La maîtresse-vitre (Grande Crucifixion, Le Sodec, v. 1550) de l'église Saint-Cornely de Tourc'h.
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Voir les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle dont beaucoup sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :
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1476-1479 : Locronan Vie et Passion du Christ.
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Vers 1500 : la "petite Passion" de la baie 4 de Guengat. Vie et Passion du Christ.
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1510 : Vie du Christ, Maîtresse-vitre de l'église Saint-Nonna Penmarc'h, Attribuable à l'atelier Le Sodec ?. Vie et Passion du Christ.
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1516 : Maîtresse-vitre de l'église d'Ergué-Gabéric, Attribuable à l'atelier Le Sodec . 4 lancettes. Vie et Passion du Christ.
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La maîtresse-vitre (v.1520) de la chapelle de Kerdévot à Ergué-Gabéric.
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1520 : maîtresse-vitre, église de Plogonnec, attribué à Olivier Le Sodec. 4 lancettes, 6 scènes de la Passion du Christ et 2 couples de donateurs.
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[1519-1535 : maîtresse-vitre (détruite) de l'Abbaye de Daoulas pour mémoire et non décomptée.
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1525 Pluguffan
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Premier quart XVIe : Cast, Chapelle de Quillidouaré. 4 lancettes dont 3 pour une grande Crucifixion.
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1535 : Quimper, église Saint-Mathieu : Copie du XIXe siècle des verrières de Tourch ou La Roche-Maurice..
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v.1535 : Vitrail du chœur de l'église de Brasparts (ou 1560 pour J.P. Le Bihan). 3 lancettes, 12 scènes de la Passion.
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1539 : maîtresse-vitre de l'église de La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes, scènes de la vie et Passion du Christ dont une Grande Crucifixion centrale.
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1540 La Martyre, baie 0 Cartons communs avec La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec.3 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion.
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vers 1540 La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch.
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1550 : maîtresse-vitre de l'église de Guengat, Attribué à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion.
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1550 : La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau. Cartons communs avec Guengat, et certains avec Quéménéven, Gouézec, et Tréguennec. 4 lancettes d'une Grande Crucifixion.
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1550 : Tourch
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1550 : Trégourez
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Milieu XVIe : ancienne maîtresse-vitre de Saint-Gunthiern à Langolen, aujourd'hui au Musée Départemental Breton de Quimper.
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1556 : Saint-Herbot (Plonévez-du-Faou) par Thomas Quéméneur de Morlaix.6 lancettes, 12 scènes de la Passion avant la Crucifixion.
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1560 : Maîtresse-vitre de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Attribué à Le Sodec.3 lancettes. 7 scènes de la Passion.
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1560 : Maîtresse-vitre de la chapelle N.D-du-Crann à Spezet. 4 lancettes, 12 scènes de la Passion.
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vers 1570 : La maîtresse-vitre (La Passion, anonyme, v. 1570) de l'église de Pleyben. 4 lancettes : scènes de la Passion dont une Crucifixion sur 9 panneaux.
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3e quart XVIe siècle. La Passion de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Pierre de Gouezec. : Attribuable à l'atelier Le Sodec. 4 lancettes d'une Grande Crucifixion.
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3e quart XVIe siècle (vers 1560), Quéménéven église Saint-Ouen : Attribuable à l'atelier Le Sodec . Cartons communs (Le Bihan) avec Guengat, Gouezec et Guimiliau, ou La Martyre et La Roche-Maurice (Gatouillat).
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3e quart XVIe siècle Tréguennec ; Attribuable à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes dont une Grande Crucifixion centrale.
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3e quart XVIe siècle : Ploudiry. 3 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion, proche de celles de La Roche-Maurice, La Martyre, etc.
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4e quart XVIe : Pont-Croix. Attribuable à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes de la Vie du Christ à un couple de donateurs (Rosmadec).
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1593 : église de Saint-Goazec.
et dans le Morbihan :
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1515 : maîtresse-vitre, église de Lanvenegen 4 lancettes, 12 scènes de la Passion.
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Milieu XVIe : Passion, Le Faouët, chapelle Saint-Fiacre, Attribué à l'atelier Le Sodec.
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3ème quart XVIe, Saint-Thuriau, église, baie 6. Attribué à l'atelier Le Sodec.
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pour commpléter l'une des lacunes On attribue aussi à l'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :
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vers 1520-1525 : Arbre de Jessé de Kerfeunteun à Quimper
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vers 1528 : Arbre de Jessé de Confort-Meilars
Voir enfin :
Liste des 308 articles de mon blog décrivant des vitraux
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PRÉSENTATION.
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Parmi ces Passions finistériennes, on peut distinguer les verrières comportant des scènes de la Vie du Christ dont la Passion, ou bien des scènes successives de la Passion seule, ou bien de Grandes Crucifixions occupant toute la vitre. La maîtresse-vitre de Tourc'h appartient au troisième groupe..
On peut aussi classer ces Crucifixions en deux catégories : celles où le ciel est rouge (Guimiliau, Guengat,.), et celles, comme ici, où le ciel est bleu.
Cette verrière est attribuée au meilleur atelier quimpérois de l'époque, peut-être celui de Gilles Le Sodec, dont certains croient déchiffrer la signature sur l'Arbre de Jessé de Kerfeunteun à Quimper. Quoiqu'il en soit de ces déchiffrages périlleux, et de la maigreur des renseignements sur une famille de peintres verriers Le Sodec, ce nom sert de nom de convention pour désigner un atelier aux caractéristiques stylistiques qui sont, elles, indiscutables. Et dont les cartons sont repris en de nombreux sites.
Ainsi, les cartons à grandeur d'exécution de La Roche-Maurice et de La Martyre sont repris à Tourc'h, à peine adaptés.
Et la composition de cette verrière a été rapprochée de celle de la maîtresse-vitre de Saint-Mathieu de Quimper. Elle a d'ailleurs servi de modèle en 1896 pour compléter une des lacunes que comportait cette dernière.
On retrouve à Tourc'h notamment les trois larmes sous les paupières de Marie, de Jean et de Marie-Madeleine éplorés. Les visages sont remarquablement peints, et je m'attarderai à les présenter en détail. On n'y trouve pas par contre les lettres peintes en pseudo inscriptions sur les galons et harnachement, pourtant très caractéristiques. Les verres gravés rouges ne manquent pas.
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"Le chœur de cette église construite au XVe siècle s'ornait de trois verrières du siècle suivant. Seule est aujourd'hui conservée intégralement la grande Crucifixion de l'axe, datée de 1550 ou des années suivantes (le chronogramme portée sur l'œuvre est amputé de son dernier chiffre). Les deux autres n'ont plus que des écus armoriés dans la partie supérieure. " (F. Gatouillat et M. Hérold)
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DESCRIPTION.
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Cette baie à trois lancettes et un tympan à 3 ajours et 2 écoinçons mesure 3,50 m. de haut et 2 mètres de large. Sur un soubassement à trois socles convexes ornés de médaillons, les trois lancettes montrent la Crucifixion, avec le Christ au centre, et les deux larrons de chaque côté.
Mais la partie inférieure de chaque lancette est consacrée à peindre quatre soldats se disputant violemment la tunique sans couture du Christ. Je décrirai ce registre à part.
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LA LANCETTE A. Le Bon Larron ; la pâmoison de la Vierge.
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Panneaux intacts.
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Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Le Bon Larron dont l'âme est emportée par un ange vers les cieux.
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Dismas, le Bon Larron, est vêtu (comme sur les calvaires de pierre de la même époque) de vêtements contemporains, à crevés sur le gilet (vert) et les hauts de chausses (rouges, à forte braguette), au dessus d'une chemise blanche plissée à dentelle (gorge et poignets). Il est barbu, et ses cheveux longs flottent au vent.
Il ne regarde pas le Christ, mais sa tête retombe sur le côté, et ses yeux partent vers le haut, pour signifier qu'il est mort : les soldats lui ont brisé les jambes pour achever son supplice. La bouche entrouverte a laissé échapper le dernier soupir. La représentation de l'âme emportée vers le Salut est donc cohérente.
Sur un verre peint en sanguine pâle, les traits sont peints à la grisaille, soulignés par des hachures (cou), et les volutes des cheveux et de la barbe sont accentués par la technique de l'enlevé du bout du manche du pinceau (ou d'un autre outil).
L'ange et l'âme figurée comme un petit personnage nu mains croisées sont finement rendus, principalement en verre blanc enrichis de jaune d'argent.
Le ciel en verre bleu est animé de grisailles et d'arcs de cercles en enlevé. Sur ce ciel se détachent les lances des soldats — les hasta plutôt que les pilum qui sont des javelots — dont le fer est emmanché sur la hampe de frêne par une virole couverte d'une passementerie colorée.
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Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Les cavaliers et soldats romains.
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Le cavalier de gauche est peut-être un officier, ou plutôt un notable à la barbe vénérable. Son chapeau jaune foncé à oreillettes peut laisser penser qu'il s'agit d'un membre du Sanhédrin.
À droite, le cavalier en armure porte un casque à plumet rouge dont le "hublot" rectangulaire est caractéristique de ces verrières quimpéroises.
Les vues de détail des visages et du cheval montrent la qualité de ces peintures : les cils, les paupières sont rendus par de nombreux traits. Les modelés sont soulignés tant par les nuances de la couleur que par les traits de grisaille et d'enlevé ou que par les hachures. Le relief et les reflets des accessoires métalliques de l'harnachement (les phalères) sont indiqués par des modulations précises du jaune d'argent.
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Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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La Vierge soutenue par saint Jean et une sainte femme (Marie-Madeleine probablement).
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Au pied de la croix où son fils se meurt, Marie s'effondre, ses genoux fléchissent et, quoiqu'elle élève ses mains jointes, sa tête se baisse. Elle porte le manteau bleu habituel, une robe lie de vin, et un voile blanc ourlé. Le nimbe radié est rouge.
Jean, qui regarde encore le Sauveur, tend les bras pour la soutenir. Robe verte et manteau rouge.
Marie-Madeleine (que j'identifie par son turban orientalisant et l'agrafe d'or témoin de son élégance) la soutient également et pose sur elle un regard rempli de compassion.
Le damas des robes est remplacé par un réseau "en pièces de puzzle" (ou "en ocelle" pour Gatouillat et Hérold).
L'ensemble de la composition forme une voûte.
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Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Je vais maintenant observer attentivement les visages. D'une part, comme précédemment, pour admirer, malgré l'altération des verres, la maîtrise du peintre. Mais aussi pour vérifier la présence des trois larmes blanches (en enlevé) sous la paupière de chaque personnage, puisque ce détail est très souvent retrouvé dans les Crucifixions quimpéroises, en écho aux larmes que les sculpteurs sur pierre de kersanton (atelier Prigent de Landerneau) placent à la même époque sur les mêmes personnages de leurs calvaires.
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Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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C'est sous l'œil gauche que se remarque le filet blanc de la larme, et l'ampoule finale. Je retrouve aussi ce détail déjà remarqué sur les autres verrière : la pointe de blanc du coin de l'œil, témoignant d'une larme qui se prépare.
La bouche est entrouverte, comme sur un instantanée d'une parole ou d'une exclamation prononcée. L'émotion est patente.
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Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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C'est sur le visage de la Vierge que les larmes sont le plus facilement observables. Trois sous l'œil droit, et au moins une sous l'œil gauche.
Les modelés sont rendus par un subtil emploi d'une sanguine plus sombre, sur la paupière supérieure, sur l'aile du nez, la lèvre ou la joue gauche.
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Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Les larmes sont là également sur le visage de Marie-Madeleine. La grisaille noire trace les cils, l'iris et sa pupille, les rides des yeux, le nez, le philtrum et les lèvres.
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Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette A de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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LA LANCETTE B. Le Christ en croix ; Marie-Madeleine au pied de la Croix.
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Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Le Christ en croix.
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Il est représenté après sa mort, au moment où Longin transperce le flanc droit de sa lance et en libère l"aqua lateris" des cantiques (Anima Christi).
Sous le nimbe rouge à croix jaune (verre gravé), la tête, ensanglantée par les épines de la couronne, retombe sur la droite.
Le peintre insiste sur la réalité des écoulements des plaies.
De chaque côté, les oriflammes des soldats romains.
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Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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L'écoulement du sang. Longin transperce le flanc du Christ. Un cavalier romain en armure (le Bon Centenier ?) .
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Longin est, comme c'est souvent le cas, représenté comme un dignitaire Juif.
Son cheval est harnaché d'or ; on retrouve les mors à branches en S habituels à cet atelier. Des grelots sont fixés sur les lanières.
Ces grelots sont attestés sur l'harnachement des chevaux en parade, pour leur effet visuel mais surtout pour que leur son crée un effet, "joyeux ou rauque", de tumulte.
Ils étaient aussi porté par les nobles sur leur costume (ce sont alors des "branlants"), ou par les participants des carnavals et charivari, et sur les bonnets des fous. Voir Olivier Thuaudet p.919
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Le cheval de Longin et ses grelots.
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Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Cet officier en armure porte un collier en or. Sa monture est tenu par son écuyer, à bonnet rouge.
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Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Marie-Madeleine est agenouillée, en larmes, mains écartées, devant le sang qui s'écoule des pieds du Christ le long de la croix.
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Son manteau rouge est rejeté en arrière de ses épaules; ses cheveux blonds s'échappent du bonnet de sa coiffe. Cette coiffe à trois rangs de perle et ses boucles d'oreille témoignent de son élégance, tout comme la fine chemise plissée ourlée d'or.
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Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Le sang qui ruisselle sur la croix devant les yeux de la sainte.
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Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Les larmes et les yeux noyés de pleurs.
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Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette B de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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LA LANCETTE C : LE MAUVAIS LARRON ; LES QUATRE CAVALIERS.
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Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Le Mauvais Larron aux jambes brisées, et son âme emportée par un diable.
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En grisaille sur le verre bleu, des éléments architecturaux (clochers) signalent la ville de Jérusalem en arrière plan.
Ces vues sont plus rares dans l'atelier de Quimper que dans les verrières d'Engrand Le Prince, de Beauvais, actif en Normandie.
On remarquera aussi les nuages , déjà présents en lancette A, et qui sont mis en plombs.
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Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Les quatre cavaliers : des notables Juifs ou des officiers romains ?
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Le notable de gauche porte une mitre frappée d'un croissant d'or. Cette coiffure le désigne sans doute comme le grand prêtre, portant le turban ou Mitznefet et sa lame d'or ou Nezer. Son cheval est tenu par un écuyer.
Le notable de droite porte un turban rouge, mais associé à une cuirasse.
Celui qui, de trois-quarts, monte un cheval blanc (tous les chevaux de ces vitraux sont blancs) est sans doute également un Juif, car ses manches sont frangées. Il porte une boucle d'oreille.
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Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Troisième cavalier.
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Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Quatrième cavalier.
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Le quatrième cavalier est vu de dos, et nous voyons seulement la croupe du cheval, le manteau à ceinture en étoffe dorée, et le bonnet, anodin si on ne le rencontrait pas, identique, sur les autres verrières de l'atelier.
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Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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Le chien.
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Il est presque constant dans ces Crucifixions, rappelant que les nobles de la Renaissance se faisaient accompagner de leur animal domestique, très souvent un chien blanc.
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Lancette C de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES SOLDATS SE DISPUTANT LA TUNIQUE DU CHRIST.
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Les trois Evangiles synoptiques mentionnent brièvement le partage des vêtements de Jésus, immédiatement après la crucifixion (Matt. 27 : 35 ; Marc 15 : 24 ; Luc 23 : 34b). Mais Jean décrit avec plus de précision cette scène :« Les soldats, quand ils eurent crucifié Jésus, prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ! Or la tunique était sans couture, tissée tout d’une pièce depuis le haut. Ils dirent donc entre eux : Ne la déchirons pas, mais tirons au sort pour savoir à qui elle sera - afin que soit accomplie l’Ecriture : « Ils ont partagé entre eux mes vêtements, et sur ma robe ils ont jeté le sort ». Les soldats donc firent ces choses » (Jean 19 : 23-24 )
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Cette scène de Tourc'h est également traitée, tout aussi violente, mais sur une seule lancette, à Guengat (Le Sodec, v. 1550), Guimiliau (Le Sodec, v. 1550), Gouezec (Le Sodec v. 1550-1575).
Elle est traitée à Pleyben, mais sur un panneau du XIXe siècle, où les soldats jouent aux dès.
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Ici, comme à Guengat, Guimiliau et Gouézec, un soldat lève son épée vers un autre, qu'il tient par les cheveux et qu'il maintient au sol, tandis qu'à droite un troisième tire vers lui la tunique. Mais à Tourc'h, les cartons des paroisses précédentes ne sont pas repris, les visages sont différents, et un quatrième soldat, à gauche, participe à l'échauffourée en commençant à tirer son épée.
La tunique est bleu-pourpre. Les soldats sont vêtus comme des seigneurs de la Renaissance, avec d'épaisses tuniques à crevés, des hauts de chausse à forte braguette et crevés, au dessus de pièces d'armures (aux avant-bras) et coiffés de bonnet à plumes.
Les visages sont magnifiquement peints.
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Registre inférieur de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Registre inférieur de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Registre inférieur de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Registre inférieur de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Registre inférieur de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Registre inférieur de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Registre inférieur de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Registre inférieur de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Registre inférieur de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
Registre inférieur de la baie axiale (Le Sodec, v. 1550) de l'église de Tourc'h. Photographie lavieb-aile 2022.
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LE TYMPAN ARMORI.
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Dans l'ajour supérieur, le triangle rouge de Jéhovah portant le tétragramme date sans doute vers 1850
Les ajours latéraux portent des chapeaux de triomphe, liés par des cuirs ornés de masques de profils humains, traités en sanguine et jaune d'argent sur verre blanc. Ils sont présentés par deux anges ou putti : celui de gauche a été restauré, tandis qu'il ne reste de celui de droite qu'une grosse tête interpolée sur une paire d'ailes parmi des nuages.
Le putti de gauche, au visage rustre et qui tient un linge dans la main, est remarquable par sa collerette et son couvre-chef feuillagés.
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Héraldique.
L'écu du côté gauche est un écartelé en 1 d'argent à trois molettes de gueules (Kerminihy), en 2 d’argent au chêne arraché et tigé de sinople, englanté d’or, au franc quartier aussi d’argent, chargé de deux haches d’armes, adossées et posées en palle, de gueule, (Plessis-Nizon), en 3 parti du Plessis-Nizon et de gueules aux trois croissant d'argent (Kerflous), et en 4 d'or à la croix de gueules (?).
Les molettes du premier quartier font appel à la technique du verre gravé.
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Les seigneurs de Kerminihy.
"A la sortie de Rosporden, Kerminy se signale sur la route de Tourc’h par son bois de haute futaie. [...] Cette terre, jadis dans la paroisse d’Elliant, dont Rosporden était une trêve, fut érigée en seigneurie, avec droit de justice, moyenne et basse, rendue en audience le jeudi. Les documents nous révèlent, à partir de 1379, l’existence d’un seigneur de Kerminihy (Kaermenec’hy), Alain, écuyer dans la garnison du château de Cong (Concarneau) et l’on note ses descendants en 1426, 1444, 1481: Guézennec, Raoul, Henry. Quant a l’importance de leur fief, signalons qu’il tient sur vingt-six villages des paroisses d’Elliant et de Tourc’h principalement. Les armes de ces Kerminihy, inscrites dans les églises et chapelles de Tourc’h, de Rosporden..., sont "d’argent à trois mollettes de gueules" et leur devise: "Vive Dieu".
Le nom s’éteint avec Françoise qui, sur la fin du XVe siècle, épouse Alain du Plessis, sieur de Missirien, et les représentants de cette famille, héritiers directs ou collatéraux, conservent la seigneurie de Kerminihy tout au long du XVIe siècle: Laurent, époux de Blaisine Richard, Rolland, Jehan et Pierre. Celui-ci, époux de Barbe Toulanlan, habite en 1599 le manoir. Ils ont deux filles. L’aînée s’unit a René de La Marche, la cadette à Claude Autret et de ce mariage naît Guy Autret de Missirien, généalogiste et hagiographe. Pierre du Plessis meurt vers 1608, laissant Kerminihy à sa petite-fille Renée de La Marche qui, deux ans plus tard, contracte mariage avec Auffray du Chastel, fils de Francois du Chastel, Marquis de Mesle, seigneur de Chateaugal et de Landeleau, fort riche et opulent."
"La branche de Missirien est connue à Kerfeunteun, à partir de Pierre du Plessis demeurant à Missirien en 1444.
En 1481, Jehan du Plessis est représenté par Guillaume, son fils, dans la montre de cette même paroisse.
-Alain du Plessis, sr. de Missirien, n’est connu que par le fait de son mariage avec Françoise, héritière de Kerminihy, constaté par une généalogie manuscrite conservée à la Bibliothèque nationale. Cette pièce a été dressée très probablement par d'Hozier, en vue d’établir les quartiers de noblesse de son ami et correspondant Guy Autret.
-Laurent du Plessis. — Laurent, fils des précédents, sr. de Missirien et de Kerminihy, épousa Blaisine Richard. Ils eurent plusieurs fils, dont Henri qui continua la descendance, mais qui semble comme cadet n’avoir possédé aucune des terres de son père.
-Rolland du Plessis. — La Réformation des monstres de l’évêché de Cornouaille, faite en 1536, nous donne les trois noms suivants : Lorans du Plessis sr. de Missylien, en Kerfeunten, Rolland du Plessis, sr. de Lantron (?) de Kerminihy, de Penbua (Penbuel), en Rosporden et du manoir de Kervynedel (Kervidal), en Tourc'h et Louis du Plessis, sr. de Kerfors, en Ergué-Gabéric.
-Laurent du Plessis. — Quatre ans plus tard, un aveu de 1540 indique Laurent du Plessis comme seigneur de la terre de Kerminihy. Il avait donc hérité de son frère Rolland, mort sans laisser d’héritiers directs. D’après cet aveu, la superficie de la terre n’aurait pas été sensiblement modifiée depuis 50 ans ; il y a seulement une nouvelle acquisition, Scoulintin (?), en Erguel-Arffel (Armel).
[En 1542, Lorans du Plessis, époux de Marie de Coëtanezre (?), sieur de Kermihihy et de Messuryen, rend aveu pour le manoir et la métairie noble de Messuryen , maisons, bois, taillis, parcs, clôtures, feniers, frostages, issues et appartenances.]
-Jehan du Plessis. — Jehan, fils ou neveu des deux précédents, mais en tous cas petit-fils de Laurent du Plessis et de Blaisine Richard, figure dans les termes suivants dans la monstre générale de l’évêché de Cornouaille, de mai 1562 : « Jehan de Kerminihy dit faire arquebusier à cheval ». Il mourut vers 1568, d'après un aveu de son cousin germain, Pierre du Plessis, qui suit.
-Pierre du Plessis. — Cet aveu du 15 janvier 1576 nous apprend que Pierre du Plessis, fils d'Henry du Plessis et de Marie de Coetanezre [Note : Coetanezre, ancienne famille de Cornouaille, dont la branche de Lezergué s’est fondue au XVIème siècle dans Autret (armes de gueules aux trois épées d’argent la pointe en bas, placées en bande)] également petit-fils de Laurent du Plessis et de Blaisine Richard, avait hérité de son cousin-germain, Jehan du Plessis, mort depuis environ huit ans." (Source Château de Kerminy et M. du Villiers du Terrage)
La branche du Plessis-Nizon s’est fondue en 1690 en Feydeau et elle est aujourd’hui représentée par les Hersart de la Villemarqué, du Plessis-Nizon. Voir : Les vitraux armoriés de la chapelle de Trémalo à Pont-Aven.
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À droite : les armes d'un du Plessis, seigneur de Kerfors .
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Selon Gatouillat et Hérold, "les armes qui figurent dans les trois baies 0, 1 et 2, d'argent au huchet d'azur, ont été identifiées comme celles de Laurent du Plessis-Nizon, seigneur de Kervidal et de Kerminihy de 1540 à 1562."
Selon Potier de Courcy :
—PLESSIX (DU), en breton QUENQUIS (DU), sr dudit lieu, par. de Nizon, - de Missirien, par, de Kerfeunteun, - de Kerfrez , par. d’Ergué-Gabéric, - de Kerminihy et de Penbuel, par. d’Elliant, - de Kervidal, par. de Tourc’h.
Anc. ext., réf. 1669, huit gén., réf. et montres de 1426 à 1562. dites par., év. de Cornouaille.
D’argent au chêne de sinople englanté d’or ; au franc canton de gueules, chargé de deux haches d’armes adossées d’argent en pal. Yves, vivant en 1427, épouse Marie de la Villeblanche. La branche aînée fondue en 1690 dans Feydeau, puis Hersart ; la branche de Missirien fondue dans Autret ; la dernière branche fondue dans la Marche. Le s r de Kerhouaz, paroisse de Lesbin-Pontscorff, débouté à la Réformation de 1671.
Les armes représentées ici, d’argent au greslier d’azur, enguiché et lié de même, sont les armes de Kerfors en Ergué-Gabéric.
— Kerfors (de) sr dudit lieu. par. d’Ergué-Gaberic, — de Kerderff, par de Gouëzec. Réf. et montres de 1481 à 1562, par. d’Ergué, Saint-Mathieu de Quimper et Gouëzec, év. de Cornouaille. D’argent au greslier d’azur, enguiché et lié de même.
Le toponyme Kerfors est assimilé à Kerfers ou Kerferz (Tudchentil note 6). Ainsi ces armes peuvent pas directement correspondre à celles de Louis du Plessis, lui qui apparaît, pour cette paroisse, sur la Réformation des monstres de l'évêché de Cornouaille de 1536 comme seigneur de Kerferz en Ergué-Gabéric, ou bien plutôt (au vu de la datation estimée duvitrail) à son fils Laurent. (Tudchentil). En 1536, est présent également Charles, sr de Kerfors [alias Kerfres] : Charles succéda à son père Canevet en 1493 (ADLA, B 2012/4). Charles décède vers 1537 et son fils Pierre de Kerfors rendit aveu le 23 mars 1539 (ADLA, B 2012/4).
"La famille du Plessix-Nizon, parfois mentionnée sous son nom breton Quinquis. , également seigneurs de Kerminy en Rosporden. Le manoir se nomme Kerfrez. Laurent du Plessix avait succédé à son père vers 1522 (ADF, 1 G 54/6) et mentionne Kerfrez lors de son aveu de 1540 pour Kerminy (ADLA, B 1235 et ADF, A 85, fol. 525). Voir également Villiers du Terrage (Vicomte de), Une seigneurie en Basse-Bretagne : Histoire de la terre et des seigneurs de Kerminihy, (1370-1790), Imprimerie R. Dangin, Baugé, 1904 [Qui reprend un article du même auteur intitulé « Essais sur la seigneurie de Kerminihy, en Rosporden », dans BSAF, t. XXX, 1903, p. 276-391]. " (Tudchentil)
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Voir la discussion de Villiers du Terrage :
"Antérieurement à 1600 je n'ai pu trouver aucun document relatif à la famille dont les armes figurent au sommet de
droite du grand vitrail de Tourc'h. Ces armes, d'argent au grêlier d'azur, répétées trois fois dans le chœur de l'église sont bien certainement celles du seigneur de Coatheloret. D'après le dictionnaire de M. Pol de Courcy, elles ne peuvent être attribuées qu'à deux familles, toutes deux de la Cornouaille, mais avec une légère différence dans la couleur du cordon, Le grêlier est pour les Kergrus, lié de gueules, et pour les Kerfors, lié de même, c'est-à-dire d'azur, ce qui tranche la question en faveur de cette dernière famille."
http://www.arkaevraz.net/wiki/index.php?title=Le_blason_au_greslier_d%27azur_des_chevaliers_de_Kerfors_et_la_Chanson_de_Roland
http://grandterrier.net/wiki/index.php?title=Les_Kerfors%2C_dudit_lieu%2C_nobles_du_15e_au_17e_si%C3%A8cle
ANNEXE. JEAN-PIEERE LE BIHAN : une famille de peintres vitriers cornouaillais au XVIe siècle.
En 1978, Roger Barrié, dans sa thèse sur le Vitrail en Cornouaille, signale l’existence au XVIe siècle d’une famille ou " dynastie de peintres verriers Quimpérois "
Dans le vitrail sur l’Arbre de Jessé (vers 1520-25) de l’église de la Sainte-Trinité de Kerfeunteun, en Quimper, il découvre dans les inscriptions, enrichissant les vêtements, les prénoms et le nom de trois Le Sodec :Olivier [. Kerfeunteun, Arbre de Jessé :OLIERAN. Plogonnec, église Saint-Thurien, Passion, OL. SODEG. Transfiguration, néant.], Laurent [ Kerfeunteun 1514-1525 LORE..... SODE R..A.... SUDEC AL LORE...MEAD MEAPERIESET OS MOMANN LORAS AN SODEC LOR SODECOD. Plogonnec, église Saint-Thurien, Transfiguration LON REANS LORAS AN SODEC .rien trouvé dans la Passion], et Robin [ Kerfeunteun, Arbre de Jessé :ROBIIMMO. Plogonnec , église Saint-Thurien. : OVO ROBIN SOVO]. De même, à l’église Saint-Théleau de Plogonnec, il lit ces deux derniers prénoms dans le vitrail de la Transfiguration et celui d’Olivier dans la Passion de la baie du chevet.
Il signale à la même page qu’un Laurent Le Sodec est, en 1514, l’auteur des inscriptions qui ornaient les murs de l’ossuaire de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper.[Laurent peint les lettres gravées sur la façade de l’ossuaire pour les faire ressortir. Item solvit laurencio Sodec pro .. et pictura impressa in scripturis parietis domus reliquiarum. Monographie de la cathédrale de Quimper, R.F. Le Men, p. 225 et 226]. Il rappelle de plus qu’un Gilles Le Sodec signe à Braspart un marché en 1543 pour la fabrication d’un vitrail dont le sujet est le Credo des Apôtres. Vitrail malheureusement disparu probablement lors de l’agrandissement du choeur au XVIIIe siècle. :
Gilles, 1539-1550, Braspart 1543, ne signe nulle part
Marché de Brasparts, 29, 60 l et 2 écus d'or.Acte notarié du 15 novembre, ref Peyron 1897, Abgrall 1945, p 35 et 36 BSAF. RBT.p.154, ref Terrage 1895
Le vingt cinquième jour de novembre l'an mil cinq cents quarante et troys, nobles hommmes Charles de la Marche,Sr su dit lieu et de Bodriec,d'une aprt, ei GilesLe Sodec, peintre et vitrier, de Quimper Corentin, d'aultre part, lesquels et chacun d'eulx ont fait marché et accord ensemble et par forme que le dit Le Sodec a promis et doibt faire et construire une vitre en l'église parrochiale de Braspers, devers le midy, en laquelle y aura mis et peint les douze appostles tennant chacun un rollet contenant les articles du Credo et aussy y sera le nom de chacun appostle avecques en haut d'icelle vitre les armes du dit Sr de Bodriec. Est le dit marché fait pour le prix et la somme de soixante livres monnaie et deux escuts d'or a le souleill; en outre d'être payé par le dit Sr de Bodriec au dit Le Sodec acceptant, scavoir : la moitié à la foare de Saint-Corentin prochain venant et l'aultre moitié au prochain sabmedi de la Chandeleur prochaine, d'illesques en suivant et oultre ce que sera le bon plaisir dudit Sr bailleur. Ordonner audit Le Sodec,après l'accomplissement de ladite vitre, laquelle vitre ledit Le Sodec trouvera preste dedans la feste de Nre dame en my mars prochain venant, gréé et jure par la court du Fou o toute renonciation, liaison, serment, soubmission et prorogation de juridiction, comdamnation, etc. En maire forme de contrat et sauff forme en la maison de Alain Heart, l' un des notaires et taballions, cy souscrits les jours, an que dessus. Heart AS la Somme de 60 livres monnaie et 2 écus d'or au soleil; ces deux écus d'or valent 90 sous, ou 4 livres 10 sous, soit un prix pour le vitrail de 64 livres 10 sous. Une seconde convention partage la dépense de moitié avec un Louys Ansquer, en échange pour ce dernier d'y apposer ses armoiries au dessous de celles de la Marche.
Dans cette même thèse, il note la présence d’un Le Sodec à Nantes " réparant en 1480 la vitre de Saint-Nicolas " et pense que cela " pourrait indiquer la provenance de cet atelier familial "
Il avance et peut-être avec raison qu’ " on accorderait volontiers les vitraux de Saint-Théleau ou le Jugement Dernier de Trégourez à Gilles vers 1550. "
Mais tout d’abord, revenons à cette ancêtre que fut ce Le Sodec de Nantes, si l’on penche dans le sens de Roger Barrié. Dans son fichier, Bourde de la Rogerie donne un " Le Soudet ou Soudec Bertrand, verrier, 1479, 1483, Nantes, 44 église Saint-Nicolas, réparations vitraux . 1486, prend le titre de vitrier du duc en vertu de lettres patentes de François II. " Il semble bien qu’il s’agisse chez ces deux historiens de la même personne.. Ce Bertrand est aussi signalé comme terminant en 1486 un vitrail pour l’église Saint-Similien toujours à Nantes. - Couffon René, MSHAB, Tome XXV – 1945, p. 43.
Quant à ce Laurent Le Sodec, de l’ossuaire de la Cathédrale, il est peut-être celui qui dans le premier quart du XVIe siècle, 1514-1525 ; signe l’Arbre de Jessé de Kerfeunteun. Est-ce encore lui, ou alors un fils du même prénom, dont le prénom apparaît avant 1539 dans la Transfiguration de Plogonnec. ? Quant aux initiales L.S8 de la Roche-Maurice, 1539, elles sont peut-être les siennes ou alors celles d’un membre de cette famille de peintres vitriers.
A Plogonnec, dans la Passion et à Kerfeunteun, dans l’Arbre de Jessé, on trouve deux autres prénoms qui peuvent porter à suspicion. Tout d’abord, il s’agit d’un Ramon ou R’hamon, relevé dans deux des quatre verrières XVIe de ces deux édifices. Il y a des chances qu’à Kerfeunteun, ce prénom ou nom correspond à celui du roi Amon de l’Arbre de Jessé. Mais pour Plogonnec le Ramon pose question.
Nous avons aussi trouvé le prénom Eve, présent dans le panneau de la Vierge à l’Enfant de la Passion de Plogonnec, et aussi à Kerfeunteun sur le saint Jean de l’Arbre de Jessé.
Quant à la filiation de tous ces prénoms, il est difficile de la définir. Nous n’avons que deux dates attestées et certaines : 1514, pour Laurent et 1543 pour Gilles. Les autres productions ne sont pas datées et ne nous permettent pas, malgré les estimations, de savoir s’ils sont tous des frères, ou l’un deux, Laurent : le père.
On peut encore citer en 1580, une Marie le Sodec que Le Men 10 donne comme ayant été enterrée dans la cathédrale et que d’autres disent épouse de peintre vitrier.
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Inventaire de leurs possibles autres oeuvres
Les études pour restaurations suivies ou pas d’interventions que nous avons été amenés à faire sur diverses verrières XVIe cornouaillaises et les comparaisons, qui en ont d’écoulées, aidées par des cartons semblables, nous ont permis, tout d’abord, de découvrir dans certaines œuvres la paternité possible d’un atelier Le Sodec.
Le relevé des inscriptions peut nous conforter dans la voie d’un inventaire plus complet de leurs œuvres. Une autre spécificité de cet atelier est une façon particulière d’appréhender à partir d’une certaine époque certains muscles comme celui au-dessus des sourcils ou les veines et muscles des dessus des pieds et des mains.
Tout d’abord, nous pensons que les œuvres les plus certaines, pour le moment, en dehors de celles signalées plus haut par Roger Barrié, sont :
—Les Passions des chapelles Sainte-Barbe et Saint-Fiacre du Faouët, 1516 dont certains cartons sont identiques à la Passion de l’église Saint-Nicaise de Saint-Nic. De plus cette dernière possède une Résurrection semblable à celle de l’église de Saint-Thuriau dans le Morbihan.
—Toujours à Sainte Barbe du Faouët, nous pensons à la Transfiguration, très proche de carton de Plogonnec, ce que signale Roger Barrié, tout en indiquant pour cette première une date plus avancée. La restauration de cette dernière nous a conforté dans ce choix.
—La Passion incomplète de l’église Saint-Ouen de Quéménéven, est une sœur jumelle, pour la partie Crucifixion, à beaucoup d’autres. C’est le même carton qui sert à Gouézec, Tréguennec et Guengat, avec des translations de quelques centimètres, voir parfois quelques millimètres, et cela pour certains personnages telles la Marie-Madeleine ou la Vierge en Pâmoison, ou même le chien. Pour les scènes de la Passion qui emplissent la partie inférieure, on peut relever le doublé de la même scène, celle où saint Pierre coupe l’oreille du Grand Prêtre. Elle est le témoin d’une seconde verrière du même atelier ayant peut être existé dans une des deux chapelles, qui ont été utilisées pour reconstruire l’église du bourg.
—Les restes de la Passion de l’église Saint-Salomon de La Martyre, 1535, où Couffon voit sur le galon de la manche de Joseph d’Arimathie le monogramme L.S.
—La Piéta de la chapelle Notre-Dame de Lanneleg en Pleyben, identique à Clohars-Fouesnant et sortant du même carton. Pour Lanneleg, si l’on retient les armoiries du recteur de Pleyben, Rolland de Berrien, on peut proposer une date plus proche de la fin XVe, Ce même recteur commandant un vitrail pour l’église de Brennilis juste après 1485. Ce qui ramènerait la présence de l’atelier des Le Sodec plus prêt du tout début XVIe.
—Le martyr de Saint-Sébastien de l’église Saint-Idunet de Trégourez, proche de 1550, le Jugement Dernier de Notre-Dame de Kergoat en Quéménéven, dont le même sujet, avec des cartons proches se retrouve dans différents édifices comme Guengat, baie 4, avec malheureusement plus que quelques éléments, Plogonnec, baie 2 , et à la chapelle Saint-Sébastien de Garnilis en Briec (1561). Pour la datation de ce Jugement Dernier de Kergoat, on peut proposer la datation de 1566 si l'on admet que le donateur est bien Henri de Quoëtsquiriou, recteur de cette paroisse à cette date. Il ne faut pas négliger que l’apport de ce chanoine dans ce vitrail peut être postérieur, comme le blason du prie-Dieu.
On peut continuer d’attribuer à cet atelier
—La Passion de l’église de Lanvénégen où Roger Barrié note des correspondances de cartons avec Ergué-Gabéric et Plogonnec
—La Passion de l’église Saint-Guinal d’Ergué Gabéric, qui est inspirée ou vice versa pour certains panneaux de Guengat Vers 1539,
—A l’église de Brasparts, où nous avons vu que Gilles Le Sodec est l’auteur d’un Credo des Apôtres, qui a disparu, il reste quelques panneaux d’une Passion déplacée au XVIIe ou XVIIIe siècle. Passion qui est bien de cet atelier et que l’on peut dater d’avant 1543 ou de 1566 15
—En Briec, la Dormition de la chapelle du Kreisker et la Passion disparue de la chapelle Saint-Sébastien de Garnilis.
—Les quelques panneaux de Saint-Nonna en Penmarch identiques à la baie 1 de Saint-Fiacre de Guengat, que signale Roger Barrie.
—Les Passion des églises Saint-Pierre de Gouézec et de Saint-Fiacre de Guengat qui ont des cartons semblables .
—Le Couronnement de la Vierge de l’église Saint-Divy en Saint-Divy,.
Les Passions des église Saint-Mathieu de Quimper et Saint-Cornély de Tourch, aux cartons identiques.. Celle de Pleyben, plus tardives vers 1570
On peut y ajouter, malgré l’hypothèse de Couffon voyant dans les lettres P et S la signature du verrier Quimpérois pierre Sortez, la Passion de l’église Saint-Paban de Lababan en Pouldreuzic,.1573.
Et dans l’ancienne Cornouaille : le Credo des Apôtres de Mael-Pestivien, 22,
Les inscriptions, témoins de la paternité des le Sodec.
Au XVIe siècle, les peintres vitriers bretons ornent d’inscriptions les galons des vêtements des personnages et les phylactères de leurs vitraux.
Il s’agit, dans certaines verrières, d’une abondance de suites de consonnes et de voyelles, qui est venue probablement des Flandres avec la Renaissance et même antérieurement. Ces inscriptions sont dans la grande majorité des cas, d’une impossible compréhension et dont les auteurs gardent le secret.
Cependant, il est possible, ici et là, de relever des brides de psaumes, parfois très concis, amputés de lettres et même orthographiés phonétiquement. Très rapidement, par manque de place, ces inscriptions sont abrégées. Ainsi le N et le M se voient dédoublés et enlevés. Un tilde placé au-dessus, avertit cette suppression, qui peu à peu, dans le temps, disparaît.
La lecture peut être encore plus malaisée car elle est souvent un mélange de latin, de français et même de breton.
Parmi les inscriptions que nous ont laissés ces le Sodec, on peut être intrigué par certains assemblages de lettres qui reviennent comme un leitmotiv. Il y a entre autre un assemblage de trois lettres, deux consonnes et une voyelle, souvent incluses dans d’autres lettres qui, à Plogonnec, se répètent trois fois dans la Transfiguration et deux fois dans la Passion . Il s’agit de l’ensemble SVO.
Ce SVO 16 on le retrouve une fois à l’église Saint-Pierre de Gouézec dans la Passion et quatre fois à Guengat, aussi dans une Passion, celle du Chevet. Ces deux verrières sont très proches, leurs cartons identiques pour ne pas dire unique, elles sont de la même époque. Ce sigle SVO n’est qu’une preuve de plus sur la paternité de l’atelier Le Sodec sur ces deux Passions.
De plus, si l’on étudie les assemblages de lettres de la Passion de Guengat, un second sigle apparaît, formé des deux premières consonnes SV et où le O est devenu E. Ce SVE y est répété cinq fois. A Gouézec, où les inscriptions sont moins nombreuses, on le retrouve une fois.
Ce SVE décore le cheval de Nicodème dans la Passion de l’église Saint-Mathieu de Quimper. Il y est précédé de NO.
Ces SVO et SVE, après avoir examinées 24 verrières du XVIe siècle, nous ne les retrouvons nulle part ailleurs. Certes ces trois lettres ont pu nous échapper, ou ont disparu lors de possibles restaurations. Mais cela ne peut que nous pousser vers une confirmation de la paternité des Le Sodec pour les Passions des églises de Guengat, Gouézec et Saint Mathieu de Quimper.
Avec d’autres sigles, tels que VOE, peut-on leur attribuer les Passions des églises d’Ergué-Gabéric et de la Martyre, ce groupe de trois lettres se trouvant aussi à Plogonnec ? Ergué-Gabéric offre de plus une double combinaison dans SVOE: SVO ET VOE .
Pour terminer, il reste une question qui se pose : pourquoi ont-ils été si bavards sur leur paternité à Plogonnec et Kerfeunteun, et pourquoi pas ailleurs ? Pourquoi cette exubérance de suite de lettres et de consommes ici et là, et pourquoi pas ailleurs ? Je ne trouve pas de réponse Ce décor donnait-il droit à une plus value ?
NOTES
8. - La Roche-Maurice, Eglise Saint-Yves, le défenseur du pauvre, non paginé, imprimerie Lescuyer Lyon. " " EN LAN MIL VCCXXXIX / FUT FET CETTE VITRE. ET / ESTOET DE FABRICQUE POR / LORS ALLEN. L.S. " René Couffon dans le MSHAB de 1945 pense que ces initiales sont celles de Laurent Sodec. En 1959 dans le Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, il donne la paternité de la Passion de La Martyre à Jost de Negkaer.. Cela est de nouveau repris en 1988 dans le Nouveau Répertoire des Eglises et Chapelles. En réalité cette inscription cette inscription est introuvable ainsi que l’a constaté l’abbé jean Feuntreun ( le Télégramme de Brest, Février 1972) Roger Barrie a confirmé cette absence par un examen sur échafaudage ; il avance l’hypothèse soit d’une mauvaise lecture par Couffon qui, fasciné à juste titre par le rapprochement avec les gravures, aurait interprété des salissures, soit d’une restauration insouciante qui aurait fait disparaître l’inscription lors de la repose e après guerre, ce qui paraît plus qu’étonnant.
Inclure des initiales est une chose assez fréquente chez les verriers. A Rouen les frères Le Prince signant I L P¨ pour Jean, E L P pour Engrand, ou encore, plus près de chez nous, en plus des Le Sodec, VI. DI pour Vincent Desportes. Mais personne n'est à l'abri de l'erreur. Pour Notre Dame de Confort, en Meilars, monsieur René Couffon donnait De Loubes, comme auteur de l'Arbre de Jessé. Une restauration postérieure révéla Raimondi Lombes. Il nous livre aussi l’hypothèse de voir dans la Passion de Lababan les initiales du verrier Pierre Sortès ou Sortex dans NOPS MRZ PS. Tout cela est bien tentant
9. - EVE Kerfeunteun, Arbre de Jessé,EVE GRADORAP Plogonnec, église Saint-Thurien, Passion, VRA EVE MSOENR Le EVE ici est suivi après un M de SOE, possible abréviation de Le Sodec. Le Moyen Age a souvent comparé Marie à Eve. Il suffit de rappeler que le nom Eva retourné par l’ange lors de l’Annonciation s’est changé en Ave.
10. – Le Men, déjà cité, p. 119
11. - Dans sa thèse, Roger Barrié, se penchant sur les verrières de Plogonnec, relève que Joos Van Clève, dans ses Adorations des Mages, cela vers 1515, fait porter des inscriptions sur les galons des vêtements.
Pour ma part, j’ai relevé, au Musée de Cluny, des inscriptions sur les galons des vêtements des personnages d’une Crucifixion d’un retable du début XIVe. Ce retable était donné comme provenant de Sauvagnat, Puy-de-Dôme et son code CP3413.Un autre retable, dans le même musée, dont le sujet est la Messe de saint Grégoire, daté de 1513, porte des textes lui aussi sur les galons de ses vêtements. Il est donné comme provenant d’Anvers.
12. - Dans les œuvres de cet atelier le Sodec, certains visages d’hommes, très proches d’une réalité plutôt sévère, que ce soit les soldats casqués, ou le Christ, portent souvent le muscle au-dessus des sourcils d’une façon très protubérante et très marquée que nous avions appelé dans le temps "à la banane". Cette façon d’exprimer ce caractère, nous ne l’avons trouvée qu’une seule fois en dehors de la Bretagne. Il s’agit d’une Fuite en Egypte de 1545 de l’Ecole Troyenne où saint Joseph porte les mêmes sourcils protubérants. Ce procédé graphique était-il par la suite une mode attribuable à plusieurs ateliers finistériens? C’est très possible. Surtout à l’approche de la fin du siècle En plus des verrières déjà cité plus haut comme la Roche-Maurice 1939, on retrouve cette spécificité entre autres à : Braspart dans la Passion, à Notre-Dame de Confort en Meilars, dans l’Atelier de Nazareth, au Croisty, dans la vie de saint Jean-Baptiste, dans les Passions de : Gouézec, à la chapelle Notre-Dame de Tréguron , de Guimiliau, de Lannédern, de Melgven, de Ploudiry, de Pont Croix, de Notre Dame de Cuburien en Saint-Martin des Champs de Tourch. .
Quant à la façon particulière d’appréhender les veines et muscles des dessus des pieds et des mains, l’un des exemples peut-être l’église paroissiale de Gouézec pour les muscles du cou et des pieds. le graphisme losangé des veines des mains et des pieds. Ce procédé se retrouve à Peumerit et jusqu'à Maël Pestivien.
13. – JP. Le Bihan, BSAF 1989, tome CXVII, la Verrière de l’église Saint-Pierre de Gouézec. Et BSAF1991, tome CXX, la maîtresse-vitre de l’église Saint-Pierre de Ploudiry.
14. – R.Barrié, déjà cité p. 41 et suivantes.
15.- Pour donner à cette Passion une date qui tienne la route, nous pouvons nous pencher sur les Passions finistériennes. Leurs dates offrent 1510 pour Plogonnec, 1539,La Roche Maurice, idem Penmarc’h et plus tardivement, 1556 pour Saint Herbot , vers 1570 pour Pleyben, et 1573 pour celle de Notre-Dame du Crann en Spézet. Que choisir ? Avant 1543, date du marché d’une verrière dont le sujet, Credo des Apôtres, ne pouvait qu’être placé du côté sud, côté du Nouveau Testament, une Passion étant naturellement au chevet, ou 1566 , date gravée sur la pierre d’appui de la baie présentant actuellement cette Passion. Possible pierre de la baie du chevet réutilisée. Nous pensons qu’il vaut mieux s’en tenir à la seconde date.
16.
- - Guengat: Passion SVORMOSCO, SVORN, SVOE, Gouezec: Passion SVOE IOSVECM
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Plogonnec, église Saint-Thurien, Transfiguration: ASOSVO, SVOTRAVEL, SERMOSVO
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Plogonnec, église Saint-Thurien, Passion: SVO, SVORN, SVE.
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Guengat, Passion: SVEMCV, SVE, SVE, SVEMCUS, SVEIOSEI, IOSVEC, SOVO,
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Quimper, Saint-Mathieu, Passion. NOSVE
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Ergué-Gabéric, église, Passion, SVOEANRE
Jean Pierre le Bihan
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1901, BDHA page 293
https://archive.org/stream/bulletindiocsai02arcgoog/bulletindiocsai02arcgoog_djvu.txt
— BARRIÉ (Roger), 1978, "Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle, Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper" ; sous la direction d' André Mussat / [S.l.] : [s.n.] , Thèse, Université de Haute Bretagne, Rennes.
— BARRIÉ (Roger), 1977, "Un atelier de peinture sur verre en Cornouaille vers 1535", in Le vitrail breton. Arts de l'Ouest, numéro 3 (Centre de recherches sur les arts anciens et modernes de l'Ouest de la France, U. E. R. des arts, Université de Haute-Bretagne, Rennes)
— BARRIÉ (Roger), 1976 Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 1, 1976. pp. 35-44.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_...
— BARRIÉ (Roger), 1989, "Le vitrail breton et les Flandres" in Edité par Musée Départemental Breton
—COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Tourc'h, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/7f1048f2b8448640499c5b61ad63de14.pdf
"Vitraux : Maîtresse vitre de la Crucifixion, du XVIe siècle (C.), suivant le carton de Jost de Negker [sic!!!], du même atelier que la verrière de Saint-Mathieu de Quimper.
- Couronnement de la Vierge (atelier Fournier, 1946) et quatre petites fenêtres de Pierre Toulhoat, 1954."
— COUFFON (René), 1945, La peinture sur verre en Bretagne, Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne (SHAB) pages 27 à 64.
https://www.shabretagne.com/document/article/2531/La-peinture-sur-verre-en-Bretagne-Origine-de-quelques-verrieres-du-XVIe-siecle
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 183.
— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2006, Une famille de peintres vitriers en Cornouaille [Le Sodec].
http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-3062028.html
— VILLIERS DU TERRAGE (E. de), 1893, Note sur la paroisse de Tourc'h, Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 355-370, ill.
Vitrail. La maîtresse vitre de l'église paroissiale présente à sa partie supérieure trois sommets contenant des armoiries dont il sera question pIus loin.
La partie principale, bien que divisée elle-même par deux meneaux en trois parties ayant chacune 51 et 5? centimètres de largeur, représente dans son ensemble un sujet unique, le crucifiement de Notre-Seigneur. C'est ce même sujet qui est identiquement reproduit dans les trois parties centrales du vitrail de Saint-Mathieu qui en contient cinq. Aussi pour la décrire ne puis-je mieux faire que d'emprunter les termes dont s'est servi M. l'abbé Abgrall dans sa notice sur le vitrail de Saint-Mathieu (1). « Notre-Seigneur en croix, saint Longin à cheval lui perce le côté de sa lance; la Madeleine au pied de la croix. Sous le larron de droite on voit la Vierge éplorée, soutenue par saint Jean et par une sainte femme; à l'arrière plan deux juifs debout puis un soldat casqué et un pharisien à cheval. Sous le larron de gauche, un centurion au costume très riche monté sur un magnifique cheval, et au second plan un prince les prêtres et un pharisien aussi à cheval. Le bon larron rend le denier soupir, et son âme, sous la forme d'un petit enfant nu,« est portée au ciel par un ange, tandis que celle du mauvais larron est emportée par un démon hideux. » Il faut ajouter que ce dernier vitrail présente de nombreuses lacunes: toute la partie inférieure n'existe plus, tandis qu'à Tourc'h l'ensemble de la composition est fort heureusement complété par plusieurs groupes de soldats se disputant les vêtements de Notre-Seigneur. Tous ces personnages portent de riches costumes du 16 siècle aux brillantes couleurs.
Le vitrail est d'un bon style et intéressant à plusieurs points de vue. Il est en assez bon état, mais, pour en assurer la conservation, il serait indispensable d'exécuter quelques travaux urgents de consolidation que les ressources minimes de la fabrique ne lui permettraient pas d'entreprendre. La restauration du vitrail de Saint-Mathieu, qui se fera prochainement; ce serait une occasion favorable, si la Société pouvait obtenir pour la paroisse de Tourc'h, ou lui accorder, elle-même, la subvention nécessaire.
Le vitrail ne présente pas de lacunes: quelques panneaux sembleraient, à première vue, être en verre blanc, mais, en les regardant avec attention, on trouve partout des traces de la composition primitive. La photographie l'indique très nettement. Il y a seulement une décoloration partielle qui a malheureusement atteint la partie basse du panneau de droite où une date se trouvait inscrite. On lit sans peine l'an, et avec une difficulté croissante un t', UI1 5 et un deuxième 5, ce qui ferait remonter le vitrail aux environs de l'année
Cette date est du reste parfaitement d'accord avec le style du vitrail, et elle se trouve vérifiée par les indications contenues dans les soufflets où se voient les armes des deux seigneuries qui se partageaient le territoire de la paroisse de Tourc'h, c'est-à-dire, Kerminihy, paroisse d'Elliant, maintenant Rosporden, et Coatheloret, paroisse de Tourc'h.
Toutes deux relevaient directement des ducs de Bretagne, et plus tard des rois de France, dont les fleurs de lys devaient probablement figurer en supériorité dans le premier soumet.
Cette circonstance a pu en provoquer la destruction en 1703.
A cette place on voit maintenant une gloire analogue à cene qui existe à la grande vitre de l'église de Rosporden et qui date du commencement de nottre siècle.
Le soumet de gauche contient les armes suivantes. Ecartelé: au premier, d'argent à trois molettes de gueules (Kerminihy) ; au deuxième, au chêne de sinople enqlanté d'or au franc canton de gueules chargé de deux haches d'armes d'argent adossées (Plessis-Nizon); au troisième, parti de Plessis-Nizan et de gueules aux trois croissants d' argent (Kerflous) ; au quatrième, d'argent à la croix de sable (?) .
Je. n'ai pas trouvé l'explication de ce quatrième quartier, mais les trois premiers suffisent pour reconnaître les armes de Laurent du Plessis qui possédait la seigneurie de Kerminihy entre 1540 et 1562, Ces armes sont décrites dans les aveux de cette seigneurie, qui, à propos de la paroisse de Tourc'h, revendiquait entre plusieurs autres droits, celui d'avoir un écusson en la maitresse vitre du côté de l'Evangile, qui est d'argent à trois molettes de gueules, écartelées (sic) et contre écartelées des armes du Plessis et de Kerflous qui sont maisons alliées du Kerminihy » (1)
Au sommet de forme est caractéristique du 16e siècle. Les armes d'argent au grêlier d'azur figurent également aux soufflets supérieurs
li) La famille du Plessis-Nizon est représentée clans noLre Société pal' son pl'ésident. La famille de Kerflous, ramage cie Tl'émi ll ec, s'est fondue dans Billoarl de Tl'émillec et de Ken3ségan, famille dont un membre, le dernier gouverneur de la Louisiane est bien connu sous le nom du chevalier de Kerlérec, des deux petites fenêtres latérales du chœur, qui n'ont conservé que ces fragments de leurs anciens vitraux, Ces armes doivent être celles de la famille à qui appartenait vers 1550 la seigneurie de Coatheloret, mais sur ce' point je n'ai pu recueillir aucun renseignement,