Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 septembre 2018 7 30 /09 /septembre /2018 21:12

.

 

Deux cloches habitent actuellement  le clocher du Faou, la plus récente ayant été fondue par Viel à Brest en 1823.La plus ancienne et la plus grosse a été fondue  en 1714, en remplacement d'une cloche fêlée. 

À la différence des autres cloches de la commune du Faou, réalisées par VIEL ou BRIENS à Brest, ou par LE JAMTEL à Guigamp elle témoigne de l'activité d'un des fondeurs de l'Ancien Régime, Thomas Le SOUEFF, mais il est passionnant de constater que ces quatre familles sont originaires de la Manche, autour de Villedieu-les-Poêles et de Saultchevreuil-du-Tronchet, et qu'elles ont su se déplacer au gré des besoins, tout en créant par mariage des alliances avec des familles normandes de seintiers. 

"Les premières cloches apparurent en Campanie au Ve siècle et les premiers clochers au IXe siècle en Italie. Ils se répandirent au début du XIIe siècle; d'abord indépendants de l'église, véritables tours protectrices 
Au moins depuis la fin du XVe siècle et pendant des siècles les fondeurs de cloches ambulants sillonnèrent la France et l'Europe, transportant de ville en village leur matériel, se réduisant à peu de chose, en dehors de la planchette en bois gravée comprenant lettres, chiffres, éléments de décor et marque. Ils venaient souvent du Bassigny lorrain [ou de la région de Villedieu-les-Poêles]. Ils partaient chaque printemps et faisaient le moulage sur place. Ils signaient les cloches de leur nom suivi de la mention du pays d'origine ou de leur marque.

Au XIXe siècle les derniers fondeurs installèrent des ateliers fixes dans diverses villes comme les Perret à Auch, les Bollée à Orléans. Deux fils Vouillemot s'étaient établis à Montpellier au XVIIe siècle.

Les artisans fondeurs étaient appelés clochetiaux en Lorraine ou seintiers (du latin médiéval sein qui voulait dire cloche; d'où le mot tocsein : toque sein). Ils étaient très considérés et le titre de bourgeois leur était parfois décerné." (d'après geneawiki)

"Autrefois, les cloches étaient fondues au pied du clocher (dans le cimetière). Une fosse de coulée et un four étaient construits sur place.

On fabrique un moule détruit après la coulée. Sur un socle en maçonnerie, on façonne d’abord un noyau en argile armé de filasse, tourné avec un gabarit au profil intérieur de la cloche (la planche à trousser). Cette argile est durcie en allumant un feu doux à l’intérieur de la forme maçonnée. Puis on façonne la forme de la cloche (la fausse cloche) en cire. Cette fausse cloche est démolie après avoir confectionné, séché et enlevé le moule extérieur (la chape) en argile lui aussi.

Les différents motifs de décor, marques du fondeur, signatures ou inscriptions ont été mis en place sur la forme avant la confection du moule extérieur. Le moule est ensuite remis en place pour permettre la coulée du bronze. Après démoulage et polissage, la cloche est prête à être baptisée par l'évêque avant de trouver sa place dans le clocher. Ce travail demande de trois semaines à un mois. Chaque fondeur avait ses méthodes et ses abaques pour les formes et épaisseurs exactes à donner à la cloche pour obtenir la note désirée : il ne peut bien entendu plus être rajouté du métal après la coulée." ( d'aprèsGeneawiki)

.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou.

.

Description.

.

Selon Danguy des Deserts, elle pèse 1389 livres (630 kg ?) et la hauteur de la cuve est de 87 cm (105 cm avec l'anse) et son diamètre inférieur est de 101,5 cm.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/cloche/4e447a13-5ec6-4245-bfe8-51ba0d4959f9

"Le poids des cloches au XVIe siècle varie de 100 à 600 livres. Dans les églises paroissiales la cloche majeure passe de 1500 livres de moyenne au XVIIe s et à 2000 livres de moyenne au XVIIIe. On cite comme un cas exceptionnel et digne d'admiration une cloche de 4000 livres et de 1,62 m de diamètre, fondue en 1715 pour Lampaul-Guimiliau, par des artisans de Brest, Jean et Jean-François LE BEURRIER de la RIVIÈRE." ( H. du Halgouet)

Sur le mouton en bois sont ferrées les trois anses de la cloche, remarquables par leurs six têtes d'hommes moustachus. La cloche est ornée d'un riche décor en bas-relief sur le vase supérieur, le flanc et le vase inférieur. Elle sonne à la volée par tintement du battant et par marteau extérieur frappant le bord  depuis l'électrification.

 

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

I. L'INSCRIPTION  DE DÉDICACE SUR LE VASE SUPÉRIEUR .

.

Une longue inscription  se déroule entre les filets sur trois lignes en lettres capitales romaines.  Chaque mot est séparé du voisin  par une hermine ou une fleur de lys, et débute par une croix pattée (après le mot CVRE). Certains mots sont abrégés.

N.B :La ligne haute et la ligne intercalaire comportent plusieurs R isolé ou RE qui doivent être lues comme des adjonctions suscrites, que j'ajoutent dans la transcription.

Les trois lignes principales :  

 première ligne +  IAY. ESTE. FAITTE. P. SER. A. LEGLISE. DV. FAOV. VENERABLE. ET. DIS.TMI.RE FRANCOIS. LVGVERN. RECTEVR. MI. RE YVES. MOCAER. CVRE.

deuxième ligne + NOBLE. HOMME. PIERRE. BIGEAVD.S R DE PREVILLE. ET DME MARIE. THERESE.HIACINTHE. FILLOVSE. EPOUSE. DE. M. M. IULIEN. GODEFROY.

troisième ligne  + SEVL. JVGE. DV. FAOV. MONT. NOMMEE. M. RE. PAVL. LE. BESCOND. AVOCAT. ET. PROCVREVR. FISCAL. TRESORIER. EN LAN. 1714.

Soit :

« J'ai été faite pour servir à l'église du Faou. Vénérable et discret Missire François Luguern, recteur, Missire Yves Mocaer curé.

Noble homme Pierre Bigeaud, sieur de Préville et dame Marie-Thérèse Hiacinthe Fillouse, épouse de M Julien Godefroy .

seul juge du Faou m'ont nommée M Paul Bescond avocat et procureur fiscal trésorier. en l'an 1714.»

Nous remarquons déjà que cette cloche n'a pas de nom de baptême.
 

.

 

 

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

Les personnalités mentionnées sur l'inscription.

.

1°) Le recteur : vénérable et discret messire François LUGUERN.

Il figure dans l'église de Rosnoën sur une inscription lapidaire de 1674 avec ses curés (c'est à dire ses prêtres vicaires) Bauguion et Jean Creven. 

François Luguern est né le 19-12-1662 à Rosnoën de Tanguy Luguern et Marie Mallegol, et il décéda le 16-04-1732.

2°) Le curé (vicaire) Yves MOCAER.

La seule indication retrouvée est son signalement dans le BDHA de 1909 (page 138) parmi la liste des vicaires  avec sa période d'activité  entre 1711 et 1724.

3°) Le parrain Noble homme Pierre BIGEAUD, sieur de PREVILLE.

 

Ce personnage est cité en 1682 par le BDHA dans un extrait d'acte de baptême comme époux de Demoiselle Marie Bernard, marraine :

:

1682, 3 Décembre : Baptême d'Yves, fils de Jean-François Laferière, et de Dlle Marie Bigeaud, Sr. et dame du dit lieu (il était né dès le 15 Octobre). Parrain, N. G. Yves Ferrière, sieur de Bussé ; marraine, Dlle Marie Bernard, épouse de noble homme Pierre Bigeaud, sieur Desclos.

Nous  trouvons Marie Bigeaud et Françoise Bigeaud   citées en 1689 dans un autre acte de baptême . :

1689, 5 Septembre : Baptême de Jean-Baptiste-François, fils de noble homme François Ferrière et de Dlle Marie Bigeaud (né le 10 Août). Parrain, noble homme Jean-Baptiste Ferrière, Sr. de Kerdonval ; et marraine, Dlle Françoise Bigeaud, dame du Quelennec

 

Il faut distinguer Pierre Bigeaud I , né vers 1630 à Nantes, et décédé le 21 octobre 1696 au  Faou, Sieur des Clos, Fermier Général du Faou, marié avant 1668 avec Marie Bernard ca 1639-1721 dont 12 enfants, Pierre Bigeaud II, le dernier enfant du couple, né le 16 août 1682  au Faou, décédé le 7 janvier 1723 au Faou, à l’âge de 40 ans.

 

Mad Danguy des Déserts écrit : "

 

"Pierre Bigeaud, le parrain [de la cloche], était intéressé dans les devoirs et les Billots (impôts sur les boissons alcoolisées). Il décède, célibataire de 40 ans en 1723, dans l'actuelle maison Lennon, place des Halles."

 

Ses armoiries  seraient (Danguy des Deserts) « d'azur à trois glands d'or posés 2 et 1». Elles  figurent sur le flanc de la cloche, avec heaume :

.

 

 

 

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

4°) La marraine,  dame Marie-Thérèse Hiacinthe FILLOUSE, épouse de M Julien GODEFROY.

.

Marie-Thérèse Fillouse, née le 4 avril 1680 à Landerneau Saint-Julien et décédée  après le 5 décembre 1735)  était la fille de Ollivier Fillouse, (1610-1711) sr de Lannivinan et de Claude du Vall, qui demeuraient à Landerneau. Elle avait épousé le 20 juin 1713 à Landerneau Julien GODEFROY DU RHUN, advocat à la cour, sénéchal  du Faou, en second mariage pour  ce jeune père de 3 enfants. Il était le fils de Maître Guillaume GODEFROY, sieur de Keraoulen (ou Trolen) de Landerneau. Il s'était marié le 11 janvier 1706 avec Thérèse FERRIÈRE, née à Quimper et fille de Marie BIGEAUD, ... la sœur de notre Pierre BIGEAUD II..

 

 

Ses armoiries   d'azur à la licorne d'argent surmontée d'un croissant de même  (Nobiliaire de Pol Potier de Courcy) figurent aussi sur le flanc de la cloche.

Fillouse, sr de Lanriven près Landerneau, — de Kergorez, — de Kerambriz. D’azur à la licorne d’argent, surmontée d’un croissant de même. (Arm. 1696). Catherine, épouse en 1668 Hervé Simon, sr de Kerbringal. .

 

 

 

 

 

.

 

 

 

 

 

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

Un quatrième blason honore indirectement Julien Godefroy puisqu'il porte les armoiries de la Vicomté du Faou , d'azur au léopard d'or 

.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

5°) Paul Bescond avocat et procureur fiscal trésorier. 

Il faut sans doute comprendre "Paul Le Bescond". Un Joseph Le Bescond a été vicaire au Faou de 1722 à 1728.

.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

.

 

.

 

 

 

 

 

II. L'INSCRIPTION BASSE : LA SIGNATURE DU FONDEUR.

.

 

TH. LE SOVEF ME FECIT.

"TH. Le Souef me fecit" traduit par "Thomas Le Soueff me fit."

.

Que savons-nous de ce fondeur ? La plupart des informations ont été trouvées par Georges-Michel Thomas dans son dépouillement des archives, dont il a publié les conclusions en 1981 :

.

"Le Le Soueff semblent avoir eu trois branches en Bretagne.

— François Le Soueff, établi à Vannes, rue Saint-Yves, fondit une cloche pour Guéhénno (Morbihan) le 12 mai 1675 et deux pour Plumelin (Morbihan) le 10 août 1690.

— Julien Le Soueff s'établit à Quimper où il s'éteignit en 1690, laissant sa succession à son fils Jean.

— Jean Le Soueff fondit en 1691 la cloche de Briec, qui était fendue en 1782, celle du Cloître-Pleyben en 1696, celle de Saint-Thégonnec en 1697. Il s'établit à Brest en 1701, année où il fondit, avec Le Moyne, la cloche Corentin pour la cathédrale de Quimper.

« Ce jour de mercredy, 25 may 1701, la cloche nommée Corentin, fut solennellement bénite par Mgr. l'Ill..me et Rév..me évesque, François de Coetlogon, accompagné et assisté de tous les messieurs du chapitre, en la chapelle de la Madeleine, en l’église de St Corentin, et pour la nommer conjointement avec luy, mondit seigr. évêque, a choisy madame Janne du Louet, dame douarière, présidente de Guilly. Ladite cloche, fondue par les sieurs Soüef et Le Moyne, fondeurs du roy à Brest, s’est trouvée pezer 3.901 l. ; et ont eu lesdits fondeurs, pour l’oeuvre de main, la somme de 800 l. et 15 sols par livre, pour les 225 livres d’augmentation de métal. — Signé : A. F. de Coetlogon, grand archidiacre ; Jan de Kermellec, archidiacre de Poher ; Jean Callier ; Anne Bernard Pinon » (Déal du chapitre de 1696-1707, f° 64). http://www.infobretagne.com/quimper-fondeurs.htm

Remarquons cette collaboration entre Le Soueff et Le Moyne, puisque cette dernière famille de fondeur est également originaire de Villedieu-les-Poêles. Pierre-Antoine Le Moyne reçut en 1693 l'autorisation royale de se qualifier "maître fondeur de l'artillerie des vaisseaux du Roy".

.

Thomas Le Soueff (ou Souef, ou  Le Soefve),

"Maître fondeur du roi, Thomas Le Soueff naquit à Quimper, paroisse du Saint-Esprit de père et mère originaires de Villedieu-les-Poêles. Il épousa à Vannes (Saint-Patern) le 8 septembre 1689 Jeanne Le Douarin, âgée de 24 ans et veuve de Jacques Le Beurrié et de cette union virent le jour :

Catherine-Jeanne et Marie, toutes les deux nées à Quimper en 1691 et 1694, puis Isabelle (1701), Renée-Antoinette (1697-1762), Gabrielle (1697-1738), Elisabeth (1699-1762), Jacques (1701-1730) et Arnould (1702). Les actes d'état-civil montrent que la famille était installée à Brest au quartier des Sept-Saints entre 1699 et 1702, puis rue Saint-Louis vers 1762.

La famille Le Beurrier était originaire de La Colombe, tout près de Villedieu-les-Poêles :

"Jacques BEURIER DE LA RIVIÈRE, (alias LE BEURIER). Fondeur à Brest, puis à Vannes, et époux de Jeanne Le Douarain. Il fit, en 1683, deux cloches pour l'abbaye de Lanténac, et mourut en 1686. Son fils posthume, Jean-François, né à Vannes le 15 novembre 1686, devint fondeur à Vannes. Quant à sa femme, Jeanne Le Douarain, elle se remaria au fondeur Le Soueff. Le frère de Jacques, Etienne Beurier, était également fondeur. On doit à la famille Beurier de nombreuses cloches du Finistère, entre autre à : Lampaul-Guimiliau en 1715, Bodilis en 1719, Saint-Pierre-Quilbignon en 1720, Saint-Eloi de Plouarzel en 1729. Jean et Jean-François sont qualifiés de fondeurs du Roy."

Installé à Landerneau puis à Brest, Thomas Le Soueff fondit, en 1699, à Saint-Thomas de Landerneau, une cloche mal faite par Troussel et qui avait entrainé un procès. Il perçoit 583 livres pour ce travail.

La même année, il fond une cloche pour Lochrist au Conquet pour 349 livres et une pour la chapelle Saint-Christophe, dans la même paroisse, petite cloche qui lui vaut 36 livres.

"Le Sr Le Soueff, maître fondeur, de Brest, promet de refondre la grande cloche de Lochrist pour le prix de 4 sols la livre. La dite cloche sera pesée avant de la fondre et lorsqu'elle sera refondue; si elle se trouve moins pesante, le Sr Le Soueff ...".

En 1700, il fournit un bénitier de métal à Saint-Thomas de Landerneau, payé 10 livres 10 sols, et une cloche pour Plouguerneau, en 1704. Payée 150 livres, elle fut refondue en 1890.

En 1706, cloche pour Plougourvest et en 1707, une autre pour Lanhouarneau. La même année, résidant à Landerneau, il fournit à Plougastel-Daoulas une cloche payée 519 livres 16 sols et qui, faite à Landerneau, fut transportée en voiture jusqu'à Passage moyennant 21 livres 20 sols, puis du Passage à l'église pour 20 sols.

Il est toujours à Landerneau quand il fond, en 1708, une cloche pour Bodilis, pesant 231 livres payée 20 sols la livre. et placée au-dessus de la sacristie pour sonner la messe.

 

En 1711, il travaille pour Plouzané et pour Plougoulm, et l'année suivante, il fond une cloche pour l'église du « Prêcheur » , paroisse de Saint-Joseph à la Martinique. Le Faou lui commande une cloche en 1714 et lui verse 487 livres 5 sols (Arc. Dep. Finist. 63 G13)."

Note personnelle : René Couffon mentionne aussi une cloche de 1712 pour Plouha , et envoyée à la refonte au XIXe siècle, et sur laquelle « le fondeur de Brest, Thomas Le Soueff, avait même copié la légende italienne de la médaille qui lui avait servi de modèle :  Allegreza del cielo e délia terra. "

"Nous n'avons trouvé aucune trace de son décès dans les paroisses brestoises. Nous savons seulement qu'en 1719, il habitait toujours Brest, rue Traverse des Carmes, et que sa situation financière était loin d'être brillante : il ne payait qu'une livre de capitation.

En dehors de son métier de fondeur, il avait été l'adjudicataire d'une pompe à incendie, vers 1710, pompe payée 1500 livres."

En 1726, sa veuve Jeanne Le Douarin demeure rue Saint-Louis à Brest :

 

"-au logis couvert d'ardoise, avec appentis et jardin, possédé par Jean Le Douarin, maître sellier (1672) et par Renée Poupart, sa veuve (1687), cédé par elle, avec tout les héritages provenant tant de la succession de son mari que des acquêts de leur communauté , i Yves Grignon, maître peintre, travaillant pour S. M. au port de Lorient et y demeurant, époux de demoiselle Yvonne Le Douarin, et à Thomas Soueff, maître fondeur, travaillant pour S. M au port de Brest et ailleurs , demeurant ordinairement en la ville de Quimper, époux de Jeanne Le Douarin (1693), vendu partiellement, sous forme de moitié d une grande maison, par la dite Jeanne Le Douarin, veuve Thomas Soueff, demeurant ordinairement à Brest, rue Saint-Louis, à Pierre Quennec , jardinier et Perrine Duvau, au prix de 1,200 1. (1726)" (Arc. dép. Morbihan)

Des LESOUEF sont mentionnés dans la Manche à Saultchevreuil-du-Tronchet (rattaché à Villedieu-les-Poêles), à Soulles (entre Villedieu et Saint-Lô), à Notre-Dame-de-Cenilly, (voisin de Soulles), à Gieville (id), à Domjean, Maupertuis, Le Guillain, Gavray, Hambye, Cerisy-la-Salle, etc...

.

 

.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

L'inscription est placée sous un calvaire à cinq degrés encadré par deux médaillons du Christ et de la Vierge. Une devise est inscrite sous chaque médaillon, mais je ne les déchiffre qu'avec peine : SOLE ET ARIOR ? 

.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

 

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

Le quatrième blason ou estampille : une cloche au dessus de deux canons.

Ce blason est très vraisemblablement celui d'une corporation de fondeurs de bronze, car il se rapproche de ceux des fondeurs de Paris et de ceux de Rouen, comme ceux des fondeurs de la guilde de Nuremberg en 1656. On le comparera aussi à la marque de Claude MURCY de 1759, Fondeur de canons et de cloches à Parike en Belgique .(Musée de Tellin). Enfin, nous retrouvons ce motif en estampille des cloches de Lessines et d'Ostiches.

NB il existait une fonderie de canons à Toulon (ou bien-sûr à Douai 1667-1867), mais non au port de Brest.

Ce "blason", cette estampille, est très intéressante car elle est identique à celle du fondeur R. Le Beurrié, apposée sur une cloche de 1782 de la chapelle Saint-Divy à Dirinon

Il serait intéressant de la rechercher sur les autres cloches de Le Soueff ou de Le Beurrié.

 

 

 

.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

.

Terminons par les six têtes aux superbes moustaches décorant l'anse .

.

 

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.

 

.

RAPPEL :

Installé à Landerneau puis à Brest, Thomas Le Soueff fondit les cloches suivantes

1691 Briec  :

"La cloche du côté Nord a 25 pouces de hauteur sur 30 pouces de diamètre, elle ne porte aucun écusson, mais l'inscription suivante : ANNO : DNI : 1691 : LVDOVICO : MAGNO : XIV° : REGNANTE : ILLMO : DD :FRANCISCO : DE : COETLOGON : DIOECESIM : CORISOPITEN : GUBERNANTE : JOANNES : HVELVAN : SACR : FACULT : PARISIEN : BACCALAUREVS : THEOLOGVS : DOMVS : SORBONAE : NEC : NON : PAROCHIAE : BRIZIEC : RECTOR. Au bas est écrit : T. LE : SOUEFF : FONDEVR : Au milieu, côté du Nord : IHS. Côté du Midi, dans un médaillon circulaire de 4 pouces de diamètre, la Vierge avec l'Enfant-Jésus dans ses bras, assise sur des nuages.

Sur la seconde cloche, du côté du Midi, qui a 27 pouces de haut et 31 pouces de diamètre, est écrit : SIT : NOMEN : DOMINI : BENEDICTVM : 1702. Sans armoiries, mais elle porte une croix sous laquelle on lit FRANCOIS : LE : MOYNE : FONDEVR. De l'autre côté, est une Vierge en pied ayant les mains jointes. Cette cloche est éclatée." (Abgrall, 1904)


 

1699, Saint-Thomas de Landerneau, (perdue)

1699 Lochrist au Conquet (perdue)

1701, cathédrale de Quimper, 3901 livres (1909 kg ?) [fondeur Le Soueff sans précision de prénom]. (perdue)

1704,  Plouguerneau, en 1704. (perdue)

1706,  Plougourvest (perdue)

1707,  Lanhouarneau. (perdue)

1707 Plougastel-Daoulas (perdue)

1708, Bodilis, pesant 231 livres. (perdue)

1711,  Plouzané . (perdue)

1711,  Plougoulm, (perdue)

1712 « Le Prêcheur » à la Martinique. 560 kg, Diam. 99,5 cm. Note : Fa Sans nom. Croix entourée de deux médaillons de la Vierge et du Christ avec inscriptions allegreza del cielo et del tierra... et Refugium peccatorum . Anse  à têtes . Inscription débutant par une croix: Chaque mot est séparé par une petite fleur de lys.

1712, Plouha 757 kg, diam. 91 cm , nom Pierre-Marie. Croix entourée de deux médaillons de la Vierge et du Christ avec inscriptions allegreza del cielo et del tierra  et Refugium peccatorum ora pro nobis. Inscription débutant par une croix et dont  chaque mot est séparé par une petite fleur de lys et une moucheture d'hermine. Cloche perdue.

1714 Le Faou 1389 l (679 kg?) , diam. 101 cm, sans nom.  Croix entourée de deux médaillons de la Vierge et du Christ avec inscriptions  à déchiffrer.   Inscription débutant par une croix et dont  chaque mot est séparé par une petite fleur de lys et une moucheture d'hermine.

.

 

.

SOURCES ET LIENS.

.

— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, "Inscriptions de quelques cloches anciennes du diocèse de Quimper", Bulletin Société archéologique du Finistère pages 304-306.

 ABGRALL (Jean-Marie), 1890, "Inscriptions de cloches" , Bulletin Société archéologique du Finistère pages 281-285.

 ABGRALL (Jean-Marie),  et PEYRON, 1903, Notice sur Le Faou, Bull. Diocésain d'Histoire et d' Archéologie [BDHA], Quimper, Kerandal. 

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf

 BOURDE DE LA ROUGERIE (H.), [1829] 1903. "Restitution de cloches aux paroisses du Finistère", Bulletin Société archéologique du Finistère pages LI-LVIII

—  CASTEL (Y.P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.M.), 1987, Artistes en Bretagne : dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime / Yves-Pascal Castel, Georges-Michel Thomas ; avec la collab. de Tanguy Daniel ; introd. par André Mussat / Quimper : Société archéologique du Finistère , 1987

 

—  CASTEL (Y.P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.M.), Artistes en Bretagne Tome 2, Additions et corrections : dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime / Yves-Pascal Castel, Tanguy Daniel, Georges-Michel Thomas / Quimper : Société archéologique du Finistère , DL 2013

— DANGUY DES DESERTS (Mad), 1993, Les cloches du Faou, in bulletin municipal Le Contact.

https://arfaou.net/archives_documents/Bulletin%20municipal/1993/contact041993.pdf

— LE PESANT (Michel), 1972,, Un centre d'émigration en Normandie sous l'Ancien Régime. Le cas de Percy. — Bibliothèque de l'École des chartes, t. CXXX (1972), p. 163-225.

A partir d'un lot de 609 émigrants relevés exclusivement dans les minutes anciennes d'un notariat rural, celui de Percy en Basse- Normandie, l'auteur a entrepris d'étudier entre 1560 et 1749, et plus particulièrement à Percy et dans trois paroisses limitrophes, un mouvement de population caractérisé par des départs définitifs comme par des absences saisonnières, moins bien connues, qui touchait toute une région axée sur Villedieu, centre de chaudronnerie, et Gavray, spécialisé dans la fabrication des tamis. Il s'exerçait dans trois grandes directions vers lesquelles les émigrants se répartissaient en fonction de leurs activités professionnelles. La Bretagne et surtout les diocèses bas-bretons étaient le principal centre d'attraction où les poêliers jouaient le premier rôle à côté de quelques autres marchands et des représentants de divers menus métiers ; les deux autres courants suivis seulement par les tamisiers gagnaient les pays du centre de la France (Bourbonnais, Marche, Limousin, etc.) et ceux du nord tant en France (Artois, Flandre) qu'à l'étranger (Pays-Bas, Provinces-Unies et Allemagne). Les modalités et l'ampleur de ce phénomène sont étudiées ; en Bretagne, le poids de cette émigration n'est pas douteux tant du point de vue de l'histoire économique que de celle de la société ; en Normandie, elle manifeste la vocation industrielle et commerciale de certaines aires rurales.

C'est aussi une lignée de fondeurs de cloches que j'ai suivie à Vannes avec les deux frères Le Beurier. Venus de La Colombe, ils sont arrivés vers 1684 et se sont vite mariés, Jacques avec une Bretonne, Jeanne Le Douarain, qu'il laissa veuve en 1686 et qui contracta en 1689 une nouvelle union avec Thomas Le Souef, un fondeur de cloches quimpérois d'origine normande ; Etienne dont la femme, Suzanne Delabaye, appartenait aussi à une famille de poêliers normands, en eut plusieurs enfants, une fille qui épousa un chirurgien, un fils qui entra dans les ordres et Joseph Le Beurier qui, après la disparition de son père en 1719, continua à fondre des cloches jusqu'à sa mort en 1734.

https://www.persee.fr/docAsPDF/bec_0373-6237_1972_num_130_1_449915.pdf

DU HALGOUET (Hervé ),1949, « Vieux sons de cloches », Bulletin et mémoires de la Société Polymathique du Morbihan,

http://broceliande.brecilien.org/IMG/pdf/spm_1949_cloches.pdf

 THOMAS (Georges-Michel), 1981, Fondeurs de cloches du temps passé, Bulletin Société archéologique du Finistère pages 263 à 274.

— Inventaire général du Patrimoine :

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/presentation-du-canton-du-faou/d18fd0cc-1825-455d-a90c-1a7b4ee440da

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/cloche/4e447a13-5ec6-4245-bfe8-51ba0d4959f9

http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IM29003540

— Le Télégramme :

https://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=20070126&article=13554139&type=ar

— COUFFON (René), 1988, Notice

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FAOURUME.pdf

— LE MEN, 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper

http://grandterrier.net/wiki/images/1/1d/MonographieCath%C3%A9draleQuimperLeMen-Transcription_NB.pdf

SOUEF et LE MOYNE. « Ce jour de mercredy, 25 may 1701, la cloche nommée Corentin, fut solennellement bénite par Mgr l’Illme et Révme évesque, François de Coetlogon, accompagné et assisté de tous les messieurs du chapitre, en la chapelle de la Madeleine, en l’église de St Corentin, et pour la nommer conjointement avec luy, mondit seigr évêque, a choisy madame Janne du Louet, dame douarière, présidente de Guilly. Ladite cloche, fondue par les sieurs Soüef et Le Moyne, fondeurs du roy à Brest, s’est trouvée pezer 3,901 l. ; et ont eu lesdits fondeurs, pour l’œuvre de main, la somme de 800 l. et 13 sols par livre, pour les 225 livres d’augmentation de métal. — Signé : A. F. de Coetlogon, grand archidiacre ; Jan de Kermellec, archidiacre de Poher ; Jean Callier ; Anne Bernard Pinon (2)326. »

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans cloches

Présentation

  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
  • Contact

Profil

  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

Recherche