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13 juillet 2023 4 13 /07 /juillet /2023 21:43

La sirène et les acrobates sculptés des crossettes (granite,vers 1541 et clocher, 1573) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

 

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Voir sur cette chapelle :

 

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PRÉSENTATION.

 

Cette chapelle qui dépendait, avant la Révolution, de la paroisse de Cuzon, dépend  maintenant de la paroisse de Kerfeunten à Quimper.

La chapelle de Ty Mamm Doué, en français "Maison de la Mère de Dieu", doit sans doute son nom à un modeste oratoire de 1295, démoli en 1969.  C'est probablement en cet oratoire que le père Julien Maunoir aurait reçu  selon la croyance, le 8 juin 1631, le don de la langue bretonne du doigt d'un ange, un jour de Pentecôte.

Edifiée près du petit oratoire entre 1541 et 1592, en pierres de taille en granite, dans un style gothique, elle fut complétée entre 1605 et 1621 dans un style renaissance, souvent visible sur la face sud.

Cette chapelle est de dimension importante. Elle comprend une nef, d'abord sans bas-côtés puis avec une travée séparée de ses bas-côtés par une architrave sur pilier octogonal, enfin un transept non saillant et un choeur profond à chevet plat. Bien que non voûtée en pierre, elle est flanquée de contreforts d'angle ; le petit clocher à jour, de type cornouaillais, est posé sur l'un de ces contreforts, côté sud.

Un pèlerinage muet (en silence), le Pardon Mud, s'y déroulait le Jeudi Saint : les paroissiens, sans leur clergé; devaient faire trois fois le tour de la chapelle dans le sens du parcours du soleil.

Éléments historiques basés sur les inscriptions de 1541, 1578, 1592; 1605 et 1621 :

 

L'an 1540, Pierre Quénec'h-Quivilly, seigneur de Keranmaner, permettait aux paroissiens de Cuzon de la reconstruire sur ses terres, et l'inscription gothique, au-dessus de la porte latérale sud, indique la date de 1541: 

CESTE CHAPELLE EN LHÕ~EVR

DE MAM DOE L . M Vcc XLI

AINSY FAITZ SCAVOIR A CHE

NOBLE SINEVR ÕAGE  BONNE FOI

Et l'on doit traduire ainsi :

Ceste chapelle en l'honneur

De Mam Doe (la Mère de Dieu) l'an 1541

Ainsi faitz (je) scavoir à ce

Noble seigneur hommage et bonne foi.

Le chevet à noues multiples date de cette époque.

Le premier propriétaire était donc au XVIe siècle Pierre de Quénec'h-Quivilly, seigneur du Faou, propriétaire du manoir de Keranmaner, situé  en haut du vallon occupé par la chapelle.

 

Manoir de Keramaner, à 300 mètres plus haut que la chapelle de la Mère-de-Dieu, du même côté de la route. Portail d'entrée de la cour d'honneur, style de la fin de la période ogivale, dans le genre du portail du manoir de La Forêt : pilastres carrés, avec bases et chapiteaux à moulures gothiques, surmontés de pinacles aigus et portant une arcade surbaissée à moulures prismatiques, et saillie à crossettes feuillagées. A la hauteur des chapiteaux, lions héraldiques. Grande cour précédent le manoir, puits entouré dune margelle à larges moulures. Maison développant une vaste façade à trois ouvertures au rez-de-chaussée, trois à l'étage et, dans les combles, trois lucarnes à frontons héraicirculaires, genre Renaissance, tandis que les chevronnières des pignons sont garnies de crossettes à feuilles de choux. A l'intérieur, portes gothiques, cheminées moulurées en granit, armoiries des Furic, 3 croix. Grand escalier tournant.

1509. Aveu de Jean Le Scanff, et femme Marguerite Nouel. L'Evêque lui fait don du devoir de bail. Mais Pierre de Quenechquivillic est sujet à ce droit pour le lieu de Keranmanic en 1515. Cependant, le 16 Décembre 1520, l'Evêque Claude de Rohan fait don de ce droit de bail au dit Pierre de Quenechquivillic, à cause de l'acquêt fait par lui du manoir de Keramaner. Lorsque celui-ci mourut en 1529, l'Evêque fit également don de bail à ses enfants en faveur et considération du Sgr du Faouet. (P. Peyron)

Puis, en 1548, le négociant en toile à voile Jehan Furic (*) s'affranchit, en monnaies portugaises, de Pierre de Quénec'h-Quivilly, pour le manoir et les terres.

"C'est un autre Pierre Quenechquivillic, fils du précédent, qui vendit Keranmanoir à Jean Furic, qui, le 7 Décembre 1554, rendant aveu, déclare tenir au fief de l'Evêque  à droit de bail, le lieu noble de Keranmanoir, sa chapelle, cave, bois, laiterie et haute futaye et la métairie dite village de Keranmanic.  En 1561. L'évêque Etienne Boucher cède le bois de Coetnescop à Jean Furic, Sr de Keranmanoir, qui donne en échange le pré du Pichiry, en Kerfeunteun.

 En 1562. Aveu de noble Jean Furic et demoiselle Jeanne Le Cleuziou, sa femme." (P. Peyron)

La propriété passa à son fils Pierre (**). (Son petit-fils, l’amiral de Kerguelen, hérite en 1772 de Keranmaner et des terres au nom du droit d’aînesse. Il ne résidera jamais au manoir).

(*)Jean Furic avait épousé le 7 février 1539 Anna Fily, d'où Françoise (1940), Jacques (1542), Pierre (1543), Pierre (1545), Anna (1546), Marie (1547), Yvon (1548), Guillamete, Jahanna, et Thomas (1553), François (1559), Jehan (1561), Guillaume (1561), Hervé (1563) et Yves (1564) (les derniers de Jahanna Le Cleuziou).  1604. Aveu de nobles gents Me Yves Furic, Sr de Treffentec. 

(**) Pierre Furic épousa Jehanne Le Cleuziou le 28 juillet 1571.  Devenu veuf, Il épousa ensuite, le 5 mars 1590, Jeanne de Kergadalen, puis en 1591 Rauanne du Mûr, d'où une fille Margaritte en 1596.

—Divers : Dans un parchemin daté de 1495 portant son testament, Thomas Furic, prêtre, léguait à la cathédrale de Quimper dix écus d'or.

Une des tours des fortifications de Quimper portait le nom de Tour Furic, "nom d'une famille nombreuse et puisssante qui fournit un assez grand nombre de membres à l'église de Quimper".

Dans la cathédrale de Quimper, le 27 avril 1498, Jehan Furic et Françoise, sa femme, bourgeois et habitants de Quimper, fondent un anniversaire de 20 sols, forte monnaie de rente, et choisissent leur sépulture en la chapelle de Saint-Benoît, près de celles de leurs parents. Un acte de 1623 mentionne, près du même autel, la tombe de Jeanne Furic. (Le Men)

Selon L'archiviste Le Men, "Une troisième chapellenie fut fondée sur cet autel, vers la même époque (de 1471 à 1490), parGuillaume Periou, recteur de Laz, qui fut procureur de la fabrique de 1468 à 1487. Il en laissa le patronage à ses neveux Jean, Guillaume et Thomas Furic Cette chapellenie, qui finit par prendre le nom de Chapellenie de Saint-Guillaume ou des Furic, fut successivement présentée par Pierre Furic, en 1529 ; par noble homme François en 1609 ; par noble homme Julien Furic, sieur du Run, fils aîné d’autre noble homme Jan Furic, sieur de Keramaner, en 1620 ; et enfin par Ignace Furic, sieur de Kergourant, en 1731. La famille Furic qui fut déboutée à la réformation de 1668, avait pour armes, d’après un sceau de 1731, des archives du Finistère : d’azur à 3 croisettes au pied haussé d’or. Ces armoiries se voient à l’intérieur et au bas de la chapelle de la Mère de Dieu, près Quimper, ou les sieurs de Keramaner avaient sans doute des prééminences.  Les Furic avaient le privilège de voir leur tombe de 1575 située dans la nef et le transept de cathédrale de Quimper" (Monographie Le Men)

 1713. Aveu d'écuyer Hervé-Louis de Kerléan, Sr de I Poulguinan, tuteur des enfants de feu Gervais Budoes,  Sr de Kerléan, et de dame Anne-Corentine Furic, Sr et I dame de l'Isle."

 

Au-dessus de la porte sud, se lit une autre inscription de 1578 : " INRI/  O. MATER. DEI. MEMENTO. MEI. 1578. "

Enfin, le porche ouest, également toute gothique avec son gable tangent et coupant les piédroits, porte sur une banderole : " PAX : VOBIS. 1592. "

Le style Renaissance apparaît, au contraire, sur la petite porte sud de la nef, sur laquelle on lit l'inscription : " M. P. CORAY. RECTEVR. 1605 ", et sur un linteau de la sacristie daté par l'inscription " M : I : CONNAN : RECTEVR. 1621. "

Bâtie sur un terrain privé, elle fut vendue sous la Révolution au sieur Louis Ollivier, elle fut rachetée par la commune, restaurée en 1817 et rendue au culte vers 1822.

Les crossettes (pierres d'amortissement), la gargouille et les autres éléments figurés sont donc datables entre 1541 et 1578.

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Pour plus de précision, lire, infra en Sources, la description et l'historique du chanoine Paul Peyron datant de 1893.

 

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Situation.

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1. La carte de Cassini montre "la Mère de Dieu" située au nord de Kerfeunten, juste au dessous du manoir de Keramaner. À sa gauche, la rivière du Steïr effectue un coude à angle droit, tandis que sur la droite, le Frout descend verticalement, parallèle à l'Odet. Ces deux cours d'eau sont équipés de moulins. Plus à droite,l'Odet, passant par Cuzon.

On repérera deux importants axes routiers :

La route Brest-Lanvéoc-Locronan-Quimper.

La route Lesneven-Châteaulin-Quimper (ancienne voie romaine).

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Carte de Cassini, fin XVIIIe. Gallica.

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La carte de Cassini rend mal compte de la situation de la chapelle sur la droite d'un chemin qui remonte vers le manoir de Keramaner en longeant un vallon assez encaissé.

La Carte d'Etat-Major.

Elle montre mieux ce ruisseau qui se jette dans le Steïr après le moulin de Meilh Stang Bihan. Ce ruisseau est important car qui dit chapelle dit fontaine, laquelle précédait peut-être, par ses vertus, l'oratoire.

La chapelle située à 40 m d'altitude occupe un petit éperon surplombant de 20 m la division d'un cours d'eau.

La carte montre aussi que la route de Châteaulin longe le manoir de Keramener.

Le toponyme est toujours "Chapelle de la Mère de Dieu"

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Carte d'etat-major 1820-1866.

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L'hydrologie est mieux visible encore sur la carte IGN. La chapelle n'est pas nommée sur ce grossisement, mais le chemin porte le nom de Ty Mamm Doué.

Un lavoir était aménagé à proximité de la chapelle. Mais on ne trouve aucune mention d'une fontaine avec édicule, ni aucune carte-postale témoignant de son existence .

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Terminons par la vue aérienne où est indiqué l'axe général du vallon, et où son tracé est marqué par les arbres et buissons :

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Description des crossettes de la façade sud.

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La sirène et les acrobates sculptés des crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

La sirène et les acrobates sculptés des crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

La sirène et les acrobates de la chapelle de Ty Mamm Doué (Quimper)

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I. LA SIRÈNE. Crossette du côté gauche de la première lucarne sud. Granite, XVIe siècle.

 

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C'est l'une des  seules à n'être pas citée par Hiroko Amemiya, qui a compilé  ces ornements de type sirène (femme-poisson) en Bretagne dans son "Vierge et démone" en en dénombrant 20, dont 13 en pierre, et parmi elles 9 crossettes. 8 sont en Finistère, celles de Landévennec, Saint-Urbain, Landerneau, Bodilis, Lampaul-Guimiliau, Ploudaniel (chapelle Saint-Eloi), Sizun, Kergrist-Moëlou et Vitré. Si on y ajoute la dizaine d'ornement de type femme-serpent, nous constatons que les maîtres-sculpteurs répondent à une demande générale d'ornementation bien particulière. Cela se confirmera avec le deuxième motif, l'acrobate.

Voir :

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Nous parlions de la situation de la chapelle par rapport au réseau hydrographique, et de l'existence d'une fontaine. Nous ne nous étonnons donc pas de voir ici célébrer  une créature féérique du monde aquatique.

Tournée vers l'ouest, elle est couchée sur le ventre mais avec le buste dressé, sa généreuse poitrine en avant et la tête renversée en arrière et tournée vers les cieux. Son épaisse chevelure retombe sur ses épaules, tandis qu'une couverture est posée, comme une selle, sur son dos. Elle est dotée d'une incontestable queue de poisson, et son corps est couvert d'écailles en réseau de losanges, y compris les bras.

Elle tient en main gauche un objet rectangulaire qui devrait nêtre, selon l'iconographie, soit un miroir, soit plutôt un peigne.

Sa main droite, moins visible, semble posée sur son côté droit.

Par sa posture, nous pouvons la rapprocher de celles de Landerneau, de Sizun (côté ouest), de Saint-Urbain et de Lampaul-Guimiliau, ... qui tiennent toutes un miroir.

 

 

 


 

La sirène et les acrobates sculptés des crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

La sirène et les acrobates sculptés des crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

La sirène et les acrobates de la chapelle de Ty Mamm Doué (Quimper)
La sirène  : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

La sirène : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

La sirène  : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

La sirène : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

La sirène  : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

La sirène : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

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II. L'ACROBATE. Crossette du côté droit de la première lucarne sud. Granite, XVIe siècle.

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Sa posture poitrine en avant et tête vers le ciel est symétrique de celle de la sirène. C'est un acrobate en renversement postérieur, les talons se rapprochant de l'occiput, et ce personnage est très fréquent (presque omniprésent) dans les crossettes des chapelles bretonnes, ainsi qu'en d'autres emplacement comme les sablières et les porches. C'est d'ailleurs ce qui permet d'affirmer que c'est bien un acrobate.

Mais celui-ci se livre à un exercice particulier : il s'appuie à un bâton passé entre ses bras pliés (cf. flêche).

Je pourrais séparer les saltimbanques travaillant sans accessoire de ceux qui augmentent leur performance en faisant appel à des barres, crochets et autres entraves, quitte à se lier (nous le verrons) à des collègues. J'ai découvert l'existence de ces derniers sur les sablières et surtout les abouts de poinçon de la charpente de Pleyben, puis sur ceux de Grâces en Guingamp.

 

 

Il porte les cheveux longs tombant sur les épaules, il est vêtu d'une tunique courte à bords festonnés, serrée par une ceinture, de chausses moulantes et de chaussures. 

Si la sirène appartenait au monde de l'eau, cet acrobate nous renverrait plutôt à celui de l'air, ou, du moins, du renversement des valeurs. 

Dans les deux cas, ils nous renvoient au domaine du jeu, de la fantaisie et de l'imagination.

 

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L'acrobate : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

L'acrobate : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

L'acrobate : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

L'acrobate : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

L'acrobate : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

L'acrobate : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

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Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

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III. LE LION.  Crossette du côté gauche du gable de la baie sud du transept.Granite, XVIe siècle. 

 

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Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

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IV. LE LION.  Gargouille du côté gauche du gable de la baie sud du transept.Granite, XVIe siècle.

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Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

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V. LA FEMME NUE.  Crossette de l'angle sud-est. Granite, XVIe siècle.

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La posture de cette femme est difficile à comprendre. Elle est accroupie à l'angle d'un contrefort, une main sur le genou droit et l'autre sur la poitrine. Elle est coiffée d'une capuche.

Mais l'anatomie est bizarre, notamment pour cette "poitrine" et cette "main", et pour les épaules.

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Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

La sirène et les acrobates de la chapelle de Ty Mamm Doué (Quimper)

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VI.  Crossettes des côtés est et nord . Granite, XVIe siècle.

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Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

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Un dragon.

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Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les crossettes (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

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VII. LES DEUX ACROBATES JUMELÉS  Crossette du nord, côté droit du gable du transept. Granite, XVIe siècle.

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On les a considérés, on les considère encore comme les effigies de Jean Furic et de son fils Pierre. Mais on peut opposer à cette opinion plusieurs objections.

Aucun monument breton du XVIe siècle ne montre, sauf exception, le portrait du commanditaire (et ici, du propriétaire du terrain) sosu la forme de crossettes, car ces pierres d'ammortissement sont consacrées à des figures animales fabuleuse ou non ( dragon, lion, chien), ou à des chimères (femmes-serpent ou femme-poisson), ou à des figures humaines marginales (acrobates) ou métaphores du Vice (le Buveur, le Trop-Mangeur, le ou la Lubrique). Aucun noble, aucun riche marchand n'aurait accepté de figurer sur ce "tiers-lieu" intermédiaire entre les murs et les toits, et, surtout, n'aurait accepté d'y être représenté "en figure". Seules les armoiries pourraient, pour affirmer leurs prééminences, s'y trouver, comme on les voeint inscrites dans les sablières.

Surtout,la posture visible si nous nous plaçons face à la baie, et non de biais, est celle, bien connue des amateurs de crossettes et de sablières, de l'homme aggripant d'une main sa cheville. C'est, toujours, une posture soit lubrique, soit d'acrobatie lors d'un renversement postérieur. Aucun notable n'aurait accepté de se voir affublé de ce geste réservé aux saltimbanques.

À Dirinon, l'acrobate, nu, empoigne sa cheville d'une main et touche son sexe de l'autre, tandis que c'est, au sud, un acrbate bien vêtu qui prend son pied . C'est une femme nue qui prend cette pose à Notre-Dame-de-Berven de Plouzévédé, à Saint-Hervé de Gourin, à Notre-Dame des Trois-Fontaines de Gouezec. Au château de Pontivy, c'est, en 4, un buveur, et en 21, un acrobate qui aggripent leurs chevilles. De même à l'angle de la Maison du Guet de La Martyre.

On le retrouve sur les abouts de poinçon de Pleyben (1571-1580),  sur un acrobate de la tour-clocher de Roscoff, à La Martyre, Rue Jean-Louis Rolland à Landerneau, etc, etc,

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Dirinon :

 

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Landerneau :

 

 

 

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La Martyre :

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Roscoff :

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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Château de Pontivy. Photo lavieb-aile.

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Doyenné de la collégiale du Folgoët. Photo lavieb-aile.

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Doyenné de la collégiale du Folgoët. Photo lavieb-aile.

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Eglise de Confort-Meilars. Photo lavieb-aile.

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Eglise de Goulven. photo lavieb-aile.

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Chapelle Saint-Nicodème à Ploéven. Photo lavieb-aile.

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La posture d'acrobate en renversement est si fréquente sur les sablières et abouts de poinçon qu'il est impossible d'en faire l'inventaire.

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Les acrobates jumelés :  crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les acrobates jumelés : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

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Donc, nous avons affaire ici à un numéro d'acrobatie, tout comme sur la façade sud avec l'homme s'accrochant à une barre pour réaliser son renversement.

Mais ici, nous trouvons deux têtes, l'une moustachue, l'autre non, sortant de la même tunique plissée échancrée en V, et chacune coiffée d'un bonnet.

Nous n'en savons pas assez sur l'art des saltimbanques du XVIe siècle pour interprêter plus à fond cette figure d'acrobatie : s'agissait-il de réussir un renversement en duo, et enfermé dans la même tunique ? Ce serait une forme d'entrave.

Un peu comme à Pleyben ?

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Abouts de poinçon de l'église de Pleyben. Photo lavieb-aile.

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Pleyben. Photo lavieb-aile.

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Les acrobates jumelés :  crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les acrobates jumelés : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les acrobates jumelés :  crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les acrobates jumelés : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les acrobates jumelés :  crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

Les acrobates jumelés : crossette (granite,vers 1541 ) de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

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LES CROSSETTES DU CLOCHER.

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La sirène et les acrobates de la chapelle de Ty Mamm Doué (Quimper)
La sirène et les acrobates de la chapelle de Ty Mamm Doué (Quimper)

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1. L'acrobate de gauche, au dessus de la chambre des cloches. Crossette, granite, 1573.

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C'est le troisième exemple ici de l'acrobate empoignant ses chevilles pour réussir un renversement postérieur en bombant le torse. Il est coiffé du traditionnel bonnet, porte une veste courte à boutons, le bagou braz plissé et des chaussures.

En réalité, il ne saisit pas ses chevilles, mais il exerce une traction sur une barre ou une sangle (flêche) passée sous ses genoux : donc un nouvel exemple d'acrobatie avec accessoire.

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La sirène et les acrobates de la chapelle de Ty Mamm Doué (Quimper)
La sirène et les acrobates de la chapelle de Ty Mamm Doué (Quimper)
La sirène et les acrobates de la chapelle de Ty Mamm Doué (Quimper)

 

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2. La femme tenant un livre et maintenant sa coiffe. Côté droit au dessus de la chambre des cloches. Crossette, granite, 1573.

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Crossette du clocheton, granite, 1573. Photographie lavieb-aile.

Crossette du clocheton, granite, 1573. Photographie lavieb-aile.

Crossette du clocheton, granite, 1573. Photographie lavieb-aile.

Crossette du clocheton, granite, 1573. Photographie lavieb-aile.

Crossette du clocheton, granite, 1573. Photographie lavieb-aile.

Crossette du clocheton, granite, 1573. Photographie lavieb-aile.

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3. Un ange. Crossette, granite, 1573.

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Crossette du clocheton, granite, 1573. Photographie lavieb-aile.

Crossette du clocheton, granite, 1573. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Jean-Marie), 1915, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère

 Bulletin SAF 1915

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1915_0251_0278.html

Chapelle de la Mère de Dieu: (Ty-Mam-Doue) . Au-dessus de la porte principale Sud-Est est une inscription gothique dont voici la lecture d'après MM. le chanoine Abgrall, Waquet et Lucien Lécureux :
Ceste chapelle en lhoeur (l'honneur) De Mam Doe l (an) MVecXLI Ainsy faits scavoir a che Noble sineur oage et bonne foi (hommage)

— BASE MERIMEE Notice n° PA00090327 

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00090327

https://monumentum.fr/monument-historique/pa00090327/quimper-chapelle-de-la-mere-de-dieu-a-kerfeunten-dite-ty-man-doue

— CHAUSSEPIED (M.), 1901, Notice sur la chapelle Ty-Mam-Doué, en Kerfeunteun, Bulletin de la Société archéologique du Finistère pages 73-79

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207657j/f146.item


Avant d'envoyer au Salon de Paris, qui va bientôt s'ouvrir, les dessins et relevés de cette chapelle, nous avons pensé qu'il serait intéressant de les soumettre aux membres présents à cette séance, et qui sans doute connaissent ce joli monument situé aux portes de Quimper.
Une étude approfondie faite l'été dernier nous a permis de réunir dans un même cadre les ensembles et détail de ce curieux édifice.
Nous ne redirons point l'historique de cette chapelle, notre éminent collègue, M. le chanoine Peyron, nous a précédé dans cette tâche avec son talent habituel, nous nous contenterons d'y ajouter seulement une courte description purement archéologique.
La Chapelle de Ty-Mam-Doué, ou maison de la mère de Dieu, fut rebâtie vers le milieu du XVIe siècle sur le versant d'un coteau, et subit comme tous les monuments de celle époque diverses transformations successives.
En plan elle a la forme d'une croix latine orientée de l'Est à l'Ouest avec nef sans bas-côtés, large transept et abside terminée par un mur droit. le tout flanqué de contre­forts d'angle, quoiqu'on n'eût sans doute point l'intention de la voûter. Les charpentes sont recouvertes d'un berceau en lambris
peint de date récente; il est probable qu'autrefois les entraits et poinçons de charpente étaient apparents, mais il furent coupés et l'on en retrouve quelques traces le long des murs.
De larges Laies géminées éclairent le fond du chevet et du transept, d'autres petites ajoutent encore de la lumière à l'intérieur de ce monument.

Outre la partie principale du côté Ouest, trois autres portes sont pratiquées dans lés murs, deux du côté Sud, une du côté Nord; une petite sacristie est adossée de ce à l'extérieur. .même côté avec sortie directe
Les proportions de cette Chapelle sont élégantes, mais certaines dispositions présentent des talonnements ou des erreurs regrettables.' Ainsi nous remarquons ces deux transepts qui ne portent que de hautes piles octogonales du légères poutres, et l'irrégularité des rampants de cette
partie de l'édifice; il est évident que cette disposition était il nous sera permis que dire que les
voulue, cependanteaux prises avec des difficultés, n'ont pas su constructeurs, atteindre un 'résultat satisfaisant. II en est ainsi du léger gâble qui surmonte la porte Ouest, il n'est ni courbe ni droit, mais d'une forme indécise et, comme la fenêtre qui le surmonte, produit le plus fâcheux efTet.
Tout l'intérêt de la Chapelle réside particulièrement dans élégant clocher. Bâti de quilles légères, sur le sommet son d'un contrefort d'angle, il est surmonté d'une flèche gracieuse etde clochetons ;aux quatre angles ornée de crochets,de gâbles  nous  remarquons quatre petits marmousets des retombées 
qui détachent curieusement leur silhouette dans le ciel.
Toule la richesse d'ornementation fut réservée aux façades Sud et Ouest; les contreforts sont ornés de niches peu profondes à pinacles fleuronnés couronnées de dais, et dont les supports sont ornés de têtes et de feuillages entrelacés. surmontaient autrefois ces contreforts.
Des pinacles
La porte ogivale que surmonte une accolade à gros fleuron est formée de fines nervures et flanquée de deux colonnes bagues ornées de couronnes et cordelières,
torses, avec et terminée par des pinacles fleuris; elle ['appelle cette  si riche et si féconde que nous avons époque Louis XII sur les bords de la Loire bien souvent admirée

Au-dessus de cette  porte s'étale une large inscription supportée par des anges et sur laquelle on lit en caractèresgothiques: Cette Chapelle · en l'honneur Mam-Doé l'an mille cinq cent qnarante et un nous y fait scavoir que chez Noblesse gisent (devocion) bonne foy, qui donne une date assez précise de la reconstruction de l"édifice . .
La porte principale du côté Ouest est aussi riche que la précédente, mais sans être d'aussi belles proportions, on y remarque pat'liculièrement les beaux feuillages qui ornent les gorges profondes de ces nervures et les deux personnages en ronde-bosse, aux amortissements du gâble au-dessus du bandeau. L'un représente un guerrier coilTé d'un casque et à corps d'animal, porlant un étendard déployé, l"autre une femme la tête couverte d'un voile et tenant une banderolle sur laquelle on lit ces mots : Pax: Vobis 1592.
Les meneaux des fenêtres attirent peu d'intérêt; nous y avons même trouvé une certaine gaucherie d'exécu­tion qui dénature certainement l'ensemble de l'œuvre.
Au-dessus du gl'os gàble du transept Sud sont sculptées des armoiries presque effacées ,et supportées par des grillons.
Nous ne quitterons pas l'extérieur sans parler des curieuses gargouilles et sujets d'amortissement des gâbles, homme au poisson, torse de femme courbée) animaux fantastiques, personnes à deux têtes, etc. , tous atteslant une période féconde en production, où la naïveté jointe à une sûreté d'exécution, engendra des combinaisons souvent bizarres, mais toujours intéressantes.
L'intérieur est peu remarquable; cependant nous y trouvons les belles piscines, pratiquées dans les murs, toutes quatre diverses de formes, que nous nous sommes plu à l'e produire fidèlement; puis de jolis bénitiers, les uns adossés, les autres isolés comme celui du XVIIe siècle, monté sur un groupe de quatre petites colonnettes engagées.
Dans le bas de la Chapelle il semble qu'on ait voulu établil' une tribune dans de plus grandes proportions que celle qui existe aujourd'hui, si nous considérons les quatre encorbellements puissants placés le long des murs latéraux.
A l'angle Sud·Ouest un escalier à noyau central conduit à la tribune.
N'oublions pas de mentionner aussi les quelques consoles ou supports habilement sculptés, les deux du fond du chœur qui sont figurés sur nos dessins attirent particulièrement l'attention; ils représentent des monstres marins prêts à dévorer un mortel.
Au XVIIe siècle on pratiqua dans le mur Sud une autre porte, qui, ornée de deux colonnes isolées, disparues maintenant, devait produire un très bel efTet. Elle est en arc surbaissée, ornée de pilastI'es, d'une fine corniche et d'unfronton au-dessous duquel on remm'que un petit motifsculpté également en ronde-bosse, représen tant le PèreEternel couronné de la tiare. Les petits pilastres sont ornés de têtes d'anges et de démons; sur les socles des colonnes se voient, mais bien mutilés, des personnages ailés; et au-dessus des entablements, de riches dais abritant sans doute des statues de pierre aujourd'hui disparues.La restauration, mais surtout la conservation de cet édifice, s'imposent. Aussi demanderons-nous à M. le Ministre des Beaux-Arts de vouloir bien le classer parmi les monu­ments historiques de la région,si caractéristiques dans département, pour l'étude des anciennes écoles françaises,
CHARLES CHAUSSE PIED

 

 

— COMITÉ D'ANIMATION

https://chapelletymammdoue.com

— COUFFON (René), 1980, Notice sur Quimper, in Nouveau répertoire des églises de chapelles du diocèse de Quimper et Léon

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/Quimper.pdf

"Cette chapelle dépendait, avant la Révolution, de la paroisse de Cuzon. Elle comprend une nef, d'abord sans bas-côtés puis avec une travée séparée de ses bas-côtés par une architrave sur pilier octogonal, enfin un transept non saillant et un choeur profond à chevet plat. Bien que non voûtée en pierre, elle est flanquée de contreforts d'angle ; le petit clocher à jour est posé sur l'un de ces contreforts, côté sud. Elle remonte au XVIè siècle. L'an 1540, Pierre Quénec'h-Quivilly, seigneur de Keranmaner, permettait aux paroissiens de Cuzon de la reconstruire sur ses terres, et l'inscription gothique, au-dessus de la porte latérale sud, indique : " CESTE CHAPELLE EN LHOEUR/DE MAM DOE. L : M : Vcc : XLI./... " Le chevet à noues multiples date de cette époque. Au-dessus de la porte sud, autre inscription : " INRI/O. MATER. DEI. MEMENTO. MEI. 1578. " Enfin, la porte ouest, également toute gothique avec son gable tangent et coupant les piédroits, porte sur une banderole : " PAX : VOBIS. 1592. " Le style Renaissance apparaît, au contraire, sur la petite porte sud de la nef, sur laquelle on lit l'inscription : " M. P. CORAY. RECTEVR. 1605 ", et sur un linteau de la sacristie daté par l'inscription " M : I : CONNAN : RECTEVR. 1621. " A la croisée du transept, quatre entraits engoulés. Mobilier Maître-autel et deux autels latéraux de style néo-gothique, fin du XIXe siècle. - Chaire à prêcher avec abat-voix plat, début du XXe siècle ; bas-reliefs des Evangélistes sur les panneaux. - Stalles du choeur encore en place. - Deux confessionnaux cintrés, avec demi-dôme à écailles (début du XIXe siècle ?). Trois piscines gothiques, deux dans le choeur, une dans le transept nord. - Bénitier encastré et sculpté près de la porte ouest. Statues en bois polychrome : Christ en croix sur la poutre de gloire, autre Crucifix, Vierge à l'Enfant dite Notre Dame de Ty-Mam-Doué, XVIIe siècle, dans une niche en bois peint portant l'inscription : " GUERC'HEZ VARI MAM DOUE PEDIT EVIDOMP ", saint Joseph portant l'Enfant Jésus, Vierge aux mains jointes (Vierge au Calvaire ?), saint Jean-Baptiste, saint Corentin. Vitraux du début du XXe siècle dans le transept : au nord, verrière évoquant la construction des flèches de la cathédrale, très mutilée ; - au sud, " Souvenir reconnaissant des combattants de la Guerre 14-18 " : soldats montant à l'assaut accompagnés de Jeanne d'Arc ; en dessous, procession du pardon de Ty-Mam-Doué. Tableau de l'Assomption, peinture sur toile d'Olivier Perrin, en mauvais état, XVIIIe-XIXe siècle. . Cadran solaire au tympan d'une fenêtre du midi."

— PEYRON (Paul), 1893  Notice sur la chapelle Ty-Mam-Doue en Kerfeunteun · A. de Kerangal

http://backup.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c56b93c63b0b254fabb51505beab704b.pdf

 

 La Mère - de - Dieu (Ty-Mam-Doue). La chapelle Ty-Mam-Doué ou de la Maison de la Mère de Dieu, située à trois kilomètres de Quimper, faisait autrefois partie de la paroisse de Cuzon, mais a été réunie depuis le Concordat à celle de Kerfeunteun. Cette chapelle est un lieu de pèlerinage fort fréquenté, tout particulièrement par les habitants de Quimper, tant à cause de sa proximité de la ville, qu'à raison de la dévotion traditionnelle qui, de temps immémorial, s'est manifestée en ce lieu, en l'honneur de la Mère de Dieu. A quelle époque faut-il faire remonter les origines de cet oratoire? C'est ce qu'il n'est pas possible de préciser, et nous ne pouvons répondre à cette question que dune manière approximative. Un arrêt du Parlement de Bretagne rendu le l6 Avril 1556 nous apprend que l'an 1540, Pierre Kernechquivilic, lors sieur de Keranmanoir, sur le terrain duquel était bâtie la chapelle, « aurait permis aux paroissiens de Choeuzon de refaire et reconstruire de nouveau certaine chapelle appelée chapelle de la Mère de Dieu ». Le premier édifice était donc en ruine au commencement du xvie siècle, ce qui suppose une existence antérieure d'au moins deux siècles. Il serait dès lors permis de conclure que la première construction datait de la première partie du xive siècle, et si l'on rapproche cette date de celle de la translation de la maison de Nazareth à Lorette en 1295, et de la dénomination sous laquelle a été connu de tout temps l'oratoire de Kerfeunteun : Chapelle de Ia Maison de la Mère de Dieu, il ne sera pas téméraire d'avancer que la chapelle de Ty-Mam-Doue a été construite en mémoire de la translation miraculeuse de la maison où s'est accompli le mystère de la Maternité divine, et que cette construction date d'une époque rapprochée de ce grand événement. Cette conjecture est encore confirmée par l'existence des deux édifices séparés qui se voient en ce lieu de Keranmaner, dont l'un affecte la forme d'une simple maison convertie en oratoire [détruit en 1969] et l'autre est la chapelle proprement dite de la Maison de la Mère de Dieu. Il serait difficile d'expliquer autrement le voisinage si rapproché de ces deux édifices.

Le manoir noble de Keranmaner, sur les terres duquel était bâtie la chapelle, relevait de l'Evêque de Quimper, auquel il payait la dîme. Ce manoir était possédé en 1509, par Jean Le Scanff, veuf de Marguerite Noël ; En 1540, il appartenait, d'après l'arrêt cité plus haut, à Pierre Kernechquivilic, qui, en 1549, le délaissa, à titre de féage, à Jehan Furic, époux (en 1562) de demoiselle Jeanne Le Cleuziou ; mais cette cession était faite à condition « qu'il ne serait permis à nulle personne fors audit « Kernechquivilic avoir et mettre armoieries et intersignes de noblesse, sans le congé du dit Kernechquivilic, suivant lequel contrat le dit de Kernechquivilic aurait « fait apposer des armoieries au portail d'icelle chapelle « lesquelles y auraient tousjours esté au veu et sceu de tous les paroissiens et si longuement que le dit de Kerec nechquivilic a esté sieur du dit lieu de Keranmanoir ». Le sieur de Kernechquivilic ne figure pas dans l'armorial de M. de Courcy, et il serait inutile de rechercher ses armes au portail de la chapelle, car cette partie de l'édifice porte la date de 1592. Non obstant la réserve formelle de l'acte de cession, Jehan Furic avait fait apposer ses armoiries sur la chapelle ; mais aussitôt le sieur de Kernechquivilic les avait fait abattre, et en 1556, il remontrait au Parlement que la dite chapelle « était assise au fief de l'Evêque de Cornouaille, dedans lequel fief n'était permis d'avoir armoieries en bosse, si non audit Evêque et aux gentilshommes de la paroisse ; que le dit Furic était roturier et de basse condition, incapable de jouir des droits et prérogatives appartenant à gens extraits de noble lignée ».

Le premier Avril 1556, un arrêt du Parlement reconnut le bien fondé de la réclamation et condamna le sieur Furic à l'amende et aux dépens. Le sieurs Furic furent, du reste, à diverses reprises déboutés de leurs prétentions à la noblesse, ce qui n'empêche pas que leurs armes soient les seules qui se voient de nos jours dans la chapelle de la Mère-de-Dieu. Elles sont sculptées en bois sur la tribune, qui date vraisemblablement de 1592 comme le portail, et portent dazur à trois croisettes au pied fiché et haussé dor. Les Furic demeurèrent propriétaires de Keranmanoir, de 1547 au commencement du XVIIIe siècle ; car après Jehan Furic, qui figure comme possesseur en 1547-1562, nous trouvons mentionnés en 1604, comme seigneurs de Keranmanoir, « nobles gens Yves Furic, Guillaume Furic et autres » ; et en 1681, « la dame Marie du Stangier, veuve de noble homme Ignace Furic ». Nous devons avouer que c'est de leur temps, et grâce sans doute à leur générosité, que fut rebâtie presque totalement la chapelle.

Grande chapelle actuelle

Elle est d'un très heureux effet, surtout vue à travers les arbres du placître. Ce qui lui donne particulièrement du pittoresque, c'est son petit clocher si singulièrement campé sur un contrefort d'angle, orné de niches et de dais, la belle porte sculptée et feuillagée à côté de ce contrefort, la fenêtre et le grand pignon du transept Sud et les pignons aigus de l'abside. Au-dessus de cette porte ornementée, se lit la date de cette partie de la construction, écrite en caractères gothiques sur un cartouche tenu par deux petits personnages.

Cette légende, avec ses abréviations, est très difficile à déchiffrer ; la voici, d'après la dernière lecture qu'en a faite M. Lucien Lécureux :

CESTE CHAPELLE EN LHÕ~EVR

DE MAM DOE L . M Vcc XLI

AINSY FAITZ SCAVOIR A CHE

NOBLE SINEVR ÕAGE Z BONNE FOI

Et l'on doit traduire ainsi :

Ceste chapelle en l'honneur

De Mam Doe (la Mère de Dieu) l'an 1541

Ainsi faitz (je) scavoir à ce

Noble seigneur hommage et bonne foi.

La petite porte Sud de la nef a été percée après coup, comme l'indique le style de son encadrement et de son fronton, et comme l'atteste l'inscription de la frise :

M.P. CORAY. RECTEVR . 1605

Le portail Ouest, donnant au bord de la route, est tout k fait dans la note gothique, et on est porté à lui attribuer la même date qu'au transept Midi et à l'abside, et cependant il serait de beaucoup postérieur d'après l'inscription que tient un ange sur une banderole à main droite de la porte :

PAX . VOBIS . 1592

De l'autre côté, un homme d'armes, en cariatide, porte une bannière ou enseigne fixée à une hampe ou branche à nœuds. Sur le côté Nord, nous trouvons une autre date :

INRI . O . MATER . DEI . MEMENTO . MEI . 1578

puis, du même côté, sur la porte :

MI . CONNAN . RECTEVR . 1621

.

 

A l'intérieur, sans qu'il y ait grande richesse de style, on peut observer quelques curieuses particularités de construction, ainsi que deux ou trois piscines sculptées et moulurées. A gauche de l'entrée du chœur, sur un trône en chêne ouvragé, se trouve la statue vénérée de Notre-Dame, belle Vierge assise, ayant l'Enfant-Jésus debout sur ses genoux, et tenant dans la main droite une grande grappe de raisin. Cette statue est richement et noblement drapée. Les caractères de sa facture et les rapports qu'elle a avec la grande statue de Kerdévot semblent devoir lui assigner pour date l'époque de Louis XIII . En 1713, la terre de Keranmanoir appartenait aux enfants mineurs d'écuyer Germain Budos, sieur de Kerléan, dont est tuteur écuyer Hervé-Louis de Kerléan, - sieur de Poulguinan . Enfin, au moment de la Révolution, le propriétaire était le contre-amiral de Kerguélen-Trémarec. L'aveu rendu en 1775 spécifie le droit qu'avait le sieur de Kerguélen de faire exercer par ses fermiers « un droit de coutume sur toutes les denrées et marchandises qui s'y étaloient le jour du pardon » Il avait également dans la grande chapelle un banc avec ses armoiries ; ses armes se voyaient sur plusieurs portes des deux chapelles, et lors de la mort de sa femme, peu de temps avant la Révolution, M. de Kerguélen put ceindre la grande chapelle d'un cordon de deuil quil fit parsemer de ses armes.

Avant de raconter ce que devint la chapelle de la Mère-de-Dieu depuis la tourmente révolutionnaire, disons un mot de la grâce qu'y obtint le Vénérable Père Maunoir ; voici comment il raconte lui-même le fait dans la relation manuscrite qu'il a laissée des dix premières années de ses missions. « L'an 1630, je fus envoyé, dit-il, au collège de Quimper pour y professer la cinquième ; je ne pensais aucunement à me livrer aux travaux des missions de ce pays dont j'ignorais complètement la langue ; je me sentais plutôt poussé à obtenir de mes supérieurs d'être envoyé aux missions du Canada. Mais le Père Bernard, que je trouvais au collège, me fit un tel tableau du triste état du peuple d'Armorique, la rencontre que je fis à cette époque de M. Le Nobletz, ces diverses circonstances me portèrent à changer de sentiment. Sur ces entrefaites, comme j'allais un jour en pèlerinage visiter la chapelle de la Vierge que les habitants de ce pays appellent maison de la Mère de Dieu, je me sentis fortement porté à apprendre la langue bretonne, et il me sembla en même temps voir en mon esprit se dérouler tous les desseins de Dieu pour l'évangélisation des quatre diocèses de la Basse-Bretagne. Entré dans la chapelle, prosterné aux pieds de la sainte Mère de Dieu, je lui ouvris mon cœur et lui communiquais ce dessein que m'inspirait l'Esprit-Saint, la priant de le bénir et de faire que, pour la gloire de son fils, je puisse apprendre la langue bretonne.  Cependant, devant les objections qui me furent faites touchant les difficultés extraordinaires qu'offrait l'étude de cette langue et le dommage qui en résulterait pour des études d'une toute autre importance, je résolus de ne rien entreprendre sans l'agrément du R. P. Provincial Barthélemy Jacquinot. « Grâce aux instances du Père Bernard, ia permission d'apprendre le breton me fut accordée le jour de la Pentecôte, et le ciel seconda si bien mon ardeur que, confiant dans la bonté et la puissance divine, le mardi suivant je fis le catéchisme au peuple en cette langue, et six semaines après je pus commencer à prêcher sans préparation écrite, gràce que Dieu m'a conservée jusqu'à ce jour. » C'est cette faveur vraiment extraordinaire que rappelle la belle fresque de M. Yan' Dargent à la cathédrale, près la porte de la sacristie,

 

Au moment de la Révolution, la terre de Keranmaner, appartenant à un des officiers les plus distingués de Ia Marine française, ne fut pas mise sous le sequestre, malgré l'absence du propriétaire, et la vente en fut faite au nom du contre-amiral de Kerguelen, au sieur Poullain, par acte du 28 Germinal, an IV.

Quant aux deux chapelles, elles avaient été vendues nationalement l'année précédente, le 8 Floréal, an III, à Louis Ollivier, du village de Kergariou, pour la somme de 3.150 fr. en assignats. Louis Ollivier, comme il le déclara lui-même devant la Municipalité de Kerfeunteun, le 5 Février 1806, n'avait fait cette acquisition que des deniers provenant de la libéralité des habitants de Ia commune et de beaucoup d'autres citoyens qui avaient une dévotion particulière pour cette chapelle » et dans l'intention de la faire rendre au culte dans des temps meilleurs. C'est dans ce but que le sieur Ollivier faisait don de la chapelle de la Mère-de-Dieu à la paroisse de Kerfeunteun par acte du 29 Août 1807. M. Vistorte, alors recteur de Kerfeunteun, voulut s'occuper immédiatement de la restauration de la chapelle. Mais à ce moment Keranmanoir appartenait à un nouveau propriétaire qui en avait fait l'acquisition l'an X, du sieur Poullain, et le nouveau venu prétendait que les pierres seules des chapelles, et non îe fonds, avaient été vendues au sieur Ollivier, et que dès lors il devait en débarrasser au plus tôt son terrain. Les Archives départementales (1) possèdent la lettre en forme de mémoire que le nouveau propriétaire écrivait au Préfet, le 4 Février 1812, pour soutenir le bien fondé de ses prétentions. Nous allons en citer les principaux passages, car quoique ce factum soit écrit dans un très mauvais esprit, il constate assez clairement la vénération profonde qui avait survécu à la tourmente révolutionnaire pour ce lieu de pèlerinage. Après avoir dit que les chapelles avaient été vendues seulement pour les pierres, à Louis Ollivier, l'auteur du factum ajoute : « Je viens d'apprendre que le sieur Vistorte, recteur se mettant aujourd'hui au lieu et place de l'acquéreur, profitant de l'embarras dans lequel m'avait jeté l'incendie que j'éprouvais le 1er Mai 1809, fit dans le courant de Juin réparer la petite chapelle et se dispose à réédifier la grande, qui n'est aujourd'hui qu'une misérable mazure à laquelle la simonie de ce curé rassemble tous les ans dans Ie courant de tout le carême particulièrement, une populace très nombreuse et très accablante, sous le prétexte spécieux de superstitieux miracles. « Oui, M. le Préfet, lorsque l'acquéreur du 8 floréal fit l'acquisition de ces matériaux, il était bien dans l'intention de les enlever pour réédifier les édifices de son domaine de Kergariou.[...]

Comme avant la Révolution, les habitants de Quimper et de Kerfeunteun reprirent avec plus d'empressement que jamais leurs pieuses visites à la Mère-de-Dieu, surtout pendant le Carême. Les dimanches, ils y venaient pour les vêpres, les jeudis, ils y amenaient leurs enfants pour la promenade des jours de congé, les vendredis, les paroissiens s'y rendaient nombreux pour faire l'exercice du chemin de la Croix et s'approcher des sacrements. Ces dévots usages se continuent encore aujourd'hui ; Mgr Sergent, de vénérée mémoire, ne manquait jamais d'y venir dire la messe, chaque année, pendant le Carême. Plusieurs pensionnats et congrégations de Quimper y viennent, tous les ans, se mettre sous la protection de la Mère de Dieu. Marie se plaît, comme autrefois, à écouter là ses enfants et à exaucer leurs prières. Les nombreux ex-voto qui entourent la statue en sont la meilleure preuve."

— WIKIPÉDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_de_Ti_Mamm_Dou%C3%A9

—LAGADEC (André) Ty Mamm Doué 1541-1592

 

https://www.calameo.com/read/007208325085616bfb2a8

— ROSMORDUC (comte de) 1901 Papier contenant les naissances des enfants du sieur (Furic) de Keranmanoir et leurs mariages (1539-1596) ; document inédit. Bull. SAF 

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1902_0261_0268.html

https://archive.org/details/bulletindelasoc05finigoog/page/n266/mode/2up

 

— DIVERS

http://paroisse.kerfeunteun.free.fr/pat_tym.htm

http://www.infobretagne.com/kerfeunteun.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Acrobate Sculptures Crossettes et gargouilles Renaissance Sirènes
1 décembre 2022 4 01 /12 /décembre /2022 12:11

La charpente sculptée de l'église de Pleyben : les 20 abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). De singuliers  acrobates avec entraves.

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1°)  Voir sur l'église de Pleyben :

 

 

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2°) Sur les chapelles de Pleyben :

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3°) Sur la charpente de l'église de Pleyben :

 

Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), attribution par S. Duhem :

 

Attribution personnelle possible au Maître de Pleyben : Bodilis, Saint-Sébastien,  et Roscoff. 

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Et enfin :

 

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PRÉSENTATION.

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Le but de cet article est d'approfondir l'étude des abouts de poinçon ( voir définition et schéma ici), ces parties sculptées verticales de la charpente qui rythment le haut des lambris et qui échappent souvent à notre curiosité déjà bien absorbé par l'examen des sablières et des blochets. À Pleyben, leur nombre est considérable, je me limite au bras sud du transept.

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À Pleyben, comme à Bodilis et sur d'autres charpentes du Maître de Pleyben et d'autres charpentiers "ymagiers" (Saint-Tugen à Primelin, Grâces à Guingamp, La Roche-Maurice), ces abouts de poinçon réservent de belles surprises à l'amateur de figures profanes et truculentes. 

Ici, c'est particulièrement le motif de l'acrobate qui est richement traité, dans sa posture en renversement, bien adaptée à la forme ramassée de l'about de poinçon : le corps forme un arc de cercle et les jambes se positionnent derrière le dos, les pieds contre les épaules.

Une posture paradoxalement proche, car tout aussi compatible avec la forme de l'about,  est finalement celle de l'ange saisi en vol, lui aussi avec  les genoux repliés et les pieds à la hauteur des épaules.

Si bien que parmi les 20 abouts de poinçon du bras sud du transept, on dénombre, outre  6 fleurons et 1 vieillard lubrique, 6 anges, et 8 personnages en posture acrobatique.

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Mais ce qui fait l'originalité des acrobates de Pleyben, c'est qu'ils utilisent, pour beaucoup d'entre eux, un appareillage d'entrave, complexe et insolite, des jambes.

Je n'ai pas trouvé d'autres exemples de ces entraves ailleurs, ni pour la période contemporaine (Renaissance), ni pour la période médiévale dans l'art roman ou gothique. Ces particularités n'ont pas été signalées par les auteurs cités en bibliographie.

C'est dire l'intérêt majeur  de ces figures. Mais leur examen est difficile, car, pour les observer, il faut multiplier les points de vue dans l'église.

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Liste ( en partant de la périphérie de la croisée) :


 

20. Le masque : homme à bonnet rouge à rabats se caressant la barbe.

19. Ange tenant un cartouche à cuir découpé à enroulement avec une inscription peinte de 1858.

14 à 18 : fleurons.

13. Ange en robe bleue jouant d'un luth à trois cordes.

12. Deux musiciens (trompette et battement de mains) ayant les pieds entravés par un joug.

11. Acrobate aux chevilles liées et se tenant à un baquet blanc.

10. Fleuron percé de deux orifices (suspension).

9. Acrobate ou contorsionniste sur un chevalet complexe.

8. Ange tenant un panneau ovale : ébauche de luth ?

7. Ange à robe bleue ourlée d'or,  bras croisés sur la poitrine.

6. Deux hommes (acrobates) liés par la taille, tenant chacun un gourdin et saisissant de l'autre main leur cheville.

5. Ange aptère à jupe bleue et or jouant (??) d'une trompe (brisée).

4. L'acrobate bleu et brun tenant sa cheville dans une pince.

3.L'ange à la tunique vert-d'eau et aux ailes dorées.

2. Un fleuron

1. Le joueur de percussion.


 

 

 

Sur la figure de l'acrobate, voir :

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Sur les acrobates sculptés en pierre  sur les crossettes ou les porches :

 

 

—Les acrobates sculptés en bois sur les charpentes ou les miséricordes: 

 


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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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20 Le masque : homme à bonnet rouge à rabats se caressant la barbe.

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La figure du vieillard se caressant la barbe est déjà présente dans les modillons romans, son geste passant comme lubrique. Elle est largement reprise dans la sculpture sur pierre et sur bois du XVe siècle.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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19. Ange tenant un cartouche à cuir découpé à enroulement avec une inscription peinte.

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L'inscription indique :

PEINT EN 1858 PAR PIERRE SAVARY GOURMELIN BATISTE.

Je n'ai pu trouver des renseignements sur ces peintres. Ils ont repeint les sculptures  qui restent, elles, du XVIe siècle.

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L'ange est aptère, j'aurai pu le décrire comme une jeune femme en corsage jaune à manches courtes très bouffantes et jupe bleue. Les manches rappellent fortement celles des anges qui tiennent les cartouches des sablières des années 1571.

 

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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14 à 18 : fleurons.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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13. Ange en robe bleue jouant d'un luth à trois cordes pincées.

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L'instrument est représenté de façon schématique (luth, guiterne, mandore/mandole...), sans ouïe, sans chevillier, mais le geste des deux mains est précisément rendu, notamment pour la main droite pinçant la corde basse entre pouce et index, sans plectre.

La femme est si gracieuse que je la qualifie d'ange, d'autant que ses manches courtes, amples, bouffantes en plis concentriques sont semblables à celles des anges présentant, sur les sablières de Pleyben, Kerjean et Sainte-Marie-du-Menez-Hom, les cartouches.

Son cou tendu, son visage inspiré rendent presque audible son jeu.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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12. Deux acrobates, l'un jouant de la trompette et l'autre battant la mesure,  ayant  les pieds entravés par un joug.

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C'est l'une des figures énigmatiques d'acrobates ; les deux personnages portent des bonnets et sont imberbes et joufflus, ils sont fusionnés comme des siamois, si bien qu'ils ont en commun une seule paire de jambes, à pantalons blancs et pieds nus : ce sont ces jambes qui sont réunis par une entrave verte, dont on perd le contour.

Les couleurs des coiffures (verte et jaune) et des plastrons (jaune et verte) sont croisés, et ce mélange de couleurs assez mal vues dans la société, du moins médiévale (cf. Michel Pastoureau) renforce l'idée que ces musiciens sont des saltimbanques.

Du bassin du personnage vêtu de jaune part un rouleau enroulé en tours de spires, comme une couverture roulée, dont il est difficile de comprendre la signification.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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11. Acrobate aux deux chevilles liées, tenant un baquet blanc.

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Nouvelle énigme avec ce personnage barbu, à la tête engoncée dans les épaules  et aux grands yeux au regard lourd, qui, vu de face, semble tenir sous lui par des poignées une sorte de baquet blanc à flanc crénelé.

Vu de l'arrière, les jambes apparaissent très fléchies derrière les épaules, et les chevilles sont entravées par un joug bilobé dont on perd, vers le dos, le contour.

Le personnage porte un pantalon troué au niveau des genoux par des taillades.

La couleur verte de cet acrobate n'est pas innocente et souligne sa marginalité ; mais les couleurs d'origine ont-elles été retrouvées et respectées lors de la restauration de 1858 ?

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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10. Fleuron, percé de deux orifices (suspension ?).

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Ce fleuron peut servir de poulie pour la suspension d'un lustre, ou d'un accessoire liturgique.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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9. Acrobate ou contorsionniste.

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La tête de cet acrobate est semblable à celle du précédent : barbe en bouc et grands yeux lourds. Elle est encadrée par deux bras nus, qu'on peine à rattacher au reste du corps, peint en vert. En arrière, deux jambes nues s'achèvent par des pieds en position peu anatomique, tournés vers l'intérieur, et dont la pointe s'appuie (ou est bloquée) par un chevalet qui se prolonge vers les bras. 

Est-ce là la performance d'un contorsionniste ?

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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8. Ange tenant un panneau (ou instrument ?) ovale.

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Cet ange (ou du moins cette femme, saisie en vol avec sa robe modelée par l'élan) est proche de celui de l'about n°13, et ce qu'il porte sur lui est sans doute l'ébauche d'un luth : on retrouve le geste assez précis de pincement des cordes.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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7. Ange à robe bleue ourlée d'or,  bras croisés sur la poitrine.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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6. Deux hommes (acrobates) liés par la taille, tenant chacun un gourdin et saisissant de l'autre main leur cheville.

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On retrouve la couleur verte d'un des deux bateleurs. Ils sont tous les deux barbus, et vêtus d'une tunique à manches bouffantes aux épaules. L'un porte un bonnet, l'autre, vêtu de marron, est tête nue.  Les jambes sont nues mais les pieds sont chaussés. 

Ils s'écartent et semblent vouloir se frapper mutuellement de leur gourdin, même s'ils ne se regardent pas.

La jambe droite de l'homme en vert manque, comme par un phénomène de fusion.

Leur geste de préhension de leur cheville est si caractéristique des acrobates et autres personnages licencieux des monuments du XV et XVIe siècle qu'il leur est une sorte d'attribut. Dans le contexte de cette série, il peut passer pour une contrainte que s'impose les protagonistes pour faire preuve de leur virtuosité, comme, ailleurs, les entraves.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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5. Ange aptère à robe bleue et tunique or jouant  d'une trompette (brisée).

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La jeune femme lève la main droite pour exprimer le message ou la convocation qu'elle diffuse en soufflant dans sa trompe. On retrouve les bras nus émergeant de manches courtes bouffantes des anges précédents.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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4. L'acrobate bleu et brun saisissant sa cheville grâce à une pince.

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Un acrobate apporte toujours avec lui ses valeurs ou contre-valeurs de rupture avec l'ordre conventionnel et de pratique ludique alors condamnée, comme le théâtre et les arts de tréteaux, par l'Église. Mais cette dernière tolérait cette transgression, et mieux, elle lui donnait une place, notamment dans les hauteurs de ses sanctuaires, sans que l'on puisse dire jamais si il s'agit d'un exutoire, d'une condamnation de Mal, ou d'une capacité à conjoindre les contraires pour mieux proclamer la gloire divine. Je renvoie à Michael Bakhtine et la carnavalisation médiévale, ou à la Fête des Fous instituée à la Sainte Chapelle pour les enfants de chœur, etc., 

 Le geste de la préhension des pieds très fréquemment représenté sous forme de crossettes, et auparavant sous forme de modillons romans en sculpture sur pierre. Il possède manifestement une valeur érotique. Ici, notre acrobate réussit un spectaculaire renversement postérieur associé à une rotation du tronc, mais surtout, il s'impose deux contraintes : la préhension de sa cheville, du côté où il est tourné, mais aussi la préhension de la cheville gauche, plus éloignée, par l'intermédiaire d'une grande  pince : un nouvel exemple d'entrave.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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3. L'ange à la tunique vert-d'eau et aux ailes dorées.

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Il vole, une main sur le chœur et l'autre dressée, inspirée et déclamative.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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2. Un fleuron vert et rouge.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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1. Le homme tenant un vase et une coupe.

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J'avais précédemment pensé qu'il s'agissait d'un musicien dansant en agitant des boites à rythme, car j'interprétais les objets blancs resserrés au centre qu'il tenait comme deux petits tambours, la partie évasée me semblant recouverte d'une peau. Je retrouvais le bonnet  de musicien (voir le sonneur de cornemuse du blochet sud de la nef). La tunique bleu-gris est rayée sur le torse comme la livrée d'un domestique, serrée à la taille avant de se terminer par une fronce charmante, caractéristique du sculpteur (voir les anges présentateurs de cuir à Kerjean, par exemple).

Mais en multipliant les point de vues, je découvre qu'il tient dans la main droite un pichet saisi par une anse. Ce serait un joyeux buveur , et ce serait une coupe qu'il tiendrait de la main gauche pour la rapprocher de ses lèvres.

Il est, comme les acrobates et les anges, très cambré, ses jambes couvertes par la robe bleue atteignant l'arrière des épaules.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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0. L'élément central de la croisée  : quatre anges du Jugement sonnant de la trompe.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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BONUS : L'ENTRAIT DE LA CROISÉE SUD ET SON NOEUD : DEUX ANGES, JAMBES ECARTÉES, DANS DES CUIRS À ENROULEMENT.

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Vue du côté sud.

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L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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Vue depuis le centre de la croisée.

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L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Le bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Le bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

La charpente de la croisée du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

La charpente de la croisée du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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DISCUSSION : LES ACROBATES DANS LES ÉGLISES : ACROBATIE ET ART SACRÉ.

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Lorsqu'on découvre un acrobate à l'intérieur ou l'extérieur d'un édifice religieux médiéval ou Renaissance, on tend à penser qu'il s'agit d'un élément anecdotique, une licence que s'est permis l'artisan , private joke ou pied de nez qui ne serait aperçu que des initiés et échapperait à l'attention du clergé, des pieux paroissiens ou aux commanditaires. 

Ou bien, on les considère comme l'intrusion de la culture du monde laïc dans les sanctuaires (Keenan-Khedar 1986).

Ou encore, (C. Prigent), les acrobates, comme les jongleurs, les ivrognes, les joueurs de dès, les monstres diaboliques seraient placés là pour dénoncer les vices et instruire la postérité.

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Mais la répétition de ces acrobates dans la plupart des sanctuaires, le caractère  parfois très ostensible de leur emplacement (même si, ici, les abouts de poinçon ne sont visibles qu'avec un bon éclairage et des jumelles), leur étroite association avec des anges, obligent à remettre en cause ces points de vue.

Il faudrait pouvoir remettre en cause nos jugements de valeurs et a priori acquis et formés par la fréquentation de monuments religieux décorés depuis plusieurs siècles (depuis le XVIIe siècle ?) pour admettre que ces acrobates témoignent d'une expression du sacré.

C'est très difficile puisque tous les auteurs ont souligné que les musiciens, les danseurs, les acteurs de théâtre et les saltimbanques étaient condamnés par l'Église.

Néanmoins, ce rapport entre acrobatie et expression sacrée est bien attestée dans le monde païen de l'Antiquité. L'examen de la réalité de ces liens pourrait nous inciter à une conversion de nos opinions. En outre, la fréquence de la présence des acrobates sur les modillons romans atteste de la précocité de leur représentation dans les édifices chrétiens.

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Je réunis ici les copié-collés du site de la BnF consacré à ce sujet (les illustrations sont accesibles par les liens) :

 

 

Au cours de la période Antique, à Sumer, en Égypte ou aux confins de l’Indus, la pratique de l'acrobatie est souvent liée à des cérémonies funéraires. Le saut, l'équilibre ou la souplesse ont une fonction conjuratoire en opposant à la mort présente une succession de figures représentant une vitalité irrépressible. En dominant symboliquement son corps, l’acrobate est une figure de progrès : nul renversement n’échappe à son rétablissement, source de renaissance et traduction d’une transition d’un monde à l’autre

Contorsion

Liés à des pratiques chamaniques, certains exercices acrobatiques s’apparentent à des rites primitifs.  Acrobates ou danseurs attendent d'un affranchissement de la pesanteur, poussé à l’extrême, qu’ils les livrent à la force d’un pouvoir divin créateur. L’acrobatie symbolise l’accession à une condition surhumaine. Elle est une extase du corps. Et tout ce qui pare la chair – fard, huile, peau ou plumes – contribue à faire s’épanouir le mystère de l’élévation et de la transcendance. Aujourd’hui, les contorsionnistes asiatiques ou occidentaux poursuivent cette tradition dans un registre profane et spectaculaire.

http://expositions.bnf.fr/cnac/grand/cir_0391.htm

Art italiote : Hydrie à figures rouges Vème siècle av. J.C

Les convives des banquets dionysiaques, entraînés par le rythme effréné des danses, atteignaient le paroxysme de l’enthousiasme et de l’excitation au spectacle des performances acrobatiques extrêmes des danseurs et danseuses, les kybistétères. En appui sur les mains ou sur les coudes, comme ici, le corps arrondi en arc, à la limite de la culbute, les équilibristes attrapent avec leurs pieds, des objets ou des coupes pleines qu’ils soulèvent jusqu’à leurs lèvres ou offrent autour d’eux. Souvent accompagnés par la musique des crotales (pièces de bois à deux lamelles articulées) ou de l’aulos (flûte à deux corps), ils sautent, en tourbillonnant sur leurs deux jambes ou le corps disloqué en contorsion, au-dessus d’épées plantées au sol, pointes dressées.

Art de la Grande Grèce : Dionysos masqué, assistant à un spectacle avec un acrobate et un grotesque

Rite de Dionysos. Vase (phlyaque) provenant de Paestum, Campanie (Italie), IVe siècle avant J.-C.

http://expositions.bnf.fr/cnac/grand/cir_0398.htm

L’acrobate figuré sur ce cratère grec illustre la permanence des postures acrobatiques codifiées dès l’Antiquité et auxquelles les multiples civilisations qui les ont associées à des cérémonies sacrées ou profanes ont donné un sens en lien avec leurs besoins respectifs. Parfois considérée comme purement ornementale, la figure de l’acrobate possède néanmoins un potentiel d’interprétation qui s’accorde bien à de multiples représentations en Orient comme en Occident, des figurines Han aux sculptures en haut-relief des églises romanes ou gothiques.

Art romain : acrobate contorsionniste Italie, IIe siècle avant J.-C.

http://expositions.bnf.fr/cnac/grand/cir_0401.htm

Dieu grec de la marge et de la transgression mais également de la joie brute et du renouveau extatique, Dionysos inspire des comportements extrêmes adoptés par les Romains, de la danse exaltée des processions aux orgies sans fin des banquets. Les interprètes des danses dionysiaques enchaînent tourbillons et virevoltes effrénés opérés par des corps cambrés, parés de voiles mouvants et de leurs longs cheveux lâchés, ou poses acrobatiques sensuelles des corps enroulés sur eux-mêmes. Ici, la danseuse de terre cuite s’offre, entièrement nue, corps bandé comme un arc, chevelure absente, sans doute érodée par le temps.

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Enfin je citerai ce sermon de saint Bernard de Clairvaux comparant l'ascèse des cisterciens et les tours de force des jongleurs, et l'inversion de leur posture :

" Aux yeux des autres, nous  [les moines] avons l’air d’effectuer de véritables tours de force. Tout ce qu’ils désirent, nous le fuyons, et tout ce qu’ils fuient, nous le désirons, comme ces jongleurs et ces danseurs qui, la tête en bas, les pieds en l’air, dans une posture inhumaine, marchent sur les mains et attirent sur eux le regard de tous "

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Jean-Marie), 1904, L'Architecture bretonne, Quimper, de Kerangal éditeur

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/f20eb990fd763d232327db92aeeb6869.pdf

ABGRALL (Jean-Marie),  et Le Coz Y., 1908 “Pleyben : église, ossuaire, calvaire,” A. de Kerangal, Quimper, 31 pages

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/a0a5651f868070445ed8e54fb7eecff8.pdf

ABGRALL (Jean-Marie), ou PEYRON, 1923, Notice sur Pleyben, BDHA Quimper.

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/bdha1923.pdf

ABGRALL (Jean-Marie), 1897,  Livre d'or des églises de Bretagne Pleyben Brasparts page 2

http://www.bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_201/pleiben__brasparts.pdf

 — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice de Pleyben, Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p. 

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/PLEYBEN.pdf

"L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé, couverture avec sablières sculptées imitées de Kerjean et entraits apparents. Une des plus intéressantes charpentes de la Bretagne. Le lambris n'en laisse voir que les entraits engoulés, dépourvus de poinçons, et les sablières sculptées. Il affecte la forme d'un berceau surbaissé, dans la nef et dans le transept, dont la mutuelle pénétration produit une sorte de voûte d'arêtes à la croisée, et d'un demi berceau brisé dans les bas côtés. Il imite enfin, sur le choeur, une voûte d'ogives qui rayonnent autour d'une clef. Sauf un curieux blochet dans lequel on a sculpté un démon portant un phylactère qui est placé à l'extrémité orientale du bas-côté sud, il n'y a rien à noter dans les collatéraux. Mais dans la nef, la saillie des clefs qui décorent habituellement l'intersection de la lierne centrale et des aisseliers courbes frappera au premier examen. Ce sont de véritables clefs pendantes, dont la multiplicité choquait Palustre, mais dont l'extrême variété nous ramène aux fantaisies des sculpteurs du moyen âge. Nous retrouvons d'ailleurs quelques sujets de ce temps aux sablières , que je ne crois pas antérieures à la seconde moitié du XVIe siècle. Du côté nord, de l'ouest à l'est, la décoration est ainsi composée : têtes plates et figures couchées alternées; hommes nus, tenant des cartouches, mascarons cornus et figurines alternés; hommes nus et lions tenant des cartouches ; un groupe où M.Abgrall reconnaît saint Philippe expliquant à la reine Candace les prophéties d'Isaïe lues par son eunuque; encore des masques et des personnages alternés; enfin un cadavre sculpté, analogue aux représentations notées par M.Mâle entre 1520 et 1557 et encastrées dans des murs de chapelle à Gisors, à Clermont (Oise), à Moulins. A l'exception de la tour sud, elle date du milieu (?) du XVIe siècle. En 1497 dépenses pour le "rétablissement" et l'entretien de la charpente, des murs, des vitraux. En 1531 consécration de six autels, l'église ayant été souillée par une rixe avec effusion de sang. Inscription de 1504 à l'angle du choeur concernant l'abside et croisillon sud. L'inscription de 1571, sur la charpente du croisillon Nord concerne la couverture du transept (De la Barre de Nanteuil)"

 

— LECLERC (Guy), 2007, Pleyben, son enclos et ses chapelles, éditions Jean-Paul Guisserot, 31 pages pages 18 et 19.

https://books.google.fr/books?id=hWctwxQfyhgC&pg=PA18&lpg=PA18&dq=sibylles+pleyben&source=bl&ots=kzc-VMkVBx&sig=29B6LVXN1nHu2s5hEpHEt3en1vA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiI596WxpfVAhXH2xoKHQ5WDd4Q6AEIQjAF#v=onepage&q=sibylles%20pleyben&f=false

 

— Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Enclos_paroissial_de_Pleyben

SUR LES ACROBATES :

BNF / CNAC,  La contorsion.

http://cirque-cnac.bnf.fr/fr/acrobatie/au-sol/la-contorsion

 

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 1997 - 385 pages.

— DUHEM (Sophie), 2012  "Impudeurs et effronteries dans l'art religieux breton (xve siècle - xviiie siècle)", éditions Le Télégramme, 2012.

—GAIGNEBET (Claude) , 1985, Art profane et Religion populaire au Moyen Age, Presses Universitaires de France, 364 pages

 

—KENAAN‐KEDAR (Nurith), DEBIES (Marie-Hélène),1968, « Les modillons de Saintonge et du Poitou comme manifestations de la culture laïque », in Cahiers de Civilisation romane, XXXIXe année, 1986, pp. 311‐330,

 

https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1986_num_29_116_2341

"les modillons constituent un élément autonome de la sculpture romane et expriment par leur iconographie et leur style des tendances laïques qui s'écartent de l'art officiel ecclésiastique."

 

 

PRIGENT (Christiane), Sculptures de danseurs et de jongleurs dans les édifices religieux à l'époque romane et à l'époque gothique.

https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/MondeRomainMedieval/Prigent.pdf

Le monde des jongleurs.

http://jalladeauj.fr/musiciensetjongleurs/styled-4/

— RIO (Bernard), "Le cul-bénit amour sacré et passions profanes", 25 €, aux éditions Coop Breizh,

 

WIKIPEDIA, Iconographie des modillons romans.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Iconographie_des_modillons_romans

 

— Acrobates des modillons romans :

http://chapiteaux.free.fr/TXT_acrobates.html

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières Acrobate Anges musiciens Pleyben Sculptures
22 août 2022 1 22 /08 /août /2022 13:14

L'acrobate(kersantite) de la porte du Doyenné (XVe siècle) du Folgoët.

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Voir : 

 

Sur le Folgoët, voir encore:

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Sur les acrobates sculptés en pierre ou en bois :

— en pierre :

 

—En bois sur les charpentes ou les miséricordes: 

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PRÉSENTATION.

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J'avais été surpris, lors de ma visite de l'église du Juch, de découvrir un acrobate sculpté en pierre à droite de la porte d'entrée, sous le porche. Dans une contorsion, il plaçait ses pieds derrière ses oreilles et montrait à tous son anus : un spectacle réellement inconvenant à un emplacement si sacré.

Les acrobates contorsionnistes en enroulement antérieur, comme celui-ci, ou en renversement postérieur, et très souvent exhibitionnistes de leur sexe ou de leur fondement, j'en avais observé des quantités, sculptés dans le bois, dans mes nombreuses visites des églises et des chapelles bretonnes, mais c'était le plus souvent grâce à de bonnes jumelles ou un téléobjectif, lors de l'examen des sablières et abouts de poinçon des charpentes, ou en inspectant de près les miséricordes et appui-mains des stalles : ces localisations éloignées ou confidentielles semblaient convenir à leurs écarts de conduite.

De même, l'accès à leurs confrères sculptés dans la pierre à l'extérieur des édifices, sous forme de crossettes à la jonction des murs et des toits, restait réservé à ceux qui les recherchaient avec attention.

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La présence d'un acrobate au seuil d'un sanctuaire m'avait donc surpris.  Mais à nouveau, sur le porche sud de l'église de Penmarc'h, sur le trumeau séparant les deux arches extérieures, un acrobate, cette fois-ci en renversement postérieur et exhibant son sexe, accueillait les fidèles qui ne pouvaient guère en ignorer la présence.

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Mais il faut croire que, comme pour la "Lettre volée" d'Edgar Poe, la position ostensible d'un objet le dissimule parfois étrangement à nos yeux. Ainsi, j'avais visité en 2017 le Doyenné du Folgoët, j'avais observé aux jumelles dans les hauteurs l'acrobate qui, comme crossette d'une des lucarnes, ébauchait sa figure de renversement, tout en restant entièrement habillé et convenable, mais j'avais été incapable de remarquer la figure sculptée, comme culot d'arcature gothique, à droite de la porte d'entrée, et sa posture osée : à hauteur de mon regard.

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La porte gothique de ce Doyenné du XVe siècle est de plein cintre. Sa courbe est rehaussée par l'arc en accolade en pierre de kersanton, à crochets et à fleuron de feuilles d'acanthe. Cette arc s'appuie sur deux culots. L'acrobate est placé sous le culot de droite.

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Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Il est coiffé d'un bonnet. Il tend ses bras en arrière, se saisit de ses chevilles et tire ses pieds (chaussés) vers ses oreilles. Sans le savoir sans doute, il réalise la posture de l'arc dite Dhanurasana. 

Cette posture crée un renversement de nos repères, et même des repères du sculpteur qui semble avoir inversé la représentation des pieds. Ce sont les talons, et non comme il le montre, la pointe des chaussures, qui devraient se rapprocher de la tête.

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L'acrobate est vêtu d'une tunique courte serrée par une ceinture. Elle s'ouvre, sur la poitrine, par un col à revers.

 

 

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Mais ce drôle n'est pas tout à fait correct. Son sexe en érection apparait, sous sa tunique, entre ses cuisses.

Mais personne ne vous demande d'aller regarder les sculptures par en dessous. Tandis que j'y suis contraint, pour les besoins de mes recherches !

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Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Dernière précision. 

Il faut toujours étudier une figure dans son contexte et dans l'ensemble du décor. Ici, l'acrobate fait paire avec le culot de gauche, qui représente un ange. 

D'autre part, les crossettes des lucarnes représentent de gauche à droite un acrobate tenant son pied, puis trois dragons ailés.

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CONCLUSION.

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Dans cette succession d'articles où les acrobates apparaissent, je ne cesse de m'interroger sur le sens et les raisons de leur présence dans les églises et chapelles.

J'utilise, comme d'autres, le terme acrobate pour désigner des contorsionnistes, plus que des "artistes faisant des exercices au sol ou en hauteur", des trapézistes, des artistes marchant sur une corde, ou effectuant des sauts de saltimbanque.

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Voici quelques unes de mes réponses... provisoires.

1. Ils sont là car ils proviennent du vocabulaire thématique de l'art roman, où ils apparaissent sur les modillons, culots et chapiteaux.

L'article Wikipédia sur les modillons est remarquable. Il incite à décliner ce thème en acrobates en renversement postérieur [penchés en arrière de façon à dessiner un arc de cercle avec leur corps en plaçant les pieds près des oreilles], acrobate n'attirant qu'un seul pied vers leur nuque,  acrobate en enroulement antérieur [penchés en avant en plaçant les pieds près des oreilles, la tête se retrouvant entre les cuisses],  acrobates musiciens, acrobates habillés et acrobates nus, ou demi-nus, et alors fréquemment exhibitionnistes anal, exhibitionnistes génital, parfois  ithyphalliques. Nous pourrions créer trois catégories : les acrobates de spectacle, les acrobates vicieux ou licencieux et notamment buveurs, et les acrobates obscènes.

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Cette réponse fait rebondir la question initiale : quel est le sens de ces personnages dans l'art roman?

Ils sont interprétés soit comme des saltimbanques en marge de la société, et en marge de l'église, donc comme des pécheurs, soit au contraire, par leur pieds dirigés vers le haut, comme des figures de la conversion spirituelle.

Ce sont avec les bateleurs et les jongleurs, des figures des artistes de spectacles condamnés par l'église.

Ce sont aussi des figures de la transformation, du déguisement, de l'illusion. Avec la triple interprétation morale : image de la transformation intérieure, ou image de l'accès à une surnature, ou image de la transgression illicite des règles, des limites. 

Certains n'y voit que des images de la vie quotidienne laïque . 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Iconographie_des_modillons_romans

http://chapiteaux.free.fr/TXT_acrobates.html

https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1986_num_29_116_2341

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2. Ils occupent des espaces de transition entre espace laïque et espace sacré.

C'est vrai lorsqu'on les trouve à l'entrée des porches, sur le seuil. C'est vrai aussi lorsqu'ils balisent, sur le plan vertical, le passage entre les murs et la charpente (sablières, et crossettes). Ce n'est plus approprié aux miséricordes et appui-mains des stalles.

Or ces espaces de transitions sont, comme toute frontière, tout passage, des lieux de danger. 

Les acrobates obscènes pourraient avoir une valeur de protection atropopaïque, comme les bornes hermaïques ithyphalliques des carrefours.

(Voir le rôle atropopaïque des figures géantes de saint Christophe sur les seuils des sanctuaires en Espagne).

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3. Ils sont l'équivalents des drôleries et grimaces des marges des manuscrits religieux, livres d'heures notamment.

"Le décor qui fait son irruption à partir du XIIIe siècle dans les marges des manuscrits fascine, interroge, déroute. Des animaux, des êtres hybrides, mais aussi des femmes et des hommes viennent entourer le texte et remplir les espaces vierges de la page. On les appelle des drôleries, représentations parodiques, transgressives, insolites, profanes ou profanatrices, satiriques, voire même irrévérencieuses. De 1200 à 1350, un nouveau décor marginal, d’abord codifié dans les ateliers parisiens, puis dans le Nord de la France, en Angleterre, enfin en Italie, en Espagne et en Allemagne, revendique sa progressive autonomie dans des ouvrages essentiellement religieux, psautiers ou livres d’heures par exemple. " Andrea Martignoni, « Jean Wirth, Les marges à drôleries des manuscrits gothiques (1250-1350) », Cahiers de recherches médiévales et humanistes . https://journals.openedition.org/crm/11605

Ce rapprochement est pertinent pour les acrobates occupant les espaces marginaux des églises (sablières et crossettes) mais moins pour ceux des portes et des porches.

Il permet d'admettre qu'il n'y a pas plus de liens entre ce décor, et le caractère sacré de l'édifice, qu'entre les drôleries des enluminures et les prières ou textes sacrés qu'ils accompagnent.

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4. Ils répondent à un besoin de distraction de la part des fidèles... et du clergé.

 

C'est un peu étonnant pour nous. Mais ce sont les chanoines de la cathédrale de Tréguier qui exigent, en 1508, lors du contrat passé à la commande de leurs stalles, certes des "ymaiges" (religieuses) mais aussi des "grimasses et feillages". Ces grimaces, ce seront, selon leurs vœux, des fous et des acrobates exhibitionnistes ou non, des danseuses, des oiseaux, des ours, des poissons, des hommes sauvages et des séries d'onanistes.

Et ils ne sont pas les seuls puisque ces "grimasses" se retrouvent sur les miséricordes et appui-mains des autres stalles bretonnes ou françaises.

Lorsqu'on voit la grande unité de l' iconographie des crossettes (lions, dragons, chiens, acrobates, sirènes et anges) des édifices bretons, on constate que les sculpteurs ne répondent pas à leur imagination ou à une demande locale, mais à une attente des paroissiens partagée de village en village.

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Ils exercent sur nous un effet de surprise et de questionnement. 

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Ma question initiale est née de mon étonnement. Mais cet étonnement n'est-il pas, en même temps, la réponse ?

Ces acrobates, ainsi que les autres figures humaines  transgressives, et les figures semi-humaines (sirènes, femmes-serpents, masques anthropomorphes) ou d'animaux fantastiques (dragons, grylles, centaures, faunes) suscitent notre curiosité, notre amusement, notre indignation pour certains et notre attrait pour d'autres : ils ne nous laissent pas indifférents, ils créent la surprise.

Cette surprise a-t-elle une valeur esthétique ? Certainement. A-t-elle une valeur de stimulation psychique ? Sans-doute. Crée-t-elle les conditions d'une transformation psychique facilitant une rupture avec le train-train mental de la vie quotidienne professionnelle et domestique pour faciliter l'accès à un dépassement spirituel ? Peut-être.

Cet effet de surprise et d'intérêt était-il opérant pour les contemporains de ces œuvres ?

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Ma dernière réflexion, même si je ne peux en faire une certitude, aura eu le mérite de m'interroger, de manière générale, sur le champ de la valeur éthique de la surprise : disponibilité à l'accueillir de façon fructueuse ( sérendipité), effet facilitateur de l'admiration et de l'émerveillement, ouverture à la tolérance et aptitude à être transformé par l'inattendu. Certains écrivent que par  la surprise, nous accédons à la magie du monde, et des autres.

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Pour montrer la puissance de cet affect, et la richesse de ce thème tout en quittant mon sujet, je note que la surprise contemplative peut générer l'inquiétante étrangeté d'un dépaysement troublant, dont témoignent le "trouble de mémoire sur l'Acropole" de Freud lors de sa visite d'Athènes et le malaise de Stendhal lors de la contemplation des Sybilles de la basilique de Santa Croce à Florence : dépossession du soi entre perte de mémoire, et exaltation.

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  • : Le blog de jean-yves cordier
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