Ploéven X : la cloche de 1817 de la chapelle Saint-Nicodème par Le Beurriée.
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— Sur Ploéven, voir :
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La chapelle Sainte-Barbe de Ploéven. Son calvaire, son vitrail, sa statuaire, son Pardon.
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Ploéven II. L'église de Ploéven, la Déploration (pierre polychrome, 1547 ).
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Ploéven III. L'église : le calvaire (kersanton, vers 1550) du placître.
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Ploéven V : Les statues de l'église et ses inscriptions lapidaires (ou non), ses blasons.
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Ploéven VII : les inscriptions lapidaires de la chapelle Saint-Nicodème.
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Ploéven VIII. Les six crossettes (granite, XVIIe siècle) de la chapelle Saint-Nicodème.
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Ploéven IX. Le retable de saint Éloi de la chapelle Saint-Nicodème.
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Sur les cloches :
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L'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel et la cloche de 1513 de l'église de Landévennec.
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Les cloches du Faou et les fondeurs de cloche du Finistère. I : Thomas Le Soueff 1714.
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Les fondeurs de cloche actifs dans le Finistère sous l'Ancien-Régime.
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Les cloches du Faou et les fondeurs de cloche du Finistère. II : Viel à Brest 1823.
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Kleier Kemper : les cloches de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper.
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La chapelle Saints Côme et Damien de Saint-Nic : la cloche Herveline-Marie Anne (1927).
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L'église Notre-Dame de Rumengol. V : les gargouilles et crossettes.
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Les Roues à carillon de Confort-Meilars, de Locarn, de Priziac et de Quilinen (Landrévarzec). .
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Roue à carillon de Confort-Meilars, celle de Locarn et de Priziac .
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Cloche (R. Le Beurriée, 1782) de la chapelle de Saint-Divy à Dirinon.
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1°) L' inscription.
Sur la cloche de la chapelle Saint-Nicodème en Ploéven, nous pouvons lire l'inscription presque complètement depuis le sol. Elle occupe quatre lignes. Les débuts de lignes sont indiqués par un manicule (paume à plat, pouce levé, index tendu) que je remplace ici par une barre :
/FONDUE A BREST EN MARS 1817 POUR SERVIR A LA CHAPELLE
/ ST NICODEME DE] PLOÉVEN MR HENRY SAVINA RECTEUR ET NOMMEE
/ PAR MR JEAN PIERRE ----- FABRIQUE PROPRIETAIRE DE KERAMPOCHET /
/ ET DAME CORENTINE LE SANQUER VVE LE DOURÉ DE KERGOULOUARN
Soit : Fondue à Brest en mars 1817 pour servir à la chapelle St-Nicodème de Ploéven Henry Savina recteur et nommée par Mr Jean-Pierre ?-- fabrique et propriétaire de Kerampochet et Dame Corentine Sanquer veuve Le Doaré de Kergoulouarn.
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Notes :
— Ligne 1 : la formule "fondue à Brest --- pour servir à la chapelle de" se retrouve sur les cloches de Plomodiern en 1810.
— Ligne 2 : Henri SAVINA, recteur de Ploéven en 1783 et de 1816 à 1826 .
"En 1783-1791. Henri Savina. Celui-ci ayant prêté serment à la Constitution civile du clergé (Peyron, Documents... I, 80) signe pour la dernière fois aux registres le 30 Avril 1791, puis est nommé curé constitutionnel de Crozon, où il prend possession de ses fonctions vers le 15 Mai. . Trois semaines après le départ de M. Savina, recteur, nous voyons apparaître le 22 Mai 1791, Pierre Le Pelliet, ancien vicaire assermenté de Trégarvan, qui signe « vicaire de Ploéven », jusqu’à la fin de 1792. De 1793 à la fin de 1796 il fera fonction dans la commune d’officier public. — En 1816-1826. Henri Savina qui, durant l’époque révolutionnaire, avait joué un triste rôle à Crozon [Note : Pérennes, Saluden... Les prêtres du diocèse de Quimper morts pour la foi.... I, p. 426. — Sur son passage à Lambézellec comme curé voir Peyron et Abgrall, Notices sur les paroisses, vol. V, pp. 164-168. Voici ce qu’il écrit le 28 Juin 1822, quatre ans avant sa mort, à Mgr. Dombideau : « Quant à moi, Monseigneur, mon voeu est de me voir dégagé d’un surcroît de travail au-dessus de mes forces et de pouvoir recueillir avec tranquillité le fruit de ma retraite et songer avec plus de loisir aux années éternelles qui, certes, ne sont pas éloignées de moi ». Il fit graver sur sa pierre tombale, à Ploéven, ces mots qui témoignent de son repentir : Hic jacet Heuricus Savina sacerdos peccator expectans judicium]."
—ligne 3 : Kerampochet : lire Keramporchet (carte IGN) , à l'est du bourg ; mais le lieu-dit est bien orthographié KERAMPOCHET sur la carte de Cassini (fin XVIIIe) et sur la carte d'Etat-Major (1820-1866). Il possède une croix du XVIe siècle.
— ligne 4 : Manoir de Kergoulouarn : au nord-est du bourg.
Corentine SANQUER, née le 13 avril 1775, épousa en l'an III à Ploéven Thomas LE DOARÉ, d'où 3 filles Marie-Anne (1796-1822), Marie Corentine (1798-1814, mariée en 1813 avec Yves LE BRETON), et Anne Yvonne (1800-1845). Seul ennui, la généalogie qui la mentionne la fait mourir en 1800.
https://gw.geneanet.org/mlebastard?lang=en&pz=kenza+eden&nz=le+bastard&p=corentine&n=sanquer
Sa datation en 1817 lui donne une valeur patrimoniale forte . Celle-ci est renforcée par les trois décors : une palmette, un médaillon en mandorle à la Vierge, et un médaillon rond que je vais détailler.
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2°) Le médaillon rond : une estampille des LE BEURRIÉE.
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Le médaillon est timbré par une flamme encadrée par deux dauphins. La flamme naît de ce qui ressemble à une grenade (ou un heaume grillagé) au dessus d'une cloche et de deux canons tête-bêche placés dans un cartouche à enroulements. Le plus intéressant est l'inscription : LE BEVRRIEE / M'A FAIT.
Cette marque est connue, car elle est signalée aux Archives des Vosges 86 J "Fonds de la famille Farnier-Remy et de la fonderie de cloches Jeanne d’Arc de Robécourt (1839-[2000])" de la façon suivante :
Le Beurriée m’a fait — Marque provenant d’une cloche du Relecq (Finistère) fondue en 1806. Dimensions : 6,9 x 6,5 cm
https://archives.vosges.fr/Portals/8/xNews/uploads/2017/3/27/Fonds%20de%20la%20famille%20Farnier-Remy%20et%20de%20la%20fonderie%20de%20cloches%20Jeanne%20d%E2%80%99Arc%20de%20Rob%C3%A9court%20(1839-[2000])_2.pdf
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Il est évidemment très émouvant de découvrir que le fondeur de cette cloche de Saint-Nicodème porte le même nom que le fondeur de la cloche de 1735 conservée à l'église de Ploéven.
On se souvient peut-être que la veuve de Jacques Le Beurrié (fondeur à Vannes) épousa le fondeur Thomas Le Soueff, et que le couple vint s'installer à Brest avec les enfants du premier mariage, Jean-Baptiste et Jean-François Le Beurriée de la Rivière.
Or, l'une des cloches de Thomas Le Soueff, celle du Faou en 1714) porte une estampille aux deux canons en sautoir sous une cloche.
La même marque a été décrite sur une cloche de la chapelle de Saint-Divy à Dirinon avec l'inscription FAIT A BREST EN 1782 R. LE BEURRIEE M'A FAITE .
http://www.lavieb-aile.com/2017/02/le-culte-de-sainte-nonne-a-dirinon-ii-la-chapelle-saint-divy.html
Ces canons rappellent qu'un fondeur de cloches peut devenir un fondeur de canons.
http://tchorski.morkitu.org/12/musee-tellin-01.htm
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Il reste à déterminer qui est ce LE BEURRIÉE actif au début du XIXe siècle. La date de 1817 n'exclut pas Julien François Marie LE BEURRIÉE, né le 24 septembre 1759 - Saint Louis - Brest, et décédé le 20 mars 1818 -Centre Brest, à l'âge de 58 ans. D'autant que celui-ci, fondeur; conseiller Municipal de Brest (1809-1818), membre de La Fabrique de St Louis (1810-1818) avait reçu l'ordre de fondre en canons les cloches de Bretagne. Voir la généalogie sur mon article Ploéven I La cloche de 1735.
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SOURCES ET LIENS.
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— CASTEL (Yves-Pascal), 1987, Artistes en Bretagne, dictionnaire des artistes artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien-Régime. avec Tanguy Daniel et Georges-Michel Thomas.
— SUTTER (Eric) 2006, La campanographie française
http://campanologie.free.fr/pdf/La_Campanographie_francaise.pdf
— TCHORSKI, épigraphie campanaire
http://tchorski.morkitu.org/1/epigraphie-01.htm
— Hervé du Halgouet 1949, Vieux sons de cloches
https://broceliande.brecilien.org/IMG/pdf/spm_1949_cloches.pdf
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