La crossette de la Sirène coquette de l'église de Saint-Urbain (vers 1677-1701).
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Voir aussi :
- Les quatre sirènes musiciennes de Beauvais. Peintures murales au Musée de l'Oise ou MUDO, tour nord du palais épiscopal. Première moitié du XIVe siècle (ca 1313).
- Les Sirènes et Démones de l'église de Sizun (29) : la diabolisation d'Ève, ou la féminisation de Satan.
- La Sirène de la Recouvrance : Bondage au port d'attache. La figure de proue de la Recouvrance et ses sortilèges
- Sur la piste des crossettes de Landerneau.
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Sur le rampant sud-ouest du pignon ouest, la crossette qui participe à l'amortissement est une sirène en pierre de Logonna.
Vue de l'angle sud-ouest de l'église de Saint-Urbain, avec un repère sur la crossette. Photographie lavieb-aile.
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On admirera la belle idée de celui qui choisit de sceller ici un projecteur et de laisser courir le câble noir en une élégante sinuosité, spéculaire du corps de la femme-poisson.
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La sirène de Saint-Urbain appartient au groupe des 13 "ornements extérieur (en pierre) du type sirène", décrits par Hiroko Amemiya, dont 8 dans le Finistère, à Landerneau, Bodilis, Lampaul-Guimiliau, Ploudaniel, Sizun, Landévennec et Quimperlé. Couchée sur le ventre, elle redresse le buste et la tête. Sa longue chevelure épaisse et séparée en mèches encadre son visage doux et rond. La partie inférieure du corps a la forme d'une queue de poisson à écailles en relief. Elle brandit dans sa main droite tendue en arrière au dessus d'elle un peigne, alors que sa main gauche est placée sur le pubis, chastement et pudiquement selon les uns, lubriquement selon d'autres. A Landerneau, Bodilis et Lampau-Guimiliau ou encore Sizun, ses sœurs tiennent un miroir carré.
La signification de ces figures n'est pas univoque. Sur le plan de la morale chrétienne, c'est une dénonciation des dangers de la coquetterie, mais surtout de la séduction féminine, et donc de la concupiscence, en phase avec les prédications des recteurs, mais si, avec sa cousine la femme-serpent, elle a connu un tel succès dans les crossettes des églises, chapelles, ossuaires et demeures (Landerneau), c'est sans-doute qu'elle permet aux paroissiens, par un renversement carnavalesque des valeurs, d'afficher ostensiblement ses charmes d'autant plus attirants qu'ils seraient venimeux.
On peut y voir aussi un rapport avec des créatures fées, et avec le légendaire celtique.
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Datation.
Elle se base sur les inscriptions lapidaires :
L'édifice date du XVIIe siècle. La tour, à deux chambres de cloches, deux galeries et une flèche octogonale, porte des inscriptions :
sur les contreforts du côté ouest,
M : IACQVES/GVILLERM/CVRE : 1677. " M. Jacques Guillerm, curé, 1677."
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GVILLAVME DENIEL/LOVIS VERVEVR/FABRIQVES. 1677. " Guillaume Deniel Louis Verveur Fabriques 1677."
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sur l'aile sud,
M. IACQVES/GVILLERM. CVRE/M. IAN. LE. GALL. FA : /G : DERRIEN : 1682 "M. Jacques Guillerm Curé. Jean Le Gall Fabrique G Derrien : 1682"
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Sur l'aile nord,
Y : GALL : FA : 1686/Y : QVIDELLER - O : CARET/FA : 1687. "Y[ves] Gall Fabrique 1686. Y[ves] Quideller O. Caret Fabriques."
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SOURCES ET LIENS.
— AMEMIYA (Hiroko) 2005, Vierge ou démone, exemple dans la statuaire bretonne, Keltia éditeur, Spézet. 269 p. page 208.
— COUFFON (Renée), 1988, Couffon, Répertoire des églises : paroisse de SAINT-URBAIN,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 10 janvier 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/1043.
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