"A la cathédrale même, pas un seul vitrail peut-être n'a été conservé dans son intégrité. Quelques-uns sont entièrement renouvelés; le plus grand nombre de ceux où l'on aperçoit encore des fragments du moyen âge, parfois considérables, les montrent mélangés avec des débris venus de toutes parts, posés le plus souvent sans le moindre souci d'accorder les lignes ou les tons, pas plus que les époques. En effet, les verrières à demi brisées, enlevées aux églises supprimées en 1792, furent apportées, les unes dans les collatéraux du chœur de la cathédrale transformés en magasins de dépôt, les autres chez le verrier Sarraute, au faubourg Saint-Michel. Lorsque le culte fut rétabli en 1803, la cathédrale était tombée dans un grand état de délabrement. Les vitraux disparus ou cassés par places laissaient entrer le vent et la pluie. On se hâta de fermer les vides avec les fragments pris au hasard dans les nefs. On reprit cette opération en 1813 avec ceux qui furent alors retirés de chez Sarraute; enfin, en 1817, avec ceux qui étaient encore demeurés aux Cordeliers et que les chanoines demandèrent au maire de la ville ."(Jules de Lahondès, 1890)
Les vitraux seront présentés en partant de l'entrée, au nord-ouest, et en progressant dans le chœur dans le sens horaire jusqu'au début de la nef raymondine. Ils seront accompagnés des citations de deux publications consacrées aux vitraux de la cathédrale, celle de Jules de Lahondès et celle de M. Rey.
La baie de chapelle du Saint-Sépulcre. 2 lancettes trilobées et rose à 9 rayons. XVIe siècle. 2 registres.
"Les tons chauds et la belle ordonnance d'un vitrail du commencement du seizième siècle arrêtent les regards devant la chapelle du Sépulcre. Il représente saint Sébastien et saint Roch accompagné d'un petit ange aux ailes violettes, au-dessus une descente de croix. Le disciple qui soutient le Christ porte un pourpoint vert et des chausses rouges; Joseph d'Arimathie, une robe damassée d'or. La Vierge et le Christ de la Piéta que l'on voit à côté sont médiocres. La partie inférieure du vitrail a été détruite, et l'on aperçoit seulement la tête d'un squelette appuyé contre une colonne; l'ensemble est enveloppé par des pilastres et un entablement dans le goût de la première Renaissance." (J. de Lahondès)
"Au xvie siècle appartient le vitrail de la chapelle du Sépulcre où les formes de la Renaissance apparaissent entourant les personnages aux colorations puissantes rappelant les vitraux d'Auch, mais dont le dessin est déparé par des. ombres grossières et des tons violacés." (M. Rey)
Vitraux du chœur de la cathédrale de Toulouse. Cliché lavieb-aile 2025.
Registre inférieur : Saint Roch et Saint Sébastien.
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Saint Roch, portant la pèlerine et le bourdon, son chapeau posé sur la poitrine, désigne de l'index son bubon pesteux de la cuisse, qu'un ange semble soigner (partie remaniée). Son chien Roquet est à ses côtés, tenant dans sa gueule le pain qu'il amène à son maître.
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Saint Sébastien, en éphèbe seulement vêtu d'un maillot blanc, est attaché à un arbre et transpercé de trois flèches, tandis qu'un ange vient le couronner. Le visage est refait. Décor Renaissance peint au jaune d'argent sur l'architecture.
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Soubassement.
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Registre supérieur. La Descente de Croix. La Vierge de Pitié.
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La Descente de Croix.
Joseph d'Arimathie, au pied de la croix, porte une tunique longue d'or et damassé, et un bonnet conique (c'est un membre du Sanhédrin).
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La Vierge de Pitié ou Déploration entre Jean et Marie-Madeleine.
Le visage de Marie est en pleurs, mais il a été restauré.
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Verrière du XIVe siècle. Saint Jean-Baptiste ; saint apôtre (Jacques?) tenant un livre et un bourdon; sainte foulant un serpent ; saint Étienne, à dalmatique bleue, tenant les cailloux de sa lapidation ; 2 évêques cachés par le retable.
Deux lancettes, l'une à fond rouge, l'autre à fond bleu. Très riche bordure perlée à saints personnages dans des niches gothiques, mais le même personnage (Jean) est répété avec reprise du carton.
Tympan dont la rose à 9 rayons porte des écussons.
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Verrière du XIVe siècle. Deux saints évêques dont l'un, en rouge, tient la maquette d'une voûte. Au registre inférieur, fragments d'un saint Michel terrassant le dragon et jugeant les âmes.
Notez dans les bordures les personnages tenant des phylactères (apôtres, prophètes, sibylles peut-être) occupant les pilastres des niches à gables aigus.
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Baie à 2 lancettes trilobées. Deux saints (inscriptions non déchiffrées)
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Baie : la Vierge à l'Enfant ; saint ou sainte martyre (palme) au visage remplacé par une pièce en réemploi ; un donateur (tonsuré, moine ou chanoine) présenté par un saint moine tenant une verge verte (tunique brune et manteau blanc, tonsure et palme).
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Chapelle à quatre baies à quatre lancettes ogivales.
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ST HONORÉ ; ST CEURIN (Sevrin) ; ST GERMIER ; ST LOUIS évêque de Toulouse.
"Le premier vitrail historié montre trois évêques de Toulouse et le premier évêque de Bordeaux, introduit par une dévotion particulière du donateur : saint Honoré, en chape verte doublée de rouge, soutane violette, un des plus anciens exemples de violet sur le vêtement des évêques dans les vitraux, mitre blanche, gants rouges, crosse fleuronnée; saint Seurin, en chape rouge doublée de vert, aube blanche couverte d'enroulements d'or, mitre et manipule violets, crosse fleuronnée; saint Germier, en chasuble bleue avec un large orfroi d'un beau jaune, mitre violette à infules vertes, gants rouges, manipule vert; saint Louis, en chasuble bleue avec un large orfroi rougegroseille et de hardis enroulements verts, doublée de vert, gants violets.
Au-dessous des évêques, les armes des Tholosany de la Sesquière1, des d'Assézat2, des Redon3, des Maniban 4 :
1. D'azur au chevron d'or accompagné de neuf épis de même en trois groupes, posés deux en chef et un en pointe. L'avocat Gabriel d'Ouvrier était capitoul en 1611.
2. D'argent à l'aigle aux deux têtes et aux ailes éployées de sable, au chef d'azur chargé d'un croissant d'argent accompagné de deux étoiles d'or. François d'Aldéguier était capitoul en 1611.
3 D'azur aux deux lions d'or dressés et affrontés. Le nom de La Jugie figure dans le capitoulat dès le quatorzième siècle.
4. D'or à l'arbre arraché de sinople au chef d'azur chargé de trois étoiles d'or. Jacques de Lombrail était conseiller au Parlement. Son fils Jacques de Lombrail, seigneur de Rochemontés, fut président des trésoriers de France, à Toulouse. L'or du champ est devenu pourpre par la cuisson."
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"Sur le second vitrail, on voit encore quatre évêques de Toulouse : saint Hilaire, en chasuble jaune avec orfroi rouge, mitre et gants violets; saint Sylve, en chasuble verte doublée de rouge, étole bleue, encore, selon la forme du Moyen Âge, avec croix rouge au bas, gants blancs, tenant l'église de Saint-Sernin dans la main droite; saint Exupère, en chape bleue dont l'orfroi est orné de perles et de gemmes entre des torsades d'or, gants rouges, tenant un goupillon de la main droite; saint Sernin, en chape rouge à l'orfroi bleu, manipule blanc, tenant de ses deux mains gantées de violet un livre à couverture verte avec une gemme sur le plat, embrassant la crosse inclinée sur la poitrine; le taureau est à ses pieds.
Au-dessous, quatre blasons du généreux prévôt Jean Daffis, évêque de Lombez, [sous une mitre] d'argent à la bande de gueules chargée de deux roses " Jules de Lahondès
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"Sur le troisième vitrail, les évêques portent des costumes plus riches : saint Martial, en chape bleue avec enroulements verts, dont l'orfroi est orné de figures de saints, chaperon rouge, mitre d'or, gants blancs; saint Remy, en chape rouge à chaperon vert, mitre bleue rehaussée de perles, gants bleus; saint Martin, en chasuble de drap d'or à orfroi bleu, doublée de vert, mitre de velours rouge rehaussée de perles, gants rouges; saint Denis, portant sa tête mitrée dans les mains, en chape bleue à l'orfroi d'or et à chaperon rouge. Saint Martin porte l'anneau au pouce droit, de même que saint Hilaire et saint Sylve.
Les armes de France qui brillent au-dessous de ce beau vitrail où sont représentés des évêques protecteurs des rois, indiquent qu'il fut donné par Louis XIII et sa mère régente , Armes de France et de Navarre timbrées de la couronne fermée, entourées du cordon du Saint-Esprit..
Dans les meneaux supérieurs de ces vitraux s'enroulent des rinceaux or et argent sur fond pourpre, blanc et or sur fond bleu."
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"La chapelle suivante a conservé le vitrail le plus précieux de la cathédrale, préservé par la saillie des contreforts et surtout par son exposition au sud-est, vers le cloître. Il n'est pas cependant intact lui-même et le panneau central a reçu un fragment nouveau avec le Christ du seizième siècle, accosté d'une Vierge et d'un saint André beaucoup plus grands, de la même époque. Les panneaux inférieurs du côté de l’Évangile portent encore une sainte Madeleine et un saint Christophe venus d'ailleurs, de même que le saint Jean dans le panneau à côté du roi à genoux. Ces remaniements et ces confusions avaient arrêté jusqu'ici les attributions certaines de ce beau vitrail.
En haut, du côté de l'Évangile, un roi à genoux, vêtu d'un manteau bleu fleurdelysé d'or, portant une couronne à grandes fleurs de lys, offre une couronne. La figure du roi, très individuelle, rappelle le type bien connu des Valois et permet de reconnaître Charles VII ." (J. de Lahondès)
"Denis du Moulins (1421-1439) fit disposer une grande verrière dans la chapelle Saint-Jean l'Évangéliste, aujourd'hui dédiée à saint Joseph. C'est là qu'on voit les portraits de princes contemporains, amis du prélat qui allait devenir archevêque de Paris: Charles VII et le dauphin Louis à genoux. On y reconnaît aussi saint Jean, patron du duc de Berry; saint Louis, évêque de Toulouse; sainte Catherine, patronne d'une fille du roi et l'archevêque lui-même avec la croix ancrée de sable de ses armes, peinte sur l'orfroi de sa chape. Le panneau du milieu a disparu et a été remplacé par des fragments composites. Il est probable que le roi saint Louis était figuré au centre, imploré par Charles VII et le dauphin".(M. Rey)
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Saint Christophe traversant le fleuve, avec sur son épaule l'Enfant portant le Monde.
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Un saint évêque.
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Le roi Charles VII agenouillé, deux lions à ses pieds.
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"La fenêtre, du côté de l'épître, absolument intacte, montre en haut un jeune prince, tête nue, vêtu d'une cotte fleurdelysée, avec jambières et chaussures de plate, l'épée au côté; il ressemble au roi. C'est évidemment le dauphin, son fils, le futur Louis XI.
A côté de lui est un évêque nimbé, portant une chape dont l'orfroi est orné de fleurs de lys; c'est saint Louis, évêque de Toulouse, qui appartenait à la famille royale.
Au-dessous, sainte Catherine porte la roue et la palme, superbement vêtue d'une robe blanche à petits points d'or groupés par trois, d'un manteau vert doublé de rouge, se détachant sur un fond blanc fleuronné d'or, bordé de fleurs de lys d'or sur fond bleu. Une des filles de Charles VII portait, en effet, le nom de Catherine et fut mariée, en 1434, au duc de Bourgogne.
Enfin, à côté de cette belle figure, un évêque à genoux dont les traits fins mais énergiques sont très caractérisés, est coiffé d'une mitre d'argent, et vêtu d'une chape rouge bordée d'un orfroi sur lequel s'étagent des écus d'argent à la croix ancrée de sable, précisant la date du vitrail. Ce sont, en effet, les armes de Denis du Moulin, archevêque de Toulouse, de 1423 à 1439, année dans laquelle il fut promu au siège de Paris. Denis du Moulin s'était montré très dévoué au roi dans les temps périlleux. Il se rendit en ambassade auprès du roi de Castille, du duc de Savoie, et du duc de
Quelques fragments étrangers sont rapportés sur l'aube de Denis du Moulin et sur la robe de la princesse Catherine."
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Saint Jean-Baptiste et sainte Catherine. Restauration en 1816.
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Saint Jean-Baptiste, vêtu de la peau de chameau, et montrant l'Agneau.
Bordure à rinceaux de feuilles de chêne, et phylactère enroulé en spire. tenture d'honneur du fond, damassée d'or.
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Sainte Catherine tenant la palme du martyre et la roue dentée de son supplice.
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Le voyage de sainte Ursule, le martyre des onze mille vierges. Leur nef parvenat à Cologne est visée par les archers Huns.
"Le vitrail de la chapelle de saint François de Sales montre un groupe de saints du quinzième siècle: saint Étienne, tenant un pavé dans ses mains; saint Jean, vêtu comme les paysans de l'époque et portant l'image de l'Agneau; au-dessus, un crucifiement avec la Vierge et saint Jean l'Évangéliste. Mais ce vitrail a été très remanié.
Le dais qui couronnait saint Étienne, est remplacé par un panneau venu sans doute du couvent des chanoinesses de Saint-Pantaléon, peut-être de l'église des Augustins qui avait aussi une chapelle consacrée aux Onze mille vierges; il représente, en effet, les jeunes martyres conduites par les évêques sur le vaisseau miraculeux, avec le mot undecim tracé au-dessus en caractères gothiques."
"Cependant, les vierges se mirent en route pour leur retour, en compagnie du pape Cyriaque, du cardinal Vincent et de Jacques, archevêque d’Antioche, qui était, lui aussi, originaire de Bretagne. Jacques, qui était venu à Rome pour voir le pape, allait déjà repartir pour Antioche lorsque, apprenant le prochain départ des vierges, il prit le parti d’aller avec elles au-devant du martyre. Et de même fit encore Maurice, évêque de Modène, qui était l’oncle de Babille et de Julienne ; de même firent Follau, évêque de Lucques, et Sulpice, évêque de Ravenne.
Lorsque toute cette troupe arriva à Cologne, elle trouva la ville investie par les Huns. Et ces barbares, avec de grands cris, se jetèrent sur les pieuses vierges, qu’ils massacrèrent toutes, comme des loups s’élançant sur un troupeau d’agneaux. Seule, Ursule restait encore vivante. Et le prince des Huns, émerveillé de sa beauté, lui offrit de l’épouser, pour la consoler de la mort de ses compagnes. Mais, comme la sainte repoussait avec horreur sa proposition, furieux de se voir dédaigné, il la transperça d’une flèche et acheva son martyre." (Légende dorée)
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Dans les fenêtres hautes. Les douze apôtres (XVIIe siècle).
"Après l'incendie et la construction des œuvres hautes du chœur, les sept grandes fenêtres du rond-point furent munies de verrières. Les quatre panneaux de chacune d'elles sont remplis par des figures d'apôtres ou d'évêques, ceux de la fenêtre centrale par les images du Christ, de la Vierge, de saint Étienne et de saint Laurent." (M. Rey, 1930)
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SOURCES ET LIENS
—Jules de Lahondès, 1890, L'église Saint-Étienne, cathédrale de Toulouse, ed. Privat, 482 pages
Isabelle Séré, Yves Bruand, Michèle Pradalier-Schlumberger, 1987, Les verrières du XIVème siècle de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse, non consulté
Les peintures murales du XVe siècle de l'abbatiale de Walbourg (Bas-Rhin) : un Credo apostolique.
PRÉSENTATION.
Présentation générale.
En 1074 fut fondé par le comte de Montbéliard Thierry Ier un ermitage, pour deux moines Wibert et Mancius, près d'une source dédiée à sainte Walburge. Celle-ci, sainte du VIIIe siècle, était la fille de saint Richard, elle fut abbesse du couvent de Heidenheim en Franconie. Il ne reste rien de ce sanctuaire.
Une église fut élevée à partir de 1105 par la volonté de Frédéric, duc de Souabe et de Pierre, comte de Lutzelbourg et père de l'empereur Frédéric Barberousse. De cet édifice subsistent les parties inférieures des murs de la nef et deux piédroits sculptés (incomplets) d'une porte, au sud. En 1456, l'abbé Burckhard de Mullenheim fit reconstruire le chœur, surélever les murs de la nef, élever une tour entre chœur et nef, repercer des ouvertures dans le mur ouest de la nef et construire une chapelle dite des anges, actuelle sacristie, sous la direction de l'architecte Hans Boeblinger.
Trois vitraux de l'abside du chœur forment un cycle consacré à la Vie de la Vierge, à l'Enfance du Christ et à Jean-Baptiste. Datant de 1461, ils sont attribués à Pierre d'Andlau. Dans les baies 3 et 4 sont rassemblés aujourd'hui des éléments provenant de diverse verrières de l’église datant de la même époque.
En 1484 fut sculptée par Clément de Bade la custode remarquable du chœur .
Après une longue période de prospérité, l'abbatiale subit les destructions en 1525 causée par la Guerre des Paysans, et elle perdit alors son cloître. Vers 1545 le monastère fut incorporé au chapitre de Wissembourg.
En 1685, l'abbaye fut occupée par le Séminaire de Strasbourg, dirigé par des jésuites. A la Révolution, elle fut vendue à des particuliers et l'église fut offerte à la commune de Walbourg par Michel Pierre Saglio en 1805. Les vitraux du XVe siècle furent classés Mh en 1862 et l'église en 1898.
En 1945, l'église fut durement touchée par des bombardements aériens avec notamment la destruction des voûtes du chœur.
Dès 1949 et de 1969 à 1971 l'église fut restaurée, mettant à jour la partie romane de la nef dont les baies avaient été murées. Les baies hautes furent vitrées à cives en 1971 par Jacques Le Chevallier, lequel créa en 1983 9 verrières en composition colorée à grisaille pour les baies basses de la nef.
Le chœur gothique (1456, inscription lapidaire pilier gauche).
Le chœur est rectangulaire jusqu'à l'abside à trois pans éclairée des vitraux de 1461.
Le haut du chœur est porté par quatre voûtes d'ogives dont les clefs de voûte en grès portent successivement depuis l'Est l'Agneau pascal, le blason de Frédéric le Borgne duc de Souabe (1090-1147, qui reposait dans l'église avec ses deux épouses) d'or aux trois lions léopardés de sable , son heaume et son cimier timbré de plumes de paon, et enfin les armes à la crosse abbatiale en pal de l'abbé Burckhard de Mullenheim (abbé de 1430 à son décès en 1479), de gueules à la fleur à cinq pétales de sable boutonné d'or. On retrouve dans la sacristie les armes de l'abbé, et des armes non identifiées à 3 fleurons. Les mêmes armes se retrouvent sur la dalle funéraire jadis présente dans le chœur, et adossée aujourd'hui contre le mur de souténement ouest, ou encore sur la porte de la sacristie.
Les peintures murales à fresque.
Elles occupent le chœur et dateraient du XVe siècle. On lit que le peintre Hans Baldung Grien (1484-1545), qui, après avoir été compagnon de divers peintre Souabes, fut l'assistant d’Albrecht Dürer dans son atelier de Nuremberg de 1503 jusqu'en 1507, aurait été, comme graveur, l'auteur des esquisses, ce qui retarderait sans doute la datation vers le premier quart du XVIe siècle. Parmi ses figures d'apôtre, son Jude Thaddée date de 1538, son Barthélémy de 1516, son saint Jean, son saint Thomas, Jacques le Mineur de 1516-1519, saint Philippe, saint Simon etc
Les êintures sont classées M.H ; elles ont été endommagées pendant la Seconde Guerre.
Débutant par saint Pierre, les douze apôtres forment un Credo apostolique, car ils sont entourés d'un phylactère citant le verset du Credo qui leur est attribué par la tradition. Il faut partir de l'angle sud-est pour en suivre la succession, dans le sens horaire, puis traverser le chœur vers le nord pour y voir les 4 derniers apôtres. Vient alors, avant la custode, et en face de Pierre, saint Paul.
Dans l'abside, les angles séparant les pans, et les verrières, portent les représentations des quatre Pères et Docteurs de l'Église, les saints Grégoire, Augustin, Ambroise et Jérôme.
Croquis lavieb-aile
Le thème iconographique du Credo apostolique est largement exploré dans mon blog, soit en peinture murale, soit surtout en sculpture, en particulier en Bretagne sous les porches sud.
C'est une manière d'affirmer les fondements incontournables de la Foi chrétienne en couplant les douze articles avec les douze apôtres. Ici, l'association avec les figures des Pères de l'Église renforce cette affirmation des bases théologiques de la Foi, d'autant que les verrières illustrent les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption.
— Sur ce thème du Credo apostolique, voir ici dans l'ordre chronologique:
Si on compare mes images à celles de Marie-Philippe Scheurer, prises en 1999 pour l'Inventaire, on constate
que certaines inscriptions sont désormais moins lisibles.
Vues générales.
L'abside.
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Le côté nord.
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Le côté sud.
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
LES DOUZE APÔTRES ET LEUR ARTICLE DU CREDO + SAINT PAUL.
Chaque apôtre se reconnait par son attribut, et/ou le nom inscrit en latin, par leur ordre dans la série, et par l'article qu'il présente.
Je donne l'article du Credo porté par le phylactère, déduit des fragments qu'on peut encore y lire, ou qu'on déchiffre sur les clichés plus anciens. L'attribution des articles aux apôtres est conforme à la tradition. Voir par exemple mes articles ici et ici .
1. Saint Pierre Sanctus [Petrus]
Il tient un livre ouvert, et une clé en main gauche. Il se reconnaît aussi à son crâne dégarni.
Inscription : Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae
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2. Saint André. Sanctus Andreas.
On ne distingue pas son attribut, la croix en X.
Article : Et in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum.
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3. Saint Jean
Attribut : le visage imberbe ; le calice de poison tenu de la main gauche et béni de la main droite
Article : Qui conceptus est de Spirituo Sancto natus est Maria Virgine
Saint Jean est plus souvent en 4ème position après Jacques le Majeur, et présente alors le quatrième article.
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4. Saint Jacques le Majeur. Sanctus Jacobus maior
Attributs : la pèlerine, le bourdon, la besace (rouge) et le chapeau à larges bords timbré de la coquille.
Article : passus sub Pontio Pilato, crucifixius, mortuus et sepultus.
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5. Saint Thomas. Sanctus Thomas
Attribut : la lance. Un rouleau de parchemin.
Le 5ème article : descendit ad inferos, tertia die ressurrexit a mortuos.
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6. Saint Jacques le Mineur. Sanctus Jacobus minor
Attribut : un instrument singulier, semblable à une grande clé formant un arc où une corde est tendue. D'habitude, Jacques le Mineur tient le bâton de foulon de son supplice, celui des fouleurs d'étoffe. Ici, il tient l'ensouple, ou pièce d'un métier à tisser, sur lequel on monte les fils de chaîne.
La peinture est plus compréhensible si on la compare avec une gravure de Hans Baldung Grien : c'est donc un argument important pour soutenir la thèse d'une influence du peintre-graveur souabe.
Hans Baldung Grien, 1519, gravure sur bois, National Gallery of Art Rosenwald collection
6 ème article : ascendit ad caelos ; sedet ad dexteram patris Dei Patris omnipotentis.
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
7. Saint Philippe. Sanctus Philippus.
Attribut : la croix à longue hampe.
7ème article : inde venturus est iudicare vivos et mortuos.
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
8. Saint Barthélémy. Sanctus Bartholomeus
Il tient le coutelas de son supplice par écorchement.
8ème article : Credo in Spiritum Sanctum.
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Du côté nord, en partant de l'ouest.
9. Saint Matthieu. Sanctus Mathaeus.
Il tient une lance à très longue lame.
9ème article : sanctam ecclesiam catholicam
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
10. Saint Simon. Sanctus Simon.
Il tient un livre placé dans un étu, un livre de ceinture, et une croix à ample traverse. Il est imberbe.
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
11. Saint Jude Thaddée. Sanctus Judas Thaddeus.
Il est vu de profil, la main droite posant sur une table un petit instrument peut-être tranchant.
11ème article : carnis resurrectionem
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
12. Saint Mathias. Sanctus Mathias.
Vu de face, vêtu d'un manteau bleu, il tient une hache à large tranchant.
12eme et dernier article du Credo : vitam eternam. Amen.
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
13. Saint Paul, le treizième apôtre. Sanctus Paulus
Il tient l'épée de sa décollation, et un livre.
Inscription : Ego enim sum mínimus Apostolórum, qui non sum dignus vocári Apóstolus, quóniam persecútus sum Ecclésiam Dei. (citation de l'épître aux Corinthiens 1:15 déchiffrée par l'abbé Staub en 1863) "car je suis le moindre des apôtres, je ne suis pas digne d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'Eglise de Dieu" .
Abbé A. Straub, bulletin pour la société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace Berger-Levrault., 1863
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
LES QUATRE DOCTEURS DE L'ÉGLISE.
Les quatre docteurs de l’Eglise, de dimensions un peu plus grandes paraissent à J. Walter d’une autre main et offrant plus de mérite artistique. Chacun des phylactères qui se déroulent autour de ces images pré-
sente une inscription ayant rapport à l’Eucharistie.
A. Saint Grégoire.
Saint Grégoire porte la tiare ornée de trois couronnes et la croix à trois branches dont celle du milieu est la plus longue. Par une erreur assez curieuse à signaler, le peintre a oublié la colombe divine qui accompagne toujours ce père de l’Eglise dans les anciennes images, et l’a donnée ce symbole à Saint Augustin. Ce docteur est le mieux conservé quant à l’ensemble des contours. Comme Saint Ambroise dont la majestueuse figure se dessine près de lui, il tient d’une main un livre, de l’autre une crosse munie du sudarium.
Inscription : Ad firmandam plebis fidem panis Christi p.... est in temeratam carnemS. Gregorius doctor.
"Pour raffermir la foi du peuple le pain [est changé] en la chair du Christ véritable".
Comparer au cliché de 1999 :
Base Palissy cliché Marie Philippe Scheurer
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
B. Saint Augustin, évêque d'Hippone. S. Augustinus, doctor.
Inscription : Licet figura panis et vini videntur nil tamen aliud quam cara christi et sanguis post conversionem credenta est. Attribué à Ambroise par Thomas d'Aquin, Somme théologique 50547
"Quoique l'œil n'aperçoive que l'apparence du pain et du vin, après la consécration, la foi doit admettre autre chose sous ce voile que le corps et le sang de Jésus Christ".
Cliché avant 1934, in WalterCliché Marie-Philippe Scheurer 1999 Base Palissy
C. Saint Ambroise. S. Ambrosius doctor.
On ne voit plus de l'évêque de Milan que sa mitre, sa chape bleue, et un livre tenu en main gauche.
Citation : In singulis porcionibus christus dominus tot est, non per singulas minuitur sed integrum in singulis tenemus.
"Le Christ Seigneur est tout entier dans chaque parcelle de l'hostie, il ne perd rien par la fraction, dans chacune nous recevons le Sauveur tout entier.
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
D. Saint Jérôme.S. Jheronimus doctor.
Saint Jérôme est vêtu en cardinal, il tient une croix double.
Citation : Accedit verbum ab ore sacerdotis ad elementum et fit verum sacramentum. S. Jheronimus doctor.
"La parole de la bouche du prêtre touche l’élément qui accomplit le sacrement."
Peintures murales (XV-XVIe siècle) de l'église abbatiale de Walbourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Clés de voûte datant de la construction du choeur et de la chapelle des anges, entre 1456 et 1465. Elles portent les armoiries de l'abbé Burckhard de Mullenheim, commanditaire et celles du premier bienfaiteur de l'abbaye, Frédéric duc de Souabe.
Armoiries : dans le choeur, armoiries de l'abbé Burckhard de Mullenheim (une rose et une crosse), armoiries de Frédéric, duc de Souabe (trois lions superposés) et son cimier aux plumes de paon. Dans la sacristie (ancienne chapelle des anges) armoiries de l'abbé de Mullenheim et armoiries non identifiées : trois roses, deux et une séparées par une fasce, non identifiées.
—LORENTZ (Philippe), 2006, "Les vitraux de l'abbatiale de Walbourg" Congrès archéologique de France 162e session 2004 : Strasbourg et Basse-Alsace. Edité par Paris : Derache, 2006 - 2004.
— STRAUB (abbé), 1860, "Les vitraux de l'abbatiale de Walbourg", Congrès archéologique de France, Volumes 26 à 27 p. 344
— Vitraux : Gatouillat Françoise ; Decrock Bruno IM67008562
Ces 3 grandes verrières de l'abside constituent un ensemble homogène et bien conservé de 63 panneaux demeurés à leur place d'origine ; elles sont dues à l'atelier connu depuis le début du 20e siècle sous le nom de Maître de Walbourg de 1461 ; elles illustrent en 56 scènes l'histoire de la Vierge et du Christ, complétée par la légende du précurseur ; ces cycles comportent des représentations rares (consultation des prêtres pour le Mariage de la Vierge, les soldats renversés par le Christ au Jardin des oliviers, visite des apôtres au Baptiste emprisonné) ; l'ensemble entoure la Crucifixion, de plus grande échelle ; les scènes sont juxtaposées sans bordures ni encadrement architectural ; les cartons utilisés sont repris très précisément, mais sans les damas, dans ce qui subsiste de la Vie de la Vierge et de la vie du Christ à Saint-Guillaume de Strasbourg (67) ; des dessins correspondant à des scènes des baies 0 et 2 sont conservés à la bibliothèque nationale de Madrid (Espagne) et au cabinet des estampes de Berlin (Allemagne), et des copies à la plume exécutées en 1476 d'après d'autres panneaux de la baie axiale appartiennent au cabinet des estampes de Cobourg (Allemagne).
Les vitraux de l'église de Wissembourg : la baie 18 . Verrière datée de 1487, don de Hans Bonn de Wachenheim, bailli de Wissembourg, et de son épouse Anne de Weingarten.
La baie 18, sur le bas-côté sud, est composée de trois lancettes trilobées et d'un tympan a un oculus hexalobé, 2 trilobes et 2 écoinçons, consacré au Jugement dernier. h = 260 ; la = 180 mm. L'ensemble est peu restauré dans ses parties principales (mains de la Vierge et corps de l'enfant de la Vierge à l'enfant restaurés, ainsi que le panneau montrant les damnés en Enfer) . On compte un bouche-trou dans cette dernière scène.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Le sujet principal, dans la lancette centrale, est une Vierge à l'Enfant. La Vierge, couronnée, les cheveux blonds tombant sur les épaules, tient l'Enfant sur son bras droit ; celui-ci, nu, porte le gloge crucigère en main droite et une fleur en main gauche.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
La lancette A, à gauche, est occupée par Hans Bonn de Wachenheim, agenouillé en donateur et présenté par saint Jacques le Majeur.
Il est identifié par une inscription en lettres gothiques où on lit, si on résoud les abbréviations par tilde remplaçant les -n, HANS BONNE VAN WACHENHEIM FAUT ZU [WISSEMBURG 887]. J'assiùile FAUT avec VOGT pour traduire : Hans Bonne de Wachenheim, bailli de Wissembourg. La date a été lue comme étant celle de 1487 (Gatouillat et Hérold 1994).
On sait que Hans Bonne fut bailli de Wissembourg en 1488 et avoué impérial de Wissembourg ; il était encore en vie le 29 novembre 1501 (acte archivé avec Philippe de Palatinat). Wachenheim est une commune allemande de Rhénanie-Palatinat.
Le saint est identifié comme étant saint Jacques car il tient un bourdon auquel est suspendue une besace, mais il ne porte pas le chapeau à larges bords des pèlerins, pas de coquille, et sa tête à barbe très fournie est coiffée d'un turban, exactement comme siant Christophe du côté gauche.
Les personnages sont placés dans une niche architecturale identique à la niche centrale, rehaussée de feuillages peints au jaune d'argent, devant une tenture damassée verte à motifs feuillagés. Le chevalier est en armure complète, la cuirasse est damassée, les solerets sont pointus et les éperons sont longs et droits.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
La lancette de droite montre son épouse Anne de Weingarten, également agenouillée en donatrice, et présentée par saint Christophe, portant l'Enfant.
La tenture damassée de feuillages est jaune. Chrtistophe porte un manteau vert, Jésus une tunique pourpre, la donatrice un manteau rouge écarlate doublée d'hermines aux revers, une robe dorée et une coiffe en drap blanc damassée d'or ; trois bagues sont visibles sur sa main gauche, deux à l'annulaire et une à l'auriculaire.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
L'inscription :
elle peut être lue ainsi ENNELT VAN WINGARTEN SEINE ELICHE HUS FRAU.
La formule "seine eliche haus frau", littéralement "sa légitime femme au foyer " se retrouve à la même époque sur les inscriptions lapidaires (on trouve aussi elichen, même sens):
L'inscription ayant identifié ici une Anne von Weingarten, je tiens "Ennelt" comme une forme de Anne.
Weingarten est une localité de Rhénanie-Palatinat.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
À la partie inférieure de la lancette centrale, sous la Vierge à l'Enfant, et placés là en réemploi, on trouve deux ensembles héraldiques non identifiées : deux écus cimés de casques sont environnés de lambrequins, Sur le tout est ajouté une banderole posée à l'envers avec la devise EN SI VALE suivie d'un globe crucigère.
Le blason de gauche peut-il être décrit comme de sable à la croix en sautor, d'or, chargé de cinq alerions de sable ? Nous ne pouvons l'identifier. Le casque est timbré d'un oiseau noir à bec jaune, un aigle aux ailes éployées.
Françoise Gatouillat note que "Les armoiries qui figurent dans la verrière , si elles correspondent à celles de la famille de Wachenheim , peuvent être celles de la génération suivante , car elles semblent postérieures à l'exécution du vitrail ."
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Le blason de droite porte un fascé d'argent et d'azur brisé d'un lambel de gueules à cinq pendants. Le casque porte une trompe de chasse (huchet) non suspendu mais posé sur un coussin noir ; du milieu de cette trompe s'élève une tige virolée s'achevant en une sorte de palmier.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
LE TYMPAN : le Jugement dernier.
Il est aussi intéressant à détailler que les lancettes.
Au centre, l'oculus de la rose polylobée montre le Christ de la Parousie, assis, montrant les plaies de son corps sous le manteau glorieux, selon un schéma classique, mais l'élément original est de voir l'arc-en-ciel remplacé par un cercle à huit cadrans alternativement bleu, jaune, rouge et blanc.
Il est entouré de Marie à sa droite et de Jean-Baptiste à sa gauche, reconnaisable à son manteau en poils de chameau.
Parmi les six lobes, les trois supérieurs accueillent les anges du Jugement. Les autres lobes montrent les scènes des morts éveillés par les sonneries de trompe et sortant de leurs tombeaux. Reprise de cartons inversés pour les deux lobes latéraux. Dans le lobe inférieur, une figure démoniaque s'approche d'un couple.
Les trilobes montrent à gauche les Élus accueillis au Royaume par les anges, et à droite les Damnés entrainés par des démons grimaçants.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
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Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
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Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
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Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 18 de l'église de Wissembourg. Cliché lavieb-aile 2025.
SOURCES ET LIENS.
—GATOUILLAT (Françoise), Michel Hérold, 1994, Les vitraux de Lorraine et d'Alsace, Éditions du Centre national de la Recherche scientifique, 328 pages - Page 258
Situé sur une légère éminence à l'écart du bourg, le quartier de Brou renoue avec sa vocation religieuse antique dès le Xe siècle lorsque saint Gérard, évêque de Mâcon, vient s'y retirer. Suivi par de nombreux disciples, il bâtit un premier ermitage. Saint Gérard meurt à Brou en 958 : une église est bâtie autour de sa tombe tandis que l'ermitage s'organise en cellules individuelles.
À cette première église dédiée à saint Pierre succèdent, au cours du Moyen-Âge d'autres édifices construits sur une nécropole gallo-romaine. Il s'agit d'abord d'un prieuré bâti à la demande de Marguerite de Bourbon(. L'église construite par Marguerite d'Autriche conserve les traces de ces bâtiments antérieurs notamment deux baies romanes, un contrefort gothique sont pris dans la maçonnerie du mur nord du premier cloître ; la statue de saint Pierre ou encore l'ensemble des stalles hautes et basses en ch$êne datant du XVe siècle.
Longs de 4,80 m et larges de 1,70 m, ces rangées de stalles en chêne, restaurées en 1990 par Pierre Nillon, sont présentées dans le monastère royal de Brou, dans la pièce qui précède l'entrée de l'exposition. Leurs miséricordes représentent essentiellement des visages d'hommes et de femmes : on ne trouve qu'un élément végétal, une feuille. Les traits de ces visages sont souvent accentués par un trait graphique proche de celui de la caricature, plusieurs grimacent, tirent la langue, mais le grotesque se porte souvent d'avantage sur leur coiffure non réalistes : nombreuses sont celles qui sont dotées d'oreille d'âne — voire d'oreilles fabuleuses—, et désignent ainsi les personnages comme des fous.
On retrouve ces costumes de fous sur les appuie-mains, qui représentent tous des personnages en bustes, coiffés de bonnet ou de cagoules, vêtu de tuniques, là encore parfois explicitement dotés d'oreilles fabuleuses.
Voir sur les stéréotypes du Fou au Moyen-Âge et Renaissance :
Toute la série relève donc de la tradition carnavalesque ou de "l'esprit de mardi-gras" (Kraus p. 85), ou d'un joyeux esprit rabelaisien et moqueur des huchiers, mais ne peut non plus être sans rapport avec le succès considérable et la diffusion de la Nef des Fous de Sebastian Brant dénonçant dans une vision pessimiste du monde la folie du monde contemporain voguant vers son naufrage moral. Les éditions des traductions françaises débutent en 1497, peu de temps avant la création de ces stalles. Je pense néanmoins qu'il s'agissait ici de proposer aux chanoines un décor distrayant et d'introduire, dans ces éléments sculptés marginaux, seulement visibles lorsque le siège n'est pas rabattu, un contrepoint ludique et prosaïque à leurs exercices de chants religieux.
Les stalles sont classées au titre objet au 18 juillet 1934.
Si elles diffèrent beaucoup des 74 stalles de l'église Saint-Nicolas-de-Torentou du monastère de Brou, elles se rapprochent, par ce choix de portraits d'hommes et de femmes et par l'acuité du trait, des miséricordes de la co-cathédrale Notre-Dame de Bourg-en-Bresse, attribué à Pierre Teraillon ou au genevois Pierre Mochet et datées de 1512 ou vers 1530.
Les dorsaux et les jouées ne portent qu'un décor gothique répétitif.
Je regrette bien-sûr le flou de certaines de mes photos, prises à la volée lors d'une visite touristique. Je n'en ai supprimé pourtant aucune par souci documentaire.
Les 7 miséricordes et appuie-mains des stalles basses du côté gauche.
1. Visage d'homme moustachu, vu de profil. La coiffure descend bas derrière la nuque et se retrousse en revers exubérants.
2. Visage d'homme à bonnet de fou.
3. Visage de femme de face, portant une coiffe.
4. Visage d'homme de profil, portant un bonnet à revers frontal et queue en gousset.
Le nez busqué et les plis commissiaux accentués se rapprochent de la caricature.
5. Visage d'homme de profil, renfrogné, au bonnet de fou ( en cagoule à oreilles d'âne) relevé sur le front dégarni et rebiquant en arrière en pointe loufoque.
6. Visage d'homme de face, aux traits renfrognés, portant le bonnet de fou à oreilles d'âne.
7. Visage d'homme de face, au nez et à la bouche déformés, portant un bonnet serré sous le menton par des lanières à bouton.
Quelques appuie-mains.
Appuie-main à la tête de fou à cagoule à oreilles d'âne.
Les 7 miséricordes et appuie-mains des stalles hautes du côté gauche.
8. Visage de femme de trois-quart, portant une coiffe à crevés.
9. Visage d'homme de face, au sourire figé, portant un chapeau plat.
Appuie-main à la tête de fou à cagoule à crête.
10. Visage d'homme de face, aux traits renfrognés, enserré dans une cagoule à revers crenelé.
11. Visage d'homme de trois-quart, coiffé d'un chapeau complexe formant une corne autour de l'oreille.
Appuie-main à la tête de fou à cagoule à oreilles d'âne.
12. Visage d'homme de face, à casquette à revers temporaux.
Appuie-main à la tête de fou à cagoule à crête.
13. Visage d'homme de face à coiffure à revers.
14. Feuillage
L'une des jouées des stalles de gauche.
LES DEUX RANGS DE STALLES DU CÔTÉ DROIT.
Les sept miséricordes des stalles basses.
15. visage d'homme "mauresque" de face, grimaçant, enturbanné.
16. visage d'homme barbu grimaçant à coiffure fantaisiste à deux boules latérales.
17. visage d'homme de face, au nez et à la bouche tordus sur la gauche; tirant la langue. Coiffure fantaisiste à bords festonnés portant des cupules.
18. visage d'homme chauve, de face, grimaçant en montrant les dents.
19. visage d'homme de profil, moustachu, à coiffure fantaisiste à large rabat vers l'arrière s'achevant par un enroulement.
Appuie-main à la tête de fou à cagoule à cornes.
20. visage d'homme de face, dans une cagoule étroite. La figure est placée perpendiculairement à l'axe de la miséricorde.
21. visage d'homme de profil semblable à la miséricorde n°1.
Les sept miséricordes et appuie-mains des stalles hautes.
22. visage d'homme de face, coiffé d'un chapeau plat à rabat replié vers l'arrière .
23. visage d'homme de face, moustachu, aux cheveux peignés en mêches, s'achevant en arrière par deux crochets.
Appuie-main à la tête de fou à cagoule à cornes.
24. visage d'homme barbu coiffé d'un bonnet de fou aux oreilles très étroites et pointues.
25. visage d'homme au nez tordu, tirant la langue, coiffé d'un bonnet de fou aux oreilles d'âne.
26. visage d'un homme de face, aux cheveux bouclés mi longs sous un bonnet à rabats latéraux.
27. visage d'un homme de profil, barbu, coiffé d'un turban.
28. visage d'un homme de face, joufflu, aux cheveux peignés en mêches bouclées, aux oreilles très larges.
Cet article destiné à partager mes clichés est largement documenté par l'ouvrage suivant :
Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Les vitraux de la Renaissance à Chartres, Centre international du vitrail de Chartres, 2010 (pages 56 à 93 notamment).
J'ai repris (en retrait) leurs commentaires, mis en ligne sur le site suivant :
Jusqu'à la Révolution, Chartres comportait onze paroisses en plus des églises conventuelles (église Sainte-Foy, des Cordeliers, Saint-Hilaire, Saint-André, abbatiale Saint-Père-en-vallée), etc. La plupart de ces églises ont été détruites, ou leurs verrières démontées, procurant ainsi aux restaurateurs de l'église Saint-Pierre et de l'église Saint-Aignan un matériel disponible pour compléter les verres existant.
L'église Saint-Aignan aurait été fondée par saint Aignan, évêque d'Orléans vers 400, au cœur de la cité chartraine au Ve siècle. Elle fut rapidement la première paroisse de la cité : sa situation à l’intérieur des murs et sa proximité du château en font une de ses églises remarquables. Elle était la paroisse des comtes de Blois et de Chartres.
Détruite puis reconstruite aux 15e et 16e siècles, elle présente alors une architecture de style gothique.
Les vitraux les plus anciens datent du XV et XVIe siècle mais beaucoup ont été détériorés pendant le siège de Chartres en 1568, lors de la deuxième guerre de religion. Malgré ces destructions, l'édifice présente un ensemble de 20 verrières classées monuments historiques . Si elle proviennent bien de Saint-Aignan, elles ont perdu pour la plupart leur emplacement d'origine, et elles ont été complétées par des pièces de réemploi.
"Rebâtie à la fin du XIIIe siècle, détruite puis reconstruite aux XVe et XVIe siècles, l’église Saint-Aignan, ancienne paroisse du château comtal et collégiale, présente un décor vitré d’une grande richesse. Les vitraux actuellement conservés sont pour l’essentiel ceux qui lui étaient destinés mais replacés de manière anarchique vers 1823. Seules les baies 12 et 18 sont demeurées homogènes et quelques panneaux de tympans sont encore en place."
"L'église Saint-Aignan renferme vingt-et-une baies (7, 9, 11 à 15, 18, 20, 22 et 100 à 110) garnies de vitraux exécutés entre la fin du XVe siècle et 1656. C’est en 1514 que débutèrent les travaux de construction de l’église, à partir des vestiges des édifices antérieurs. La pose des vitraux historiés s’effectua probablement au moment de l’achèvement de l’église et au cours des années suivantes. L’un d’entre eux est daté de 1547, un autre de 1566. Endommagés par faits de guerre, en 1568, leur restauration se poursuivit au cours du XVIIe siècle, notamment par les soins d’un verrier, Pierre Dubois, chargé en outre de l’exécution de 14 baies hautes dans la nef (marchés passés en 1630-1634). Certaines d’entre elles ont conservé les panneaux héraldiques des différents bienfaiteurs de l’église (XVIe et XVIIe siècles). Dans les années 1634-1646, les frères Massonet, « vitriers », procédèrent à quelques restaurations dans les verrières historiées du XVIe siècle. À nouveau fortement endommagés sinon totalement brisés par la grêle, en 1724, les vitraux furent réparés par M. Hubert, « vitrier ». Les vitraux de la nef ont été mis en caisses à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle : ils furent alors remisés chez le vitrier qui les avait ôtés ou dans une dépendance du monument. Reposés vers 1823, peu après la réouverture de l'église au culte, ces vitraux ont été redistribués de manière anarchique dans neuf des fenêtres de la nef : toutes abritent aujourd'hui des verrières composites, dans lesquelles rien n’est à sa place d’origine à l’exception des baies 12 et 18, restées homogènes, et de quelques panneaux des tympans qui n’ont jamais dû être retirés (baies 11, 14, 15, 20). L'atelier Lorin, établi à Chartres, restaura les vitraux des fenêtres hautes dans les années 1890 puis en 1923, ainsi que ceux de la nef autour de 1914. Déposés en 1939, ces vitraux ont été restaurés en 1943 par François Lorin sous la direction de Jean Trouvelot, architecte en chef des Monuments historiques, puis reposés en 1948. Endommagée par un incendie, la baie 14 a été restaurée en 1976 par l'atelier Hermet-Juteau (Gatouillat et Leproux, 2010)."
J'ai placé les baies dans un ordre chronologique.
La baie 9. Dormition de la Vierge par Pierre Courtois v.1485-1490.
"Les huit scènes dispersées d’un cycle de la Dormition de la Vierge, en grande partie regroupées dans la baie 9, illustrent l’activité d’artistes étrangers à la ville. Cette verrière, réalisée vers 1485-1490, est attribuée à l’atelier du peintre-verrier Pierre Courtois, sans doute installé à Évreux, en Normandie, dont le rayonnement est déjà identifié à Bernay (Eure), Dreux (Eure-et-Loir) et jusqu’à La Ferté Bernard (Sarthe).
Dans des encadrements architecturés de style flamboyant peints en grisaille et jaune d’argent sont figurés les différents épisodes de la Dormition, depuis l’Agonie de la Vierge (en bas à gauche) jusqu’à son Couronnement par la Trinité (tympan). L’attribution de la verrière de Saint-Aignan à Pierre Courtois repose sur ce qui caractérise ses œuvres attestées, entre autres le goût des tons rompus, les carnations peintes de préférence sur verre blanc, les visages féminins à l’ovale très pur, ou l’expression mélancolique des figures christiques. Outre la finesse d’exécution, on relève certains procédés techniques délicats, à l’exemple de la scène du miracle des impies dont les mains collées sur le cercueil sont des pièces montées en chef-d’œuvre, dans le panneau des funérailles de Marie (au milieu à droite)." (Gatouillat et Leproux in Arviva)
Les auteurs comparent cette Dormition avec celle de Notre-Dame des Marais de La Ferté-Bernard, peinte par Robert Courtois, auteur en 1498 de l'Arbre de Jessé de cet église. Les vitraux réalisés par Pierre Courtois (père de Robert?) datent vers 1480.
Chacune des cinq scènes de la Dormition est encadrée par des colonnettes au fût taillé de losanges et soutenant un arc en rinceaux de tiges et de feuilles, et un phylactère décrivant la scène.
Un panneau de donation datant du XVIe siècle s'y ajoute en haut à gauche.
L'épisode est fondé sur des écrits apocryphes, comme celui du Pseudo-Jean, Sur la mort de Marie (IVe ou Ve siècle) ou La Légende dorée de Jacques de Voragine rédigée en latin entre 1261 et 1266.
Voir aussi : Petrus Christus 1457-1467 https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Mort_de_la_Vierge_(Petrus_Christus)
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
1. La Vierge alitée et mourante est entourée des apôtres. Elle est assistée d'une jeune femme (ou d'un ange, à bandeau portant une escarboucle).
Inscription COMME TOUS SALUÉRENT [...] NOSTRE DAME.
Jean est à sa gauche, tenant la palme du paradis qui lui a été remis par un ange. Pierre, précédent les autres apôtres, est agenouillé . Les draps du lit sont rouges.
L'épisode de la palme remis par un ange :
'Lorsque les apôtres se furent séparés, pour aller prêcher l’évangile aux nations, la sainte Vierge resta dans leur maison, qui était près de la montagne de Sion. Elle ne cessait point de visiter pieusement tous les lieux consacrés par son fils, c’est-à-dire ceux de son baptême, de son jeûne, de sa prière, de sa passion, de sa sépulture, de sa résurrection et de son ascension. Et Épiphane nous apprend qu’elle survécut vingt-quatre ans à l’ascension de son fils. Il ajoute que, comme la Vierge avait quinze ans lorsqu’elle mit au monde le Christ, et comme celui-ci avait passé sur cette terre trente-trois ans, elle avait donc soixante-douze ans lorsqu’elle mourut. Mais il paraît plus probable d’admettre, comme nous le lisons ailleurs, qu’elle ne survécut à son fils que douze ans, et qu’elle avait soixante ans, lors de son assomption : car l’Histoire ecclésiastique nous dit que, pendent douze ans, les apôtres prêchèrent en Judée et dans les régions voisines.
Un jour enfin, comme le désir de revoir son fils agitait très vivement la Vierge et la faisait pleurer très abondamment, voici qu’un ange entouré de lumière se présenta devant elle, la salua respectueusement comme la mère de son maître, et lui dit : « Je vous salue, Bienheureuse Marie ! Et je vous apporte ici une branche de palmier du paradis, que vous ferez porter devant votre cercueil, dans trois jours, car votre fils vous attend près de lui ! » Et Marie : « Si j’ai trouvé grâce devant tes yeux, daigne me dire ton nom ! Mais, surtout, je te demande avec instance que mes fils et frères, les apôtres, se rassemblent autour de moi, afin que je puisse les voir de mes yeux avant de mourir, et rendre mon âme à Dieu en leur présence, et être ensevelie par eux ! Et je te demande encore ceci : que mon âme, en sortant de mon corps, ne rencontre aucun méchant esprit, et échappe au pouvoir de Satan ! » Et l’ange : « Pourquoi désirez-vous savoir mon nom, qui est grand et admirable ? Mais sachez qu’aujourd’hui même tous les apôtres se réuniront ici, et que c’est en leur présence que s’exhalera votre âme ! Car celui qui, jadis, a transporté le prophète de Judée à Babylone, celui-là n’a besoin que d’un moment pour amener ici tous les apôtres. Et quant au malin esprit, qu’avez-vous à le craindre, vous qui lui avez broyé la tête sous votre pied, et l’avez dépouillé de son pouvoir ? » Cela dit, l’ange remonta au ciel ; et la palme qu’il avait apportée brillait d’une clarté extrême. C’était un rameau vert, mais avec des feuilles aussi lumineuses que l’étoile du matin.
Or, comme saint Jean prêchait à Éphèse, une nuée blanche le souleva, et le déposa au seuil de la maison de Marie. Jean frappa à la porte, entra et salua respectueusement la Vierge. Et elle, pleurant de joie : « Mon fils Jean, tu te souviens des paroles de ton maître, qui m’a recommandé à toi comme une mère, et toi à moi comme un fils. Et voici que le Seigneur me rappelle, et que je confie mon corps à ta sollicitude. Car j’ai appris que les Juifs se proposaient, dès que je serais morte, de ravir mes restes et de les brûler. Mais toi, fais porter cette palme devant mon cercueil lorsque vous conduirez mon corps au tombeau ! » Et Jean lui dit : « Oh ! comme je voudrais que tous les apôtres mes frères fussent ici, pour préparer tes funérailles, et proclamer tes louanges ! » Et, pendant qu’il disait cela, tous les apôtres, dans les lieux divers où ils prêchaient, furent soulevés par des nuées, et déposés devant la maison de Marie. Et quand ils se virent réunis là, ils se dirent, tout surpris : « Pour quel motif le Seigneur nous a-t-il rassemblés aujourd’hui ? » Alors Jean sortit vers eux, leur annonça la mort prochaine de la Vierge, et ajouta : « Prenez garde, mes frères, à ne point pleurer quand elle sera morte, de peur que le peuple en voyant vos larmes, ne soit troublé et ne se dise : « Ces gens-là prêchent aux autres la résurrection, et, eux-mêmes, ils ont peur de la mort ! » Et saint Denis, le disciple de saint Paul, dans son livre sur les Noms de Dieu, nous fait un récit analogue, ajoutant que lui aussi était là, et que la Vierge sommeillait pendant l’arrivée des apôtres." (Légende Dorée)
Nombreux bouche-trous.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
2. Les apôtres et la Vierge sont agenouillés autour du lit vide.
Les apôtres ont la tête levée et attendent la venue du Christ.
Inscription COMME TOUS CHANTÉRENT
Le dais du lit, rouge à franges dorées, recouvre la pièce, associé à des rideaux verts et une tête de lit rouge où une fleur blanche est gravée.
"Quand la Vierge vit tous les apôtres réunis, elle bénit le Seigneur et s’assit au milieu d’eux, parmi des lampes allumées. Or, vers la troisième heure de la nuit, Jésus arriva avec la légion des anges, la troupe des patriarches, l’armée des martyrs, les cohortes des confesseurs et les chœurs des vierges ; et toute cette troupe sainte, rangée devant le trône de Marie, se mit à chanter des cantiques de louanges. Puis Jésus dit : « Viens, mon élue, afin que je te place sur mon trône, car je désire t’avoir près de moi ! » Et Marie : « Seigneur, je suis prête ! » Et toute la troupe sainte chanta doucement les louanges de Marie." (Légende Dorée)
Nombreux bouche-trous dont une tête masculine sur l'épaule de la Vierge.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
3. La Dormition de la Vierge entourée des apôtres.
On reconnaît saint Jean, toujours placé à gauche et qui place la palme entre les mains de Marie. la palme et Pierre tenant le goupillon. Un autre apôtre tient le seau d'eau bénite, tandis qu'un autre encore tient une croix à longue hampe.
Inscription COM[MENT], suite non déchiffrée.
Devant saint Pierre, un personnage au fin visage tient les chaines d'un encensoir. Faut-il y voir Marie-Madeleine, célèbre pour sa beauté et son élégance et caractérisée par son lien avec les parfums ? Sa robe blanche est brodé d'or, autour du cou et sous la forme de fleurs à trois pétales.
Au coin inférieur droit, peint au trait sur verre blanc avec rehaut de jaune d'argent, deux criquets (réemploi).
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
4. Les funérailles de la Vierge.
Les apôtres, Jean en tête tenant la palme, portent le cerceuil, couvert du drap rouge.
Inscription COMME LES APOTRES PORTENT LE CORPS.
Un homme en armure d'or (tête en réemploi de Dieu le Père barbu coiffé d'une tiare à triple couronne fleurdelisée) et tenant une épée s'approche du cercueil et y pose la main. Il s'agit du "prince des prêtres" de la Légende Dorée, qui, avec d'autres Juifs, voulut s'emparer du cercueil. Les mains du prince se désséchèrent tandis que les autres Juifs étaient aveuglés.
Les deux mains blanches (dont une gantée de l'armure) sont montées en chef d'œuvre sur le verre rouge.
F. Gatouillat fait remarquer le sol en tapis de fleurs peint en grisaille et jaune d'argent sur le verre bleu.
"Attirés par la douceur de cette musique, tous les Juifs accouraient, s’informant de ce qui se passait. Quelqu’un leur dit : « C’est Marie que les disciples de Jésus portent au tombeau ! » Sur quoi les Juifs de prendre les armes et de s’exhorter l’un l’autre, en disant : « Venez, nous tuerons tous les disciples, et nous brûlerons ce corps qui a porté l’imposteur ! » Et le prince des prêtres, furieux, s’écria : « Voilà donc le tabernacle de celui qui a troublé notre race ! Et voilà les honneurs qu’on lui rend ! » Ce disant, il voulut s’approcher du cercueil pour le jeter à terre. Mais aussitôt ses deux mains se desséchèrent, et restèrent attachées au cercueil, pendant que les anges, cachés dans les nuées, aveuglaient tous les autres Juifs. Et le prince des prêtres gémissait et disait : « Saint Pierre, ne m’oublie pas dans ma peine, mais prie ton Dieu pour moi ! Rappelle-toi comment, un jour, je te suis venu en aide et t’ai excusé, quand une servante t’accusait ! »
Et Pierre lui dit : « Je n’ai pas le loisir de m’occuper de toi ; mais si tu veux croire en Jésus-Christ et en celle qui l’a enfanté, j’espère que tu pourras recouvrer la santé ! » Et le prince des prêtres : « Je crois que Jésus est le fils de Dieu et que voici sa sainte mère ! » Aussitôt ses mains se détachèrent du cercueil ; mais ses bras restaient desséchés et endoloris. Et Pierre lui dit : « Baise ce cercueil et dis que tu crois en Jésus-Christ ! » Ce qu’ayant fait, le prêtre recouvra aussitôt la santé ; et Pierre lui dit : « Prends, cette palme des mains de notre frère Jean, et pose-la sur les yeux de tes compagnons privés de la vue ; et tous ceux d’entre eux qui croiront recouvreront la vue ; mais ceux qui refuseront de croire seront privés de leur vue pour l’éternité ! »"
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
5. La mise au tombeau de la Vierge par les apôtres.
Saint Pierre bénit la défunte, en suivant sur un livre l'oraison. Saint Jean tient la palme, mais son visage a été remplacé par celui d'une tête barbue "peinte vers 1520" (Gatouillat et Leproux). L'inscription n'est que fragmentaire.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
6. Un couple de donateurs.
Ce panneau, tout comme celui, jumeau, remonté en baie 15, devait provenir d'une verrière distincte datée vers 1500-1515.
Dans une niche surbaisée à décor arborescent, un couple de donateurs est suivi de ses six enfants. Le mari, suivi de deux fils, est présenté par saint Jacques le Majeur, la femme suivie de quatre filles, par un saint archevêque.
Saint Jacques s'identifie son visage barbu, par son chapeau frappé d'une coquille, par sa besace elle aussi frappée d'une coquille, et par son bourdon.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
7. Le tympan en quadrilobe : le couronnement de la Vierge par la Trinité.
C'est la scène qui achève le cycle de la Dormition. "La tête du Christ, au nimbe orné de rais terminés en fleur de lys, est caractéristique du style de Pierre Courtois." (Gatouillat et Leproux).
Les écoinçons renferment deux anges en grisaille et jaune d'argent sur fond bleu, datés vers 1500-1515 et réalisés sur le même carton que la baie 7 : ils occupent sans doute à leur place d'origine.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 15. Dormition de la Vierge par Pierre Courtois v.1485-1490 (suite) et panneaux de différentes origines et époques.
"Le « désordre » du vitrage de Saint-Aignan reflète l’histoire mouvementée de l’église : vendue en 1792 à l’architecte voyer Laurent Morin, elle abrita un hôpital militaire, puis servit de grange à foin avant d’être restituée à la ville en décembre 1822 pour être rouverte au culte. Pendant cette période les vitraux de l’étage inférieur avaient été déposés et conservés en caisses. Le vitrier chargé de regarnir les fenêtres de la nef n’eut qu’à puiser dans ce stock, ce qui n’exclut pas qu’il ait pu introduire en complément quelques morceaux étrangers à Saint-Aignan. Les panneaux remployés furent alors restaurés en comblant les manques par des bouche-trous retaillés dans d’autres vitraux, à l’image de la baie 15, recomposée vers 1893 à l’aide de morceaux auparavant dispersés" arviva.univer-Tours
"L’ensemble des lancettes de la baie 15 a été recomposé vers 1893 par l’atelier Lorin de Chartres, à l’aide de morceaux auparavant dispersés, deux d’entre eux, le buste de saint Jean et la scène relative à sainte Catherine, étant probablement étrangers à l’église. Tandis que le tympan et les quatre panneaux du registre supérieur proviennent de plusieurs verrières narratives exécutées entre 1485 et 1510, le soubassement de la baie présente les restes des compositions héraldiques des fenêtres hautes de l’église, réalisées vers 1625-1630." arviva.univer-Tours
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
1 et 2. branches de lauriers entrecoupées , cadre ornemental provenant des fenêtres hautes (vers 1625-1630).
Les branches de laurier sont teintées d'émaux rouge et bleus.
Panneau 1.
L'écu est remplacé par un panneau civil du XVIIe siècle où quatre anges (jaune d'argent, grisaille et émail bleu) sont en adoration devant un reliquaire d'or en forme de chapelle.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Panneau 2 :
Le champ de l'écu est occupé par un rondel figurant sainte Marguerite issant du dragon (grisaille et jaune d'argent, vers 1500) au dessus d'un autre panneau civil rectangulaire du XVIIe siècle représentant sainte Catherine, dont on voit la roue et l'épée, la jupe bleue, et le buste du roi à ses pieds.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
3. Sainte Catherine dans sa prison. Vers 1510-1520.
La sainte, nue mais assistée par deux anges, convertit l'impératrice, femme de Maxence, et Porphyre, capitaine des gardes.
La scène est tirée d'une suite narrative provenant d'un autre édifice chartrain.
Les deux visages féminins sont très ronds. L'impératrice porte sur la tête une coiffe comme en portait Anne de Bretagne à la même époque, et un manteau rouge à manches larges et fourrées. Porphyre porte un bonnet rouge, tout à fait Renaissance, et qui devait être orné d'un plumet.
Les vitraux du XVIe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
4. Scène de la Dormition. 1485-1490.
"À gauche, deux apôtres assis, l’un muni d’un livre, proviennent d’une des scènes du cycle de la Dormition de la Vierge exécuté en 1485-1490 ; leurs têtes, aux carnations réchauffées, sont des exemples de la restauration subie par la verrière vers 1520. À droite, saint Jean l’Évangéliste tient la coupe empoisonnée, son attribut habituel ; la figure, dont le buste est seul conservé, patronnait probablement des donateurs ; elle pouvait appartenir à un vitrail d’une autre église. Fin du XVe siècle. Comme le panneau 3, ces deux éléments servaient de bouche-trou dans une baie de l’étage supérieur avant 1850.
Remontés au-dessous d’eux et à l’extrême droite, on reconnaît deux fragments de la verrière du Jugement dernier déjà signalée dans les baies 13 et 14 : un ange porte une âme devant la tour du paradis, un autre sonne la résurrection des morts. Vers 1500-1510." https://www.arviva.univ-tours.fr/oeuvre/641
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
5. Un couple de donateurs et ses onze enfants présentés par saint Jacques Le Majeur et un saint évêque.
"Un couple de donateurs, avec ses onze enfants, est présenté par un saint évêque et saint Jacques le Majeur, identifiable par les insignes des pèlerins ; la tête de ce dernier est perdue, comme celle du père de famille, remplacée par une autre. Le panneau, utilisé en baie 7 avant 1893, est similaire à celui décrit en baie 9. L’arc supérieur est rogné, mais l’amorce du culot de l’encadrement est conservée d’un côté. Vers 1500-1515." https://www.arviva.univ-tours.fr/oeuvre/641
Ce sont les mêmes donateurs que pour la scène homologue aujourd'hui en baie 9 (cf). Le chapeau de Jacques Le Majeur, seul indice d'identification avec la barbe longue et le bourdon, est peint de façon très réaliste, puisqu'il porte non seulement la coquillle des pèlerins, mais aussi un bourdonnet, et une image de pèlerinage (un visage vu de face).
Le donateur, mains jointes, visage remplacé par un réemploi, porte une robe rouge-pourpre recouvert par un manteau gris, plissé, aux manches fendues et doublées de fourrures. Il pourrait s'agir d'un marchand.
Derrière lui viennent ses cinq fils, portant le même manteau.
L'épouse porte une coiffe dont le voile, formant un cornet vers l'arrière, débute par deux ailes couvrant les tempes et les joues. Elle est vêtue d'un manteau du rouge le plus vif, au décolleté en V et aux manches à larges revers. Son front et ses sourcils sont épilés. Ses yeux sont en amande, mais ce terme est trop vague pour désigner leurs formes en croissant effilé . La bouche est pulpeuse.
Les filles, plus grandes que les fils, portent une coiffe semblable à celle de leur mère, et un manteau, de couleur verte ou bleue.
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
6. Un des panneaux de la Dormition de Pierre Courtois v. 1485-1490.
"L’encadrement de colonnettes à décor losangé permet de reconnaître dans cette scène un des panneaux du cycle de la Dormition de la Vierge attribué à Pierre Courtois, bien qu’elle soit devenue confuse en raison des bouche-trous qui altèrent toute la partie centrale.
Parmi les pièces d’origine, on distingue, à gauche, des objets d’orfèvrerie posés sur une table, et à droite, deux têtes féminines – la Vierge et une suivante ? –, ainsi que quelques fragments de drapés. Ce sujet, décrit comme « trois saintes femmes » en 1850 et 1860, était alors placé en baie 7. Vers 1485-1490." https://www.arviva.univ-tours.fr/oeuvre/641
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
7. Le tympan : miracle de saint Sébastien.
"Cette scène de la vie de saint Sébastien, restée à sa place initiale, est la seule rescapée du cycle qui remplissait toute cette fenêtre. D’après la Légende dorée, saint Sébastien procède ici à la guérison du préfet de Rome Chromace, en présence du fils de celui-ci, Tiburce, et de Polycarpe. La scène serait intacte sans les plombs de casse qui y ont été introduits. Vers 1515-1520.
Écoinçons : les putti peints en grisaille et jaune d’argent sur fond bleu sont probablement en place. Vers 1515-1520." (Gatouillat et Leproux)
Sur cette scène d'une coloration raffinée, Sébastien, le fameux capitaine de la garde prétorienne de Dioclétien, un bel éphèbe blond, est coiffé d'une toque à quatre plumes blanches, tandis que le préfet porte un turban rouge constellé de bijoux. Des pots en étain sont rangés sur une étagère, et à gauche une main en gros plan tend une coupe : nous sommes à l'intérieur d'une chambre. Les deux hommes se serrent les mains, chacun avançant la jambe vers son interlocuteur. À droite, un homme (Tiburce?) porte une boîte rectangulaire.
Je consulte le texte de la Légende Dorée : il y est fait mention d'une chambre d'astronomie :
"Et le vieux Tranquillin, qui était atteint d’une maladie grave, guérit dès qu’il fut baptisé. Ce qu’apprenant le préfet de la ville de Rome [Chromace], qui était lui-même très malade, demanda à Tranquillin de lui amener l’homme qui l’avait guéri. Et quand le vieillard lui eut amené Sébastien et Polycarpe, il les pria de lui rendre la santé. Mais Sébastien lui dit qu’il ne guérirait que s’il permettait à Polycarpe et à lui de briser en sa présence les idoles des dieux. Et, le préfet Chromace ayant fini par y consentir, les deux saints brisèrent plus de deux cents idoles. Puis ils dirent à Chromace : « Puisque l’acte que nous venons de faire ne t’a pas rendu la santé, c’est donc que, ou bien tu n’as pas encore abjuré tes erreurs, ou bien que tu gardes debout quelque autre idole ! » Alors il avoua qu’il possédait, dans sa maison, une chambre où était représenté tout le système des étoiles, et qui lui permettait de prévoir l’avenir : ajoutant que son père avait dépensé plus de deux cents livres d’or pour l’installation de cette chambre. Et saint Sébastien : « Aussi longtemps que cette chambre ne sera pas détruite, tu ne retrouveras pas la santé ! » Et Chromace consentit à ce qu’elle fût détruite. Mais son fils Tiburce, jeune homme des plus remarquables, s’écria : « Je ne souffrirai pas que l’on détruise impunément une œuvre aussi magnifique ! Mais comme, d’autre part, je souhaite de tout mon cœur le retour de mon père à la santé, je propose que l’on chauffe deux fours, et que, si après la destruction de cette chambre mon père ne guérit pas, les deux chrétiens soient brûlés vifs ! » Et Sébastien : « Qu’il en soit fait comme tu as dit ! » Et pendant qu’il brisait la chambre magique, un ange apparut au préfet et lui annonça, que le Seigneur Jésus lui avait rendu la santé. Alors le préfet et son fils Tiburce et quatre mille personnes de sa maison reçurent le baptême. Et Zoé, qui s’était convertie la première, fut prise par les infidèles et mourut après de longues tortures ; ce qu’apprenant le vieux Tranquillin s’écria : « Voici que les femmes nous devancent au martyre ! » Et lui-même fut lapidé peu de jours après."
Les vitraux du XVe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 11. Quatre saints évêques, vers 1515-1530.
H = 3 m-L = 1,10 m."Les deux lancettes abritent quatre saints évêques en pied provenant de verrières différentes, complétées par de nombreux bouche-trous. Lesencadrements architecturaux en arc surbaissé indiquent les premières décénnies du XVIe siècle. La baie 11 est constituée de deux lancettes trilobées, divisées en deux registres, surmontées d'un tympan à trois ajours."
Les vitraux du XVIe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
1. Saint Martin de Tours.
"Saint Martin, archevêque de Tours, identifié par l’inscription portée au centre de l’arc supérieur de sa niche, se tient dans un édicule tendu de damas, muni d’un livre et de la croix archiépiscopale. Sa chape est enrichie d’un galon rouge gravé, technique également employée pour le nimbe. Dans la partie inférieure perturbée de bouche-trous, on discerne le contour d’un écu. Vers 1515-1520." https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/637
Sur le verre rouge gravé (verre rouge plaqué à un verre blanc, et gravé à l'acide ou à la molette), lire Roger Barrié :
Le galon est gravé de points blancs, le nimbe est cerclé d'un trait blanc.
La niche est tendue d'un drap d'honneur bleu damassé et bordé d'or comme dans une chapelle seigneuriale sous quatre baies cointrées à verrières losangées.
Le motif du damas du manteau doublé de soie verte s'apparente à un ananas au centre d'un cercle flammé.
Les vitraux du XVIe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
2. Saint Denis, évêque de Paris.
"Saint-Denis, soutenu par deux anges, tient dans ses mains sa tête tranchée ; un paysage apparaît au fond. La chape faite de verres rouges gravés a été partiellement remplacée. L’encadrement, un arc orné de médaillons à l’antique, est en revanche resté presque intact. Le nom du saint est inscrit sur un phylactère placé en bas à gauche. Vers 1520-1530." https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/637
Les vitraux du XVIe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
3. Saint Nicolas de Myre.
"identifiable grâce à la représentation des trois enfants qu’il a ressuscités, il protège un clerc donateur, agenouillé à gauche sur un sol carrelé teinté de jaune d’argent. Le panneau a subi maintes altérations : le saint est défiguré par une restauration, et la tenture du fond est constituée de bouche-trous. Mais sa qualité transparaît dans la souplesse du drapé de la chape bleue bordée de jaune d’argent. Vers 1515-1520.
Tête de lancettes : un sommet de dais gothique sur fond rouge abrite le haut d’un paysage peint sur verre bleu clair. Premier quart du XVIe siècle. "
On retrouve la présentation du saint dans une chapelle à verrière cintrées, tendue d'un drap d'honneur rouge à galon doré.
Le clerc donateur porte un manteau plissé blanc à larges manches sur une robe rouge.
Les trois enfants sauvés par saint Nicolas sortent du saloir, mains jointes.
Une belle pièce de réemploi en grisaille et jaune d'argent sur verre blanc montre une jeune femme (Grâce?) parmi des rinceaux perlés où est suspendue une clochette.
Les vitraux du XVIe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux du XVIe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
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4. Saint Aignan, évêque de Chartres.
"Il se tient dans un paysage où se voit, selon Métais, le château de Vauventriers, celui de sa famille. Il est nommé sur une inscription placée en bas à gauche : Ygnen. Le panneau, quasiment intact, provient d’une verrière du bas-côté sud offerte par le chapitre de l’église, qui portait la date de 1518."
Tête de lancette : un fragment de dais Renaissance, rapporté, est orné de putti tenant des guirlandes de perles. Premier quart du XVIe siècle. "
Les vitraux du XVIe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
7. Tympan, quadrilobe Premier quart du XVIe siècle : la Trinité souffrante.
"La Trinité souffrante apparaît dans une gloire ovoïde, entourée d’une nuée d’anges peints sur fond bleu-gris. Dieu le Père, coiffé de la triple couronne, tient devant lui le Christ en croix, la colombe du Saint-Esprit étant figurée devant sa barbe. Ce panneau bien conservé est demeuré à sa place initiale.
Écoinçons : deux anges, revêtus de dalmatiques colorées, sont tirés du même carton retourné. Comme le précédent, les deux panneaux paraissent en place. Premier quart du XVIe siècle." (Notice extraite de : Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Les vitraux de la Renaissance à Chartres, Chartres, Centre international du Vitrail, 2010, p. 72).
Les vitraux du XVIe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux du XVIe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 13. Adam et Ève ; Vie de saint Denis ; Vie de sainte Barbe ..., vers 1500, 1520 et 1656.
"La baie 13 est constituée d'une lancette divisée en trois registres : I. Partie rectiligne de la fenêtre : des panneaux originaires de trois verrières distinctes se trouvent ici regroupés, deux provenant de l’histoire de saint Denis, deux autres de celle de sainte Barbe, et deux éléments de l’Expulsion du paradis."
Les vitraux du XVIe siècle de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
1 L’ange chasse Adam et Ève du paradis. Jean Chastellain, v. 1520
2. Adam et Éve expulsé du paradis, Jean Vacher 1656.
"1. l'ange est environné de phylactères édictant la condamnation divine (Genèse 3, 1 6-19) : MULTIPLICABO […] MALEDICTA EX EA […] Ce fragment, attribuable au parisien Jean Chastellain, est le panneau supérieur gauche de la scène qui occupait initialement le bas des lancettes de la baie nord de la chapelle de la Vierge. Vers 1520. La tête de l’ange, interpolée, est une pièce tirée d’un vitrail du milieu du XVIe siècle.
2. Adam et Ève quittent le paradis. Cette portion de scène, complément du panneau 1, est une réfection du milieu du XVIIe siècle, peinte sur fond d’émaux bleus et violets, aujourd’hui écaillés."
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Éve, par Jean Vacher 1656.
Les vitraux de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Inscription de restauration.
"Au-dessus de ce panneau et du précédent, se lit l’inscription qui soulignait la scène du registre supérieur de la verrière, relative aux Litanies de la Vierge : QUAE EST ISTA QUAE PROGREDITUR UT AURORA CONSURGENS […] ELECTA UT SOL […] UT CASTRORUM ACIE […], et la référence du Cantique des Cantiques, suivie de la date de [16]56 et de la signature de Jean Vacher, le peintre-verrier auteur de cette restauration."
La référence du Cantique des Cantiques 6:9 est :
Quae est ista quae progreditur quasi aurora consurgens, pulchra ut luna, electa ut sol, terribilis ut castrorum acies ordinata? Canticum Canticorum 6:9 "Une seule est ma colombe, ma parfaite; Elle est l'unique de sa mère, La préférée de celle qui lui donna le jour. Les jeunes filles la voient, et la disent heureuse; Les reines et les concubines aussi, et elles la louent."
Les vitraux de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
3. Saint Denis comparaît devant le préfet Fescennius assis sur un trône.
"Le saint a les mains entravées de cordes que tient le soldat qui le suit ; Rustique et Eleuthère, figurés à l’arrière-plan, attendent leur jugement. Les débris du commentaire […] RUSTIQUE ET […] FURENT AMENEZ […] sont complétés des fragments d’une autre inscription. Vers 1515-1520."
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
4. Sainte Barbe s’apprête à subir le martyre.
"Dans un paysage rocheux, le père de la sainte, richement vêtu d’un manteau damassé doublé d’hermine, la menace de son sabre ; à droite, la représentation de la sainte, altérée par diverses interpolations, laisse à peine deviner qu’elle tournait le dos, agenouillée en prière. Le début de l’inscription est conservé : COMMENT SON PERE LA VEULT [OCCIRE]. Vers 1515-1520."
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5. Saint Denis et ses compagnons.
"La dernière communion de saint Denis et de ses compagnons, les diacres Rustique et Eleuthère, dans leur prison, leur est administrée par le Christ suivi d’un ange. Des bouche-trous ont remplacé la tête du Christ et une partie de la tunique de l’ange. Sur l’inscription en partie conservée se déchiffre […] EN LA CHARTRE LUI DONNA MESSIRE […]. Vers 1515-1520."
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6. Sainte Barbe, emprisonnée, reçoit les consolations du Christ.
"La scène est bien conservée, mais l’inscription, soulignant la représentation comme dans la légende de saint Denis, a presque disparu : COMMENT NOTRE [SEIGNEUR…]. Vers 1515-1520."
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Amortissement : 7 et 8.
"L’ensemble est composé de bouche-trous divers, parmi lesquels plusieurs fragments d’une cour céleste, petits personnages peints en grisaille rousse et jaune d’argent, provenant de la verrière d’une Jugement dernier dont on reconnaît d’autres éléments en baies 14 et 15. Vers 1500-1510. D’autres fragments sont teintés d’émaux, notamment des portions de bordures du XVIIe siècle intégrant deux écus armoriés, sans doute originaires des fenêtres hautes (1625-1630).
L’écu de gauche est parti des familles Chouayne, d’azur à deux épées d’argent gainées d’or posées en sautoir, cantonnées de quatre croissants d’or, et Symon, d’azur au chevron d’argent accompagné de trois cygnes becqués et membrés de sable.
L’écu de droite, d’azur fascé d’argent, accompagné en chef de trois coquilles d’argent, et en pointe d’une étoile d’or, est celui des Lebeau, qui possédaient la chapelle éclairée par la baie 7, et qui ont laissé d’autres marques de leur contribution au vitrage de l’étage supérieur, l’une en baie 106, l’autre maintenant remployée en baie 22."
(Notice extraite de : Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Les vitraux de la Renaissance à Chartres, Chartres, Centre international du Vitrail, 2010, p. 76).
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
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La baie 14. Parenté de la Vierge v.1500-1520.
"La fenêtre est celle de la chapelle octroyée en 1504 à Regnault de Gyvès, prévôt de Chartres; sa verrière est conservée en grande partie à son emplacement initial, y compris les panneaux des têtes de lancettes et ceux du tympan.
Lancettes : restées à leur place d’origine dans la partie supérieure, quatre scènes encadrées d’architectures mêlant les vocabulaires flamboyant et Renaissance illustrent la Parenté de la Vierge (nos 3 à 6) ; l’une figure sainte Anne, les autres ses trois filles avec leurs familles, les soeurs de la Vierge ayant pour progéniture six des futurs apôtres. La partie inférieure a été complétée de scènes provenant de deux autres verrières. " Gatouillat et Leproux, https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/640
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
1. Légende de saint Denis.
"Cette scène du début de la légende de saint Denis provient de la même verrière que celles remontées en baie 13. Elle représente l’autel du Dieu inconnu érigé dans un temple d’Athènes (une inscription précise : DEO IGNOTO), devant lequel vient prier un aveugle que guérit Denis l’Aréopagite sur ordre de saint Paul. Ce dernier est rendu méconnaissable par le bouche-trou qui remplace sa tête. Vers 1515-1520. " Gatouillat et Leproux, https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/640
Sauint Denis porte la tenue des docteurs en théologie médiéval, avec le bonnet carré , la robe rouge, le camail et la fourrure d'hermines. L'aveugle montre les signes de son indigence : couvre-chef, tunique trouée, culotte mal ajustée par une pauvre ceinture, chausses trouées au genou, gamelle de mendicité, et husseaux.
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2. Jugement dernier.
"Le panneau appartient à la verrière du Jugement dernier signalée en baie 13. Il figure la résurrection des morts, une âme assistée d’un ange quittant le plateau de la balance que tenait saint Michel – jadis figuré à droite –, et les élus se pressant au seuil de la tour d’or qui commande l’entrée du Paradis, gardée par saint Pierre, dont la tête est une réfection du XVIIe siècle. La scène est peinte en camaïeu de grisaille rousse et de jaune d’argent, avec quelques pièces de verres de couleurs. Des bouche-trous l’élargissent du côté gauche. Vers 1500-1510." Gatouillat et Leproux, https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/640
À droite, un homme sort de son tombeau, mains jointes, regard tourné vers les cieux.
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3. Marie Jacobé, Alphée et leurs quatre fils.
"Marie Jacobé, coiffée d’un volumineux atour de tête à la mode germanique, et son époux Alphée sont assis dans une cathèdre, leurs quatre enfants, les saints Jude, Joseph le Juste, Simon et Jacques le Mineur, se tenant debout devant eux. La scène est presque intacte. Vers 1505-1510." Gatouillat et Leproux
Le premier enfant tient un livre ouvert, le deuxième (saint Joseph le Juste ou Joseph Barsabas ?) porte un un écritoire glissé dans sa ceinture ; Jacques le Mineur se reconnaît à son bâton de foulon, instrument de son supplice.
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4. Marie Salomé, Zébédé et leurs deux fils.
"Marie Salomé et son époux Zébédée se tiennent derrière leurs fils, saint Jean et saint Jacques le Majeur, munis de leurs attributs habituels. La scène comprend des bouche-trous et des restaurations, notamment dans la partie supérieure. Vers 1505-1510." Gatouillat et Leproux
Zébédée porte une aumônière à la ceinture. Saint Jean l'évangéliste bénit la coupe de poison (un dragon ailé) afin de la boire sans danger et de témoignenr de la puissance de son Dieu. Jacques Le Majeur se reconnaît à son chapeau, à sa besace et à son bourdon.
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
5. La Vierge filant.
"La Vierge file la laine près du berceau de Jésus veillé par un ange, et saint Joseph travaille le bois, des anges recueillant les copeaux. On retrouve dans ce panneau peu altéré chacune des figures du Séjour de la Sainte Famille en Égypte d’Albrecht Dürer, y compris des détails tels que la couronne dont est coiffé l’ange de droite. Vers 1505-1510." Gatouillat et Leproux https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/640
Albrecht Dürer, Le séjour de la Sainte Famille en Égypte, de La Vie de la Vierge, vers 1504.
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
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6. Sainte Anne, Joachim et la Vierge enfant.
"Sainte Anne, Joachim et la Vierge enfant sont tous trois assis, occupés à lire dans une salle au décor Renaissance ouverte sur un paysage. Le panneau est bien conservé. Vers 1505-1510.
Têtes de lancettes : 7 et 8. Sur fond rouge, un entablement supporte des anges assis autour de vases godronnés, panneaux demeurés à leur place primitive ; vers 1505-1510.
Le sommet est complété de bouche-trous, parmi lesquels deux écus du XVIe siècle aux meubles mis en plombs, l’un, d’azur à trois fasces ondées d’argent, identifié comme celui de la famille Bouffineau, l’autre de gueules à deux fasces d’or, peut-être celui de la famille d’Harcourt, placé sous un fragment du précédent remonté de biais."Gatouillat et Leproux https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/640
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
7 et 8 Têtes de lancettes.
"Sur fond rouge, un entablement supporte des anges assis autour de vases godronnés, panneaux demeurés à leur place primitive ; vers 1505-1510.
Le sommet est complété de bouche-trous, parmi lesquels deux écus du XVIe siècle aux meubles mis en plombs, l’un, d’azur à trois fasces ondées d’argent, identifié comme celui de la famille Bouffineau, l’autre de gueules à deux fasces d’or, peut-être celui de la famille d’Harcourt, placé sous un fragment du précédent remonté de biais."Gatouillat et Leproux https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/640
"Les familles de la haute bourgeoisie charlraine donnèrent de nombreux lévites a l'église pendant l'épiscopal d'Erard de la Marck. Nous citerons parmi eux Michel de Champrond, [...] Claude Grenet, Charles Bouffineau, Guillaume Poussemotte, Sébastien Grenet." https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56057220.texte.r=.ngFR
Les Bouffineau furent marchands de sel à Chartres.
Tympan.
"Tympan, ajour principal : 9. Dieu le Père apparaît en buste dans une gloire d’or, portant la couronne fermée ; il tient le globe d’une main et bénit de l’autre. De part et d’autre, deux anges tiennent des phylactères exaltant la généalogie de la Vierge d’après le prophète Isaïe : EGREDITUR VIRGA DE RADICE IESSE. Le panneau serait intact sans le trou qui a fait perdre la tête de l’ange de gauche. Vers 1505-1510.
Écoinçons : deux anges jouent de la viole ; le style de ces figures, traitées en grisaille et jaune d’argent à l’exception de leurs ailes, s’accorde à celui des panneaux de la Sainte Parenté. Vers 1505-1510." Gatouillat et Leproux, https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/640
(Notice extraite de : Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Les vitraux de la Renaissance à Chartres, Chartres, Centre international du Vitrail, 2010, p. 78).
La citation Egredietur virga de radice Iesse, (et flos de radice ejus ascende) est souvent associée aux verrières mariales ou aux Arbres de Jessé. Elle signifie : "Un rameau poussera sur la racine de Jessé, un rejeton naîtra de ses racines, et portera du fruit" et est lu comme une annonce de la naissance de Jésus.
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 18. Apparitions du Christ à saint Pierre et à saint Paul. Jean Jouan, Jean Cousin v. 1540.
"Cette verrière, consacrée aux apparitions du Christ à saint Pierre et à saint Paul après sa Résurrection, paraît ne pas avoir subi beaucoup de modifications et pourrait être encore à son emplacement d’origine, les bordures du registre supérieur épousant parfaitement la forme de la baie. Elle est constituée de deux scènes superposées dont les modèles ont certainement été commandés au peintre parisien Jean Cousin dans les années 1540 : l’inventivité et l’élégance du répertoire décoratif, la complication et l’amplitude des drapés, les physionomies des protagonistes, le dessin des mains et les paysages à l’antique sont en effet caractéristiques du style de l’artiste. De plus, de nombreux éléments de la Conversion de saint Paul se retrouvent dans une gravure attribuée à Cousin par Henri Zerner. Une autre version a été par la suite gravée par Delaune.
Selon Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, la facture de la verrière est semblable à celle du vitrail de Saint Michel combattant les anges rebelles dans la même église (baie 12) et à celle des panneaux de la Vie de la Vierge de Saint-Pierre de Chartres (Chartres, Center international du Vitrail), attribués au peintre-verrier Jean Jouan."
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
1. Domine quo vadis ?
"Cet épisode de la vie de saint Pierre, qui ne figure pas dans les Actes des apôtres, semble d’invention tardive. Il est rapporté par saint Ambroise et repris par Jacques de Voragine dans la Légende dorée : fuyant les persécutions de Néron, l’apôtre cherche à quitter Rome par la voie Appienne, lorsqu’il voit apparaître Jésus portant sa Croix. Il lui demande : « Seigneur, où vas-tu ? » (DOMINE, QUO VADIS ?). Le Christ lui répond : « À Rome, pour me faire crucifier une seconde fois » (ROMAM EO ITERUM CRUCIFIGI). Honteux, Pierre retourne dans la ville subir le martyre. C’est ce dialogue, en latin, qui figure sur le cartouche placé au bas de la scène, dont la partie gauche a disparu.
L’encadrement, très plastique, est constitué de motifs de « cuirs » découpés, inspirés de ceux conçus par Rosso pour la Galerie François Ier de Fontainebleau et diffusés par des graveurs comme Antonio Fantuzzi ou Jean Mignon. Cependant, on ne relève aucune copie directe, l’ensemble étant savamment réinterprété par un artiste visiblement à l’aise dans ce répertoire.
Deux écus sont figurés dans les écoinçons de la partie supérieure. Les armoiries, traditionnellement associées à la famille Godeffroy, sont plus vraisemblablement celles de François Arroust, prévôt de Chartres de 1540 à 1547, et de sa femme Catherine Michon. La moitié droite de l’écu écartelé est restaurée." https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/642
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
2. La Conversion de saint Paul
"Saül, Juif hellénisé servant dans l’armée romaine, se rendait à Damas pour pourchasser les disciples du Christ, lorsqu’il fut aveuglé par une vive lumière qui le fit chuter de cheval. Il entendit alors une voix lui disant « Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ? ». Il se convertit et prit le nom de Paul. La scène prend place dans un encadrement tout aussi recherché que celui de la partie inférieure, quoique de structure différente, puisé à des sources de même origine interprétées avec autant de science : deux termes supportent un arc brisé orné d’une frise de rinceaux et de bucrânes qui épouse la forme de la baie. On note quelques restaurations, notamment la tête de l’un des soldats, et un emploi d’émail bleu plus abondant que dans le registre inférieur, où il se limitait à la couronne d’épines du Christ et à son voisinage. On en trouve en particulier pour le harnachement de l’un des chevaux et les guêtres de son cavalier. L’une des pièces présente même la particularité d’être peinte à l’émail bleu sur un verre de même couleur. En revanche, les paysages peints sur verre bleu sont traités de façon similaire dans les deux scènes."
(Notice extraite de : Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Les vitraux de la Renaissance à Chartres, Chartres, Centre international du Vitrail, 2010, p. 51 et 82).
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 12. Saint Michel combattant les anges rebelles. Jean Jouan, 1547.
"Cette verrière, demeurée quasiment entière, est à son emplacement d’origine. Elle fut commandée au peintre-verrier Jean Jouan par la famille Grenet, titulaire de la chapelle, et fut posée en avril 1547.
Le sujet, le combat victorieux de l’archange saint Michel et des armées célestes contre Lucifer et les anges rebelles, est tiré de l’Apocalypse : « Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon […] Le grand dragon appelé Satan fut précipité sur la terre et ses anges furent précipités avec lui. » (Apocalypse, 1 2, 7). Le choix de cet épisode revient probablement à l’un des membres de la famille, l’avocat Michel Grenet qui, dans son testament rédigé quelques mois plus tard, demanda qu’une statue de son protecteur soit placée sur l’autel.
Saint Michel vêtu d’une armure étincelante, accompagné de deux anges, précipite Lucifer et d’autres démons dans les flammes de l’enfer.L’artiste possédait probablement la planche correspondante del’Apocalypse de Dürer, ainsi que la gravure de Jean Mignon sur le même sujet (Zerner, JM 50), mais ses emprunts à l’une comme à l’autre sont très ponctuels.
On sait aussi que le peintre-verrier Pierre Massonnet restaura la verrière en 1650. La tête de l’ange de gauche est une réfection de Charles Lorin en 1914, tandis que celle de l’ange de droite porte les traces d’une intervention plus ancienne, remontant probablement au XIXe siècle."
(Notice extraite de : Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Les vitraux de la Renaissance à Chartres, Chartres, Centre international du Vitrail, 2010, p. 74). https://arviva.univ-tours.fr/oeuvre/638
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux Renaissance de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Le tympan : Dieu le Père.
"Au sommet, dans une nuée peuplée de chérubins, Dieu le Père assiste au combat, entouré par deux angelots tirant des flèches."
Les vitraux de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Le soubassement.
"Le soubassement, orné d’un grand cartouche et de serviettes, comporte des éléments insérés postérieurement. Il s’agit, au centre, d’un petit panneau carré peint à la grisaille, au jaune d’argent et à l’émail bleu, représentant une femme assise tenant un livre et, à droite, d’un écu dont les armes, d’azur au chevron d’argent accompagné de deux croix potencées d’or et, en pointe, d’une feuille de chêne de même, sont celles des Challine, descendants des Grenet et possesseurs de la chapelle à partir de la fin du XVIe siècle. Ces modifications pourraient être consécutives à des dégâts survenus pendant le siège de 1568."
Les vitraux de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les vitraux anciens de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Les fenêtres hautes.
"Trente-trois fenêtres en plein cintre éclairent l'étage supérieur de l'église, les cinq du rond-point étant suivies de deux baies par travées."La baie 100, dans l'axe et ses voisines de part et d'autre regroupent les restes des armoiries et des emblèmes de ceux qui ont contribué à la réalisation de ces verrières blanches à bordures teintées d'émaux, menée en deux temps, en 1625 dans le chœur et vers 1630 dans la nef. Les panneaux, tous peints en grisaille, jaune d'argent et émaux, ont été redistribués tels qu'on les voit aujourd'hui à l’occasion de la restauration de ces fenêtres survenues vers 1895. Les doubles filets qui cernent chaque baie furent alors réalisés à partir des débris des anciennes bordures." (Notice extraite de : Françoise Gatouillat et Guy-Michel Leproux, Les vitraux de la Renaissance à Chartres, Chartres, Centre international du Vitrail, 2010, p. 51 et 82).
Les fenêtres hautes de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 100.
"Ecu d'azur ouvert en chevron surmonté d'une crossette d'or accompagné de trois épis de blé."
Les fenêtres hautes de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 103.
Cet écu de sable au ciboire d'or est peut-être l'emblème d'une confrérie.
Les fenêtres hautes de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 105.
Ecu d'argent à la fontaine jaillissante d'or.
Les fenêtres hautes de l'église Saint-Aignan de Chartres. Cliché lavieb-aile 2025.
Baie 107.
Écu au monogramme sur fond d'argent incluant peut-être les lettres A, V, B, R, et F.
Il évoque les marques des imprimeurs et des libraires, mais aussi des verriers de la cathédrale de Troyes à la fin du XVe siècle.
Marque de la baie 132 (par le verrier Pierre, 1499) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.
— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858,Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.
Les 13 vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Les fragments du milieu du XVe siècle (baies 3 et 9). Les 11 vitraux des Litanies de la Vierge de Max Ingrand en 1954-56.
L'enclos du Grouanec comprend l'église et son ossuaire d'attache, sa fontaine de dévotion, et son enclos à porte triomphale, et un calvaire de 1761 tandis que l'ancien calvaire a été déplacé au centre du cimetière.
La nef, le chœur (séparé de la nef par un arc diaphane) et l'aile nord de l'église paroissiale du Grouanec datent, selon P.F. Brouc'h, du milieu du XIVe siècle, près du manoir des Coatquénan. La statue en kersanton de Notre-Dame-du- Grouanec (une Vierge à l'Enfant assise) date de cette époque.
Les baies gothiques rayonnant/flamboyant (avant 1500) reçoivent des verrières au milieu du XVe siècle (maîtresse-vitre avec rosace).
Au début du XVIe siècle (v. 1503), le chœur fut agrandie au sud par une chapelle dédiée à saint Fiacre (où la famille Le Nobletz de Kerodern avait ses prééminences), et le porche fut élevé par la famille de Boutteville, nouveaux seigneurs de Coatquénan, qui y placent leurs armes. De cette époque datent les statues de saint Antoine, de saint Roch, et le calvaire de 1505 —déplacé au centre du cimetière— .
Puis, durant "l'âge d'or" des Enclos paroissiaux du Léon, furent ajoutés l'ossuaire d'attache, le maître-autel, la fontaine de dévotion (1604)
Carte IGN annotée
Carte de Cassini, annotée fin XVIIIe s.
1°) Les fragments anciens (d'après Gatouillat et Hérold).
L'édifice médiéval a été augmenté en 1503 de la chapelle bâtie au sud du chœur. Il était autrefois pourvu de plusieurs verrières dont l'entretien est attesté par de nombreuses archives : en 1689-1690, elles furent "accommodées" par Le Bodelec, maître-verrier de Brest. L'édifice conservait au XIXe siècle une partie de ses vitraux anciens, décrits par Pol Potier de Courcy en 1859 : les 24 ajours de la grande rose de la maîtresse-vitre avaient été ornés d'un concert céleste et d'anges munis de phylactère, avec les armes des familles Le Nobletz, de Kergadiou et de Kerourfil.
Intégrés en 1956 dans une nouvelle composition en baie 3, les rares fragments qui en subsistent permettent de dater cette composition du milieu du XVe siècle.
Dans son état originel, la maîtresse-vitre figurait un Calvaire avec deux donateurs, les bisaïeux du missionnaire Michel Le Nobletz (1577-1652). Jean Le Nobletz sieur de Kerodern en cotte armoriée devant la Vierge, et sa femme Ysabeau de Kerourfil devant saint Jean. L'œuvre, déjà fragmentaire en 1900, disparut etotalement ensuite , "jetée au fond de l'ossuaire quand on eut un vitrail neuf à placer", selon Le Guennec 1987.
On les comparera donc aux autres baies bretonnes du XVe siècle encore existantes :
Elles ont été réalisées en 1956 sur le thème des Litanies de la Vierge, puisque l'église est placée sous le vocable de Notre-Dame..
On trouve dans le sens horaire à partir de l'angle nord-ouest :
-L'Etoile du Matin (baie 13)
-La Reine des Vierges (baie 11)
-La Mère du Sauveur (baie 5)
-La Maison d'or (baie 1)
-La Reine des Apôtres ; la Reine des Anges (baie 0 ou maîtresse-vitre)
-La Porte du Ciel (baie 2)
-Le Trône de la Sagesse (baie 4)
-La Tour de David (baie 6)
-Le Miroir de Justice (baie 6)
-Le Vase spirituel (baie 102 au dessus de la porte ouest)
-Max Ingrand a aussi réalisé pour un oculus (baie 10) une composition colorée pour les 3 mouchettes en triskell .
Max Ingrand (1908-1969) de son vrai nom Maurice Max-Ingrand , est un maître-verrier et décorateur français, l'un des plus réputés de l'après-guerre. Après une enfance passée à Chartres, il a suivi l'enseignement de l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris où il eut pour maîtres Jacques Gruber, l'un des fondateurs de l'Ecole de Nancy, et Charles Lemaresquier. Il a réalisé les vitraux de plus de soixante sanctuaires français, et en particulier en Bretagne ceux de la cathédrale de Saint-Malo, de la basilique de Hennebont, de l'église Notre-Dame de Lamballe et de celle Dinard, de l'église Saint-Germain, de l'église de Toussaints et de la chapelle du séminaire Saint-Yves de Rennes, de l'église Saint-Melaine de Morlaix.
PLAN ET NUMÉROTATION selon les règles du Corpus vitrearum :
I. LES BAIES ANCIENNES.
1°) la baie n°3, 1956, fragments du milieu XVe.
C'est une baie rectangulaire de 80 cm sur 60 cm, dans laquelle Max Ingrand a utilisé en réemploi 8 fragments anciens provenant de la baie axiale dans une verrière colorée. Les fragments principaux comportent trois têtes d'anges à cheveux bouclés et portant des amicts (linge brodé couvrant le cou et les épaules). Les cheveux et les broderies sont rehaussées au jaune d'argent, tandis que les traits du visage sont tracés et rehaussés à la sanguine (ou, selon F. Gatouillat, une grisaille corrodée). L'ange le plus haut a été manifestement restauré (boucles, amict).
On trouve aussi dans la moitié supérieure un fragment où deux mains pincent les cordes d'une harpe, et dans la moitié inférieure un fragment de dais gothique provenant sans doute d'une tête de lancette. On découvrira aussi des éléments de drapés et de phylactères. Neuf étoiles, jaunes ou bleues, ont été ajoutées.
L'élément central, moderne, est un blason aux armes d'azur au château d'or sommé de trois tourelles de même : celles de la famille de Coatquénan.
Les Coatquénan.
"Les vicomtes de Coatquénan jouissaient de tous les droits de fondateurs dans l'église de Plouguerneau comme dans les chapelles de Saint-Quénan, de Loguivy et de N.-D. du Grouanec.
Au XVème siècle la vicomté de Coatquénan comprenait les manoirs de Measfallet, de Castel-Bihan, de Pont-an-Lez, d'An Ty-Coz, de Grouanec, possédés par Blanche de Cornouaille, épouse d'Olivier de Launay, fils d'Henri (1401), en son nom et pour sa fille Alex (1426). Sa juridiction s'étendait sur les paroisses de Plouguerneau, Tréménec'h, Kernoues, Sibiril, Kernilis et sur la terre du Pont en Plounéour-Trez. Les vicomtes de Coatquénan jouissaient de tous les droits de fondateurs dans l'église de Plouguerneau comme dans les chapelles de Saint-Quénan, de Loguivy et de N.-D. du Grouanec.
Le manoir de Coatquénan (Koad Kenan, IGN) se trouve à 500 mètres au nord-ouest de l'église.
Coatquénan passa aux Bouteville par le mariage d'Alex ou Aliette avec Jean III de Bouteville, seigneur du Faouët, chambellan du duc de Bretagne (1455), puis Jean IV de Boutteville chevalier, vicomte de Coëtquenan, cofondateur de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët et son épouse Marie de Kérimerc'h, puis à Louis de Boutteville, Yves de Boutteville. Coatquénan passe Claude de Goulaine, seigneur de Pommerieux, grâce à son union en 1559 avec Jeanne de Bouteville, fille d'Yves. " (d'après H. Pérennes complété)
C'est la raison pour laquelle on trouve, sur un pinacle du porche, les armes des Bouttevilled'argent à cinq fusées de gueules accolées et rangées en fasce, associées à des armes à un lion rampant (qui ne sont celles des de Launay, des Parcevaux, des Goulaine ou des Ploeuc). On retrouve les armes de Boutteville sur la clef de voûte du porche. [ Pol Potier de Courcy écrit "à l'extérieur , sur une console supportant la statue d'un saint ermite que nous prenons pour saint Quénan , honoré dans le voisinage , sont les armes d'Yves de Parcevaux , mort en 1588 et de Jeanne de Bouteville sa compagne , sieur et dame de Mezarnou et de Coatquénan ."]
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
L'ange figuré de face.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
La harpe jouée par les mains d'un ange musicien.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
La partie inférieure.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Visage d'ange, de trois-quart.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Visage d'ange, de trois-quart.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Trois autres fragments, dont celui d'un dais de niche.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
2°) la baie n°9 dans la sacristie, fragments d'une Crucifixion de la première moitié du XVIe siècle.
Milieu XVIe : ancienne maîtresse-vitre de Saint-Gunthiern à Langolen, aujourd'hui au Musée Départemental Breton de Quimper. Larmes. Mêmes cartons qu'à Guenguat, Guimiliau et Gouezec.
3e quart XVIe siècle (vers 1560), Quéménéven église Saint-Ouen : Attribuable à l'atelier Le Sodec . Cartons communs (Le Bihan) avec Guengat, Gouezec et Guimiliau, ou La Martyre et La Roche-Maurice (Gatouillat). Larmes de compassion (une seule femme). Pas d'inscription ni de verres gravés.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
On pourra comparer ce panneau à celui de Plogonnec : l'écriture du titulus est la même, à lettres perlées et à empattement bifide. L'écoulement du sang des poignets et du flanc est peint, à N.-D. du Grouanec, en sanguine, tout comme celui du visage, causé par la couronne d'épines. La scène, dans les deux cas, s'inscrit dans une niche.
Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, 1520) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile .
Nous pouvons comparer aussi ce panneau à celui de Guimiliau :
1550 : La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.
Mais à Grouanec, les lances et le roseau portant l'éponge sont absents, remplacés par un pan du perizonium emporté par le vent, et par un nuage.
Dans ce fragment, le visage a été moins restauré qu'ailleurs, et certes le verre est corrodé , moucheté de points noirs, mais le verre peint est par ailleurs mieux préservé.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Dans la tête de lancette a été placé un très beau visage d'ange, tout à fait dans le style des verriers [et des sculpteurs] du XVe siècle avec les cheveux soufflés en arrière par le vent, et formant des volutes.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
II. LES 11 VERRIÈRES DE MAX INGRAND (1955-1956).
Tous ces vitraux sont en verre antique (de la verrerie de Saint-Just) serti au plomb, peints à la grisaille cuite (ombres des visages, des vêtements et phylactères, lettres), encadrés par une fine bordure blanche divisée par les plombs. Les plombs ne servent pas seulement à réunir des morceaux de verre de forme justifiée par le dessin (main, pied, visage, aile) mais aussi à morceler le fond en motifs colorés géométriques où le triangle prédomine et où les couleurs vives s'affrontent. Les verres colorés (notamment des rouges et des bleus, qui prédominent) sont parfois gravés à l'acide pour rompre leur unité par des zones plus claires.
Chacune des 11 litanies est inscrite sur un phylactère présenté par un ange, tandis qu'un attribut illustre l'épithète ("Reine des Vierges" : une couronne = royauté et un lys = virginité).
Au tympan se placent des emblèmes mariaux : monograme MA et croix tréflée, , étoiles, collier de perles, fleurs de lys.
Le maître-verrier s'adapte à des formes de baies et donc à des remplages très variables.
Les verrières seront décrites dans le sens horaire à partir de l'angle nord-ouest :
1. L'Etoile du Matin(baie 13).
Baie à deux lancettes ogivales et un tympan à une rose et quatre écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
2-La Reine des Vierges(baie 11).
Baie à deux lancettes ogivales et un tympan à une rose et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
3-La Mère du Sauveur (baie 5).
Très belle baie à deux lancettes crénelées de trois indentations et un haut tympan à quatre mouchettes et un quadrilobe.
On retrouve ce remplage sur la baie 3, du XVe siècle, de la chapelle Saint-Jaoua à Plouvien, avec les mêmes lancettes et le même tympan.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
4-La Maison d'or (baie 1).
Baie à deux lancettes trilobées et un tympan à un quadrilobe.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
5-La Reine des Apôtres ; la Reine des Anges (baie 0 ou maîtresse-vitre).
Baie à quatre lancettes trilobées et un tympan à une grande rosace et six autres ajours dont quatre mouchettes.
La très belle rosace comporte un polylobe au monogramme marial au centre, puis un cercle de 8 mouchettes à fleurs de lys, puis un cercle extérieur de 16 mouchettes et 15 écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
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6-La Porte du Ciel (baie 2).
Baie à trois lancettes lancéolées et un tympan à quatre mouchettes, un soufflet et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
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7-Le Trône de la Sagesse (baie 4).
Baie à trois lancettes trilobées et un tympan à quatre mouchettes et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
8-La Tour de David (baie 6).
Baie à trois lancettes trilobées et un tympan à quatre mouchettes, un soufflet et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
9-Le Miroir de Justice (baie 8).
Baie à trois lancettes trilobées et un tympan à quatre mouchettes, un soufflet et deux écoinçons.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
10.Oculus à composition colorée organisé en 3 mouchettes en triskell (baie 10) .
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
11-Le Vase spirituel (baie 102 au dessus de la porte ouest).
Les vitraux de l'église Notre-Dame du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—CASTEL (Yves - Pascal ): Plouguerneau . L'enclos du Grouanec . Non consulté.
—CASTEL (Marcel), s.d, L'enclos paroissial du Grouaneg-Eglise Notre-Dame. Dépliant de présentation.
— COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988, « Plouguerneau », Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
PAROISSE DU GROUANEC Paroisse érigée par l'ordonnance épiscopale du 11 novembre 1949.
EGLISE NOTRE-DAME (I.S.)
L'édifice, en forme de tau irrégulier, comporte une nef étroite et un choeur séparés par un arc diaphragme en tiers-point ; le choeur communique, au sud, par deux arcades, avec une chapelle en aile et, au nord, par trois arcades, avec une chapelle également en aile. Il date de plusieurs époques : la longère nord paraît remonter en partie au XIIIè siècle, la belle rose rayonnante du chevet à la fin du XIVè siècle ou au début du XVè siècle, la chapelle sud à la fin du XVè siècle ; la chapelle nord a été reconstruite en 1954 par l'architecte Péron, elle a gardé deux fenêtres flamboyantes. Une pierre, avec fleuron, porte l'inscription : " LAN MIL VcIII. I. NOUEL. "
Porche sud : arcade extérieure en tiers-point sous une accolade reposant sur des culots ; pinacles et crossettes au bas des rampants, voûte sur croisée d'ogives ; au flanc ouest, ossuaire d'attache. La nef est lambrissée en berceau brisé sur entraits. Dans la chapelle sud, un entrait engoulé et des sablières sculptées représentant les vices, en particulier l'ivrognerie. Les arcades en tiers-point des ailes, au nord, reposent sur les chapiteaux des piliers octogonaux et, au sud, pénètrent directement dans les piliers cylindriques.
Mobilier
Maître-autel en kersanton, table monolithe avec cinq croix de consécration sur un massif à décor d'arcatures trilobées.
Statues
- en pierre polychrome : Vierge Mère dite Notre Dame du Grouanec, la Vierge tenant une pomme, l'Enfant un livre ; Pietà ; saint Eloi en évêque
- en kersanton : Vierge Mère mutilée, saint Matthieu Ev. (pignon), saint Fiacre (porte aile sud) ;
- en bois polychrome : Christ en croix, Immaculée conception, saint Joseph, deux Anges thuriféraires, saint Sébastien, saint Roch, sainte Catherine d'Alexandrie, saint Antoine ermite, sainte non identifiée ; - en bois : sainte Thérèse de Lisieux.
Sur la porte en bois du porche, bas-relief de la Vierge à l'Enfant, " N. D. DU GROUANEC. "
Vitraux de Max Ingrand : Litanies de la Vierge avec anges à banderoles (1956).
Dans une petite fenêtre de l'aile nord, débris de vitrail représentant une Crucifixion, autrefois dans la fenêtre d'axe. On y voyait encore à la fin du XIXè siècle les portraits des donateurs, Jean Le Nobletz et Isabeau de Kerourfil.
Peintures sur le lambris de voûte du choeur : saint Pierre et saint Paul Apôtres, inscriptions au bas des deux panneaux.
Orfèvrerie : ciboire en argent, la coupe, postérieure, est montée sur un pied de calice portant l'inscription : " CALISSE. A. LA. CHAPELLE. DV. BIEN. HEVREV. NOBLES. EN. TREMENAC. 1785. "
* Dans l'enclos, fontaine de dévotion de 1604, dite Feunteun ar Gwelleat (Fontaine de la Guérison), statue de la Vierge Mère sous la voûte ; croix de granit monolithe, 1761 sur le socle. Devant l'entrée de l'enclos, menhir tronqué surmonté d'une croix, mentionné dans la Vie de saint Paul Aurélien.
—FAUJOUR (Marc) Plouguerneau, chapelle Notre-Dame du Traon,
"Au Mont-Dol, on distingue trois phases chronologiques des peintures murales :
Un décor primitif peint vers 1200 lors de l'édification de l'église et dessinant sur l'élévation des murs un faux appareillage (ocre et rouge sur fond blanc), complété par une frise tracée entre les arcs et les fenêtres hautes. De très élégants rinceaux de palmes souples sont placés entre deux ordures ocre et rouge. L'avant-chœur, réservé aux chanoines de la cathédrale de Dol, est séparé de la nef par une rupture d'alignement entre l'appareillage factice et la frise entre les deuxième et troisième travées.
Un second décor peint, appliqué directement sur le précédent, a été exécuté en technique mixte — fresque et détrempe— dans la seconde moitié du XVe siècle, comme l'indiquent les costumes des personnages et les comparaisons avec d'autres peintures murales. Il est tout entier consacré à la Passion du Christ et se lit dans le sens des aiguilles d'une montre, en débutant par le mur nord. Il se continuait sur l'arc triomphal aujourd'hui disparu avant de se poursuivre sur le mur sud jusqu'à son extrémité occidentale. Ce cycle se composait de 21 panneaux (ceux du nord peints en partie sur les fenêtres alors murées) ; seulement 11 de ceux-ci ont été conservés entièrement ou sous forme de vestiges plus ou moins visibles.
Enfin la célèbre scène de l'enfer, à l'extrémité occidentale du mur sud, ne s'articule avec le cycle de la Passion ni par son sujet, ni par les dimensions de la mise en page. Elle a été réalisée peu de temps plus tard et correspond probablement à un projet de modification des trois dernières scènes, abandonné après son exécution." (M. Déceneux)
Leurs découvertes en 1867, leurs restaurations en 1972.
Les peintures avaient été recouvertes, comme souvent, par des enduits récents, mais lors de la restauration générale de la charpente et du débouchage des fenêtres nord, un vaste ensemble de peinture est apparu, et fit l'objet d'un relevé (très sommaire) du peintre Théodore Busnel avant d'être recouvert d'un nouveau crépi...
Remis à jour en 1946 grâce à l'intervention du chanoine Descotte, ancien curé du Mont-Dol, l'ensemble fut entièrement restauré par le fresquiste Robert Baudouin en 1972. On découvrit alors de nouveaux éléments.
Comparaison avec Kernascléden (Morbihan) , dont les peintures peintes directement sur la pierre vers 1464 sont contemporaines du cycle de la Passion du Mont-Dol, et présente également une peinture des Enfers plus tardive (après 1492), à côté d'une danse macabre.
Programme des peintures murales du XVe siècle , du nord au sud dans le sens horaire :
—Côté nord :
L'Entrée à Jérusalem
Trahison de Judas (très partiellement conservé)
La Cène. première fenêtre du mur nord. Il ne subsiste que le tiers droit.
Le Lavement des pieds
Agonie au Mont des Oliviers. Le plus mal conservé.
L'Arrestation de Jésus.
—Les scènes disparues de la partie orientale du mur nord (six panneaux : Comparutions, Flagellation, Outrages, Couronnement d'épines, Ecce Homo, Portement de Croix ? ), de l'arc triomphal (Crucifixion?) et du débutr du mur sud (1 panneau).
— Côté sud
Mise au Tombeau
Résurrection
Descente aux Limbes
Apparition à Marie-Madeleine: Noli me tangere.
Apparition aux Pèlerins d'Emmaüs
— Côté sud première travée :
Deux scènes remplacées par une grande scène de l'Enfer.
LA SCÈNE DE L'ENFER, PREMIÈRE TRAVÉE DE LA NEF CÔTÉ SUD.
Elle présente un grand intérêt pour celui qui la compare d'une part à l'Enfer de Kernascéden, avec laquelle elle a de nombreux points communs, et qui recherche ses sources d'autre part dans les Calendriers du Berger (Compost et Kalendriers des Bergiers) édités à partir de 1492, et de l'Art de bien mourir (Ars Moriendi), 1ère édition en 1492. Les deux ensembles sont sans-doute contemporains de la toute fin du XVe siècle.
On y trouve en effet regroupés , comme à Kernascléden, sous forme de saynètes les représentations des principales peines reservés aux damnés selon la typologie de leurs fautes, précisément comme elles sont détaillées et commentées et illustrées dans ces deux ouvrages.
Je renvois à mon article sur l'Enfer de Kernascléden pour l'analyse de cette iconographie et de ses sources.
I. Le supplice de la roue destiné aux orgueilleux.
II. Le supplice du chaudron réservé aux avares.
III. Le supplice de l'arbre sec aux branches acérées réservé aux héritiers d'un usurier couché dans le puits.
IV. le diable géant Asmodée dévorant un damné.
V. La gueule de Léviathan (effacé).
Relevé par Théophile Busnel 1867.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
I. Le supplice de la roue, destiné aux orgueilleux.
Dans les représentations des Peines de l'enfer, anciennes mais qui, dans la dernière décade du XVe siècle, on décrit en sept châtiments, pour autant que de péchés capitaux.
Ici, il est facile de reconnaître ici le premier supplice, précisément celui de la roue, qui punit le péché d'orgueil. Dans cette tradition, plusieurs roues tournent entre de hautes montagnes, et les damnés y sont attachés, passant leur éternité à monter puis à être précipité dans les flammes tandis que Léviathan, « capitaine des orgueilleux », préside à leurs tortures en les frappant d'un bâton de feu.
Une roue à huit rayons est posée sur un tréteau, et un grand diable noir, doté d'une longue queue et de très longues cornes, en tourne la manivelle. Sur l'extérieur de la roue sont retenus trois damnés (seuls deux sont visibles aujourd'hui) qui subissent indéfiniment les supplices que leur inflignent trois démons cornus (dont un est ailé) armés d'épieux. Le bâtit en bois est semblable à celui de Kernascléden, le nombre des rayons également. Le diable tournant la manivelle se devine à Kernascléden. Les vues de détail montrent que le diable en haut à gauche est placé sous de grandes flammes, qui devaient se poursuivre vers la droite. La pointe de son épieu est rougie.
On remarque aussi sur les clichés que les damnés sont transpercés par des lames en demi-lune.
On peut intégrer à cette scène les deux démons qui transportent vers le lieu du supplice de nouveaux damnés : l'un (perdu) les portent dans une hotte, l'autre, qui est ailé, dans une brouette.
La scène en bas à gauche montre un diable à califourchon sur une femme nue aux cheveux longs placée à quatre pattes. Il lui tire les cheveux, et la transperce ou la frappe d'un coutelas. Elle n'appartient pas à ce supplice de la roue.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
II. Le supplice du chaudron réservé aux avares.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
III. Le supplice de l'arbre sec aux branches acérées réservé aux héritiers d'un usurier couché dans le puits.
À Kernascléden, un arbre se dresse à partir d'un puits où baignent des damnés. Aux branches acérées de cet arbre sec sont pendus sept autres damnés, qui y sont liés ou transpercés en diverses parties de leurs corps. Ils sont tourmentés par quatre ou cinq diables qui les mordrent, les griffes, les fouettent ou les aggripent de leurs crocs.
La fresque du Mont-Dol montre des corps pendant des arbres par les pieds ou par le cou. L’imagination du peintre semble s’être nourrie des lectures du passage de l’Art de bien Mourir. En effet, ici comme à Kernascléden, l'arbre est planté dans un puits.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
IV. Asmodée dévorant un damné.
Un diable géant, Asmodée, à double paire de cornes et tête de bovin, dévore par les pieds un damné. La lecture de l'image est difficile, il pourrait s'agir d'un enfant.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
L'Enfer, peinture murale (fin XVe) de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
V.La gueule du Léviathan.
Théophile Busnel a représenté, à l'extrême gauche, sous la fenêtre, la gueule d'un Léviathan, aujourd'hui effacé.
SOURCES ET LIENS.
— Source principale : panneaux explicatifs provenant d'une exposition réalisée par la ville du Mont-Dol et exposés dans l'église, dont les textes sont de Marc Déceneux, docteur en histoire de l'art.
Je salue la qualité de ces panneaux nombreux et très bien illustrés.
— Voir aussi :
2003, Bulletin de l'Association Bretonne T 112 130ème congrés (non consulté)
— CHARTIER (Jean-Jacques) : l'église du Mont-Dol. Non consulté
SUR LA REPRÉSENTATION DE L'ENFER À LA FIN DU XVE SIÈCLE :
— BASCHET (Jérôme), 1993 Les Justices de l’au-delà. Les représentations de l’enfer en France et en Italie (XIIe -XVe siècle), Rome, EFR, 1993, p. 437-448 et fig. 152-159.
https://journals.openedition.org/ccrh/2886
— BASCHET (Jérôme), 1993, Les justices de l'au-delà. Les représentations de l'enfer en France et en Italie (XIIe-XVe s.). Rome, Ecoles françaises d'Athènes et de Rome, 1993. Christe Yves, compte-rendu Cahiers de Civilisation Médiévale Année 1995 Suppl. 1995 pp. 4-7
En résumé, on retiendra ces quelques conclusions. L'enfer gothique est figuré le plus souvent par la gueule d'enfer — elle est déjà attestée au xne s. — d'abord comme seuil infernal, ensuite comme lieu de tourments. Celle-ci est également l'image usuelle de l'enfer dans les manuscrits contemporains. Elle est accompagnée par la marmite sur le feu qui, à partir du milieu du xine s. (Bourges, puis Rouen), tend à se confondre avec elle. Il est rare au nord des Alpes que Satan intronisé préside aux supplices infernaux. Le portail de Conques et celui de Notre-Dame de la Couture au Mans, un siècle plus tard, en présentent une illustration exceptionnelle. À cette courte liste, j'ajouterai un témoignage précoce mais très important, celui des tituli de Gauzlin pour le revers de la façade de Saint-Pierre de Fleury au début du xie s. « Satan enchaîné dans une prison qui vomit des flammes » évoque exactement le même sujet dans YHortus Deliciarum d'Herrade de Landsberg.
— BASCHET (Jérôme), 1985, Les conceptions de l'enfer en France au XIVe siècle : imaginaire et pouvoir, Annales Année 1985 40-1 pp. 185-207
— FRAPPIER ( Jean), 1953,. Châtiments infernaux et peur du Diable. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1953, n°3-5. pp. 87-96;
Les peintures murales de l'église du Mont-Dol I : la Passion du Christ (11 panneaux restant, seconde moitié du XVe siècle) .
PRÉSENTATION.
"Au Moyen-Âge, les murs des églises étaient systématiquement enduits et peints, à l’intérieur mais sans doute aussi à l'extérieur. Mais dans les régions de l'Ouest de la France, ces décors n'ont été que rarement préservés en raison de l'humidité du climat et des nombreux aménagements et des reconstructions des sanctuaires à l'époque moderne.
Pourtant, le territoire de la baie du Mont-Saint-Michel offre un remarquable ensemble de peintures murales médiévales, notamment dans les églises de Saint-Jean-le-Thomas, du Mont-Dol, et de l'abbaye du Mont-Saint-Michel.
Les décors sont réalisés avec des pigments finement broyés employés purs ou en mélange : la chaux pour le blanc, le charbon de bois et le noir de fumée pour le noir, les terres naturelles pour l'ocre rouge et l'ocre jaune, le minium (oxyde de plomb) pour le rouge éclatant, l'argile et des sels de cuivre pour les verts et bleus, le lapis-lazuli pour le bleu éclatant.
Sur nos murs, les grands éléments étaient peints a fresco, directement sur l'enduit frais (ce qui suppose une grande maîtrise de l'art car les reprises sont impossibles) et les détails étaient ajoutés après séchage (a secco) avec des pigments liés par un fixatif (colle de peau, de poisson, d'os bouilli, de blanc d'œuf ou de résine fondue. Le résultat, plus fragile que la fresque, permet des retouches à volonté."
L'église paroissiale du Mont-Dol appartenanit autrefois en propre à l'évêque et aux chanoines de Dol et a été édifiée vers 1200. Elle a fait ensuite l'objet de transformations, dont la reconstruction complète du cœur qui, autrefois, était séparé de la nef par un arc triomphal. Enfin, au XVe siècle, les fenêtres hautes de la nef nord avaient été murées (avant la mise en place des peintures de la Passion).
"Au Mont-Dol, on distingue trois phases chronologiques :
Un décor primitif peint vers 1200 lors de l'édification de l'église et dessinant sur l'élévation des murs un faux appareillage (ocre et rouge sur fond blanc), complété par une frise tracée entre les arcs et les fenêtres hautes. De très élégants rinceaux de palmes souples sont placés entre deux ordures ocre et rouge. L'avant-chœur, réservé aux chanoines de la cathédrale de Dol, est séparé de la nef par une rupture d'alignement entre l'appareillage factice et la frise entre les deuxième et troisième travées.
Un second décor peint, appliqué directement sur le précédent, a été exécuté en technique mixte — fresque et détrempe— dans la seconde moitié du XVe siècle, comme l'indiquent les costumes des personnages et les comparaisons avec d'autres peintures murales. Il est tout entier consacré à la Passion du Christ et se lit dans le sens des aiguilles d'une montre, en débutant par le mur nord. Il se continuait sur l'arc triomphal aujourd'hui disparu avant de se poursuivre sur le mur sud jusqu'à son extrémité occidentale. Ce cycle se composait de 21 panneaux (ceux du nord peints en partie sur les fenêtres alors murées) ; seulement 11 de ceux-ci ont été conservés entièrement ou sous forme de vestiges plus ou moins visibles.
Enfin la célèbre scène de l'enfer , à l'extrémité occidentale du mur sud, ne s'articule avec le cycle de la Passion ni par son sujet, ni par les dimensions de la mise en page. Elle a été réalisée peu de temps plus tard et correspond probablement à un projet de modification des trois dernières scènes, abandonné après son exécution." (M. Déceneux)
Sa découverte en 1867, sa restauration en 1972.
Les peintures avaient été recouvertes, comme souvent, par des enduits récents, mais lors de la restauration générale de la charpente et du débouchage des fenêtres nord, un vaste ensemble de peinture est apparu, et fit l'objet d'un relevé (très sommaire) du peintre Théodore Busnel avant d'être recouvert d'un nouveau crépi...
Remis à jour en 1946 grâce à l'intervention du chanoine Descotte, ancien curé du Mont-Dol, l'ensemble fut entièrement restauré par le fresquiste Robert Baudouin en 1972. On découvrit alors de nouveaux éléments.
Comparaison avec Kernascléden (Morbihan) : ces peintures peintes directement sur la pierre vers 1464 sont contemporaines du cycle de la Passion du Mont-Dol, et présente également une peinture des Enfers, à côté d'une danse macabre.
Programme, du nord au sud dans le sens horaire :
—Côté nord :
L'Entrée à Jérusalem
Trahison de Judas (très partiellement conservé)
La Cène. première fenêtre du mur nord. Il ne subsiste que le tiers droit.
Le Lavement des pieds
Agonie au Mont des Oliviers. Le plus mal conservé.
L'Arrestation de Jésus.
—Les scènes disparues de la partie orientale du mur nord (six panneaux : Comparutions, Flagellation, Outrages, Couronnement d'épines, Ecce Homo, Portement de Croix ? ), de l'arc triomphal (Crucifixion?) et du débutr du mur sud (1 panneau).
— Côté sud
Mise au Tombeau
Résurrection
Descente aux Limbes
Apparition à Marie-Madeleine: Noli me tangere.
Apparition aux Pèlerins d'Emmaüs
— Côté sud première travée :
Deux scènes remplacées par l'Enfer ( Apparition aux Apôtres devant Thomas ; Ascension ?)
Vue de la nef depuis le chœur. Photographie lavieb-aile 2024.
LE CÔTÉ NORD.
Relevé de Théophile Busnel en 1867. Lithographie A. Paillard Fils de 1869. Seules les deux premùières scènes sont représentées.
1°) 1ère travée : l'Entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.
La scène est bien conservée, Jésus (nimbe crucifère) est monté sur son ânon, précédant les apôtres avec saint Pierre en tête. Devant Jésus, une palme est posée à terre, puis nous voyons les habitants de Jérusalem sortis des murailles pour dérouler leurs manteaux en guise de voie d'honneur. L'iconographie traditionnelle place ici l'épisode de Zachée, le riche chef des collecteurs d'impôts, monté sur les branches d'un sycomore car il est de petite taille. Dans les Evangiles, la scène se déroule lors de l'entrée à Jéricho (Luc 19:1-10)
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
2°) 1ère travée, suite : La trahison de Judas.
Il ne reste aujourd'hui que la partie gauche.
Judas est nimbé, il fait face aux pharisiens, et tient une aumônière à la ceinture (non représentée par Théophile Busnel). Judas Iscariote était le trésorier du collège des apôtres, ce qui explique cette aumônière. Judas tend les mains vers la bourse aux trente deniers d'argent, remise par Caïphe et les membres du Sanhédrin en prix de son accord de leur désigner, par un baiser convenu, celui qui est Jésus parmi la troupe des disciples.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
3°) La Cène, première fenêtre du mur nord. Il ne subsiste que le tiers droit.
La scène se déroulait en grande partie sur le mur qui occultait alors la première fenêtre : lorsque les ouvertures nord ont été débouchées en 1867, les deux tiers du Dernier repas du Christ avec ses apôtres a été perdu. On ne voit plus que deux personnages, et notamment Judas, qui, de profil, identifiable à l'aumônière de sa ceinture, tend le bras gauche vers le plat qu'un apôtre dont on ne voit que la main) lui tend. Judas porte le même nimbe et la même tenue que sur la scène n°2 avec un manteau bleu sombre et une robe blanche et l'aumônière rouge.
Comparer avec la Cène de Kernascléden (vers 1464) :
Peintures murales de Kernascléden. Cliché lavieb-aile 2015.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
4°) Le Lavement des pieds des apôtres par Jésus (Jean 13:2-10).
Il manque le haut et la partie droite de la scène. Jésus, en robe blanche, est à genoux devant le bassin des ablutions, face à saint Pierre, dont on ne voit que le genou et la main. Derrière Jésus deux personnes sont debout, dont un qui tient le linge destiné à essuyer les pieds.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
5°) Agonie au Mont des Oliviers : la scène la plus mal conservée.
Le panneau était peint en partie sur la fenêtre murée. Il est amputé du haut et de la moitié gauche et ses couleurs son très atténuées. Jésus est représenté à genoux, et porte la même robe blanche que dans le panneau précédent. Il a les mains jointes en signe de prière, devant l'ange portant un calice, qui n'est pas conservé.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
6°) L'Arrestation de Jésus. Le Baiser de Judas.
Il manque une partie gauche. On distingue clairement Judas (même manteau bleu et même robe blanche que précédemment) embrassant Jésus , au nimbe crucifère.
À gauche, un soldat en armure dont le bouclier appuie sa pointe au sol face aux spectateurs, tend le bras pour saisir Jésus. À droite, saint Pierre vêtu de vert, vient de trancher l'oreille de Malchus, qui est allongé au sol.
Comparer avec la scène homologue de Kernascléden :
Kernascléden, Arrestation de Jésus, peintures de la voûte du chœur. Cliché lavieb-aile 2015.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
LE CÔTÉ SUD.
Relevé de Théophile Busnel en 1867. Lithographie A. Paillard Fils de 1869. Curieusement, Busnel ne reproduit pas la 5ème scène, celle des Pèlerins d'Emmaüs, pourtant en assez bon état.
7°) La Mise au Tombeau. 6ème travée.
À gauche, Joseph d'Arimathie (ou plutôt Nicodème), en manteau bleu et bonnet, barbu, portant un châle, tient les pieds de Jésus dont le corps est enveloppé d'un linceul, devant un autre personnage, en chausses, pourpoint rayé et chaussé de poulaines. D'autres personnages nimbés (probablement la Vierge et les saintes Femmes, et Jean en manteau rouge) se devinent en arrière-plan.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
8°) La Sortie du Tombeau ou Résurrection. 5ème travée.
La partie supérieure est effacée. Le Christ ressuscité enjambe le tombeau, vêtu du manteau écarlate glorieux et tenant l'étendard de sa victoire sur la Mort. Deux soldats romains sont éblouis par la scène, et un est endormi.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
9°) La Descente aux Limbes. 4ème travée.
Jésus, vêtu de la cape rouge et tenant son étendard, enjambe la porte des Limbes, dont sortent Adam et Ève et les autres défunts.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
10°) Apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine, ou "Noli me tangere". 2ème travée.
Le Christ, toujours vêtu du manteau rouge, portant le nimbe crucifère, et tenant la bêche, apparaît, dans un jardin clos de plessis, à Marie-Madeleine qui vient de le reconnaître malgré ses allures de jardinier et s'est agenouillée, tenant encore le flacon d'aromates destiné à l'embaumement. Elle porte un manteau rouge et une belle robe dorée cintrée sous la poitrine ; elle tend la main vers celui qu'elle vient d'appeler Rabouni. Le Christ lève la main droite pour la mettre en garde, illustrant la phrase rapportée dans l'évangile de Jean : Noli me tangere, "ne me touche pas" (Jean 20:11-18)
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
11°) L'apparition du Christ ressuscité aux pèlerins d'Emmaüs. 2ème travée.
Le Christ est assis entre les deux pèlerins et rompt le pain. Luc 24 : 13-35
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
La première travée : l'Enfer : voire partie II
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
— Source principale : panneaux explicatifs provenant d'une exposition réalisée par la ville du Mont-Dol exposés dans l'église, dont les textes sont de Marc Déceneux, docteur en histoire de l'art.
Je salue la qualité de ces panneaux nombreux et très bien illustrés.
— Voir aussi :
2003, Bulletin de l'Association Bretonne T 112 130ème congrés (non consulté)
La chapelle de Notre-Dame-du-Loc àSaint-Avé, est un édifice en croix latine construit de 1475 à 1494, par deux recteurs successifs de la paroisse de Saint-Avé, Olivier de Peillac (1475-1488), puis André de Coëtlagat (1488-1504). Contrastant avec un extérieur assez sobre, son mobilier est d'une richesse remarquable et laisse deviner un commanditaire prestigieux, Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne sous le duc François II puis proche du roi Charles VIII et d'Anne de Bretagne. Après avoir décrit ses sablières sculptées, et son exceptionnel retable en albâtre, ce sont les statues et retables en granite, la croix de chancel et le bénitier qui font l'objet de cet article.
La statue de la fin du XVe siècle de Notre-Dame-du-Loc retiendra tout notre intérêt notamment par son thème de l'enfant-Jésus lisant, qui témoigne d'une influence flamande notamment de Malines ou du Brabant. Mais d'autres statues du XVe siècle sont à considérer, tout comme la très rare croix de chancel.
Comme dans les article précédents, celui-ci se nourrit de la remarquable étude de Diego Mens-Casals et en cite les extraits.
Cliché lavieb-aile 2024.
Cliché lavieb-aile 2024.
1. La statue de Notre-Dame-du Loc. Vierge à l'Enfant à la lecture. Calcaire de Saumur, polychrome, dernier quart du XVe siècle. Côté nord du chœur.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Description.
La Vierge a un très beau visage, avec des yeux en amande étirée et des paupières supérieures sans pli palpébral, des sourcils épilés, un nez droit, une bouche triste ou amère mais aux lèvres charnues sous un philtrum marqué, tandis que l'avancée de la lèvre inférieure est indiquée par une fossette. L'étage inférieur est étroit, la rondeur du menton rond et fin est soulignée.
Les cheveux dénoués tombent en boucles dans le dos et sur les épaules.
Le pan gauche du menton fait retour sous le poignet droit où il doit s'attacher. Les deux pans sont réunis par une patte perlée, à deux fleurons.
Les chaussures sont pointues, confirmant la datation du XVe siècle.
Sur la statue de L'Enfant porte un bonnet de docteur, qui peut renvoyer à Jésus parmi les Docteurs de la Loi, et/ou indiquer qu'il est éminemment et précocément savant. Comme dans le tableau de Vittorio Carpaccio.
Tandis que sa mère garde de l'index droit la page qu'ils consultaient (comme dans le tableau de Van Eyck), Jésus tourne les pages précédentes, comme pour souligner un lien interne qui en éclaire le sens. La Vierge ne regarde pas le livre, mais son regard songeur se porte au loin, comme quelqu'un plongé dans ses pensées. Et son visage, figé, n'est pas serein, mais préoccupé par l'avenir, celui de la Passion de son Fils, que la lecture vient de révéler, ou du moins de rappeler.
Il serait logique de penser que l'Enfant indique, comme dans les œuvres semblables, à sa mère les pages suivantes (celles de son futur) et non les pages précédentes, annonçant ainsi sa Passion, d'où la gravité soucieuse du visage de la Vierge.
Mais on peut penser qu'ici, le livre est tourné vers nous, qu'il nous est présenté, et que c'est à nous que l'enseignement est donné : l'Incarnation est le préalable de la Rédemption.
Références iconographiques sur la Vierge à l'Enfant au livre :
Ce thème qui se développe en sculpture à la fin du XVe siécle sous l'influence des peintres flamands, est assez rare : dans le recensement des statues de Vierge à l'Enfant de Normandie aux XIIe-XVIe siècles par Brigitte Bellanger-Menand, je n'en trouve aucun exemple. J'en compte trois en Bretagne avec celle de Saint-Avé.
—Plobannalec ; Vierge assise montrant le livre ouvert à l'Enfant, chapelle Saint-Brieuc-de-Plonivel, bois polychrome, XVIe.
— Plouguerneau, chapelle du Grouanec, Vierge à l'Enfant assise, dite N.-D. du Grouanec, XVe siècle.
Vierge assise à l'Enfant lisant, kersanton polychrome, début XVe siècle. Photo lavieb-aile 2024.
Vierge assise à l'Enfant lisant, kersanton polychrome, début XVe siècle. Photo lavieb-aile 2024.
Diego Mens en signale un autre exemple en France, à Albiac (Aveyron), et deux en Belgique.
La statue de Jan II Borman datée vers 1500 et conservée dans l'église de Braine-le-Comte (Belgique) est très intéressante, car comme à Saint-Avé, l'Enfant tourne les pages au delà de celle que lit la Vierge .
https://balat.kikirpa.be/photo.php?objnr=10028679
Eglise Saint-Géry à Braine-le-Comte (Belgique). Borman, Jan II (sculpteur) ca 1500
Jan Borman II a également sculpté vers 1490-1500 une Vierge assise à l'Enfant lisant, en chêne, conservée au Louvre (inv RF 1370) . Là encore, l'enfant feuillette le livre au delà de la page antérieurement ouverte. Et là encore Jésus est représenté non pas en nouveau-né, mais comme un enfant plus âgé.
Jan Borman II, Vierge à l'Enfant lisant, Le Louvre, Photo Van Acker, Katrien, IRPA, copyrightJan Borman II, Vierge à l'Enfant lisant, Le Louvre, Photo Van Acker, Katrien, IRPA, copyright
Le même Jan II Borman a réalisé à la même date une Vierge à l'encrier pour l'église Saint-Vincent de Soignies (Belgique) : l'Enfant écrit lui-même sur la page du livre présenté par sa Mère.
Vierge à l'encrier de l'église Saint-Vincent de Soignies, sculpté par Jan II Borman, ca 1500
Une quatrième statue de Jan II Borman (ou Jan III, vers 1500-1515) conservée à Anvers est une Vierge à l'encrier, mais plus proche de Notre-Dame-du-Loc car l'Enfant est tenu sur le bras gauche et Marie est couronnée.
Anvers, Jan Borman II ou III, Vierge à l'encrier et Jésus écrivant.
Le thème est plus souvent représenté en peinture, essentiellement à la même période.
—Le tableau le plus précoce, daté d’après 1433, jadis attribué à Jan Van Eyck est la Vierge à l’Enfant lisant ou Vierge d’Ince hall, huile sur panneau, , conservé à la National Gallery of Victoria, à Melbourne en Australie.
L'Enfant est assis face au spectateur et tourne les pages d'un livre enluminé, tandis que la Vierge conserve par un index gauche glissé entre les pages, l'endroit de sa lecture. C'est ce détail qui est repris pour Notre-Dame du Loc, mais il est clair ici que Jésus prend connaissance (ou indique à sa Mère) un passage bien plus éloigné des Écritures.
Vierge lisant (détail), atelier de Van Eyck, >1433, cliché Wikipedia
—Quinten Massys peint dans la 2nde moitié du XVe siècle une Vierge, assise, à l'Enfant tournant les pages d'un livre, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique Inv. 1497
—Botticelli peint en 1480 la Madonna del Libro (Museo Poldi Pezzoli de Milan). Les pages à rubriques (comme un livre d'heures) du livre sont partiellement lisibles, et on lit le début du passage d'Isaïe Ecce virgo annonçant, dans la lecture typologique, l'Incarnation, tandis que l'Enfant porte les clous et la couronne d'épines au poignet gauche et regarde sa Mère d'un air entendu.
—La gravure conservée au Louvre, du Maître Iam de Zwolle (Actif vers 1462-Actif vers 1495) montre là encore l'enfant Jésus tournant les feuillets d'un livre.
—La même scène est reprise par le Maître au feuillage en broderie, un peintre anonyme flamand actif entre 1480 et 1510 à Bruges et à Bruxelles : Vierge à l'Enfant, The Philadelphia Museum of Art
"Notre-Dame-du-Loc mesure près d’1,80 mètre et a été réalisée dans un calcaire de la région de Saumur. Si le matériau nous renvoie a priori au Val de Loire, l’œuvre est clairement influencée par les productions flamandes, notamment de Malines ou du Brabant.
Le thème de l’Enfant à la lecture avec la Vierge, déjà traité par Jan Van Eyck , se développe dans ce dernier quart du XVe siècle dans cette région, avec des variations allant d’une Vierge en majesté offrant le livre à son fils à des compositions proches de celle de Saint-Avé [Statue datée vers 1490-1500 conservée à l’église Saint-Gery de Braines-le-Comte] , comme la Vierge debout partageant la lecture avec Jésus, âgé de quelques années.
C’est notamment le cas pour une statue conservée aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles [ Œuvre inventoriée 2542, datée vers 1480] , qui offre plusieurs similitudes avec celle de Saint-Avé : traitement identique des cheveux tombant sur les épaules, vêtements similaires pour Jésus aux pieds nus, grand fermail pour le manteau et qualité du traitement des plis, moins anguleux que sur des œuvres contemporaines en bois. Toutefois, le visage de la statue de Bruxelles est différent, car plus ovale.
À Saint-Avé, le visage est plus proche d’une seconde œuvre, en tilleul et plus petite (1,10 mètre), conservée dans l’église Notre-Dame d’Albiac (Aveyron), qui a également des caractéristiques très proches de la nôtre (fig. 9b). Elle semble avoir été sculptée vers 1480 par un atelier du Hainaut ou de Clèves [Baudouin, Jacques, La sculpture flamboyante en Rouergue, Languedoc, Éditions Créer, 2003, 382 p.,ici p. 314-31] . Jésus, assis sur le bras gauche de sa mère, regarde le livre ouvert qu’elle tient dans son autre main. La Vierge est vêtue d’un ample manteau et ses cheveux longs et ondulés sont ceints par une couronne assez simple, identique à celle du Loc. Si les plis opulents et cassés du manteau diffèrent, le visage de la Vierge est également un peu anguleux et grave, le regard posé sur le livre. Jésus, à la chevelure frisée, est aussi vêtu d’une robe.
La restauration de la statue de la chapelle du Loc a révélé une qualité supérieure de réalisation : galons avec godrons et perles sur le bord du manteau, orifices permettant d’y placer sans doute des cabochons de verres de couleur, dorure de la chevelure finement sculptée tombant sur les épaules, décor soigné du béguin et de la robe de l’Enfant. L’œuvre pourrait être brabançonne, sauf si la provenance du Val de Loire est confirmée par une nouvelle analyse pétrographique.
Quelle que soit l’origine exacte, la qualité d’exécution de cet ensemble atteste d’une réalisation par un atelier au fait des influences et des thèmes artistiques majeurs de cette fin du XVe siècle.
La commande pourrait émaner de Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne sous le duc François II. Tuteur de sa fille Anne au décès de ce dernier, il est ensuite proche du roi Charles VIII et témoin de son mariage avec la duchesse. Il le suit lors des premières guerres d’Italie et est aussi proche de son successeur, Louis XII, dont il est le chambellan. Héritier du domaine de Largoët au décès de sa première épouse en 1480, Jean de Rieux refaçonne ses châteaux d’Elven et de Rochefort-en-Terre. Par son rang et sa qualité de seigneur prééminencier de la chapelle, il dispose des moyens financiers et des relais nécessaires pour une telle commande. Celle-ci aurait pu être passée par des intermédiaires en relation avec un atelier flamand ou directement par Jean IV à des sculpteurs du Val de Loire, comme ceux ayant travaillé aux « ymages » de la chapelle Saint-Hubert au château de Chinon [confusion avec le château d'Amboise vers 1495 ?], résidence de Charles VIII et d’Anne de Bretagne. Jusqu’aux travaux de 1913, cette statue était placée sur un massif sous la maîtresse-vitre, au-dessus de l’autel en bois."
Diego Mens Casas, Figure 9a – Saint-Avé, chapelle Notre-Dame- du-Loc, statue de Notre-Dame-du-Loc (cl. D. Mens) Figure 9b – Albiac, Vierge à l’Enfant d’Albiac (cl. L. Balsan, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Paris)
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Vierge à l'Enfant, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
2a. Le retable en granite (n°9 du plan), côté nord. L’Adoration des Mages devant la Vierge et l’Enfant en majesté ; l’Annonciation à la Vierge par l’archange Gabriel. Bras nord du transept.
" Aujourd’hui, deux bas-reliefs sculptés de manière assez fine dans ce matériau local sont déposés sur les deux autels des bras du transept. Cette configuration date des travaux réalisés en 1913, sous la direction de l’architecte vannetais Brihault : à cette date, l’élément le plus important, alors placé sur l’autel nord, a été transféré sur celui du sud. Toutefois, si on l’observe attentivement les moulures périphériques des deux bas-reliefs, sur la bande, on constate que ceux-ci formaient un seul ensemble, un retable monolithe en granite. Ainsi, la Crucifixion redevient logiquement la scène centrale et principale." (D. Mens)
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
L'Adoration des Mages.
La Vierge (aux chaussures pointues propres au XVe siècle) est assise, tandis que l'Enfant-Jésus est debout sur ses genoux. Ils tiennent chacun un objet rond (Monde ou fruit) et sont tournés vers la gauche. Les visages sont assez grossièrement sculptés, les nez forts et les bouches concaves. L'enfant tend le bras pour saisir le présent (l'or) apporté par le roi Melchior, qui est agenouillé devant lui.
De ce dernier, mais aussi de Gaspard qui le suit et enfin de Balthasar, nous ne voyons quee la partie inférieure : la robe et les chaussures du premier, les tuniques et les chausses des deux plus jeunes, tout comme leurs chaussures à poulaines.
Il faut se référer à l'iconographie peinte ou sculptée pour compléter mentalement la scène. On remarque alors que les pieds de Gaspard sont tournés vers nous et même vers l'arrière : il est très probable que, comme à Rumengol sur le tympan du porche, sculpté vers 1468, Gaspard était tourné vers son voisin pour lui désigner l'étoile qui les guidait.
La couronne de Melchior devait être tenue dans la main ou autour de l'avant-bras, puisque nous ne la voyons pas posée à terre, comme cela peut être le cas ailleurs.
Adoration des Mages, tympan du porche de la chapelle de Rumengol. Cliché Lavieb-aile.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022
Parmi les multiples enluminures du XVe siècle, voici cet exemple :
Adoration des Mages, Maître de la Légende dorée de Munich, 1425-1450, Carpentras BM 0049 f. 71v
Sur la partie gauche de ce retable, l’Annonciation, avec l’ange Gabriel, est présentée au milieu, tandis qu’à l’extrémité du retable, figure une Adoration des Mages, face à la Vierge et Jésus bénissant en majesté.
Si l’ordre des épisodes de la vie mariale est inversé sur cette partie droite du retable, c’est sans doute pour permettre la représentation du commanditaire, Olivier de Peillac. En effet, si deux des rois mages sont représentés debout dans une tenue civile de cette fin du XVe siècle [ avec pourpoint à longues manches ou houppelande, et chaussés de poulaines], le troisième, agenouillé face à la Vierge et Jésus, est revêtu d’une soutane. Il pourrait représenter le recteur, accompagné de membres de sa famille, dont son frère Jean. " (D. Mens) [Je ne partage pas cette hypothèse : voir supra, la robe de Melchior]
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
L'Annonciation.
La scène est centrée par une fleur (un lys) émergeant d'un vase. L'ange Gabriel, à genoux, tient le phylactère portant les mots de son message : AVE MARIA. La Vierge, voilée, tient un livre et pose la main sur sa poitrine dans le geste d'acceptation du "Fiat".
Les cheveux de l'ange sont figurés "en boules", selon un modèle propre au XVe siècle et qui a déjà été souvent décrit ici, dans la sculpture sur kersanton de l'Atelier ducal du Folgoët (1423-1469).
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Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
2b. Le retable en granite, côté sud. Le Calvaire avec la Vierge et saint Jean entourant le Christ, le Couronnement de la Vierge, sainte Catherine d’Alexandrie, sainte Madeleine myrophore et sainte Marguerite d’Antioche yssant du Dragon. Bras sud du transept.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
"À la droite de cette scène, on observe le Couronnement de la Vierge, iconographie que l’on retrouve notamment dans un cycle peint de la chapelle de Locmaria en Landévant (Morbihan), mais aussi sur les pavements de proto-faïence de la chapelle Saint-Nicolas de Suscinio en Sarzeau (Morbihan).
Trois saintes, particulièrement honorées en cette fin du XVe siècle, complètent la partie droite du retable : sainte Catherine d’Alexandrie, sainte Marie Madeleine myrophore et sainte Marguerite. Ces trois saintes sont souvent associées à des dévotions de femmes des familles nobles, sans que nous puissions établir ici un lien évident avec les Peillac ou les Coëtlagat." (D. Mens)
On comparera à nouveau ce retable avec celui, en kersantite, de l'église de Runan, datant du XVe siècle, et qui associe des scènes de la vie de Marie, avec, comme ici, l'Annonciation, l'Adoration des Mages, la Crucifixion et le Couronnement.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le calvaire.
Le Christ en croix est entouré de la Vierge, et de saint Jean ; on remarque la chevelure "en boules".
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Le couronnement de la Vierge.
Comme à Runan, la Vierge n'est pas couronnée par la Trinité, mais par un seul de ses termes, un Christ couronné ou un Dieu le Père.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Les saintes Catherine d'Alexandrie couronnée, tenant la roue dentelée de son supplice, et l'épée de sa décollation ; Marie-Madeleine tenant le flacon d'onguent ; et Marguerite d'Antioche yssant du dragon, crucifix entre ses mains jointes.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Retable en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
2c . Le lavabo sur le mur sud, granite.
"La taille imposante de ce retable [de granite,supra], sans doute déplacé dans le courant du XVIIIe siècle pour être remplacé par un autel à la romaine en bois, explique sans doute le positionnement assez haut de la réserve eucharistique sur la droite du mur du chevet, mais également celui du lavabo sur le mur sud. Ce dernier est frappé des armes des Peillac à gauche et de celles des Arz [D’argent à trois quintefeuilles de gueules, ici représentées avec une polychromie fantaisiste] , possesseurs des manoirs de Tréviantec et Rulliac en Saint-Avé.
Ce retable, qui conserve plusieurs traces de sa polychromie initiale, a sans doute été façonné par un atelier local, dans le granite des carrières de Guéhenno-Lizio, au faciès à grains fins. On trouve des exemples de retables contemporains et assez similaires à la chapelle Sainte-Anne de Buléon, mais aussi en remploi dans l’ossuaire de l’église de Guéhenno, sans doute l’ancien retable majeur de cet édifice. Cette commande pour la chapelle de Saint-Avé pourrait s’expliquer notamment par la fonction de Jean de Peillac [Il peut s’agir du frère d’Olivier de Peillac] , en sa qualité de prévôt féodé de Saint-Jean-Brévelay, proche de Guéhenno." (D. Mens)
Lavabo en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Lavabo en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
2d La réserve eucharistique sur la droite du mur du chevet. Granite.
Réserve eucharistique en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Réserve eucharistique en granite, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
3 L'autel du bras nord du transept. Calcaire polychrome provenant de la cathédrale de Vannes, dernier quart XVe. Bordure à rinceaux de vigne. Blason.
Blason aux armes [fantaisistes?] de sable à une croix d'or accompagnée d'un quintefeuille de gueules
"La concentration de mobilier réalisé dans ce matériau exogène à la Bretagne dans la chapelle traduit, tout d’abord, une commande aristocratique majeure. Que ce soit pour la réalisation des autels latéraux, des consoles ou de la statuaire, le recours au calcaire dénote un souhait du commanditaire de se démarquer dans cette Bretagne de la seconde moitié du XVe siècle.
Toutefois, il faut distinguer dans cet ensemble deux types de commande : la réalisation d’œuvres par des ateliers locaux dans un matériau importé et la commande d’œuvres importées de régions telles la Picardie ou le Val de Loire, où le calcaire est utilisé fréquemment pour la statuaire.
Dans le premier cas, les sources d’approvisionnement du matériau sont assez bien identifiées à cette période, notamment grâce aux comptes de la cathédrale de Vannes. [...]
Dans le cas de la chapelle du Loc, c’est sans doute à partir de ce matériau provenant de la cathédrale que les deux autels latéraux ont été réalisés . Avec un décor végétal de rinceaux et de vignes autour du panneau central encadré de pinacles, ces autels ne semblaient pas adossés comme actuellement, étant donné les retours de sculptures sur l’arrière, partiellement buchés. Chacun des panneaux était peint d’une scène en lien avec la vie de la Vierge, soit l’Annonciation, comme sur l’ancien retable majeur de granite et la Nativité.
Sans doute déplacés au XVIIIe siècle, ces autels devaient être positionnés originellement sur le bas de la nef, de part et d’autre du calvaire monumental, devant un chancel en bois. Cette configuration est assez classique en cette seconde moitié du XVe siècle. Elle se retrouve notamment à la chapelle Saint-Fiacre en Melrand mais aussi, plus tardivement, à la chapelle Sainte-Avoye en Pluneret. De manière générale, les autels latéraux de nef étaient dédiés à des cultes secondaires. Dans le cas présent, les statues étaient posées sur la partie supérieure de l’autel." (D. Mens)
Autel du bras nord, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Autel du bras nord, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
3'Un autre autel similaire en calcaire polychrome à rinceaux est placé dans le bras sud.
Autel du bras sud, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
4. Statue de sainte Catherine de Sienne, montrant ses stigmates, et terrassant un dragon, fin XVe siècle, calcaire polychrome. bras nord du transept.
La statue devait être posée sur l'un des autels en calcaire, et être réalisée comme eux dans des chutes des calcaires de la cathédrale de Vannes, issus de Charente Maritime.
"La statue de la fin du XV e siècle de sainte Catherine de Sienne terrassant des démons serait, en l’état actuel des connaissances, un exemplaire très rare et sans doute unique en Bretagne. Les autres représentations datent majoritairement du XVIIe siècle, en lien avec le développement du culte du Rosaire. Si cette représentation est reproduite dans plusieurs livres d’heures de cette période, sa déclinaison statuaire reste rare et seul un exemplaire assez proche est conservé au Palais des Papes d’Avignon. La représentation de cette dominicaine doit sans doute être rapprochée du culte de saint Vincent Ferrier, très important alors à Vannes, et du rôle de membres de la famille Coëtlagat dans son procès de canonisation." (Diego Mens)
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
5. La statue dite de sainte Madeleine, plutôt sainte Marguerite sans son dragon. Calcaire polychrome; fin XVe.
h = 132 ; la = 45 ; pr = 26
La statue devait être posée, comme celle de sainte Catherine de Sienne, sur l'un des autels en calcaire, et être réalisée comme eux dans des chutes des calcaires de la cathédrale de Vannes, issus de Charente Maritime.
Elle ne correspond pas à l’iconographie mentionnée sur sa terrasse. La confusion tient sans doute à l’absence de voile, mais elle n’est pas dotée du principal attribut de cette sainte, le pot à onguents. En revanche, cette œuvre est très comparable à deux statues orantes, conservées dans la commune de Questembert, domaine des Rieux-Rochefort, et représentant sainte Marguerite 35 . Sans certitude, un dragon aurait été placé au-devant de la terrasse, sur lequel figurent deux orifices ayant servi pour un goujeonnage. L’absence de la sculpture des plis au niveau du genou droit de la sainte pourrait corroborer cette présence de l’attribut monstrueux, au-devant de la statue. Pour ces deux statues et autels, il doit s’agir d’un seul commanditaire, car elles paraissent avoir été réalisées par le même atelier local, ayant travaillé sur le chantier de la cathédrale Saint-Pierre. À Saint-Avé, installés à la fin de réalisation de la nef, ces œuvres sont sans doute une commande des Coëtlagat ou d’une famille noble de 33. Une autre statue de ce type est conservée à la chapelle Saint-Michel en Saint-Avé et présente les armes des Peillac. Elle figure une Vierge au calvaire. 34. Partie basse de la statue composant une plinthe. 35. La chapelle Saint-Michel et celle de Saint-Jean
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Console de la statue en calcaire polychrome, fin XVe, chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
6. Saint Isidore, patron des cultivateurs ou laboureurs, tenant la faucille et la gerbe de blé. Bois polychrome, XVIIIe siècle, revers évidé.
Saint Isidore patron des laboureurs, accompagne dans le chœur Saint Cornély, patron des éleveurs de bœufs. Selon une complainte vannetaise San Izidor oe labourer, servitour bras en ur maner , "Saint Isidore était laboureur , il apportait de grands services au manoir " . C’est un saint alors très populaire, revêtu des vêtements des paysans riches. Les saints des statues tiennent tous la faucille et la gerbe de blé témoin de la bonne réussite des moissons.
Ce saint permet de découvrir les tenues traditionnelles des agriculteurs. Ici, il porte une veste bleu-gris à 12 boutons noirs, 3 boutons aux poches à rabats en pointe, 3 boutons aux poignets ; un gilet blanc à plus de 20 petits boutons ; une ceinture de cuir à boucle dorée ; une chemise à col en V ; une culotte courte plissée ou bragou braz, ; des guêtres fines ; des chaussures de cuir noir à languette et boucle de métral argenté. Les couleurs témoignent des repeints des restaurateurs et ne témoignent pas forcément du costume d'origine.
Selon D. Mens, "ces cultes se développent en Bretagne à partir du milieu du XVII e siècle remplaçant des dévotions plus anciennes. Cette introduction de nouveaux cultes et le renouvellement des statues qui en découlent sont très fréquents dans le Morbihan. Ils illustrent notamment une nouvelle gestion des églises et chapelles par des généraux de paroisse dirigées par des notables et le recteur, alors que la noblesse, désormais absente de la paroisse, ne paie plus les droits liés à ses chapelles privatives"
Voir d'autres exemples :
Mes Izidors : iconographie de saint Isidore en Bretagne.(Bréles ; Logonna-Daoulas ; Saint-Mériadec à Stival ; Saint-Nicodème en Pluméliau ; Chapelle N.D de Quelhuit à Melrand (Morbihan) ; église de Bieuzy-les-Eaux (Morbihan) ; Eglise de Saint-Thuriau (Morbihan) ; Guern, église paroissiale (Morbihan) ; Sainte-Tréphine (Morbihan)
Ou encore : la statue de l'église de Carnac : Les pièces majeures du costume masculin du 17e siècle y apparaissent avec la superposition d’un gilet fermé et de 2 vestes de couleurs différentes sur la chemise bouffant aux poignets ; les séries de 12 boutons, complétées par les boutons des poches et poignets ; une ceinture large à boucle ; des bragou berr, culotte étroite et courte, des guêtres (à boutons) et des souliers de cuir.
statue de saint Isidore par le sculpteur Martinet, daté de 1670-1680. Carnac, église St Cornély. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Sous la statue, la console porte un blason à une bande présenté par deux lions , sur fond de feuillages et de grappes :
Console (fin XVe) d'une statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
7. Statue en bois polychrome de Saint Cornély (saint Corneille) accompagné de deux bovins, XVIIIe siècle.
Dans le sud de la Bretagne, saint Cornély est le protecteur, par jeu sur non nom, des bêtes à corne. Son nom est la forme bretonne de Corneille (en latin : Cornelius). Selon la tradition bretonne, Cornély est pape de 251 à 253
Le saint est coiffé de la tiare papale et il devait tenir la croix à double traverse, comme en l'église de Carnac (actuellement dans la chapelle Saint-Colomban), tandis qu'il trace une bénédiction. Voir aussi la statue du saint en la chapelle Sainte-Croix de Josselin. Ou celle de La Chapelle-Bouëxic.
Statue de saint Cornély de l'église de Carnac, chapelle Saint-Colomban de Carnac. Cliché lavieb-aile 2024.
Statue de saint Cornély, 1980, Carnac, église Saint-Cornély. Cliché lavieb-aile.
Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
8. Statue en bois polychrome qualifiée de saint Fiacre, après avoir été identifiée précédemment à saint François d’Assise. Il s’agit en réalité de saint Dominique de Guzman. Fin XVe ou XVIe siècle.
Saint Dominique est le fondateur de l’ordre des Dominicains. L’attribut manquant à la main droite, un temps considéré comme une pelle pour correspondre à l’iconographie de saint Fiacre, est en fait une croix sur une grande hampe. Cette représentation apparaît d’ailleurs cohérente et complémentaire de sainte Catherine de Sienne, car ces deux saints sont associés dans les retables et tableaux du Don du Rosaire.
Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Console fin XVe siècle : Armoiries d'Olivier de Peillac : d'argent à trois merlettes de gueules, au franc canton de même.
Console fin XVe d'une statue de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
9. Statue dite de saint Colomban. Bois polychrome, fin XVe ou XVIe siècle.
Cette statue serait issue du même atelier que la précédente et serait contemporaine de la création de la chapelle. Le saint est représenté en évêque (avec la crosse, perdue, tenue en main gauche, la mitre, les gants épiscopaux, la chape recouvrant un surplis, et des pantoufles pointues).
Colomban de Luxeuil est un moine irlandais du VIe siècle venu évangéliser la Bretagne puis l'Europe ; on lui attribue la Règle de Saint-Colomban inspiré du monachisme irlandais.
"Moine et abbé, ce saint, réputé guérir de la folie, est représenté ici en tenue d’abbé mitré, alors que d’autres représentations contemporaines le figurent en tenue de moine, notamment à Rosporden (Finistère) ou Guégon (Morbihan). Le doute est permis, aucun attribut ne permettant d’identifier avec certitude cette statue." (D. Mens)
Voir la statue de ce saint (bois polychrome, XIXe) en sa chapelle de Carnac.
Statue en bois de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
7. La croix de chancel
Seule à n'avoir pas été restaurée récemment, cette croix (ou calvaire), vestige de la clôture (ou chancel) commandée en 1500 par André de Coëtlagat comme l'indique une inscription et détruite en 1913 se dresse à la croisée du transept. Elle est classée mh depuis 1908.
Cliché Ouest-France.
La quasi-totalité des jubés et autres chancels ayant été détruits aux XVIIe et XVIIIe siècles, il est quasi impossible d’établir un lien avec un atelier précis, si ce n’est qu’il soit probablement originaire de Haute-Bretagne et en lien avec les ateliers des autres jubés conservés, ceux de Saint-Fiacre au Faouët (Morbihan), réalisée par Olivier Le Loergan vers 1480 mais aussi celle de Kerfons en Ploubezre (Côtes-d’Armor). Néanmoins, ce type de calvaire supposait d’être adossé à un chancel avec une porte géminée au centre des deux autels latéraux, ce qui diffère de la plupart des ensembles toujours conservés.
a) La partie basse est composée d’un tronc d'offrande vers l’ouest, adossé à un fût quadrangulaire avec une niche à dais flamboyants sur chaque face. Selon D. Mens, les blasons peints sur le fond de quatre niches, outre leur positionnement incohérent en cas de présence de statuettes, ont été probablement intégralement repris lors de la restauration de 1913 et ne semblent pas fiables.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Armoiries écartelé en 1 et 4 de Cantizac d'argent à la bande de gueules, chargée de 3 alérions d'or, et en 2 et 3 de Peillac
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Armoiries de la famille d'Arz, d'argent à 3 quintefeuilles de gueules.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
b) Sur un niveau intermédiaire de la face occidentale, au dessus des armes de Malestroit de gueules à 9 besants d'or, le Christ est entouré des statues de la Vierge (bras croisés) et de saint Jean (paumes de face) , juchées sur deux branches d'un arbre,.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Au revers, la statue d’un évêque (peut-être saint Avé, patron de la paroisse) est contemporaine du calvaire, en raison de sa chasuble à pointe et des poulaines.
l'inscription placée sur le revers de la traverse de la croix, afin d’être lue par la noblesse et le clergé qui occupe le chœur, est la suivante : Mestre André de Coëtlagat recteur de saint ave fit faire ceste eupvre l’an Mil Vc
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
c) En partie haute, le dais superpose plusieurs étages de pinacles, de nervures, de dragons les ailes écartées et d'angelots voletants en adoration évoque la tribune du jubé de Saint-Fiacre au Faouët (Morbihan), réalisée par Olivier Le Loergan vers 1480, ou encore celle de Kerfons en Ploubezre (Côtes-d’Armor).
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
8. Le bénitier à droite de l'entrée.
Il porte deux blasons, dont celui aux armes d'argent à trois merlettes de gueules, au franc canton de même, du recteur Olivier de Peillac identifiable par son canton.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix de chancel de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
9. À l'extérieur, côté ouest : la croix-bannière quadrilobe en granite, fin XVe siècle
Une croix bannière est un ensemble monolithique sculpté sur l'avers et le revers, comme une bannière de procession. Fréquentes en Morbihan où eon en compte une douzaine, elles datent du XVe et XVIe siècle.
"La croix bannière de la chapelle est placée à l’ouest du placître et composée d’une mace (soubassement), d’un fût et d’une bannière. Elle semble avoir été remontée sur un autel extérieur réalisé probablement au XVIII e siècle, utilisé lors des pardons très fréquentés de la Nativité de la Vierge, le 8 septembre.
La mace est sculptée en relief sur ses quatre faces : à l’ouest, sous une accolade gothique, la composition de la scène de l’Annonciation est très proche de celle du retable. Sur la face sud, deux saintes martyres, également représentées sur le retable, sainte Madeleine et sainte Catherine, sont sculptées sous deux arcatures en plein cintre, tandis que sur la face opposée, saint Jean Baptiste est représenté au côté de saint Yves. La présence de ce dernier n’est sans doute pas anodine, car le culte de ce saint est largement développé dans le courant du XVe siècle, sous l’impulsion de la famille ducale des Montforts.
Vers la chapelle, à l’est, le côté de la mace présente trois saints également sous arcatures : saint Jacques pèlerin, saint Laurent diacre et de nouveau, saint Jean Baptiste. Cette double représentation de saint Jean se retrouve sur le retable en albâtre.
La bannière est quadrilobe. Sur sa face occidentale, la représentation du calvaire diffère de celle du retable, puisque saint Jean y est sculpté la main soutenant son visage et la Vierge, les mains jointes en oraison. Au revers de la bannière, la Vierge en majesté, accompagnée de Jésus, est entourée de quatre angelots, deux thuriféraires et deux musiciens.
L’atelier qui a réalisé cette croix bannière est sans doute identique à celui qui a façonné la réserve eucharistique du mur du chevet. Les décors d’acanthe du fût et de l’accolade de la réserve sont très proches, pour des œuvres qui seraient par conséquent datées des années 1475-1480. La sculpture des personnages diffère toutefois de celle du retable et il s’agirait de deux ateliers distincts. Le granite de la croix bannière, comme celui du reste de l’édifice, provient sans doute des perrières (carrières) proches de Coëtdigo ou du Van, citées dans les fermes de la seigneurie de Largoët" . (D. Mens)
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
La Vierge couronnée, assise, tient l'Enfant sur ses genoux et lui présente un fruit. Elle est adorée par quatre angelots, dont deux , en bas, élèvent l'encensoir. L'ange supérieur droit joue de la cornemuse. Je ne peux préciser l'instrument joué par l'autre musicien.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Saint Jean-Baptiste à manteau en poil de chameau et tenant l'agneau ; saint Laurent et son grill ; saint Jacques en tenue de pèlerin avec chapeau, bourdon.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Côté nord : Saint-Jean-Baptiste et saint Yves.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Côté ouest : l'Annonciation.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
Côté sud : Sainte Catherine et sainte Marguerite.
Croix-bannière de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Cliché lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—DANIGO (Joseph), 1983, La chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé, Congrés archéologique de France tome 141 page 216 et suiv.
— MENS CASAS (Diego), 2020, La chapelle Notre-Dame-du-Loc en Saint-Avé.« Ymages » et décors du dernier quart du xve siècle, Actes du congrés de Vannes sept. 2019, Mémoires de la Socité d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 36 Pages
— infobretagne reproduit les textes de J. Guyomar, de Gustave Duhem 1932 (Les églises de France) et de la Revue Morbihannaise volume 18 page 126 de 1914 :
À partir du XIVe siècle, l’Angleterre devient un important centre de production d’oeuvres en albâtre. Provenant des carrières des Midlands du South Derbyshire, l’albâtre constitue une spécialité des artisans de Nottingham du XVe au XVIe siècle. Au XVe siècle, la réalisation de petits panneaux sculptés et peints concerne principalement des images destinées à de la dévotion privée, ou des éléments de retable.
Ces œuvres, allant du panneau de retable à la statue en ronde bosse en passant par les décors funéraires, s'exportèrent dans toute l'Europe, ce qui explique que l'on y trouve des exemples intacts, tandis que la plupart de ceux conservés en Angleterre ont été détruits ou mutilés lors du "Putting away of Books and Images Act" d'Edouard VI en 1549.
Suivant des modèles stéréotypés, ces reliefs sont alors reconnaissables par leurs sujets iconographiques, les formes maigres des figures représentées, les visages conventionnels et les draperies sèches et rigides. Pour Diego Mens ces ensembles ont tous pour point commun d’être la commande d’aristocrates de haut-rang ou de prélats aisés, pour une dévotion de chapelles privatives.
Je me suis inspiré de la description et de l'analyse très approfondies de Casas Diego Mens et je renvoie à son article. Mon but est seulement d'apporter un ensembles de clichés analysés et commentés.
Réalisé dans les ateliers de Nottingham à la fin du XVe siècle, ce retable de 250 cm de haut et 80 cm de large environ est présenté aujourd'hui sur l'autel central. Il réunit au centre la Trinité adorée par des anges, et de chaque côté un Te Deum, assemblée des prophètes et des saints et saintes louant Dieu, soit quarante sept personnages au total.
La Trinité, volée en 1980, est remplacée par un moulage en résine. La disposition photographiée avant 1913 par Géniaux a été remplacée par un nouvel autel en calcaire, realisé en 1913, par le sculpteur Le Merle, de Vannes, dans le style néogothique. Mais deux petites statuettes d’albâtre de saintes, dont une représentant sainte Catherine ont disparu à cette occasion.
Géniaux Charles-Hippolyte-Jean (12 novembre 1870 - 19 mars 1931) (Photographe) ; 1900 - 1915 ; Saint-Avé chapelle Notre-Dame du Loc.
C. Diego Mens
I. LE PANNEAU CENTRAL : LA TRINITÉ ou TRÔNE DE GRÂCE (moulage en résine).
On peut décrire cette œuvre en trois registres. En haut, Dieu le Père, nimbé et portant la tiare, trace une bénédiction de la main droite, index et majeur étendus et légèrement croisés, les autres doigts réunis dans la paume. La main gauche est ouverte, paume face à nous. Il porte une barbe à pointe bifide et à mèches bouclées. Devant sa gorge , dans la courbe des plis de son manteau se voient trois boules, ou plutôt trois visages qui seraient alors un symbole trinitaire, alors que la colombe de l'Esprit est absente, et qu'aucun point de fixation ne renseigne sur la possibilité qu'elle ait été brisée ou ôtée.
Les "boules" et les plis peuvent correspondre à la Colombe, modifiée : cf Combrit. Ou bien la Colombe descendait de la bouche du Père jusqu'au sommet de la tête du Fils. Beaucoup de Trinité en albâtre n'ont pas, ou ont perdu le Saint-Esprit. Le spécimen de la VAM est un ajout moderne. L'Esprit-Saint était-il présent à l'origine ? À Nouvoitou, il était indépendant et fixé par un tenon dans la poitrine du Père.
Deux anges de chaque côté, agenouillés sur ce qui doit être un nuage, tiennent une sorte de clef à anneau en losange et à deux branches tandis qu'ils lèvent le bras opposé vers la tiare, dans un geste de thuriféraire, comme dans les autres exemples de ce thème à Nottingham. Dans ce cas, la clavette serait, comme ailleurs les navettes, un accessoire de l'encensoir. En fait, en comparant avec l'exemplaire de la VAM, et avec celui de Monterrein, on voit qu'il s'agit de l'anneau des chaînes de l'encensoir, chaînes et encensoir qui ont été brisés et perdus à Saint-Avé.
Trinité, albâtre Victoria & Albert Museum
Nouvoitou (
Trinité, albâtre, Monterrein (Poermel), v. 1500, détail, cliché Bègne Bernard
Le registre moyen complète le personnage Paternel, et montre que Dieu le Père est assis sur une cathèdre, pieds nus, vêtu d'un manteau à plis larges.
Il tient entre ses genoux la croix sur laquelle le Fils est crucifié, et les cinq plaies sont marquées par des trous. Le Christ est barbu à cheveux longs, la tête inclinée vers sa droite, vêtu du perizonium.
Deux anges recueillent dans des calices le sang des mains.
Sous ce registre qui est posé sur une dalle plate se tiennent deux autres anges qui, un genou à terre (si on peut dire cela), soutiennent ensemble un seul calice afin de recueillir le sang s'écoulant des pieds du crucifié.
L'œuvre était peinte et comme sur d'autres exemples, les cheveux étaient dorés, les bords des textiles étaient peints et dorés, les vêtements recouverts d'ornementation dorée
On comparera cette œuvre avec les Trinités en albâtre suivante :
- retable de la Passion de Conches-en-Ouches (Eure), dont les quatre bas-reliefs du retable de Conches ont été volés le 6-7 juillet 1978. La Colombe est absente ; les chaines des encensoir sont intactes ; les anges du registre moyen sont saisis en vol; la main gauche du Père est brisée. C'est "la copie conforme" de celui de Saint-Avé pour Diego-Mens
-Eglise Saint-Tugdual de Combrit (Finistère) : couronne remplaçant la tiare main gauche refaite ; Colombe vue de haut ; donateur en bas à droite ; absence des anges ; phylactère réunissant le Christ et le donateur.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
II. LE PANNEAU LATÉRAL GAUCHE : Le TE DEUM (SAINTS ET PROPHÈTES) , SAINT JEAN-BAPTISTE ET L'AGNEAU.
1. Jean-Baptiste.
Selon Diego Mens, la présence ici des deux saints « présentateurs » Jean Baptiste et Jean l'evangéliste indique un lien évident avec Jean IV de Rieux. À Saint-Avé, le positionnement d’origine du retable de Nottingham était différent de celui connu au XVIIIe siècle qui a perduré jusqu’à 1913, avec une installation sur l’autel du bras du transept sud. Une position initiale probable est suggérée dans la chapelle privative du transept nord sur l'autel, sous la baie au remplage en fleur de lys . En effet, ce motif des remplages est souvent à associer, en Bretagne, à de hauts nobles chevaliers de l’ordre royal de Saint-Michel. Jean IV de Rieux ou maréchal de Rieux est mentionné comme appartenant à cet ordre dans le traité d’Étaples de 1498. Ainsi les panneaux du Te Deum encadrant celui de la Trinité, placés à l’origine dans cette chapelle et associés à la fleur de lys de la baie, pourraient être les témoins d’une dévotion, mais surtout d’une action de grâce et de reconnaissance de Jean IV de Rieux envers Dieu et la Vierge, pour la paix retrouvée dans le duché.
Le saint est figuré jambes nues sous une tunique (en encolure en V) et un manteau qui tombe jusqu'au sol. Un pan central du manteau s'achève par une dilatation qui évoque des pattes de chameau, animal associée dans la tradition à ce manteau. Il y a des rares de peinture brune sur le manteau.
L'agneau, qui lève son museau vers le saint, repose sur un livre. Le saint tend l'index, accompagné d'autres doigts, vers l'agneau par référence à la citation ecce agnus dei. « Voici l’ agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! » (Jean 1:29)
La tête est remarquable par sa barbe semblable à celle du Père de la Trinité, aux deux pointes peignées et aux mèches bouclées des joues, mais surtout par ses cheveux formant neuf sortes de nattes triangulaires formant des rayons. On retrouve exactement cette coiffure dans d'autres têtes d'abâtres du saint, cette-fois isolées dans le plat de son martyre. Ces dreadlocks soulignent que Jean-Baptiste est un nazir, consacré à Dieu, qui vit dans le désert, se nourrit de miel et de sauterelle, porte des vêtements en poils de chameau, et ne se coupe ni les cheveux ni la barbe.
V&A Museum's : le retable de Swansea. Les ressemblances sont frappantes ; remarquons la série de boutons de la tunique, remplaçant l'encolure en V. La polychromie conservée permet de se faire une idée de l'état du retable de Saint-Avé.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Nous retrouvons, dans la même tenue, Jean-Baptiste portant l'agneau en tête du cortège de louange de 17 saints et prophètes se dirigeant de gauche à droite vers le panneau central. L'Église tient Jean-Baptiste comme le dernier des prophètes d'Israël.
Dans le premier groupe des Prophètes, l'un des personnages porte un bâton , l'autre une scie , un autre un cimeterre, un autre un rouleau de parchemin. Plusieurs des coiffures sont à rabats ou conique, relevant des codes de désignation des Juifs : ce pourrait être des prophètes et patriarches de l'Ancien Testament. Ils ont tous la main levée, comme pour attester d'une vérité.
Un seul est tête nue et il tient un bâton : on a proposé d'y reconnaître Moïse, d'autant qu'il porte au sommet de la tête ce qui pourrait être deux flammes, allusion au caractère rayonnant de Moïse descendant du Sinaï après avoir parlé avec Yahweh, flammes qui prennent souvent l'allure de cornes suite à une erreur de traduction. "Aaron et tous les enfants d'Israël virent Moïse, et son visage rayonna de joie. Ils craignirent de s'approcher de lui." (Exode 34: 30)
parmi les personnages de gauche Il pourrait y avoir Élie , portant le manteau de prophète dont Élisée allait bientôt hériter. Élie monta au ciel dans un tourbillon… Élisée… ramassa le manteau qui était tombé d’Élie… et en frappa les eaux. « Où est maintenant l’Éternel, le Dieu d’Élie ? » demanda-t-il. Lorsqu’il frappa les eaux, elles se divisèrent à droite et à gauche, et Élie traversa. (2 Rois 2: 13-14)
Celui qui porte une scie serait Isaïe. Dans le Talmud de Jérusalem (Sanhédrin ), le prophète, craignant pour sa vie, se cacha dans un cèdre. Hélas, les franges de sa robe restèrent visibles et le méchant roi de Juda, Manassé, ordonna à ses serviteurs de scier l'arbre en deux.
En bas à gauche, Il s’agit peut-être de Jérémie , debout seul, l’air triste et vêtu d’une robe sacerdotale. Jérémie est l’un des prêtres d’Anathoth, dans le territoire de Benjamin. (Jérémie 1:1)
Le suivant serait Daniel. Traditionnellement d'origine royale, il porte une robe « royale » et tient un parchemin.« Et toi, Daniel, roule et scelle les paroles du livre jusqu’au temps de la fin. » (Daniel 12:4)
Son voisin serait David, il a une barbe fourchue et porte l'épée cimeterre courbée de son ennemi juré Goliath. David triompha du Philistin avec une fronde et une pierre. Il n’avait pas d’épée à la main, il frappa le Philistin et le tua. Il saisit l’épée du Philistin, la tira du fourreau, le tua et lui coupa la tête avec l’épée. (1 Samuel 17: 50-51)
Dans le second groupe, les saints ou martyrs de l'Église, on identifie un pape à sa tiare (au dessous de saint Pierre), un archévêque à sa croix et sa mitre, un évêque à sa crosse et à sa mitre, un roi à sa couronne et un cardinal à son chapeau à cordons à glands. Le roi tient un anneau qui le désignerait comme Édouard le Confesseur, et l'archevêque est rapproché de saint Thomas Becket. Trois autres personnages sont tonsurés, ce sont des clercs, et peut-être des diacres.
Les chaussures pointues sont bien celles portées au XVe siècle.
L’exemplaire du panneau des prophètes de l’Église conservé au Victoria et Albert Museum Inv. A.188-1946, panneau donné en 1946 par le docteur W. L. Hildburgh. est différent de celui de Saint-Avé et paraît plus ancien dans sa facture. Il prouve que ce thème a été réalisé au moins en deux séries distinctes, à deux époques.
Prophets, V&A Museum
Les collections du V&A Museum renferment aussi un fragment du cortège de Te Deum des membres de la Sainte Église, dont les détails montrent la parenté avec le panneau de Saint-Avé.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
III. LE PANNEAU LATÉRAL DROIT : Le TE DEUM (APÔTRES ET DOCTEURS ; VIERGES ET MARTYRES) ; SAINT JEAN L'EVANGELISTE.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les apôtres, saints et martyrs.
Les personnages tournés vers la gauche lèvent la main, comme ceux de gauche.
Au premier rang on trouve les apôtres Pierre (clef ; bizarre tonsure) et Paul (épée), puis André (croix en X).
Derrière eux, l'apôtre Jean tenant une palme, et un saint de l'Église (tonsure, aube et amict).
Au dernier rang, un pape (tiare, croix), un membre du clergé tenant un livre, un évêque, et un roi.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les Vierges et martyres.
Premier rang : sainte Catherine l'épée de sa décollation et la roue à couteaux de son martyr. Sainte Ursule, couronnée tenant sa flèche. Sainte Marguerite issant du dragon, tenant le crucifix de sa libération.
Deuxième rang : sainte Barbe et sa tour à trois fenêtres. Une sainte abbesse. Sainte Hélène, couronnée et la Croix.
Troisième rang : la troisième est sainte Apolline, couronnée, tenant une dent serrée dans un davier.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Saint Jean l’Évangéliste
Saint Jean l’Évangéliste bénit la coupe empoisonnée que lui a donné un prêtre païen d’Éphèse pour le mettre à l’épreuve mais le venin s’échappe du calice sous la forme d’un petit dragon bicéphale, comme le raconte la Légende dorée de Jacques de Voragine (1228-1298). La palme est celle que portait le saint devant le cercueil de la Vierge Marie que soutenaient les apôtres. Selon Diego Mens, cette représentation du saint avec ces deux attributs est assez rare et notamment illustrée dans la Prédelle de la Visitation par le maître de Segorbe (cathédrale de l’Assomption, province de Castellon, Espagne), XVe siècle.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le retable en albâtre de Nottingham de la Trinité et du Te Deum ( fin XVe) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
ANNEXE : CATALOGUE DES ALBÂTRES BRETONS (d'après C. Dréan).
Les albâtres de Bretagne ont été catalogués, datés et décrits par Colette Dréan. La majorité date de la seconde moitié du XVe siècle. Les retables de la Vie de la Vierge, dont j'ai placé les éléments en rouge, ne sont pas complets et souvent réduits à un ou deux panneaux. Les plus intéressants, en comparaison avec le retable de Kermaria, sont ceux de Saint-Péver et de Nouvoitou.
Côtes d'Armor
Châtelaudren Chapelle Notre-Dame -du-Tertre. Retable volé en 1969. Deuxième moitié du XVe siècle.
Châtelaudren Chapelle Notre-Dame -du-Tertre. Vierge à l'Enfant, début XVIe ?
Corlay, presbytère, v. 1428 Ste Anne et la Vierge
Dinan, Musée, seconde moitié XVe. Descente de croix ; Ste Catherine.
Lanvollon, Vierge à l'Enfant, fin XIVe
Pléherel église du Vieux-Bourg, fin XVe
Ploubezre chapelle Saint-Thècle fin XVe
Plougrescant Chapelle Saint-Gomery. Vierge à l'Enfant moitié XVe
Plouha, Chapelle de Kermaria an Iskuit, retable de la Vie de la Vierge, deuxième moitié XVe
Pommerit-le-Vicomte, église, Retable de la Passion, fin XVe
Rostrenen, chapelle de Compostal, Arbre de Jessé , Assomption et Couronnement de la Vierge, deuxième moitié XVe
Saint-Brieuc, ancien Carmel, Crucifixion, deuxième moitié XVe
Saint-Laurent de Bégard, église, Baiser de Judas, deuxième moitié XVe
Saint-Pever, Retable de la Vie de la Vierge : Trinité, Assomption, Couronnement.fin XVe
Squiffiec, Retable de la Vie de la Vierge : Adoration des Mages, Couronnement.fin XVe
Finistère
Cléden-Cap-Sizun
Combrit
[Elliant, chapelle Sainte Marguerite : hors catalogue, cité in Couffon 1980 p. 105 : Assomption de la Vierge avec saint Thomas]
Esquibien, église Saint-Onneau, Vierge de Pitié, ronde-bosse, milieu XVe. Volée en 1980.
Locquirec, église Saint-Jacques Vierge de Pitié, fin XVe (Vierge à l'Enfant selon R. Couffon)
Morlaix, Musée des Jacobins, Visitation, Trinité, Mise au tombeau, deuxième moitié XVe
Morlaix, couvent des Carmélites, Assomption, deuxième moitie XVe
Plonevez-du-Faou, chapelle Saint-Herbot, Annonciation, volée en avril 1969 [et Couronnement, non confirmé], deuxième moitié XVe.
Plouvorn, N-D de Lambader, élus dans le sein d'Abraham, deuxième moitié XVe. (Non retrouvé lors de ma visite, non confirmé)
Quimperlé, musée de l'Évêché, Ste Anne, Annonciation, Couronnement, deuxième moitié XVe
Quimper, cathédrale, Saint Jean-Baptiste, première moitié XVe
Quimper, cathédrale, retable du Christ et des Vertus, Xve
Quimper, Musée départemental breton, Baiser de Judas, Flagellation, deuxième moitié XVe
Roscoff, église de Croas-Batz, Retable de la Vie du Christ deuxième moitié XVe
Trémaouézan, presbytère, Adoration des Mages entre 1350 et 1390
Ille-et-Vilaine
Nouvoitou Retable de la Vie de la Vierge : Annonciation, Adoration, Trinité, Assomption, Couronnement fin XVe
— DIEGO MENS (Casas), 2020, La chapelle Notre-Dame-du-Loc en Saint-Avé.« Ymages » et décors du dernier quart du xve siècle, Actes du congrés de Vannes sept. 2019, Mémoires de la Socité d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 36 Pages
reproduit les textes de J. Guyomar, de Gustave Duhem 1932 (Les églises de France) et de la Revue Morbihannaise volume 18 page 126 de 1914
— JABLONSKI-CHAUVEAU, Christine et FLAVIGNY (Laurence), 1998, «Sculptures d’albatre du moyen-âge», (D’Angleterre en Normandie), Rouen, musée départemental des Antiquités 12 février - 31 mai 1998, Evreux, musée de l’Ancien Evêché, juillet-Octobre 1998 Ed. Lecerf, 1998
— KIRKMAN (Andrew), English alabaster carvings and their cultural contexts
— PRIGENT Christiane , 1998, Les sculptures anglaises d'albâtre au Musée national du Moyen Âge – Thermes de Cluny , Paris, Réunion des musées nationaux, 1998, p. 13.
— ROSTAND (A), 1928, Les albâtres anglais du XVe siècle en Basse-Normandie, Bulletin Monumental Année 1928 87 pp. 257-309
— SCHLICHT (Markus), La reproductibilité comme gage de succès commercial ? Albâtres anglais de la fin du Moyen Âge, Die Reproduzierbarkeit als kommerzielles Erfolgsrezept? Die english Alabasterskulpturen des späten Mittelalters p. 179-194
https://doi.org/10.4000/perspective.15321
—TOSCER Catherine, 1987,inventaire topographique Dossier d’œuvre objet IM56004515 et Dossier de présentation du mobilier IM56004538
:
1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)