils de Mathurin Vincent, Emile Mathurin LE JAMTEL (né le 21/05/1842 à Guingamp et décédé le 22/02/1894 à Léhon, commerçant 14 rue Saint-Yves à Guingamp) épousa Jeanne-Marie Thomas (1845-1906). Il a été fondeur jusqu’en 1880 puis représentant local de la fonderie de Villedieu Havard. Il a eu 8 enfants, dont, et son frère, qui ont été représentant local de la fonderie HAVARD de Villedieu-les-Poêles.
En 1899, les héritiers d'Émile Le Jamtel plaçait des encarts publicitaires dans chaque parution hebdomadaire de La Semaine Religieuse du Diocèse de Quimper (page 32) pour la Fonderie de cloches Adolphe Havard.
On doit donc comprendre que ces deux cloches de 1899 ont été fondues à Villedieu-les-Poêles par Havard, et commercialisées par la veuve d'Emile Le Jamtel, de Guingamp.
Décor :
Anse de type couronne à 4 anses coudées ornées de feuillages.
Frise supérieure à enfants musiciens.
Frise inférieure (panse) : vigne.
Motifs par estampage : En bas : Assomption de la Vierge parmi les anges. Blason pontifical de Léon XIII. Le Christ en Sacré-Cœur dans une mandorle. Jésus au sommet d'une montagne repoussant Satan. Sacré-Cœur (deux cœurs embrasés, l'un percé d'un glaive, l'autre entouré de la couronne d'épines et dominé par un crucifix). Croix fleuronnées.
.
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Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.
La cloche Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
La cloche Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.
3°) Troisième cloche : Marie-Françoise, A. Havard et veuve E. Le Jamtel 1899.
400 kg, 74,5 cm de diamètre, note Si3.
Inscription du haut de la robe :
NOMMEE MARIE-FRANCOISE
PAR
Mr JEAN LE LANN
ET
Mme FRANCOISE HOUE
1899
S.S LEON XIII PAPE
MM
OLIVIER LE PAPE RECTEUR DE RUMENGOL
JEAN LE LANN MAIRE
Inscription inférieure de la panse :
A HAVARD A VILLEDIEU VVe E. LE JAMTEL A GUINGAMP
—Anse de type couronne à 4 anses ornées d'entrelacs et perles.
—Frise supérieure : rinceaux.
—Motifs par estampage de la partie inférieure de la robe :
Christ en croix, avec Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Piéta. Blason pontifical du pape Léon XIII. Jésus prêchant aux enfants et les bénissant. Croix pattées.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
4°) Quatrième cloche : Marie-Victorine, 1946, par Armand Blanchet, Paris.
Inscription du haut de la robe :
En lettres capitales romaines sur 3 lignes, débutant par une manicule :
J'AI ETE BENITE PAR SON EX. MGR COGNEAU EV. AUX LE 3 MARS 1946 ET NOMMEE
MARIE-VICTORINE PAR JACQUES GRALL ET VICTORINE LE GOFF. SS. PIE XII PAPE
SON EX MGR DUPARC EVEQUE. JOSEPH BOTHOREL RECTEUR. HENRI POULMARC'H MAIRE
—Auguste Cogneau (1868-1952) a été ordonné prêtre pour le diocèse de Quimper et Léon le 10 août 1891., exerçant notamment les fonctions de chanoine et de vicaire général. Le 23 juin 1933, Pie XI le nomme évêque titulaire de Thabraca (de) et évêque auxiliaire de Quimper, auprès de Mgr Adolphe Duparc qui lui confère la consécration épiscopale le 24 août suivant. Il conserve ce poste jusqu'au 8 mai 1946, se retirant à plus de 78 ans après de la mort de Mgr Duparc.
Par Hervé Queinnec (Archives diocésaines de Quimper) — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=88516255
—Jacques Grall, a été organiste à Rumengol, il sera décoré du Mérite diocésain en 1942.
—Victorine Le Goff se serait mariée en 1939 avec Jen-Marie SOUBIGOU, dont une fille, Yvonne.
La même Victorine Le Goff, ou une homonyme, née en 1877, demeurait au bourg de Rumengol en 1926 où elle exerçait la profession de domestique, et en 1931 où elle exerçait la profession de couturière. Une homonyme, née en 1917, demeurait au bourg de Rumengol en 1926.
Enfin le site heritaj.bzh montre deux photos de la collection de Gilles Le Goff, d'Anne-Marie Le Goff (née en 1913 et mariée en 1936) et Victorine Le Goff, de Rumengol, l'une en 1910-1920 où Victorine a 12 ans environ, l'autre en 1925-1935 où on lui donne 25 ans environ.
—Joseph Bothorel (3 mars 1898 à Locmélar - 1995 à Brest) est ordonné prêtre en 1922.
Il devient ensuite professeur jésuite et professeur d'anglais au collège Bon-secours à Brest en 1924. En 1941, il est nommé recteur de Rumengol et doyen honoraire jusqu'en 1948, lorsqu'il devient recteur de Kergeunteun.
Joseph Bothorel (dit « Botho ») était attentif au monde qui évoluait, sensible à la modernité, il fut un des premiers prêtres à avoir une voiture et l'un des premiers à manier une caméra.
Lorsqu'il est recteur de Rumengol à partir de 1941, il vise dans son objectif les travaux des champs, moissons à la faucheuse et battages, arrachages de pommes de terre, pour lesquels jeunes, vieux, garçons et filles se retrouvent encore dans les années cinquante. Il en fait des sujets de projection pour la Jeunesse Agricole Chrétienne ou pour les premières parties du cinéma paroissial.
Sources : Diocèse de Quimper et du Léon : “Bothorel Joseph,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon : http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/4786 .
—Hervé-Marie POULMARC'H a été maire de Rumengol de 1943 à 1969, succédant à Yves Le Lann. J'ignore pourquoi nous trouvons ici le prénom de Henri.
—Le pontificat de Pie XII a duré de 1939 à 1958.
—Monseigneur Duparc a été évêque de Quimper de 1908 à 1946.
La cérémonie a été décrite ainsi dans la Semaine Religieuse de Quimper:
ROSNOËN-RUMENGOL. — Deux baptêmes de cloches.
Le froid était vif ce dimanche de Quinquagésime 3 Mars. Mais Mgr Cogneau, intrépide comme ses deux assistants, MM. Ies chanoines Cadiou et Perrot, est venu procéder au baptême de trois cloches à Rosnoën et d'une autre à Rumengol.
—A Rosnoën, la cérémonie commence à 16 heures : la procession emmène l’Évêque du presbyte à l'église. Devant les trois cloches si gracieuses dans leur robe immaculée, le chant des psaumes de la pénitence se déroule rapide, alterné par Ie chœur et l'excellente chorale des jeunes filles ; puis l'Evêque fait les exorcismes du sel et de l'eau avec laquelle il lavera les cloches ; il procède ensuite à des onctions nombreuses externes et internes avec les saintes huiles et fait brûler des parfums sous les nouvelles baptisées. La bénédiction achevée, les cloches font retentir leur voix d'airain, tandis que Monseigneur d'abord puis les parrains et marraines tirent sur les battants Et toute la population, dressée sur la pointe des pieds, regarde, écoute et admire. ,
C'est devant une église comble comme d'habitude, un neu pus cependant aujourd'hui, que M. le chanoine Pencréach chante la messe et que M. le chanoine Chapalain, un maître de la chaire, un maitre de la langue bretonne, donne un splendide sermon sur le sens des cérémonies qui viennent de se dérouler .Apres Ia grande liturgie de l'église, les parrains et marraines reçurent dignement une soixantaine d'invités, clergé des paroisses voisines, notables de Rosnoën, parents du recteur Au dessert, M. le Recteur adressa un compliment délicat à l'Evêque ce un très vif merci à sa paroisse.
A l'heure des vêpres, deux des nouvelles cloches déjà mises en place avec diligence et adresse célèbrent la gloire de Dieu et la générosité des hommes. Et lorsque la grosse cloche sera venue rejoindre ses jeunes sœurs et la vieille occupante, quatre voix égrèneront les notes d'un beau carillon sur toute la paroisse , sur les grandes vallées adjacentes et jusqu'aux lointains au delà sur les ailes propices du vent lointain.
Belle et bonne journée pour Rosnoën.
—A 5 heures, Monseigneur, vraiment infatigable, recommencé la cérémonie a Rumengol. Cette fois, il n'y a qu'une doche à bénir : les rites seront les mêmes que le matin, mais plus courts et Mr Pencreac'h, en bon français classique classique, en expliquera brièvement le symbolisme à un auditoire qu'il connaît si bien et qu'il aime. Durant la consécration, les fidèles, groupés près de la cloche, regardent de tous leurs yeux, écoutent de toutes leurs oreilles et trouvent que la cérémonie a fini trop tôt. oieiues A 16h 15, la procession reconduit Mgr l'Evêque au presbytère, où il prend congé de la sympathique population de Rumengol en lui donnant une dernière bénédiction. Son Excellence accorde ensuite un bon moment de conversation à M. le Recteur et dans le soir qui tombe, reprend avec ses deux compagnons l route de Quimper po r t a n t les précieux témoignages de la fidele et forte affection de deux paroisses pour sa personne et celle de notre grand évêque Monseigneur Duparc.
Dans d'autres relations de ces cérémonies de baptême, on ne manque pas de faire allusion aux distributions de dragées offertes à la foule. Parfois, le parrain et la marraine reçoivent chacun une petite cloche commémorative ou "cloche filleule", comme à Plozévet en 1953.
«Le rite, qui existe depuis le Xe siècle a peu évolué depuis et continue à figurer dans les rituels contemporains. Les prières commencent par la lecture de psaumes , puis l'évêque (ou son représentant) se lève, bénit le sel et l'eau destinés à la cloche, supplie Dieu de les sanctifier afin qu'ils reçoivent un pouvoir purificateur ; il mélange ensuite les deux éléments en forme de croix ; il va prés de la cloche, qu'il lave avec le liquide ainsi bénit, tandis que les clercs continuent à laver l'intérieur et l'extérieur de la cloche.
Après la lecture de nouveaux psaumes, le Prélat fait à l'extérieur de la cloche le signe de croix avec le Saint-Chrême (ou huile des malades) et demande à Dieu « que les sons de la cloche invitent les fidèles à la conquête du Ciel, que sa mélodie fasse croître la foi des peuples qui l'entendent, qu'elle tempère la violence des vents et des orages... »
Ensuite, l'évêque place un encensoir sous la cloche pour que la fumée des parfums remplisse la cloche ; il la bénit une nouvelle fois puis fait sonner la cloche avec un maillet, invite le parrain et la marraine à faire de même ; le fondeur y est également convié. Dans l'assistance, on distribue alors des sachets de dragées... Il convient aussi de remarquer que l'acte de bénédiction était souvent enregistré sur le même registre paroissial que les actes de baptême des personnes. » http://campanologie.free.fr/Benediction_cloches.html
Néanmoins, les cloches ne sont pas à proprement parlé "baptisées", mais bénites, le baptême étant réservé aux humains.
Inscription basse: néant
Décors :
Anse de type couronne à 4 anses coudées non sculptées.
Frise de losanges ; autre frise en pans de rideaux.
Motifs par estampage :
Calvaire avec Marie, Jean et Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Vierge à l'Enfant couronnée à l'Enfant tenant le globe terrestre, sur un nuage (Notre-Dame de Rumengol). Saint Michel terrassant le dragon (inscription ST MICHEL). Saint évêque bénissant.
Attribution.
Bien que nous n'ayons pas trouvé de nom ou de marque de fondeur, nous pouvons attribuer avec certitude cette cloche à la fonderie ARMAND BLANCHET, de Paris, puisqu'elle ressemble par son décor (frise en pans de rideau, et calvaire à quatre personnages) à une cloche homologue fondue pour l'église de Rosnoën et bénite lors de la même cérémonie le 3 mars 1946. En outre, son diamètre de 62 cm correspond à celui de la cloche en ré de son catalogue. On peut ainsi en déduire son poids (min : 150 kg, max : 245 kg).
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Marie-Victorine (1946, église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Marie-Victorine (1946, église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.
Les enregistrements des cloches par le campaniste Matthieu Jules en 2023:
LES FONDERIES VIEL PUIS BRIENS.
Le but de cet article, au delà du nécessaire inventaire patrimonial détaillé de l'art campanaire (latin campana = cloche) est d'enquêter sur la singularité d'une profession, celle des fondeurs de cloche, et plus précisément sur un phénomène d'émigration de ces fondeurs à partir d'une collectivité professionnelle constituée en Normandie, autour de Villedieu-Les-Poêles. Cette émigration s'est faite notamment vers la Bretagne, et précisément vers la Basse-Bretagne (cf. G. Haraux) depuis le XVIIe siècle (Huet, Julien Le Soueff, Thomas Le Soueff), s'est développée au XVIIe siècle (Etienne et François Le Moyne, Thomas Le Soueff, Jean et Jean-François Beurrié de la Rivière, Pierre François et Pierre Michel Viel, ) et s'est poursuivie au XIXe siècle avec l'installation à Brest d'une fonderie en 1804 par les enfants des Viel, puis le mariage de la fille de Nicolas François Marie Viel avec Richard Briens, qui reprendra la fonderie.
La famille Le Jamtel est attestée dès le XVIe siècle à Villedieu : un de ses membres s'installa à Guingamp au XIXe et sa signature se retrouve sur deux cloches de Rumengol, commune du Faou.
Au total, parmi les six cloches actuelles de la commune du Faou, cinq portent les noms de familles originaires de Villedieu-les-Poêles : Le Soueff en 1714, Viel en 1823, Briens aîné en 1881, Havard/Le Jamtel en 1899 pour 2 cloches. La sixième n'est pas signée, voilà tout.
Conception lavieb-aile
Les causes de cette émigration restent à préciser : saturation démographique à Villedieu, pression fiscale (G. Haraux), recherche de clientèle, appel de "sourdins" (habitants de Villedieu) ayant réussi en Bretagne, alliances familiales, ou seulement attirance de compétences rares par des villes bretonnes ayant perdu leurs cloches (foudre, guerres, décret révolutionnaire) ou cherchant à dépasser en puissance sonore le son d'un clocher voisin et concurrent.
Je me contente de rappeler l'originalité de Villedieu-les-Poêles, et de ses trois villages de Sainte-Cécile, Saint-Pierre-du-Tronchet et Saultchevreuil-du-Trouchet : elle tient à la création au XIIème siècle sous Henri Ier Beauclerc, Duc de Normandie et roi d'Angleterre, d'une Commanderie aux chevaliers de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem en récompense de grands services aux Croisées en Terre-Sainte lors de la première croisade. Villa Dei (la ville de Dieu) devint la plus ancienne commanderie hospitalière d’Europe de l’ouest.
Différents actes, dont l’un daté de 1187, montrent le développement rapide de la commanderie sous la direction de son Commandeur. Ce développement s'explique par un ensemble de privilèges reçus par Henri Ier Beauclerc. En plus d'être traversée par le fleuve de la Sienne et située sur l'un des chemins de pèlerinage vers le Mont Saint Michel, Villedieu a eu l'autorisation. L'exemption pour les habitants de la Commanderie étaient exempts d'impôts royaux, de dîme et de service militaire.
Forts des droits et exemptions d’impôts royaux de dîme et de service militaire, et du privilège d'organiser un marché hebdomadaire, et une foire annuelle, ( associés au droit de percevoir des taxes sur toutes les marchandises vendues en ville) les Hospitaliers de Villedieu introduisent l’artisanat du cuivre dans la cité, qui va devenir un des plus grands centres européens de poeslerie et chaudronnerie dès les XIIème et XIVème siècles. Les habitants de Villedieu s’appellent les « Sourdins », du fait du bruit assourdissant du travail du cuivre dans les très nombreux ateliers de la ville. Villedieu sera, du reste, rapidement surnommée Villedieu « les Poêles », car sa production de poêles à bouillie la rendra célèbre, en des temps où ce récipient n’a pas d’égal.
Les fondeurs de cuivre sont des fondeurs-marchands, car pour fondre une cloche, ils doivent réunir les métaux (cuivre et étain) nécessaires même s'ils récupèrent la matière d'une ancienne cloche fêlée.
Leur maîtrise d'alliances familiales et commerciales fructueuses est aussi remarquable.
Ces émigrations ont été étudiées par Le Pesant 1972 pour la période de l'Ancien-Régime.
LA FAMILLE VIEL.
Avec les Beatrix, les Tétrel, les Havard, les Pitel, la famille Viel est une vieille famille de Villedieu. Elle est affiliée aux HAVARD, aux LE DÔ, aux ENGERRAN. Ainsi, par exemple," Jean-Nicolas Viel, décédé en 1810 et marié à Madeleine Loyer, était le père de Gilles-François Viel, également fondeur, qui épousa le 7.5.1813 Agathe Pitel... Julien-Ferdinand Viel, né en 1823 et marié à Michelle Havard était lui aussi fondeur... On a également trace d’un certain Etienne Viel, marchand fondeur qui épousa Marie-Adélaïde Ozenne, d’ou au moins Pierre-Guillaume Viel, né en 1812 (marié à Thérèse-Elmina Havard). On retrouve les familles Viel Tétrel et Viel-Ozenne . (D. Havard de la Montagne, 2012)
La lignée qui va arriver à Brest voit se succéder, à Villedieu-les-Poêles :
Marin VIEL, d'où
Jean VIEL et Gilette HAVARD, mariés le 11/02/1657, d'où 5 enfants, dont
Jean VIEL et Jeanne BADIN, mariés le 19/02/1691, 5 enfants dont :
Jean VIEL et Marie BATAILLE, mariés le 15/06/1712, 8 enfants (alliance avec HAVARD, HUET, ...), dont deux enfants qui nous concernent :
a) François VIEL, né à Villedieu-les-Poêles le 10 mars 1713 époux le 23 juin 1738 de Françoise VOISIN; son fils, Jean-François VIEL, uni en 1772 avec Jeanne-Gabrielle MARTINAUX née à Villedieu, eut un fils, Pierre François VIEL, qui s'installa à Brest comme fondeur.
b) Jean VIEL, né le 18 octobre 1726 et époux de Agathe Noëlle GUILLAUME, eut un fils Pierre-Michel VIEL qui s'installa à Brest comme fondeur.
A la 3ème génération des Viel, la fille de Nicolas François Marie VIEL : Marie Amélie Alphonsine VIEL épousa Richard Jean-Baptiste BRIENS.
— Marie Amélie Alphonsine VIEL : née le 2 septembre 1826 à Brest, et décédée le 26 novembre 1856 à Brest (à 30 ans), elle épousa le 13 décembre 1848 Richard Jean-Baptiste BRIENS.
— Richard Jean-Baptiste BRIENS.
Ce Richard Briens appartient également à une très ancienne famille de Villedieu-les-Poêles.
Dans le terrier de Villedieu de 1587 figurent notamment Jehan et Pierre Briens « de l’estat de fondeur ».
Il va apparaître dans les publicités et les annuaires comme "gendre et successeur de M. Viel l'aîné."
Richard Jean Baptiste BRIENS, né le 20/02/ 1818 à Villedieu-les-Poêles de Michel-Léonard Briens (lui-même fils du fondeur Jean-Baptiste Briens) et décédé à Brest le 13 septembre 1883 à Brest est qualifié de marchand fondeur ou maître fondeur de cloches.
Le couple eut un enfant.
- Stanislas Ferdinand Nicolas BRIENS, né le 28 novembre 1852, Brest.
Richard Briens épousa ensuite, le 22 juillet 1857, à Brest, Pauline Estelle BOCHE, dont
- Auguste Michel Alexis BRIENS, né le 27 novembre 1865, Brest, décédé le 16 mai 1898, Brest (à l'âge de 32 ans).
Inventaire : la mention BRIENS AINÉ FONDEUR A BREST apparait entre 1867 et 1881 ; des recherches complémentaires seraient nécessaires le sens de la mention AINÉ. La signature VIEL-BRIENS précède celle-ci entre 1850 et 1856, remplacée en 1859 par VIEL BRIENS AINÉ.
-Le Cloitre-Saint-Thégonnec : cloche Marie Amélie ; fondue en 1875 par Briens aîné, à Brest
-Saint-Pierre de Plouescat cloches de Briens Aîné, fondeur à Brest, 1872; et de Briens Viel Aîné, fondeur à Brest, 1853.
-Eglise Sainte-Anne de Lanvéoc : Briens aîné, fondeur à Brest
-Saint-Urbain : Cloche 1 fondue en 1876 chez Briens ainé à Brest
-Lochrist (Le Conquet) Briens ainé
-Plonévez du Faou : Briens aîné , à Brest . 1867
Inscription Viel Briens :
-Lanhouarneau église Saint-Hervé Viel-Briens 1853
- cloche de l'église Saint-Onneau d'Esquibien ; 1859 BRIENS VIEL AINE FONDEUR A BREST.
-Pont-Christ : église : cloche de 1856 par Viel et Briens de Brest
-VIEL BRIENS FONDEURS SABREURS 1850 cloche de Notre-Dame de Roscudon Pont-Croix
-Trémaouézan Cloche de 1842 porte l'inscription VIEL ALPHONSE, FONDEUR A BREST.. La seconde cloche de de 1851 porte l'inscription VIEL BRIENS, FONDEURS A BREST.
Une autre branche, celle d'Auguste Briens, s'est établi à Morlaix, et lui ou ses successeurs ont signés de nombreuses cloches :
-Cloche de Locmélar " PAR BRIENS AUGUSTE MORLAIX JUIN 1865 "
-cloche du Tréhou : BRIENS PERE ET FILS À MORLAIX 1848
-La cloche du Kreisker de St-Pol-de-Léon porte la marque "Briens Frères de Morlaix". 1827
-Cloche de la cathédrale de Quimper : 1837, Briens Frères, à Morlaix.
-Ile de Batz 1857 Briens fils fondeur Morlaix
-Saint-Goazec cloche Fondue en 1852 par Briens père et fils à Morlaix,
-Gourin 1820 à Morlaix chez F.Briens.
Voir mon article pour de plus amples renseignements sur les VIEL-BRIENS et leur fonderie à Brest au fond de la Penfeld.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, "Inscriptions de quelques cloches anciennes du diocèse de Quimper", Bulletin Société archéologique du Finistère pages 304-306.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1890, "Inscriptions de cloches" , Bulletin Société archéologique du Finistère pages 281-285.
— ABGRALL (Jean-Marie), et PEYRON, 1903, Notice sur Le Faou, Bull. Diocésain d'Histoire et d' Archéologie [BDHA], Quimper, Kerandal.
— BOURDE DE LA ROUGERIE (H.), [1829] 1903. "Restitution de cloches aux paroisses du Finistère", Bulletin Société archéologique du Finistère pages LI-LVIII
— CASTEL (Y.P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.M.), 1987, Artistes en Bretagne : dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime / Yves-Pascal Castel, Georges-Michel Thomas ; avec la collab. de Tanguy Daniel ; introd. par André Mussat / Quimper : Société archéologique du Finistère , 1987
— BILLANT (Abbé Nicolas) Rumengol, son sanctuaire et son pèlerinage, 1924, sn. Brest, Imprimeries de la Presse Libérale.
(L'abbé Billant de Saint-Urbain fut recteur de Rumengol de 1920 à ? après avoir été recteur de l'Île Tudy.)
— CASTEL (Y.P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.M.), Artistes en Bretagne Tome 2, Additions et corrections : dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime / Yves-Pascal Castel, Tanguy Daniel, Georges-Michel Thomas / Quimper : Société archéologique du Finistère , DL 2013
— COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.
— LE PESANT (Michel), 1972, Un centre d'émigration en Normandie sous l'Ancien Régime. Le cas de Percy. —Bibliothèque de l'École des chartes, t. CXXX (1972), p. 163-225.
— MUSSAT (André), 1957, article -Rumengol, in Société française d'archéologie. Congrés archéologique de France. CXVe Cession, 1957, Cornouaille. page 165. In-8° (23 cm), 285 p., fig., carte, plans. H. c.Orléans : M. Pillault, 37, rue du Pot-de-Fer (Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur). Pages 161-177.
— THOMAS (Georges-Michel), 1981, Fondeurs de cloches du temps passé, Bulletin Société archéologique du Finistère pages 263 à 274.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. III Le vaisseau nord ou chapelle du Saint-Sacrement : enfance du Christ ; discours du pain de Vie ( Jean-Baptiste Le Corre 1731). Chapelle des Fonts (Le Botherelle 1690).
En Bretagne, la mode du décor des plafonds lambrissés peints date de la période médiévale (Barral I Altet), comme à Merléac, à Chatelaudren à la fin du XVe siècle, et se poursuit ensuite à la chapelle Saint-Gonéry de Plougrescrant au début du XVIe siècle ou à Douarnenez au milieu du XVIIe siècle et à Saint-Divy. Sous le lambris peint de la chapelle Notre-Dame des Carmes de Neuillac, datant du XVIIIe siècle, a été découvert un lambris du XVe siècle.
Pour la période moderne, 39 lambris ont été inventoriés en Bretagne, dont 17 en Morbihan, 15 en Finistère, 5 en Côtes d'Armor et 2 en Ille-et-Vilaine.
La grande surface disponible des charpentes est particulièrement apte à recevoir des cycles narratifs liès à l'Enfance ou à la Passion du Christ, à la Vie de la Vierge, mais aussi aux scènes de la vie du saint ou de la sainte qui patronne le sanctuaire.
L'église Saint-Cornély et ses lambris.
L'église Saint-Cornély a été édifiée en 1639 (tour occidentale), 1659 (sacristie), 1669 (transept nord pour la confrérie du Saint-Sacrement), et 1685 (vaisseau sud pour la confrérie du Rosaire, et porche sud). Le porche nord ne fut érigé qu'à la veille de la Révolution. Elle renferme un buste-reliquaire du saint patron, dont des reliques se trouvent également à Saint-Avé et à la chapelle Saint-Guénolé de Locunolé.
L'église Saint-Cornély de Carnac est divisée en trois vaisseaux parallèles, c'est à dire deux bas-côtés ou "chapelles" — du Saint Sacrement au nord et du Rosaire au sud— et un vaisseau central où la nef est séparée du chœur depuis 1806 par une grille en fer forgé.
Les charpentes de ces trois vaisseaux sont lambrissés, et ces lambris sont entièrement peints, entre 1690 et 1732.
Je n'ai pas eu accès aux descriptions détaillées de ces ensembles de peinture, telles qu'on doit les trouver dans le mémoire de master d'histoire de l'art rédigé en 2021 par Valentine Guillevic pour l'Université de Nantes, ou dans le mémoire rédigé par Guylaine Le Kernec en 1986.
Maud Hamoury, qui donne de précieux renseignements sur ces lambris dans son ouvrage La peinture religieuse en Bretagne aux XVII et XVIIIe siècles, cite l' inscription indiquant "Ce lambris a este peint du tant de G.D :M :Remond Dugeurn Le Gril recteur de Carnac et Ian Le Gril procureur de Corneille ; 1731."
Je la trouve dans le vaisseau nord, sous la peinture de Saint-Jean-Baptiste baptisant Jésus dans le Jourdain (cf. infra).
Je découvre que Raymond-Toussaint Le Gril, de la paroisse de Saint-Pierre et recteur de Lesbin-Pontscorff, fut pourvu par l'Évêque le 7 septembre 1713. Le Gril se fit de nouveau conférer Carnac par le Souverain Pontife, le 6 septembre 1717. A l'âge de 48 ans, il mourut le 13 mars 1732 et fut inhumé le 15 au cimetière. (Abbé Luco, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan année 1877 p. 131 à 136).
Les généalogistes mentionnent un Jean Le Gril, fils de Jean Le Gril et de Françoise Guillevin, né à Carnac le 18 août 1671 et décédé à Carnac le 8 mars 1741, marié à Marie Le Bosser, dont trois enfants. Son épouse fut inhumée à Saint-Cornély le 9 février 1773.
Jean Le Gril était procureur de la Confrérie du Saint-Sacrement.
Les peintures ont été restaurées par Allary d'Auray en 1872 et par Robert Cassin en 1962-1965.
Les peintres
Maud Hamoury apporte beaucoup de précisions sur les peintres désignés pour ces lambris, et leurs rétributions.
-Jean-Baptiste Le Corre, dit sieur Dupont (Pontivy, vers 1670-Pontivy, 1740).
Fils du peintre, doreur et sculpteur, Louis Le Corre, sieur Dupont , peintre de Pontivy, il entra en 1689 en apprentissage pour 4 ans à Rennes puis revint à Pontivy où il se maria en 1695. En 1706, il réalisa le lambris de la chapelle Sainte-Tréphine de Pontivy, en neuf tableaux.
En 1716, il peint le lambris de la chapelle Notre-Dame du Crénénan de Ploerdut, et en 1724 celui de l'église de Bodéo.
En 1731, il peint pour 400 livres les 3 scènes de la Passion du porche de l'église de Carnac. Il doit aussi parachever le lambris de la vie de saint Corneille commencé par Joseph Galmay.
Le 25 octobre, 1731, il reçoit 500 livres pour la peinture du lambris du Rosaire ( j'en déduis, vu la somme : celui du bas-côté sud).
Son fils Martin Le Corre, sieur Dupont, né à Pontivy en 1699, l'aide dans ces travaux en 1731.
Selon Maud Hamoury, Jean-Baptiste le Corre s'est inspiré du peintre flamand Johannes Sadeler pour la Cène des lambris nord de Saint-Cornély.
Description.
Plan général :
Vaisseau nord, ou chapelle du Saint-Sacrement : enfance du Christ ; discours du pain de Vie ( Le Corre 1731). Chapelle ouest des Fonts (Le Botherelle 1690)
Vaisseau central : Vie de saint Corneille (Galmay 1727-Le Corre 1731)
Vaisseau sud ou chapelle du Rosaire /autel de saint Jean-Baptiste et autel du Rosaire : Scènes de la vie de saint Jean-Baptiste. Les mystères du Rosaire. (Le Corre 1731)
Porche sud : 3 scènes de la Passion (Le Corre 1731)
Plan (incomplet ?) des lambris du vaisseau nord. Depuis l'autel, à l'Est : du côté sud puis nord :
1. La Nativité en face de la Circoncision
2. La Présentation au Temple en face de la Fuite en Egypte
3. Le Baptême de Jésus par Jean-Baptiste en face de La Cène.
4. Le Sermon des Béatitudes en face d'une Première communion des apôtres au Cénacle.
5. Les Noces de Cana en face du Lavement des pieds.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
1. La Nativité en face de la Circoncision.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Panneau décoratif intermédiaire.
Deux statues de femme en trompe l'œil en grisaille entourant une fenêtre losangée à fausse imposte, sous les armoiries royales peintes.
2. La Présentation au Temple en face de la Fuite en Egypte.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
3. Le Baptême de Jésus par Jean-Baptiste en face de La Cène.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
4. Le Sermon des Béatitudes en face d'une Première communion des apôtres au Cénacle.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
La Première communion des apôtres au Cénacle.
Au premier plan, avec une scène de repas en arrière, Jésus, au centre, vêtu d'un manteau rouge et d'une robe blanche comme dans les autres scènes de sa Vie publique, élève un calice (une coupe remplie d'hostie). Derrière lui, une femme en manteau vert joint les mains (Marie-Madeleine?). Trois apôtres sont agenouillés, dans une attitude de dévotion et de gratitude.
Cette représentation est très rare.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Panneau intermédiaire.
Deux statues féminines en pied en trompe-l'œil de grisaille, sur une balustrade de marbre feint, encadrent la fenêtre (vitrerie à bornes) sous des armoiries (de gueules à trois chevrons d'or et hermines en chef) et une couronne de marquis.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
5. Les Noces de Cana en face du Lavement des pieds.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Ornement (détail).
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
LA CHAPELLE OUEST DES FONTS BAPTISMAUX : LE LAMBRIS PEINT. LES PEINTURES MURALES DE LE BOTHERELLE (1690) : L'ENFANCE DE JÉSUS.
Les anges musiciens du lambris. Violoncelle ou viole, luth, violon, orgue positif, harpe, violon. Deux jouers de trompe. Chérubins.
Peinture sur lambris de la chapelle des Fonts, église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Peinture sur lambris de la chapelle des Fonts, église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les peintures se trouvent sur les deux piliers d'entrée et de part et d'autre du vitrail. Du peintre Botherelle, il y aurait aussi ici une Annonciation, et un Jésus au Temple parmi les Docteurs.
La Nativité.
Peintures murales (1690), église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
L'Adoration des Mages.
Inscription : LE BOTHERELLE PINXIT 1690.
On ignore tout de ce peintre. Les généalogistes indiquent une famille Le Botherelle à Vannes à la même époque.
Peintures murales (1690), église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
La Présentation au Temple.
Peintures murales (1690), église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
SOURCES ET LIENS.
—BARRAL Y ALTET (Javier), 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen-Âge en Bretagne, Académie des inscriptions et belles-lettres.
— GUILLEVIC ( Valentine), 2021. Étude des lambris peints de l'église Saint-Cornély, Carnac. Sous la direction d'Emmanuel Lamouche, Master 2 : Histoire de l'art, Université de Nantes, 2021. Non consulté.
— HAMOURY (Maud), 2010, La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles; Presses Universitaires de Rennes pages 176 et suiv., 208, 396, 461 et 509-510-511.
—HAMON (Françoise), 1986 « L’église Saint-Cornély de Carnac », Congrès archéologique de France, Paris, Société française d’archéologie, 1986.
—LE GUENEDAL (abbé) 1913, Notice sur l’église de Carnac (Morbihan) : Patron Saint-Cornély, Hennebont, Normand.
—LE KERNEC (Guylaine), 1986, Les lambris peints de l’église Saint-Cornély Carnac, Etude sur la peinture monumentale dans le Morbihan, 1986, mémoire de maîtrise sous la direction de Monsieur Xavier Barral I Altet.
Jacques de Voragine, La légende dorée, traduit par Teodor de Wyzewa, Paris, 1910.
—LE MÉNÉ, (Joseph-Marie 1831-1923), 1891, Histoire archéologique, féodale et religieuse des paroisses du diocèse de Vannes. Tome 1 / par Jh-M. Le Mené, Éditeur : impr. de Galles (Vannes), pages 146 et suiv.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. II. Le vaisseau sud (Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732) et la Vie de saint Jean-Baptiste. Le porche sud (Les quatre évangélistes et Marie-Madeleine pénitente).
En Bretagne, la mode du décor des plafonds lambrissés peints date de la période médiévale (Barral I Altet), comme à Merléac, à Châtelaudren à la fin du XVe siècle, et se poursuit ensuite à la chapelle Saint-Gonéry de Plougrescrant au début du XVIe siècle ou à Douarnenez au milieu du XVIIe siècle et à Saint-Divy. Sous le lambris peint de la chapelle Notre-Dame des Carmes de Neuillac, datant du XVIIIe siècle, a été découvert un lambris du XVe siècle.
Pour la période moderne, 39 lambris ont été inventoriés en Bretagne, dont 17 en Morbihan, 15 en Finistère, 5 en Côtes d'Armor et 2 en Ille-et-Vilaine.
La grande surface disponible des charpentes est particulièrement apte à recevoir des cycles narratifs liès à l'Enfance ou à la Passion du Christ, à la Vie de la Vierge, mais aussi aux scènes de la vie du saint ou de la sainte qui patronne le sanctuaire.
L'église Saint-Cornély et ses lambris.
L'église Saint-Cornély a été édifiée en 1639 (tour occidentale), 1659 (sacristie), 1669 (transept nord pour la confrérie du Saint-Sacrement), et 1685 (vaisseau sud pour la confrérie du Rosaire, et porche sud). Le porche nord ne fut érigé qu'à la veille de la Révolution. Elle renferme un buste-reliquaire du saint patron, dont des reliques se trouvent également à Saint-Avé et à la chapelle Saint-Guénolé de Locunolé.
L'église Saint-Cornély de Carnac est divisée en trois vaisseaux parallèles, c'est à dire deux bas-côtés ou "chapelles" — du Saint Sacrement au nord et du Rosaire au sud— et un vaisseau central où la nef est séparée du chœur depuis 1806 par une grille en fer forgé.
Les charpentes de ces trois vaisseaux sont lambrissés, et ces lambris sont entièrement peints, entre 1690 et 1732.
Les voûtes lambrissées sont décorées sur 750 mètres carrés (soit 8 073 pieds carrés) entre 1729 et 1732 . Ce décor a été classé « monument historique » le 5 mai 1960.
Je n'ai pas eu accès aux descriptions détaillées de ces ensembles de peinture, telles qu'on doit les trouver dans le mémoire de master d'histoire de l'art rédigé en 2021 par Valentine Guillevic , conservé à l'Université de Nantes, ou dans le mémoire rédigé par Guylaine Le Kernec en 1986.
Maud Hamoury donne de nombreux renseignents dans son ouvrage La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècle. Elle cite l'inscription indiquant "Ce lambris a este peint du tant de G.D :M :Remond Dugeurn Le Gril recteur de Carnac et Ian Le Gril procureur de Corneille ; 1731."
Raymond-Toussaint Le Gril, de la paroisse de Saint-Pierre et recteur de Lesbin-Pontscorff, pourvu par l'Évêque le 7 septembre 1713, prit possession le 13. Le Gril se fit de nouveau conférer Carnac par le Souverain Pontife, le 6 septembre 1717. A l'âge de 48 ans, il mourut le 13 mars 1732 et fut inhumé le 15 au cimetière.
Je découvre que "Raymond-Toussaint Le Gril, de la paroisse de Saint-Pierre et recteur de Lesbin-Pontscorff, fut pourvu par l'Évêque le 7 septembre 1713. Le Gril se fit de nouveau conférer Carnac par le Souverain Pontife, le 6 septembre 1717. A l'âge de 48 ans, il mourut le 13 mars 1732 et fut inhumé le 15 au cimetière." (Abbé Luco, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan année 1877 p. 131 à 136)
Les peintres : Jean-Baptiste le Corre et son fils Martin.
Maud Hamoury apporte beaucoup de précisions sur les peintres désignés pour ces lambris, et leurs rétributions. Je la cite :
-Jean-Baptiste Le Corre, dit sieur Dupont (Pontivy, vers 1670-Pontivy, 1740).
Fils du peintre, doreur et sculpteur, Louis Le Corre, sieur Dupont , peintre de Pontivy, il entra en 1689 en apprentissage pour 4 ans à Rennes puis revint à Pontivy où il se maria en 1695. En 1706, il réalisa lelambris de la chapelle Sainte-Tréphine de Pontivy, en neuf tableaux.
En 1716, il peint le lambris de la chapelle Notre-Dame du Crénénan de Ploerdut, et en 1724 celui de l'église de Bodéo.
En 1731, il peint pour 400 livres les 3 scènes de la Passion ( la Flagellation, du Portement de Croix et du Christ au Mont des Oliviers) du "porchet" de l'église de Carnac. Il doit aussi parachever le lambris de la vie de saint Corneille commencé par Joseph Galmay sur le lambris du vaisseau central.
Le 25 octobre 1731 [ou plutôt 1732], il reçoit 500 livres pour la peinture du lambris du Rosaire ( j'en déduis, vu la somme : celui de tout le vaisseau sud).
Son fils Martin Pierre Le Corre, sieur Dupont, né à Pontivy en 1699, l'aide dans ces travaux en 1731. Il est aussi l'auteur du tableau de l'Assomption du maître-autel.
Le vaisseau sud ou chapelle du Rosaire.
À Carnac, il existait une confrérie des hommes, celle du Saint-Sacrement, et une confrérie des femmes, celle du Rosaire. La première ayant fait édifier en chapelle tout le vaisseau nord de l'église , la Confrérie du Rosaire fit prolonger à son tour le côté sud vers 1685 et fit bâtir le porche sud. Deux retables occupent cette chapelle, celui de saint Jean-Baptiste, et celui de la Vierge. Le premier retable renfrerme un tableau (vers 1730) attribué à Dupont représentant la Descente de Croix, encadré des statues en bois de saint Dominique et sainte Catherine. Le retable de la Vierge renferme depuis 1715 une peinture de la Remise du Rosaire à saint Dominique et sainte Catherine de Sienne, peint par un Chartreux d'Auray, entouré des 15 médaillons des mystères du Rosaire. Le tableau est encadré par les statues de sainte Anne avec Marie et de son mari Joachim.
I. Le Rosaire.
Toute la partie ouest est consacrée au Rosaire, avec ses mystères joyeux, douloureux et glorieux, mais aussi au Don du Rosaire.
Voilà la succession des tableaux, en partant du retable du mur sud, dans un sens horaire vers le fond de la nef et en revenant de l'autre côté du plafond vers l'est
Les Mystères Joyeux.
1. Annonciation
2. Visitation
3. Nativité
4. La Présentation de Jésus au Temple
5. Jésus enseignant aux docteurs de la Loi
Les Mystères douloureux.
6. Agonie de Jésus au Mont des Oliviers
7. Flagellation de Jésus
8. Couronnement d'épines
Côté nord
9. Don du Rosaire
10. Portement de Croix
11. Crucifixion.
Les Mystères Glorieux
12. Résurrection.
13. Ascension
14 Pentecôte.
15. Assomption de la Vierge
16. Couronnement de la Vierge
II. La Vie de saint Jean-Baptiste.
Les lambris de toute la partie est, voisine du chœur, sont consacrés à la Vie de saint Jean-Baptiste. Maud Hamoury écrit p. 216 "à Carnac, un peintre anonyme a copié cinq scènes d'une suite de Jean Leclerc de 1612 sur la Vie de saint Jean-Baptiste".
Il faut partir, pour suivre un ordre chronologique, du côté nord (après le Couronnement de la Vierge) et suivre le sens des aiguilles d'une montre :
16. Révélation de l'ange à Zacharie
17. La Naissance de saint Jean-Baptiste
18. Jean-Baptiste enfant prêchant dans le désert.
19. Prédication de Jean-Baptiste au Jourdain.
20. Jean-Baptiste emprisonné sur ordre de Hérode Antipas.
21. La décollation de Jean-Baptiste.
Les scènes narratives sont séparées par des sculptures en trompe-l'œil de cariatides et atlantes (supports anthropomorphes) ou parfois de personnages en pied, sous des arcades à angelots et pots-à-feu. Ailleurs sont placées des fenêtres à verrières losangées, elles aussi en trompe-l'-œil, au dessus de balustrades feintes. Le sommet de la voûte est peint en ciel étoilé où passent des nuages.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
LES 15 TABLEAUX DU CYCLE DU ROSAIRE.
Les Mystères Joyeux.
1. Annonciation.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
2. Visitation.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
3. Nativité.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
4. Présentation de Jésus au Temple.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
5. Jésus enseignant aux docteurs de la Loi.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les Mystères douloureux.
6. Agonie de Jésus au Mont des Oliviers
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
7. Flagellation de Jésus
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
8. Couronnement d'épines.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Le côté nord.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
9. Don du Rosaire
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
10. Portement de Croix
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
11. Crucifixion.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les Mystères Glorieux
12. Résurrection.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
13. Ascension
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
14 Pentecôte.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
15. Assomption de la Vierge.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
16. Couronnement de la Vierge
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
LA VIE DE SAINT JEAN-BAPTISTE.
Voir le cycle de la Vie de Jean-Baptiste à Saint-Fiacre (Le Faouët)
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
16. Révélation de l'ange à Zacharie.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
17. La Naissance de saint Jean-Baptiste.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
18. Jean-Baptiste enfant prêchant dans le désert.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
19. Prédication de Jean-Baptiste au Jourdain.
Cette scène est très classique, notamment à la Renaissance. Jean, monté sur une estrade derrière une balustrade en bois, prêche au peuple qui l'a rejoint sur les rives du Jourdain. Il est vêtu d'une peau de chameau. Sous une croix, un phylactère doit reproduire ses mots : ecce agnus dei.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
20. Jean-Baptiste emprisonné sur ordre d'Hérode Antipas.
Le roi est assis sur son trône, devant des gardes et des conseillers, tandis que Jean apparaît derrière les barreaux de sa prison.
21. La décollation de Jean-Baptiste.
Hérodiate, femme d'Hérode, a obtenu la tête du prophète Jean le Baptiste après avoir fait danser sa fille Salomé devant le roi. Le bourreau, épaule gauche dénudée pour ne pas entraver son geste, remet la tête du saint à Salomé. Un garde est armé d'une hallebarde. Une trouée de lumière tombe sur la tête du saint.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
LES LAMBRIS DU PORCHE . LES QUATRE ÉVANGÉLISTES ET MARIE-MADELEINE PÉNITENTE.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Saint Luc Matthieu (avec l'ange) devant son pupitre de rédacteurs des évangiles. Saint Jean (avec son aigle) trouvant l'inspiration sur fond de paysage marin évoquantt son séjour à Patmos.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Saint Luc (avec son taureau) et saint Marc (avec son lion) devant leur pupitre de rédacteurs des évangiles.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Marie-Madeleine pénitente.
Selon la Légende dorée de Jacques de Voragine, Marie-Madeleine, Marthe et Lazare seraient arrivés aux Saintes-Maries-de-la-Mer dans une marque sans voile. Marie-Madeleine aurait évangélisé la Provence et se serait retirée en pénitence dans la grotte de la Sainte-Baume où elle aurait vécue 33 ans en ermite.
Elle est représentée ici allongée dans la posture de la songeuse, méditatnt sur ses péchés ou sur la finitude de la vie, devant un pain, et le flacon de parfum qui rappelle, tout comme ses cheveux longs et dénoués, sa vie dissolue. Un navire à huniers fait voile vers une crique, rappellant l'arrivée de la sainte en Provence.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—BARRAL Y ALTET (Javier), 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen-Âge en Bretagne, Académie des inscriptions et belles-lettres.
— GUILLEVIC ( Valentine), 2021. Étude des lambris peints de l'église Saint-Cornély, Carnac. Sous la direction d'Emmanuel Lamouche, Master 2 : Histoire de l'art, Université de Nantes, 2021. Non consulté.
—HAMON (Françoise), 1986 « L’église Saint-Cornély de Carnac », Congrès archéologique de France, Paris, Société française d’archéologie, 1986.
— HAMOURY (Maud), 2010, La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles; Presses Universitaires de Rennes pages 176 et suiv., 208, 396, 461 et 509-510-511.
—LE GUENEDAL (abbé) 1913, Notice sur l’église de Carnac (Morbihan) : Patron Saint-Cornély, Hennebont, Normand, 1913.
—LE KERNEC (Guylaine), 1986, Les lambris peints de l’église Saint-Cornély Carnac, Etude sur la peinture monumentale dans le Morbihan, 1986, mémoire de maîtrise sous la direction de Monsieur Xavier Barral I Altet.
—Jacques de Voragine, La légende dorée, traduit par Teodor de Wyzewa, Paris, 1910.
Si la nef, le chœur (séparé de la nef par un arc diaphane) et l'aile nord de l'église paroissiale du Grouanec datent, selon P.F. Brouc'h, du milieu du XIVe siècle, le chœur fut agrandie au début du XVIe siècle (vers 1503) au sud par une chapelle dédiée à saint Fiacre et par le porche sud, portant les armes des seigneurs de Boutteville.
Dans cette chapelle, Jehan de Nobletz seigneur de Kerodern avait fait établir, par contrat du 15 février 1514, passé devant la cour de Lesneven avec Yves Héliou, prêtre gouverneur du Grouanec, un autel et, selon le contrat, deux tombes en plus des trois dont sa famille jouissait ailleurs dans l'église, moyennant la somme de douze sous monnaies par an, à payer au jour de la Chandeleur. Le contrat lui assurait aussi d'un droit d'escabeau (une sorte de stalle) et de prie-dieu. Les armoiries de son couple étaient visibles sur le vitrail.
(*)Jean Le Nobletz, fils d'Alain de Nobletz, ecuyer et de Typhaine de Kérouzéré, épousa Isabeau de Kerourfil. Ses armes étaient d'argent, à deux fasces de sable, au canton de gueules chargé d'une quintefeuille d'argent , celles des Kerourfild'azur à la fasce d'argent accompagné de six besans du même, trois en chef rangés, et trois en pointe posés 2 et 1.
Le bénitier de kersanton de la porte ouest est accompagné d'un écu au calice accompagné des lettres gothiques J et M, initiales de Jean Madéran, prêtre de Plouguerneau qui desservait Le Grouanec en 1527.
Si la charpente actuelle est contemporaine de cette extension, ou de ces contrats de 1514, ou de ce bénitier de 1527, et si donc elle n'a pas été restaurée ou reconstruite ensuite, les deux ensembles de pièces sculptées des sablières datent de ce début du XVIe siècle.
Mais les deux ensembles sont-ils contemporains? Du côté est, il s'agit de motifs séparés, avec quatre feuillages et quatre masques anthropomorphes espacés et correspondant à la retombée des liernes, alors que du côté ouest il s'agit d'une frise continue de masques et de tiges feuillues dans laquelle s'insère joyeusement une saynète festive et satirique.
Je n'ai pas procédé à l'inventaire des abouts de poinçons, qu'on voit sur les clichés des entraits, avec leurs motifs végétaux, et avec un masque masculin.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
I. LE CÔTÉ DROIT EN FRISE DE MASQUES ET SAYNETES RÉUNIS PAR UN DÉCOR CONTINU.
La première pièce, avant l'entrait.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Masque de femme (?) à longs cheveux nattés en spirale. La main droite saisit l'extrémité en volute de la tige de feuillage. Le bras gauche se transforme en un serpent à corps végétalisé.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Petit homme vert à barbe bifide, aux jambes écartées, tenant les extrémités de tiges.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Masque crachant.
On nomme aussi ce motif, très répandu sur les sablières, "masque régurgitant", ou "masque feuillu" : il libère par sa bouche des tiges qui courent en rinceaux et d'épanouissent en volutes et feuilles.
Ici, le masque libère vers sa droite deux autres éléments : un serpent, et un ruban crénelé.
Si le thème de ces sablières (et de bien d'autres) est lié à la croissance de la nature, à son potentiel printanier (comme les "reverdies" de la poésie médiévale), à la pulsion vitale et ses cycles, elle tient à illustrer celle-ci sous le mode de la métamorphose des formes, et de l'unité des ordres, le végétal, l'animal et l'humain.
Ces deux principes (pulsion vitale et métamorphose) vont se décliner tout au long de ces sablières, mais ce masque crachant une tige (végétal), un serpent (animal) et un ruban (artefact humain) en est un condensé saisissant.
L'homme est coiffé d'un vague chapeau. Son visage est bilobé, avec un étage supérieur large et un étage inférieur (menton et mandibule) formant une petite boule. On retrouve aussi cette morphologie bilobée, presque constante au Grouanec, dans d'autres sablières plus tardives.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Le couple qui trinque, et la truie qui tire la bonde.
Ces deux scènes très connues sont considérées comme des dénonciations des vices, et notamment de l'ivrognerie (M. de Kerdanet, Vie des Saints, 1837). Ainsi, selon Tehy, reprenant les auteurs de référence, "leurs motifs sculptés déclinent toute la palette des vices dénoncés par la religion."
Mais on peut objecter que les personnages truculents qui précèdent ont comme objet de répondre au goût des contemporains du XVe et XVIe siècle pour les drôleries qui abondent dans les marges des livres d'heures et autres manuscrits pieux, qui sont aussi éxigées sur les miséricordes et appuie-mains des stalles des chanoines, et qui sont très répandus aussi sur les sablières (à l'intérieur) ou les crossettes (à l'extérieur), ou sur les jubés, bref dans tous ces emplacements marginaux, mais parfaitement visibles, des églises. Qu'ils reprennent la tradition des modillons romans, et qu'ils témoignent d'une liberté de ton, décompléxée et joyeuse, se gardant de toute attitude de dénonciation, et de toute préoccupation de séparation cloisonnée entre le sacré qui prévaut dans le chœur et le trivial qui anime les autres lieux.
Ce n'est que vers le début du XVIIe siècle, un siècle plus tard, que Michel Le Nobletz —d'une famille qui a ses prééminences précisément dans cette chapelle Saint-Fiacre— adoptera une attitude moralisatrice virulente et fera, sur ses tableaux de cathéchèse, la dénonciation des vices, avant d'être suivi par Julien Le Maunoir.
Rien, dans les deux motifs qui se suivent, ne témoigne d'une condamnation morale, ou d'une stigmatisation des passions, ou d'un prosélytique appel à une conversion des mœurs mais plutôt d'une satire en clin d'œil, plus proche de Rabelais que de Julien Maunoir. Et peut-être d'avantage encore de références à une culture populaire des proverbes et dictons, des fabliaux et fables qui nous échappent. D'autant qu'il pourrait s'agir non d'un bagage culturel "breton" mais de celui de huchiers venus de Flandres, tant l'ensemble des thématiques se retrouve hors de notre province.
On voit d'abord un couple levant leur coupe pour trinquer. L'homme, moustachu, tient l'extrémité de la tige qui naît (cf. la scène précédente), de la bouche du masque crachant. Y.P. Castel y avait vu "une volaille".
La femme, identifiée par un col frisée, tient l'extrémité de la queue de la truie. Certes cet homme empoigne la tige, et la femme tient la queue de la truie, mais il n'y a peut être là qu'une volonté de réunir les motifs ensemble, de les lier par des conjonctions d'une narration graphique.
La scène est festive. Les personnages qui tiennent une cruche, un gobelet ou un tonnelet s'observent (S. Duhem p.178) sur une soixantaine de sablières en Bretagne. Sophie Duhem qualifie les deux scènes (buveurs + truie) du Grouanec de "saynète amusante" et y voit un "exemple de la popularité de l'illustration des proverbes et dictons", particulièrement en vogue aussi aux Pays-Bas au XVe siècle.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La truie et le tonneau.
Puis vient le tableau, fameux, de la truie qui tire la bonde du tonneau. Là encore, aucune condamnation de l'intempérance.
Le thème est assez stéréotypé, et on en trouve des exemples sur une sablière de l'église Saint-Thomas de Landerneau, et sur une sablière de l'église de Bodilis. Dans les deux cas, une femme frappe une truie de sa quenouille (*) et la tire par la queue alors que l'animal retire la bonde d'un tonneau.
(*) On connait la sculpture de la Truie qui file sur une maison de Rouen, qui se retrouve sur une miséricorde de l'église Saint-Nicolas d'Amsterdam. Ailleurs, elle joue de la cornemuse, ou de l'orgue (Beauvais) elle allaite ses petits (Saint-Houardon de Landerneau), elle pose en philosophe (cathédrale de Rouen), elle enfile des culottes,
Sablière du bas-coté nord de la nef, première travée, église Saint-Thomas de Landerneau. Photographie lavieb-aile.Sablière Sb4, charpente sculptée du bas-coté sud de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile avril 2018.
Sablière Sb4, charpente sculptée du bas-coté sud de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile avril 2018.
Le thème de la truie qui tire la bonde est figuré sur le tableau de Pieter Bruegel L'Ancien "Les Proverbes Flamands" (La Huque Bleue) datant de 1559. Mais on considère qu'il s'agit ici d'une dénonciation de la négligence (et non de l'ivrognerie). La négligence en cause est sans doute de ne pas surveiller correctement l'animal domestique. Pour Maeterlink, la truie pourrait confondre la bonde avec "un os à moelle".
On ne peut nier pourtant que le cochon est assimilé par le peintre à l'ivrognerie, car dans son tableau de 1557, Un ivrogne est poussé dans une porcherie. Mais la sablière du Grouanec est antérieure à ce tableau de 50 ans, et fait supposer que le proverbe circulait déjà dans le Léon (peut-être introduit par les liens entre Bretagne et Flandre dans le commerce alors florissant du drap et du vin).
Bien que Bruegel ne montre pas de lien entre sa truie et des ivrognes, une image populaire gravée à Gand au XVIIIe siècle, mais reprenant une tradition ancienne, montre le lien entre la Négligence, et l'Ivrognerie :
Louis Maeterlink 1910, Le genre satirique, fantastique et licencieux dans la sculpture flamande et wallonne;
Note : on remarquera la difficulté d'interprétation des images. Alors que Sophie Duhem mentionne le proverbe flamand "la truie se sauve avec le robinet" et le tableau de Bruegel, elle décrit la scène ainsi : la truie "a un bouchon dans la gueule qu'elle tente d'enfoncer dans le trou ouvert du tonneau" (illustration 102) ... alors que cela décrirait mieux la scène de Landerneau. Elle ajoute dans le texte "elle s'éloigne du tonneau d'où s'écoule du vin".
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La pièce suivante, après l'entrait : six masques réunis par des rubans marqués de traits (I) et feuillagés.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un masque à corps d'oiseau.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un masque à la chevelure nattée, crachant des tiges feuillagées.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un masque entre deux volutes de rubans ponctués et feuillagés, liées entre elles.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un masque moustachu, entre deux rubans feuillagés.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Une tête de bœuf, vertes, à longues cornes et longues oreilles , crachant deux rubans feuillagés.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un masque moustachu, entre deux rubans feuillagés.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
II. LE COTÉ GAUCHE, PAR MASQUES ET FEUILLAGES SÉPARÉS.
Les huit éléments sculptés en moyen relief sont encastrés sur les deux pièces de bois au lieu d'être taillés à leur dépens. Ils correspondent soit aux trois entraits (poutres transversales), soit à la tombée des liernes ou nervures de la charpente lambrissée. Leur partie haute est élargie et aplatie en console.
Ce procédé, qu'on peut trouver plus fruste, et plus facile à mettre en place, se retrouve à Saint-Avé dans la nef (1494) de la chapelle de Notre-Dame-du-Loc, mais seulement pour certaines pièces servant aussi de culot aux liernes, mais associées à des éléments sculptés en relief sur la pièce de bois, et à des inscriptions gravées, dans un complexe dû à des huchiers chevronnés. Je ne dispose pas d'autre exemple.
À Chatelaudren (fin XVe-début XVIe) mais aussi à Trémalo (v.1550) et à Kergloff, à l'Hôpital-Camfrout , à Plonévez-du-Faou ou à Brénnilis (moderne), les éléments (des animaux, des masques et des saynettes) sont certes espacés, et correspondent aux liernes, mais sont sculptés au dépens de la pièce de sablière.
Cette liste n'est pas exhaustive, mais ce type de sablières à motifs séparés rythmés par les liernes est bien plus rare que le type à frise continue de motifs réunis par des décors.
Il est difficile d'affirmer que ce type de sablières correspond à un créneau de datation donné (mais les datations des pièces de Saint-Avé et de Chatelaudren sont cohérentes avec une datation vers 1503 des pièces de cette chapelle), et plus diffcile encore de l'attribuer à une zone géographique de Bretagne.
Et on ne peut en déduire que ces sablières de la façade orientale ont été réalisées avant celles du côté occidentale.
Je n'ai photographié que les masques, délaissant les 4 ensembles de feuillage.
Un masque d'homme bouche ouverte (tirant la langue ?). Ou une femme portant une coiffe?
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Une femme (coiffe) bouche ouverte.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Masque d'un clerc (tonsure), bouche ouverte.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Un homme, tirant la langue.
Les sablières de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
III. L'ENTRAIT SCULPTÉ ET SES ENGOULANTS.
Un entrait, assorti d'un poinçon (pièce de bois verticale) traverse la chapelle sud d'est en ouest. Il est sculpté, avec ses deux engoulants, et son bouquet de feuillages central libérant des tiges qui produisent soit des feuilles d'acanthes et des épillets (ou feuilles de vignes et grappes) , soit des roses.
L'entrait de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
L'entrait de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
L'entrait de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
L'entrait de la chapelle sud de l'église du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
Sur le milieu de la poutre appuyée au chœur, des armoiries montre, difficilement, leurs meubles, trois fusées, ou trois quenouilles, ou des pommes de pins...
SOURCES ET LIENS.
—CASTEL (Yves-Pascal ): Plouguerneau . L'enclos du Grouanec . Non consulté.
—CASTEL (Marcel), s.d, L'enclos paroissial du Grouaneg-Eglise Notre-Dame. Dépliant de présentation.
— COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988, « Plouguerneau », Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
"Dans la chapelle sud, un entrait engoulé et des sablières sculptées représentant les vices, en particulier l'ivrognerie."
— DUHEM (Sophie), 1998, Les sablières sculptées en Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s, P.U.R éditions, pages 178 et 179, 201 et 331
— MAETERLINK (L), 1910, Le genre satirique, fantastique et licencieux dans la sculpture flamande et wallonne; les miséricordes de stalles (art et folklore)
"Le 16 février 1514, devant la cour de Lesneven, Jehan Le Nobletz, seigneur de Kerodern et Yves Héliou, prêtre et gouverneur de la chapelle du Grouanec, font un contrat à perpétuité : "le gouverneur octroie à Le Nobletz la place voulue pour cinq tombes, dont deux dans la chapelle Saint-Fiacre. Sur trois de ces tombes plates il aura un escabeau et un prie Dieu. Entre l'autel et la chapelle Saint-Fiacre il pourra construire un autel et une fenêtre avec faculté d'y introduire ses armoiries. Le Nobletz paiera en retour au gouverneur et à ses successeurs douze sous de monnaie par an au jour de la Chandeleur".
—POTIER DE COURCY (Pol) 1859, « Itinéraire de Saint-Pol à Brest », Revue de Bretagne et de Vendée, 6,
Les 13 vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Les fragments du milieu du XVe siècle (baies 3 et 9). Les 11 vitraux des Litanies de la Vierge de Max Ingrand en 1954-56.
L'enclos du Grouanec comprend l'église et son ossuaire d'attache, sa fontaine de dévotion, et son enclos à porte triomphale, et un calvaire de 1761 tandis que l'ancien calvaire a été déplacé au centre du cimetière.
La nef, le chœur (séparé de la nef par un arc diaphane) et l'aile nord de l'église paroissiale du Grouanec datent, selon P.F. Brouc'h, du milieu du XIVe siècle, près du manoir des Coatquénan. La statue en kersanton de Notre-Dame-du- Grouanec (une Vierge à l'Enfant assise) date de cette époque.
Les baies gothiques rayonnant/flamboyant (avant 1500) reçoivent des verrières au milieu du XVe siècle (maîtresse-vitre avec rosace).
Au début du XVIe siècle (v. 1503), le chœur fut agrandie au sud par une chapelle dédiée à saint Fiacre (où la famille Le Nobletz de Kerodern avait ses prééminences), et le porche fut élevé par la famille de Boutteville, nouveaux seigneurs de Coatquénan, qui y placent leurs armes. De cette époque datent les statues de saint Antoine, de saint Roch, et le calvaire de 1505 —déplacé au centre du cimetière— .
Puis, durant "l'âge d'or" des Enclos paroissiaux du Léon, furent ajoutés l'ossuaire d'attache, le maître-autel, la fontaine de dévotion (1604)
Carte IGN annotée
Carte de Cassini, annotée fin XVIIIe s.
1°) Les fragments anciens (d'après Gatouillat et Hérold).
L'édifice médiéval a été augmenté en 1503 de la chapelle bâtie au sud du chœur. Il était autrefois pourvu de plusieurs verrières dont l'entretien est attesté par de nombreuses archives : en 1689-1690, elles furent "accommodées" par Le Bodelec, maître-verrier de Brest. L'édifice conservait au XIXe siècle une partie de ses vitraux anciens, décrits par Pol Potier de Courcy en 1859 : les 24 ajours de la grande rose de la maîtresse-vitre avaient été ornés d'un concert céleste et d'anges munis de phylactère, avec les armes des familles Le Nobletz, de Kergadiou et de Kerourfil.
Intégrés en 1956 dans une nouvelle composition en baie 3, les rares fragments qui en subsistent permettent de dater cette composition du milieu du XVe siècle.
Dans son état originel, la maîtresse-vitre figurait un Calvaire avec deux donateurs, les bisaïeux du missionnaire Michel Le Nobletz (1577-1652). Jean Le Nobletz sieur de Kerodern en cotte armoriée devant la Vierge, et sa femme Ysabeau de Kerourfil devant saint Jean. L'œuvre, déjà fragmentaire en 1900, disparut etotalement ensuite , "jetée au fond de l'ossuaire quand on eut un vitrail neuf à placer", selon Le Guennec 1987.
On les comparera donc aux autres baies bretonnes du XVe siècle encore existantes :
Elles ont été réalisées en 1956 sur le thème des Litanies de la Vierge, puisque l'église est placée sous le vocable de Notre-Dame..
On trouve dans le sens horaire à partir de l'angle nord-ouest :
-L'Etoile du Matin (baie 13)
-La Reine des Vierges (baie 11)
-La Mère du Sauveur (baie 5)
-La Maison d'or (baie 1)
-La Reine des Apôtres ; la Reine des Anges (baie 0 ou maîtresse-vitre)
-La Porte du Ciel (baie 2)
-Le Trône de la Sagesse (baie 4)
-La Tour de David (baie 6)
-Le Miroir de Justice (baie 6)
-Le Vase spirituel (baie 102 au dessus de la porte ouest)
-Max Ingrand a aussi réalisé pour un oculus (baie 10) une composition colorée pour les 3 mouchettes en triskell .
Max Ingrand (1908-1969) de son vrai nom Maurice Max-Ingrand , est un maître-verrier et décorateur français, l'un des plus réputés de l'après-guerre. Après une enfance passée à Chartres, il a suivi l'enseignement de l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris où il eut pour maîtres Jacques Gruber, l'un des fondateurs de l'Ecole de Nancy, et Charles Lemaresquier. Il a réalisé les vitraux de plus de soixante sanctuaires français, et en particulier en Bretagne ceux de la cathédrale de Saint-Malo, de la basilique de Hennebont, de l'église Notre-Dame de Lamballe et de celle Dinard, de l'église Saint-Germain, de l'église de Toussaints et de la chapelle du séminaire Saint-Yves de Rennes, de l'église Saint-Melaine de Morlaix.
PLAN ET NUMÉROTATION selon les règles du Corpus vitrearum :
I. LES BAIES ANCIENNES.
1°) la baie n°3, 1956, fragments du milieu XVe.
C'est une baie rectangulaire de 80 cm sur 60 cm, dans laquelle Max Ingrand a utilisé en réemploi 8 fragments anciens provenant de la baie axiale dans une verrière colorée. Les fragments principaux comportent trois têtes d'anges à cheveux bouclés et portant des amicts (linge brodé couvrant le cou et les épaules). Les cheveux et les broderies sont rehaussées au jaune d'argent, tandis que les traits du visage sont tracés et rehaussés à la sanguine (ou, selon F. Gatouillat, une grisaille corrodée). L'ange le plus haut a été manifestement restauré (boucles, amict).
On trouve aussi dans la moitié supérieure un fragment où deux mains pincent les cordes d'une harpe, et dans la moitié inférieure un fragment de dais gothique provenant sans doute d'une tête de lancette. On découvrira aussi des éléments de drapés et de phylactères. Neuf étoiles, jaunes ou bleues, ont été ajoutées.
L'élément central, moderne, est un blason aux armes d'azur au château d'or sommé de trois tourelles de même : celles de la famille de Coatquénan.
Les Coatquénan.
"Les vicomtes de Coatquénan jouissaient de tous les droits de fondateurs dans l'église de Plouguerneau comme dans les chapelles de Saint-Quénan, de Loguivy et de N.-D. du Grouanec.
Au XVème siècle la vicomté de Coatquénan comprenait les manoirs de Measfallet, de Castel-Bihan, de Pont-an-Lez, d'An Ty-Coz, de Grouanec, possédés par Blanche de Cornouaille, épouse d'Olivier de Launay, fils d'Henri (1401), en son nom et pour sa fille Alex (1426). Sa juridiction s'étendait sur les paroisses de Plouguerneau, Tréménec'h, Kernoues, Sibiril, Kernilis et sur la terre du Pont en Plounéour-Trez. Les vicomtes de Coatquénan jouissaient de tous les droits de fondateurs dans l'église de Plouguerneau comme dans les chapelles de Saint-Quénan, de Loguivy et de N.-D. du Grouanec.
Le manoir de Coatquénan (Koad Kenan, IGN) se trouve à 500 mètres au nord-ouest de l'église.
Coatquénan passa aux Bouteville par le mariage d'Alex ou Aliette avec Jean III de Bouteville, seigneur du Faouët, chambellan du duc de Bretagne (1455), puis Jean IV de Boutteville chevalier, vicomte de Coëtquenan, cofondateur de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët et son épouse Marie de Kérimerc'h, puis à Louis de Boutteville, Yves de Boutteville. Coatquénan passe Claude de Goulaine, seigneur de Pommerieux, grâce à son union en 1559 avec Jeanne de Bouteville, fille d'Yves. " (d'après H. Pérennes complété)
C'est la raison pour laquelle on trouve, sur un pinacle du porche, les armes des Bouttevilled'argent à cinq fusées de gueules accolées et rangées en fasce, associées à des armes à un lion rampant (qui ne sont celles des de Launay, des Parcevaux, des Goulaine ou des Ploeuc). On retrouve les armes de Boutteville sur la clef de voûte du porche. [ Pol Potier de Courcy écrit "à l'extérieur , sur une console supportant la statue d'un saint ermite que nous prenons pour saint Quénan , honoré dans le voisinage , sont les armes d'Yves de Parcevaux , mort en 1588 et de Jeanne de Bouteville sa compagne , sieur et dame de Mezarnou et de Coatquénan ."]
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
L'ange figuré de face.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
La harpe jouée par les mains d'un ange musicien.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
La partie inférieure.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Visage d'ange, de trois-quart.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Visage d'ange, de trois-quart.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Trois autres fragments, dont celui d'un dais de niche.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
2°) la baie n°9 dans la sacristie, fragments d'une Crucifixion de la première moitié du XVIe siècle.
Milieu XVIe : ancienne maîtresse-vitre de Saint-Gunthiern à Langolen, aujourd'hui au Musée Départemental Breton de Quimper. Larmes. Mêmes cartons qu'à Guenguat, Guimiliau et Gouezec.
3e quart XVIe siècle (vers 1560), Quéménéven église Saint-Ouen : Attribuable à l'atelier Le Sodec . Cartons communs (Le Bihan) avec Guengat, Gouezec et Guimiliau, ou La Martyre et La Roche-Maurice (Gatouillat). Larmes de compassion (une seule femme). Pas d'inscription ni de verres gravés.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
On pourra comparer ce panneau à celui de Plogonnec : l'écriture du titulus est la même, à lettres perlées et à empattement bifide. L'écoulement du sang des poignets et du flanc est peint, à N.-D. du Grouanec, en sanguine, tout comme celui du visage, causé par la couronne d'épines. La scène, dans les deux cas, s'inscrit dans une niche.
Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, 1520) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile .
Nous pouvons comparer aussi ce panneau à celui de Guimiliau :
1550 : La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.
Mais à Grouanec, les lances et le roseau portant l'éponge sont absents, remplacés par un pan du perizonium emporté par le vent, et par un nuage.
Dans ce fragment, le visage a été moins restauré qu'ailleurs, et certes le verre est corrodé , moucheté de points noirs, mais le verre peint est par ailleurs mieux préservé.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Dans la tête de lancette a été placé un très beau visage d'ange, tout à fait dans le style des verriers [et des sculpteurs] du XVe siècle avec les cheveux soufflés en arrière par le vent, et formant des volutes.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
II. LES 11 VERRIÈRES DE MAX INGRAND (1955-1956).
Tous ces vitraux sont en verre antique (de la verrerie de Saint-Just) serti au plomb, peints à la grisaille cuite (ombres des visages, des vêtements et phylactères, lettres), encadrés par une fine bordure blanche divisée par les plombs. Les plombs ne servent pas seulement à réunir des morceaux de verre de forme justifiée par le dessin (main, pied, visage, aile) mais aussi à morceler le fond en motifs colorés géométriques où le triangle prédomine et où les couleurs vives s'affrontent. Les verres colorés (notamment des rouges et des bleus, qui prédominent) sont parfois gravés à l'acide pour rompre leur unité par des zones plus claires.
Chacune des 11 litanies est inscrite sur un phylactère présenté par un ange, tandis qu'un attribut illustre l'épithète ("Reine des Vierges" : une couronne = royauté et un lys = virginité).
Au tympan se placent des emblèmes mariaux : monograme MA et croix tréflée, , étoiles, collier de perles, fleurs de lys.
Le maître-verrier s'adapte à des formes de baies et donc à des remplages très variables.
Les verrières seront décrites dans le sens horaire à partir de l'angle nord-ouest :
1. L'Etoile du Matin(baie 13).
Baie à deux lancettes ogivales et un tympan à une rose et quatre écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
2-La Reine des Vierges(baie 11).
Baie à deux lancettes ogivales et un tympan à une rose et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
3-La Mère du Sauveur (baie 5).
Très belle baie à deux lancettes crénelées de trois indentations et un haut tympan à quatre mouchettes et un quadrilobe.
On retrouve ce remplage sur la baie 3, du XVe siècle, de la chapelle Saint-Jaoua à Plouvien, avec les mêmes lancettes et le même tympan.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
4-La Maison d'or (baie 1).
Baie à deux lancettes trilobées et un tympan à un quadrilobe.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
5-La Reine des Apôtres ; la Reine des Anges (baie 0 ou maîtresse-vitre).
Baie à quatre lancettes trilobées et un tympan à une grande rosace et six autres ajours dont quatre mouchettes.
La très belle rosace comporte un polylobe au monogramme marial au centre, puis un cercle de 8 mouchettes à fleurs de lys, puis un cercle extérieur de 16 mouchettes et 15 écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
6-La Porte du Ciel (baie 2).
Baie à trois lancettes lancéolées et un tympan à quatre mouchettes, un soufflet et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
7-Le Trône de la Sagesse (baie 4).
Baie à trois lancettes trilobées et un tympan à quatre mouchettes et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
8-La Tour de David (baie 6).
Baie à trois lancettes trilobées et un tympan à quatre mouchettes, un soufflet et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
9-Le Miroir de Justice (baie 8).
Baie à trois lancettes trilobées et un tympan à quatre mouchettes, un soufflet et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
10.Oculus à composition colorée organisé en 3 mouchettes en triskell (baie 10) .
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
11-Le Vase spirituel (baie 102 au dessus de la porte ouest).
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—CASTEL (Yves - Pascal ): Plouguerneau . L'enclos du Grouanec . Non consulté.
—CASTEL (Marcel), s.d, L'enclos paroissial du Grouaneg-Eglise Notre-Dame. Dépliant de présentation.
— COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988, « Plouguerneau », Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
PAROISSE DU GROUANEC Paroisse érigée par l'ordonnance épiscopale du 11 novembre 1949.
EGLISE NOTRE-DAME (I.S.)
L'édifice, en forme de tau irrégulier, comporte une nef étroite et un choeur séparés par un arc diaphragme en tiers-point ; le choeur communique, au sud, par deux arcades, avec une chapelle en aile et, au nord, par trois arcades, avec une chapelle également en aile. Il date de plusieurs époques : la longère nord paraît remonter en partie au XIIIè siècle, la belle rose rayonnante du chevet à la fin du XIVè siècle ou au début du XVè siècle, la chapelle sud à la fin du XVè siècle ; la chapelle nord a été reconstruite en 1954 par l'architecte Péron, elle a gardé deux fenêtres flamboyantes. Une pierre, avec fleuron, porte l'inscription : " LAN MIL VcIII. I. NOUEL. "
Porche sud : arcade extérieure en tiers-point sous une accolade reposant sur des culots ; pinacles et crossettes au bas des rampants, voûte sur croisée d'ogives ; au flanc ouest, ossuaire d'attache. La nef est lambrissée en berceau brisé sur entraits. Dans la chapelle sud, un entrait engoulé et des sablières sculptées représentant les vices, en particulier l'ivrognerie. Les arcades en tiers-point des ailes, au nord, reposent sur les chapiteaux des piliers octogonaux et, au sud, pénètrent directement dans les piliers cylindriques.
Mobilier
Maître-autel en kersanton, table monolithe avec cinq croix de consécration sur un massif à décor d'arcatures trilobées.
Statues
- en pierre polychrome : Vierge Mère dite Notre Dame du Grouanec, la Vierge tenant une pomme, l'Enfant un livre ; Pietà ; saint Eloi en évêque
- en kersanton : Vierge Mère mutilée, saint Matthieu Ev. (pignon), saint Fiacre (porte aile sud) ;
- en bois polychrome : Christ en croix, Immaculée conception, saint Joseph, deux Anges thuriféraires, saint Sébastien, saint Roch, sainte Catherine d'Alexandrie, saint Antoine ermite, sainte non identifiée ; - en bois : sainte Thérèse de Lisieux.
Sur la porte en bois du porche, bas-relief de la Vierge à l'Enfant, " N. D. DU GROUANEC. "
Vitraux de Max Ingrand : Litanies de la Vierge avec anges à banderoles (1956).
Dans une petite fenêtre de l'aile nord, débris de vitrail représentant une Crucifixion, autrefois dans la fenêtre d'axe. On y voyait encore à la fin du XIXè siècle les portraits des donateurs, Jean Le Nobletz et Isabeau de Kerourfil.
Peintures sur le lambris de voûte du choeur : saint Pierre et saint Paul Apôtres, inscriptions au bas des deux panneaux.
Orfèvrerie : ciboire en argent, la coupe, postérieure, est montée sur un pied de calice portant l'inscription : " CALISSE. A. LA. CHAPELLE. DV. BIEN. HEVREV. NOBLES. EN. TREMENAC. 1785. "
* Dans l'enclos, fontaine de dévotion de 1604, dite Feunteun ar Gwelleat (Fontaine de la Guérison), statue de la Vierge Mère sous la voûte ; croix de granit monolithe, 1761 sur le socle. Devant l'entrée de l'enclos, menhir tronqué surmonté d'une croix, mentionné dans la Vie de saint Paul Aurélien.
—FAUJOUR (Marc) Plouguerneau, chapelle Notre-Dame du Traon,
Les ornements sculptés à type de femmes-serpents ne sont pas rares dans les églises et chapelles bretonnes. Hiroko Amemiya qui leur a consacré sa thèse, dénombre 10 exemples de femmes-serpents, dont 9 en Finistère et un en Morbihan. On les distinguera des femmes-poissons (sirènes).
1. église Saint-Idunet à Trégourez, granite,1687. Moyen-relief du mur d'enceinte.
2. Le Juch, granite XVIIe. Ornement aen haut-relief du faîte du chevet
3. église Notre-Dame , Bodilis, porche sud, granite, 1564-1570? Console d'une niche du porche
4. église Notre-Dame de Brasparts, porche sud, granite, 1592. Console d'une niche d'apôtre.
5. église Saint-Edern à Lannedern, crossette de l'ossuaire, 1662.
6. église de la Sainte-Trinité de Lennon, 2 crossettes du porche sud, XVIe siècle
7. chapelle Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou, porche ouest, granite, 1516. Cul de lampe sous une niche.
8. église Saint-Suliau à Sizun, crossette de l'ossuaire, kersanton.
9. église Saint-Suliau à Sizun, ornement d'une frise du chevet, granite.
In H. Amémiya.
L'église de la Sainte-Trinité de Lennon présente deux femme-serpents symétriques, qui ont fonction de crossettes à la base du rampant du pignon du porche sud. Elles sont sculptées en moyen-relief. Leur datation est difficile, car l'église a été totalement reconstruite en 1862 en style néogothique par Joseph Bigot, à l'exception des baies de la façade ouest, du porche sud (16e-17e siècles) et de la tour-clocher occidentale (1772, Joseph Gautron et Malegol commanditaires).
Plus précisément Gwénael Fauchille indique pour le porche sud "le réemploi d'éléments du XVIe siècle comme la porte intérieure en anse de panier à accolade flamboyante et niches à coquilles séparées par des pilastres".
Mais la présence sous le porche de 12 statues d'apôtres du XIXe siècle qui sont des pastiches de statues anciennes inciterait à la prudence.
D'autant que les deux femme-serpents de Lennon, identiques mais en miroir, ressemblent à leur homologue du porche sud de l'église Saint-Idunet, datée par sa présence au dessus d'une inscription de 1687. Et que le bloc de leucogranite, taillé en biseau à angle franc, ne présente pas d'usure.
illustration Fauchille Gwénaël
Vue générale du porche.
Porche de l'église de Lennon. Photo lavieb-aile 2025.
Porche de l'église de Lennon. Photo lavieb-aile 2025.
La femme-serpent du côté ouest.
Elle a un visage en ovale bilobé par des pommettes soulignées, une longue chevelure en deux nattes épaisses et striées éloignées de la tête et encadrant les épaules. Les seins volumineux occupent tout le thorax. La partie inférieure a la forme d'un abdomen globuleux se prolongeant par une queue qui s'enroule en une boucle. Cette queue s'achève par une dilatation en forme de trèfle.
Femme-serpent du côté ouest, porche de l'église de Lennon. Photo lavieb-aile 2025.
Femme-serpent du côté ouest, porche de l'église de Lennon. Photo lavieb-aile 2025.
Femme-serpent du côté ouest, porche de l'église de Lennon. Photo lavieb-aile 2025.
La femme-serpent du côté est.
Elle est très proche de sa jumelle, mais on peut remarquer en l'inversant sur un montage que sa tête est inclinée vers le haut, ses nattes ne sont pas strièes, la limite des cheveux sur le front est soulignée, la boucle de la queue est moins fermée.
Montage des deux femmes-poissons. Photo lavieb-aile.
Femme-serpent du côté est, porche de l'église de Lennon. Photo lavieb-aile 2025.
Femme-serpent du côté est, porche de l'église de Lennon. Photo lavieb-aile 2025.
Comparaison avec les femme-serpents de Trégourez puis de Lannédern.
Porche de Trégourez. Photo lavieb-aile.
Ossuaire de Lannédern. Photo lavieb-aile.
SOURCES ET LIENS.
— AMEMIYA (Hiroko) 2005, Vierge ou démone, exemple dans la statuaire bretonne, Keltia éditeur, Spézet. 269 p. page 183, 2 illustrations. Version remaniée de la thèse de 1996.
— AMEMIYA (Hiroko) 1996, Figures maritimes de la déesse-mère, études comparées des traditions populaires japonaises et bretonnes thèse de doctorat d'études littéraires, histoire du texte et de l'image Paris 7 1996 sous la direction de Bernadette Bricout et de Jacqueline Pigeot. 703 pages Thèse n° 1996PA070129
https://theses.fr/1996PA070129
Résumé : Le thème principal de cette étude est de voir quel rôle la femme non-humaine - et notamment la femme qui appartient au monde maritime - a joué au japon et en Bretagne, à travers les récits relatifs à l'épouse surnaturelle. Pour la Bretagne, les recherches s'étendent également sur l'iconographie religieuse représentant l'être semi-humain telles la sirène et la femme-serpent. La région conserve dans ses chapelles de nombreuses statues des xvie et xviie siècles figurant ce type faites par des artisans locaux. L'imagination populaire s'épanouit ainsi dans la femme non-humaine de deux façons en Bretagne : dans l'expression orale et dans l'expression plastique ce qui nous offre une occasion inestimable d'étudier leur compatibilité dans leur contexte socioculturel. Les récits qui traitent le thème du mariage entre l'être humain et l'être non-humain révèlent la conception de l'univers d'une société. L'autre monde ou les êtres de l'autre monde sont en effet une notion fonctionnelle qui permet a la société de maintenir l'ordre interne par une intervention externe fictive : la suprématie du fondateur du japon s'explique par la transmission d'une puissance surnaturelle par sa mère du royaume maritime, alors qu'en bretagne, la destruction de la cite légendaire d'Is est causée par une fille maudite née d'une fée. Le premier volume de cette étude est composé de trois parties : i. L'autre monde dans la tradition populaire au japon, ii. Récits relatifs au mariage au Japon et en Bretagne, iii. Iconographie d'une femme semi-humaine. Le deuxième volume est un inventaire des différents types de représentation semi-humaine en bretagne.
— CHAUSSY (Dom Yves), 1953, Une paroisse bretonne. Lennon. Editions Guillet, Quimper. Réed. Breizh diffusion Spezet
— COUFFON (René), 1988, Alfred Le Bars, 1988, Notice sur Lennon extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988.
À quelques kilomètres en amont de Lannion, la chapelle Notre-Dame de Kerfons ou plutôt "Kerfaouès" ("le lieu planté de hêtres") a été fondée sur les terres de l'ancien fief de Coatfrec dont les ruines du château homonyme se dressent plus au nord sur la rive occidentale du Léguer. Cette chapelle rurale étonne par la mise en œuvre de deux langages architecturaux : le Gothique flamboyant de la nef et de la chapelle nord - visible à l'intérieur dans les arcades, vraisemblablement datable du début du 15e siècle, une deuxième campagne de travaux vers 1450 (élévations ouest et sud), une troisième campagne dans le dernier quart du 15e siècle (fenêtre sud ornée de pampres) et la première Renaissance bretonne visible dans le bras sud (chapelle dédiée à saint Yves) datée des années 1553-1559.
Bâtie pour la puissante famille de Goulaine, la chapelle de Kerfons illustre dans la pierre un vocabulaire décoratif d’avant-garde : porte en plein cintre encadrée de colonnes surmontée d’un fronton triangulaire, modernité et simplicité du dessin des fenestrages, contreforts en forme de tourelle, niches à statues ou original campanile carré flanqué de quatre personnages. La chapelle de Kerfons est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1910.
Les gouverneurs étaient responsables de l’entretien et de la réparation des chapelles. A Kerfons, la chapelle dédiée à Notre-Dame était gérée par un gouverneur unique au cours d'un mandat d'un an non renouvelable. C'était un poste très convoité par les notables de Ploubezre. En 1686, c'était Pierre Merrien (cf. infra) qui occupait ce poste.Selon Christian Kermoal, les dénommés Fiacre Le Bihan et Rolland de Trongoff, tous deux gouverneurs, ont organisé le chantier de construction de l'aile sud à partir de 1553 : "ils emploient des carriers, des tailleurs de pierre, des forgerons, des vitriers et des peintres. Ils mettent en place un important charroi et fournissent la nourriture des gens et des bêtes" Selon le même auteur, en 1712, les gouverneurs jouent un rôle de conseil auprès des syndics et marguilliers de la paroisse, qui regroupe six chapelles. Les syndics (deux hommes/an) gère les affaires civiles, et le marguilliers (deux hommes/an) les biens religieux.
I. LA CHAIRE À PRÊCHER (Bois polychrome, Jean Briand 1681).
Œuvre classée le 29/03/1983, Base Palissy PM22001700.
La chaire est fixée dans le chœur contre un pilier sud, immédiatement après le jubé. Issue de la volonté de la Contre-Réforme de valoriser la prédication, c'est une chaire suspendue à dorsal, abat-voix et culot polygonal dont les quatre petits panneaux de la cuve porte, dans des cartouches verts, les monogrammes IHS et MRA (Maria, ou Maria Regina Angelorum) puis les noms IOSEF ert ANNA, accompagnés de la date de 1681. On accède à la chaire par un escalier d'une seule volée aux flmancs ornées de trois panneaux sans ornementation. L'ensemble est décoré sobrement de panneaux peints en jaune (décor en faux-bois, ou marbre feint), avec quatre pots à feu et quatre macarons.
On l'attribue au menuisier Briand, qui a indiqué son nom sur le retable du maître-autel. L'inscription "I. BRIAND" est lue comme "Yves Briand" par Geneviève Le Louarn, qui lui attribue également de deux confessionnaux et de la clôture de chœur. Les généalogistes mentionnent un Yves Briand, né à Ploubezre en 1643 et marié en 1673 avec Catherine Primot.
Mais on peut aussi lire "Jean Briand", ce qui serait plus cohérent avec cette donnée , précisant que les comptes des années 1675-1676 de la confrérie du Luminaire de la paroisse de Ploubezre révèlent la dépense de « 85 livres payées à Jean Briand me menuisier pour avoir fait un retable et de mettre un tableau de saint Yves et marche pied ». Le tableau fut doré pour 15 livres réglé par la confrérie par Yves Le Gouliez, maître doreur, suivant une quittance en date du 18 juin 1676.
Les généalogistes mentionnent bien un Jean Briand, "honorables gens" , baptisé le 13 mars 1644 à Ploubezre, décédé le 11 avril 1716 à Ploubezre, marié avant 1671 avec Marguerite Berezay, Honorables gens , et qui est qualifié de "Maitre" sur l'acte de mariage de sa fille Marguerite en 1706.
Jérôme Lafeuille confirme qu'il faut attribuer cette chaire à Yann Briand, et m'adresse un relevé des apparitions de son nom dans les comptes paroissiaux : voir Annexe.
Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
II. LE MAÎTRE-AUTEL (Bois polychrome, Jean Briand v.1686).
"Le maître-autel en granite est surmonté d'un retable daté de 1686, que l'on [qui ? rapproche d'ouvrages similaires de la même époque en Bavière ; il apparaît comme un assemblage de multiples éléments, tous sculptés avec une minutie et une variété exceptionnelles. Il montre aussi qu'à l'époque, la Bretagne est une plaque tournante du commerce maritime européen, et que les richesses artistiques et les artistes eux-mêmes circulent par les mêmes voies.
Ce retable baroque a été vandalisé par des pillards fin 2008. Leur arrestation rapide a permis de récupérer la plupart des éléments dérobés, et l'ensemble a fait l'objet d'une restauration importante en 2012, y compris la copie d'éléments manquants."
Il a été entièrement restauré en 2010, pour la menuiserie par l'Atelier de l'Arbre aux quarante écus de Muzillac, et pour la peinture par l'Atelier Régional de Restauration de Bignan (madame Champagnac et madame Pris), sous la direction de la DRAC.
Coût et commande :
À titre d'exemple, à Ploubezre, le retable du Rosaire a coûté 300 livres en 1679, soit cinq années de revenus de la confrérie. En 1712, un retable de l'église est confié à Michel Guérin, sculpteur peintre et doreur, pour 1200 livres (C. Kermoal)
Ses niches latérales ornées de colonnettes abritent des statues du Christ Sauveur du Monde et de la Vierge de l'Annonciation. Le style Renaissance qui avait été introduit à Ploubezre par Marquise de Goulaine en 1559 sur le campanile de Kerfons se poursuit ici avec les colonnes cannelées et les supports anthropomorphes, ou les guirlandes de fruits-légumes suspendues à des rubans. Comme sur la chaire à prêcher, on trouve ici les monogrammes IHS du Christ et MRA de Marie. Les chérubins et angelots abondent. Dieu-le-Père et un soleil dominent le tabernacle.
Le jaune de la chaire, et les panneaux en marbre feint, se retrouvent également.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
III. LE RETABLE DE LA VIERGE TERRASSANT LA DÉMONE.
Ce retable nous permet de poursuivre notre découverte du talent de Jean Briand et d'en connaître la date d'exécution, mais aussi d'enrichir l'iconographie de ces "Vierges à la Démone" bretonne. Hiroko Amemiya, qui leur a consacré sa thèse et un ouvrage, distingue bien celle-ci des Vierges terrassant soit des sirènes, soit des dragons : une "Démone", selon la dénomination du Dr Le Thomas, est une représentation semi-humaine, avec un visage, une chevelure et un buste féminin, et une queue serpentiforme.
Elle en recense pas moins de 69 exemples en Bretagne, dont 28 en Finistère, 11 en Côtes d'Armor, 11 en Morbihan et 3 en Ille-et-Vilaine.
Elles symbolisent la victoire de la Vierge, par son enfantement d'un Rédempteur, sur le Mal ou le Péché originel introduit par Ève lors de l'épisode de la pomme. Le thème établit des rapports avec le culte de l'Immaculée-Conception (est sa figure de la Vierge de l'Apocalypse les pieds posés sur un croissant), et avec le thème iconographique des Arbres de Jessé.
La composition est placée, sous une coquille , dans une niche jaune et verte au soubassemment et aux colonnes de marbre feint, sous des guirlandes de fruits.
La Vierge est vêtue d'un manteau bleu dont le pan droit vient étager des plis-rideaux frontaux. La robe associe un bustier doré et lisse et une jupe plissée blanche. Les joues de son visage sont rehaussées de taches rouges. Ses cheveux dorées, qui retombent sur ses épaules, sont retenues par ce voile postérieur si souvent retrouvé en Bretagne aux XVI et XVIIe siècle et que j'ai nommé "bandeau rétro-occipital" à défaut d'autre nom.
La Vierge offre une fleur dorée à son Fils, qu'elle tient assis sur son bras gauche. Les joues de celui-ci sont également rehaussées de rouge, il porte une longue tunique blanche et il pose tendrement la main droite sur la poitrine de sa Mère.
La Démone est couchée sur le ventre au dessous du croissant, tête à droite. Son buste redressé prend appui sur le coude droit et sur la main gauche, laquelle est posée sur une demi-sphère rouge aplatie difficile à qualifier. Le visage rond aux joues rehaussées de rouge tourne vers nous des yeux ronds et noirs aux sourcils épilés. Deux cornes émergent de sa tête largement épilée. La main droite, humaine (ailleurs, elle peut être bestialisée en patte de batracien, ou griffue), tient une pomme dorée qui cache son sein droit.Tout le buste est nu, le bas du corps est peint en vert à écailles marquées et s'achève par une queue de serpent qui s'élève, rebelle et verticale, le long de la cuisse de Marie.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Deux médaillons ovales dorés portent une inscription, qui sera complétée par les inscriptions du retable de droite..
Le premier, à gauche, porte le texte suivant aux mots séparés par de gros points en losange:
Le recteur Georges Rivoallan est attesté par les actes de baptême, souvent comme parrain, de 1681 jusqu'en 1687 au moins, et sur des actes de mariage, avec le titre de messire, en 1683. En 1712, le successeur est Vénérable et Discret Messire Marc Chrétien, À cette époque, les cures les plus riches sont attribuées à des famolle de la noblesse.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
III. LE RETABLE D'UN SAINT ÉVÊQUE (J. Briand 1686).
Une niche symétrique et strictement similaire est placée à droite de l'autel, en dessus d'un sacraire de style gothique flamboyant. En remplacement d'une représentation du Baptême du Christ, elle abrite un saint évêque mitré, en chape, qui a perdu sa crosse et que nous ne pouvons identifier.
Ploubezre, chapelle de Kerfons : vue intérieure, statue d'évêque
On peut lire l'inscription suivante : "G[OUVERNEU]R HO[NORABLE] HO[MME] PIERRE MER[R]IEN F[AIT] P[AR] I[VES] BRIAND"
Donc, le gouverneur est un notable, Pierre Merrien, et la signature par Jean Briand (je conteste la lecture I.=Yves pour I = Ian ) est répétée, comme sur la chaire
Il est signalé sur Geneanet un seul Pierre Merrien, et il est né en 1656. il a donc ici 30 ans. Il est agriculteur, et a épousé le 12 février 1676 Marguerite Le HOUEROU, d'où 8 enfants. Il est dit "lieutenant de Ploubezre". Sa femme épousera ensuite Nicolas Merrien. Elle est la sœur de Charles HE HOUEROU (1663-1736),
Parmi les huit membres de la paroisse chargés de surveiller la commande d'un retable pour l'église de Ploubezre en 1712, on trouve outre le recteur deux notaires et trois nobles, deux paysans dont Pierre Merrien. (C. Kermoal). Quand à son beau-frère Charles Le HUEROU, il figure, avec le recteur et un notaire, parmi les membres de la commission de vérification des comptes.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.
ANNEXE :
Quelques extraits d'archives relevés par Jérôme Lafeuille (com. pers.) mentionnant le nom de Yan Briand dans les comptes manuscrits de l'époque.
On y lit que c'est lui qui a réalisé en effet la chaire à prêcher, mais aussi le retable de la chapelle de la Vierge (actuellement démonté, à restaurer), les 2 niches de part et d'autre du grand autel, 2 confessionnaux aujourd'hui disparus, ainsi que la balustre et le marchepied, ainsi que divers travaux de menuiserie (fenestrons dans la chapelle et à côté). etc
EXTRAITS DES COMPTES DE LA CHAPELLE DE KERFONS (AD 22 / 20 G 901)
Comptes 1674-1675
Retable de l’autel « de la Visitation »
Comme aussi fait voir ledit comptable un acte de marché entre luy et Ian Briand menuisier étant daté
du vingt-sixième septembre mil-six-cent-septante-quatre portant la construction d’un retable fait sur
l’autel de la Visitation du côté de l’Evangille en ladite chapelle de Nostre-Dame de Kerfaouez pour la
somme de nonante livres (…)
De plus fait voir ledit comptable une quittance générale par luy obtenue du Sieur Briand pour avoir
accomply ledit acte demandé portant la somme de quatre-vingt-dix livres et comme aussi celle de
huit livres quinze sols pour (…) travail dans ladite chapelle qui estait nécessaire, faisant en tout
quatre-vingt-dix-huit livres quinze sols, ladite quittance date du premier juin présent an 1675 signé G.
Alain recteur dudit Ploubezre et Ian Briand, et P. Gourbreire Notaire soit…………………………98£ 15 S.
Suite : 3 fenestrons
De plus requiert ledit comptable allouons descharge de la somme de neuf livres qu’il a payé audit
Briand pour avoir fait (…) trois fenestrons pour la maison où demeure ledit Couturier ( ?) suivant
quittance datée du troisième febvrier Mil-six-cent septante-cinq, soit ……….9£
Comptes 1675-1676
Tableau de Notre-Dame …
Davantage .. ledit comptable avoir allocation de décharge de la somme de cinquante quatre livres
suivant quittance datée du dix neuvième juillet mil six cent septante six. Signé Charles Simon.
Vu que c’est un tableau de Notre Dame que Simon, peintre de Tréguier a fourny à ladite
chapelle, alloué vu la quittance cinquante quatre livres 54 £.
Comptes 1679-1680
Retable de l’église paroissiale
Ledit comptable a payé pour aider au marché du retable du Saint Rosaire érigé en l’église paroissiale
dudit Ploubezre la somme de Soixante livres comme il faict voir par acte prosnal consenti par le
général (?) de ladite paroisse en date du troisième de novembre dernier dont il demande décharge et
allocquation de la somme s’il plaît à Monsieur le commissaire, soit….. 60 £
Chaire
Davantage ledit comptable a payé à Ian Briand Maître Menuisier la somme de soixante livres pour avoir
fait une chese (=chaire) en ladite chapelle de Kerfauoez suivant quittance du cinquième avril mil six
cent quatre-vingt-un Signé Ian Briand Le tout fait par l’advis dudit Recteur de ladite paroisse et le
général d’icelle dont il demande pareillement allocquation, soit 60 £
Comptes 1680-1681
Confessionnaux
Plus, il aurait à payer à Ian Briand maître menuisier la somme de vingt-sept livres (…) pour avoir fait
deux confessionnaux dans ladite chapelle comme il constate (?) par quittance dudit Briand du vingt-
cinquième 7-embre mil-six-cent quatre-vingt -deux de luy signé de laquelle somme il demande
décharge.
Dorure du retable de St Yves
Ledit comptable aurait encore payé à Yves Le Goulliez maître doreur de la ville de Lannion la somme
de septante-et deux livres pour le marché d’étoffer et dorer ledit retable de Saint Yves et
l’anontiation (?) dans ladite chapelle de Kerfaouez fait par l’advis du Sieur Recteur de la paroisse
suivant acte passé avec ledit Le Goulliez le vingt et neuvième juillet.
Comptes 1684-1685
Marché des niches
Suivant acte du vingt-troisième novembre mil six cent quatre-vigt-cinq ledit comptable aurait par
l’advis du Sieur Recteur de la paroisse de Ploubezre et autres particuliers d’icelle paroisse fait marché
avec Ian Briand Me menuisier et sculpteur .. dudit Ploubezre pour faire deux niches dans ladite
chapelle de Kerfaouez pour mettre aux deux boults du grand autel d’icelle pour la Somme de trente-
cinq livres dix sous comme il est rapporté dans l’acte du marché
… aurait payé audit Briand à valoir la somme de 35 livres et dix sous …
D’avantage Il a payé à Ian Briand M e menuisier et sculpteur dudit Ploubezre la somme de soixante et
une Livres dix sous pour le (parfayre ?) du marché que François Le Gordot ( ??) (a présenté ??) ladite
descharge audit faict avecq ledit Briand de faire deux niches en ladite chapelle comme on doit par
acte du 23 ème février 1685 pour la somme de soixante-une livres dix sous, (…)
Dorure des 2 niches
Ledit (… …) aurait par acte du quatorzième juillet dernier ( ?) faict marché par l’advis dudit Recteur et
autres desnommés de ladite paroisse avecq Bertrand Bayr Maître doreur de la Ville de Lannion de
dorer et étoffer les deux niches estant faictes (….) au deux boults du Grand autel d’icelle chapelle
pour et en (… …) de la somme de cent trente livres, (…)
Balustre du marchepied du maître-autel
Le comptable aurait payé encore audit Ian Briand (…) pour le nombre de soixante livres, journées
qu’il aurait faictes de travail pour faire une balustre de nouveau qu’il a fait faire à l’autour du
marchepied du grand autel de ladite chapelle (à) la place de ceux qui estaient du précédent lesquels
étaient trop courts la Somme de Soixante et onze livres neufs sous …. Vingt-cinq avril 1686
SOURCES ET LIENS.
— AMEMIYA (Hiroko) 2005, Vierge ou démone, exemple dans la statuaire bretonne, Keltia éditeur, Spézet. 269 p. page 176. Version remaniée de la thèse de 1996.
— AMEMIYA (Hiroko) 1996, Figures maritimes de la déesse-mère, études comparées des traditions populaires japonaises et bretonnes thèse de doctorat d'études littéraires, histoire du texte et de l'image Paris 7 1996 sous la direction de Bernadette Bricout et de Jacqueline Pigeot. 703 pages Thèse n° 1996PA070129
Résumé : Le thème principal de cette étude est de voir quel rôle la femme non-humaine - et notamment la femme qui appartient au monde maritime - a joué au japon et en Bretagne, à travers les récits relatifs à l'épouse surnaturelle. Pour la Bretagne, les recherches s'étendent également sur l'iconographie religieuse représentant l'être semi-humain telles la sirène et la femme-serpent. La région conserve dans ses chapelles de nombreuses statues des xvie et xviie siècles figurant ce type faites par des artisans locaux. L'imagination populaire s'épanouit ainsi dans la femme non-humaine de deux façons en Bretagne : dans l'expression orale et dans l'expression plastique ce qui nous offre une occasion inestimable d'étudier leur compatibilité dans leur contexte socioculturel. Les récits qui traitent le thème du mariage entre l'être humain et l'être non-humain révèlent la conception de l'univers d'une société. L'autre monde ou les êtres de l'autre monde sont en effet une notion fonctionnelle qui permet a la société de maintenir l'ordre interne par une intervention externe fictive : la suprématie du fondateur du japon s'explique par la transmission d'une puissance surnaturelle par sa mère du royaume maritime, alors qu'en bretagne, la destruction de la cite légendaire d'Is est causée par une fille maudite née d'une fée. Le premier volume de cette étude est composé de trois parties : i. L'autre monde dans la tradition populaire au japon, ii. Récits relatifs au mariage au Japon et en Bretagne, iii. Iconographie d'une femme semi-humaine. Le deuxième volume est un inventaire des différents types de représentation semi-humaine en bretagne.
—COUFFON, René, 1939, « Répertoire des églises et chapelles de Saint-Brieuc et Tréguier. Second fascicule », Société d’émulation des Côtes-du-Nord. Bulletins et mémoires, 71, 1939, p. 141.
— KERMOAL Christian), 2024, Christian Kermoal, Notre-Dame de Kerfons. Essai d’histoire monumentale, Pabu, À l’ombre des mots, 2023, 412 p.
Isabelle Guégan, « Christian Kermoal, Notre-Dame de Kerfons. Essai d’histoire monumentale, Pabu, À l’ombre des mots, 2023, 412 p. », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 131-3 | 2024, 235-238.
https://journals.openedition.org/abpo/9618
— KERMOAL Christian), ,1886 Les notables de Ploubezre de la fin du XVe au XVIIIe siècle
— LE LOUARN, Geneviève. 1983 "La chapelle Notre-Dame de Kerfons". Rennes, Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, t. 60, 1983, p. 301-305.
— LE THOMAS (Louis), 1961 "Les Démones bretonnes, iconographie comparée et étude critique", Bulletin de la société Archéologique du Finistère t. 87 p. 175-175.
S'il subsiste encore une douzaine de jubés en bois en Bretagne, celui de la chapelle Notre-Dame de Kerfons à Ploubezre est sans doute l’un des plus remarquables dans le travail du bois ajouré et de la polychromie. Ce jubé de style gothique flamboyant a été réalisé dans les années 1493-1495 puis, recoupé et déplacé, probablement dans la seconde moitié du 16e siècle ou au début du 17e siècle, pour s’adapter aux transformations de la chapelle.
Pour Jérôme Lafeuille et Christian Kermoal (voir bibliographie), "si le maître de Kerfons n’est pas un étranger - Florence Piat évoque le Breton Jean Jouhaff dans sa thèse - le jubé de Notre-Dame de Kerfons témoignerait de la présence d’une culture savante et francophone dans le diocèse de Tréguier à la fin du Moyen Âge et, grâce à la sculpture religieuse, de sa diffusion au plus profond des campagnes bretonnes".
Selon Jérôme Lafeuille et Christian Kermoal, son décor s’inspirerait d’une illustration du Calendrier des Bergers, ouvrage populaire de référence publié en 1493. Le jubé porte le message théologique suivant : la proclamation de la foi par les apôtres et l’annonce de la Résurrection du Christ par Marie-Madeleine.
Selon des observations in situ, il apparaît que le jubé a été recoupé et déplacé depuis un emplacement d’origine plus proche du chœur et plus large (vraisemblablement dans la seconde moitié du 16e siècle ou au début du 17e siècle ?). Par comparaison iconographique, il manquerait aujourd’hui à la composition du jubé de Kerfons, le Christ de la Passion et le Christ en majesté "de façon à constituer avec le Christ ressuscité un triptyque symbolisant la rédemption opérée par la mort et la Résurrection du Christ embrassant les douze apôtres " (Jérôme Lafeuille, 2019).
Le jubé sépare la nef du chœur et sert de support à une tribune.Il mesure 6 m. de long et 4,60 m de large.
Il est en bois, sculpté et peint, de style gothique flamboyant composé d'une clôture à cinq arcatures ajourées en arc brisé, séparées par des colonnes torsadées. L’arcature centrale s’ouvre par une porte à claire-voie. La clôture supporte une tribune en encorbellement, accessible par un petit escalier en vis encore doté de sa porte.
Quinze niches abritent des bas-reliefs en bois polychromes qui représentent de gauche à droite : sainte Barbe, les douze apôtres avec les instruments de leur martyre (Pierre, André, Jacques le Majeur, Jean, Thomas, Jacques le mineur, Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude, Matthias), sainte Marie-Madeleine et le Christ ressuscité (placé à l’extrême droite). Au-dessus de la tribune, se dressent les statues de la Vierge et de l’apôtre Jean, entre lesquelles se trouvait à l’origine une statue du Christ en croix.
Classé Monument historique dès 1899, le jubé a été restauré de 1978 à 1979."
Ce jubé ayant été parfaitement étudié et décrit par Jérôme Lafeuille et Christian Moal, le but de cet article est de fournir mes clichés aux internautes, et de venir compléter, dans ce blog, mes séries sur les jubés bretons, et sur les Credo apostoliques :
I. LE CÔTÉ VISIBLE DEPUIS LA NEF (face occidentale).
A. LA TRIBUNE ET SES QUINZE PANNEAUX.
On y trouve, comme à La Roche-Maurice, Lambader, N.D de Berven, ou Saint-Nicolas en Priziac, les 12 apôtres, dans l'ordre des Credo apostoliques, mais associés de chaque côté à deux saintes, sainte Barbe et sainte Marie-Madeleine, et à l'extrême droite, au Christ ressuscité :
1. Sainte Barbe
2. Saint Pierre
3 Saint André
4. Saint Jacques
5. Saint Jean
6. Saint Thomas
7. Saint Jacques le Mineur
8. Saint Philippe,
9. Saint Barthélémy,
10. Saint Matthieu.
11. Saint Simon.
12. Saint Jude.
13. Saint Mathias
14. Sainte Marie-Madeleine.
15. Le Christ ressuscité.
L'identification des apôtres se fait, lorsque leur nom n'est pas indiqué d'après leur attribut, ou par leur rang (fixé par le Credo apostolique"), ou par le texte de ce Credo lorsque les apôtres présentent leur article sur un phylactère, ce qui n'est pas le cas ici. (L'absence de ces phylactères pourrait penser que nous n'avons pas affaire à un Credo). Il pourrait s'agir de la présentation des saints personnages auxquels le Christ est apparu après sa résurrection : les Apôtres, et Marie-Madeleine. Sainte Barbe serait alors l'intruse.
Quoiqu'il en soit, les douze apôtres s'identifient, comme l'a montré Jérôme Lafeuille, par les illustrations du Credo des Apôtres du Calendrier des bergers de 1493, édité par G. Marchant à Paris (première édition en 1491).
On peut penser que le commanditaire a remis au sculpteur cet imprimé ( ou une copie) et que l'artisan a suivi ce modèle, avec de légères difficultés d'interprétation pour Jacques le Mineur ou Philippe par exemple.
Le Calendrier des bergers de 1493.
Le Calendrier des bergers de 1493.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
1. Sainte Barbe , sa tour, son livre, sa palme du martyr .
Sainte Barbe est très largement invoquée à la fois par les fidèles dans leurs oraisons privées — dans les livres d'Heures — pour prévenir les dangers de la mort brutale, et dans les édifices pour les protéger de la foudre. Sa présence n'est pas surprenante. On la trouve sur la tribune de La Roche-Maurice, avec les mêmes trois attributs.
Son front est ceint d'un diadème, ses cheveux noirs retombent en nattes jusqu'à sa taille ; elle désigne son livre d'un index décidé, sans doute pour affirmer sa foi dans le dogme de la Trinité.
Tribune de La Roche-Maurice (v.1560)
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
2. Saint Pierre et sa clef.
Calendrier des bergers 1493
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
3. Saint André et sa croix en X .
St André, Calendrier des bergers 1493.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
4. Saint Jacques le Majeur en tenue de pèlerin.
Chapeau à large bord timbré d'une coquille Saint-Jacques, pèlerine, bourdon et besace.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
5. Saint Jean bénissant la coupe pour en neutraliser le poison (signalé par un serpent) .
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
6. Saint Thomas et sa lance.
Calendrier des bergers 1493
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
7. Saint Jacques le Mineur avec un "bâton de foulon" en crosse.
Jacques le Mineur tient habituellement un "bâton de foulon", dont l'extrémité dilatée en club est tournée vers le bas. Mais ici, au bout d'un bâton à écot, c'est l'extrémité supérieure qui se recourbe comme une crosse végétale, presque épiscopale. C'est inhabituel, mais insuffisant pour nous tromper : soyons indulgents.
Le calendrier des bergers 1493
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
8. Saint Philippe et sa croix .
Au lieu d'une croix à traverse orthogonale, notre sculpteur, un peu gêné par le format dont il dispose, a créé une croix en T de traviole. Heureusement, il suit l'ordre du Calendrier, et finalement, son écart du modèle est minime. Notez par exemple l'index placé sur le bois de la croix.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
9. Saint Barthélémy et son coutelas de dépeçage.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
10. Saint Matthieu et sa hache.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
11. Saint Simon et sa croix à longue hampe.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
12. Saint Jude et sa scie.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
13. Saint Mathias et sa hallebarde.
St Mathias, Calendrier des bergers 1493.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
14. Sainte Marie-Madeleine et son pot d'onguent.
Elle s'identifie à son pot d'onguent, ou d'aromates destinés à l'embaumement du corps du Christ, mais elle trouve le tombeau vide, et le Christ ressuscité lui apparaît, sous les allures d'un jardinier : elle est le premier témoin de la Résurrection.
Ses longs cheveux blonds fait aussi partie de ses attributs, car c'est avec ses cheveux qu'elle essuya, chez Simon, les pieds de Jésus qu'elle avait trempé de ses larmes de repentir.
Elle trouve donc toute sa place à côté des apôtres, comme Témoin, et comme figure de la gratitude envers le Rédempteur.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
15. Le Christ ressuscité.
Vêtu du manteau glorieux, de pourpre doublé d'or, de sa victoire sur la mort il tient la croix (remplaçant l'étendard marqué de la croix) et il bénit. Dans la figure traditionnelle du ressuscité, les plaies des mains et des pieds sont exposées ; ici, seule la plaie du flanc, et celle du poignet droit, sont visibles.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
B. AU DESSUS DE LA TRIBUNE, LA VIERGE ET SAINT JEAN.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
C. SOUS LA TRIBUNE, ONZE ANGES EN VOL.
L'un, à droite, porte un blason (muet), l'autre, à gauche, prie les bras croisés sur la poitrine, quatre portent les Instruments de la Passion un tient un livre ouvert, les autres tiennent des rectangles qui ont perdu leurs peintures. Ce sont des écus en bannière, portant jadis des armoiries des prééminenciers et autres familles nobles influentes.
En effet, René Couffon fait remarquer ceci :
"La tribune est supportée par des arcs soutenus par des angelots tenant entre leurs mains des écussons soigneusement rabotés à la Révolution.
Ce jubé ne porte ni date ni inscription. Il a été daté par quelques auteurs du xve siècle, le plus généralement du xvie siècle sans preuve déterminante.
Or un acte nous permet aujourd'hui de préciser l'époque de sa construction (Archives départementales des Côtes-du-Nord, E. 1644). Un ouragan ayant détruit en 1769 l'une des verrières de la chapelle, le gouverneur fit mettre soigneusement de côté tous les morceaux afin de faire dresser l'état des prééminences, qui fut exécuté le 10 septembre 1771 par un expert héraldiste, François Bahic de Lannion.
Celui-ci mentionna dans la verrière les armes de Bretagne, d'Avaugour, de Coëtmen, de Penhoët et du Parc et ajouta que ces mêmes armes se voyaient également sur le jubé, très précieuse indication. Elles permettent, en effet, d'attribuer le jubé soit à Guillaume de Penhouët, chambellan du duc François Ier et vivant encore en 1470, ainsi qu'à sa femme Beatrix de Coëtmen, soit plutôt à leur fils Jean, époux de Beatrix Péan dont les armes étaient écartelées du Parc et de la Roche-Jagu, ces dernières semblables d'ailleurs à celles de la Maison de Coëtmen de sa belle-mère.
Ce Jean, baron de Coëtfrec en 1475, était décédé en 1489. Or l'examen du jubé de Kerfaoues indique qu'il est légèrement postérieur à celui de Saint-Fiacre du Faouët daté très exactement par une inscription de 1480 et qu'il convient ainsi de le dater d'entre 1481 et 1489."
Si la datation a été précisée par Jérôme Lafeuille en la rapportant aux dates de parution des Calendrier des bergers, la pièce d'archive nous permet d'assurer que ces anges tenaient bien au moins huit panneaux rectangulaires armoriés, ou écus en bannière, et un blason.
Nous avions donc ici :
Bretagne : d'hermines plain
D'Avaugour :D'argent au chef de gueules chargé d'une macle d'or
De Coëtmen : De gueules à neuf annelets d'argent posés 3, 3, 3.
—Guillaume de Penhoët, décédé en 1475, épouse Béatrice de Coëtmen.
—Jean de Penhoët, leur fils, épouse vers 1465 Guillemette Péan (De sable à deux fasces d'or accompagnées de six quintefeuilles d'argent posées 3, 2 et 1 ), d'ou Pierre de Penhoët, marié avec Louise du Juch (pas d'enfant), et Jeanne de Penhoët.
— Jeanne de Penhoët, dame de Kerimel, 4ème baronne de Coëtfrec, épouse François de la Touche, seigneur de La Touche-Limouzinière (d'or à trois tourteaux de gueules).
—La branche des Penhoët-Coatfrec se fond en 1492 dans la famille de La Touche-Limousinière en Loire-Atlantique. Un des fils épouse en 1522 un membre d 'une des plus grandes familles bretonnes, Marquise de Goulaine qui meurt en 1531 et est enterrée dans la chapelle Saint-Yves de Kerfons, c'est-à-dire dans la chapelle sud du transept. En 1533, leur fille Françoise de La Touche est inhumée dans la même chapelle aux côtés de sa mère et leur deuxième fille Claude fera rebâtir en 1559 la chapelle funéraire de la famille. Ces travaux nécessitent la surélévation de la nef avec des modillons et l'aménagement d'une sacristie au bas de la nef.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
2. Ange tenant la colonne de la Flagellation et sans doute jadis les fouets et verges.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
3. Ange tenant un panneau.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
4. Ange tenant la croix, les clous (et jadis sans doute un marteau).
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
5. Ange tenant un panneau.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
6. Ange tenant la lance de Longin et ?.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
7. Ange tenant un panneau.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
8. Ange tenant un objet perdu. La tunique qui fut tirée au sort par les soldats ? Le voile de Véronique ?
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
9. Ange tenant un panneau.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
10. Ange tenant un livre ouvert.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
11. Ange tenant un écusson (muet).
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
D. LA CLÔTURE AJOURÉE À CINQ TRAVÉES.
Quatre travées ont la forme d'ogives étroites ajourées de deux lancettes à découpes gothiques. La porte rectangulaire occupe la travée centrale sous un tympan ajouré à feuilles d'acanthes et fleurons. Chaque colonne reçoit une ornementation différente, et la porte est entourée d'une frise de pampres et grappes, symbole eucharistique.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
II. LE CÔTÉ VISIBLE DEPUIS LE CHŒUR (face orientale).
De ce côté, la tribune ne comporte plus que 13 panneaux, mais ceux-ci se prolongent par ceux, identiques en couleur et en décor, de l'escalier à vis qui y donne l'accès par le côté droit.
D'autre-part, ces panneaux ne sont pas à personnages, mais seulement ornementaux.
Par contre, nous retrouvons la succession de neuf anges en vol, tenant là encore alternativement des panneaux vierges, et des objets souvent perdus.
Séparant les panneaux de tribune et les anges, une frise de branches écotés à phylactères et d'épis s'enrichit de groupes d'animaux et de personnages non religieux.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
A. Dans les arcades à feuilles d'acanthes séparées de pinacles, les panneaux décoratifs de la tribune, à entrelacs végétaux, surmontés d'une frise de pampres et de grappes.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
B. Les neuf anges.
1. Ange tenant un panneau muet.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
2. Ange tenant la colonne de Flagellation.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
3. Ange bras écartés tenant un objet perdu.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
4. Ange tenant un objet perdu .
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
5. Ange tenant un panneau muet.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
6. Ange tenant un objet perdu .
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
7. Ange tenant un panneau muet.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
8. Ange tenant une croix et une tige [clou?.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
9. Ange tenant un objet perdu.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
C. La frise intermédiaire.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Un homme coiffé d'un bonnet jaune, allongé, tient l'extrémité de la tige de feuillages et d'épis.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Un dragon vert (échine dentelée) et un animal jaune à pelage lisse (bœuf? Lapin?)
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
D. L'escalier à vis donnant accès à la tribune.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
E. La clôture et la porte.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
Le jubé de la chapelle de Kerfons. Cliché lavieb-aile.
SOURCES
— COUFFON (René), 1959, Note sur la chapelle Notre-Dame de Kerfaoues en Ploubezre et la chronologie de quelques jubés, Bulletin Monumental Année 1959 117-1 pp. 51-54.
—LE LOUARN, Geneviève. "La chapelle Notre-Dame de Kerfons". Rennes, Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, t. LX, 1983, p. 301-305.
—LAFEUILLE, Jérôme. KERMOAL, Christian. "Le Calendrier des bergers modèle du Jubé de Notre-Dame de Kerfons. Son interprétation à la lumière du Symbole des apôtres". Société d'émulation des Côtes-d'Armor, 2019, p. 271-294.
—LAFEUILLE, Jérôme. "Le jubé de Notre-Dame de Kerfons : un chef-d’oeuvre tronqué". Société d'émulation des Côtes-d'Armor, 2019, p. 295-310.
La chapelle de Notre-Dame-du-Loc àSaint-Avé, est un édifice en croix latine construit de 1475 à 1494, par deux recteurs successifs de la paroisse de Saint-Avé, Olivier de Peillac (1475-1488), puis André de Coëtlagat (1488-1504). Contrastant avec un extérieur assez sobre, son mobilier est d'une richesse remarquable et laisse deviner un commanditaire prestigieux, Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne sous le duc François II puis proche du roi Charles VIII et d'Anne de Bretagne. Après avoir décrit ses sablières sculptées, et son exceptionnel retable en albâtre, ce sont les statues et retables en granite, la croix de chancel et le bénitier qui font l'objet de cet article.
La statue de la fin du XVe siècle de Notre-Dame-du-Loc retiendra tout notre intérêt notamment par son thème de l'enfant-Jésus lisant, qui témoigne d'une influence flamande notamment de Malines ou du Brabant. Mais d'autres statues du XVe siècle sont à considérer, tout comme la très rare croix de chancel.
Comme dans les article précédents, celui-ci se nourrit de la remarquable étude de Diego Mens-Casals et en cite les extraits.
Cliché lavieb-aile 2024.
Cliché lavieb-aile 2024.
1. La statue de Notre-Dame-du Loc. Vierge à l'Enfant à la lecture. Calcaire de Saumur, polychrome, dernier quart du XVe siècle. Côté nord du chœur.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Description.
La Vierge a un très beau visage, avec des yeux en amande étirée et des paupières supérieures sans pli palpébral, des sourcils épilés, un nez droit, une bouche triste ou amère mais aux lèvres charnues sous un philtrum marqué, tandis que l'avancée de la lèvre inférieure est indiquée par une fossette. L'étage inférieur est étroit, la rondeur du menton rond et fin est soulignée.
Les cheveux dénoués tombent en boucles dans le dos et sur les épaules.
Le pan gauche du menton fait retour sous le poignet droit où il doit s'attacher. Les deux pans sont réunis par une patte perlée, à deux fleurons.
Les chaussures sont pointues, confirmant la datation du XVe siècle.
Sur la statue de L'Enfant porte un bonnet de docteur, qui peut renvoyer à Jésus parmi les Docteurs de la Loi, et/ou indiquer qu'il est éminemment et précocément savant. Comme dans le tableau de Vittorio Carpaccio.
Tandis que sa mère garde de l'index droit la page qu'ils consultaient (comme dans le tableau de Van Eyck), Jésus tourne les pages précédentes, comme pour souligner un lien interne qui en éclaire le sens. La Vierge ne regarde pas le livre, mais son regard songeur se porte au loin, comme quelqu'un plongé dans ses pensées. Et son visage, figé, n'est pas serein, mais préoccupé par l'avenir, celui de la Passion de son Fils, que la lecture vient de révéler, ou du moins de rappeler.
Il serait logique de penser que l'Enfant indique, comme dans les œuvres semblables, à sa mère les pages suivantes (celles de son futur) et non les pages précédentes, annonçant ainsi sa Passion, d'où la gravité soucieuse du visage de la Vierge.
Mais on peut penser qu'ici, le livre est tourné vers nous, qu'il nous est présenté, et que c'est à nous que l'enseignement est donné : l'Incarnation est le préalable de la Rédemption.
Références iconographiques sur la Vierge à l'Enfant au livre :
Ce thème qui se développe en sculpture à la fin du XVe siécle sous l'influence des peintres flamands, est assez rare : dans le recensement des statues de Vierge à l'Enfant de Normandie aux XIIe-XVIe siècles par Brigitte Bellanger-Menand, je n'en trouve aucun exemple. J'en compte trois en Bretagne avec celle de Saint-Avé.
—Plobannalec ; Vierge assise montrant le livre ouvert à l'Enfant, chapelle Saint-Brieuc-de-Plonivel, bois polychrome, XVIe.
— Plouguerneau, chapelle du Grouanec, Vierge à l'Enfant assise, dite N.-D. du Grouanec, XVe siècle.
Vierge assise à l'Enfant lisant, kersanton polychrome, début XVe siècle. Photo lavieb-aile 2024.
Vierge assise à l'Enfant lisant, kersanton polychrome, début XVe siècle. Photo lavieb-aile 2024.
Diego Mens en signale un autre exemple en France, à Albiac (Aveyron), et deux en Belgique.
La statue de Jan II Borman datée vers 1500 et conservée dans l'église de Braine-le-Comte (Belgique) est très intéressante, car comme à Saint-Avé, l'Enfant tourne les pages au delà de celle que lit la Vierge .
https://balat.kikirpa.be/photo.php?objnr=10028679
Eglise Saint-Géry à Braine-le-Comte (Belgique). Borman, Jan II (sculpteur) ca 1500
Jan Borman II a également sculpté vers 1490-1500 une Vierge assise à l'Enfant lisant, en chêne, conservée au Louvre (inv RF 1370) . Là encore, l'enfant feuillette le livre au delà de la page antérieurement ouverte. Et là encore Jésus est représenté non pas en nouveau-né, mais comme un enfant plus âgé.
Jan Borman II, Vierge à l'Enfant lisant, Le Louvre, Photo Van Acker, Katrien, IRPA, copyrightJan Borman II, Vierge à l'Enfant lisant, Le Louvre, Photo Van Acker, Katrien, IRPA, copyright
Le même Jan II Borman a réalisé à la même date une Vierge à l'encrier pour l'église Saint-Vincent de Soignies (Belgique) : l'Enfant écrit lui-même sur la page du livre présenté par sa Mère.
Vierge à l'encrier de l'église Saint-Vincent de Soignies, sculpté par Jan II Borman, ca 1500
Une quatrième statue de Jan II Borman (ou Jan III, vers 1500-1515) conservée à Anvers est une Vierge à l'encrier, mais plus proche de Notre-Dame-du-Loc car l'Enfant est tenu sur le bras gauche et Marie est couronnée.
Anvers, Jan Borman II ou III, Vierge à l'encrier et Jésus écrivant.
Le thème est plus souvent représenté en peinture, essentiellement à la même période.
—Le tableau le plus précoce, daté d’après 1433, jadis attribué à Jan Van Eyck est la Vierge à l’Enfant lisant ou Vierge d’Ince hall, huile sur panneau, , conservé à la National Gallery of Victoria, à Melbourne en Australie.
L'Enfant est assis face au spectateur et tourne les pages d'un livre enluminé, tandis que la Vierge conserve par un index gauche glissé entre les pages, l'endroit de sa lecture. C'est ce détail qui est repris pour Notre-Dame du Loc, mais il est clair ici que Jésus prend connaissance (ou indique à sa Mère) un passage bien plus éloigné des Écritures.
Vierge lisant (détail), atelier de Van Eyck, >1433, cliché Wikipedia
—Quinten Massys peint dans la 2nde moitié du XVe siècle une Vierge, assise, à l'Enfant tournant les pages d'un livre, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique Inv. 1497
—Botticelli peint en 1480 la Madonna del Libro (Museo Poldi Pezzoli de Milan). Les pages à rubriques (comme un livre d'heures) du livre sont partiellement lisibles, et on lit le début du passage d'Isaïe Ecce virgo annonçant, dans la lecture typologique, l'Incarnation, tandis que l'Enfant porte les clous et la couronne d'épines au poignet gauche et regarde sa Mère d'un air entendu.
—La gravure conservée au Louvre, du Maître Iam de Zwolle (Actif vers 1462-Actif vers 1495) montre là encore l'enfant Jésus tournant les feuillets d'un livre.
—La même scène est reprise par le Maître au feuillage en broderie, un peintre anonyme flamand actif entre 1480 et 1510 à Bruges et à Bruxelles : Vierge à l'Enfant, The Philadelphia Museum of Art
"Notre-Dame-du-Loc mesure près d’1,80 mètre et a été réalisée dans un calcaire de la région de Saumur. Si le matériau nous renvoie a priori au Val de Loire, l’œuvre est clairement influencée par les productions flamandes, notamment de Malines ou du Brabant.
Le thème de l’Enfant à la lecture avec la Vierge, déjà traité par Jan Van Eyck , se développe dans ce dernier quart du XVe siècle dans cette région, avec des variations allant d’une Vierge en majesté offrant le livre à son fils à des compositions proches de celle de Saint-Avé [Statue datée vers 1490-1500 conservée à l’église Saint-Gery de Braines-le-Comte] , comme la Vierge debout partageant la lecture avec Jésus, âgé de quelques années.
C’est notamment le cas pour une statue conservée aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles [ Œuvre inventoriée 2542, datée vers 1480] , qui offre plusieurs similitudes avec celle de Saint-Avé : traitement identique des cheveux tombant sur les épaules, vêtements similaires pour Jésus aux pieds nus, grand fermail pour le manteau et qualité du traitement des plis, moins anguleux que sur des œuvres contemporaines en bois. Toutefois, le visage de la statue de Bruxelles est différent, car plus ovale.
À Saint-Avé, le visage est plus proche d’une seconde œuvre, en tilleul et plus petite (1,10 mètre), conservée dans l’église Notre-Dame d’Albiac (Aveyron), qui a également des caractéristiques très proches de la nôtre (fig. 9b). Elle semble avoir été sculptée vers 1480 par un atelier du Hainaut ou de Clèves [Baudouin, Jacques, La sculpture flamboyante en Rouergue, Languedoc, Éditions Créer, 2003, 382 p.,ici p. 314-31] . Jésus, assis sur le bras gauche de sa mère, regarde le livre ouvert qu’elle tient dans son autre main. La Vierge est vêtue d’un ample manteau et ses cheveux longs et ondulés sont ceints par une couronne assez simple, identique à celle du Loc. Si les plis opulents et cassés du manteau diffèrent, le visage de la Vierge est également un peu anguleux et grave, le regard posé sur le livre. Jésus, à la chevelure frisée, est aussi vêtu d’une robe.
La restauration de la statue de la chapelle du Loc a révélé une qualité supérieure de réalisation : galons avec godrons et perles sur le bord du manteau, orifices permettant d’y placer sans doute des cabochons de verres de couleur, dorure de la chevelure finement sculptée tombant sur les épaules, décor soigné du béguin et de la robe de l’Enfant. L’œuvre pourrait être brabançonne, sauf si la provenance du Val de Loire est confirmée par une nouvelle analyse pétrographique.
Quelle que soit l’origine exacte, la qualité d’exécution de cet ensemble atteste d’une réalisation par un atelier au fait des influences et des thèmes artistiques majeurs de cette fin du XVe siècle.
La commande pourrait émaner de Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne sous le duc François II. Tuteur de sa fille Anne au décès de ce dernier, il est ensuite proche du roi Charles VIII et témoin de son mariage avec la duchesse. Il le suit lors des premières guerres d’Italie et est aussi proche de son successeur, Louis XII, dont il est le chambellan. Héritier du domaine de Largoët au décès de sa première épouse en 1480, Jean de Rieux refaçonne ses châteaux d’Elven et de Rochefort-en-Terre. Par son rang et sa qualité de seigneur prééminencier de la chapelle, il dispose des moyens financiers et des relais nécessaires pour une telle commande. Celle-ci aurait pu être passée par des intermédiaires en relation avec un atelier flamand ou directement par Jean IV à des sculpteurs du Val de Loire, comme ceux ayant travaillé aux « ymages » de la chapelle Saint-Hubert au château de Chinon [confusion avec le château d'Amboise vers 1495 ?], résidence de Charles VIII et d’Anne de Bretagne. Jusqu’aux travaux de 1913, cette statue était placée sur un massif sous la maîtresse-vitre, au-dessus de l’autel en bois."
Diego Mens Casas, Figure 9a – Saint-Avé, chapelle Notre-Dame- du-Loc, statue de Notre-Dame-du-Loc (cl. D. Mens) Figure 9b – Albiac, Vierge à l’Enfant d’Albiac (cl. L. Balsan, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Paris)
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
2a. Le retable en granite (n°9 du plan), côté nord. L’Adoration des Mages devant la Vierge et l’Enfant en majesté ; l’Annonciation à la Vierge par l’archange Gabriel. Bras nord du transept.
" Aujourd’hui, deux bas-reliefs sculptés de manière assez fine dans ce matériau local sont déposés sur les deux autels des bras du transept. Cette configuration date des travaux réalisés en 1913, sous la direction de l’architecte vannetais Brihault : à cette date, l’élément le plus important, alors placé sur l’autel nord, a été transféré sur celui du sud. Toutefois, si on l’observe attentivement les moulures périphériques des deux bas-reliefs, sur la bande, on constate que ceux-ci formaient un seul ensemble, un retable monolithe en granite. Ainsi, la Crucifixion redevient logiquement la scène centrale et principale." (D. Mens)
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
L'Adoration des Mages.
La Vierge (aux chaussures pointues propres au XVe siècle) est assise, tandis que l'Enfant-Jésus est debout sur ses genoux. Ils tiennent chacun un objet rond (Monde ou fruit) et sont tournés vers la gauche. Les visages sont assez grossièrement sculptés, les nez forts et les bouches concaves. L'enfant tend le bras pour saisir le présent (l'or) apporté par le roi Melchior, qui est agenouillé devant lui.
De ce dernier, mais aussi de Gaspard qui le suit et enfin de Balthasar, nous ne voyons quee la partie inférieure : la robe et les chaussures du premier, les tuniques et les chausses des deux plus jeunes, tout comme leurs chaussures à poulaines.
Il faut se référer à l'iconographie peinte ou sculptée pour compléter mentalement la scène. On remarque alors que les pieds de Gaspard sont tournés vers nous et même vers l'arrière : il est très probable que, comme à Rumengol sur le tympan du porche, sculpté vers 1468, Gaspard était tourné vers son voisin pour lui désigner l'étoile qui les guidait.
La couronne de Melchior devait être tenue dans la main ou autour de l'avant-bras, puisque nous ne la voyons pas posée à terre, comme cela peut être le cas ailleurs.
Adoration des Mages, tympan du porche de la chapelle de Rumengol. Cliché Lavieb-aile.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022
Parmi les multiples enluminures du XVe siècle, voici cet exemple :
Adoration des Mages, Maître de la Légende dorée de Munich, 1425-1450, Carpentras BM 0049 f. 71v
Sur la partie gauche de ce retable, l’Annonciation, avec l’ange Gabriel, est présentée au milieu, tandis qu’à l’extrémité du retable, figure une Adoration des Mages, face à la Vierge et Jésus bénissant en majesté.
Si l’ordre des épisodes de la vie mariale est inversé sur cette partie droite du retable, c’est sans doute pour permettre la représentation du commanditaire, Olivier de Peillac. En effet, si deux des rois mages sont représentés debout dans une tenue civile de cette fin du XVe siècle [ avec pourpoint à longues manches ou houppelande, et chaussés de poulaines], le troisième, agenouillé face à la Vierge et Jésus, est revêtu d’une soutane. Il pourrait représenter le recteur, accompagné de membres de sa famille, dont son frère Jean. " (D. Mens) [Je ne partage pas cette hypothèse : voir supra, la robe de Melchior]
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
L'Annonciation.
La scène est centrée par une fleur (un lys) émergeant d'un vase. L'ange Gabriel, à genoux, tient le phylactère portant les mots de son message : AVE MARIA. La Vierge, voilée, tient un livre et pose la main sur sa poitrine dans le geste d'acceptation du "Fiat".
Les cheveux de l'ange sont figurés "en boules", selon un modèle propre au XVe siècle et qui a déjà été souvent décrit ici, dans la sculpture sur kersanton de l'Atelier ducal du Folgoët (1423-1469).
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Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
2b. Le retable en granite, côté sud. Le Calvaire avec la Vierge et saint Jean entourant le Christ, le Couronnement de la Vierge, sainte Catherine d’Alexandrie, sainte Madeleine myrophore et sainte Marguerite d’Antioche yssant du Dragon. Bras sud du transept.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
"À la droite de cette scène, on observe le Couronnement de la Vierge, iconographie que l’on retrouve notamment dans un cycle peint de la chapelle de Locmaria en Landévant (Morbihan), mais aussi sur les pavements de proto-faïence de la chapelle Saint-Nicolas de Suscinio en Sarzeau (Morbihan).
Trois saintes, particulièrement honorées en cette fin du XVe siècle, complètent la partie droite du retable : sainte Catherine d’Alexandrie, sainte Marie Madeleine myrophore et sainte Marguerite. Ces trois saintes sont souvent associées à des dévotions de femmes des familles nobles, sans que nous puissions établir ici un lien évident avec les Peillac ou les Coëtlagat." (D. Mens)
On comparera à nouveau ce retable avec celui, en kersantite, de l'église de Runan, datant du XVe siècle, et qui associe des scènes de la vie de Marie, avec, comme ici, l'Annonciation, l'Adoration des Mages, la Crucifixion et le Couronnement.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le calvaire.
Le Christ en croix est entouré de la Vierge, et de saint Jean ; on remarque la chevelure "en boules".
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Le couronnement de la Vierge.
Comme à Runan, la Vierge n'est pas couronnée par la Trinité, mais par un seul de ses termes, un Christ couronné ou un Dieu le Père.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Les saintes Catherine d'Alexandrie couronnée, tenant la roue dentelée de son supplice, et l'épée de sa décollation ; Marie-Madeleine tenant le flacon d'onguent ; et Marguerite d'Antioche yssant du dragon, crucifix entre ses mains jointes.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
2c . Le lavabo sur le mur sud, granite.
"La taille imposante de ce retable [de granite,supra], sans doute déplacé dans le courant du XVIIIe siècle pour être remplacé par un autel à la romaine en bois, explique sans doute le positionnement assez haut de la réserve eucharistique sur la droite du mur du chevet, mais également celui du lavabo sur le mur sud. Ce dernier est frappé des armes des Peillac à gauche et de celles des Arz [D’argent à trois quintefeuilles de gueules, ici représentées avec une polychromie fantaisiste] , possesseurs des manoirs de Tréviantec et Rulliac en Saint-Avé.
Ce retable, qui conserve plusieurs traces de sa polychromie initiale, a sans doute été façonné par un atelier local, dans le granite des carrières de Guéhenno-Lizio, au faciès à grains fins. On trouve des exemples de retables contemporains et assez similaires à la chapelle Sainte-Anne de Buléon, mais aussi en remploi dans l’ossuaire de l’église de Guéhenno, sans doute l’ancien retable majeur de cet édifice. Cette commande pour la chapelle de Saint-Avé pourrait s’expliquer notamment par la fonction de Jean de Peillac [Il peut s’agir du frère d’Olivier de Peillac] , en sa qualité de prévôt féodé de Saint-Jean-Brévelay, proche de Guéhenno." (D. Mens)
Lavabo en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Lavabo en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
2d La réserve eucharistique sur la droite du mur du chevet. Granite.
Réserve eucharistique en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Réserve eucharistique en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
3 L'autel du bras nord du transept. Calcaire polychrome provenant de la cathédrale de Vannes, dernier quart XVe. Bordure à rinceaux de vigne. Blason.
Blason aux armes [fantaisistes?] de sable à une croix d'or accompagnée d'un quintefeuille de gueules
"La concentration de mobilier réalisé dans ce matériau exogène à la Bretagne dans la chapelle traduit, tout d’abord, une commande aristocratique majeure. Que ce soit pour la réalisation des autels latéraux, des consoles ou de la statuaire, le recours au calcaire dénote un souhait du commanditaire de se démarquer dans cette Bretagne de la seconde moitié du XVe siècle.
Toutefois, il faut distinguer dans cet ensemble deux types de commande : la réalisation d’œuvres par des ateliers locaux dans un matériau importé et la commande d’œuvres importées de régions telles la Picardie ou le Val de Loire, où le calcaire est utilisé fréquemment pour la statuaire.
Dans le premier cas, les sources d’approvisionnement du matériau sont assez bien identifiées à cette période, notamment grâce aux comptes de la cathédrale de Vannes. [...]
Dans le cas de la chapelle du Loc, c’est sans doute à partir de ce matériau provenant de la cathédrale que les deux autels latéraux ont été réalisés . Avec un décor végétal de rinceaux et de vignes autour du panneau central encadré de pinacles, ces autels ne semblaient pas adossés comme actuellement, étant donné les retours de sculptures sur l’arrière, partiellement buchés. Chacun des panneaux était peint d’une scène en lien avec la vie de la Vierge, soit l’Annonciation, comme sur l’ancien retable majeur de granite et la Nativité.
Sans doute déplacés au XVIIIe siècle, ces autels devaient être positionnés originellement sur le bas de la nef, de part et d’autre du calvaire monumental, devant un chancel en bois. Cette configuration est assez classique en cette seconde moitié du XVe siècle. Elle se retrouve notamment à la chapelle Saint-Fiacre en Melrand mais aussi, plus tardivement, à la chapelle Sainte-Avoye en Pluneret. De manière générale, les autels latéraux de nef étaient dédiés à des cultes secondaires. Dans le cas présent, les statues étaient posées sur la partie supérieure de l’autel." (D. Mens)
Autel du bras nord, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Autel du bras nord, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
3'Un autre autel similaire en calcaire polychrome à rinceaux est placé dans le bras sud.
Autel du bras sud, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
4. Statue de sainte Catherine de Sienne, montrant ses stigmates, et terrassant un dragon, fin XVe siècle, calcaire polychrome. bras nord du transept.
La statue devait être posée sur l'un des autels en calcaire, et être réalisée comme eux dans des chutes des calcaires de la cathédrale de Vannes, issus de Charente Maritime.
"La statue de la fin du XV e siècle de sainte Catherine de Sienne terrassant des démons serait, en l’état actuel des connaissances, un exemplaire très rare et sans doute unique en Bretagne. Les autres représentations datent majoritairement du XVIIe siècle, en lien avec le développement du culte du Rosaire. Si cette représentation est reproduite dans plusieurs livres d’heures de cette période, sa déclinaison statuaire reste rare et seul un exemplaire assez proche est conservé au Palais des Papes d’Avignon. La représentation de cette dominicaine doit sans doute être rapprochée du culte de saint Vincent Ferrier, très important alors à Vannes, et du rôle de membres de la famille Coëtlagat dans son procès de canonisation." (Diego Mens)
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
5. La statue dite de sainte Madeleine, plutôt sainte Marguerite sans son dragon. Calcaire polychrome; fin XVe.
h = 132 ; la = 45 ; pr = 26
La statue devait être posée, comme celle de sainte Catherine de Sienne, sur l'un des autels en calcaire, et être réalisée comme eux dans des chutes des calcaires de la cathédrale de Vannes, issus de Charente Maritime.
Elle ne correspond pas à l’iconographie mentionnée sur sa terrasse. La confusion tient sans doute à l’absence de voile, mais elle n’est pas dotée du principal attribut de cette sainte, le pot à onguents. En revanche, cette œuvre est très comparable à deux statues orantes, conservées dans la commune de Questembert, domaine des Rieux-Rochefort, et représentant sainte Marguerite 35 . Sans certitude, un dragon aurait été placé au-devant de la terrasse, sur lequel figurent deux orifices ayant servi pour un goujeonnage. L’absence de la sculpture des plis au niveau du genou droit de la sainte pourrait corroborer cette présence de l’attribut monstrueux, au-devant de la statue. Pour ces deux statues et autels, il doit s’agir d’un seul commanditaire, car elles paraissent avoir été réalisées par le même atelier local, ayant travaillé sur le chantier de la cathédrale Saint-Pierre. À Saint-Avé, installés à la fin de réalisation de la nef, ces œuvres sont sans doute une commande des Coëtlagat ou d’une famille noble de 33. Une autre statue de ce type est conservée à la chapelle Saint-Michel en Saint-Avé et présente les armes des Peillac. Elle figure une Vierge au calvaire. 34. Partie basse de la statue composant une plinthe. 35. La chapelle Saint-Michel et celle de Saint-Jean
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Console de la statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
6. Saint Isidore, patron des cultivateurs ou laboureurs, tenant la faucille et la gerbe de blé. Bois polychrome, XVIIIe siècle, revers évidé.
Saint Isidore patron des laboureurs, accompagne dans le chœur Saint Cornély, patron des éleveurs de bœufs. Selon une complainte vannetaise San Izidor oe labourer, servitour bras en ur maner , "Saint Isidore était laboureur , il apportait de grands services au manoir " . C’est un saint alors très populaire, revêtu des vêtements des paysans riches. Les saints des statues tiennent tous la faucille et la gerbe de blé témoin de la bonne réussite des moissons.
Ce saint permet de découvrir les tenues traditionnelles des agriculteurs. Ici, il porte une veste bleu-gris à 12 boutons noirs, 3 boutons aux poches à rabats en pointe, 3 boutons aux poignets ; un gilet blanc à plus de 20 petits boutons ; une ceinture de cuir à boucle dorée ; une chemise à col en V ; une culotte courte plissée ou bragou braz, ; des guêtres fines ; des chaussures de cuir noir à languette et boucle de métral argenté. Les couleurs témoignent des repeints des restaurateurs et ne témoignent pas forcément du costume d'origine.
Selon D. Mens, "ces cultes se développent en Bretagne à partir du milieu du XVII e siècle remplaçant des dévotions plus anciennes. Cette introduction de nouveaux cultes et le renouvellement des statues qui en découlent sont très fréquents dans le Morbihan. Ils illustrent notamment une nouvelle gestion des églises et chapelles par des généraux de paroisse dirigées par des notables et le recteur, alors que la noblesse, désormais absente de la paroisse, ne paie plus les droits liés à ses chapelles privatives"
Voir d'autres exemples :
Mes Izidors : iconographie de saint Isidore en Bretagne.(Bréles ; Logonna-Daoulas ; Saint-Mériadec à Stival ; Saint-Nicodème en Pluméliau ; Chapelle N.D de Quelhuit à Melrand (Morbihan) ; église de Bieuzy-les-Eaux (Morbihan) ; Eglise de Saint-Thuriau (Morbihan) ; Guern, église paroissiale (Morbihan) ; Sainte-Tréphine (Morbihan)
Ou encore : la statue de l'église de Carnac : Les pièces majeures du costume masculin du 17e siècle y apparaissent avec la superposition d’un gilet fermé et de 2 vestes de couleurs différentes sur la chemise bouffant aux poignets ; les séries de 12 boutons, complétées par les boutons des poches et poignets ; une ceinture large à boucle ; des bragou berr, culotte étroite et courte, des guêtres (à boutons) et des souliers de cuir.
statue de saint Isidore par le sculpteur Martinet, daté de 1670-1680. Carnac, église St Cornély. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Sous la statue, la console porte un blason à une bande présenté par deux lions , sur fond de feuillages et de grappes :
Console (fin XVe) d'une statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
7. Statue en bois polychrome de Saint Cornély (saint Corneille) accompagné de deux bovins, XVIIIe siècle.
Dans le sud de la Bretagne, saint Cornély est le protecteur, par jeu sur non nom, des bêtes à corne. Son nom est la forme bretonne de Corneille (en latin : Cornelius). Selon la tradition bretonne, Cornély est pape de 251 à 253
Le saint est coiffé de la tiare papale et il devait tenir la croix à double traverse, comme en l'église de Carnac (actuellement dans la chapelle Saint-Colomban), tandis qu'il trace une bénédiction. Voir aussi la statue du saint en la chapelle Sainte-Croix de Josselin. Ou celle de La Chapelle-Bouëxic.
Statue de saint Cornély de l'église de Carnac, chapelle Saint-Colomban de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue de saint Cornély, 1980, Carnac, église Saint-Cornély. Cliché lavieb-aile.
Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
8. Statue en bois polychrome qualifiée de saint Fiacre, après avoir été identifiée précédemment à saint François d’Assise. Il s’agit en réalité de saint Dominique de Guzman. Fin XVe ou XVIe siècle.
Saint Dominique est le fondateur de l’ordre des Dominicains. L’attribut manquant à la main droite, un temps considéré comme une pelle pour correspondre à l’iconographie de saint Fiacre, est en fait une croix sur une grande hampe. Cette représentation apparaît d’ailleurs cohérente et complémentaire de sainte Catherine de Sienne, car ces deux saints sont associés dans les retables et tableaux du Don du Rosaire.
Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Console fin XVe siècle : Armoiries d'Olivier de Peillac : d'argent à trois merlettes de gueules, au franc canton de même.
Console fin XVe d'une statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
9. Statue dite de saint Colomban. Bois polychrome, fin XVe ou XVIe siècle.
Cette statue serait issue du même atelier que la précédente et serait contemporaine de la création de la chapelle. Le saint est représenté en évêque (avec la crosse, perdue, tenue en main gauche, la mitre, les gants épiscopaux, la chape recouvrant un surplis, et des pantoufles pointues).
Colomban de Luxeuil est un moine irlandais du VIe siècle venu évangéliser la Bretagne puis l'Europe ; on lui attribue la Règle de Saint-Colomban inspiré du monachisme irlandais.
"Moine et abbé, ce saint, réputé guérir de la folie, est représenté ici en tenue d’abbé mitré, alors que d’autres représentations contemporaines le figurent en tenue de moine, notamment à Rosporden (Finistère) ou Guégon (Morbihan). Le doute est permis, aucun attribut ne permettant d’identifier avec certitude cette statue." (D. Mens)
Voir la statue de ce saint (bois polychrome, XIXe) en sa chapelle de Carnac.
Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
7. La croix de chancel
Seule à n'avoir pas été restaurée récemment, cette croix (ou calvaire), vestige de la clôture (ou chancel) commandée en 1500 par André de Coëtlagat comme l'indique une inscription et détruite en 1913 se dresse à la croisée du transept. Elle est classée mh depuis 1908.
Cliché Ouest-France.
La quasi-totalité des jubés et autres chancels ayant été détruits aux XVIIe et XVIIIe siècles, il est quasi impossible d’établir un lien avec un atelier précis, si ce n’est qu’il soit probablement originaire de Haute-Bretagne et en lien avec les ateliers des autres jubés conservés, ceux de Saint-Fiacre au Faouët (Morbihan), réalisée par Olivier Le Loergan vers 1480 mais aussi celle de Kerfons en Ploubezre (Côtes-d’Armor). Néanmoins, ce type de calvaire supposait d’être adossé à un chancel avec une porte géminée au centre des deux autels latéraux, ce qui diffère de la plupart des ensembles toujours conservés.
a) La partie basse est composée d’un tronc d'offrande vers l’ouest, adossé à un fût quadrangulaire avec une niche à dais flamboyants sur chaque face. Selon D. Mens, les blasons peints sur le fond de quatre niches, outre leur positionnement incohérent en cas de présence de statuettes, ont été probablement intégralement repris lors de la restauration de 1913 et ne semblent pas fiables.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Armoiries écartelé en 1 et 4 de Cantizac d'argent à la bande de gueules, chargée de 3 alérions d'or, et en 2 et 3 de Peillac
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Armoiries de la famille d'Arz, d'argent à 3 quintefeuilles de gueules.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
b) Sur un niveau intermédiaire de la face occidentale, au dessus des armes de Malestroit de gueules à 9 besants d'or, le Christ est entouré des statues de la Vierge (bras croisés) et de saint Jean (paumes de face) , juchées sur deux branches d'un arbre,.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Au revers, la statue d’un évêque (peut-être saint Avé, patron de la paroisse) est contemporaine du calvaire, en raison de sa chasuble à pointe et des poulaines.
l'inscription placée sur le revers de la traverse de la croix, afin d’être lue par la noblesse et le clergé qui occupe le chœur, est la suivante : Mestre André de Coëtlagat recteur de saint ave fit faire ceste eupvre l’an Mil Vc
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
c) En partie haute, le dais superpose plusieurs étages de pinacles, de nervures, de dragons les ailes écartées et d'angelots voletants en adoration évoque la tribune du jubé de Saint-Fiacre au Faouët (Morbihan), réalisée par Olivier Le Loergan vers 1480, ou encore celle de Kerfons en Ploubezre (Côtes-d’Armor).
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
8. Le bénitier à droite de l'entrée.
Il porte deux blasons, dont celui aux armes d'argent à trois merlettes de gueules, au franc canton de même, du recteur Olivier de Peillac identifiable par son canton.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
9. À l'extérieur, côté ouest : la croix-bannière quadrilobe en granite, fin XVe siècle
Une croix bannière est un ensemble monolithique sculpté sur l'avers et le revers, comme une bannière de procession. Fréquentes en Morbihan où eon en compte une douzaine, elles datent du XVe et XVIe siècle.
"La croix bannière de la chapelle est placée à l’ouest du placître et composée d’une mace (soubassement), d’un fût et d’une bannière. Elle semble avoir été remontée sur un autel extérieur réalisé probablement au XVIII e siècle, utilisé lors des pardons très fréquentés de la Nativité de la Vierge, le 8 septembre.
La mace est sculptée en relief sur ses quatre faces : à l’ouest, sous une accolade gothique, la composition de la scène de l’Annonciation est très proche de celle du retable. Sur la face sud, deux saintes martyres, également représentées sur le retable, sainte Madeleine et sainte Catherine, sont sculptées sous deux arcatures en plein cintre, tandis que sur la face opposée, saint Jean Baptiste est représenté au côté de saint Yves. La présence de ce dernier n’est sans doute pas anodine, car le culte de ce saint est largement développé dans le courant du XVe siècle, sous l’impulsion de la famille ducale des Montforts.
Vers la chapelle, à l’est, le côté de la mace présente trois saints également sous arcatures : saint Jacques pèlerin, saint Laurent diacre et de nouveau, saint Jean Baptiste. Cette double représentation de saint Jean se retrouve sur le retable en albâtre.
La bannière est quadrilobe. Sur sa face occidentale, la représentation du calvaire diffère de celle du retable, puisque saint Jean y est sculpté la main soutenant son visage et la Vierge, les mains jointes en oraison. Au revers de la bannière, la Vierge en majesté, accompagnée de Jésus, est entourée de quatre angelots, deux thuriféraires et deux musiciens.
L’atelier qui a réalisé cette croix bannière est sans doute identique à celui qui a façonné la réserve eucharistique du mur du chevet. Les décors d’acanthe du fût et de l’accolade de la réserve sont très proches, pour des œuvres qui seraient par conséquent datées des années 1475-1480. La sculpture des personnages diffère toutefois de celle du retable et il s’agirait de deux ateliers distincts. Le granite de la croix bannière, comme celui du reste de l’édifice, provient sans doute des perrières (carrières) proches de Coëtdigo ou du Van, citées dans les fermes de la seigneurie de Largoët" . (D. Mens)
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
La Vierge couronnée, assise, tient l'Enfant sur ses genoux et lui présente un fruit. Elle est adorée par quatre angelots, dont deux , en bas, élèvent l'encensoir. L'ange supérieur droit joue de la cornemuse. Je ne peux préciser l'instrument joué par l'autre musicien.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Saint Jean-Baptiste à manteau en poil de chameau et tenant l'agneau ; saint Laurent et son grill ; saint Jacques en tenue de pèlerin avec chapeau, bourdon.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Côté nord : Saint-Jean-Baptiste et saint Yves.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Côté ouest : l'Annonciation.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Côté sud : Sainte Catherine et sainte Marguerite.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—DANIGO (Joseph), 1983, La chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé, Congrés archéologique de France tome 141 page 216 et suiv.
— MENS CASAS (Diego), 2020, La chapelle Notre-Dame-du-Loc en Saint-Avé.« Ymages » et décors du dernier quart du xve siècle, Actes du congrés de Vannes sept. 2019, Mémoires de la Socité d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 36 Pages
— infobretagne reproduit les textes de J. Guyomar, de Gustave Duhem 1932 (Les églises de France) et de la Revue Morbihannaise volume 18 page 126 de 1914 :
À partir du XIVe siècle, l’Angleterre devient un important centre de production d’oeuvres en albâtre. Provenant des carrières des Midlands du South Derbyshire, l’albâtre constitue une spécialité des artisans de Nottingham du XVe au XVIe siècle. Au XVe siècle, la réalisation de petits panneaux sculptés et peints concerne principalement des images destinées à de la dévotion privée, ou des éléments de retable.
Ces œuvres, allant du panneau de retable à la statue en ronde bosse en passant par les décors funéraires, s'exportèrent dans toute l'Europe, ce qui explique que l'on y trouve des exemples intacts, tandis que la plupart de ceux conservés en Angleterre ont été détruits ou mutilés lors du "Putting away of Books and Images Act" d'Edouard VI en 1549.
Suivant des modèles stéréotypés, ces reliefs sont alors reconnaissables par leurs sujets iconographiques, les formes maigres des figures représentées, les visages conventionnels et les draperies sèches et rigides. Pour Diego Mens ces ensembles ont tous pour point commun d’être la commande d’aristocrates de haut-rang ou de prélats aisés, pour une dévotion de chapelles privatives.
Je me suis inspiré de la description et de l'analyse très approfondies de Casas Diego Mens et je renvoie à son article. Mon but est seulement d'apporter un ensembles de clichés analysés et commentés.
Réalisé dans les ateliers de Nottingham à la fin du XVe siècle, ce retable de 250 cm de haut et 80 cm de large environ est présenté aujourd'hui sur l'autel central. Il réunit au centre la Trinité adorée par des anges, et de chaque côté un Te Deum, assemblée des prophètes et des saints et saintes louant Dieu, soit quarante sept personnages au total.
La Trinité, volée en 1980, est remplacée par un moulage en résine. La disposition photographiée avant 1913 par Géniaux a été remplacée par un nouvel autel en calcaire, realisé en 1913, par le sculpteur Le Merle, de Vannes, dans le style néogothique. Mais deux petites statuettes d’albâtre de saintes, dont une représentant sainte Catherine ont disparu à cette occasion.
Géniaux Charles-Hippolyte-Jean (12 novembre 1870 - 19 mars 1931) (Photographe) ; 1900 - 1915 ; Saint-Avé chapelle Notre-Dame du Loc.
C. Diego Mens
I. LE PANNEAU CENTRAL : LA TRINITÉ ou TRÔNE DE GRÂCE (moulage en résine).
On peut décrire cette œuvre en trois registres. En haut, Dieu le Père, nimbé et portant la tiare, trace une bénédiction de la main droite, index et majeur étendus et légèrement croisés, les autres doigts réunis dans la paume. La main gauche est ouverte, paume face à nous. Il porte une barbe à pointe bifide et à mèches bouclées. Devant sa gorge , dans la courbe des plis de son manteau se voient trois boules, ou plutôt trois visages qui seraient alors un symbole trinitaire, alors que la colombe de l'Esprit est absente, et qu'aucun point de fixation ne renseigne sur la possibilité qu'elle ait été brisée ou ôtée.
Les "boules" et les plis peuvent correspondre à la Colombe, modifiée : cf Combrit. Ou bien la Colombe descendait de la bouche du Père jusqu'au sommet de la tête du Fils. Beaucoup de Trinité en albâtre n'ont pas, ou ont perdu le Saint-Esprit. Le spécimen de la VAM est un ajout moderne. L'Esprit-Saint était-il présent à l'origine ? À Nouvoitou, il était indépendant et fixé par un tenon dans la poitrine du Père.
Deux anges de chaque côté, agenouillés sur ce qui doit être un nuage, tiennent une sorte de clef à anneau en losange et à deux branches tandis qu'ils lèvent le bras opposé vers la tiare, dans un geste de thuriféraire, comme dans les autres exemples de ce thème à Nottingham. Dans ce cas, la clavette serait, comme ailleurs les navettes, un accessoire de l'encensoir. En fait, en comparant avec l'exemplaire de la VAM, et avec celui de Monterrein, on voit qu'il s'agit de l'anneau des chaînes de l'encensoir, chaînes et encensoir qui ont été brisés et perdus à Saint-Avé.
Trinité, albâtre Victoria & Albert Museum
Nouvoitou (
Trinité, albâtre, Monterrein (Poermel), v. 1500, détail, cliché Bègne Bernard
Le registre moyen complète le personnage Paternel, et montre que Dieu le Père est assis sur une cathèdre, pieds nus, vêtu d'un manteau à plis larges.
Il tient entre ses genoux la croix sur laquelle le Fils est crucifié, et les cinq plaies sont marquées par des trous. Le Christ est barbu à cheveux longs, la tête inclinée vers sa droite, vêtu du perizonium.
Deux anges recueillent dans des calices le sang des mains.
Sous ce registre qui est posé sur une dalle plate se tiennent deux autres anges qui, un genou à terre (si on peut dire cela), soutiennent ensemble un seul calice afin de recueillir le sang s'écoulant des pieds du crucifié.
L'œuvre était peinte et comme sur d'autres exemples, les cheveux étaient dorés, les bords des textiles étaient peints et dorés, les vêtements recouverts d'ornementation dorée
On comparera cette œuvre avec les Trinités en albâtre suivante :
- retable de la Passion de Conches-en-Ouches (Eure), dont les quatre bas-reliefs du retable de Conches ont été volés le 6-7 juillet 1978. La Colombe est absente ; les chaines des encensoir sont intactes ; les anges du registre moyen sont saisis en vol; la main gauche du Père est brisée. C'est "la copie conforme" de celui de Saint-Avé pour Diego-Mens
-Eglise Saint-Tugdual de Combrit (Finistère) : couronne remplaçant la tiare main gauche refaite ; Colombe vue de haut ; donateur en bas à droite ; absence des anges ; phylactère réunissant le Christ et le donateur.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
II. LE PANNEAU LATÉRAL GAUCHE : Le TE DEUM (SAINTS ET PROPHÈTES) , SAINT JEAN-BAPTISTE ET L'AGNEAU.
1. Jean-Baptiste.
Selon Diego Mens, la présence ici des deux saints « présentateurs » Jean Baptiste et Jean l'evangéliste indique un lien évident avec Jean IV de Rieux. À Saint-Avé, le positionnement d’origine du retable de Nottingham était différent de celui connu au XVIIIe siècle qui a perduré jusqu’à 1913, avec une installation sur l’autel du bras du transept sud. Une position initiale probable est suggérée dans la chapelle privative du transept nord sur l'autel, sous la baie au remplage en fleur de lys . En effet, ce motif des remplages est souvent à associer, en Bretagne, à de hauts nobles chevaliers de l’ordre royal de Saint-Michel. Jean IV de Rieux ou maréchal de Rieux est mentionné comme appartenant à cet ordre dans le traité d’Étaples de 1498. Ainsi les panneaux du Te Deum encadrant celui de la Trinité, placés à l’origine dans cette chapelle et associés à la fleur de lys de la baie, pourraient être les témoins d’une dévotion, mais surtout d’une action de grâce et de reconnaissance de Jean IV de Rieux envers Dieu et la Vierge, pour la paix retrouvée dans le duché.
Le saint est figuré jambes nues sous une tunique (en encolure en V) et un manteau qui tombe jusqu'au sol. Un pan central du manteau s'achève par une dilatation qui évoque des pattes de chameau, animal associée dans la tradition à ce manteau. Il y a des rares de peinture brune sur le manteau.
L'agneau, qui lève son museau vers le saint, repose sur un livre. Le saint tend l'index, accompagné d'autres doigts, vers l'agneau par référence à la citation ecce agnus dei. « Voici l’ agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! » (Jean 1:29)
La tête est remarquable par sa barbe semblable à celle du Père de la Trinité, aux deux pointes peignées et aux mèches bouclées des joues, mais surtout par ses cheveux formant neuf sortes de nattes triangulaires formant des rayons. On retrouve exactement cette coiffure dans d'autres têtes d'abâtres du saint, cette-fois isolées dans le plat de son martyre. Ces dreadlocks soulignent que Jean-Baptiste est un nazir, consacré à Dieu, qui vit dans le désert, se nourrit de miel et de sauterelle, porte des vêtements en poils de chameau, et ne se coupe ni les cheveux ni la barbe.
V&A Museum's : le retable de Swansea. Les ressemblances sont frappantes ; remarquons la série de boutons de la tunique, remplaçant l'encolure en V. La polychromie conservée permet de se faire une idée de l'état du retable de Saint-Avé.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Nous retrouvons, dans la même tenue, Jean-Baptiste portant l'agneau en tête du cortège de louange de 17 saints et prophètes se dirigeant de gauche à droite vers le panneau central. L'Église tient Jean-Baptiste comme le dernier des prophètes d'Israël.
Dans le premier groupe des Prophètes, l'un des personnages porte un bâton , l'autre une scie , un autre un cimeterre, un autre un rouleau de parchemin. Plusieurs des coiffures sont à rabats ou conique, relevant des codes de désignation des Juifs : ce pourrait être des prophètes et patriarches de l'Ancien Testament. Ils ont tous la main levée, comme pour attester d'une vérité.
Un seul est tête nue et il tient un bâton : on a proposé d'y reconnaître Moïse, d'autant qu'il porte au sommet de la tête ce qui pourrait être deux flammes, allusion au caractère rayonnant de Moïse descendant du Sinaï après avoir parlé avec Yahweh, flammes qui prennent souvent l'allure de cornes suite à une erreur de traduction. "Aaron et tous les enfants d'Israël virent Moïse, et son visage rayonna de joie. Ils craignirent de s'approcher de lui." (Exode 34: 30)
parmi les personnages de gauche Il pourrait y avoir Élie , portant le manteau de prophète dont Élisée allait bientôt hériter. Élie monta au ciel dans un tourbillon… Élisée… ramassa le manteau qui était tombé d’Élie… et en frappa les eaux. « Où est maintenant l’Éternel, le Dieu d’Élie ? » demanda-t-il. Lorsqu’il frappa les eaux, elles se divisèrent à droite et à gauche, et Élie traversa. (2 Rois 2: 13-14)
Celui qui porte une scie serait Isaïe. Dans le Talmud de Jérusalem (Sanhédrin ), le prophète, craignant pour sa vie, se cacha dans un cèdre. Hélas, les franges de sa robe restèrent visibles et le méchant roi de Juda, Manassé, ordonna à ses serviteurs de scier l'arbre en deux.
En bas à gauche, Il s’agit peut-être de Jérémie , debout seul, l’air triste et vêtu d’une robe sacerdotale. Jérémie est l’un des prêtres d’Anathoth, dans le territoire de Benjamin. (Jérémie 1:1)
Le suivant serait Daniel. Traditionnellement d'origine royale, il porte une robe « royale » et tient un parchemin.« Et toi, Daniel, roule et scelle les paroles du livre jusqu’au temps de la fin. » (Daniel 12:4)
Son voisin serait David, il a une barbe fourchue et porte l'épée cimeterre courbée de son ennemi juré Goliath. David triompha du Philistin avec une fronde et une pierre. Il n’avait pas d’épée à la main, il frappa le Philistin et le tua. Il saisit l’épée du Philistin, la tira du fourreau, le tua et lui coupa la tête avec l’épée. (1 Samuel 17: 50-51)
Dans le second groupe, les saints ou martyrs de l'Église, on identifie un pape à sa tiare (au dessous de saint Pierre), un archévêque à sa croix et sa mitre, un évêque à sa crosse et à sa mitre, un roi à sa couronne et un cardinal à son chapeau à cordons à glands. Le roi tient un anneau qui le désignerait comme Édouard le Confesseur, et l'archevêque est rapproché de saint Thomas Becket. Trois autres personnages sont tonsurés, ce sont des clercs, et peut-être des diacres.
Les chaussures pointues sont bien celles portées au XVe siècle.
L’exemplaire du panneau des prophètes de l’Église conservé au Victoria et Albert Museum Inv. A.188-1946, panneau donné en 1946 par le docteur W. L. Hildburgh. est différent de celui de Saint-Avé et paraît plus ancien dans sa facture. Il prouve que ce thème a été réalisé au moins en deux séries distinctes, à deux époques.
Prophets, V&A Museum
Les collections du V&A Museum renferment aussi un fragment du cortège de Te Deum des membres de la Sainte Église, dont les détails montrent la parenté avec le panneau de Saint-Avé.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
III. LE PANNEAU LATÉRAL DROIT : Le TE DEUM (APÔTRES ET DOCTEURS ; VIERGES ET MARTYRES) ; SAINT JEAN L'EVANGELISTE.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les apôtres, saints et martyrs.
Les personnages tournés vers la gauche lèvent la main, comme ceux de gauche.
Au premier rang on trouve les apôtres Pierre (clef ; bizarre tonsure) et Paul (épée), puis André (croix en X).
Derrière eux, l'apôtre Jean tenant une palme, et un saint de l'Église (tonsure, aube et amict).
Au dernier rang, un pape (tiare, croix), un membre du clergé tenant un livre, un évêque, et un roi.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les Vierges et martyres.
Premier rang : sainte Catherine l'épée de sa décollation et la roue à couteaux de son martyr. Sainte Ursule, couronnée tenant sa flèche. Sainte Marguerite issant du dragon, tenant le crucifix de sa libération.
Deuxième rang : sainte Barbe et sa tour à trois fenêtres. Une sainte abbesse. Sainte Hélène, couronnée et la Croix.
Troisième rang : la troisième est sainte Apolline, couronnée, tenant une dent serrée dans un davier.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint Jean l’Évangéliste
Saint Jean l’Évangéliste bénit la coupe empoisonnée que lui a donné un prêtre païen d’Éphèse pour le mettre à l’épreuve mais le venin s’échappe du calice sous la forme d’un petit dragon bicéphale, comme le raconte la Légende dorée de Jacques de Voragine (1228-1298). La palme est celle que portait le saint devant le cercueil de la Vierge Marie que soutenaient les apôtres. Selon Diego Mens, cette représentation du saint avec ces deux attributs est assez rare et notamment illustrée dans la Prédelle de la Visitation par le maître de Segorbe (cathédrale de l’Assomption, province de Castellon, Espagne), XVe siècle.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
ANNEXE : CATALOGUE DES ALBÂTRES BRETONS (d'après C. Dréan).
Les albâtres de Bretagne ont été catalogués, datés et décrits par Colette Dréan. La majorité date de la seconde moitié du XVe siècle. Les retables de la Vie de la Vierge, dont j'ai placé les éléments en rouge, ne sont pas complets et souvent réduits à un ou deux panneaux. Les plus intéressants, en comparaison avec le retable de Kermaria, sont ceux de Saint-Péver et de Nouvoitou.
Côtes d'Armor
Châtelaudren Chapelle Notre-Dame -du-Tertre. Retable volé en 1969. Deuxième moitié du XVe siècle.
Châtelaudren Chapelle Notre-Dame -du-Tertre. Vierge à l'Enfant, début XVIe ?
Corlay, presbytère, v. 1428 Ste Anne et la Vierge
Dinan, Musée, seconde moitié XVe. Descente de croix ; Ste Catherine.
Lanvollon, Vierge à l'Enfant, fin XIVe
Pléherel église du Vieux-Bourg, fin XVe
Ploubezre chapelle Saint-Thècle fin XVe
Plougrescant Chapelle Saint-Gomery. Vierge à l'Enfant moitié XVe
Plouha, Chapelle de Kermaria an Iskuit, retable de la Vie de la Vierge, deuxième moitié XVe
Pommerit-le-Vicomte, église, Retable de la Passion, fin XVe
Rostrenen, chapelle de Compostal, Arbre de Jessé , Assomption et Couronnement de la Vierge, deuxième moitié XVe
Saint-Brieuc, ancien Carmel, Crucifixion, deuxième moitié XVe
Saint-Laurent de Bégard, église, Baiser de Judas, deuxième moitié XVe
Saint-Pever, Retable de la Vie de la Vierge : Trinité, Assomption, Couronnement.fin XVe
Squiffiec, Retable de la Vie de la Vierge : Adoration des Mages, Couronnement.fin XVe
Finistère
Cléden-Cap-Sizun
Combrit
[Elliant, chapelle Sainte Marguerite : hors catalogue, cité in Couffon 1980 p. 105 : Assomption de la Vierge avec saint Thomas]
Esquibien, église Saint-Onneau, Vierge de Pitié, ronde-bosse, milieu XVe. Volée en 1980.
Locquirec, église Saint-Jacques Vierge de Pitié, fin XVe (Vierge à l'Enfant selon R. Couffon)
Morlaix, Musée des Jacobins, Visitation, Trinité, Mise au tombeau, deuxième moitié XVe
Morlaix, couvent des Carmélites, Assomption, deuxième moitie XVe
Plonevez-du-Faou, chapelle Saint-Herbot, Annonciation, volée en avril 1969 [et Couronnement, non confirmé], deuxième moitié XVe.
Plouvorn, N-D de Lambader, élus dans le sein d'Abraham, deuxième moitié XVe. (Non retrouvé lors de ma visite, non confirmé)
Quimperlé, musée de l'Évêché, Ste Anne, Annonciation, Couronnement, deuxième moitié XVe
Quimper, cathédrale, Saint Jean-Baptiste, première moitié XVe
Quimper, cathédrale, retable du Christ et des Vertus, Xve
Quimper, Musée départemental breton, Baiser de Judas, Flagellation, deuxième moitié XVe
Roscoff, église de Croas-Batz, Retable de la Vie du Christ deuxième moitié XVe
Trémaouézan, presbytère, Adoration des Mages entre 1350 et 1390
Ille-et-Vilaine
Nouvoitou Retable de la Vie de la Vierge : Annonciation, Adoration, Trinité, Assomption, Couronnement fin XVe
— DIEGO MENS (Casas), 2020, La chapelle Notre-Dame-du-Loc en Saint-Avé.« Ymages » et décors du dernier quart du xve siècle, Actes du congrés de Vannes sept. 2019, Mémoires de la Socité d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 36 Pages
reproduit les textes de J. Guyomar, de Gustave Duhem 1932 (Les églises de France) et de la Revue Morbihannaise volume 18 page 126 de 1914
— JABLONSKI-CHAUVEAU, Christine et FLAVIGNY (Laurence), 1998, «Sculptures d’albatre du moyen-âge», (D’Angleterre en Normandie), Rouen, musée départemental des Antiquités 12 février - 31 mai 1998, Evreux, musée de l’Ancien Evêché, juillet-Octobre 1998 Ed. Lecerf, 1998
— KIRKMAN (Andrew), English alabaster carvings and their cultural contexts
— PRIGENT Christiane , 1998, Les sculptures anglaises d'albâtre au Musée national du Moyen Âge – Thermes de Cluny , Paris, Réunion des musées nationaux, 1998, p. 13.
— ROSTAND (A), 1928, Les albâtres anglais du XVe siècle en Basse-Normandie, Bulletin Monumental Année 1928 87 pp. 257-309
— SCHLICHT (Markus), La reproductibilité comme gage de succès commercial ? Albâtres anglais de la fin du Moyen Âge, Die Reproduzierbarkeit als kommerzielles Erfolgsrezept? Die english Alabasterskulpturen des späten Mittelalters p. 179-194
https://doi.org/10.4000/perspective.15321
—TOSCER Catherine, 1987,inventaire topographique Dossier d’œuvre objet IM56004515 et Dossier de présentation du mobilier IM56004538
:
1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)