Sur la piste des crossettes (zé les gargouilles) de Landerneau.
"Qu'ils étaient beaux vraiment ces vieux dragons horrifiques, édentés jusqu'au fond de la gueule, vomissant des flammes, couverts d'écailles, avec une queue de serpent, des ailes de chauve-souris, des griffes de lion, un corps de cheval, une tête de coq, et retirant du basilic ! "Gustave Flaubert
Sur Landerneau, voir :
- Les sablières de l'église Saint-Thomas de Landerneau.
- La Vierge couchée (XVe siècle) de l'église Saint-Thomas à Landerneau.
- Anne trinitaire de l'église Saint-Thomas de Landerneau, exposée au château de Kerjean.
- Sur la piste du "A couronné" de Jehan II de Rohan : I. L'inscription de fondation du pont habité de Landerneau. (1510).
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Les crossettes, c'est mon dernier dada. Je les traque, avec leurs compagnes les gargouilles, dans tout le Finistère :
- L'enclos paroissial de Brasparts. II. Le clocher et ses gargouilles, l'ossuaire et les crossettes : Eros et Thanatos.
- L'église Notre-Dame de Rumengol. V. Les gargouilles et les crossettes.
- Les sculptures extérieures de l'enclos paroissial de Sizun (29).
L'église Saint-Salomon de La Martyre. IV. L'ossuaire (1619). Les inscriptions. Les crossettes.
Et je n'ai pas fini ! Il fallait en voir d'autres.
Je voyageai. Je connus la mélancolie des trajets en auto, les froids réveils dans l'attente de l'aube, l'étourdissement des calvaires et enclos, l'amertume des visites interrompues par la nuit. Arpentant les champs et les grèves, je vis les dragons de Landivisiau, les plus beaux, et les sculptures de Plougonven, j'attendais celles de Trégourez, de Loc-Envel et celles, recensées par Emmanuelle Le Cleac'h, des quatre cantons de la vallée de l'Élorn, en commençant par Landerneau. Mais si cette dernière tire à juste titre fierté des crossettes de ses monuments religieux certes, ce sont celles de ses immeubles civils qui font sa réputation. Au total, E. Le Cleac'h y a recensé 65 crossettes et gargouilles (sur un total de 83 dans le Canton de Landerneau)! Une visite s'imposait.
Je choisis de passer par le vieux château des Rohan à la Roche-Maurice. Jusque là, l'Elorn serpente à coté de la route qui contourne la base des collines rocheuses dont les mamelons inégaux s'avancent dans la vallée. Je la parcourais au petit trot, et j'arrivais Quai du Léon, où je garais mon cabriolet.
Il me suffit alors de consulter l'un des documents proposés par la ville (cf. liens à télécharger) pour atteindre, dans une promenade pleine de charme rythmée par trente deux panneaux apposés sur les bâtiments remarquables, ma première destination.
Mais avant la moindre crossette et la moindre gargouille, voici un premier dragon. Saurez-vous le retrouver ? Il vous servira d'amer.
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LES MAISONS DE LA VILLE.
I. LA MAISON À LA SIRÈNE. N° 14 Rue du Chanoine-Kerbrat.
Un mot d'abord sur ce "chanoine Kerbrat".
Il s'agit du chanoine Marcel Kerbrat (Landerneau 21/11/1894-07/08/1944), Prêtre en 1921, incorporé en 1914 comme sous-lieutenant, chef de section au 120ème RI. Titulaire de quatre citations au cours de la Grande Guerre pour son rare sang froid et son courage allant jusqu’à la témérité. Ordonné prêtre après guerre, il poursuit des études à Rome, est directeur du grand séminaire de Quimper en 1924, professeur de droit canon en 1940, chanoine honoraire en 1944, commandant de réserve, chef de groupe dans la Résistance, il est arrêté par les Allemands le 07 août 1944, et a sans doute été fusillé. Croix de guerre avec 4 citations. Chevalier de la Légion d'Honneur : 03/03/1921.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/85390478e7158a6692970c1c0189b5ab.pdf
De l'ancienne maison du XVIe siècle, il ne reste que la lucarne, sur un immeuble rebâti au XXe siècle.
"À la fin du XIXe siècle, la municipalité achète cet immeuble et le reconstruit en totalité pour la construction d’une prison et d’un magasin de dépôt de matériel d’incendie. Seule la lucarne à crossettes, conservée sur le bâtiment, atteste l’ancienneté de la construction d’origine, datant de la fin du Moyen Âge."
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Les rampants de la lucarne portent deux crossettes qui se répondent, une sirène à gauche et un lion à droite.
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La sirène.
C'est la vraie mascotte de la ville. Cette crossette gauche de la lucarne qui fait pendant au dragon de la crossette droite est, comme sa voisine, en pierre de Logonna, microdiorite quartzite au grain fin, ambrée ou blonde avec des cernes bruns foncés d'hydroxyde de fer, extraite à la carrière du Roz en Logonna-Daoulas. C'est une sirène : couchée sur le ventre, la tête à droite, le buste redressé de face. Son visage est rond, avec de grands yeux et une petite bouche, encadrée d'une longue chevelure ondulée. Son bras gauche est tendu vers l'arrière et tient un miroir alors que la main droite est posée sur les cheveux dans la pose de la "Coquette". Certains reconnaissent dans les digitations de la main droite les dents d'un peigne.
Les mamelons des seins volumineux forment les points de culmination de nos regards lorsqu'ils se lèvent vers cette belle aguicheuse, et viennent les détourner de la queue bifide et écailleuse. Comme la crossette au miroir de l'église Saint-Suliau de Sizun, ou comme la femme-serpent de Lannédern, le passage entre la partie féminine et la partie animale se fait par un pli roulé semblable à une ceinture en cordon, comme si la dame avait revêtu un pantalon de panoplie.
Hiroko Amemiya décrit dans son ouvrage sur les Vierges et Démones de Bretagne 13 ornements semblables en pierre "de type sirène", dont 9 dans le Finistère, et 7 dans la vallée de l'Élorn (cantons de Daoulas, Landerneau, Landivisiau et Lesneven). Ces femmes à queue de serpent s'opposent ou s'associent aux "ornements de type femme-serpent" (une dizaine dans le Finistère), et aux créatures féminines sculptées en cariatide (Saint-Houarnon à Landerneau, La Martyre) ou en buste ici ou là. Poissons et serpents sont dans les deux cas issus du monde aquatique, des profondeurs froides, glauques et informelles, avec un cousinage plus ou moins affirmé avec les Enfers et les puissances du Mal, tandis que la moitié féminine, aux attributs dénudés et généreux, renvoie à ce que saint Augustin nomme la "concupiscence", le désir sexuel, et, par là, avec le Péché.
Lorsque, et c'est le cas le plus fréquent, la sirène tient un miroir et devient l'emblème de la coquetterie et de la séduction, tout est dit, mieux qu'un long prêche de monsieur le recteur.
Et lorsqu'elle répond, par symétrie spéculaire, à un dragon ou à un lion, sénéchaux de la Mort, le message est complet : face à la luxure, chacun doit avoir à l'esprit la finitude de son existence, s'il ne se sauve par la rectitude de sa conduite.
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Cette rhétorique de moralité chrétienne, habituellement placée sur les sanctuaires, coiffait-elle la demeure d'un clerc ou d'un pieux paroissien ? Ou bien servait-elle a contrario, au second degré et par détournement, de pied de nez à un négociant et joyeux luron dans sa demeure de la "Rue de la Rive", ancien nom de la voie ?
Voir les trois sirènes de l'église de Sizun, dont celle qui tient un miroir.
Voir La sirène de l'église de Saint-Urbain (fin XVIIe), qui tient un peigne et non un miroir..
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Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Car j'ai pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles ;
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !
(Baudelaire)
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Le dragon.
Il est doté d'une queue de serpent qui fait la boucle et d'oreilles et d'ailes de chauve-souris et tout son corps et son front sont couverts de pustules verruqueuses qu'on imagine venimeuses. Il ouvre largement sa gueule pour exposer deux rangs de dents acérées. Ses pattes crochues s'agrippent à ce qui est sans-doute un livre, divisé en quatre tranches.
Le dragon peut être le symbole du Mal, (le dragon terrassé par saint Michel) ou du paganisme (le dragon tenu en laisse par saint Pol), ou de péril de mort (celui du ventre duquel sainte Marguerite s'échappe après avoir été avalée). Ce peut être celui qui infeste l'Irlande et qui exige chaque jour une jeune fille pour son repas, avant d'être vaincu par Tristan :
"Le monstre approchait. Il avait la tête d’une guivre, les yeux rouges et tels que des charbons embrasés, deux cornes au front, les oreilles longues et velues, des griffes de lion, une queue de serpent, le corps écailleux d’un griffon.Tristan lança contre lui son destrier d’une telle force que, tout hérissé de peur, il bondit pourtant contre le monstre." (Tristan et Iseut, XIIe siècle, trad. Bédier)
Mais il me semble plutôt que, sous sa forme de crossette, il s'agit (comme pour son cousin le lion), d'une figure animale de la Force Vitale universelle qui se nourrit des existences individuelles dont elle prélève, selon ses caprices, son tribut pour se nourrir. Les dragons ou les lions ne sont jamais effrayants, jamais diabolisés, mais au contraire assez sympathiques, bon-enfants, plus hilares que dévorateurs, ce sont des bêtes de théâtre, installés au delà du Bien et du Mal dans le plein exercice de leurs pouvoirs. On comprend alors combien il forme volontiers un couple avec la Sirène, expression du vouloir-vivre, de la reproduction par la sexualité de nouvelles formes de vie.
Je peux me tromper, bien-sûr. Mais ce qui est certain, c'est la belle humeur quasi rabelaisienne de nos ancêtres, qui n'hésitaient pas à pavoiser leurs demeures avec des icônes aussi truculentes et aussi burlesques, et la joyeuse inventivité des sculpteurs d'alors.
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II. L'AUBERGE LE RÉVEIL-MATIN. Ostaleri An Dihuner. 18 rue du Chanoine-Kerbrat.
48° 27′ 00,83″ N, 4° 15′ 03,82″ O
Inventaire supplémentaire MH 29 mai 1926.
http://espace-svt.ac-rennes.fr/travaux/landern/land-10.htm
Le Réveil Matin, situé pour sa façade est rue du Commerce, est une ancienne auberge du XVIème siècle (elle daterait de 1648) , mais qui fut remaniée à plusieurs reprises aux siècles suivants. Cette maison est remarquable par sa façade sud en pierre de Logonna et par sa façade est en schiste.
D’après les archives, on sait que certaines lucarnes de la façade est, rue du commerce, ont été démontées et vendues avant 1910 puis remplacées par des modèles plus sobres.
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L'auberge Le Réveil-Matin, Landerneau. Photographie lavieb-aile.
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Coiffée au XVIIIe siècle de pots à feu stylisés, la lucarne du toit comporte deux crossettes (en pierre de Logonna) en forme d'animaux.
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A gauche, voici un loup.
C'est Jehan Bazin qui a identifié ici un loup, en 1962, mais il était alors privé de sa tête (le loup). Depuis, cette tête a été reconstitué, et on voit très bien la jonction avec la partie ancienne.
Le loup est un animal rarement représenté en crossette (à l'église de Dirinon, sur l'ossuaire de Trémaouézan et à la chapelle Saint-Herbot de Saint-Thonan). Il se distingue du chien par des oreilles pointues et dressées. Il tient parfois un os dans sa gueule (c'était peut-être le cas ici) , ou bien il tient un rouleau.
Pour d'autres (Brochure Circuit du Patrimoine), il s'agit d'un chien.
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Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien. (Baudelaire).
À droite, voici un lion, typique des crossettes de Basse-Bretagne.
Si on examine les gargouilles et les crossettes, les quatre cantons de Ploudiry, Landivisiau, Landerneau et Sizun comptent 49 lions (sur un total de 381 sculptures), et on en trouve 9 pour la seule ville de Landerneau. Ils diffèrent des dragons par leur crinière soigneusement peignée couvrant la moitié antérieure du corps, par l'aspect lisse et svelte de la partie postérieure, par le caractère trifide de l'extrémité de la queue (correspondant au pinceau de poils noirs et à l'ergot de l'animal sauvage), par leurs petites oreilles, le front ondulé comme celui d'un mouton, par la gueule qui montre non pas des dents pointues, mais une langue protruse. Comme ici, le lion de crossette est souvent représenté courant, les pattes antérieures ramenées vers l'arrière et venant au contact des postérieures. Dans la plupart des cas, l'animal resserre ses griffes antérieures sur un os, dont les condyles sont parfois brisés rendant l'identification malaisée ; mais parfois il prend appui sur la tête d'un être humain qu'il emmène, ou sur un rouleau, ou sur une sorte de patère, sur un écu, ou une banderole. L'artiste manque rarement de souligner les mèches de la toison du tarse des pattes postérieures. Mais rien n'est plus caractéristique de Panthera leo ssp crossettus que la manière dont la queue passe comme une corde entre les pattes, s'enroule autour de l'arrière-train, revient sur le dos et s'y divise en trident. On en voit de beaux exemples à Landivisiau, Pencran, Guimiliau, ou Sizun, et trois autres nous attendent dans les lignes qui suivent,
Puisqu'on le voit si souvent exerçant sa vigilance sur le fémur (humain) qu'il détient, ou sur un crâne, un petit être qui n'en mène pas large, il est pour moi l'équivalent animal de l'Ankou, c'est à dire celui qui vient prendre possession des vivants au nom de la Mort ; mais à la différence du squelette armé d'une lance ou d'une flèche désigné par le terme d'ankou, sa force et sa rapidité à la course lui suffissent pour effectuer cette mission. Lorsqu'il consulte un rouleau de papier, j'imagine alors qu'il consulte la liste des commissions qui lui ont été confiées.
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III. LA RUE PENGAM : TIRE-TUE et LE LION.
1°) Le soldat Tire-tue.
1 rue François Pengam.
Un chevalier tirant son épée. Sa devise est gravée : "TIRE TVE", soit "je tire, je tue".
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2°) Un lion.
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3°) Une colombe.
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IV. 6, RUE DES BOUCHERIES : COUPLE BUVANT.
Les crossettes de cette maison du XVIe siècle apparaissent sous la gouttière. A droite, c'est un homme qui tient un pichet. Il ouvre la bouche mais ferme les yeux. Ses cheveux sont coupés et coiffés selon la mode de la première Renaissance (avant 1550), tout comme son bonnet.
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A l'angle opposé, une femme au visage plus vulgaire, la poitrine nue mais la tête coiffée, tient sa chopine qui apparaît dans le mur un peu plus loin. S'agit-il d'une serveuse ?
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V. VISAGE DE FEMME. 7 Place du Général de Gaulle.
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VI. 20, rue de Brest. Homme barbu. La guérison de Longin.
Ce buste en pierre de kersanton est très vraisemblablement issu d'un calvaire, car il représente un personnage régulièrement représenté autour du Christ crucifié des grandes Passions finistériennes, et dont il est parfois difficile de comprendre la signification. Il regarde le Christ en croix tout en plaçant son index sous sa paupière gauche. C'est bien le cas ici, et, de plus, notre homme porte bonnet conique ceint d'un turban, et la coiffe à longues "oreillettes" se terminant en pointes par des franges rituelles, qui désigne les dignitaires hébreux dans l'iconographie du XVIe siècle.
Ce personnage illustre la scène de la Guérison de Longin. Longin est le nom qui fut donné dans l'Évangile de Nicodème chap. X au soldat romain, plus tard assimilé au centurion converti de Marc 15:39, qui perça le flanc droit du Christ de sa lance selon Jean 19:34 . Au IXe siècle, Adon archevêque de Vienne, dans son Martyrologe au 1er septembre, en fait un saint martyr. Les martyrologes suivants fixent la date du 15 mars pour son martyre. Au Xe siècle, Syméon Métaphraste dans son Ménologue en grec, (si la traduction en français est fidèle) en fait non plus un Romain, mais un homme "de la Synagogue des Juifs" mais établi capitaine de cents hommes d'armes (donc centenier) pour garder la Croix. Au XIIIe siècle, dans sa Légende Dorée, Jacques de Voragine, reprenant des récits antérieurs, écrit :
"Longin fut le centurion qui, debout avec les soldats près de la croix, par l’ordre de Pilate, perça le côté du Sauveur avec une lance. En voyant les miracles qui s'opéraient, le soleil obscurci et le tremblement de terre, il crut en surtout depuis l’instant où, selon le dire de certains auteurs, ayant la vue obscurcie par maladie ou par vieillesse, il se frotta les yeux avec du sang: de N.-S., coulant le long de sa lance, car il vit plus clair tout aussitôt. Renonçant donc à l’état militaire, et instruit par les apôtres, il passa vingt-huit. ans dans la vie monastique à Césarée de Cappadoce, et convertit beaucoup de monde à la foi par sa parole et ses exemples".
La fusion en un même personnage du soldat romain, du centenier converti, du nom de la lance (Longin = Lance), et de la guérison d'une cécité s'expliquerait par la rapprochement du centurion s'exlamant "Vere filius dei" ("Matth 27, 54), du lancier de Jn 19:34, de la guérison de saint Paul (des écailles lui tombent des yeux, et des mots latins "et qui vidit testimonium" qui suivent, en Jn 19:35, le verset Jn 19:34. (Quand ils s'approchèrent de lui, ils virent qu'il était déjà mort. Ils ne lui brisèrent pas les jambes, 34 mais un des soldats lui transperça le côté avec une lance et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau. 35 Celui qui a vu ces choses en rend témoignage et son témoignage est vrai. )
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En iconographie, le motif de Longin, habillé tantôt en soldat romain, tantôt en dignitaire juif, perçant le flanc du Christ de sa lance et, en même temps, plaçant son index sous son œil gauche pour témoigner de la guérison de son trouble visuel, est retrouvé dès le IX ou Xe siècle dans une enluminure d'une Bible de Bretagne (BM Angers ms 0024 fol. 007v) , avec l'inscription LONGINVS:
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Bible de Bretagne (BM Angers ms 0024 fol. 007v) site http://www.enluminures.culture.fr/documentation/enlumine/fr/rechexperte_00.htm
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Les exemples iconographiques sont légions, dans les enluminures, les ivoires, la sculpture (des calvaires des enclos paroissiaux bretons), des vitraux (des Passions finistériennes du XVIe siècle), etc. Voici en diaporama quelques enluminures des Bibliothèques de France :
- Marseille BM ms.111 fol. 132 Heures à l'usage de Thérouanne, Artois vers 1280-1290
- Avignon - BM - ms. 0121 f.059v Psautier-heures vers 1330-1340.
- Paris - Bibl. Mazarine - ms. 1729 f 087 Légende dorée de Jacques de Voragine traduite par Jean de Vignay vers 1380
- Mans (Le) - BM - ms. 0129 f.063, Heures 1ère moitié XVe
- Paris Bibl. Mazarine - ms. 0507 f. 018 Heures à l'usage de Tours vers 1490
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FRANCHISSEMENT DE L'ÉLORN PAR LE PONT DE ROHAN.
"Il faut insister sur le rôle premier du gué qui commande toute l’histoire de Landerneau et la range dans la grande famille des villes fluvio-maritimes. Dès l’Antiquité le site de Landerneau est un point de passage obligé, au carrefour des routes de Morlaix et de Carhaix et de Quimper à Lesneven. Le passage de l’Élorn à gué favorise la circulation des hommes et des marchandises entre le nord et le sud du territoire osisme.
Le franchissement de l’Élorn ayant donc été possible par un gué, la nécessité d’un pont est moins impérative qu’ailleurs: la construction d’un pont ne semble guère remonter au-delà du XIIe siècle. L’existence d’un pont primitif, peut être en bois, est attestée en 1336. On ignore l’emplacement exact de ce gué, mais on peut imaginer qu’il se situait en amont du pont de Rohan. Jusqu’au Moyen Âge il n’existe aucune installation portuaire, les bateaux se contentant de l’échouage dans le «havre» de Landerneau. Les premiers aménagements ont vu le jour au tournant du XVe siècle. Tout au long du XVIIe siècle des travaux d’entretien et de réparation sont effectués sur le quai de Léon. Ce n’est qu’au siècle suivant que les grands projets de reconstruction des quais que nous connaissons actuellement se réalisent, permettant aux bateaux de fort tonnage pour l’époque (une cinquantaine de tonneaux) d’utiliser le port. Avant ces grands travaux, l’Élorn traversait l’agglomération par un cours sinueux, abandonnant en son milieu d’énormes bancs de sable, de vase et de roches. Le quai de Léon est celui ou sont installées les demeures des grands négociants landernéens, non loin du port et de leurs activités commerciales. Pendant bien longtemps le pont de Rohan fut le seul moyen de franchissement de l’Élorn, non seulement pour les landernéens voulant passer d’un quai de la ville à un autre mais également pour les habitants du Finistère souhaitant passer du Léon en Cornouaille ! Les landernéens des quartiers ouest de la ville ne souhaitant pas se rendre jusqu’au pont de Rohan pouvaient faire appel à la barque du passeur pour franchir l’Élorn." (Brochure "Circuit du Patrimoine")
Centre de gravité de la ville, le pont, dont l’existence est attestée en 1336, marque le point de passage obligé entre le nord et le sud du territoire. Un dicton illustre bien son rôle de carrefour du pont de Rohan: «Quand je suis sur le pont de Landerneau, j’ai un pied en Léon et un autre en Cornouaille». Il mesure 70 m de long et repose sur 6 arches.
Rebâti en 1510 par le vicomte Jehan II de Rohan, il comporte en sa partie centrale un moulin ainsi que deux boutiques, ce qui en fait un pont habité depuis le début du XVIe siècle. À l’étage du moulin, qui fait aussi office de pêcherie, une prison occupe deux chambres, le meunier faisant office de geôlier. Sur ce pont, Jacques Gillart fit bâtir en 1639, une belle demeure de style Renaissance, dont les boutiques sont aménagées en salle de danses et en bains publics, au XIXe siècle.
L’entretien du pont à la charge du seigneur de Rohan nécessite, au cours des siècles de nombreux travaux. En 1764, le duc de Rohan cède son droit de péage à la province de Bretagne, ce qui inclut l’entretien de l’ouvrage. Fragilisé par sa fonction de passage ainsi que de nombreux sinistres, le pont menace ruine. Sa reconstruction est envisagée au milieu du XIXe siècle, mais faute de crédits, il est simplement consolidé. Le bâtiment du moulin est endommagé par un sinistre en 1825 puis remplacé par un immeuble en 1904. Ce n’est qu’en 1957 qu’un second pont permet de franchir plus aisément l’Élorn et soulager le vénérable pont de Rohan. Il reste l’un des derniers ponts habités d’Europe."(Brochure "Circuit du Patrimoine")
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1°) Pierre de fondation du pont. Voir ici :
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2°) Maison Gillart 12 rue du Pont. Crossette. Lion.
https://tools.wmflabs.org/geohack/geohack.php?pagename=File%3AMaison-Gillart-Landerneau-20060523-008.jpg¶ms=048.449883_N_-004.248862_E_globe:Earth_type:camera_heading:284.65383572784&language=fr
Cette maison qui fait le coin avec le quai de Cornouaille est l'ancienne Maison que le magistrat Jacques Gillart fit bâtir en 1639 à même le lit de la rivière. Sa façade sur le pont, en pierre de Logonna, est de style Renaissance. Mais au nord, en liaison avec l'ancien moulin du XVIe siècle démoli en 1897, subsistent des restes d'architecture gothique, avec des rampants aux crochets en feuille d'acanthe, ...et une crossette en forme de lion. Cette dernière possède bien entendu tous les caractères du type, sauf un, la longue langue pendante ici absente. Il serre ses griffes sur un os de belle taille, mais dont les condyles sont brisés.
Jacques Gillart, sieur de Kersullec, est né vers 1626 à Landerneau, et décédé le 25 avril 1687 à 61 ans à Landerneau, paroisse de Saint Houardon, Il épousa 1° Françoise Despayeux ; 2°) le 11 janvier 1666 , à Lampaul Ploudalmézeau, Théreze Teven Dame de Gouranou née le 30 mai 1646 à Penhars, Il eut un fils, Hervé Gabriel Gillart (1672) qui devint avocat en Parlement.
La profession de Jacques Gillart était celle de notaire, comme l'atteste les Archives du Finistère qui conserve les minutes de son étude pour la période 1647-1683, qui pourrait être celle de son activité. Voir : Maître Jacques Gillart, notaire de Léon à Landerneau. Je peux même préciser, en vertu d'un acte passé en 1669, qu'il était "notaire en la cour de la principauté du Léon audit Landerneau"
L'Armorial et Nobiliaire de Bretagne de Pol de Courcy indique :
Gilart ou Gillart, sr de Kersulec, par. de Dirinon, — de Gourannou, par. de Ploudaltnézeau, — de Kerigonan, év. de Léon. Jacques, sr de Kersulec, miseur de Landerneau, fils de Louis et de Catherine Frigent, épouse en 1664 Thérèze Téven, dame de Gourannou ; plusieurs procureurs du Roi de la prévété de la marine et un président au tribunal de Brest, anobli en 1817,
Il occupa la plus haute fonction municipale, celle de procureur-syndic de Landerneau en 1686, à la suite d' Ollivier Fillouse, sieur de Lanrivoar. en 1684, et d' Etienne le Goarant, sieur de Tromelin. Ce n'est qu'en 1692 qu'un édit du roi ne créa l'office de maire , et le pouvoir municipal était exercé auparavant par 12 notables et un procureur-syndic qui faisait, en quelque sorte, fonction de maire.
Si Jacques Gillart était procureur-syndic en 1686, est-ce vraiment lui, et non son père, qui fit construire la Maison Gillart en 1639, 47 ans auparavant ? Il appartenait à une famille de notables, et, plus tard, Pierre-Gabriel Gillart sera maire en 1784, et Pierre Gillart en 1788-1790.
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3°) 12 rue du Pont. Maison Gillart . Cadran solaire sur la cheminée à l'entrée sud du pont.
48°26'59.36" N 04°14'56.89" W
Cadran solaire circulaire, gravé sur schiste. La partie inférieure, aux treize lignes effilées en rayons solaires, est numérotée de 1 à 6 à droite et de 6 à 12 à gauche. La moitié supérieure offre plusieurs détails attractifs : deux lions héraldiques couronnés, rampants, avec langue, griffes et dents (ce ne sont donc pas les lions de la seigneurie du Léon) présentent un écu muet (ou ? buché). Porta-t-il jamais les armoiries des Gilart d'’azur au sphinx ailé et couché d’or ; au chef d’argent, chargé de trois mouchetures de sable ? J'en doute. Cet écu est entouré d'un cordon entrelacé de trois nœuds en huit ou "lacs d'amour" avant de se terminer par deux houppes. Ce cordon peut être comparé au collier de l'ordre de chevalerie de la Cordelière ( pour les dames d'honneur d'Anne de Bretagne), ou bien il peut être lié à l'Ordre des Frères Mineurs ou Cordeliers, d'autant que les Cordeliers de Landerneau furent fondés en 1488 dans la paroisse Saint-Thomas par Jehan II de Rohan, avant que les Capucins fussent fondés en 1634. En 1660, Mathieu Gilart était Prieur-Recteur de Saint-Thomas. Enfin les lacs d'amour et les houppes dentelées sont un emblème des loges maçonniques.
Enfin, en périphérie, deux tiges d'œillets d'Inde portent douze fleurs au total. Cette fleur assez rarement représentée possède une signification, mais laquelle ?
Tous ces détails composent un joli bouquet d'énigmes.
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En quittant le pont, nous entrons dans le quartier Saint-Thomas. "Il s’est développé avec la construction de l’église du même nom au XIIIe siècle. Cette place entourée de constructions en pierre jaune de Logonna se trouve au cœur de ce qui était considéré comme le quartier populaire de la ville séparé du riche quartier de Saint-Houardon par l’Élorn. C’était effectivement le lieu où sont installés les petits commerçants, artisans ou orfèvres. Au XVIIIe siècle la circulation vers le port a été facilité par l’élargissement de la venelle du Bacchus, qui longeait une auberge du même nom, rebaptisé rue aux fruits. À l’instar des marchés de la place du Général de Gaulle, s’y succèdent marchés aux puces ou aux fruits, lieu où se rendaient les paysans de Plougastel pour vendre leurs pommes." (Circuit du patrimoine)
VIII. PANNEAU ROUTIER. Début de la Route Nationale n°164 Landerneau-Ancenis, dite Brest-Angers. Angle du 14 Rue du Pont.
Nous y lisons :
FINISTÈRE
ROUTE NATIONALE N°164. D'ANGERS À BREST
LANDERNEAU
LA MAISON DE TERRE <—— 26K 465.
SIZUN <—— 17K 205.
La Route Nationale n° 164 est facile à identifier ; elle succéda après 1848 à la Route Royale n°164 Landerneau-Ancenis qui avait été construite au milieu du XVIIIe siècle, et dont le tracé traditionnel passait ensuite par Sizun, Commana, La Feuillée, et Huelgoat. Elle a été prolongée ensuite jusqu'à Brest.Certaines sections se confondent avec des portions de voies romaines alors que d'autres sont entièrement nouvelles. Entre Landerneau et Carhaix, la route royale utilise d'anciennes routes et son tracé est proche de celui de la voie romaine Vorgium (Carhaix) - Gesocribate (Brest). A environ 300m au nord-est de l'église Saint-Thomas de Landerneau, elle se détache de la route royale de Brest à Paris pour prendre une direction sud-est. Elle suit une voie vraisemblablement pré-romaine qui servait de limite à des paroisses primitives du VIe siècle. Elle s'en détache au bout d'un kilomètre pour suivre une direction est. (voies-romaines-bretagne.com).
Le panneau routier que nous contemplons correspond donc au départ, au point d'origine de la route. Il est bien rouillé, mais on voit encore les traces de l'ancienne peinture bleu roi (ou bleu nation). La commune la plus proche sur cette route, La Martyre, conserve également son panneau datant de la même époque (photographie Patrick Rollet / plaquedecocher.fr) :
Une autre se trouve à Loc-Ildut (Sizun) sur un ancien relais de poste et indique la distance avec "La Maison de terre" : https://fr.wikipedia.org/wiki/Route_nationale_164.
Mais qu'elle est cette MAISON DE TERRE qui est mentionnée partout ? Je découvre qu'il s'agit d'un lieu dit à 400 m au sud-ouest de Commana, actuellement nommé TY DOUAR, qui signifie "maison de terre" en breton. Ce lieu-dit correspondait sans-doute jadis à une auberge et à un relais de poste (ils sont distants de sept lieues environ, soit 28 km) pour acquérir une telle importance. En effet, lorsqu'on consulte diverses cartes anciennes, on constate que la route ne traverse pas les villages et ne relie principalement que les villes (Landerneau, Carhaix, Pontivy).
a) Carte de Bretagne d'Argentré en 1588 : pas d'indication de routes.
b) la carte d'Ogée de 1771 : indication "Commana".
c) La Carte de Cassini Feuille n°171 en 1784 : elle porte les routes, et l'indication : "Maison de terre" avec un symbole cartographique correspondant (il me semble) à "hameau" :
d) La carte 1/40000 dite de l'Etat-Major de 1866, feuille de Morlaix : elle porte l'indication "Ty Douar".
e) En 1910, lorsque la compagnie de chemin de fer cherche un emplacement pour la gare de Commana, elle choisit celui-ci" entre le Manoir Neuf et la Maison de Terre ", au bord de la nationale 164. Jean-François Peden, lorsqu'il relate cet événement dans le bulletin municipal de 2010, remarque : "Le fait que le lieu que nous connaissons sous l'expression bretonne Ty Douar, mentionné comme tel sur les cartes d'état-major du XIXe siècle, soit systématiquement indiqué " la Maison de Terre " dans les documents administratifs mentionnés plus loin, datés du début du XXe siècle, est sans doute une marque de l'époque". Il cite des délibérations municipales et pétitions indiquant que "Le centre de culture [agricole] se trouve vers la Maison de Terre" ..."le centre de l'exploitation agricole de la commune se trouve vers la maison de Terre" . La "Maison de Terre" était donc au début du XXe siècle un hameau assez important sur le plan agricole, et la gare a été établie à proximité.
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En dessous, une autre plaque, pâle, délavée et à peine lisible, porte les indications :
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LANDERNEAU
DAOULAS
LE FAOU.
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IX. 14 RUE DU PONT. MAISON DU "PAUVRE PETIT BONHOMME LANDERNEAU". Ancien hôpital Saint-Julien,
En 1336, Hervé de Léon fit établir un hôpital de douze lits in capite pontis, "en tête de pont", afin de soigner les voyageurs et les pèlerins qui traversaient le fleuve pour se rendre soit à l'abbaye de Saint-Mathieu fin de la terre, soit à "Saint-Michel du mont Gargan". Il en organisa le service et le compléta d'un jardin potager pour nourrir les infirmes, et d'une chapelle desservie par un chapelain, tout en le plaçant sous le patronage de saint Georges (qui terrasse les dragons, monstres aquatiques) et de saint Julien l'Hospitalier (patron des passeurs). L'hôpital prit le nom de Saint-Julien
Ce pont ayant été ruiné, et l'hôpital Saint-Julien dévasté, par suite des guerres de Succession, sur les instances de Jean de Kéroulas, maître en théologie, Grégoire XI, par lettres données à Avignon, le 2 Août 1372, accordait des indulgences à ceux qui, par leurs aumônes, contribueraient à leur restauration [Note : Acte du Saint-Siège : « Hospitale St Juliani situm in capite pontis de Landerneau ubi magnus concursus est perigrinorum euntium ad ecclesias Beatorum Michaelis in monte Gargano et Mathei in finibus terrarum, pauperes que recipiuntur et reficiuntur, frementibus guerris jam est pene destructum.... »].
En 1511, le 28 Janvier, Jean, vicomte de Léon, confirmant la première fondation, constate qu'il y a quelque temps qu'on a négligé de dire les trois messes requises ; les pauvres ne sont plus bien entretenus, car l'hôpital ne jouit plus en leur intégrité des revenus de la fondation primitive ; par conséquent, le vicomte de Léon, outre les dîmes de Ploudaniel, et le bois de chauffage de ses bois de Ploeavaz (Guipavas), donne 17 livres à partager entre le chapelain de son église de La Roche-Morice, et celui de l'hôpital ; et 25 livres pour les gardiens des pauvres. Missire Hervé Gouzien est chapelain de l'hôpital ; missire Olivier Nicolas, chapelain de la Roche-Morice ; et Jean Le Guirieuc, gouverneur de l'hôpital. (J-M. Abgrall, 1916-1917).
J'ai consacré un article aux plaques de fondation de cette église commencée le 3 juin 1531, terminée en 1532, puis érigée en trève de Ploudiry le 18 mai 1619. :
http://www.lavieb-aile.com/2017/01/l-inscription-de-fondation-de-l-hopital-saint-julien-de-landerneau.html
Il ne reste plus rien de l'ancienne église : elle a été rasée en 1823.
Il ne reste plus rien non plus de l'hôpital Saint-Julien, si ce n'est peut-être une porte cintrée de l'immeuble 14 rue du Pont qui a été bâti sur son ancienne localisation.
Sur la façade de cet immeuble se voit la statuette d'un monsieur ramenant sa baguette de pain. Il est connu comme le loup blanc ici sous le nom de "Pauvre Petit Bonhomme de Landerneau" (titre que lui donnait jadis une plaque de bois), et il s'agit en réalité de saint Julien l’hospitalier (ou saint Julien Le Pauvre, d'où le sobriquet de la statue). Certains pensent qu'il tient en main un bâton et une gourde de pèlerin. Je me plais à le voir plutôt en passeur de gué, tenant (comme saint Christophe) la perche nécessaire à la traversée. En effet, si Julien est le patron des passeurs, c'est que, pour se racheter de ses mauvaises conduites (il a, malencontreusement, tué son père et sa mère), il a terminé sa vie comme passeur d'un fleuve.
D'autres y voient un pèlerin à genoux devant l'église.
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Ancien hôpital Saint-Julien : maison du "Pauvre Petit Bonhomme Landerneau" Photographie lavieb-aile.
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IXbis. LA MAISON DE NICOLAS L'HARIDON 1612) 2 PLACE DES QUATRE POMPES.
Actuel restaurant Les Quatre Pompes.
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L'inscription indique :
LAN : 1612 : NICOLAS : L'HARIDON :
ET : YSABELE : FORESTIER : SA : FEMME
ONT : FAICT : BASTIR : CESTE : MAISON.
Dans l'église Saint-Houardon, la cuve des fonts baptismaux date de 1615 et porte l'inscription suivante "Qui croira et sera baptisé sera sauvé. Nobles gens NICOLAS HARIDON et ISABELLE FORESTIER ont faict faire en leur volonté".
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X. 5 RUE SAINT-THOMAS. STATUE DE NOTRE-DAME DE RUMENGOL.
Cette maison en pierre de Logonna porte le nom de la statue qui décore sa façade. Elle orne l’angle de cette ancienne auberge devant laquelle les pèlerins faisaient halte en se recueillant, avant de poursuivre leur route vers le pèlerinage de Rumengol. En dehors des églises et autres institutions religieuses, des statuettes à caractère religieux se cachent dans les nombreuses niches aménagées dans les murs des édifices de la ville. Véritables témoignages de la dévotion populaire, elles devaient protéger les maisons d’un mauvais sort: la maladie, la guerre ou l’incendie. Objets de culte et de dévotion dans le passé, beaucoup de statuettes ont été détruites pendant la période révolutionnaire, ce qui explique la présence de nombreuses niches vides. Néanmoins beaucoup ont survécu ou ont été remplacées par d’autres figurines plus contemporaines.
La statue de Notre Dame de Rumengol, en pierre de kersanton, peinte à l’origine, est ornée de deux fanaux, c’est-à-dire de grosses lanternes. Le fond de la niche, figurant une coquille, est l’élément décoratif le plus symbolique de la Renaissance.
La Vierge, couronnée, aux cheveux défaits tombants sur les épaules, visage rond, yeux en amande, est vêtue d'un manteau dont le pan fait retour sur le coude gauche. Elle tient un fruit (une poire) dans la main droite, et elle le présente à son Fils. Celui-ci, nu, de face, tend la main vers cette poire, tandis qu'il tient dans la main gauche une sphère qui , bien qu'elle évoque intentionnellement une pomme, est en réalité le globe du Monde.
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L'AUBERGE DES TREIZE LUNES. 4 Place Saint-Thomas.
En traversant l'Élorn par le Pont de Rohan, nous parvenons au quartier Saint-Thomas, où, sur la place qui entoure l'église nous pouvons découvrir l'auberge des treize lunes, ainsi nommée en raison de la rangée de visages en pleine lune sculptés sur sa façade, au rez de chaussée. Cette ancienne maison du XVIe siècle est un véritable manoir urbain dont l’architecture est originale. Il s’agit d’une maison à pondalez, avec une pièce centrale aveugle montant de fond jusqu’aux combles, la distribution intérieure se faisant par un ensemble de galeries superposées. On en trouve de superbes exemples à Morlaix, construites par des négociants en toiles de lin. Le nom de pondalez, ou "ponts d'allées", est celui des passerelles réunissant l'escalier à l'arrière du logis. C’est sans doute au XVIIIe siècle que cette maison de négociant est transformée en auberge.
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La crossette : un lion.
Elle devait probablement répondre à une autre sur le rampant gauche, mais cette dernière n’existe plus. À l’arrière, au sommet de l’édifice, se dresse fièrement la sculpture d’un homme tourné vers l’Élorn qui salue, à leur passage, les bateliers accostant dans le port.
Le lion est semblable à celui décrit à propos de l'Auberge du Réveil-Matin, ou à celui de la Maison Gillart, mais sa tête est tournée vers la place Saint-Thomas. C'est clairement un fémur qu'il tient entre ses pattes, comme le confirme une vue de trois-quart, mais une extrémité est brisée. La gueule n'est qu'entrouverte, mais laisse pendre une langue très longue. La crinière est peignée en longues mèches. Les yeux sont creusés, sous des arcades saillantes.
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La façade nord de la Maison des treize lunes est coiffé d'un personnage regardant vers la rive opposée du fleuve, chez les Léonards. Il porte la main droite à son chapeau, comme s'il le retenait des effets d'un vent violent, tandis que sa main gauche est placée sur sa poitrine. L'ostensible braguette rembourrée est conforme à la mode de la Renaissance, à moins qu'elle ne relève d'une allusion cachée.
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Angle de la rue Jules Verne et de la rue Jean-Louis Rolland. Homme buvant.
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Ne serait-ce pas une femme, aux cheveux longs ?
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CROSSETTES ET GARGOUILLES DES BÂTIMENTS RELIGIEUX.
LES CROSSETTES DE L'ÉGLISE SAINT-THOMAS ET DE L'OSSUAIRE SAINT CADOU.
I. L'ÉGLISE SAINT-THOMAS
La première église Saint-Thomas est érigée au XIIIe siècle en l’honneur de Thomas Becket, archevêque de Canterbury, mort en martyr en 1170. L’édifice actuel a été reconstruit au XVIe Siècle. Le clocher daté de 1607 se compose d’une tour d’aspect assez massif, qui a été déposée puis remontée à l’identique en 1849. Les tons chauds de la pierre de Logonna mêlés au granit de kersanton forment un ensemble harmonieux. Autrefois enclos paroissial, le calvaire et le cimetière composant cet ensemble monumental sont déplacés au XIXe siècle lors de travaux d’urbanisme. À noter que l’église bénéficie d’une acoustique exceptionnelle grâce au système de vases acoustiques, visibles en haut des piliers de la nef centrale. Le retable du maître-autel, daté de 1711, est inscrit monument historique.
Ce sanctuaire construit vers 1200 par Hervé Ier de Léon à Landerneau est dédié à saint Thomas Becket, assassiné par Henri II d’Angleterre et vainqueur du père d’Hervé Ier en 1167.
Symboliquement, le choix de ce saint-patron, mis à mort par le roi anglais pour la liberté, reflète la volonté du nouveau seigneur de Léon de s’affirmer et d’affirmer son indépendance vis-à-vis des velléités de domination anglaise. Peut-être entendait-il aussi laver l’affront que son père avait subi lors de sa défaite de 1167 ?
Il ne reste plus que l’église et l’ossuaire de l’enclos initial.
Datant de 1635, l’ossuaire fut bâti à l’ouest de l’église, comme il se doit. Il est dédié à St-Cadou, moine gallois du VIème, réellement attesté, venu en Bretagne puis martyrisé à son retour dans son pays natal. La façade principale est percée de quatre fenêtres en plein cintre séparées par des pilastres ioniques (style assez rare dans les enclos ou prédomine le style corinthien voire composite.)
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crossette : un lion.
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Un chien.
Crossette de la 2ème lucarne de la façade sud de l'église Saint-Thomas de Landerneau. Photographie lavieb-aile.
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Un ange (décapité) tenant un phylactère.
Crossette de la 2ème lucarne de la façade sud de l'église Saint-Thomas de Landerneau. Photographie lavieb-aile.
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II. L'OSSUAIRE SAINT CADOU. Place Saint-Thomas.
L’ossuaire Saint-Cadou (moine gallois du VIe siècle) porte la date de 1635. Ce petit édifice, construit en pierre de Logonna, présente une belle façade de style Renaissance.Ses 4 fenêtres de plein cintre sont séparées par des pilastres ioniques et par une porte percée au milieu de la façade. La porte est coiffée d'un fronton triangulaire et encadrée de 2 chapiteaux composites (les colonnes ont disparues). Les chapiteaux ioniques composites, de sculpture assez grossière, portent, comme à Pencran, une petite tête au milieu de deux volutes, suivant un modèle que l'on rencontre dans la région, au Faou et à Beuzit-Saint-Conogan, par exemple.
Son existence rappelle les temps médiévaux où l’on inhumait les cadavres sous les églises. En périodes d’épidémies, on évacuait le trop plein d’ossements dans l’ossuaire afin de faire de la place aux nouveaux morts. Celle-ci a sans-doute été utilisée davantage en chapelle-ossuaire, où étaient exposées les boites contenant les crânes des défunts, et où les messes pouvaient être dites.
Le bâtiment est réquisitionné en 1794 pour servir d’atelier de confection de souliers "quarrés" pour les soldats de la République. Au XIXe siècle, il sert de logement au sacristain, une cheminée y est alors aménagée.
Un bas relief figurant la mort est sculpté dans l’angle de la façade.
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Quand vous irez, sous l'herbe et les floraison grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté, dites à la vermine
Qui vous couvrira de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés ! (Baudelaire)
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Ange tenant un phylactère, crossette de l'ossuaire Saint-Cadou de Landerneau. Photographie lavieb-aile.
Ange tenant un phylactère, crossette de l'ossuaire Saint-Cadou de Landerneau. Photographie lavieb-aile.
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LES CROSSETTES ET GARGOUILLES DE L'ÉGLISE SAINT-HOUARDON.
Je ne les présenterai pas toutes : cette église totalise, en comptant les gargouilles en forme de canons, 75 gargouilles !
"L’église primitive de Saint-Houardon construite au XVIe siècle se trouvait rue Alain Daniel non loin du port. Après la Révolution, le bâtiment est en mauvais état et trop petit pour accueillir tous les fidèles d’une ville en pleine croissance. L’église va être reconstruite entre 1858 et 1860, d’après les plans de Bigot, architecte diocésain. Il opte pour le néo-gothique, le style ogival, les éléments anciens réintégrés de style gothique et renaissance y créant de singuliers contrastes. Le clocher, haut de 63 m, datant de 1589, est hissé sur le bâtiment en 1860. Le porche sculpté en 1604, haut de 22 m, est superposé sur un porche plus ancien qui date du XVIe siècle. Il a servi de modèle à de nombreux porches des enclos paroissiaux de la vallée de l’Élorn. En 1957, 1/3 de la charpente est restauré suite à l’effondrement d’une partie de la voûte. On recense environ une soixantaine de gargouilles sur cet édifice. La plupart ont été sculptées lors du chantier de 1860; d’autres ont été récupérées de l’ancienne église. Elles représentent des animaux de formes et de poses différentes, à l’effigie d’un singe, d’un chien, d’un oiseau; les plus extravagantes ont une forme mi-humaine, mi-animale." (Circuit du Patrimoine)
A gauche du pignon occidental, ne manquez pas celle-ci : un dragon ailé tenant l'âme d'un breton qui s'agrippe à son chapeau rond !
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Dragon ailé tenant l'âme d'un breton, crossette de l'église Saint-Houardon, photographie lavieb-aile.
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Un lion.
Un lion tenant son nosos, on commence à être habitué. Mais la présence d'un masque sculpté sur la trompe (petite voûte triangulaire) souligne le rôle de cet animal comme transporteur d'âmes.
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Lion, détails.
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Gargouille :
personnage humain en tunique et ceinture, agenouillé au dessus du vide et vomissant. La position des mains emble indiquer que les pouces sont glissés dans les poches.
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Autre gargouille à forme humaine.
Homme en tunique plissée, bouche grand ouverte, se tenant la gorge. Deux nattes, un bracelet.
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Gargouille de forme animale (chimère).
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Gargouille de forme animale (chimère).
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Gargouille de forme animale (chimère).
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Gargouille de forme animale (chimère).
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Encore une...
Gargouille de forme animale (chimère) se brossant les dents.
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Gargouille de forme animale (chimère).
N'en jetez plus !
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Gargouille de forme animale (chimère). Maître Jedi.
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Encore ? Non, dorénavant, ces monstruosités tiendront un attendrissant visage d'humanoïde afin
que paternellement vous vous préoccupâtes
de voir ce qui trépasse en leurs petites pattes.
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Hum, ces trépas,
c'est extra, c'est extra !
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Et hop,
encore un dans le frigo !
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Ouh ouh ouh ouh,
C'est nous les voyous
C'est nous les Zazous
Du tout-à-l'égout ! Ouh ouh ouh ouh,
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J'ai eu Victor Hugo ! J'ai eu Victor Hugo !
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Eho, eho ! J'ai eu Charlemagne ! J'ai eu Charlemagne !
Outre la couronne du personnage de la trompe, notez l'animal à longue queue sculpté à droite (hermine ?)
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SOURCES ET LIENS.
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— Topic-topos
http://fr.topic-topos.com/lucarne-de-la-sirene-landerneau
— Documents à télécharger
http://www.pays-landerneau-daoulas.fr/medias/2015/10/livret-doc-balades-urbaines-landerneau-OK.pdf
http://www.sirenes-et-dragons.fr/wp-content/uploads/2012/05/livret_jeu.pdf.pdf
—Plan interactif :
http://www.sirenes-et-dragons.fr/images/planInteractif/Main.html
http://fr.calameo.com/read/000330819360f84a11e26
— Photos Wikipédia
Gaëlle FILY https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Landerneau_auberge_reveil_matin_(2).JPG
— étude géologique :
http://espace-svt.ac-rennes.fr/travaux/landern/land-01.htm
— AMEMIYA (Hiroko), 2005 Vierge ou Démone: Exemples dans la statuaire bretonne - Page 209
— CASTEL (Yves-Pascal) ; TUGORES ( M.-M. ) , JARRY (P.), 1984, Landerneau : patrimoine artistique et culturel / / Landerneau : Municipalité de Landerneau , 1984
— BAZIN (Jehan), 1962, Landerneau, ancienne capitale de la principauté de Léon: notes d'histoire et d'archeologie Presse libérale du Finistère, 1962 - 151 pages. Consultable au CRBC, Brest.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère : Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, Sizun, mémoire de maîtrise, 2 vol.
— BDHA :
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e8e8e84cf9484183b6117713f6b2b97d.pdf
http://www.letelegramme.fr/local/finistere-nord/brest/landerneau/patrimoine-les-sirenes-font-mouche-14-08-2012-1806483.php#FCQepyv85dqPyY2b.99
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