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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 14:28

Iconographie de saint Christophe dans les vitraux de la cathédrale de Quimper.

III. La baie n°115. Vitrail du Gloria . Transept, bras nord, mur est.

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L'intention de cette série de mon blog est de replacer chaque œuvre dans un ensemble iconographique étudiant les variations et les reprises du thème de saint Christophe traversant le gué en portant le Christ enfant sur ses épaules. Et de faire apparaître l'importance de ce culte au XVe et XVIe siècle.

A Quimper, le but est de souligner combien ce culte avait une place prépondérante au XVe siècle (cinq vitraux et une chapelle), et d'inciter à réfléchir à sa signification, qui dépasse de loin l'image de saint-pour-porte-clef-et-garagiste qu'on pourrait avoir.

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Saint Christophe sur les vitraux de la cathédrale de Quimper :

Autres exemples iconographiques :

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Le mur est du bras nord du transept est éclairé par deux baies, n° 113 et n°115, qui toutes les deux consacrent une lancette à saint Christophe. Dans le bras sud, dans une position symétrique, saint Christophe occupe aussi la baie n°114.

Cette baie comporte six lancettes désignées par les lettres A à F,  et un tympan à 11 ajours, recrée vers 1872. Hauteur 6 m, largeur 4,30 m. Une place à part est réservée à saint Christophe dans la lancette F à l'extrême gauche, alors que les cinq autres lancettes sont organisées symétriquement autour de la Vierge à l'Enfant (lancette C), vénérée de part et d'autre par deux chanoines des lancettes B et D, chacun présenté par l'un des deux saints Jean dans la lancette voisine. L'unité de ces cinq lancettes est assurée par le fait que les bras des saints "traversent" le meneau pour présenter leur protégé dans la lancette voisine.

 

J'utilise dans ma description les publications de Françoise Gatouillat, (2005 et 2013), Yves-Pascal Castel (Daniel, 2005) mais aussi le blog de Jean-Pierre Le Bihan (2007). C'est le travail d'un  maître-verrier quimpérois et historien-chercheur de la cathédrale. Sa description, argumentée par le recours aux archives et aux auteurs cités ici en bibliographie, s'avère si attentive, si réfléchie et si qualifiée (J-P. Le Bihan a restauré de très nombreux vitraux finistériens dont ceux de la cathédrale) que j'ai pris le parti d'en citer le texte. J'espère que cela ne sera pas considéré comme un emprunt indélicat, mais comme un hommage. 

Les vitraux anciens occupent les fenêtres hautes. Très très hautes pour le touriste photographe. 

Surtout la baie 115. Pour la photographier,

 Ave ! Bonum diem !

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Historique : 

 

Le bras nord du transept a été érigé vers 1480, ses voûtes peintes en 1486. La baie n°115 du mur est du bras nord,  comme les autres fenêtres du transept et de la nef, a été obstruée par des cloisons de bois (entre 1469 et 1475) avant d'être vitrée entre 1495 et 1497, donc sous le règne de Charles VIII et Anne de Bretagne, et lors de l'épiscopat de Raoul Le Moël (1493-1501). La disposition générale des 20 fenêtres du transept et de la nef est proche de celle adoptée pour le chœur au début du XVe, avec des niches gothiques, des saints intercesseurs (debout) et des donateurs ou commanditaires (à genoux). Ceux-ci sont en majorité des chanoines du chapitre cathédrale. Ce dernier était composé au XVe siècle de 15 à 16 chanoines, dont quatre dignitaires : deux archidiacres —pour les deux subdivisions du diocèse, les archidiaconés de Poher et de Cornouaille — , un trésorier et un chantre. Outre les chanoines, les grandes familles nobles sont aussi représentées sous forme de couples, identifiés par leurs armoiries. Les armes des donateurs figurent dans les lancettes, dans les tympans, et parfois sur les voûtes.

 

Les verrières du transept ont été restaurées par l'atelier manceau d'Antoine Lusson fils (le restaurateur de la Sainte-Chapelle)  de 1869 à 1874.  Les verrières hautes de la cathédrale ont été déposées en 1942, et reposées entre 1950 et 1964 par l'atelier Gruber sans modification notable.  Les baies ont été restaurées en 1992-93 par l'atelier Jean-Pierre Le Bihan.

— Description  par R-F. Le Men (1877), qui n'y décrit pas saint Christophe.

"[p. 134] N° 81. Quatrième fenêtre (côté est). Six panneaux.

1er Panneau — Un chanoine en chape à genoux, présenté par N.-S.-J.-C., qui tient la croix de résurrection [Confusion avec saint Christophe ??].

2e Panneau. — Un chanoine en surplis à genoux.

3e Panneau. — Notre-Dame.

4e Panneau. — Un chanoine.

5e Panneau. — Saint Jean l’Évangéliste, tenant un calice.

6e Panneau. — Saint Jean-Baptiste vêtu d’une peau et d’un manteau. "

 

— Description en 1892 par A. Thomas, dans un ordre différent, et qui identifie saint Christophe ; la disposition des lancettes est celle que nous connaissons. Les inscriptions ne sont pas déchiffrées:

 

"1°) Saint Jean-Baptiste.

2°) Un chanoine vêtu d'une chape et agenouillé ;

3°) Notre-Dame ;

4°) Un chanoine vêtu d'un surplis et agenouillé ;

5°) Saint-Jean apôtre ;

6°) Saint Christophe.

Le troisième panneau [lancette] a occupé une des baies des fenêtres latérales de l'abside (1837-1873).

Le tympan est moderne, il représente dans les trois compartiments du centre les Trois Personnes Divines, avec cette particularité que le Saint-Esprit figure ici sous forme d'un jeune homme. [...]".

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Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

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Par exception, je débuterai par la lancette F, celul qui m'intéresse aujourd'hui.

 

Lancette F. Saint Christophe.

Je donnerai d'abord la parole à J-P. Le Bihan :

 

 

Saint Christophe.
"Dans cette baie, ce personnage se trouve à l’extrémité droite de cette baie que l’on voie dans  la façade est du bras nord du transept .
 Le torrent qu’il traverse coule de gauche à droite, ce qui n’est pas exceptionnel dans ses représentations. Ce qui est plus c’est la représentation  de deux poissons, traités au jaune d’argent (nitrate d’argent). qui glissent dans cette eau. Ici, l’auteur les a peints sur la face extérieure du verre dans le but de donner l’impression  qu’ils sont vraiment dans l’eau.

  Le vitrail présentée plus haut est dans l'état après restauration; la vue suivante le présente avant tout travail avec un manque de lisibilité dû aux  plombs de casse. [voir images sur le blog]

Saint Christophe avance, les mains, la droite à la hauteur de l’épaule, la gauche à la hauteur du genou, serrées sur un tronc d’arbre équeutée. Penché et courbé, l’effort, transcrit par la diagonale du tronc,  indique bien qu’il porte tout le poids du monde en la personne de cet enfant Jésus. Pour accentuer cette effort, et par manque de place, l’auteur a bousculé les piliers et fait ressortir cette composition du cadre de la niche.
Sa tête d’origine, milieu XV°, au cou fort, est encadrée d’une barbe légère qui remonte jusqu’aux cheveux retenus par un foulard plié et noué dont une houppe rebelle s’échappe. 
La mèche de droite suit le mouvement du personnage tandis que l’autre se devine sur le côté du visage. Le nimbe jaune, à la bordure unie et au champ ornementé de courbes et perles, agrandi encore ce visage au nez camus et aux yeux surmontés de sourcils épais et noirs dont le regard repose sur le globe.
Sa robe, ou tunique, brune violacée, très courte aux longues manches, apparaît sous un lourd manteau blanc, fermé au col par un gros bouton vert dont le motif de grisaille a disparu. Un ruban large, décoré de grains de café et de perles, court sur les parties visibles du manteau dont la doublure au dessin, fait de successions de courbes, est la même que celle de saint Jean-Baptiste.

L’enfant Jésus.

L’enfant Jésus est assis sur les épaules de saint Christophe, la jambe gauche seule visible sous la  robe rouge dont le collet au jaune d’argent fait partie intégrante de la pièce de verre comportant le cou, la tête et le nimbe crucifère. 
Les branches de la croix  de ce nimbe sont pattées et arrondies aux extrémités. 

Deux grands yeux noirs, au dessin très pur, animent ce visage, et portent leur regard du côté inverse de saint Christophe. Des cheveux rehaussés au jaune d’argent couronnent ce visage. Sa main droite bénit presque horizontalement, comme voulant indiquer une direction que suivraient ses yeux.
 La main gauche ne soutient pas, comme cela est habituel, mais prend par l’extérieur, le globe surmonté d’une croix à fanion blanc rehaussé d’une seconde croix au jaune d’argent. L’implantation de la croix au milieu de la partie haute de ce globe est exemplaire. Elle ne peut qu’être plantée dans la terre, la partie basse étant parcourue de vagues. 
Il n'est pas rare de trouver un globe terrestre dont la mer est présente dans le bas.
Quant au rideau qui ferme cette scène il est d’un violet bleu aux damas intérieurs exécutés au pochoir et se terminant par une frette de bâtonnets calée par deux filets." 
(Jean-Pierre Le Bihan)

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Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

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Commentaires personnels.

Selon les auteurs du Corpus Vitrearum, ce Saint Christophe traversant le fleuve est "assez bien conservé". Jean-Pierre Le Bihan ne signale pas non plus de parties manifestement modernes. On peut donc estimer que cette lancette est assez fidèle au vitrage d' origine. Or, certains éléments sont conformes à la tradition iconographique , tels que les jambes et pieds nus visibles dans les flots traversés, les petits poissons qui y nagent, la diagonale tracée par le bâton, et la giration de 180° du corps entre les pieds dirigés vers l'avant et la tête qui se tourne vers l'Enfant. Ou encore l'Enfant figuré comme Salvator Mundi, bénissant et tenant le globe crucigère. Ou le bandeau de martyr autour du front du saint. Par contre, la couleur rouge (et non verte) de la tunique, et le caractère solennel de la cape orfroyée sont atypiques, ce qui explique que Le Men ait vu ici (certainement lors d'un examen dans de mauvaises conditions ou sur une vitre très encrassée) un chanoine.

Le visage du saint est magnifique par son expression de détresse, d'interrogation ou de doute anxieux, et d'effort (il succombe sous le poids du Monde porté par l'Enfant), et il se rapproche de celui du Christ de douleur. Christophe est figuré comme un homme âgé, barbu, dont les mêches grises s'échappent en éléments rebelles. Mais sa face est tourné vers le haut, dans un sursaut d'espérance et de spiritualité, et son regard rencontre, non celui de l'Enfant divin, mais le globe doré où flotte triomphalement l'étendard de la victoire sur la Mort.

Nous allons maintenant découvrir que ce saint christophore, apparemment isolé dans sa lancette, est intégré dans un vaste tableau théologique sur l'avènement du Christ comme Rédempteur. Avec un "fil rouge", ici blanc et or, l'oriflamme et la croix. 

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Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.
Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

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Lancette A et B . Saint Jean-Baptiste présentant un donateur.

Tête du saint restaurée. Lancette B en partie restaurée. Le saint est vêtu de la même chape à bande d'orfroi que saint Christophe, chape toute aussi inhabituelle dans le cas de saint Jean-Baptiste que dans celui du géant barbu. En effet, le "Précurseur" dont la voix "crie dans le désert" s'habille de peaux de bêtes, et ce sont d'ailleurs elles qui pendent sur les jambes en dessous de la chape. Depuis Matthieu 3:4, chacun doit savoir que "Jean avait un vêtement de poils de chameau, (Iohannes habebat vestimentum de pilis camelorum) et une ceinture de cuir autour des reins (et zonam pelliciam circa lumbos suos). Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage."  ​  Le caractère inhabituel de ces deux parures doit nous mettre sur la piste d'une intention délibérée et signifiante, réunissant Jean-Baptiste et Christophe. Mais en réalité, à un exception, tous les personnages de ce vitrail portent ce manteau : la Vierge (bleu à orfroi), saint Jean l'Evangéliste (simple voile blanc) et le donateur (rouge à orfroi).

Le donateur présenté par Jean-Baptiste est un clerc (tonsuré) ; il est agenouillé devant un prie-dieu à décor gothique, mains jointes. Le décor de la bordure dorée et brodée de son manteau est simple, géométrique et répétitif. 

Il s'agit soit d'un chanoine (mais particulièrement honoré par ce vêtement), soit d'un évêque, et il pourrait porter le prénom Jean du saint qui le présente :  on peut penser à l'évêque Jean de Lespervez (1451-1471), commanditaire de la croisée du transept, bien que ce vitrail postérieur à 1496 l'honorerait de manière posthume. Une hypothèse plus crédible verrait ici le chanoine Jean Le Baillif, dont les armes ornent la baie 113 : en 1479, tout le chapitre l'avait nommé évêque, mais cette nomination ne fut pas ratifiée par le duc François II.

Une banderole se déploie au dessus des mains de ce digne chanoine, et on y lit en lettres gothiques :   " : DOMINE : IHS XPE FILII."

Pour Yves-Pascal Castel y voit "une citation libre d'un des versets du Gloria rituel Domine Filii unigenite Jesu Christe, ce qui justifie qu'il donne à cette verrière le nom de "Baie du Gloria", mais cela suppose l'introduction du mot unigenite et l'éclatement de la séquence des termes latins. D'autre part, rien d'autre dans cette baie ne se réfère au Gloria, et notamment pas le contexte général, et, enfin, la seconde inscription, lancette D, n'est pas tirée du Gloria. Le même texte se retrouve dans la lancette D de la baie 122 du bras sud du transept : domino ihs xpo filio au dessus de l'évêque Raoul Le Mouel, dans une baie du XIXe siècle. 

La séquence exacte peut être respectée dans différentes formules

 (Domine iesu christe fili dei miserere mei peccatoris ; Domine iesu xpe fili dei patris omnipotentis tu qui es deus angelorum ; Domine Jesu Christe, Fili Dei vivi, qui es verus omnipotens Deus ;Domine Jesu Christe, Filii Dei vivi, qui ex voluntate Patris, Domine Jesu Christe, Fili Dei vivi, qui uterum beatae Virginis Maria mirabiliter) mais cela n'a pas beaucoup d'importance pour l'interprétation de la verrière si l'authenticité du texte n'est pas affirmée, et que ce début d'oraison est due à l'invention de l'atelier Lusson.

Je m'intéresserai d'avantage à la main de saint Jean-Baptiste. Elle tient un livre (c'est inhabituel) à reliure verte, sur lequel se tient un agneau à nimbe crucifère ; une croix fleuronnée sert de hampe à l'oriflamme blanc portant la croix d'or . Cet agneau pascal est l'attribut principal de Jean-Baptiste et se réfère aux paroles qu'il a prononcé selon Jean 1:29 : Ecce Agnus Dei qui tollit peccatum mundi "Le lendemain, il vit Jésus venant à lui, et il dit: Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde". Comme ici l'agneau tient dans la patte gauche la hampe, nous sommes autorisés, ce qui fait chic, à parler l'agneau vexillifère. Et crucifère.

Or, l'étendard de la Résurrection tenu ici par l'Agneau répond à celui  tenu par L'Enfant juché sur les épaules de Christophe. 

Rappellons-nous : Christophe lors de sa traversée du fleuve se trouve soudain terrassé par le poids inattendu du bambin qu'il s'est proposé de passer sur l'autre rive, et, levant les yeux, comprend que cet enfant porte le Monde où se dresse l'étendard de la croix. Autrement dit, c'est le poids du Péché du Monde (peccatum mundi) qui l'enfonce dans les sables du fleuve. Sa conversion, sa foi en le Christ comme Sauveur du monde, le sauve, et il reprend sa progression.  Le lien entre cette scène, et la prophétie du Baptiste Ecce Agnus Dei devient clair. Le monde succombe sous le poids du péché, et Jésus enlève ce péché, et sauve l'humanité. Christophe et Jean-Baptiste en témoignent comme deux piliers du dogme de la Rédemption. 

En tout cas, pour moi, c'est clair. Surtout que dans les deux cas nous avons deux saints qui sont des Forces de la Nature, l'un comme géant sauvage et inculte (incapable de prier ou de faire jeûne, il met au service des autres sa capacité à les porter pour passer un gué), l'autre comme nazir  voué à ne boire ni vin ni liqueur ennivrante (Luc 1:13) et, sans-doute, à ne pas se couper les cheveux et à vivre en ascèse.

Mais il y a un autre point commun entre les deux saints : le baptème. Pour Jean-Baptiste, qui baptisa le Christ, et qui pratique le baptème par immersion dans le Jourdain, c'est évident. Mais si on réfléchit deux secondes, c'est évident aussi pour Christophe, dont la conversion lors de la traversée d'un fleuve, les deux jambes, dans l'eau aux dangereux poissons symbolisant les péchés, est bien un baptème. C'est pour cette raison que Christophe est un des saints intercesseurs : il protège du danger de mort subite en état de péché mortel.

En résumé, la baie 115 est encadrée par deux figures majeures du christianisme en relation avec le baptème et la rémission des péchés : ce sont deux héros du Christ Sauveur du monde par la victoire de la Croix, et l'oriflamme de cette victoire est présent dans les deux cas.

Dans le retable dit "de la perle du Brabant" de Dirk Bouts (Alte Pinakothek , 1470), réalisé pour un commanditaire privé autour d'une Adoration des Mages, les deux volets réunissent saint Jean Baptiste à gauche et saint Christophe à droite :

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Ajoutons que saint Jean-Baptiste occupe, parmi les 89 saints personnages des vitraux du XVe siècle de la cathédrale, la 4ème place, avec 10 représentations juste après le Christ (25), la Vierge (13) et les saints évêques. Il précède Jean l'évangéliste (7), Pierre (7) et Christophe (6). 

 

 

 

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Saint Jean-Baptiste et donateur, Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Saint Jean-Baptiste et donateur, Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

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Lancette C. La Vierge à l'Enfant.

La Vierge est couronnée et nimbée, et porte sur une robe vieux rose (à col et manches dorés)  un manteau bleu à bordure brodée d'or avec inclusion de perles et de pierres. Ses cheveux blonds retombent sur ses épaules.   

C'est l'Enfant qui me réserve une surprise. Par sa robe verte au dessus d'une longue chemise blanche ? Par son nimbe crucifère travaillé comme une pièce d'orfèvrerie ? Par ses cheveux courts ? Non, mais bien parce que j'y retrouve le geste de bénédiction et le globus cruciger qui reproduisent ceux de de la lancette F où l'Enfant était porté par saint Christophe. 

Autrement dit, cet Enfant est ici figuré en Sauveur du Monde : le thème de la Rédemption, du poids du Péché et de son abolition par la Croix est donc repris ici une troisième fois.

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Vierge à l'Enfant, Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Lancette D. Clerc, et banderole.

Il date entièrement du XIXe siècle, et ne permet donc pas d'enrichir notre réflexion sur la signification initiale de la baie.

Ce clerc porte le même surplis à la partie basse évasée et plissée que son confrère de la lancette B. Il est enrubanné d'une banderole où se lise les mots :

 

 

SANCTA MARIA VIRGINIS [mater] DEI

Clerc en surplis, Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Clerc en surplis, Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

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Clerc en surplis, Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Clerc en surplis, Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

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Lancette E. Saint Jean l'Evangéliste.

Il présente d'une main sûre le personnage de la lancette D en traversant le meneau. Vêtu d'une robe verte , bordé d'or, et d'un simple manteau blanc à revers d'or, seulement brodé à l'encolure. Nimbe aux rayons d'or. Il tient son attribut habituel, la coupe de poison. 

La réunion  des deux saint Jean autour de la Vierge à l'Enfant est très fréquente. 

 

 

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Saint Jean l'Évangéliste, Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Saint Jean l'Évangéliste, Baie 115, Cathédrale de Quimper, Bras nord du transept, photo lavieb-aile.

Le tympan

 Moderne, il montre la Trinité avec le Saint-Esprit sous forme d'un homme barbu tenant un livre ; six anges portant des phylactères, et deux phylactères isolées. 

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SOURCES ET LIENS.

 

ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p.  (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image

— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820.  Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper, 8 L1 . Le folio 25 concerne la baie 114.

 A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute  "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan)

 

— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper, 8 L1 ,

 Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail  devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.

"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)

 

— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris 

— CUFFON . Bulletin SAF, t.LXXXIX. 1963, p.xcvii et suivantes. 

— COUFFON  http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/ERGUEGAB.pdf

— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005,  sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper,  Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère,  287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).

— GALLET (Yves), Les ducs, l’argent, les hommes ? Observations sur la date présumée du chevet rayonnant de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper (1239) p. 103-116 http://books.openedition.org/pur/5315

 — GATOUILLAT (Françoise), 2013,  "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al.,La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203, 

 GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.

— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862,  Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.

Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes.  Les baies n'y sont pas numérotées et distribuées en cinq lieux : Vitraux de la chapelle des fonts, vitraux de la Nef, vitraux du transept, vitraux du chœur, vitraux de la chapelle terminale. 

 

— LE BIHAN (J.-P.), J.-F. Villard (dir.), 2005,  Archéologie de Quimper. Matériaux pour servir l’histoire, t. 1 : De la chute de l’Empire romain à la fin du Moyen Âge, Quimper, 2005.

— LE BIHAN (J.-P.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2007,  Blog  baie 114 :

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-5710978.html

— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.243-244,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

 LA VALLÉE, 1847,  "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.

— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, 170 pages,  p.117,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf

 — THOMAS (Abbé Alexandre) 1904,  La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, xv, 97 pages, p.51

 

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Published by jean-yves cordier - dans Saint Christophe.

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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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