Les sablières (deuxième moitié XVIe siècle ; 1620 ;1850) de l'église Saint-Onneau d'Esquibien.
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Voir :
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Voir sur Esquibien :
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La tribune (bois polychrome, XVIe siècle) ou ancien jubé de l'église d'Esquibien.
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L'église d'Esquibien : ses bannières.
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PRÉSENTATION.
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L'église Saint-Onneau comprend une nef de six travées avec bas-côtés terminée par un chœur peu profond à chevet polygonal. Deux chapelles en ailes forment un faux transept au droit de la sixième travée qui est plus large ; celle du sud est partagée en deux par deux arcades et une architrave. Elle date de la seconde moitié du XVIe siècle et a été remaniée au XVIIe siècle.
La charpente de la nef et celle du bras sud qui prolonge le porche montrent un bel ensemble de 22 pièces de sablières. Ces charpentes sont lambrissées , le lambris bleu constellé étant rythmé par le réseau de liernes et les abouts de poinçon.
Les sablières ne sont pas polychromes, et il est difficile de dire si elles l'étaient auparavant car elles sont recouvertes d'une couche monochrome jaune.
Elles ont été restaurées en 1850.
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LE BAS-COTÉ SUD PROLONGEANT L'ENTRÉE PAR LE PORCHE SUD (1620).
Quatre pièces de sablières et quatre blochets figurés.
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A Le coté est.
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1. Première pièce. Inscription de fondation de 1620 présentée par deux hybrides.
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a) l'inscription.
Elle est écrite en lettres capitales sur deux lignes séparées par une moulure, mais n'est pas circonscrite par un cartouche.
D : MELGVN
FVT : F : L : 1620.
Soit "D. MELGUN fut fabricien l'an 1620".
Cette date est cohérente avec celles des inscriptions lapidaires du porche sud, échelonnées entre 1612, 1618 et 1628, et précisant pour chacune des dates le nom du fabricien de l'année. Il y eut une interruption de 30 ans après le début de construction, indiquée, sous ces sablières, par l'inscription I : PARIS : F : 1581. Cette interruption a sans doute un rapport avec les guerres de la Ligue (1588-1598), les destructions et massacres de Guy de la Fontenelle à partir de son repaire de l'île Tristan de Douarnenez, le saccage de Penmarc'h en 1595 (et le surcroît de population d'Audierne qu'il engendre), la prise de Pont-Croix en septembre 1595.
"Le port d’Audierne et celui de Penmarc'h étaient alors les deux principaux ports de commerce bretons. Cette période dura jusqu’aux désordres de la Ligue (guerres de religion). A cette époque, La Fontenelle, révolutionnaire breton, pille la région. Les industries ferment leurs portent et ne les rouvrent qu’après la signature de l’Edit de Nantes en 1598. Les commerçants, armateurs et maîtres de barque retrouvent alors leur richesse d’antan et participent activement à la construction des églises du Cap-Sizun. Pour que l’origine de leur prospérité marque les esprits, ils font sculpter au-dessus des porches la représentation de leurs navires. " (Audierne, histoire)
Or, Esquibien s'ouvre sur le Goyen (rivière traversant Pont-Croix et Audierne) par l'anse de Suguensou.
Néanmoins, cette date fait problème. Doit-elle qualifier l'ensemble des sablières d'Esquibien ? Simplement celles de ce bas-coté sud (pourtant placées au dessus de la date de 1581)? Simplement une restauration ou un achèvement de celles-ci ?
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Sous le nom du fabricien MELGUN, il faut comprendre Melguen, nom bien attesté par les généalogistes, même si aucun des individus qu'ils mentionnent ne portent un prénom débutant par D (Daniel ? Denis ?).
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b) Les figures.
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L'inscription est présentée à gauche par un lion (qui tient dans sa gueule la moulure centrale) et à droite par un homme qui la désigne de l'index.
Les traits grossiers de cet homme barbu sont caractérisés par un œil de profil, placé en arrière du visage, et un nez fort, presque un museau, dont la proéminence pointe en triangle devant le front fuyant et le menton en retrait. Il porte une fraise courte, un pourpoint à boutons et des manches à crevés en V laissant voir la dentelle des poignets : c'est bien le costume masculin de l'époque Henri IV.
La partie inférieure du corps, sous la taille, est remplacée par des feuillages tournoyant en une double volute.
Non sans humour, à la tête bestiale de l'humain répond la tête presque humaine du lion, dotée d'un petit nez, de cheveux bouclés, d'une barbiche ainsi que d'une fraise. Et autant le profil du premier formait un coin convexe, autant celui du second forme un entonnoir, concave. Mais ce "lion" s'achève également, après une crinière de plumes en deux volutes de feuilles.
Nous avons donc réuni, dès cette première pièce, les caractéristiques principales de cet ensemble : la dissolution des limites entre l'espèce humaine, le règne animal et le règne végétal, par des glissements de formes rappelant le succès littéraires des Métamorphoses (d'Ovide et de Lucien).
Ce caractère se retrouve fréquemment dans les sablières sculptées, il n'est donc pas spécifique d'un artisan donné, mais la façon dont il est traité est celle du Maître de Plomodiern, actif dans cette paroisse en 1564, mais, et cela nous concerne d'avantage, en 1544 à Notre-Dame de Pont-Croix, tout proche d'Esquibien. Et elle est aussi celle d'artistes anonymes actifs dans le Cap-Sizun au XVIe siècle.
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Sur les réalisations semblables à celles de l'église de Plomodiern en 1564 ("Jean Brellivet" ou maître de la nef de Plomodiern) :
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Les sablières (1566) de la nef et du transept de l'église de Saint-Nic.
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Les sablières (1562) du porche sud de l'église de Saint-Nic.
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Les sablières (v. 1544) du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix.
En proximité avec celles-ci : les artisans anonymes du Cap Sizun au XVIe siècle :
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Les sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars (29).
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La charpente sculptée (sablières et abouts de poinçon) de la chapelle Saint-Tugen de Primelin.
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Un autre caractère, thématique cette fois, c'est l'importance donnée à la gueule et à la dévoration.
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Un dernier caractère, c'est le travail "brut", à la gouge, sans souci d'un ponçage de finition ou d'un amortissement arrondi des formes. Les détails sont rendus par des coups de gouge, soit francs avec une empreinte en arc de cercle ou en trait droit, soit glissés en cuillère. Là encore, c'est une façon qui se rencontre sur les sablières du Porzay (Plomodiern et Saint-Nic) comme en Cap-Sizun.
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Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
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Blochet A : homme tirant les pointes de sa barbe.
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C'est un thème ancien hérité des modillons romans, et fréquent notamment en sculpture sur pierre. On le considère même comme l'expression de la lubricité.
Mais on remarque ici la reprise de la fraise Henri IV, ou des crevés des manches u du pourpoint : c'est le même costume que pour l'homme de la pièce n°1.
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Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
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2. Deuxième pièce. Paires de dragons végétalisés avalant d'autres dragons, entourant un masque d'humain central.
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Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
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Blochet B : tête de dragon.
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Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
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B. Le coté ouest.
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Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
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Blochet C : tête de dragon.
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Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
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3. Troisième sablière. Au centre, un masque léonin crache des têtes animales, qui dévorent des têtes humaines végétalisées. Aux extrémités, têtes de loup dont les langues sont végétalisées.
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Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
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Blochet D : tête de dragon dévorant un humain.
C'est là encore un motif fréquent du Cap Sizun : on le trouve à Confort-Meilars, à Pont-Croix (chapelle sud), ou à Plouhinec.
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Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
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4. Quatrième sablière. Suite d'animaux, humain et végétaux.
Le thème de la dévoration, ou du motif "craché" de la gueule d'un autre, se poursuit. De gauche à droite, un dragon libère de sa gueule (ou menace d'avaler), un humain à bonnet de fou, lequel souffle/crache d'une tige évasée pourvue de feuilles un masque humain de profil, dont le cou libère des feuillages ou plumages, qui se confondent avec le corps végétalisé d'un autre, lui-même menacé par la gueule d'un loup.
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Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
Sablières et blochets du bas-coté sud de l'église d'Esquibien. Photographie lavieb-aile juillet 2020.
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LES 18 PIÈCES DE SABLIÈRES, ET LES BLOCHETS DE LA NEF.
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La nef est divisée transversalement par trois entraits (poutres) engoulés (à extrémités sculptés en tête de dragon avalant la pièce de bois) et centrés par un nœud de deux têtes de dragons.
Ces entraits sont complétés par douze blochets, pièces de bois transversales beaucoup plus courtes que les entraits et s'intercalant entre eux.
Les pièces de bois des sablières se trouvent ainsi limités par ces entraits et ces blochets.
Je les décrirai en partant de l'angle sud-ouest de la nef.
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LE COTÉ SUD.
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1. Première pièce sud. Anges présentant un médaillon.
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Ces "anges" n'ont rien de bibliques et s'apparentent plutôt à des hybrides humains/oiseaux, et leur corps s'effilochent vite en une queue emplumée que dévore la gueule d'un lion.
Le visage humain de profil du médaillon est barbu, coiffé d'un casque, et monstrueux par son nez volumineux, et sa grimace.
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Blochet A. Tête de dragon.
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2. Deuxième pièce sud. Dragons liés par le cou, et dont la queue est dévorée par un dragon.
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Le dragon de droite est ailé, mais le corps de celui de gauche se déstructure en appendices foliaires et en une queue serpentine pénétrant la gueule dédoublée d'un dragon.
À l'opposé des sculptures du bas-coté sud, celles-ci sont poncées en volumes souples et lisses, tandis que les indentations des plumes et feuilles sont finement arrondies. Les coups de gouge restent utilisées pour rendre les écailles des gueules des dragons.
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Premier entrait engoulé.
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3. Troisième pièce sud. Dragons liés par le cou, et dont la queue est céphalisée en tête de dragon.
Les dragons à queue céphalisée sont légions sur les sablières du Cap Sizun. Les dragons se rapprochent de ceux de Confort-Meilars ou de Pont-Croix par leur nez retroussé, leur langue bouclée, les "nageoires" ou appendices foliaires, et par l'utilisation de trous de forets pour rendre les verrucosités des corps.
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Blochet B. L'Acrobate.
Il effectue, jambes et fesses nues, un renversement postérieur et amène sa tête moqueuse entre ses cuisses. Une fois de plus, le motif est très souvent retrouvés, mais plus souvent en about de poinçon.
Il ne faudrait pas croire que les sujets licencieux échappent à la vigilance des recteurs, ou à l'attention des fidèles. Au contraire, ils sont exigés, et les ymagiers doivent doter le nouveau bâtiment des mêmes scènes si appréciées dans les paroisses voisines (pour ne pas dire concurrente). Ils choquent, surprennent ou amusent nos regards mais le mélange des genres n'était pas jugé déplacé, et encore moins scandaleux à l'époque. Ils ne sont pas l'exception, ils sont la règle.
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4. Quatrième pièce sud. Dragons au corps végétalisé, à la queue céphalisée en tête de dragon, entourant un masque de femme grimaçant, de face.
La tête des deux dragons est celle de femmes portant une coiffe.
On retrouve l'utilisation de trous de forets pour rendre les verrucosités des corps.
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Deuxième entrait.
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5. Cinquième pièce sud. Être hybride au centre, tenant par leur langue deux dragons ailés .
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BLOCHET C. Homme (ange?) présentant un écu.
Le haut du corps est travaillé par les traits glissés de gouges pour rendre une sorte de plumage . Le plissé du bas de la tunique est traité d'une façon similaire en rainures parallèles par le fer de la gouge.
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6. Sixième pièce sud. Anges présentant un cartouche à inscription datée.
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Les anges présentent le texte suivant, sur 3 lignes :
15A1 / tête d'homme/ 1850
MM. STANGENNEC.R
RIOU .T . LE BARS M.
Le début est généralement interprété comme étant la date de 1541.Les lettres sont perlées et ornées pour imiter les inscriptions médiévales; Pourtant, le chiffre 4 est indiscutablement doté d'un jambage de A. D'autre part, il est contemporain de l'inscription générale, de 1850. Enfin, si on donne foi à cette date de 1541, cela remet en cause la date habituellement admise pour l'église, dans la seconde moitié du XVIe siècle. Et cela signifierait un écart de 80 ans entre les sablières du bas-coté sud, et celles de la nef : le style en est-il si différent ?
Sophie Duhem a validé la date de 1541 au même titre que celle de 1620. Faut-il la suivre ?
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La ligne suivante fait mention du recteur Jacques Stanguennec, né le 14‐09‐1802 à Arzano, vicaire à Riec en 1830, vicaire à Pont‐Aven en 1838, recteur de Trégourez en 1839 et , recteur d'Esquibien en 1847 jusqu'en 1875 avant de se retirer à Moëlan ; il est décédé le 26‐10‐1878.
L'inscription est également ambiguë : faut-il comprendre que le recteur Jacques Stanguennec a fit réaliser ces sablières, avec le soutien des (probables) fabriciens Riou et Lebars ? Ou bien qu'il s'est contenter de les faire restaurer ? Mais dans quel proportion ?
S'il a souhaité indiquer cette date de 1541, l'a-t-il trouvée inscrite sur les sablières avant restauration ? Etc, etc...
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Blochet D : gueule de dragon.
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7. Septième pièce sud. Anges encadrant un masque d'homme barbu.
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L'homme est caricatural par son gros nez, ses cheveux en flammes désordonnées, sa barbiche. On retrouve l'"œil d'Horus", amande d'un œil de face dans un visage de profil, déjà signalé dans les sablières du Maître de Plomodiern.
Il se détache sur une gloire de rayons divergents qui ressemblent à des tuiles.
Les anges, volants, sont vêtus d'une aube bouffant à la taille autour d'une ceinture cachée. Une lanière marquée d'entailles droites en I traverse obliquement, mais sans de raison d'être, cette tunique. On les retrouve sous le ciseau du Maître de Pleyben, notamment à Kerjean, mais avec une envolée lyrique de grande qualité.
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Troisième entrait engoulé.
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8. Huitième pièce sud. Oiseaux hybrides encadrant un masque d'homme barbu.
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L'homme de profil ressemble au précédent, mais il est coiffé d'un casque. Il se détache sur un cercle. Si l'oiseau de droite est doté d'une aile et d'un début de corps avant sa queue en volutes, celui de gauche n'est qu'une tête, suivie de plumets bouclés.
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Blochet E : ange tenant un livre ouvert.
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9. Neuvième pièce sud. Trois putti tiennent les spires d'une banderole marquée de tirets.
Les putti sont réduits à des têtes d'enfant, entourés de cornes de feuilles et coiffés de bicornes.
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Blochet F : ange tenant un phylactère.
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LE COTÉ NORD.
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Blochet G. : ange aux mains brisées.
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10. Neuvième pièce nord. Hybrides à tête humaine et corps feuillagé.
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Blochet H : ange tenant des clous et une fleur.
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11. Huitième pièce nord. Au centre, un homme de face, bras et jambes écartés. À gauche, un dragon ailé. À droite, un grylle, créature fantastique à plusieurs têtes greffées sur un corps feuillu.
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12. Septième pièce nord. Deux grylles aux têtes enlacées par un anneau.
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13. Sixième pièce nord. Au centre, tête coiffé d'un bicorne sur un corps de feuillages cornus. Sur les cotés, êtres à bonnet de fou et corps de feuillages.
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Blochet : ange tenant un écu.
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14. Cinquième pièce nord. Deux lions entourant une tête feuillagée.
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15. Quatrième pièce nord. Un homme et une femme aux corps feuillagés présentent un médaillon à profil d'homme.
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Blochet K : homme barbu tenant un écu.
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16. Troisième pièce nord. Deux dragons avalant par les oreilles et la chevelure une tête humaine centrale. La queue des dragons est céphalisée.
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Premier entrait.
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17. Deuxième pièce nord. Dragons reliés par un anneau entourant leur cou. Les corps feuillagés ou emplumés se transforment un autre dragon.
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Blochet L. Personnage encapuchonné.
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18. Première pièce nord. Dragons "engoulant" un visage de face.
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CONCLUSION.
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La liste des pièces est la suivante :
BAS-COTÉ SUD
1. Première pièce. Inscription de fondation de 1620 présentée par deux hybrides.
2. Deuxième pièce. Paires de dragons végétalisés avalant d'autres dragons, entourant un masque d'humain central.
3. Troisième sablière. Au centre, un masque léonin crache des têtes animales, qui dévorent des têtes humaines végétalisées. Aux extrémités, têtes de loup dont les langues sont végétalisées.
4. Quatrième sablière. Suite d'animaux, humain et végétaux.
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LES 18 PIÈCES DE SABLIÈRES, ET LES BLOCHETS DE LA NEF.
1. Première pièce sud. Anges présentant un médaillon.
2. Deuxième pièce sud. Dragons liés par le cou, et dont la queue est dévorée par un dragon.
3. Troisième pièce sud. Dragons liés par le cou, et dont la queue est céphalisée en tête de dragon.
4. Quatrième pièce sud. Dragons au corps végétalisé, à la queue céphalisée en tête de dragon, entourant un masque de femme grimaçant, de face.
5. Cinquième pièce sud. Être hybride au centre, tenant par leur langue deux dragons ailés .
6. Sixième pièce sud. Anges présentant un cartouche à inscription datée.
7. Septième pièce sud. Anges encadrant un masque d'homme barbu.
8. Huitième pièce sud. Oiseaux hybrides encadrant un masque d'homme barbu.
9. Neuvième pièce sud. Trois putti tiennent les spires d'une banderole marquée de tirets.
10. Neuvième pièce nord. Hybrides à tête humaine et corps feuillagé.
11. Huitième pièce nord. Au centre, un homme de face, bras et jambes écartés. À gauche, un dragon ailé. À droite, un grylle, créature fantastique à plusieurs têtes greffées sur un corps feuillu.
12. Septième pièce nord. Deux grylles aux têtes enlacées par un anneau.
13. Sixième pièce nord. Au centre, tête coiffé d'un bicorne sur un corps de feuillages cornus. Sur les cotés, êtres à bonnet de fou et corps de feuillages.
14. Cinquième pièce nord. Deux lions entourant une tête feuillagée.
15. Quatrième pièce nord. Un homme et une femme aux corps feuillagés présentent un médaillon à profil d'homme.
16. Troisième pièce nord. Deux dragons avalant par les oreilles et la chevelure une tête humaine centrale. La queue des dragons est céphalisée.
17. Deuxième pièce nord. Dragons reliés par un anneau entourant leur cou. Les corps feuillagés ou emplumés se transforment un autre dragon.
18. Première pièce nord. Dragons "engoulant" un visage de face.
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Il est facile de constater la forte prévalence des dragons (8 pièces) ou des grylles. Aucune figure n'est indemne d'une métamorphose qui envahit les formes d'appendices aux formes de feuilles-plumes. Les "anges", lorsqu'ils sont ailés, ne sont pas respectés d'avantage. La complexité des figures mi-animales, mi-végétales est telle qu'il est difficile d'en donner une description succincte.
Les anges aptères des blochets sont plus dignes, dans leur fonction de porte-écu, porte-livre ou de présentateur de symbole liturgique.
Il n'y a pas de différence flagrante entre les pièces du bas-coté (dont la datation hésite entre celle de 1620, et celle de 1581 sur le pilier) et celle de la nef (datée peut-être de 1541, plus surement de la construction de l'église dans la seconde moitié du XVIe siècle, et dont une part relève peut-être d'une restauration en 1850), car ce sont les mêmes thèmes, les mêmes accessoires de feuilles-plumes, et le même style qui s'y déploient.
Ce style (utilisation de la gouge en coup d'arc de cercles et en tirets, perforation au foret, visage au nez proéminent et menton et front fuyant, gros œil de face sur les profils, anges au buste plumés par des empreintes de gouge, etc), et ces thèmes de dragons et grylles dévorants et de transformation végétale, sont ceux que nous trouvons dans le Cap Sizun à Pont-Croix, Confort-Meilars, Saint-Tugen en Primelin, mais néanmoins nous ne trouvons à Esquibien pratiquement aucun élément du vocabulaire de la Renaissance : pas de vrai médaillon à profil à l'antique, pas de cartouche, pas de cuir à enroulement, pas de lanières ou volutes à encoches, pas de corne d'abondance, pas de guirlande, pas de coquille de Vénus, alors que tous ces éléments sont présents sur l'ancien jubé d'Esquibien remonté dans la tribune de la nef.
Par ailleurs, nous ne reconnaissons pas la main du Maître de Plomodiern actif à Pont-Croix et Saint-Tugen.
Ces parentés avec les sablières es paroisses environnantes, et cette absence d'influence de l'art des ornemanistes Renaissance, plaident-elles pour une réalisation plus précoce, avant 1550 ?
La discussion s'affinera sans doute grâce à d'autres compétences et d'autres mises en perspective, mais il importait déjà de mettre en ligne à la disposition de chacun la description reglée et exhaustive de cette charpente sculptée (j'ai seulement omis les abouts de poinçon de bas-coté sud).
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie) et PEYRON (Paul), 1909, Notice sur Esquibien, BDHA, Quimper.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1099887/f85.image.r=Esquibien
— CALVEZ-DUIGOU (Nathalie) l'église Saint-Onneau d'Esquibien.
https://audierne.fr/aud-esq/eglise-esquibien/
— COUFFON (René), 1988, Notice sur Esquibien, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/a92259a04835f9c68053071304829681.pdf
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/ESQUIBIE.pdf
EGLISE SAINT-ONNEAU (I.S.)
Elle comprend une nef de six travées avec bas-côtés terminée par un choeur peu profond à chevet polygonal. Deux chapelles en ailes forment un faux transept au droit de la sixième travée qui est plus large ; celle du sud est partagée en deux par deux arcades et une architrave. Elle date de la seconde moitié du XVIe siècle et a été remaniée au XVIIe siècle.
Le chevet a son fenestrage du XVIe siècle et, près du porche, à l'intérieur, on lit l'inscription : "I. PARIS. F. L. 1581."
L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau avec entraits engoulés et sablières. Les grandes arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers cylindriques ou octogonaux.
Blochets sculptés dans les sablières de la nef et face au porche.
— DUCOURET (Jean-Pierre), SERRE (Fabien), 1983, L'église paroissiale d'Esquibien (Esquibien fusionnée en 2016 avec Audierne). Notice de l'Inventaire Général IA00006375
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. pages 142 à 146.
—MEVEL (Gérard), 2018, Les sablières de l'église Saint-Onneau (sablières d'Esquibien filmées par un drone), texte d'Andrée CHAPALAIN.
"Les Films de l'Embarcadère" réalisent un film sur les sculptures des sablières de l'église Saint Onneau au bourg d'Esquibien 29770 AUDIERNE. Un travail des artisans des XVIème et XVIIème siècles présenté au cours des Journées Européennes du Patrimoine le 22 septembre 2019.
https://vimeo.com/361250205
—Wikipedia : Eglise Saint-Onneau à Esquibien
— Fiche Mérimée : PA00089924
Mobilier classé Monument Historique conservé dans l'édifice :
Confessionnal
Confessionnal n° 2
Statue : Saint Onneau
Autel, retable et tableau du L'Ange gardien
Maître-autel
Chaire à prêcher
Statue : Christ en croix
Autel, retable et tableau du Rosaire
— MONUMENTUM
https://monumentum.fr/eglise-saint-onneau-pa00089924.html pop.culture.gouv :
— PALISSY
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00089924
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