Les crossettes et gargouilles de l'église de Lampaul-Guimilau.
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Je dédie cet article à la mémoire d'Emmanuelle Le Seac'h, dont j'ai utilisé le travail hélas inédit.
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Sur Lampaul-Guimiliau : l'intérieur de l'église :
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Sur les crossettes et gargouilles :
— Sur les crossettes, voir :
Cet article appartient à une étude des crossettes du Finistère destinée à permettre des comparaisons et à dégager des constantes stylistiques et thématiques. On consultera sur ce blog :
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PRÉSENTATION.
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a) Définition :
— Gargouille : gouttière en saillie par laquelle s'éjectent les eaux de pluie, souvent sculptée en forme d'animal, de démon, de monstre. Elles sont perpendiculaires à la façade pour écarter du mur l'écoulement de l'eau .
— Crossette : elles ressemblent à des gargouilles mais n'ont pas de fonction d'évacuation des eaux (elles n'ont pas de conduit) et sont (le plus souvent) dans le même plan que la façade. Elles ont une fonction d'amortissement. J'utiliserai le terme de "crossette" tel que je le trouve défini dans Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne (2014) d'Emmanuelle Le Seac'h page 40 :
"Les pierres d'amortissement, nécessaires à la structure et à l'équilibre d'un fronton ou d'un pignon, sont généralement prolongées par des acrotères, des crossettes ou des pots-à-feu. Les crossettes, situées à la terminaison des rampants d'un pignon ou d'un fronton, sont extrêmement nombreuses. Les plus belles sont sculptées dans la pierre de kersanton sur les porches de la vallée de l'Élorn, comme à Landivisiau où un lion et un dragon se font pendant. "
Régulièrement photographiées pour leur beauté et leur thème pittoresque, les crossettes zoomorphes et anthropomorphes de Bretagne ont fait l'objet d'une seule étude réglée, celle d'Emmanuelle Le Seac'h, pour les quatre cantons du Finistère de Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, et Sizun : on y trouve ainsi l'étude des crossettes de l'église Notre-Dame de Lampaul-Guimiliau, et j'ai puisé dans ces descriptions et fait connaître ses croquis. Les autres articles de ce blog montrent que le bestiaire, la thématique et la stylistique sont suffisamment homogènes pour en étendre les conclusions à l'ensemble de la Basse-Bretagne.
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b) Datation et attribution.
Ces crossettes étant une partie intégrante de la construction, et non un élément surajouté, elles partagent avec celle-ci sa datation. Or, l'édifice a été commencé par son angle sud-ouest et par son porche sud à la période gothique (avant 1530 ) alors que la partie haute de son porche étant daté de 1533 avec des éléments Renaissance. La construction s'est poursuivie vers l'ouest (porche occidental, 1573) et vers l'est (petite porte sud et bénitier de 1622, chevet de 1627) et au nord (porte de 1069), nous serions amenés à supposer que les éléments sculptés ont été taillés par des ateliers différents entre 1500-1533 et 1627. Néanmoins, dans son mémoire, Emmanuelle Le Seac'h les datent de 1609 à 1627.
Ces sculptures ne sont pas attribuées. Les ateliers qui sont connus pour être intervenus sur l'enclos paroissial de Lampaul-Guimiliau (Le Seac'h, 2014) sont ceux de Bastien et Henry Prigent pour la partie haute du porche en 1533, et de Roland Doré avant 1663 pour le Christ de l'ossuaire. Ils travaillaient la pierre de kersanton.
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c) localisation, matériau et technique:
Les crossettes et les gargouilles sont en granite et sont souvent fortement érodées. Dix crossettes figurées, en faible relief et en ronde bosse, occupent les rampants droits et gauche des 5 fenêtres passantes de l'élévation sud de l'église. Six gargouilles figurées, en fort relief, drainent la toiture du chevet.
d) codification et motifs.
Les crossettes figurées de l'église sont désignées par la lettre C (ou CM si mutilées) de C1 à CM11 sur l'élévation sud d'ouest en est.
Les crossettes figurées de la chapelle de la Trinité (ancien ossuaire) sont numérotées de Cct1 à Cct 6.
Les six gargouilles sont désignées par la lettre G de G12 à G17 (chevet et sacristie) et G18 à G29 (clocher)
Les deux gargouilles de la chapelle de la Trinité sont désignées par Gct1 et Gct2.
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CM1 : animal, 1609.
C2 : ange tenant un phylactère, 1609.
CM3 : non identifiable, 1609.
C4 : Sirène tenant un miroir.
C5 : lion assis, 1622.
C6 : dragon, 1622.
C7 : buveur au tonneau, 1622.
C8 : chien assis, 1622.
C9 : ange, 1622.
C10 : ange, 1622.
CM 11 : lion mutilé, 1627.
CMct3 : chien, 1667
CMct 4 : lion, 1667.
Cct5 : homme agenouillé, 1667,
Cct6 : tête d'homme, 1667.
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G12 : buste de femme, 1627
G13 : lion tenant une banderole, 1627.
G14 : lion tenant une banderole, 1627.
G15 : lion tenant une banderole, 1627.
G16 : lion, 1627.
G17, tête mi-homme, mi-lion, 1627.
G18 à G29, gargouilles-canons du clocher.
Gct 1 : masque de femme, 1667.
Gct 2 : homme barbu.
Une gargouille ithyphallique G30 et son homologue pudique G31 sont situées à l'ouest de l'église : elles ne sont pas érodées et sont d'une facture très différente, sans doute moderne, et non décrite par Le Seac'h.
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e) Intérêts.
Les onze crossettes anciennes (1609-1627) et les 5 gargouilles (1627) de l'église constituent un corpus très précieux. Parce qu'il reprend les mêmes motifs que sur les églises et chapelles de Basse-Bretagne du XVe siècle, il reflète non pas un choix local et daté, mais la permanence d'un monde imaginaire que les fabriciens exigent de faire représenter dans les parties hautes de leur sanctuaire. Ce corpus trouve souvent son équivalent, à l'intérieur de l'édifice et à la même hauteur, dans les sablières, comme si ce lieu intermédiaire entre la toiture et les murs, lui fournissait un espace marginal d'expression.
Nous n'y trouvons ni représentation chrétienne (alors que celle-ci s'exprime sur les calvaires, les retables et la statuaire intérieure), ni scènes de genre, ni bestiaire familier, ni fables ou proverbes, mais la répétition inlassable, paroisse après paroisse, du même fond sacré populaire.
Il serait fallacieux d'y voir l'expression d'une âme celte pré-chrétienne, car les dragons (l'un des leitmotiv) envahissent les marges des manuscrits sacrés du XIIe siècle des ateliers parisiens. Il serait fallacieux aussi de croire que ces crossettes sont, par leur éloignement, des manifestations d'un refoulé. Elles ne sont pas moins visibles que les statues des calvaires, et ne sont nullement escamotées.
Exercent-elles une fonction apotropaïque ? Délimitent-elles une enceinte sacrée pour la protéger par l'énormité inouïe de leur statut ?
Ce dragon, ce chien, ces lions viennent d'un Monde surnaturel au même titre que les anges, et leur message énigmatique, moins terrifiant que fascinant, nourrit cet art de la sculpture sur pierre comme ces Contes qui, répétés cent fois, continuent à dire quelque chose d'essentiel qui ne s'épuise pas. Le Vicieux, tout comme la Sirène dans sa séduction ou l'Ève primordiale, sont des personnages clefs de ce Grand Guignol constituant un trésor de l'Humanité. Il ne s'agit pas d'un dragon, d'un ange, d'une sirène, mais de Dragon, d'Ange, de Chien, de Sirène ou de Lion, avec la même familiarité, mais aussi la même puissance que les constellations du zodiaque qui tournent dans notre ciel.
Il nous faut donc admettre que nos ancêtres voulaient que ces figures soient présentes et tournent autour du sanctaire, car elles formaient le firmament de leur psyché sans opposition ni sacrilège avec la divinité chrétienne, mais dans une complémentarité mystérieuse.
Ces crossettes et ses gargouilles ont donc le statut d'œuvre d'art, car leurs formes expriment une Idée, universelle, énigmatique, toujours et inlassablement surprenante : celle de l'Inconnu fertile.
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Éléments de datation de l'élévation sud de l'église d'après les inscriptions.
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Éléments de datation de l'église d'après les inscriptions : plan.
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Codification des crossettes et gargouilles selon E. Le Seac'h 1997.
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Plan par Emmanuelle Le Seac'h 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Première fenêtre passante F1 (à gauche du porche).
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Crossette CM1, animal mutilé, rampant gauche de F1, 1609.
On suppose une forme animale, dont la tête et le haut du buste (en ronde bosse) a disparu ; il reste, en faible relief et érodé, le buste, l'arrière-train et une patte. La description pourrait aussi être faite en partant de l'hypothèse d'un acrobate aux chaussures longues. Voir le buveur au tonneau.
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Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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n.b. On remarque, au dessus du rampant, en réemploi et en remplacement d'un pinacle, une statue en ronde bosse en kersanton : c'est l'évangéliste saint Marc rédigeant son évangile, dont le lion porte dans sa gueule le plumier et l'encrier. Atelier Prigent ?
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Saint Marc évangéliste, kersanton (XVIe siècle) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
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Crossette C2 : ange tenant un phylactère, rampant droit de F1, 1609.
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"Le petit ange joufflu est habillé. Il déroule une banderole qui lui ceint la taille en tendant le bras droit. Le sculpteur a multiplié les plis pour donner de l'étoffe au personnage : plis transversaux pour le bas de la robe qui cache les pieds, plis en accordéons pour le bras et plis rectilignes verticaux pour le buste. Le visage reflète une expression grave et paisible." (E. Le Seac'h 1997)
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Ange au phylactère, crossette C2 (granite, 1609) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Deuxième fenêtre passante F2, à gauche du porche.
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Crossette CM3, rampant gauche de F2.
Le sujet n'est pas identifiable.
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Crossette C4, rampant droit de F2. Sirène tenant un miroir.
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"La sirène s'admire dans un miroir à pied [plutôt à poignée] qu'elle tient derrière elle. Les écailles de la queue ont presque disparu. Les cheveux longs tombent sur les épaules. Le visage est tourné vers le visiteur". (E. Le Seac'h, 1997).
H. Amemiya donne cette description :
"Sirène : couchée sur le ventre, tête à droite. Buste dressé . Visage ovale encadré d'une longue chevelure. Seins en relief. La main droite tendue vers l'arrière tient un miroir (?). Une ceinture à la taille, à partir de laquelle elle prend la forme d'une queue de poisson à écailles sculptées. L'extrémité est bifurique. Disposition analogue à la sirène de l'église Notre-Dame de Bodilis dont la partie visible du corps est semblable à celle-ci."
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En se basant sur des œuvres similaires, nous pouvons imaginer que la femme-poisson tenait un pigne dans la main gauche. Comparez avec la sirène de la rue Kerbrat à Landerneau, à celle de l'église de Saint-Urbain, de l'église Saint-Suliau de Sizun,
Une autre sirène, ou plutôt une Femme-serpent, est sculptée à Lampaul-Guimiliau sur la partie haute du porche, sous la statue de saint Michel, et au dessus de la date de 1533.
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Sirène au miroir, crossette C4 (granite, 1609) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Troisième fenêtre passante F3, (1622), à droite du porche.
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Crossettes C5 et C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
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Crossette C5, rampant gauche de F3. Lion assis (1622).
"Le lion est assis sur une console. La gueule ouverte, il tire la langue. La crinière est élégamment peignée, les mèches se suivent sans s'embrouiller. La queue se divise en trois ramifications." (Le Seac'h, 1997)
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Lion assis, crossette C5 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Lion assis, crossette C5 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Crossette C6, rampant droit de F3 : dragon (1622).
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"Le dragon montre les crocs. Une aile membraneuse de chauve-souris se distingue à peine sur le dos. Le corps recouvert d'écailles se termine en queue de serpent. Des pattes d'animal sont rattachées à l'avant-corps. La tête du monstre est érodée". (Le Seac'h, 1997)
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Dragon ailé, crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Dragon ailé, crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Quatrième fenêtre passante F4 (1622) .
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Crossette C7. Rampant gauche de F4 : le buveur au tonnelet (1622).
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"L'homme nu s'adonne à la boisson en portant à ses lèvres un tonnelet d'alcool qu'il serre dans ses mains" (Le Seac'h, 1997).
Ce type de petit tonneau à goulot médian se retrouve sur les sablières .
Voir un exemple du XIXe :
http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo113332
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Homme buvant au tonnelet, crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Homme buvant au tonnelet, crossette C6 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Crossette C8. Rampant droit de F4 : un chien assis (1622).
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"Le chien de race setter ou labrador avec ses oreilles basses et tombantes est assis sur l'arrière-train. La tête est légèrement cachée par le contrefort". (Le Seac'h 1997)
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Chien assis, crossette C7 (granite, 1622) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Cinquième fenêtre passante F5 (1622)
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Crossette C9, rampant droit de F5. Ange (1622).
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"L'ange, en position allongée, s'appuie du bras droit sur la volute et la contre-volute qui terminent la crossette. L'autre bras suit les contours de la robe flottante." (Le Seac'h, 1977)
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Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Crossette C10, rampant gauche de F5. Ange (1622).
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"Le visage rond et joufflu de l'ange se rattache directement au reste du corps. Le bras droit est collé au buste. Les cheveux sont coupés en un carré bouclé. L'ange est vêtu d'une longue robe qui par ses plis, laisse deviner l'orientation des pieds vers le haut. La crossette se termine par une volute et une contre-volute." (Le Seac'h, 1977)
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Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Crossette CM 11. Coté droit du lanternon du dernier contrefort de l'élévation sud ( angle sud-est) : lion mutilé (1627).
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"Le lion se tient debout. La tête est mutilée. On devine encore la langue pendante et les boucles de la crinière sur le reste de la sculpture. La pierre de la patte antérieure droite est fendue." (Le Seac'h, 1977)
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Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Lion assis, crossette CM11 (granite, 1627), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Gargouilles G11 à G14 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
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LE CHEVET.
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Gargouille G12. Partie frontale du contrefort n°1 du chevet. Une femme bras croisées sur la poitrine (1627).
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"La femme se protège des regards indiscrets. Elle cache pudiquement la poitrine en croisant les bras sur le devant. Elle arrondit la bouche pour laisser s'écouler l'eau. Les yeux en amande sont très tirés sur le coté, avec pour l'œil gauche un petit trou. Les cheveux longs couvrent les épaules. Une frange courte et quelques boucles sur le devant complète la coiffure". (Le Seac'h, 1977)
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Gargouille C12 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Femme bras croisés, gargouille G12 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
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Femme bras croisés, gargouille G12 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Gargouille G13, niche du contrefort n°2 du chevet, sur la face frontale : lion tenant une banderole (1627).
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"L'animal repose sur une banderole qu'il déroule avec les pattes antérieures. Une fleur à pétales stylisés est sculptée sur le rouleau. La gueule ouverte, il sort la langue. La crinière est abondante. Il est taillé dans la pierre d'une manière géométrique, dans une forme qui rejoint le parallélépipède". (Le Seac'h, 1977)
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Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
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Gargouille G14, niche du contrefort n°2 du chevet, sur la face frontale : lion tenant une banderole (1627).
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Il est identique aux gargouilles G13 et G15.
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Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
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Gargouille G15 : lion tenant une banderole (1627).
Il est identique aux gargouilles G14 et G15.
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Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2019.
Gargouilles G13 à G15 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2019.
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LA SACRISTIE.
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Gargouille G16 sur le contrefort de la sacristie : un lion (1627).
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"Le lion famélique regarde d'un air goguenard les visiteurs avec son large sourire qui quelques siècles plus tôt devait faire peur. Les incisions dans la pierre rappellent celles faites pour figurer la crinière d'un lion. Le mufle de l'animal se devine ainsi que les yeux. La tête est tournée vers le sud." (Le Seac'h, 1977)
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N.B la sacristie elle-même date de 1673-1679 (inscriptions)
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Lion, gargouille G16 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Lion, gargouille G16 (granite, 1627) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Gargouilles G16 (granite, 1627 ?) et G17 (granite, 1679) de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
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Gargouille G17 sur le mur de la sacristie jouxtant le contrefort tête mi-homme, mi-lion (1679).
À droite après la rotondité de l'escalier , très basse, environ à deux mètres du sol, et de forme parallélépipédique, en faible relief, érodée et en partie couverte de lichens.
"Vue de face, la tête est celle d'un homme avec des yeux ronds et des moustaches. Vue du coté droit, avec une oreille plate et étirée, elle ressemblerait d'avantage à un félin. Le coté droit est contre le contrefort, le dessous est marqué par un creux rond. " (Le Seac'h 1997)
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Gargouille G17 (granite, 1679), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Gargouille G17 (granite, 1679), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Gargouille G17 (granite, 1679), de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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LES GARGOUILLES DU CLOCHER.
G18 à G 29, cantonnées aux deux étages du clocher, elles adoptent la forme de canons tous semblables.
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Gargouilles-canons G18 à G29 du clocher de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
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LES GARGOUILLES DE L'OUEST.
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Non décrites par E. Le Seac'h.
Ce sont deux sculptures jumelles en ronde bosse, de même facture, , réalisées dans la même pierre blanc crème au grain fin, et qui n'exerce plus leur fonction de gargouille puisque l'eau de pluie est collectée dans une gouttière qui passe dans un évidement de leur base. Elles ont en commun une tête, à la gueule caricaturale dévoilant des dents pointues, aux oreilles d'âne, avec une crinière en mèches épaisses couronnée par un collier. Elles diffèrent néanmoins par un détail.
J'y ai d'abord vu un couple de lions, mais le collier, ainsi que l'allure de G31, m'incite à y voir un chien et une chienne. La discussion est ouverte.
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La gargouille G30 du coté nord de l'élévation ouest : un chien ithyphallique .
Ses pattes antérieures anthropomorphes tiennent un généreux phallus .
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La gargouille G31 coté sud de l'élévation ouest : une chienne ? .
A la différence de son compagnon, dont le pelage du dos était ras, elle est dotée d'un pelage aux longues mèches.
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LA CHAPELLE DE LA TRINITÉ (ancien ossuaire).
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Crossette CctM3, rampant droit de l'élévation à l'opposé du chevet, faible relief, très érodée : un chien mutilé (1667)
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"La tête de la crossette est mutilée. Au vu d'autres crossettes identiques (à Dirinon sur l'église Sainte Nonne, ou à Landerneau sur l'église Saint-Thomas), il s'agit d'un chien". (Le Seac'h 1997)
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Crossette CctM3, un chien mutilé (1667) , Chapelle de la Trinité (1667), Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Crossette CctM4, rampant de l'élévation à l'opposé du chevet : un lion (1667).
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"Au vu d'autres crossettes identiques (à Trémaouézan sur l'ossuaire de l'église Notre-Dame, ou à Landerneau église Saint-Thomas), l'arrière-train serait celui d'un lion, avec la queue divisée en deux touffes de poils à son extrémité". (Le Seac'h 1997)
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Crossette CctM4, : un lion (granite, 1667), Chapelle de la Trinité (1667), Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile mars 2019..
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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PORTE NORD DE LA CHAPELLE.
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Porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
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Crossette Cct5 : un homme agenouillé (1667).
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"Élévation à l'angle tronqué, au centre de l'élévation et au dessus de la porte et de son tympan, ronde bosse et faible relief, bonne facture.
L'homme est agenouillé. Il est habillé d'une veste à col plat. La main gauche est plaquée sur le torse, la main droite est placée contre la hanche. Le visage dégage une expression douloureuse, parcourue d'une moue boudeuse. Il porte un chapeau au bord ondulé." (Le Seac'h 1997)
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Je ne serais pas étonné qu'il s'agisse plutôt d'un jouisseur et de la dénonciation de quelque vice.
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Homme agenouillé, crossette Cct5, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Homme agenouillé, crossette Cct5, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Crossette Cct6 : tête d'homme caressant sa barbe (1667).
"Élévation à l'angle tronqué, au centre de l'élévation au dessus de la porte au niveau du tympan, ronde bosse et faible relief, bonne facture.
La tête de l'homme est accroché directement dans le mur au niveau du cou. Le personnage tient sa barbe dans la main droite d'un air songeur et méditatif." (Le Seac'h 1997)
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Le motif du vieil homme se caressant la barbe, déjà présent sur les modillons romans, renvoie à des évocations vicieuses bien établies. Il est très fréquent, en voici quelques exemples en Finistère :
Crossette du tympan de la petite porte sud de l' église Saint-Suliau, enclos paroissial de Sizun. La ressemblance avec celui de Lampaul-Guimiliau est forte.
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Crossette du rampant du pignon du transept nord de l'église de Loc-Envel, XVIe
Console du Porche des Apôtres de la collégiale du Folgoët
Console du Porche des Apôtres de l'abbaye de Daoulas.
Sauvage caressant sa barbe, du porche de l'église de Landivisiau.
http://www.lavieb-aile.com/2017/01/le-porche-de-l-eglise-de-landivisiau.html
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Homme se caressant la barbe, Homme agenouillé, crossette Cct6, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
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Homme se caressant la barbe, Homme agenouillé, crossette Cct6, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Homme se caressant la barbe, Homme agenouillé, crossette Cct6, porte de la chapelle de la Trinité (1667), église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2017.
Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Gargouille Gct1 : masque de femme (1667).
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"Arête du pan du chevet de la chapelle au niveau du pied des balustres de la galerie de l'arc de triomphe, à l'extérieur de l'enclos, faible relief.
La gargouille est sculptée de manière très stylisée par des incisions dans la pierre. Le visage paisible d'une femme qui dort est représenté. Chacun des cotés de la gargouille est orné de volutes et contre volutes. " (Le Seac'h 1997)
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Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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Gargouille Gct1 : homme barbu (1667).
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"Arête du pan du chevet de la chapelle au niveau du pied des balustres de la galerie de l'arc de triomphe, à l'intérieur de l'enclos, faible relief.
Le visage d'un homme barbu est sculpté. Les traits sont très épurés et très stylisés. Le sculpteur a éliminé tout détail superflu et a donné au visage une expression grave. La jointure des lèvres est juste marquée, les yeux sont clos. La barbe est symbolisée par des excavations. Chacun des cotés de la gargouille est orné de volutes et contre volutes. " (Le Seac'h 1997)
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Croquis de E. Le Seach , 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère, mémoire dactylographié.
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SOURCES ET LIENS.
—ABGRALL (Jean-Marie), 1891, Notice sur l'église de Lampaul-Guimiliau , Bulletin de la Société archéologique du Finistère .
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f92.image
— ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Notice sur l'église de Lampaul-Guimiliau, B.D.H.A. page .
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eb8a12b7e12798d2ef6eea2b182e7115.pdf
— AMEMIYA (Hiroko),2005, Vierge ou démone, statuaire insolite en Bretagne. Keltia Graphic, page 211.
— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988, Notice sur Lampaul-Guimiliau , Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm. ISBN 978-2-950330-90-1.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/ffdece473d8b2cacb3b0124f2e647d77.pdf
— COUFFON (René), 1964 Quelques considérations sur la sculpture religieuse en Basse-Bretagne du 12e au 19e siècle In: Bulletins et mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 92 (1964) p. 21-52
— DITTMAR (Pierre-Olivier), RAVAUX (Jean-Pierre), 2006, « Significations et valeur d'usage : le cas des gargouilles de Notre-Dame de L'Epine », Etudes marnaises, 2006, t.CCXXIII, p.46-50.
https://www.academia.edu/6446935/_Significations_et_valeur_d_usage_des_gargouilles_le_cas_de_Notre-Dame_de_l_Epine_avec_J.-P._Ravaux_Notre-Dame_de_LEpine_1406_-_2006._Actes_du_colloque_international._LEpine-Ch%C3%A2lons_15_et_16_septembre_2006_t._II_2008_Etudes_Marnaises_t._CXXIII_p._38-80
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère : Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, Sizun. Mémoire de maîtrise d’histoire, 2 vol. 359 p. + 135 p. : ill. ; 30 cm.
— VIOLLET-LE-DUC (Eugène ) 1854-1868, « Gargouille », Dictionnaire raisonné de l’architecture française, Paris, Bance-Morel, , t.VI, p.24-28.
https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_raisonn%C3%A9_de_l%E2%80%99architecture_fran%C3%A7aise_du_XIe_au_XVIe_si%C3%A8cle/Gargouille
— Wikipédia "Gargouille".
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gargouille