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Les jouées des stalles du chœur (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon.
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Voir aussi :
Les frises nord des stalles du chœur (1504-1520) de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon.
Les frises sud des stalles du chœur (1504-1520) de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon.
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Je suivrai le parcours d'un visiteur qui, venant du déambulatoire, entrerait dans le chœur par le coté nord, longerait les stalles nord, traverserait l'axe centrale pour rejoindre les travées sud qu'il suivrait pour regagner la sortie sud. Visiteur qui aurait déjà admiré les frises supérieures et se proposerait un parcours à thèmes où il réserverait l'examen des stalles proprement dites (avec leurs miséricordes et leurs appuie-main) à plus tard.
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I. LES JOUÉES ET RAMPANTS DU COTÉ NORD.
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Au nord, il aurait, à examiner six ensembles : les deux jouées orientales, — la jouée haute et la jouée basse, faisant face à l'ancien autel (et à l'entrée par où le visiteur pénètre dans le chœur en venant du déambulatoire) —, les deux rampants des marches donnant accès, en milieu du chœur des chanoines, aux sièges hauts, et enfin les deux jouées ouest, vers l'autel moderne .
Il débuterait alors par le Jugement dernier, puis par la scène emblématique du patron de la cathédrale, celle de saint Pol asservissant le dragon, poursuivrait par la statue de saint Pierre et par l'enlacement de deux dragons, avant d'atteindre une Annonciation, puis de découvrir les statues de deux ou trois saints.
Il constaterait peut-être alors que son trajet rebroussait le parcours iconographique d'une méditation théologique sur le Salut (de l'Incarnation vers la Rédemption), et il attendrait avec impatience de savoir si le coté sud, par lequel il aurait peut-être dû commencer, allait être riche en scène de l'Ancien Testament.
Effectivement, il trouvera au sud les figures de Moïse, de Samson et enfin de Jean-Baptiste, le Dernier Prophète et le Précurseur, qui le confortera dans son intuition. Mais pour un amateur d'art et d'iconographie, cette logique théologique n'a plus à être suivie dans l'orthodromie d'un Pèlerinage de la Vie Humaine. D'autant que, s'il est comme moi, il reviendra sur ses pas pour mieux apprécier ce qu'il a vu grâce à la saveur du revenez-y.
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"La distinction entre rangs sud et nord se comprend dans un schéma linéaire et didactique opposant le côté sud et les figures vétérotestamentaires, au côté nord où l’on retrouve plus volontiers des images du Nouveau Testament. Déjà sensible à La Guerche-de-Bretagne, cette observation s’applique plus nettement aux stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, en particulier au niveau des stalles basses. Plusieurs sculptures présentes sur les rampes des stalles basses sud possèdent des sujets liés à l’Ancien Testament qui, associées, offrent une lecture Ouest-Est des événements avant de se poursuivre du côté nord." (Florence Piat 2012)
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A. LES JOUÉES NORD-EST (du coté de l'autel).
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Entrée nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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1°) La jouée haute : le Christ de la Parousie.
Cette jouée est dite "haute" parce qu'elle ferme les dix-sept stalles de la rangée haute. C'est la partie verticale étroite qui s'élève jusqu'aux dais, et qui peut se sub-diviser en trois ou quatre parties, dont seule la partie basse n'est pas ajourée.
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Entrée nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Ce qui est amusant, c'est de ne pas savoir ce que l'artiste a voulu représenter et de mener seul son enquête. Cette jouée a plusieurs parties, mais l'œil est attiré au sommet par le Christ montrant ses plaies et couronné d'épines, bras écartées et paumes en évidence. Il porte le manteau du Ressuscité (comme sur le retable d'Issenheim, 1515), mais ici fermé par un mors cubique. Sa tête, recouverte par le manteau de gloire, porte le nimbe crucifère. Il est assis sur un arc-en-ciel émergeant de nuées. De la nuée de coton hydrophile, à gauche, sort un ange qui embouche une trompe. On pense à un Jugement dernier, comme sur le diptyque de New York par Hubert van Eyck, (vers 1425) ou comme sur le retable de Beaune par Rogier van der Weyden vers 1450 .
Il faut alors chercher, les personnages sortant de leur tombe à l'annonce de cet ange buccinateur, et on les trouve, très discrètement sculptés sur le montant de droite, en bas. Ils sont trois, dont deux, sous un fronton à crochets d'acanthes et fleuron, semblent tenter d'échapper à un effondrement de leur tourelle. Leurs gestes et leurs regards désespérés contrastent avec les mains jointes de leur compagnon, qui les domine.
Je cherche d'autres figures dans le labyrinthe des éléments floraux, des feuilles et des bourgeons qui s'ingénient à multiplier les pièges par leurs yeux et leurs formes zoomorphes. Rien d'autre, si ce n'est une statue d'un saint posé sur un socle.
C'est un moine nimbé, en habit de dominicain, et tenant un livre dans sa main gauche. Le dominicain canonisé le plus connu dans la Bretagne ducale depuis Jean V, qui le fit venir d'Espagne, c'est Vincent Ferrier, qui a sa sépulture à Vannes. Surnommé « l'Ange du Jugement » , il parcouru la province pour prêcher le repentir et la confession en annonçant les périls de l'Enfer. Il était venu prêcher dans la cathédrale Saint-Pol-de-Léon lors de son dernier voyage en Bretagne (1418-1419) .
Conclusion tentante : cette jouée haute est consacrée au Christ du Jugement dernier et tente de susciter chez les fidèles la peur, la contrition et la pratique cultuelle. Mais ici, nous ne voyons pas l'archange saint Michel et pas d'avantage la pesée des âmes. Par de démon suppliciant les damnées, mas de feu, donc pas d'enfer.
Il est plus juste de parler d'un Christ de la Parousie (et non de "seconde parousie") , c'est à dire de sa seconde venue, après la première venue, celle de l'Incarnation. [Ce mot vient du grec ancien παρουσία / parousía qui signifie «présence » (ou encore "visite", "« arrivée », « venue »). C'est celle qui est annoncée par Matthieu 24:30-31] :
"Alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire. Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre."
Il ne s'agit pas d'un Jugement, mais de la préfiguration heureuse du retour glorieux de Jésus-Christ à la fin des temps bibliques dans le but d'établir définitivement le Royaume de Dieu sur la terre. Belle entrée en matière, non ?
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Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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A propos de saint Vincent Ferrier, Florence Piat écrit dans sa thèse :
"Ce dernier est situé sur la jouée haute NE à coté du Jugement Dernier. Tenant un livre dans la main gauche et effectuant un geste de bénédiction de la main droite, l’absence de polychromie permet néanmoins de reconnaître l’habit du dominicain, mais c’est véritablement l’association au thème de la fin des temps présent sur la jouée qui permet de reconnaître dans cette sculpture celui que l’on surnommait« l’ange de l’Apocalypse ». Arrivé à Nantes le 8 février 1418 à la demande du duc Jean V, il prêche en terres bretonnes durant près de deux ans, jusqu’à sa mort qui intervient à Vannes le 5 avril 1419. Il sillonna ainsi la côte nord puis la côte sud, parcourant plus d’une cinquantaine de localités. Parmi celles-ci, dix-huit possédaient un couvent de Mendiants comme le couvent des Carmes à Saint-Pol-de-Léon, institutions sur lesquelles le prédicateur catalan pouvait s’appuyer pour véhiculer le message divin. Ces prêches étaient, d’après les récits des contemporains, suivis par une foule nombreuse,composée de clercs, laïcs, nobles, bourgeois ou simples paysans, venus parfois de loin pour l’écouter. Il semble que ses prédications aient fortement impressionné les Bretons notamment grâce à l’éloquence et aux qualités quasi théâtrales de Vincent Ferrier. Ce dernier s’exprimait pourtant dans un dialecte valencien qui pouvait être, ça et là, mâtiné de français, ou, comme l’indique H. Martin « une sorte de sabir latino-catalan-occitan,accessible à une partie de son public, habitué à des passages du latin à la langue vulgaireau cours d’une même allocution ». Le recours à des traducteurs, peut-être des commerçants espagnols installés dans la province, était également possible. Tout du moins a-t-il suffisamment interpelé le public de l’évêché du Léon pour que son effigie apparaisse dans les stalles de la cathédrale quelques décennies plus tard. La présence de cette sculpture renvoie par ailleurs à une réalité de l’époque. En effet, la prédication, et par extension les ordres mendiants, connaissent un véritable succès en Bretagne durant le XVe siècle comme les travaux d’H. Martin l’ont déjà démontré.
Réclamé par la population elle-même, y compris au XVIe siècle, ces prêches n’avaient pas spécifiquement pour objectif de convertir des hérétiques, musulmans ou juifs, mais bien de redresser des mœurs jugées dissolues et une éducation ecclésiastique insuffisante. Les témoins du procès en canonisation de Vincent Ferrier rapportent par exemple que celui-ci apprit au peuple à faire « le signe de croix, à invoquer le nom de Jésus et fléchir pour cela le genou pendant la messe et le service divin ».
L’action même de prêcher devient à cette époque un véritable métier, rémunéré par des autorités laïques et bourgeoises, dont les qualités laborieuses sont mises en avant dans quelques discours révélés par des sermonnaires. Cependant, le clergé séculier plus «traditionnel » comme celui des chapitres cathédraux n’accueille pas toujours ces prédicateurs, en particulier les carmes, avec bienveillance car nombreux sont ceux qui critiquent le train de vie mené par les chanoines." (F. Piat 2012)
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Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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La partie inférieure de la jouée est sculptée de motifs végétaux gras et prometteurs, gorgés de sève et de vie (une allégorie ?) ; les tiges et pétales sont lisses, soyeuses, animées par des sinuosités quasi liquides, tandis que les boutons floraux sont poinçonnés de points et d'yeux en un agréable contraste.
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Jouée haute nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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2°) La jouée basse : le miracle de Saint Pol-Aurélien menant le dragon par son étole.
Elle est décorée d'arcatures à remplages flamboyants, et surmontée d'un rampant sculpté en ronde bosse d'une scène hagiographique.
La rampe de la jouée basse N.E illustre en effet la scène emblématique de la vie de saint Pol Aurélien, l' un des Sept saints fondateurs de la Bretagne continentale et premier évêque de Saint-Pol-de-Léon au VIe siècle : le moment où Pol libère l'île de Batz (devant Roscoff, port de la ville) d'un dragon qui la désolait (figure du paganisme), en passant son étole autour de son cou.
Cette scène est rapportée dans la Vita sancti Pauli Aureliani, la Vie de Paul Aurélien, achevée, et peut-être rédigée dans le courant de l'année 884 dans le monastère de Landeuinnoch (Landevennec), alors dirigé par l'abbé Uurdisten. La Vita a sans-doute été commandée à Uurmonoc, prêtre et moine de Landévennec, par l'évêque de Léon Hinworet, sans doute pour fournir un manuel aux clercs de l'école épiscopale,
Nous avons de la Vita deux manuscrits : le premier, le plus ancien, des IXe et Xe siècles, est conservé à la bibliothèque de la ville d'Orléans sous la cote Orléans 261 pages 42-134, et provient de l'abbaye toute proche de Saint-Benoît-sur-Loire, anciennement Fleury. L'autre des XI-XIIe siècles, autrefois à Saint-Germain-des-Prés, est actuellement à la Bibliothèque nationale sous la cote Latin 12942, folio 103v-129v. Le texte latin a été édité par Ch. Cuissard dans la Revue Celtique de 1881 et reproduit dans les Analecta Bollandiana en 1882 I p 208-253. Voir aussi Acta sanctorum.
"Après avoir reçu la cloche de Marc, saint Paul s'occupa du dragon qui ravageait la côte orientale de l'île. C'est à peine si les cadavres de deux hommes et de deux bœufs pouvaient apaiser quotidiennement sa faim. Pourvu d'une queue immense, il mesurait 120 pieds ou plus (soit près de 40 m). Uurmonoc, le rédacteur, après avoir douté de l'estimation, la croit fondée d'après la taille de son repaire : selon les paysans, il ne faudrait pas moins d'un muid et demi de semence d'orge, céréale la plus cultivée dans l'île, pour en ensemencer la surface.
« Ses écailles griffues lui servaient de mains, ses côtes en se contractant remplaçaient des jambes ; les traits rebondissaient sur son dos ; il mordait, il écrasait, il empoisonnait de son haleine. Malgré les prières du comte Withur, Pol alla contre lui.
Saint Paul marcha vers la bête d'un pas ferme et lui ayant passé son étole autour du cou, il y fit un nœud, dans lequel il glissa, en guise de corde, son bâton. Il le conduisit ainsi à l'extrémité nord de l'île et lui ordonna de disparaître à jamais dans les profondeurs marines." (B. Tanguy)
Le texte latin, émouvant par son ancienneté et précieux afin de le confronter à la traduction résumée en français, est le suivant :
Caput XVIII. De cujusdam serpentis in eadem insula reperti expulsione. [...]
Et cum hæc dixisset, stolam qua induebatur illius nefario circumstringens collo suique astile baculi eidem nodoso adacti ligamini quasi profune in manibus arripiens, per viam quæ ad plagam ipsius insulae borealem tendit, eodem se sequente usque ad mare progreditur serpente, stantique in confino maris littorisque praecipiens ait : a Serpentina crudelitas, priusquam coerulei maris fallacibus demergaris caribdibus, maculosa gorgonei gutturis extende colla et sine ut mea propria accipiam vestimenta.
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Le texte qui précède le passage le plus anecdotique est intéressant par les allusions à l'Écriture sainte, qui montre clairement que le dragon est une représentation du Malin, et que le geste du saint s'inscrit dans l'exemple du Christ. Ainsi, caput serpentis fait allusion à caput serpentis antiquis, le Péché. Calcabitis super serpentes et scorpiones 'et coetera" cite l'évangile de Luc 10:19 ecce dedi vobis potestatem calcandi supra serpentes et scorpiones et supra omnem virtutem inimici et nihil vobis nocebit "Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l'ennemi; et rien ne pourra vous nuire.". Mais c'est un renvoi par ricochet à Marc 16:18, ou au Psaume 91 "tu fouleras le lionceau et le dragon". Puis vient les mentions d'Éve, de la tromperie d'Adam et du Second Adam.
La représentation, dans les stalles des chanoines de la cathédrale, de saint Pol Aurélien et de son dragon s'inscrit donc dans une démonstration théologique.
Caput enim serpentis cito conterendum est. Tantum mihi itineris ducatum præbete. Contradicente autem principe, se talem bestiam non visurum, ne simili morte ut coeteri periret, cum juramento protestatus est cum eo panem non esurum nec aquam gustaturum donec de tam horribili diabolicæ fraudis fantasmate aut ipse vinceretur aut ipse potius vindicaret, Deique populos de sub jugo mortiferi principis liberaret. Et cum hæc dixisset omnibus qui inerant secum licet nolentibus commitantibus tamen quid faceret videre cupientibus, pervenit ad locum ubi insulanus draco extra terminos proprii patrimonii sederat.
Illevero ut de longe venientium tumultus audierit, statim solito more quasi miles armatus ad pugnam se præparando serpentinum caput praefato lapidi quasi scuti lumbo superposuit< Sed mox ut Paulum utpote militem fortiorem sibi cum impetuvenientem animadvertit, lumina flectens lucifuga, quasi se occultando latebrosa quaerit latibula.
Sanctus itaque memor divini eloquii ubi dicitur : Calcabitis super serpentes et scorpiones, et coetera, ilium desuper comminando his dictis increpat, dicens : « Quid hie pestiferæ segetis malignae sator, struis ? Quare has non proprias tuos in usus sedes vindicare voluistit Sic ille cujus similitudinem tenes aliquando dixerat : Sedebo in monte testamenti, in lateribus aquilonis, in coelum conscendam, similis ero Altissimo ; sed suo nisu deterior factus, mersus et praecipitatus in infernum est, ubi te paria exspectant regna. Ibi te paterna hereditas futurum exposcit heredem : cui enim alii patrii census vectigal jure debetur ?
Quid igitur nostri juris septa effringere præsumpsisti ? Nam hie tibi blandienti Aeva decepta protoplastique Adæ deceptrix ad fallendum : secundi Adam sumus qui nos ad cavenda tuae malignae emissionis jacula vere sapienterque edocuit; aut si tu similia posse agere aestimaveris, nescis quia qui sibi grandea repromittunt cito deiciuntur ? Tuos igitur deponere tumores Christique ediscere trophea ne pigriteris. Vere enim, ut ait quidam, magna cadunt, inflata crepant, tumefacta premuntur. »
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Notons que le thème du dragon (*) va se poursuivre, jusqu'à la jouée opposée où sainte Marguerite sort victorieuse de la bête pestilentielle qui l'a avalée. Il faudrait se livrer à une grande étude du rôle de cet animal dans la cathédrale, ou en Finistère, ou dans l'Église, qu'il soit terrassé par l'archange ou plus rarement par saint Georges, qu'il serve de crossette au coin de la plupart des rampants des églises (et, à Saint-Pol-de-Léon, dans deux bâtiments voisins de la cathédrale), ou qu'il orne les sablières, la base des rinceaux des porches, etc, etc.
(*) Selon F. Piat, le dragon est l’animal fabuleux le plus fréquent sur les stalles bretonnes, en particulier dans les groupes épiscopaux.
Sur le rampant des stalles, saint Pol fait face au dragon, qui ouvre la gueule de façon menaçante et dresse ses ailes épineuses, tandis qu'il a posé sa queue écailleuse sur la boucle de la volute. Il porte déjà en collier l'étole du saint. Ce dernier est vêtu d'une tunique longue, serrée par une ceinture, et un manteau ample qui traîne derrière lui. La main droite est brisée, et on peut imaginer qu'elle tenait, aidée de la main gauche, l'extrémité de l'étole, ou une crosse.
Florence Piat fait observer que sur cette sculpture, la tête du saint patron de l'édifice n'est pas celle d'origine. Elle est coiffée d'un bonnet plat, à fanons.
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Jouée basse nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Saint Pol et le dragon, jouée basse nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Saint Pol et le dragon, jouée basse nord-est des stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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B. LES RAMPANTS DES JOUÉES MÉDIANES NORD.
Au niveau de l’accès médian menant à la rangée supérieure, les deux rampes de la jouée sont sculptée de deux enroulements de volutes sur lesquels prennent place des personnages et ou des créatures.
1°) Le rampant droit des jouées encadrant les marches médianes stalles nord : saint Pierre, et un prophète.
Cette rampe inclinée droite est faite d'une simple volute sur les boucles desquelles s'appuient les statues de saint Pierre, au front dégarni et une clef dans la main gauche, et, lui tournant le dos, d'un personnage biblique qui pourrait être un Prophète coiffé d'un bonnet hébraïque et déroulant sur une banderole son verset prophétique.
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Rampant droit des marches centrales des des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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2°) Le rampant gauche des jouées encadrant les marches médianes stalles nord : deux dragons.
Nous n'aurons pas quitter longtemps l'animal de compagnie de saint Pol. Ici, une paire de dragons sont placés l'un contre l'autre, les cous entrecroisés et les faces se regardant. Leurs queues reposent sur la boucle des volutes. L'un a le corps écailleux et des ailes nervurées, l'autre un corps lisse et des sortes d'élytres.
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Rampant gauche des marches centrales des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Rampant gauche des marches centrales des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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C. LES JOUÉES NORD-OUEST.
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1°) La jouée basse nord-ouest : l'Annonciation.
Elle est décorée en partie basse de rinceaux polycycliques sur les panneaux, et surmontée d'un rampant sculpté d'une l'Annonciation en ronde bosse.
L'archange Gabriel est figuré dans l'attitude habituelle du messager qui vient juste d'atterrir, genou droit en avant, et la Vierge enveloppée dans un manteau croise les bras sur la poitrine.
Il suffit de chercher un peu pour découvrir le phylactère du texte prononcé par l'ange : il déroule ses spires dans la concavité des volutes. De même, c'est sans-doute la colombe de l'Esprit qui se dissimule à gauche.
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La Vierge Marie, assise sur la droite, les bras croisés sur la poitrine, reçoit les paroles de l’archange agenouillé devant elle. — le rampant situé à l'ouest est sculpté d'une scène d'Annonciation très simple où la Vierge reçoit les paroles de l'archange, les mains croisées sur sa poitrine.
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Vue générale des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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L'Annonciation. jouée basse nord-ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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L'Annonciation. jouée basse nord-ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Si la scène est observée de l'intérieur des stalles, on est surpris de découvrir, dans la volute, un petit animal à queue longue (une hermine ?) qui pointe le museau vers l'orifice d'un petit tunnel, ou d'un bonnet.
C'est aussi l'occasion de voir que les volutes sont occupées par les feuillages (lys ?), ou d'examiner la coiffure de Marie, dont les deux masses latérales se réunissent au centre pour rentrer dans l'encolure du manteau.
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L'Annonciation ; jouée basse nord-ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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2°) La jouée haute nord-ouest.
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Les jouées hautes du coté de la nef, au nord comme au sud, n'offrent à voir qu'une seule face sculptée, du coté intérieur. Deux saints personnages y sont sculptés en bas-relief. Le premier, tête nue inclinée sur la droite, nimbée, est vêtu d'un vêtement liturgique très enveloppant, sans manches réelles, finement plissé sur la poitrine. Est-ce la tunique d'un sous-diacre ? Sur le poignet gauche pend un manipule ou une étole, ce qui est une autre indication en faveur d'un diacre.
Il tient des deux mains un livre ouvert. Celui-ci est suffisamment précieux pour être protégé par une couvrure ou chemise, une reliure d'étoffe qui le protège, en tant qu' objet sacré, de la manipulation directe et qui est dérivée du manutergium des premiers temps du christianisme. Cette couvrure forme un étui qui s'achève par une boule.
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Saint tenant un livre, jouée haute nord-ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Au dessus de lui, une vierge et martyre (car elle tient la palme) est sculptée de trois-quart. Elle porte également un livre ouvert, également protégé par un étui d'étoffe.
Sa tête est parée d'un bandeau à bijou central, puis d'un double nimbe.
On peut proposer, parmi d'autres suggestions, d'y voir sainte Pithère, qui a les mêmes attributs et qui est honorée à Le Tréhou.
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Sainte, vierge et martyre, tenant un livre, jouée haute nord-ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Un peu plus haut et occupant l'angle nord-ouest, une statue en ronde bosse montre une femme vêtue de deux tuniques et la tête recouverte d'un voile au dessus d'une guimpe. Elle aussi tient un livre, dans la main gauche. Sainte Anne ?
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Personnage féminin, angle ouest des stalles nord de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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I. LES JOUÉES ET RAMPANTS DU COTÉ SUD.
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A. LES JOUÉES SUD-OUEST.
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1°) La jouée sud-ouest basse.
La signification du rampant de cette jouée est incertaine. Un moine est agenouillé devant un évêque ou un abbé, qui est assis. Le moine tient dans ses mains un objet non identifié, et le personnage mitré tient également dans la main gauche deux objets. Ils regardent tous les deux légèrement sur le coté. Est-ce une scène de présentation d'une commande ?
Dans la volute, un blason surmonté d'une boule a été martelé, nous privant d'une indication précieuse.
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Jouée basse sud-ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Jouée basse sud-ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Jouée basse sud-ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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2°) La jouée sud-ouest haute. Moïse et un autre personnage.
Comme du coté nord, seul le coté intérieur est sculpté. Adossée à une double arabesque, la statue en ronde bosse d'un personnage barbu est identifiable comme étant Moïse, par les "cornes" (en réalité des flammes) de sa tête. Il tient un objet long et courbe, que j'assimile à son bâton/serpent à défaut de meilleure proposition.
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Moïse, jouée haute sud-ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Au dessus, et en arrière, dans l'angle sud-ouest de la stalle, un autre personnage pourrait être un prophète : il n'est pas nimbé, est barbu, et lève le bras droit au dessus de la tête en un geste plein d'expression.
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Jouée haute sud-ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Première stalle ouest des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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B. LES DEUX RAMPANTS DES JOUÉES MÉDIANES SUD.
Au niveau de l’accès médian menant à la rangée supérieure des stalles, les deux rampes des jouées sont sculptées de deux enroulements de volutes sur lesquels prennent place des personnages et ou des créatures.
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Rampant droit de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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1°) Le rampant droit des marches centrales : Samson et le lion / un dragon.
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Ce rampant représente Samson ouvrant la gueule du lion, selon le texte biblique du Livre des Juges.
Juges XIV:5-6 :
"Samson descendit à Thimna, et il y vit une femme parmi les filles des Philistins.
2 Lorsqu’il fut remonté, il le déclara à son père et à sa mère, et dit: J’ai vu à Thimna une femme parmi les filles des Philistins; prenez-la maintenant pour ma femme.
3 Son père et sa mère lui dirent: N’y a-t-il point de femme parmi les filles de tes frères et dans tout notre peuple, que tu ailles prendre une femme chez les Philistins, qui sont incirconcis? Et Samson dit à son père: Prends-la pour moi, car elle me plaît.
4 Son père et sa mère ne savaient pas que cela venait de l’Eternel: car Samson cherchait une occasion de dispute de la part des Philistins. En ce temps-là, les Philistins dominaient sur Israël.
5 Samson descendit avec son père et sa mère à Thimna. Lorsqu’ils arrivèrent aux vignes de Thimna, voici, un jeune lion rugissant vint à sa rencontre.
6 L’esprit de l’Eternel saisit Samson; et, sans avoir rien à la main, Samson déchira le lion comme on déchire un chevreau. Il ne dit point à son père et à sa mère ce qu’il avait fait.
7 Il descendit et parla à la femme, et elle lui plut."
Le sens littéral du texte est simple, mais il ne nous permet pas de comprendre la valeur de cette scène pour les chanoines de Saint-Pol-de-Léon : un jeune héros, en route pour ses fiançailles, "déchire un lion" parce qu'il est saisit par l'Esprit de l'Eternel.
L'analyse critique nous apprend que Samson, né miraculeusement d'une mère stérile, a été voué à Dieu : c'est un nazir (comme Jean-Baptiste), qui ne doit se couper ni les cheveux ni s'approcher de quelque chose d'impur (*), et qui doit être le sauveur d'Israël. Doué d'une force surhumaine (comme Hercule), il perdra tous ses pouvoirs s'il révèle que ceux-ci sont conférés par la longueur de ses cheveux, et si ceux-ci sont coupés, ce qui arrivera après la confidence faite à Dalila.
(*) Le nézirat est un engagement de durée limitée, à la suite d'un vœu, sauf dans deux cas où il est à vie : celui de Samuel et celui de Samson. Le nézirat de Samson est très particulier puisqu'il ne s'oppose pas à ce qu'il se marie (avec une femme des ennemis d'Israël).
Nous voyons aussi que ce déchaînement de violence à l'égard du "jeune lion rugissant" suscite de la culpabilité chez le héros, qui se garde d'en parler à ses parents.
En quoi cette scène est-elle exemplaire ? En quoi mérite-t-elle d'être proposée à la méditation pieuse des chanoines ? En quoi témoigne-t-elle de la dimension messianique de Samson?
La question se pose d'autant plus que Samson et le lion sont également figurés dans les stalles d'Amiens (1508-1522, contemporaines de celles-ci) et de Rouen (achevées en 1471).
— Dans la cathédrale d'Amiens, toute la rampe nord (sept ensembles des rampes n°106 et 107) sont consacrées à la vie de Samson : Samson , les Philistins et la mâchoire ; Samson déchire le lion ; Samson et les portes de Gaza ; De l'eau coule de la machoîre d'âne ; Samson et Dalila ; Dalila rase les cheveux de Samson ; Samson prisonnier.
La scène de Samson et le lion est décrite ainsi :
« Samson met en pièces un jeune lion qui se jetait sur lui . Barbu, bras et jambes nus, il n'a pour vêtement qu'une longue tunique fendue par devant, à larges manches et serrée à la taille, sans doute pour montrer qu'il ne tirait sa force que de l'esprit du Seigneur. Sa longue chevelure est retenue par un bandeau noué par derrière. Il vient de terrasser le lion dont il écarte de ses mains les deux mâchoires. » (Durand)
— À Rouen, deux miséricordes des stalles de la cathédrale sont consacrées aux scènes de la vie de Samson : Samson et le lion, Samson et les portes de Gaza. "Sur la miséricorde de Rouen, il a des cheveux longs coiffés en turban. Le lion est assez petit et Samson n'est pas monté sur la bête. Il est possible qu'il s'agisse d'Hercule." Elaine C. Block p. 169
C'est en accédant à l'analyse typologique et au sens allégorique des Écritures que nous comprenons le sens à donner à cette représentation. Cet épisode est une préfiguration de la descente du Christ aux limbes et de l'ouverture de la gueules des enfers.
" L'Ancien Testament est devenu [dans la lecture des théologiens médiévaux] un monde de prophétie et de prédiction des événements futurs. Par contre le Nouveau Testament se révèle comme l’espace de plénitude et de réalisation d`anciennes promesses. La relation entre l’Ancien et le Nouveau Testament, nommée typologie consiste dans la correspondance entre typus, c’est à dire le personnage ou l’événement antico-testamentaire qui est une ombre et une image, et antitypus – un personnage ou l’ événement néotestamentaire, prédit par des ombres et des images. Cela est fruit de la pensée théologique fine et de réflexions venues d’une grande tradition.
Cette lecture typologique se déploie dans les illustrations des éditions de la Biblia pauperum, la "Bible des pauvres", apparue au dernier quart du XIVe , ou dans celles du Speculum humanae salvationis. Samson et le lion apparaissent à la troisième page des Biblia pauperum
"Voici la troisième page, qui contient dans sa partie centrale la représentation de la Descente aux Enfers.
– Jésus ressuscité, vêtu d'un manteau royal, le bâton à la main, s'approche d'une gueule terrifiante et en retire Adam.
– Dans la représentation à droite nous voyons David décapitant Goliath vaincu.
– David se prépare à tuer son ennemi étendu par terre, la pierre dans son front.
– A gauche nous voyons Samson qui lutte contre un lion. Notre héros déchire la gueule de l` animal.
En apparence il n’ y a aucune similitude dans ces trois images. Nous observons plutôt des différences. Mais l’étude approfondie nous permet de découvrir des analogies de haute importance. En fait, dans chaque image il y a une entité terrifiante et menaçante – le lion, la gueule, Goliath. Par devant eux se présentent des personnages qui les confrontent et les vainquent. La peur d’une part et la victoire d’autre part – Des images « La victoire de David sur Goliath » et « Samson déchirant la gueule de lion » deviennent les allégories de l’image « La descente du Christ aux enfers ».
Aux arcades en haut apparaissent David, à droite – inscription Contrivit portas aereas et vectes ferreos confregit (Ps. 106, 16) et prophète Osée – O mors, ero mors tua, morsus tuus ero inferne (Os 13, 14). En bas à gauche nous voyons le prophète Zaccharie qui nous présente l’inscription : Tu quoque in sanguine testamenti tui emisisti vinctos tuos (Za 9, 11) et Jacob qui tient le rouleau avec l’inscription : A praeda filii mei ascendisti (Gen 49, 9)."
Dariusz Tabor, Biblia pauperum Le livre allégorique qui crée des images symboliques
A la page suivante, l'épisode de Gaza où Samson s'échappe en arrachant les portes de la ville (Jug. 16:1-3) préfigure la Résurrection du Christ parce que le Christ, comme Samson, devait recouvrer une force surhumaine pour se libérer : Samson de Gaza et le Christ du tombeau. Troisième scène, Samson et Dalila.
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Samson et le lion, rampant droit de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Samson est figuré barbu, vêtu d'une longue tunique ceinturée et aux manches remontées sur les avant-bras. Sa fameuse chevelure est coiffée d'un bonnet pointu et retroussé. Juché sur le lion, ses pieds aux chaussures pointues ne touchent pas le sol et prennent comiquement appui sur les montants des volutes. Les lèvres serrées par l'effort, il ouvre à pleine mains la gueule du lion, en appuyant le dessous de son menton sur le crâne de l'animal.
La volute est occupée par un serpent.
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Samson et le lion, rampant droit de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Samson et le lion, rampant droit de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Derrière lui, un dragon escalade la convexité de la volute et ouvre une gueule hargneuse vers le fleuron intermédiaire.
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Samson et le lion, rampant droit de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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2°) Rampant gauche des marches d'accès à la rangée haute des stalles sud : deux monstres mordent le fleuron central.
Ces monstres sont des chimères. Les deux ont une gueule et une tête de dragon, mais l'un sort d'une corne annelée enroulée en spirale dans la volute du montant, tandis que l'autre, aux pattes griffues, aux ailes nervurées et au corps couvert d'écailles, se prolonge à son extrémité caudale par son double. Ce dernier, de taille plus réduite, mord l'extrémité de la volute. Quand au "fleuron", il a l'aspect d'une tête de serpent.
Ce couple monstrueux répond en écho aux deux dragons du montant des marches nord.
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Rampant de l'accès médian aux stalles hautes sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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C. LES DEUX JOUES SUD-EST.
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1°) La jouée haute : sainte Marguerite issant du dragon.
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Jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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La partie basse est constituée d'un panneau de bas relief sculpté de motifs végétaux.
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Panneaux inférieurs de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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La partie médiane de la jouée, sculptée en ronde bosse, représente le miracle de sainte Marguerite sortant du ventre du dragon grâce à la petite croix qu'elle serre dans sa main droite.
Un rouleau muet formant une grande boucle se déploie derrière elles et un ange la regarde, accroché au montant droit de la jouée.
Bien que les statues de sainte Marguerite et de son dragon abondent dans chaque chapelle et chaque église du XV ou XVIe siècle, et que la sainte soit invoquée par les femmes enceinte contre les périls de la délivrance, c'est évidemment ici la présence du dragon qui a motivé le choix des chanoines commanditaires, pour mener d'un bout à l'autre des stalles l'allégorie de la lutte contre le si bestial Malin.
La statue est particulièrement élégante, avec son déhanchement accentué par la ligne oblique de la pointe des seins et par la saillie du genou droit. Mais le dragon est tout aussi réussi, l'artiste ayant soigné le détail de la crinière, des écailles et des pustules avant de sculpter pour la queue une deuxième tête rugissante.
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Sainte Marguerite issant du dragon, jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Sainte Marguerite issant du dragon, jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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La bordure du panneau médian.
Un autre dragon passerait facilement inaperçu, c'est celui qui, dans la bordure, crache la tige d'un pampre dont il ne manque que les vrilles. Symboliquement, c'est l'alliance de la puissance vitale sous sa forme animale et végétale.
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Bordure de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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La partie supérieure est composée d'arabesques en ronde bosse dont les enroulements sont habités de bourgeons succulents, de feuilles frisées, d'une étoile, de têtes, et d'un petit lapin.
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Panneau supérieur de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Toujours dans cette section de la jouée, une Vierge allaitante est représentée sur la tranche, faisant face aux rangs nord.
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Vue intérieure du panneau supérieur de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Vierge allaitante, montant de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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La volute sommitale est habitée par un petit personnage et par un serpent. résisterais-je à la Tentation d'y voir Adam et le Serpent.
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Volute sommitale de la jouée haute sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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2°) La jouée basse : saint Jean-Baptiste et saint Yves.
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Elle est décorée de motifs formant, comme le remplage de vitraux, de lancettes et de roses sur les panneaux, et elle est surmontée d'un rampant sculpté de deux saints en ronde bosse.
Le support du rampant est formé par deux volutes accolées en un fleuron médian. Un dragon s'enroule sur la boucle de la volute gauche. Mais en se plaçant à l'intérieur des stalles, nous découvrons les têtes de deux autres dragons.
Parmi les deux personnages en ronde bosse, saint Jean-Baptiste peut être identifié par ses pieds nus, ses cheveux longs et sa barbe, caractères du Nazir, mais aussi à son vêtement en peau de chameau, si on veut bien reconnaître dans la forme complexe des plis de la robe, près du pied, une tête de camélidé. Jean-Baptiste tient un livre ouvert, posé à plat sur la paume gauche, et sa main droite se tend vers un objet absent. Cet objet, c'est l'agneau, attribut manquant ici.
Son voisin est vêtu d'un surcot au dessus d'une cotte, et ses épaules sont recouvertes par un chaperon à capuchon. de fines chaussures à bout pointu dépassent des plis de la cotte. Il tient en main gauche des "sacs à procès" : il s'agit de saint Yves, qui fut Official du diocèse de Tréguier.
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Jouée basse sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Les saints Jean-Baptiste et Yves, jouée basse sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Les saints Jean-Baptiste et Yves, jouée basse sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Saint Jean-Baptiste, jouée basse sud-est des stalles sud de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Ce sera le point final de notre visite... sauf si vous voulez la refaire dans l'autre sens !
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SOURCES ET LIENS.
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— PIAT (Florence), 2007, Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Un édifice au chœur de l'édifice, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.
— PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente,[thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.
https://www.academia.edu/34924613/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_Les_stalles_de_lancien_duch%C3%A9_de_Bretagne._De_la_fin_de_la_guerre_de_Succession_jusquau_concile_de_Trente
Volume 2 Annexes :
https://www.academia.edu/34924818/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_-_Volume_2_-_Annexes
http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/recherche/globale?ou=Saint-Pol-de-L%C3%A9on&type=&texte=stalles+
— CERQUAND J.-F. Cerquand , 1883, Taranis et Thor, Revue celtique page 417
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6422741p/f437.item.r=pol.texteImage
— CLECH (J.), 1907, Visite de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon,
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/a55da7841d33fec3a113d04a2b398753.pdf
— CUISSARD Vie de Saint-Paul de Léon..., publiée par M. Ch. Cuissard, Revue celtique 1881 (T5)-1883 pages 413-460.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6210887n/f427.image
— François KERLOUÉGAN. La Vita Pauli Aureliani d'Uurmonoc de Landévennec. Job AN IRIEN. Le culte de saint Paul Aurélien et de ses disciples. Yves-Pascal CASTEL-KERGRIST. Les reliques de Paul Aurélien. , 1991, Sur les pas de Paul Aurélien Colloque international Saint-Pol-de-Léon 7-8 juin 1991, organisé par le CRBC sous la direction de Bernard Tanguy et Tanguy Daniel
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/daa304d5f5928b0c580c17ff08ccdda7.pdf
— Base de donnée MUSICASTALLIS.
Ce site présente plus de 850 scènes musicales sculptées dans les stalles médiévales conservées dans les églises européennes. Un module diaporama et un lexique permettent de découvrir ce monde caché des miséricordes
http://www.plm.paris-sorbonne.fr/musicastallis/
http://www.plm.paris-sorbonne.fr/musicastallis/fiche.php?id=218
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