Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. III Le vaisseau nord ou chapelle du Saint-Sacrement : enfance du Christ ; discours du pain de Vie ( Jean-Baptiste Le Corre 1731). Chapelle des Fonts (Le Botherelle 1690).
En Bretagne, la mode du décor des plafonds lambrissés peints date de la période médiévale (Barral I Altet), comme à Merléac, à Chatelaudren à la fin du XVe siècle, et se poursuit ensuite à la chapelle Saint-Gonéry de Plougrescrant au début du XVIe siècle ou à Douarnenez au milieu du XVIIe siècle et à Saint-Divy. Sous le lambris peint de la chapelle Notre-Dame des Carmes de Neuillac, datant du XVIIIe siècle, a été découvert un lambris du XVe siècle.
Pour la période moderne, 39 lambris ont été inventoriés en Bretagne, dont 17 en Morbihan, 15 en Finistère, 5 en Côtes d'Armor et 2 en Ille-et-Vilaine.
La grande surface disponible des charpentes est particulièrement apte à recevoir des cycles narratifs liès à l'Enfance ou à la Passion du Christ, à la Vie de la Vierge, mais aussi aux scènes de la vie du saint ou de la sainte qui patronne le sanctuaire.
L'église Saint-Cornély et ses lambris.
L'église Saint-Cornély a été édifiée en 1639 (tour occidentale), 1659 (sacristie), 1669 (transept nord pour la confrérie du Saint-Sacrement), et 1685 (vaisseau sud pour la confrérie du Rosaire, et porche sud). Le porche nord ne fut érigé qu'à la veille de la Révolution. Elle renferme un buste-reliquaire du saint patron, dont des reliques se trouvent également à Saint-Avé et à la chapelle Saint-Guénolé de Locunolé.
L'église Saint-Cornély de Carnac est divisée en trois vaisseaux parallèles, c'est à dire deux bas-côtés ou "chapelles" — du Saint Sacrement au nord et du Rosaire au sud— et un vaisseau central où la nef est séparée du chœur depuis 1806 par une grille en fer forgé.
Les charpentes de ces trois vaisseaux sont lambrissés, et ces lambris sont entièrement peints, entre 1690 et 1732.
Je n'ai pas eu accès aux descriptions détaillées de ces ensembles de peinture, telles qu'on doit les trouver dans le mémoire de master d'histoire de l'art rédigé en 2021 par Valentine Guillevic pour l'Université de Nantes, ou dans le mémoire rédigé par Guylaine Le Kernec en 1986.
Maud Hamoury, qui donne de précieux renseignements sur ces lambris dans son ouvrage La peinture religieuse en Bretagne aux XVII et XVIIIe siècles, cite l' inscription indiquant "Ce lambris a este peint du tant de G.D :M :Remond Dugeurn Le Gril recteur de Carnac et Ian Le Gril procureur de Corneille ; 1731."
Je la trouve dans le vaisseau nord, sous la peinture de Saint-Jean-Baptiste baptisant Jésus dans le Jourdain (cf. infra).
Je découvre que Raymond-Toussaint Le Gril, de la paroisse de Saint-Pierre et recteur de Lesbin-Pontscorff, fut pourvu par l'Évêque le 7 septembre 1713. Le Gril se fit de nouveau conférer Carnac par le Souverain Pontife, le 6 septembre 1717. A l'âge de 48 ans, il mourut le 13 mars 1732 et fut inhumé le 15 au cimetière. (Abbé Luco, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan année 1877 p. 131 à 136).
Les généalogistes mentionnent un Jean Le Gril, fils de Jean Le Gril et de Françoise Guillevin, né à Carnac le 18 août 1671 et décédé à Carnac le 8 mars 1741, marié à Marie Le Bosser, dont trois enfants. Son épouse fut inhumée à Saint-Cornély le 9 février 1773.
Jean Le Gril était procureur de la Confrérie du Saint-Sacrement.
Les peintures ont été restaurées par Allary d'Auray en 1872 et par Robert Cassin en 1962-1965.
Les peintres
Maud Hamoury apporte beaucoup de précisions sur les peintres désignés pour ces lambris, et leurs rétributions.
-Jean-Baptiste Le Corre, dit sieur Dupont (Pontivy, vers 1670-Pontivy, 1740).
Fils du peintre, doreur et sculpteur, Louis Le Corre, sieur Dupont , peintre de Pontivy, il entra en 1689 en apprentissage pour 4 ans à Rennes puis revint à Pontivy où il se maria en 1695. En 1706, il réalisa le lambris de la chapelle Sainte-Tréphine de Pontivy, en neuf tableaux.
En 1716, il peint le lambris de la chapelle Notre-Dame du Crénénan de Ploerdut, et en 1724 celui de l'église de Bodéo.
En 1731, il peint pour 400 livres les 3 scènes de la Passion du porche de l'église de Carnac. Il doit aussi parachever le lambris de la vie de saint Corneille commencé par Joseph Galmay.
Le 25 octobre, 1731, il reçoit 500 livres pour la peinture du lambris du Rosaire ( j'en déduis, vu la somme : celui du bas-côté sud).
Son fils Martin Le Corre, sieur Dupont, né à Pontivy en 1699, l'aide dans ces travaux en 1731.
Selon Maud Hamoury, Jean-Baptiste le Corre s'est inspiré du peintre flamand Johannes Sadeler pour la Cène des lambris nord de Saint-Cornély.
Description.
Plan général :
Vaisseau nord, ou chapelle du Saint-Sacrement : enfance du Christ ; discours du pain de Vie ( Le Corre 1731). Chapelle ouest des Fonts (Le Botherelle 1690)
Vaisseau central : Vie de saint Corneille (Galmay 1727-Le Corre 1731)
Vaisseau sud ou chapelle du Rosaire /autel de saint Jean-Baptiste et autel du Rosaire : Scènes de la vie de saint Jean-Baptiste. Les mystères du Rosaire. (Le Corre 1731)
Porche sud : 3 scènes de la Passion (Le Corre 1731)
Plan (incomplet ?) des lambris du vaisseau nord. Depuis l'autel, à l'Est : du côté sud puis nord :
1. La Nativité en face de la Circoncision
2. La Présentation au Temple en face de la Fuite en Egypte
3. Le Baptême de Jésus par Jean-Baptiste en face de La Cène.
4. Le Sermon des Béatitudes en face d'une Première communion des apôtres au Cénacle.
5. Les Noces de Cana en face du Lavement des pieds.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
1. La Nativité en face de la Circoncision.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Panneau décoratif intermédiaire.
Deux statues de femme en trompe l'œil en grisaille entourant une fenêtre losangée à fausse imposte, sous les armoiries royales peintes.
2. La Présentation au Temple en face de la Fuite en Egypte.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
3. Le Baptême de Jésus par Jean-Baptiste en face de La Cène.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
4. Le Sermon des Béatitudes en face d'une Première communion des apôtres au Cénacle.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
La Première communion des apôtres au Cénacle.
Au premier plan, avec une scène de repas en arrière, Jésus, au centre, vêtu d'un manteau rouge et d'une robe blanche comme dans les autres scènes de sa Vie publique, élève un calice (une coupe remplie d'hostie). Derrière lui, une femme en manteau vert joint les mains (Marie-Madeleine?). Trois apôtres sont agenouillés, dans une attitude de dévotion et de gratitude.
Cette représentation est très rare.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Panneau intermédiaire.
Deux statues féminines en pied en trompe-l'œil de grisaille, sur une balustrade de marbre feint, encadrent la fenêtre (vitrerie à bornes) sous des armoiries (de gueules à trois chevrons d'or et hermines en chef) et une couronne de marquis.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
5. Les Noces de Cana en face du Lavement des pieds.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Ornement (détail).
Les lambris peints (J.-B. Le Corre 1731) de la chapelle du Saint-Sacrement de l' église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
LA CHAPELLE OUEST DES FONTS BAPTISMAUX : LE LAMBRIS PEINT. LES PEINTURES MURALES DE LE BOTHERELLE (1690) : L'ENFANCE DE JÉSUS.
Les anges musiciens du lambris. Violoncelle ou viole, luth, violon, orgue positif, harpe, violon. Deux jouers de trompe. Chérubins.
Peinture sur lambris de la chapelle des Fonts, église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Peinture sur lambris de la chapelle des Fonts, église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
Les peintures se trouvent sur les deux piliers d'entrée et de part et d'autre du vitrail. Du peintre Botherelle, il y aurait aussi ici une Annonciation, et un Jésus au Temple parmi les Docteurs.
La Nativité.
Peintures murales (1690), église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
L'Adoration des Mages.
Inscription : LE BOTHERELLE PINXIT 1690.
On ignore tout de ce peintre. Les généalogistes indiquent une famille Le Botherelle à Vannes à la même époque.
Peintures murales (1690), église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
La Présentation au Temple.
Peintures murales (1690), église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2025.
SOURCES ET LIENS.
—BARRAL Y ALTET (Javier), 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen-Âge en Bretagne, Académie des inscriptions et belles-lettres.
— GUILLEVIC ( Valentine), 2021. Étude des lambris peints de l'église Saint-Cornély, Carnac. Sous la direction d'Emmanuel Lamouche, Master 2 : Histoire de l'art, Université de Nantes, 2021. Non consulté.
— HAMOURY (Maud), 2010, La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles; Presses Universitaires de Rennes pages 176 et suiv., 208, 396, 461 et 509-510-511.
—HAMON (Françoise), 1986 « L’église Saint-Cornély de Carnac », Congrès archéologique de France, Paris, Société française d’archéologie, 1986.
—LE GUENEDAL (abbé) 1913, Notice sur l’église de Carnac (Morbihan) : Patron Saint-Cornély, Hennebont, Normand.
—LE KERNEC (Guylaine), 1986, Les lambris peints de l’église Saint-Cornély Carnac, Etude sur la peinture monumentale dans le Morbihan, 1986, mémoire de maîtrise sous la direction de Monsieur Xavier Barral I Altet.
Jacques de Voragine, La légende dorée, traduit par Teodor de Wyzewa, Paris, 1910.
—LE MÉNÉ, (Joseph-Marie 1831-1923), 1891, Histoire archéologique, féodale et religieuse des paroisses du diocèse de Vannes. Tome 1 / par Jh-M. Le Mené, Éditeur : impr. de Galles (Vannes), pages 146 et suiv.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. II. Le vaisseau sud (Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732) et la Vie de saint Jean-Baptiste. Le porche sud (Les quatre évangélistes et Marie-Madeleine pénitente).
En Bretagne, la mode du décor des plafonds lambrissés peints date de la période médiévale (Barral I Altet), comme à Merléac, à Châtelaudren à la fin du XVe siècle, et se poursuit ensuite à la chapelle Saint-Gonéry de Plougrescrant au début du XVIe siècle ou à Douarnenez au milieu du XVIIe siècle et à Saint-Divy. Sous le lambris peint de la chapelle Notre-Dame des Carmes de Neuillac, datant du XVIIIe siècle, a été découvert un lambris du XVe siècle.
Pour la période moderne, 39 lambris ont été inventoriés en Bretagne, dont 17 en Morbihan, 15 en Finistère, 5 en Côtes d'Armor et 2 en Ille-et-Vilaine.
La grande surface disponible des charpentes est particulièrement apte à recevoir des cycles narratifs liès à l'Enfance ou à la Passion du Christ, à la Vie de la Vierge, mais aussi aux scènes de la vie du saint ou de la sainte qui patronne le sanctuaire.
L'église Saint-Cornély et ses lambris.
L'église Saint-Cornély a été édifiée en 1639 (tour occidentale), 1659 (sacristie), 1669 (transept nord pour la confrérie du Saint-Sacrement), et 1685 (vaisseau sud pour la confrérie du Rosaire, et porche sud). Le porche nord ne fut érigé qu'à la veille de la Révolution. Elle renferme un buste-reliquaire du saint patron, dont des reliques se trouvent également à Saint-Avé et à la chapelle Saint-Guénolé de Locunolé.
L'église Saint-Cornély de Carnac est divisée en trois vaisseaux parallèles, c'est à dire deux bas-côtés ou "chapelles" — du Saint Sacrement au nord et du Rosaire au sud— et un vaisseau central où la nef est séparée du chœur depuis 1806 par une grille en fer forgé.
Les charpentes de ces trois vaisseaux sont lambrissés, et ces lambris sont entièrement peints, entre 1690 et 1732.
Les voûtes lambrissées sont décorées sur 750 mètres carrés (soit 8 073 pieds carrés) entre 1729 et 1732 . Ce décor a été classé « monument historique » le 5 mai 1960.
Je n'ai pas eu accès aux descriptions détaillées de ces ensembles de peinture, telles qu'on doit les trouver dans le mémoire de master d'histoire de l'art rédigé en 2021 par Valentine Guillevic , conservé à l'Université de Nantes, ou dans le mémoire rédigé par Guylaine Le Kernec en 1986.
Maud Hamoury donne de nombreux renseignents dans son ouvrage La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècle. Elle cite l'inscription indiquant "Ce lambris a este peint du tant de G.D :M :Remond Dugeurn Le Gril recteur de Carnac et Ian Le Gril procureur de Corneille ; 1731."
Raymond-Toussaint Le Gril, de la paroisse de Saint-Pierre et recteur de Lesbin-Pontscorff, pourvu par l'Évêque le 7 septembre 1713, prit possession le 13. Le Gril se fit de nouveau conférer Carnac par le Souverain Pontife, le 6 septembre 1717. A l'âge de 48 ans, il mourut le 13 mars 1732 et fut inhumé le 15 au cimetière.
Je découvre que "Raymond-Toussaint Le Gril, de la paroisse de Saint-Pierre et recteur de Lesbin-Pontscorff, fut pourvu par l'Évêque le 7 septembre 1713. Le Gril se fit de nouveau conférer Carnac par le Souverain Pontife, le 6 septembre 1717. A l'âge de 48 ans, il mourut le 13 mars 1732 et fut inhumé le 15 au cimetière." (Abbé Luco, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan année 1877 p. 131 à 136)
Les peintres : Jean-Baptiste le Corre et son fils Martin.
Maud Hamoury apporte beaucoup de précisions sur les peintres désignés pour ces lambris, et leurs rétributions. Je la cite :
-Jean-Baptiste Le Corre, dit sieur Dupont (Pontivy, vers 1670-Pontivy, 1740).
Fils du peintre, doreur et sculpteur, Louis Le Corre, sieur Dupont , peintre de Pontivy, il entra en 1689 en apprentissage pour 4 ans à Rennes puis revint à Pontivy où il se maria en 1695. En 1706, il réalisa lelambris de la chapelle Sainte-Tréphine de Pontivy, en neuf tableaux.
En 1716, il peint le lambris de la chapelle Notre-Dame du Crénénan de Ploerdut, et en 1724 celui de l'église de Bodéo.
En 1731, il peint pour 400 livres les 3 scènes de la Passion ( la Flagellation, du Portement de Croix et du Christ au Mont des Oliviers) du "porchet" de l'église de Carnac. Il doit aussi parachever le lambris de la vie de saint Corneille commencé par Joseph Galmay sur le lambris du vaisseau central.
Le 25 octobre 1731 [ou plutôt 1732], il reçoit 500 livres pour la peinture du lambris du Rosaire ( j'en déduis, vu la somme : celui de tout le vaisseau sud).
Son fils Martin Pierre Le Corre, sieur Dupont, né à Pontivy en 1699, l'aide dans ces travaux en 1731. Il est aussi l'auteur du tableau de l'Assomption du maître-autel.
Le vaisseau sud ou chapelle du Rosaire.
À Carnac, il existait une confrérie des hommes, celle du Saint-Sacrement, et une confrérie des femmes, celle du Rosaire. La première ayant fait édifier en chapelle tout le vaisseau nord de l'église , la Confrérie du Rosaire fit prolonger à son tour le côté sud vers 1685 et fit bâtir le porche sud. Deux retables occupent cette chapelle, celui de saint Jean-Baptiste, et celui de la Vierge. Le premier retable renfrerme un tableau (vers 1730) attribué à Dupont représentant la Descente de Croix, encadré des statues en bois de saint Dominique et sainte Catherine. Le retable de la Vierge renferme depuis 1715 une peinture de la Remise du Rosaire à saint Dominique et sainte Catherine de Sienne, peint par un Chartreux d'Auray, entouré des 15 médaillons des mystères du Rosaire. Le tableau est encadré par les statues de sainte Anne avec Marie et de son mari Joachim.
I. Le Rosaire.
Toute la partie ouest est consacrée au Rosaire, avec ses mystères joyeux, douloureux et glorieux, mais aussi au Don du Rosaire.
Voilà la succession des tableaux, en partant du retable du mur sud, dans un sens horaire vers le fond de la nef et en revenant de l'autre côté du plafond vers l'est
Les Mystères Joyeux.
1. Annonciation
2. Visitation
3. Nativité
4. La Présentation de Jésus au Temple
5. Jésus enseignant aux docteurs de la Loi
Les Mystères douloureux.
6. Agonie de Jésus au Mont des Oliviers
7. Flagellation de Jésus
8. Couronnement d'épines
Côté nord
9. Don du Rosaire
10. Portement de Croix
11. Crucifixion.
Les Mystères Glorieux
12. Résurrection.
13. Ascension
14 Pentecôte.
15. Assomption de la Vierge
16. Couronnement de la Vierge
II. La Vie de saint Jean-Baptiste.
Les lambris de toute la partie est, voisine du chœur, sont consacrés à la Vie de saint Jean-Baptiste. Maud Hamoury écrit p. 216 "à Carnac, un peintre anonyme a copié cinq scènes d'une suite de Jean Leclerc de 1612 sur la Vie de saint Jean-Baptiste".
Il faut partir, pour suivre un ordre chronologique, du côté nord (après le Couronnement de la Vierge) et suivre le sens des aiguilles d'une montre :
16. Révélation de l'ange à Zacharie
17. La Naissance de saint Jean-Baptiste
18. Jean-Baptiste enfant prêchant dans le désert.
19. Prédication de Jean-Baptiste au Jourdain.
20. Jean-Baptiste emprisonné sur ordre de Hérode Antipas.
21. La décollation de Jean-Baptiste.
Les scènes narratives sont séparées par des sculptures en trompe-l'œil de cariatides et atlantes (supports anthropomorphes) ou parfois de personnages en pied, sous des arcades à angelots et pots-à-feu. Ailleurs sont placées des fenêtres à verrières losangées, elles aussi en trompe-l'-œil, au dessus de balustrades feintes. Le sommet de la voûte est peint en ciel étoilé où passent des nuages.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
LES 15 TABLEAUX DU CYCLE DU ROSAIRE.
Les Mystères Joyeux.
1. Annonciation.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
2. Visitation.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
3. Nativité.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
4. Présentation de Jésus au Temple.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
5. Jésus enseignant aux docteurs de la Loi.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les Mystères douloureux.
6. Agonie de Jésus au Mont des Oliviers
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
7. Flagellation de Jésus
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
8. Couronnement d'épines.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Le côté nord.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
9. Don du Rosaire
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
10. Portement de Croix
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
11. Crucifixion.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
Les Mystères Glorieux
12. Résurrection.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
13. Ascension
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
14 Pentecôte.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
15. Assomption de la Vierge.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
16. Couronnement de la Vierge
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac. Mystères du Rosaire, Jean-Baptiste Le Corre 1731-1732). Cliché lavieb-aile 2024.
LA VIE DE SAINT JEAN-BAPTISTE.
Voir le cycle de la Vie de Jean-Baptiste à Saint-Fiacre (Le Faouët)
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
16. Révélation de l'ange à Zacharie.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
17. La Naissance de saint Jean-Baptiste.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
18. Jean-Baptiste enfant prêchant dans le désert.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
19. Prédication de Jean-Baptiste au Jourdain.
Cette scène est très classique, notamment à la Renaissance. Jean, monté sur une estrade derrière une balustrade en bois, prêche au peuple qui l'a rejoint sur les rives du Jourdain. Il est vêtu d'une peau de chameau. Sous une croix, un phylactère doit reproduire ses mots : ecce agnus dei.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
20. Jean-Baptiste emprisonné sur ordre d'Hérode Antipas.
Le roi est assis sur son trône, devant des gardes et des conseillers, tandis que Jean apparaît derrière les barreaux de sa prison.
21. La décollation de Jean-Baptiste.
Hérodiate, femme d'Hérode, a obtenu la tête du prophète Jean le Baptiste après avoir fait danser sa fille Salomé devant le roi. Le bourreau, épaule gauche dénudée pour ne pas entraver son geste, remet la tête du saint à Salomé. Un garde est armé d'une hallebarde. Une trouée de lumière tombe sur la tête du saint.
Les peintures sur lambris de la nef sud de l'église Saint-Cornély de Carnac.Vie de saint Jean-Baptiste. Cliché lavieb-aile 2024.
LES LAMBRIS DU PORCHE . LES QUATRE ÉVANGÉLISTES ET MARIE-MADELEINE PÉNITENTE.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Saint Luc Matthieu (avec l'ange) devant son pupitre de rédacteurs des évangiles. Saint Jean (avec son aigle) trouvant l'inspiration sur fond de paysage marin évoquantt son séjour à Patmos.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Saint Luc (avec son taureau) et saint Marc (avec son lion) devant leur pupitre de rédacteurs des évangiles.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Marie-Madeleine pénitente.
Selon la Légende dorée de Jacques de Voragine, Marie-Madeleine, Marthe et Lazare seraient arrivés aux Saintes-Maries-de-la-Mer dans une marque sans voile. Marie-Madeleine aurait évangélisé la Provence et se serait retirée en pénitence dans la grotte de la Sainte-Baume où elle aurait vécue 33 ans en ermite.
Elle est représentée ici allongée dans la posture de la songeuse, méditatnt sur ses péchés ou sur la finitude de la vie, devant un pain, et le flacon de parfum qui rappelle, tout comme ses cheveux longs et dénoués, sa vie dissolue. Un navire à huniers fait voile vers une crique, rappellant l'arrivée de la sainte en Provence.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris du porche de l'église Saint-Cornély de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—BARRAL Y ALTET (Javier), 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen-Âge en Bretagne, Académie des inscriptions et belles-lettres.
— GUILLEVIC ( Valentine), 2021. Étude des lambris peints de l'église Saint-Cornély, Carnac. Sous la direction d'Emmanuel Lamouche, Master 2 : Histoire de l'art, Université de Nantes, 2021. Non consulté.
—HAMON (Françoise), 1986 « L’église Saint-Cornély de Carnac », Congrès archéologique de France, Paris, Société française d’archéologie, 1986.
— HAMOURY (Maud), 2010, La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles; Presses Universitaires de Rennes pages 176 et suiv., 208, 396, 461 et 509-510-511.
—LE GUENEDAL (abbé) 1913, Notice sur l’église de Carnac (Morbihan) : Patron Saint-Cornély, Hennebont, Normand, 1913.
—LE KERNEC (Guylaine), 1986, Les lambris peints de l’église Saint-Cornély Carnac, Etude sur la peinture monumentale dans le Morbihan, 1986, mémoire de maîtrise sous la direction de Monsieur Xavier Barral I Altet.
—Jacques de Voragine, La légende dorée, traduit par Teodor de Wyzewa, Paris, 1910.
En Bretagne, la mode du décor des plafonds lambrissés peints date de la période médiévale (Barral I Altet), comme à Merléac, à Chatelaudren à la fin du XVe siècle, et se poursuit ensuite à la chapelle Saint-Gonéry de Plougrescrant au début du XVIe siècle ou à Douarnenez au milieu du XVIIe siècle et à Saint-Divy. Sous le lambris peint de la chapelle Notre-Dame des Carmes de Neuillac, datant du XVIIIe siècle, a été découvert un lambris du XVe siècle.
Pour la période moderne, 39 lambris ont été inventoriés en Bretagne, dont 17 en Morbihan, 15 en Finistère, 5 en Côtes d'Armor et 2 en Ille-et-Vilaine.
La grande surface disponible des charpentes est particulièrement apte à recevoir des cycles narratifs liès à l'Enfance ou à la Passion du Christ, à la Vie de la Vierge, mais aussi aux scènes de la vie du saint ou de la sainte qui patronne le sanctuaire.
L'église Saint-Cornély et ses lambris.
L'église Saint-Cornély a été édifiée en 1639 (tour occidentale), 1659 (sacristie), 1669 (transept nord pour la confrérie du Saint-Sacrement), et 1685 (vaisseau sud pour la confrérie du Rosaire, et porche sud). Le porche nord ne fut érigé qu'à la veille de la Révolution. Elle renferme un buste-reliquaire du saint patron, dont des reliques se trouvent également à Saint-Avé et à la chapelle Saint-Guénolé de Locunolé.
L'église Saint-Cornély de Carnac est divisée en trois vaisseaux parallèles, c'est à dire deux bas-côtés ou "chapelles" — du Saint Sacrement au nord et du Rosaire au sud— et un vaisseau central où la nef est séparée du chœur depuis 1806 par une grille en fer forgé.
Les charpentes de ces trois vaisseaux sont lambrissés, et ces lambris sont entièrement peints, entre 1690 et 1732.
Je n'ai pas eu accès aux descriptions détaillées de ces ensembles de peinture, telles qu'on doit les trouver dans le mémoire de master d'histoire de l'art rédigé en 2021 par Valentine Guillevic pour l'Université de Nantes, ou dans le mémoire rédigé par Guylaine Le Kernec en 1986.
Maud Hamoury, qui donne de précieux renseignements sur ces lambris dans son ouvrage La peinture religieuse en Bretagne aux XVII et XVIIIe siècles, cite l' inscription indiquant "Ce lambris a este peint du tant de G.D :M :Remond Dugeurn Le Gril recteur de Carnac et Ian Le Gril procureur de Corneille ; 1731."
Je découvre que Raymond-Toussaint Le Gril, de la paroisse de Saint-Pierre et recteur de Lesbin-Pontscorff, fut pourvu par l'Évêque le 7 septembre 1713. Le Gril se fit de nouveau conférer Carnac par le Souverain Pontife, le 6 septembre 1717. A l'âge de 48 ans, il mourut le 13 mars 1732 et fut inhumé le 15 au cimetière. (Abbé Luco, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan année 1877 p. 131 à 136)
Les peintres
Maud Hamoury apporte beaucoup de précisions sur les peintres désignés pour ces lambris, et leurs rétributions.
-Joseph Galmay de Moleon (Crédin, 1692-apr. 1751)
Il réalisa de nombreux travaux pour la paroisse de Carnac dès 1725 pour la peinture et la dorure de statues, la peinture de la croix de la tour, et, le 2 février 1727, il signe un marché avec le procureur de l'église de Carnac pour "faire huit tableau dans le lambris du chœur de saint corneil et qui viendront jusqu'au second pilier avec une suite d’architecture pour ornement". Il est payé 500 livres (quittance du 3 novembre 1727)
Il travailla aussi à Brandérion, à Elven, ou à Baud, et M. Hamoury lui attribue le lambris de la chapelle Saint-Adrien de Saint-Barthélémy, consacré au Martyre de Saint Adrien.
-Jean-Baptiste Le Corre, dit sieur Dupont (Pontivy, vers 1670-Pontivy, 1740).
Fils du peintre, doreur et sculpteur, Louis Le Corre, sieur Dupont , peintre de Pontivy, il entra en 1689 en apprentissage pour 4 ans à Rennes puis revint à Pontivy où il se maria en 1695. En 1706, il réalisa le lambris de la chapelle Sainte-Tréphine de Pontivy, en neuf tableaux.
En 1716, il peint le lambris de la chapelle Notre-Dame du Crénénan de Ploerdut, et en 1724 celui de l'église de Bodéo.
En 1731, il peint pour 400 livres les 3 scènes de la Passion du porche de l'église de Carnac. Il doit aussi parachever le lambris de la vie de saint Corneille commencé par Joseph Galmay.
Le 25 octobre, 1731, il reçoit 500 livres pour la peinture du lambris du Rosaire ( j'en déduis, vu la somme : celui du bas-côté sud).
Son fils Martin Le Corre, sieur Dupont, né à Pontivy en 1699, l'aide dans ces travaux en 1731.
Selon Maud Hamoury, Jean-Baptiste le Corre s'est inspiré du peintre flamand Johannes Sadeler pour la Cène des lambris nord de Saint-Cornély.
Sources.
Saint Corneille, Cornelius en latin, ou Cornély, pape de 251 à 253, est vénéré en Morbihan et notamment à Carnac où on l'invoque comme patron des bêtes à cornes, particulièrement lors du pardon du deuxième dimanche de septembre.
Si des Vies de saint Corneille ont été imprimées par exemple en 1699 ( Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique, Volume 3,Partie 3), ou en 1719 par F. Giry (Vie des saints) je n'ai pu retrouver quelles sources scripturaires ont été fournies aux peintres, précisant les miracles attribués au saint. Les épisodes de son martyre sont décrites dans la Légende dorée de Jacques de Voragine (18 septembre).
Seul un tableau du chœur montre saint Corneille face à des bovins.
Description.
Plan général :
Vaisseau nord, ou chapelle du Saint-Sacrement : enfance du Christ ; discours du pain de Vie ( Le Corre 1731). Chapelle des Fonts (Le Botherelle 1690)
Vaisseau central : Vie de saint Corneille (Galmay 1727-Le Corre 1731)
Vaisseau sud ou chapelle du Rosaire /autel de saint Jean-Baptiste et autel du Rosaire : Scènes de la vie de saint Jean-Baptiste. Les mystères du Rosaire. (Le Corre 1731)
Porche sud : 3 scènes de la Passion (Le Corre 1731)
Plan du vaisseau central :
I. Dans la nef, de l'ouest vers l'est : six tableaux (les miracles de saint Cornély)
Du côté sud
1.Saint Corneille sauvant un navire d'un naufrage.
2.Saint Corneille guérit un homme paralytique.
3.Saint Corneille par ses prières et ses bénédictions, sauve la fille d'un sénateur romain.
Du côté nord :
4.Saint Corneille délivre une fille possédée du démon.
5.Saint Corneille prêche à plusieurs nations.
6.Saint Corneille donnant le baptême à un païen.
II. Devant le chœur : de l'ouest vers l'est : six tableaux (Vie de saint Cornély ; son martyre).
Du côté sud :
7.Saint Corneille face à un roi assis
8.Saint Corneille bénissant des bœufs et des hommes.
9. Saint Corneille en pape devant un moine et d'autres hommes
Du côté nord :
10.Saint Corneille prêchant à un roi assis sur son trône devant un moine
11.Saint Corneille agressé par une troupe.
12.Le martyre de saint Corneille
Note : la numérotation est de moi, à valeur auto-réferencielle. Les titres sont de moi, sauf pour les titres inscrits dans des cartouches en 1, 2 , 4, 5.
I. Dans la nef de l'ouest vers l'est : six tableaux (les miracles).
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
1. Saint Corneille sauvant un navire d'un naufrage. Jean-Baptiste Le Corre 1731.
Le saint, coiffé d'un bonnet rouge fourré, et vêtu d'un camail rouge au dessus d'un surplis et d'une soutane, bénit un navire — un trois-mâts à hunier en train de luttre contre une mer agitée. Derrière lui, un prélat porte une calotte rouge et un rabat blanc.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
2. Saint Corneille guérit un homme paralytique. Jean-Baptiste Le Corre 1731.
Le saint porte les attributs papaux (tiare, férule crucifère, chape verte sur surplis et soutane, mules rouges) et bénit le malade qui, presque nu, est soutenu par une femme. Un rideau rouge est rabattu sur un arrière plan de palais.
Pour Maud Hamoury (p. 224), le peintre s'est inspiré d'une gravure éditée par Audran d'après le tableau de Saint Charles Borromée guérissant les lépreux [administrant la communion aux pestiférés de Milan] de Pierre Mignard.
Pierre Mignard , 1650, Saint Charles Borromée administrant la communion aux pestiférés de Milan, Musée Narbonne.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
3. Saint Corneille par ses prières et ses bénédictions, guérit de sa paralysie Sallustia, femme de Céréalis . Jean-Baptiste Le Corre 1731.
"Avant cette exécution [de Corneille], Céréalis, qui le gardait, le pria de passer par sa maison pour voir Salustie, sa femme, qui était paralytique depuis quinze ans. Corneille y étant entré, se mit en prières pour elle; après quoi il lui dit avec une foi vive: « Au nom de Jésus-Christ de Nazareth, levez-vous et soutenez-vous sur vos pieds ». Et, à l'heure même, elle se leva en pleine santé, criant à haute voix : « Jésus-Christ est le vrai Dieu et le vrai fils de Dieu ». Paul Guérin, Petits Bollandistes.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
4. Saint Corneille délivre une fille possédée du démon. Jean-Baptiste Le Corre 1731.
Le pape, portant ici l'étole et le goupillon propors aux exorcismes, asperge la femme qui est soutenue par un couple. Le démon est expulsé dans la vapeur du souffle de la possédée, il est représenté sous la forme de deux diablotins noirs .
Pour Maud Hamoury (p. 224), le peintre a pu s'inspirer d'une gravure montrant l'évanouissement d'Esther face à Assuerus.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
5. Saint Corneille prêche à plusieurs nations. Jean-Baptiste Le Corre 1731.
Pour Maud Hamoury (p. 224), le peintre a pu s'inspirer d'une gravure d'Etienne Gantrel montrant Saint François-Xavier.
Étienne Gantrel, La prédication de saint François-Xavier (BNF, Cabinet des Estampes)
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
6. Saint Corneille donnant le baptême à un membre de la famille de Cerealis devant ce dernier et sa femme Salluste, qui viennent eux-mêmes d'être baptisés.
"Le Pape lui administra [à Cerealis] le baptême et à toute sa famille, ainsi qu'aux soldats de Céréalis, qui se convertirent à la vue d'un si grand miracle. Ces conversions irritèrent de nouveau l'empereur, qui fit conduire ces néophytes avec Corneille au temple de Mars, pour y sacrifier aux idoles. Mais ces généreux serviteurs du vrai Dieu ayant craché contre les statues au lieu de les adorer, ils furent aussitôt décapités. La nuit suivante, la bienheureuse. Lucine, avec quelques ecclésiastiques de Rome, enlevèrent leurs corps et les ensevelirent dans une crypte de son prædium, dépendante du cimetière de Calliste, sur la voie Appienne." Paul Guérin, Petit Bollandiste
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
I. Dans le chœur (après la grille) de l'ouest vers l'est : six tableaux (le martyre).
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
Du côté sud :
7. L'empereur Décius ordonne de conduite Corneille au Temple de Mars pour le sacrifier aux idoles. Joseph Galmay 1727-v.1730.
Pour Maud Hamoury, Joseph Galmay a utilisé ici comme modèle une gravure de Guillaume Vallet représentant Saint-Jean-Baptiste devant Hérode. Le Musée d'art et d'hisoire de Genève précise que cette gravure tire elle-même son modèle d'un travail de Charles Le Brun.
Saint Jean-Baptiste devant Hérode, Guillaume Vallet (1634 - 1704),MAH Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève
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8. Saint Corneille bénissant des bœufs et des hommes rassemblés. Joseph Galmay 1727-v.1730.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
9. Le pape Corneille devant un moine et d'autres hommes. Joseph Galmay 1727-v.1730.
Du côté nord
10. Corneille confronté à l'empereur. Joseph Galmay 1727-17--
"Le martyre de saint Corneille sous les empereurs Gallus et Volusien.
Lorsque saint Corneille eut ainsi remporté la victoire sur les schismatiques, il s'éleva contre l'Eglise une autre persécution bien plus cruelle que la précédente, qui fut allumée par les empereurs Gallus et Volusien. Il en parle en ces termes dans sa lettre à Lupicin, évêque de Vienne : « Vous saurez que l'arche du Seigneur est fort agitée par le vent de la persécution, et que les chrétiens sont tourmentés de tous côtés par des supplices inouïs auxquels les empereurs les condamnent. Il y a, dans Rome, un lieutenant expressément établi pour les faire périr. Nous ne pouvons plus célébrer les divins Mystères ni publiquement, ni dans les caves qui ne sont pas tout à fait secrètes. Plusieurs ont déjà été couronnés du martyre. Priez Dieu qu'il nous fasse la grâce d'achever fidèlement notre course, qui ne durera plus guère, selon la révélation que nous en avons eue. Saluez en notre nom tous ceux qui nous aiment en Jésus-Christ».
Il fut d'abord relégué à Centumcelles, aujourd'hui Civita-Vecchia; mais comme il n'avait plus de patrie sur la terre, il ne regarda point cet éloignement comme un exil. De ce lieu il écrivit plusieurs lettres à saint Cyprien, qui lui fit aussi de belles réponses; il lui donna de grands éloges pour le zèle et la fermeté qu'il faisait paraître à défendre la foi, à encourager les fidèles et à soutenir généreusement les intérêts de l'Eglise. Mais, ce pieux commerce de lettres ayant été découvert par Dèce, que l'on informa d'ailleurs des visites que les chrétiens rendaient souvent à leur saint pasteur, il le fit venir à Rome."
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11. Saint Corneille frappé par les soldats de l'empereur par une troupe. Joseph Galmay 1727-17--
"il le fit venir à Rome, et, après lui avoir reproché, par une calomnie ordinaire aux tyrans, qu'il avait des intrigues avec les ennemis de l'Etat, et qu'il leur écrivait contre son service, il lui proposa de deux choses l'une: ou de sacrifier aux dieux de l'empire ou de s'attendre à perdre la vie. Corneille s'étant moqué de ces menaces, il lui fit frapper la bouche avec des cordes plombées, puis l'envoya au temple de Mars avec ordre s'il refusait de sacrifier aux idoles, de lui trancher la tête. " (Petits Bollandistes)
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12. Le martyre de saint Corneille par décapitation. Joseph Galmay 1727-v.1730.
"Le pape Adrien Ier mit depuis les reliques de saint Corneille dans l'église qu'il fit bâtir sous son invocation. A l'instance de Charles le Chauve, empereur et roi de France, le corps de saint Corneille a été transféré et apporté dans la ville de Compiègne, et déposé dans une célèbre abbaye que ce prince y avait fait bâtir en l'honneur de la sainte Vierge et des saints martyrs Corneille et Cyprien. En 1852, on retrouva à Rome, sur la voie Appienne, dans la catacombe de Calliste, exactement au lieu où il avait été enseveli, le tombeau de saint Corneille. Aujourd'hui ses reliques reposent dans l'église de Saint-Jacques, de Compiègne."
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LE DÉCOR.
Les scènes sont séparées par des fenêtres en trompe-l'œil (à pilastres , balustrades et guirlandes), où des angelots écartent un rideau , jouent de la lyre ou de la flûte de pan, à moins que des chérubins n'apparaissent dans des nuées.
Après les quatre premiers tableaux (1, 2, 4 & 5), les fausses fenêtres sont encadrées de supports anthropomorphes (hommes et femmes canophores) dont la base est peinte en marbre feint de couleur.
Au centre, et séparant les deux séquences de tableaux, une fausse architecture associe des pots-à-feux et des corbeilles pour mieux montrer le ciel parsemé d'étoiles et de nuages. Puis, plus à l'est, ce ciel n'est visible qu'à l'intérieur de médaillons au dessus de rubans à mascarons.
Les peintures sur lambris de l'église Saint-Cornély de Carnac. Vie de saint Corneille (Joseph Galmay de Moléon, 1727; achevé en 1731 par J.-B. Le Corre dit Dupont). Cliché lavieb-aile 2024.
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SOURCES ET LIENS.
—BARRAL Y ALTET (Javier), 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen-Âge en Bretagne, Académie des inscriptions et belles-lettres.
— GUILLEVIC ( Valentine), 2021. Étude des lambris peints de l'église Saint-Cornély, Carnac. Sous la direction d'Emmanuel Lamouche, Master 2 : Histoire de l'art, Université de Nantes, 2021. Non consulté.
— HAMOURY (Maud), 2010, La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles; Presses Universitaires de Rennes pages 176 et suiv., 208, 396, 461 et 509-510-511.
HAMON (Françoise), 1986 « L’église Saint-Cornély de Carnac », Congrès archéologique de France, Paris, Société française d’archéologie, 1986.
LE GUENEDAL (abbé) 1913, Notice sur l’église de Carnac (Morbihan) : Patron Saint-Cornély, Hennebont, Normand, 1913.
LE KERNEC (Guylaine), 1986, Les lambris peints de l’église Saint-Cornély Carnac, Etude sur la peinture monumentale dans le Morbihan, 1986, mémoire de maîtrise sous la direction de Monsieur Xavier Barral I Altet.
Jacques de Voragine, La légende dorée, traduit par Teodor de Wyzewa, Paris, 1910.
Deux cloches habitent actuellement le clocher du Faou, la plus récente ayant été fondue par Viel à Brest en 1823, sonnant le Sol#3. La plus ancienne et la plus grosse a été fondue en 1714, en remplacement d'une cloche fêlée. Elle sonne le Fa#3.
À la différence des autres cloches de la commune du Faou, réalisées par VIEL ou BRIENS à Brest, ou par LE JAMTEL à Guigamp elle témoigne de l'activité d'un des fondeurs de l'Ancien Régime, Thomas Le SOUEFF, mais il est passionnant de constater que ces quatre familles sont originaires de la Manche, autour de Villedieu-les-Poêles et de Saultchevreuil-du-Tronchet, et qu'elles ont su se déplacer au gré des besoins, tout en créant par mariage des alliances avec des familles normandes de "seintiers".
"Les premières cloches apparurent en Campanie au Ve siècle et les premiers clochers au IXe siècle en Italie. Ils se répandirent au début du XIIe siècle; d'abord indépendants de l'église, véritables tours protectrices
Au moins depuis la fin du XVe siècle et pendant des siècles les fondeurs de cloches ambulants sillonnèrent la France et l'Europe, transportant de ville en village leur matériel, se réduisant à peu de chose, en dehors de la planchette en bois gravée comprenant lettres, chiffres, éléments de décor et marque. Ils venaient souvent du Bassigny lorrain [ou de la région de Villedieu-les-Poêles]. Ils partaient chaque printemps et faisaient le moulage sur place. Ils signaient les cloches de leur nom suivi de la mention du pays d'origine ou de leur marque.
Au XIXe siècle les derniers fondeurs installèrent des ateliers fixes dans diverses villes comme les Perret à Auch, les Bollée à Orléans. Deux fils Vouillemot s'étaient établis à Montpellier au XVIIe siècle.
Les artisans fondeurs étaient appelés clochetiaux en Lorraine ou seintiers (du latin médiéval sein qui voulait dire cloche; d'où le mot tocsein : toque sein). Ils étaient très considérés et le titre de bourgeois leur était parfois décerné." (d'après geneawiki)
"Autrefois, les cloches étaient fondues au pied du clocher (dans le cimetière). Une fosse de coulée et un four étaient construits sur place.
On fabrique un moule détruit après la coulée. Sur un socle en maçonnerie, on façonne d’abord un noyau en argile armé de filasse, tourné avec un gabarit au profil intérieur de la cloche (la planche à trousser). Cette argile est durcie en allumant un feu doux à l’intérieur de la forme maçonnée. Puis on façonne la forme de la cloche (la fausse cloche) en cire. Cette fausse cloche est démolie après avoir confectionné, séché et enlevé le moule extérieur (la chape) en argile lui aussi.
Les différents motifs de décor, marques du fondeur, signatures ou inscriptions ont été mis en place sur la forme avant la confection du moule extérieur. Le moule est ensuite remis en place pour permettre la coulée du bronze. Après démoulage et polissage, la cloche est prête à être baptisée par l'évêque avant de trouver sa place dans le clocher. Ce travail demande de trois semaines à un mois. Chaque fondeur avait ses méthodes et ses abaques pour les formes et épaisseurs exactes à donner à la cloche pour obtenir la note désirée : il ne peut bien entendu plus être rajouté du métal après la coulée." ( d'après Geneawiki)
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Cliché lavieb-aile 2018.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Cliché lavieb-aile juin 2023.
Description.
Selon Danguy des Deserts, elle pèse 1389 livres (630 kg ?) et la hauteur de la cuve est de 87 cm (105 cm avec l'anse) et son diamètre inférieur est de 101,5 cm. Elle sonne le Fa#3.
"Le poids des cloches au XVIe siècle varie de 100 à 600 livres. Dans les églises paroissiales la cloche majeure passe de 1500 livres de moyenne au XVIIe s et à 2000 livres de moyenne au XVIIIe. On cite comme un cas exceptionnel et digne d'admiration une cloche de 4000 livres et de 1,62 m de diamètre, fondue en 1715 pour Lampaul-Guimiliau, par des artisans de Brest, Jean et Jean-François LE BEURRIER de la RIVIÈRE." ( H. du Halgouet)
Sur le mouton en bois sont ferrées les trois anses de la cloche, remarquables par leurs six têtes d'hommes moustachus. La cloche est ornée d'un riche décor en bas-relief sur le vase supérieur, le flanc et le vase inférieur. Elle sonne à la volée par tintement du battant, et par marteau extérieur frappant le bord depuis l'électrification.
On peut écouter l'enregistrement effecté par Matthieu Jules en 2018, au coup par coup, ou à la volée :
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
I. L'INSCRIPTION DE DÉDICACE SUR LE VASE SUPÉRIEUR .
Une longue inscription se déroule entre les filets sur trois lignes en lettres capitales romaines. Chaque mot est séparé du voisin par une hermine ou une fleur de lys, et débute par une croix pattée (après le mot CVRE). Certains mots sont abrégés.
N.B :La ligne haute et la ligne intercalaire comportent plusieurs R isolé ou RE qui doivent être lues comme des adjonctions suscrites, complétant les titres abrégés de Mr et M[essi]re, que j'ajoutent dans la transcription.
Les trois lignes principales :
première ligne + IAY. ESTE. FAITTE. P. SER. A. LEGLISE. DV. FAOV. VENERABLE. ET. DIS.T MI.re FRANCOIS. LVGVERN. RECTEVR. MI.re YVES. MOCAER. CVRE.
deuxième ligne + NOBLE. HOMME. PIERRE. BIGEAVD. S R DE PREVILLE. ET DME MARIE. THERESE.HIACINTHE. FILLOVSE. EPOVSE. DE. Mr. Mre. IVLLIEN. GODEFROY.
troisième ligne + SEVL. IVGE. DV. FAOV. MONT. NOMMEE. M. re. PAVL. LE. BESCOND. AVOCAT. ET. PROCVREVR. FISCAL. TRESORIER. EN LAN. 1714.
Soit :
« J'ai été faite pour servir à l'église du Faou. Vénérable et discret Missire François Luguern, recteur, Missire Yves Mocaer curé.
Noble homme Pierre Bigeaud, sieur de Préville et dame Marie-Thérèse Hiacinthe Fillouse, épouse de M Julien Godefroy .
seul juge du Faou m'ont nommée Messire Paul Le Bescond avocat et procureur fiscal trésorier. en l'an 1714.»
Nous remarquons déjà que cette cloche n'a pas de nom de baptême, ou plutôt que celui-ci a été omis.. On peut supposer le nom de Marie-Thérèse.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Les personnalités mentionnées sur l'inscription.
1°) Le recteur : vénérable et discret messire François LUGUERN.
Il figure dans l'église de Rosnoën sur une inscription lapidaire de 1674 avec ses curés (c'est à dire ses prêtres vicaires) Bauguion et Jean Creven.
François Luguern est né le 19-12-1662 à Rosnoën de Tanguy Luguern et Marie Mallegol, et il décéda à 70 ans le 16-04-1732.
2°) Le curé (vicaire) Yves MOCAER.
La seule indication retrouvée est son signalement dans leBDHA de 1909 (page 138) parmi la liste des vicaires avec sa période d'activité entre 1711 et 1724.
3°) Le parrain Noble homme Pierre BIGEAUD, sieur de PREVILLE.
Ce personnage est cité en 1682 par le BDHA dans un extrait d'acte de baptême comme époux de Demoiselle Marie Bernard, marraine :
1682, 3 Décembre : Baptême d'Yves, fils de Jean-François Laferière, et de Dlle Marie Bigeaud, Sr. et dame du dit lieu (il était né dès le 15 Octobre). Parrain, N. G. Yves Ferrière, sieur de Bussé ; marraine, Dlle Marie Bernard, épouse de noble homme Pierre Bigeaud, sieur Desclos.
Nous trouvons Marie Bigeaud et Françoise Bigeaud citées en 1689 dans un autre acte de baptême :
1689, 5 Septembre : Baptême de Jean-Baptiste-François, fils de noble homme François Ferrière et de Dlle Marie Bigeaud (né le 10 Août). Parrain, noble homme Jean-Baptiste Ferrière, Sr. de Kerdonval ; et marraine, Dlle Françoise Bigeaud, dame du Quelennec.
Il faut distinguer Pierre Bigeaud I , né vers 1630 à Nantes, et décédé le 21 octobre 1696 au Faou, Sieur des Clos, Fermier Général du Faou, marié avant 1668 avec Marie Bernard ca 1639-1721 dont 12 enfants, et Pierre Bigeaud II, notre homme, le dernier enfant du couple, né le 16 août 1682 au Faou, décédé le 7 janvier 1723 au Faou, à l’âge de 40 ans.
Mad Danguy des Déserts écrit :
"Pierre Bigeaud, le parrain [de la cloche], était intéressé dans les devoirs et les Billots (impôts sur les boissons alcoolisées). Il décède, célibataire de 40 ans en 1723, dans l'actuelle maison Lennon, place des Halles."
Ses armoiries sont (Danguy des Deserts) « d'azur à trois glands d'or posés 2 et 1». Elles figurent sur le flanc de la cloche, avec heaume et lambrequins, dans un écu en médaillon rond entouré de palmes. Le graveur a pris soin d'indiquer la couleur azur de l'émail du fond par les hachures horizontales conforme au code en usage en héraldique.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
4°) La marraine, dame Marie-Thérèse Hiacinthe FILLOUSE, épouse de M Julien GODEFROY.
Marie-Thérèse Fillouse, née le 4 avril 1680 à Landerneau Saint-Julien et décédée après le 5 décembre 1735 était la fille de Ollivier Fillouse, (1610-1711) sr de Lannivinan et de Claude du Vall, qui demeuraient à Landerneau. Elle avait épousé le 20 juin 1713 à Landerneau Julien GODEFROY DU RHUN, avocat à la cour, sénéchal du Faou, en second mariage pour ce jeune père de 3 enfants. Il était le fils de Maître Guillaume GODEFROY, sieur de Keraoulen (ou Trolen) de Landerneau. Il s'était d'abord marié le 11 janvier 1706 avec Thérèse FERRIÈRE, née à Quimper et fille de Marie BIGEAUD, ... la sœur de notre Pierre BIGEAUD II..
Ses armoiries d'azur à la licorne d'argent surmontée d'un croissant de même (Nobiliaire de Pol Potier de Courcy) figurent aussi sur le flanc de la cloche.
Fillouse, sr de Lanriven près Landerneau, — de Kergorez, — de Kerambriz. D’azur à la licorne d’argent, surmontée d’un croissant de même. (Arm. 1696). Catherine, épouse en 1668 Hervé Simon, sr de Kerbringal. .
Comme pour les armoiries de Pierre Bigeaud, celles de la marraine figurent avec heaume et lambrequins, dans un écu en médaillon rond entouré de palmes, et le graveur a pris soin d'indiquer la couleur azur de l'émail du fond par les hachures horizontales. Une tête d'angelot ferme, en bas, les volutes du cartouche.
La licorne a un corps de cheval.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Un quatrième blason honore indirectement Julien Godefroy puisqu'il porte les armoiries de la Vicomté du Faou, d'azur au léopard d'or
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
5°) Paul Le Bescond avocat et procureur fiscal trésorier.
Un Joseph Le Bescond a été vicaire au Faou de 1722 à 1728.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
Clichés complémentaires de l'inscription. Les décors : angelots, hermines, fleurs de lys, ponctuation entre mots par deux points en losange.
II. L'INSCRIPTION BASSE : LA SIGNATURE DU FONDEUR.
TH. / LE / SOVEF / ME /FECIT.
"TH. Le Souef me fecit" que je transcris par "Thomas Le Soueff me fit."
Chaque barre / correspond à une hermine, alternée avec une fleur de lys, comme sur l'inscription haute. Celle-ci débute par une tête d'angelot.
Que savons-nous de ce fondeur ? La plupart des informations ont été trouvées par Georges-Michel Thomas dans son dépouillement des archives, dont il a publié les conclusions en 1981 :
"Les Le Soueff semblent avoir eu trois branches en Bretagne.
— François Le Soueff, établi à Vannes, rue Saint-Yves, fondit une cloche pour Guéhénno (Morbihan) le 12 mai 1675 et deux pour Plumelin (Morbihan) le 10 août 1690.
— Julien Le Soueff s'établit à Quimper où il s'éteignit en 1690, laissant sa succession à son fils Jean.
— Jean Le Soueff fondit en 1691 la cloche de Briec, qui était fendue en 1782, celle du Cloître-Pleyben en 1696, celle de Saint-Thégonnec en 1697. Il s'établit à Brest en 1701, année où il fondit, avec Le Moyne, la cloche Corentin pour la cathédrale de Quimper.
« Ce jour de mercredy, 25 may 1701, la cloche nommée Corentin, fut solennellement bénite par Mgr. l'Ill..me et Rév..me évesque, François de Coetlogon, accompagné et assisté de tous les messieurs du chapitre, en la chapelle de la Madeleine, en l’église de St Corentin, et pour la nommer conjointement avec luy, mondit seigr. évêque, a choisy madame Janne du Louet, dame douarière, présidente de Guilly. Ladite cloche, fondue par les sieurs Soüef et Le Moyne, fondeurs du roy à Brest, s’est trouvée pezer 3.901 l. ; et ont eu lesdits fondeurs, pour l’oeuvre de main, la somme de 800 l. et 15 sols par livre, pour les 225 livres d’augmentation de métal. — Signé : A. F. de Coetlogon, grand archidiacre ; Jan de Kermellec, archidiacre de Poher ; Jean Callier ; Anne Bernard Pinon » (Déal du chapitre de 1696-1707, f° 64). http://www.infobretagne.com/quimper-fondeurs.htm
Remarquons cette collaboration entre Le Soueff et Le Moyne, puisque cette dernière famille de fondeur est également originaire de Villedieu-les-Poêles. Pierre-Antoine Le Moyne reçut en 1693 l'autorisation royale de se qualifier "maître fondeur de l'artillerie des vaisseaux du Roy".
Je peux ajouter la cloche fondue en 1678 par I LE SOUEF (Jean ou Julien) pour l'église de Riec ; elle pesait 1600 livres. Elle portait l'inscription :
Ad majorem Dei Beatœque Virginis Mariae Gloriam necnon ad honorem Sancti Petri Apostolorum Principis, , hujus Ecclesae de Riec patroni perpetui, DD. hanc. campanam D. Alanus de Guer, Marchio du Pontcallec, etc.: in , memoriari1 pietatis sure reternam cum benedictionibus solemniter adhibitis.
Anno 1678 F par M.I. Le Souef, fondeur.
Thomas Le Soueff (ou Souef, ou Le Soefve).
"Maître fondeur du roi, Thomas Le Soueff naquit à Quimper, paroisse du Saint-Esprit de père et mère originaires de Villedieu-les-Poêles. Il épousa à Vannes (Saint-Patern) le 8 septembre 1689 Jeanne Le Douarin, âgée de 24 ans et veuve de Jacques Le Beurrié et de cette union virent le jour Catherine-Jeanne et Marie, toutes les deux nées à Quimper en 1691 et 1694, puis Isabelle (1701), Renée-Antoinette (1697-1762), Gabrielle (1697-1738), Elisabeth (1699-1762), Jacques (1701-1730) et Arnould (1702). Les actes d'état-civil montrent que la famille était installée à Brest au quartier des Sept-Saints entre 1699 et 1702, puis rue Saint-Louis vers 1762. [Dans son acte de mariage, il est qualifié de Maître fondeur de cloches.
La famille Le Beurrier était originaire de La Colombe, tout près de Villedieu-les-Poêles :
"Jacques BEURIER DE LA RIVIÈRE, (alias LE BEURIER). Fondeur à Brest, puis à Vannes, et époux de Jeanne Le Douarain. Il fit, en 1683, deux cloches pour l'abbaye de Lanténac, et mourut en 1686. Son fils posthume, Jean-François, né à Vannes le 15 novembre 1686, devint fondeur à Vannes. Quant à sa femme, Jeanne Le Douarain, elle se remaria au fondeur Le Soueff. Le frère de Jacques, Etienne Beurier, était également fondeur. On doit à la famille Beurier de nombreuses cloches du Finistère, entre autre à : Lampaul-Guimiliau en 1715, Bodilis en 1719, Saint-Pierre-Quilbignon en 1720, Saint-Eloi de Plouarzel en 1729. Jean et Jean-François sont qualifiés de fondeurs du Roy."
Installé à Landerneau puis à Brest, Thomas Le Soueff fondit, en 1699, à Saint-Thomas de Landerneau, une cloche mal faite par Troussel et qui avait entrainé un procès. Il perçoit 583 livres pour ce travail.
La même année, il fond une cloche pour Lochrist au Conquet pour 349 livres et une pour la chapelle Saint-Christophe, dans la même paroisse, petite cloche qui lui vaut 36 livres.
"Le Sr Le Soueff, maître fondeur, de Brest, promet de refondre la grande cloche de Lochrist pour le prix de 4 sols la livre. La dite cloche sera pesée avant de la fondre et lorsqu'elle sera refondue; si elle se trouve moins pesante, le Sr Le Soueff ...".
En 1700, il fournit un bénitier de métal à Saint-Thomas de Landerneau, payé 10 livres 10 sols, et une cloche pour Plouguerneau, en 1704. Payée 150 livres, elle fut refondue en 1890.
En 1706, cloche pour Plougourvest et en 1707, une autre pour Lanhouarneau. La même année, résidant à Landerneau, il fournit à Plougastel-Daoulas une cloche payée 519 livres 16 sols et qui, faite à Landerneau, fut transportée en voiture jusqu'à Passage moyennant 21 livres 20 sols, puis du Passage à l'église pour 20 sols.
Il est toujours à Landerneau quand il fond, en 1708, une cloche pour Bodilis, pesant 231 livres payée 20 sols la livre. et placée au-dessus de la sacristie pour sonner la messe.
En 1711, il travaille pour Plouzané et pour Plougoulm, et l'année suivante, il fond une cloche pour l'église du « Prêcheur » , paroisse de Saint-Joseph à la Martinique. Le Faou lui commande une cloche en 1714 et lui verse 487 livres 5 sols (Arc. Dep. Finist. 63 G13)."
Note personnelle : René Couffon mentionne aussi une cloche de 1712 pour Plouha , et envoyée à la refonte au XIXe siècle, et sur laquelle « le fondeur de Brest, Thomas Le Soueff, avait même copié la légende italienne de la médaille qui lui avait servi de modèle : Allegreza del cielo e délia terra. "
"Nous n'avons trouvé aucune trace de son décès dans les paroisses brestoises. Nous savons seulement qu'en 1719, il habitait toujours Brest, rue Traverse des Carmes, et que sa situation financière était loin d'être brillante : il ne payait qu'une livre de capitation.
En dehors de son métier de fondeur, il avait été l'adjudicataire d'une pompe à incendie, vers 1710, pompe payée 1500 livres."
En 1726, sa veuve Jeanne Le Douarin demeure rue Saint-Louis à Brest :
"-au logis couvert d'ardoise, avec appentis et jardin, possédé par Jean Le Douarin, maître sellier (1672) et par Renée Poupart, sa veuve (1687), cédé par elle, avec tout les héritages provenant tant de la succession de son mari que des acquêts de leur communauté , i Yves Grignon, maître peintre, travaillant pour S. M. au port de Lorient et y demeurant, époux de demoiselle Yvonne Le Douarin, et à Thomas Soueff, maître fondeur, travaillant pour S. M au port de Brest et ailleurs , demeurant ordinairement en la ville de Quimper, époux de Jeanne Le Douarin (1693), vendu partiellement, sous forme de moitié d une grande maison, par la dite Jeanne Le Douarin, veuve Thomas Soueff, demeurant ordinairement à Brest, rue Saint-Louis, à Pierre Quennec , jardinier et Perrine Duvau, au prix de 1,200 1. (1726)" (Arc. dép. Morbihan)
Des LESOUEF sont mentionnés dans la Manche à Saultchevreuil-du-Tronchet (rattaché à Villedieu-les-Poêles), à Soulles (entre Villedieu et Saint-Lô), à Notre-Dame-de-Cenilly, (voisin de Soulles), à Gieville (id), à Domjean, Maupertuis, Le Guillain, Gavray, Hambye, Cerisy-la-Salle, etc...
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
L'inscription est placée sous un calvaire à cinq degrés encadré par deux médaillons du Christ et de la Vierge. Une devise est inscrite sous chaque médaillon.
Ce sont les reprises par moulage des deux faces d'une médaille (des Etats pontificaux du Vatican ? Jubilée de 1650 ?) : celle du Christ de profil porte SOLE CLARIOR "plus brillant que le soleil", et celle de la Vierge de profil, voilée, porte PVLCHRA UT LVNA, "plus belle que la lune". On en trouve la trace dans plusieurs collections de numismatique.. ou en vente sur Ebay.
Ces médailles ont, évidemment, un grand intérêt. Auraient-elles été procurées par la marraine? C'est en tout cas un usage attesté par Thomas Le Soueff sur deux de ses cloches, celle de Plouha, et celle du Prêcheur de 1712. Et dans ce dernier cas, ce sont également deux faces portant les profils du Christ et de la Vierge.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Terminons par les six têtes aux superbes moustaches décorant l'anse.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La cloche de 1714 de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile juin 2023.
RAPPEL :
Installé à Landerneau puis à Brest, Thomas Le Soueff fondit les cloches suivantes
1691 Briec :
"La cloche du côté Nord a 25 pouces de hauteur sur 30 pouces de diamètre, elle ne porte aucun écusson, mais l'inscription suivante : ANNO : DNI : 1691 : LVDOVICO : MAGNO : XIV° : REGNANTE : ILLMO : DD :FRANCISCO : DE : COETLOGON : DIOECESIM : CORISOPITEN : GUBERNANTE : JOANNES : HVELVAN : SACR : FACULT : PARISIEN : BACCALAUREVS : THEOLOGVS : DOMVS : SORBONAE : NEC : NON : PAROCHIAE : BRIZIEC : RECTOR. Au bas est écrit : T. LE : SOUEFF : FONDEVR : Au milieu, côté du Nord : IHS. Côté du Midi, dans un médaillon circulaire de 4 pouces de diamètre, la Vierge avec l'Enfant-Jésus dans ses bras, assise sur des nuages.
Sur la seconde cloche, du côté du Midi, qui a 27 pouces de haut et 31 pouces de diamètre, est écrit : SIT : NOMEN : DOMINI : BENEDICTVM : 1702. Sans armoiries, mais elle porte une croix sous laquelle on lit FRANCOIS : LE : MOYNE : FONDEVR. De l'autre côté, est une Vierge en pied ayant les mains jointes. Cette cloche est éclatée." (Abgrall, 1904)
1699, Saint-Thomas de Landerneau, (perdue)
1699 Lochrist au Conquet (perdue)
1701, cathédrale de Quimper, 3901 livres (1909 kg ?) [fondeur Le Soueff sans précision de prénom, et Le Moyne ]. (perdue)
« Ce jour de mercredy, 25 may 1701, la cloche nommée Corentin, fut solennellement bénite par Mgr. l'Ill..me et Rév..me évesque, François de Coetlogon, accompagné et assisté de tous les messieurs du chapitre, en la chapelle de la Madeleine, en l’église de St Corentin, et pour la nommer conjointement avec luy, mondit seigr. évêque, a choisy madame Janne du Louet, dame douarière, présidente de Guilly. Ladite cloche, fondue par les sieurs Soüef et Le Moyne, fondeurs du roy à Brest, s’est trouvée pezer 3.901 l. ; et ont eu lesdits fondeurs, pour l’oeuvre de main, la somme de 800 l. et 15 sols par livre, pour les 225 livres d’augmentation de métal. — Signé : A. F. de Coetlogon, grand archidiacre ; Jan de Kermellec, archidiacre de Poher ; Jean Callier ; Anne Bernard Pinon » (Déal du chapitre de 1696-1707, f° 64).
1704, Plouguerneau, en 1704. (refondue)
La cloche Joséphine-Françoise 1704-1890 Bronze (d. : 120 cm) Objet classé au titre des monuments historiques le 28/12/1942
La Joséphine-Françoise est la plus petite des cloches de l’église. Fondue une première fois par I. Le Souef, elle reçoit pour son baptême le parrainage de Vincent-Gabriel, baron de Penmarc’h, et de Marie-Gabrielle de Kerangar, vicomtesse de Carné de Koad-Kenan. Elle est refondue sous le rectorat de Jean Favé. Cette cloche est accompagnée de Jeanne-Françoise, depuis 1835, de Marie-Françoise, depuis 1897, et de Thérèse-de-l’Enfant-Jésus, depuis 1926. (Bretagne découverte)
1706, Plougourvest (perdue)
1707, Lanhouarneau. (perdue)
1707 Plougastel-Daoulas (perdue)
1708, Bodilis, pesant 231 livres. (perdue)
1711, Plouzané . (perdue)
1711, Plougoulm, église Saint-Colomban. Signalée perdue vers 1950 pas Couffon, et en place par le site de la mairie.
"Dans la tour se trouve une cloche de 1711, fondue par Th. Le Souef et timbrée des armoiries de Mgr Jean-Louis de la Bourdonnaye (évêque de Léon), des Le Borgne et des Kermenguy." (Roscoff tourisme)
1712 « Le Prêcheur » à la Martinique. 560 kg, Diam. 99,5 cm. Note : Fa Sans nom. Croix entourée de deux médaillons de la Vierge et du Christ avec inscriptions allegreza del cielo et del tierra... et Refugium peccatorum . Anse à têtes . Inscription débutant par une croix: Chaque mot est séparé par une petite fleur de lys.
1712, Plouha 757 kg, diam. 91 cm , nom Pierre-Marie. Croix entourée de deux médaillons de la Vierge et du Christ avec inscriptions allegreza del cielo et del tierra et Refugium peccatorum ora pro nobis. Inscription débutant par une croix et dont chaque mot est séparé par une petite fleur de lys et une moucheture d'hermine. Cloche perdue.
1714 Le Faou 1389 l (679 kg?) , diam. 101 cm, sans nom. Croix entourée de deux médaillons de la Vierge et du Christ avec inscriptions à déchiffrer. Inscription débutant par une croix et dont chaque mot est séparé par une petite fleur de lys et une moucheture d'hermine.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, "Inscriptions de quelques cloches anciennes du diocèse de Quimper", Bulletin Société archéologique du Finistère pages 304-306.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1890, "Inscriptions de cloches" , Bulletin Société archéologique du Finistère pages 281-285.
— ABGRALL (Jean-Marie), et PEYRON, 1903, Notice sur Le Faou, Bull. Diocésain d'Histoire et d' Archéologie [BDHA], Quimper, Kerandal.
— BOURDE DE LA ROUGERIE (H.), [1829] 1903. "Restitution de cloches aux paroisses du Finistère", Bulletin Société archéologique du Finistère pages LI-LVIII
— CASTEL (Y.P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.M.), 1987, Artistes en Bretagne : dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime / Yves-Pascal Castel, Georges-Michel Thomas ; avec la collab. de Tanguy Daniel ; introd. par André Mussat / Quimper : Société archéologique du Finistère , 1987
— CASTEL (Y.P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.M.), Artistes en Bretagne Tome 2, Additions et corrections : dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime / Yves-Pascal Castel, Tanguy Daniel, Georges-Michel Thomas / Quimper : Société archéologique du Finistère , DL 2013
— DANGUY DES DESERTS (Mad), 1993, Les cloches du Faou, in bulletin municipal Le Contact.
— LE PESANT (Michel), 1972,, Un centre d'émigration en Normandie sous l'Ancien Régime. Le cas de Percy. — Bibliothèque de l'École des chartes, t. CXXX (1972), p. 163-225.
A partir d'un lot de 609 émigrants relevés exclusivement dans les minutes anciennes d'un notariat rural, celui de Percy en Basse- Normandie, l'auteur a entrepris d'étudier entre 1560 et 1749, et plus particulièrement à Percy et dans trois paroisses limitrophes, un mouvement de population caractérisé par des départs définitifs comme par des absences saisonnières, moins bien connues, qui touchait toute une région axée sur Villedieu, centre de chaudronnerie, et Gavray, spécialisé dans la fabrication des tamis. Il s'exerçait dans trois grandes directions vers lesquelles les émigrants se répartissaient en fonction de leurs activités professionnelles. La Bretagne et surtout les diocèses bas-bretons étaient le principal centre d'attraction où les poêliers jouaient le premier rôle à côté de quelques autres marchands et des représentants de divers menus métiers ; les deux autres courants suivis seulement par les tamisiers gagnaient les pays du centre de la France (Bourbonnais, Marche, Limousin, etc.) et ceux du nord tant en France (Artois, Flandre) qu'à l'étranger (Pays-Bas, Provinces-Unies et Allemagne). Les modalités et l'ampleur de ce phénomène sont étudiées ; en Bretagne, le poids de cette émigration n'est pas douteux tant du point de vue de l'histoire économique que de celle de la société ; en Normandie, elle manifeste la vocation industrielle et commerciale de certaines aires rurales.
C'est aussi une lignée de fondeurs de cloches que j'ai suivie à Vannes avec les deux frères Le Beurier. Venus de La Colombe, ils sont arrivés vers 1684 et se sont vite mariés, Jacques avec une Bretonne, Jeanne Le Douarain, qu'il laissa veuve en 1686 et qui contracta en 1689 une nouvelle union avec Thomas Le Souef, un fondeur de cloches quimpérois d'origine normande ; Etienne dont la femme, Suzanne Delabaye, appartenait aussi à une famille de poêliers normands, en eut plusieurs enfants, une fille qui épousa un chirurgien, un fils qui entra dans les ordres et Joseph Le Beurier qui, après la disparition de son père en 1719, continua à fondre des cloches jusqu'à sa mort en 1734.
SOUEF et LE MOYNE. « Ce jour de mercredy, 25 may 1701, la cloche nommée Corentin, fut solennellement bénite par Mgr l’Illme et Révme évesque, François de Coetlogon, accompagné et assisté de tous les messieurs du chapitre, en la chapelle de la Madeleine, en l’église de St Corentin, et pour la nommer conjointement avec luy, mondit seigr évêque, a choisy madame Janne du Louet, dame douarière, présidente de Guilly. Ladite cloche, fondue par les sieurs Soüef et Le Moyne, fondeurs du roy à Brest, s’est trouvée pezer 3,901 l. ; et ont eu lesdits fondeurs, pour l’œuvre de main, la somme de 800 l. et 13 sols par livre, pour les 225 livres d’augmentation de métal. — Signé : A. F. de Coetlogon, grand archidiacre ; Jan de Kermellec, archidiacre de Poher ; Jean Callier ; Anne Bernard Pinon (2)326. »
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1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)