L'église paroissiale d'Esquibien : ses inscriptions lapidaires et ses porches ouest et sud.
Voir sur Esquibien :
- La chapelle Sainte-Brigitte à Landugentel en Esquibien (1651-1654). Sa fontaine, ses inscriptions lapidaires, ses panneaux sculptés Renaissance, etc.
- La tribune (bois polychrome, XVIe siècle) ou ancien jubé de l'église d'Esquibien.
- Les sablières (deuxième moitié XVIe siècle ; 1620 ;1850) de l'église Saint-Onneau d'Esquibien.
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L'église d'Esquibien : ses bannières.
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I. LE PORCHE OUEST (XVIe siècle).
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L'entrée ouest présente les mêmes caractéristiques architecturales qu'à Plouhinec (1572), Confort, Saint-Tugen en Primelin , Cléden-Cap-Sizun (v. 1561) et Plogoff (1547), avec deux contreforts et une porte en anse de panier surmonté d' un arc ogival, contre-courbe et faux gable reposant sur des culots.
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À Plogoff et à Saint-Tugen, on trouve, à l'extrémité des lignes du triangle du gable croisant la ligne verticale des pilastres, deux personnages en demi-relief , soit un ange à gauche, et un "page" ou jeune écuyer à droite, portant des inscriptions AVE MARIA et PAX VOBIS.
Ici, à Esquibien, ce sont les mêmes personnages, dans la même situation, mais l'ange tient un blason ou un panneau rectangulaire aux motifs effacés, tandis que le texte du phylactère de l'écuyer n'est plus lisible.
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LE CLOCHER.
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Le clocher, d'une grande élégance, ne porte pas de galerie ; à la base de la flèche, tympans ajourés et pinacles ; tourelle d'escalier octogonale contre la face nord
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La tourelle octogonale d'accès à la chambre des cloches.
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La tourelle du clocher porte une inscription et la date de 166-.
--- GVILLOV 166-.
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Les gargouilles cantonnant la chambre des cloches.
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II. LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE.
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Si le porche ouest et le chevet datent de la seconde moitié du XVIe siècle, les inscriptions qui sont portées sur le porche sud témoignent de travaux de remaniements importants au XVIIe siècle. La construction du porche sud a du débuter en 1581, puis s'est poursuivie entre 1611 et 1628 ; le pignon de la baie sud qui suit le porche vers l'est a été construit ou plutôt modifié en 1662.
Les inscriptions mentionnent ici le nom des fabriciens en tant que maîtres d'ouvrage, et jamais le nom des recteurs (qui sont alors en 1572-1580 : .... Sergent.; en 1597-1624 : Yves de Rospiec ; et en 1627 : F. Ronsin). Ce qui contraste avec la cure de Jean Le Bis, recteur d'Esquibien de 1633 à 1669, et qui inscrivit trois fois son nom sur la chapelle Sainte-Brigitte et sa fontaine, et sur un calvaire. Ou, un siècle plus tard, avec celle du recteur Gobert, qui inscrivit au chevet, sur l'élévation est l'inscription M GOBERT RECTEVR 177(?) témoignant du changement des usages en matière d'inscription lapidaire. (photo ici)
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Le rapprochement des inscriptions avec les données généalogiques permet de donner, sinon un visage humain, du moins une réalité à ces noms de paroissiens, souvent les plus aisés et toujours les plus honorables de leur paroisse dans le milieu des cultivateurs, marchands et armateurs. Parfois, il est possible de préciser le hameau où ils vivent, et, plus rarement (et non ici) leur profession. C'est la raison de cette étude.
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1.Intérieur du porche sud (derrière la porte à droite). 1581.
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La seule inscription datant de la construction de la seconde moitié du XVIe siècle se trouve à l'intérieur de l'église, sur le mur gauche formant pilier de la porte d'entrée sud. On y lit en effet :
"I. PARIS. F. L. 1581."
Soit "I ou J. PARIS, Fabricien l'an 1581". (le dernier chiffre ressemble à un L et est amputé par l'arête du bloc).
Seule mention généalogique sur geneanet : Marie-Marguerite PARIS, née à Esquibien en 1608 .
https://gw.geneanet.org/sali73003?n=paris&oc=&p=marie+marguerite
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Porche sud : Inscription Y. Gonidec 1612.
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Le porche sud porte plusieurs dates sur sa façade et son contrefort, renvoyant toutes au début du XVIIe siècle, entre 1612 et 1628 : il a donc fallu 16 ans pour le réaliser.
Contrefort gauche de l'entrée du porche sud.
"Y. GONIDEC. F. 1612"
Soit "Y[ves] GONIDEC fabricien [l'an] 1612".
Les généalogistes décrivent un Yves GONIDEC ou GONIDOU, né le 12 avril 1566 à Esquibien, fis de Yves GONIDEC ca.1536 et de Catherine CLOAREC, et qui épousa Adelice PENNARUN, dont 5 enfants nés entre 1608 et 1620.
https://gw.geneanet.org/lizennwenn?n=gonidec&oc=2&p=yves
https://gw.geneanet.org/rtiec1?n=gonidec&oc=&p=yves
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Porche sud : chronogramme isolé F :1617.
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fragment d'une inscription indiquant le nom du fabricien de l'année 1617.
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Fronton du porche sud : Inscription de 1618.
H. IOVRDEN
FVT : F1618.
Soit "H. Jourden fut fabricien l'an 1618."
Il peut s'agir d'Hervé JOURDAIN né le 3 février 1561 de Vingalon Jourdain et d'Adelice PRIOL.
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Pignon de la première baie sud après le porche : Simon Guillou 1662.
On peut voir l'inscription :
SIMON GUILLOU FAB. 1662.
soit "Simon Guillou, fabricien [l'an] 1662"
Il peut s'agir de Simon Le GUILLOU, né à Esquibien, et qui épousa le 18 septembre 1661 à Plozévet Marguerite Le Borgne, née à Plozévet.
https://gw.geneanet.org/everest29?n=le+guillou&oc=&p=simon .
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Sommet du fronton du porche sud : 1628.
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M. BRIGNOV .F ; 1628.
soit "M BRIGNOU fabricien [l'an ] 1628".
Il pourrait s'agir de Martin BRIGNOU, né le 30 mai 1576 à Esquibien de Paul Brignou et Marie Gouzarc'h.
https://gw.geneanet.org/mjcoat?n=brignou&oc=3&p=martin
Ou de Martin BRIGNOU, né le 14 septembre 1578 à Brenellec, Esquibien de Rodolphe Brignou et Marguerite Cagean.
https://gw.geneanet.org/mjcoat?n=brignou&oc=2&p=martin
https://gw.geneanet.org/abenard1?n=brignou&oc=&p=martin (armoiries).
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LE PORCHE SUD ET SES POISSONS.
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« Les nombreuses églises et chapelles disséminées le long des côtes [du Cap Sizun] furent justement construites en ce 16e siècle qui vit fleurir intensément l’industrie des pêcheries, des sécheries et de la navigation. Pour bien marquer la part qui leur revenait dans ces bâtisses élevées de leurs deniers, les marins firent sculpter sur les tympans des portails et des porches des bateaux avec leur mât et leurs équipages navigant au milieu des poissons et des oiseaux de mer. » (Daniel Bernard)
On peut s'étonner de ne pas trouver sur les murs de l'église d'Esquibien les poissons et les barques de pêche ou de commerce qui sont si fréquentes dans le voisinage. Mais les poissons sont bien là, à l'intérieur du porche sud. Quand aux navires, ils sont sculptés sur les panneaux en bois de l'ancien jubé, reconverti en tribune, ce qui fera l'objet d'un autre article.
Je rappelle mes précédents articles sur ces bas-reliefs marins :
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Les poissons du porche sud (1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h.
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à l'église Saint-Collodan de Plogoff (leucogranite, v. 1547).
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à l'église Saint-Hervé de Ploaré (Douarnenez) (poissons et Fou de Bassan) en 1550.
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L'église Saint-Clet de Cléden-Cap-Sizun et ses navires sculptés sur pierre. (v. 1561)
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Les navires sculptés (début XVIIe) de l'église Saint-Raymond-Nonnat d'Audierne.
liste qui sera à compléter par :
-Le porche de la tour carrée de Saint-Guénolé. (à paraître)
- l'église de Plouhinec (ex Poulgoazec)
-la chapelle Saint-Julien de Poulgoazec
-Chapelle Saint-Yves (moitié du XVIIe) de Plogoff .
-Chapelle Saint-Trémeur, (façade, deux barques)
-église de Goulien barque de pêche à 3 marins.
-église Saint Codoan de Poullan-sur-mer
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Voir aussi dans la même région du Cap Sizun mes articles sur les embarcations de pêche sculptées sur bois sur les sablières :
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Revenons au porche sud d'Esquibien.
Il s'ouvre, entre deux contreforts, par un arc en plein cintre aux piédroits ornés de chapiteaux et aux moulures non sculptés. Deux pinacles à crochets ont été disposés sur les cotés, deux autres couronnent les contreforts.
Le fronton est délimité par une corniche, vide. Au total, nous avons là un ensemble simple, sans ornementation sculptée que les inscriptions déjà décrites.
À l'intérieur, la voûte, en forme de coupole, est recoupée de huit nervures, arcs-ogives et liernes.
Les deux étroites portes jumelles en plein cintre sont séparées par un trumeau doté d'un bénitier à godrons. Le fronton reçoit une petite statue de la Vierge.
Les murs ouest et est sont dotés d'un banc au dessus duquel court une frise de cartouches rectangulaires. Quelques-uns contiennent un poisson, d'autres contiennent une forme oblongue centrée par un rectangle, que j'interprète comme une navette de tisserand, et d'autres encore sont laissés à l'état brut.
Des croix sur socle en triangle et rectangle sont grossièrement gravées sur la paroi, comme par graffiti. Alain Perrot me signale qu'il s'agit de trois "graffiti jacquet", gravés par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle pour attester de leur passage. Il en a observé également trois sous le porche de l'église de Goulien, une sur le mur sud de l'enclos de Saint-Tugen, et deux à Plogoff. On sait que la croix de la chapelle Saint-They, à la Pointe du Van, porte une statue géminée avec saint Jacques le Majeur coté ouest.
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Intrigué, j'en ai retrouvé le témoignage à Saint-Martin de Louzach (Charente) ; ces graffiti, qualifiés de "croix jacquille", ont été relevés par le GRAH, groupe de recherche archéologique et historique, dans un article qui en souligne la valeur patrimoniale :
http://www.graht.fr/print.php?sid=86&archive=0
https://www.sudouest.fr/2014/08/25/les-graffitis-de-l-eglise-racontent-l-histoire-1650611-1196.php
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LINTEAU D'UNE MAISON EN FACE DE L'EGLISE.
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CATHERINE
DES QUATREVEAUX
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Il s'agit probablement de Marie-Catherine des QUATREVAUX, née en 1803 à Esquibien. Elle épousa le 29 janvier 1825 à Esquibien Guillaume Grégoire KERLOC'H (1798-Réuniou Esquibien 1872), dont une fille, Marie Catherine Kerloc'h (Primelin 1827-Primelin 1879).
Son père Antoine des Quatrevaux (né en 1775 à Quévreville-la-Poterie en Seine-Maritime, était militaire ; il épousa à Audierne Marie Michelle LOUARN (née en 1776 à Audierne.
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https://gw.geneanet.org/jargor?n=de+quatrevaux&oc=&p=marie+catherine
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie) et PEYRON (Paul), 1909, Notice sur Esquibien, BDHA, Quimper.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1099887/f85.image.r=Esquibien
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred) 1988, Notice sur Esquibien, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/a92259a04835f9c68053071304829681.pdf
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/ESQUIBIE.pdf
ESQUIBIEN Paroisse de l'ancien diocèse de Cornouaille maintenue lors du Concordat.
EGLISE SAINT-ONNEAU (I.S.)
Elle comprend une nef de six travées avec bas-côtés terminée par un choeur peu profond à chevet polygonal. Deux chapelles en ailes forment un faux transept au droit de la sixième travée qui est plus large ; celle du sud est partagée en deux par deux arcades et une architrave. Elle date de la seconde moitié du XVIe siècle et a été remaniée au XVIIe siècle.
Le chevet a son fenestrage du XVIe siècle et, près du porche, à l'intérieur, on lit l'inscription : "I. PARIS. F. L. 1581."
La façade ouest est de la même famille que Plouhinec, Confort, Saint-Tugen, Cléden et Plogoff, avec sa porte en anse de panier sous un arc ogival, contre-courbe et faux gable reposant sur des culots.
Le clocher, d'une grande élégance, ne porte pas de galerie ; à la base de la flèche, tympans ajourés et pinacles ; tourelle d'escalier octogonale contre la face nord (n.b. : le plan de J. Bigot a été inversé, la tourelle est du côté nord, p.97).
Le porche sud, voûté sur arcs ogives très bombés avec liernes longitudinale et transversale, porte des inscriptions : "LAN. 1611" sur le contrefort de gauche, à côté : "Y. GONIDEC. F. 1612", - "H. IOVDREN. FVT. F. 1618" - "M. BRIGNON. F. 1628" - "F. 1717" sur le pignon.
A l'arcade extérieure, l'arc en plein cintre à clé en console repose sur des chapiteaux. Au-dessus de l'une des fenêtres du midi, inscription : "SIMON. GVILLOV. FAB. 1662" Et au chevet : "I. FLOCH".
— DUCOURET (Jean-Pierre), SERRE (Fabien), 1983, L'église paroissiale d'Esquibien (Esquibien fusionnée en 2016 avec Audierne). Notice de l'Inventaire Général IA00006375
—Wikipedia : Eglise Saint-Onneau à Esquibien
— MONUMENTUM
https://monumentum.fr/eglise-saint-onneau-pa00089924.html pop.culture.gouv :
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