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10 novembre 2023 5 10 /11 /novembre /2023 20:27

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha.

 

 

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Voir sur cette chapelle :

 

 

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PRÉSENTATION.

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Après avoir occupé la droite de l'autel dédié à Notre-Dame de Kermaria dans le bras sud du transept, l'ensemble de bas-reliefs en albâtre de la chapelle de Kermaria an Iskuit est exposé dans  une vitrine à droite du chœur. Ce sont principalement quatre panneaux rectangulaires consacrés à un cycle de la Vie de la Vierge, de même taille et surmontés d'un dais gothique identique, mais ce cycle se complète d'une Vierge de Pitié placée au dessus de ces panneaux. 

Les ensembles liés au cycle de la Vie de la Vierge ont été produits en grand nombre en albâtre de Nottingham à partir de 1420. La presque totalité  des retables bretons a été démantelée et nous est parvenue sous forme de panneaux isolés ( Squiffiec, Vannes, Guer, Morlaix, Plonevez-du-Faou,). Les ensembles les mieux conservés sont ceux de Nouvoitou (35) et de Kermaria an Iskuit, tous les deux de la fin du XVe siècle. C'est dire l'intérêt de l'étude de ces albâtres de Kermaria, et de la comparaison des deux retables.

D'autre part, en comparant les quatre sujets ici traités (Annonciation, Adoration des Mages, Assomption, Couronnement par la Trinité) avec leurs homologues des grandes collections d'albâtres (Victoria & Albert Museum ou Musée de Cluny par exemple), nous pouvons voir à la fois la fidélité des œuvres au modèle archetypal anglais, et à la fois comment chque sculpture est néanmoins unique.

La Vierge de Pitié (intitulée "Descente de Croix" dans la notice Palissy) est un sujet très rare des albâtres de Nottingham

 

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Généralités.

À partir de 1340, l'albâtre (alabaster en anglais) a été largement exploité dans les carrières de la région du South Derbyshire et du Nottinghamshire . Cette production de panneaux de bas-reliefs à thèmes religieux a pris un caractère commercial et de série au XVe siècle, « radicalisant des emprunts à l'art des Pays Nordiques et développant l'élégance et la préciosité de sculptures rehaussées de couleurs vives et de dorures". La Réforme met un terme brutal à ce commerce dès le début du XVIe siècle.

 

Il existe deux sortes d'albâtre. L'albâtre calcite, qui  est très dur et était utilisé dans l'Antiquité, et l' albâtre de gypse (sulfate de chaux) qui est une pierre à grain fin, tendre et lisse qui se durcit par exposition à l'air. Bien qu'à première vue il ressemble un peu au marbre, qu'il était censé imiter, il était beaucoup plus facile à sculpter en raison de sa douceur, et les objets en albâtre étaient donc nettement moins chers à produire. 
La sculpture de l'albâtre, principalement extraite à Tutbury et Chellaston près de Nottingham, a pris des proportions industrielles en Angleterre entre le milieu du XIVe et le début du XVIe siècle. Le marché des retables et des petites images de dévotion était vaste. Elle comprenait non seulement les fondations religieuses mais aussi les classes marchandes. Plusieurs centaines d’albâtres anglais ont été exportés, certains jusqu’en Islande, Croatie et Pologne et à Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le nord-ouest de l’Espagne. Mais le marché le plus important pour ce type d'œuvres était de loin la France, dont certaines églises conservent encore aujourd'hui des retables en albâtre anglais in situ.

On peut décrire deux thèmes principaux, celui de la Passion, et celui de la Vie de la Vierge, auquel s'ajoute celui de saints prestigieux.

 

"L'extraction de l'albâtre gypseux anglais  est géographiquement limitée aux Midlands, notamment autour de Nottingham.

        Les lieux où il se  travaille se répartissent dans une aire plus vaste, les meilleurs ateliers se trouvant à Londres. Mais les objets fabriqués en séries presque identiques portent le nom générique d'albâtres de Nottingham faute de pouvoir leur attribuer un atelier.

   Au début du XIVe siècle l'albâtre servait à réaliser des tombeaux ou de grandes sculptures.

  A partir de 1340 environ, la production de statuettes et de petits reliefs à sujets religieux, peints et dorés, pouvant s'assembler en retable, se développe énormément. Les plus anciens reliefs qui nous soient parvenus datent de la fin du XIVe siècle.

Vers 1550, la Réforme anglicane et l'interdiction des images religieuses condamnent cette activité. Beaucoup d’œuvres exposées dans les lieux de culte furent alors détruites, d'autres furent cachées.

  Au XIXe siècle, les recherches des collectionneurs permirent d'en retrouver de nombreux témoignages. Le musée Victoria et Albert de Londres en conserve une magnifique et abondante collection.

Le style très animé et l'éclat de la polychromie, mais aussi le prix assez faible de ces objets de dévotion avaient assuré leur succès dans toute l'Europe du XIVe au XVIe siècles. Leur transport était facile car chaque scène était sculptée sur un panneau indépendant dont les dimensions, en hauteur comme en largeur,  dépassaient rarement 35 à 50 cm, elles pouvaient être exposées seules ou assemblées en retables. C'est pourquoi on en trouve également de nombreux exemplaires dans tous les musées français." (L. Barragué-Zouita)

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La vitrine adopte une forme en T inversée, fréquente dans la présentation des retables.

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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I. L'ANNONCIATION. Albâtre de Nottingham, trace de polychromie, fin XVe.

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Alors que les panneaux de la fin du XIVe ont une composition simplifiée où la Vierge assise accueille le message de l'ange figuré sur un nuage au dessus du vase de lys, ce type d'Annonciation apparaît dans l'art anglais après 1430 : la Vierge est agenouillée  sur un coussin à glands de passementerie devant son lutrin de prière et esquisse un mouvement de surprise en se tournant vers l'ange. Elle est couronnée et nimbée et porte une chape bleue fermée par un médaillon à cinq pétales, au dessus d'une robe moulante . L'ange Gabriel fait une génuflexion et indique du doigt le message de sa salutation (AVE MARIA) inscrit sur le phylactère. Il est coiffé d'un diadème et porte une chape bleue à revers rouge. En double symbole de virginité, et de fécondité, un lys s'élève d'un vase qui sépare les deux personnages. Au dessus d'eux, Dieu le Père (tête brisée) tenant la sphère du Monde et bénissant, envoie la colombe de l'Esprit vers les lèvres de Marie.

Dans le coin supérieur droit, on voit le support du rideau de la chambre, et un phylactère (qui portait sans doute la réponse d'acceptation de Marie, ECCE ANCILLA DOMINI.

La composition est surmontée d'un dais gothique à gables et crochets.

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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PANNEAUX SEMBLABLES DANS LES COLLECTIONS.

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Le panneau du V&A Museum de Londres , daté du XVe siècle tardif, est très proche de celui de Kermaria, mais présente pourtant  cinq différences : la posture de la Vierge, souriante et qui se tourne vers l'ange ; l'existence d'un angelot en registre supérieur ; et surtout le remplacement de la colombe par un enfant-Jésus portant sa croix cerclée de la couronne d'épines, entre la bouche du Père (couronné et nimbé) et les lèvres de Marie. Enfin l'ange Gabriel tient un sceptre ; et sa chape de Gabriel est remplacée par une tunique.

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Annonciation, albâtre, fin XVe, Collection V&A Museum

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Un deuxième panneau du Victoria & Albert Museum : l'ange du haut tient un luth. C'est une colombe qui vole depuis la bouche de Dieu le Père.

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V&A Museum fin XVe

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Troisième exemple dans les collections du Victoria & Albert Museum : 

https://collections.vam.ac.uk/item/O70063/the-annunciation-panel-unknown/

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Dans le Retable de la Vierge de l'église de Nouvoitou (35), nous trouvons une Annonciation également très semblable à celle de Kermaria, mais qui a conservé sa polychromie et sa dorure. On y découvre à gauche un troisième ange, balançant un encensoir. La Vierge a le même geste de surprise qu'à Kermaria, mais regarde l'ange Gabriel. Il me semble que la longue forme qui sort de la bouche du Père est, comme à Kermaria, une colombe dont la tête est brisée.

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Annonciation (albâtre, fin XVe) du retable de Nouvoitou, copyright Inventaire général, ADAGP cliché Bernard Bègne

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Retable de Nouvoitou (détail), copyright Inventaire général, ADAGP cliché Bernard Bègne

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Saint-Péver.

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La seule photo disponible en ligne du panneau du retable de Saint-Péver (22) datant de la fin du XVe siècle, est celle de la base Palissy, et elle date de 1952. La proximité de ce retable (provenant de la chapelle N.-D.  d'Avaugour) est soulignée par C. Dréan. C'est le seul exemple de retable de la Vierge complet, avec celui de Nouvoitou. La posture respective des deux personnages est différente. Dieu le Père envoie non une colombe, mais la figure de l'Enfant-Jésus, comme sur le premier panneau du VAM, et C. Dréan y voit, s'appuyant sur F. Cheetham,  "une évolution caractéristique des dernières années du XVe siècle". Néanmoins, elle estime que les panneaux de Plouha et de Saint-Péver pourraient provenir du même atelier, mais par des sculpteurs différents.

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Le panneau du Walter Art Museum est proche de celui de Kermaria pour la représentation de la chambre (ciel de lit, lutrin). La colombe y est bien conservée.

Annonciation (albâtre, v. 1450-1490); Walters Art Museum

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De même, pour le panneau du Philadelphia Museum of Art.

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Philadelphia Museum of Art

Ou bien : https://artmuseum.princeton.edu/collections/objects/19183

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II. L'ADORATION DES MAGES. Albâtre de Nottingham, trace de polychromie, fin XVe.

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La Vierge est à gauche, assise sur un lit à baldaquin, nimbée et les cheveux dénoués, tenant les orteils du pied gauche de son fils. Elle est vêtue d'un manteau à larges manches et d'une robe moulante. L'Enfant, sur ses genoux, en tunique, lui carresse la joue tout en se retournant vers le vase plein d'or pour y puiser ou en agréer l'offrande. Melchior, qui offre cet or, est à demi agenouillé, barbu, sa couronne passée sur l'avant-bars gauche. Il est vêtu d'un manteau à camail et capuche.

Juste au dessus de l'Enfant, c'est Gaspard, couronné, barbu, offrant l'encens et désignant l'étoile qui les a guidés de sa main droite : on la reconnaît sous la forme d'un médaillon du ciel de lit. On retrouve ce geste sur toutes les Adorations des porches bretons du XVe siècle (Rumengol, Le Folgoët)

Balthazar, couronné, imberbe comme il se doit, offre la myrrhe. Il est vêtu d'une tunique courte recouverte par un manteau à manches très larges.

Enfin, assis sur le sol mais accoudé à son siège, Joseph tenant sa canne, somnole près de l'âne et du bœuf.

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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PANNEAUX SEMBLABLES DANS LES COLLECTIONS.

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Plus de cent exemplaires de l'Adoration en albâtre subsistent.

Victoria & Albert Museum 1. Panneau de la seconde moitié du XVe siècle qui proviendrait de l'abbaye de Montier-en-Der, Haute Marne.

Notez les grelots de la ceinture de Balthasar.

 

VAM

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Victoria & Albert Museum 2.

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Victoria & Albert Museum 3. Provient d'Espagne. Seconde moitié du XVe siècle.

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Notez la couleur de peau de Balthazar, tradition ayant débuté en Allemagne au début du XVe siècle.

 

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Voir aussi au VAM un panneau de 1420-1440 :

https://collections.vam.ac.uk/item/O70351/the-adoration-of-the-magi-panel-unknown/

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Retable de Nouvoitou (fin XVe)

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Nouvoitou.

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Nouvoitou, détail : saint Joseph.

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Retable de Saint-Péver (fin XVe).

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Panneau de Squiffiec.

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III. L'ASSOMPTION DE LA VIERGE. SAINT THOMAS RECEVANT LA CEINTURE. Albâtre de Nottingham, trace de polychromie, fin XVe.

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La Vierge, nimbée, occupe le centre d'une mandorle rayonnante et est guidée vers son Assomption par six anges, dont deux tiennent sa couronne ; deux autres, mains jointes, portent un diadème sommé d'une croix. 

Elle est vêtue, comme sur les autres panneaux, d'une chape et d'une robe moulante. Le fermail de la chape est losangique à quatre lobes. Elle n'est pas voilée et ses cheveux sont dénoués. Ses mains, aux longs doigts sont écartées, dans une geste  de prière, mais qui reprend le geste d'acceptation de l'Annonciation.

Les chaussures sont à extrémités pointues, selon la mode du XVe siècle.

En bas à gauche, un ange présente à la Vierge l'apôtre Thomas, qui tient une ceinture frappée d'ornements floraux. Ce détail, qui se retrouve sur presque toutes les Assomptions en albâtre de Nottingham du XVe siècle, relève de la tradition issue des évangiles apocryphes des ve et vie siècles. Jacques de Voragine indique dans sa Légende dorée :

 

"Et Jésus dit : « Lève-toi, ma mère, ma colombe, tabernacle de gloire, vase de vie, temple céleste, afin que, de même que tu n’as point senti la souillure du contact charnel, tu n’aies pas non plus à souffrir la décomposition de ton corps ! » Et l’âme de Marie rentra dans son corps, et la troupe des anges l’emporta au ciel. Et comme Thomas, qui n’avait pas assisté au miracle de l’assomption, refusait d’y croire, voici que la ceinture qui entourait le corps de la Vierge tomba du ciel dans ses mains, intacte et encore nouée, de manière à lui faire comprendre que le corps de la Vierge avait été emporté tout entier au ciel."

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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PANNEAUX SEMBLABLES DANS LES COLLECTIONS.

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Victoria & Albert Museum 1. Seconde moitié du XVe siècle

Dieu le Père accueille la Vierge, entouré d'un ange jouant d'une viole avec un plectre et d'un autre de la harpe. Un ange soutient les deux pieds chaussés de Marie. La Vierge porte un bandeau sur la tête, une robe surmontée d'une tunique courte frappée d'hermines et un manteau attaché d'une manière inhabituellement élaborée par une cordelette ; les extrémités du cordon sont maintenues ensemble par une bascule et bouclées. 

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Victoria & Albert Museum 2. Seconde moitié du XVe siècle

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https://collections.vam.ac.uk/item/O70484/the-assumption-of-the-virgin-panel-unknown/

Le registre supérieur est semblable au panneau précédent. Mais ici, saint Thomas regarde la Vierge, les mains jointes en prière, et reçoit une extrémité de la ceinture, qui est montrée débouclée au moment de tomber, la boucle étant visible sous sa taille à droite. 

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Victoria & Albert Museum 3. Seconde moitié du XVe siècle

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Ce panneau très haut représente la Vierge portant un bandeau sur la tête, une robe moulante et un manteau retenu comme sur le premier panneau par un cordon à pompons. Elle se tient dans une mandorle sculptée de rayons qui se trouve au dessus du sol au centre du panneau. Elle est flanquée de trois paires d'anges qui la désigne, chacun avec un bras tendu. Le personnage barbu de saint Thomas, tourné vers la gauche, est agenouillé à ses pieds entre deux personnages agenouillés, tonsurés, cagoulés sur les épaules (moines donateurs tenant un phylactère).  Saint Thomas lève les yeux, tenant dans sa main gauche le fermoir de la ceinture de la Vierge, représentée débouclée, au moment de tomber de sa taille, la boucle visible à gauche. La figure auréolée et barbue de Dieu le Père se trouve en haut du panneau au-dessus d'une division indiquant le ciel. Il est flanqué d'un ange à gauche jouant d'une petite harpe et d'un ange à droite jouant d'une viole avec un plectre.
 

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Victoria & Albert Museum 4.

 

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Saint Thomas est absent. La Vierge, déjà couronnée, se tient debout, les mains jointes en prière, au centre du panneau dans une mandorle sur laquelle est incisé un motif en zigzag. Elle a un visage à la mâchoire carrée et porte une robe et une cape. La mandorle est tenue par trois paires d'anges, une paire agenouillée et deux volants. Les paupières de la Vierge sont sculptées. Dieu le Père, couronné et barbu et la main droite levée en signe de bénédiction, se trouve au sommet du panneau, au-dessus d'un large rebord horizontal ondulé indiquant le ciel. Il est flanqué de deux anges dont les mains sont écartées dans une attitude de prière.

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Cluny. Fin XVe.  Cl19332

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Saint-Péver.

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Proximité avec Kermaria an Iskuit.

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Nouvoitou.

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Proximité avec Victoria & Albert Museum 1.

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Guern, Notre-Dame de Quelven.

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IV. LE COURONNEMENT DE LA VIERGE PAR LA TRINITÉ. Albâtre de Nottingham, trace de polychromie, fin XVe.

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Le Vierge, nimbée, est assise, entre deux anges musiciens, l'un jouant de la harpe, l'autre d'un tambourin. Elle est vêtue d'un manteau et d'une robe moulante à col rond, et a les mains écartées comme sur deux des panneaux précédents. 

La couronne est posée par le Christ et le Père, tous les deux nimbés, assis sur leur trône, et traçant une bénédiction. Le Christ  glorieux est vêtu du manteau de la Réssurection et tient l'étendard de sa victoire sur la Mort. Dieu le Père est couronné. La colombe du Saint-Esprit descend verticalement poser son bec sur la croix qui somme la couronne.

Le Père et le Fils sont représentés de face, mais avec le corps légèrement incliné vers la Vierge.

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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PANNEAUX SEMBLABLES DANS LES COLLECTIONS.

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Victoria & Albert Museum.

Les collections du VAM renferment 11 exemples du Couronnement de la Vierge par la Trinité, mais tous différent, par la posture du Père et du Fils, par l'absence de la colombe ou d'un des deux personnages, ou par l'absence d'anges musiciens, du panneau de Kermaria.

 

https://collections.vam.ac.uk/item/O71077/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O69621/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O69535/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O70695/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O69999/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O70813/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O69643/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O70071/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O70287/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O69944/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

https://collections.vam.ac.uk/item/O70799/the-coronation-of-the-virgin-panel-unknown/

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Saint-Péver.

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L'ensemble de Saint-Péver était jusqu'à présent le plus proche de celui de Kermaria, mais son Couronnement est bien différent, et rejoint les spécimen du VAM : le Père et le Fils sont tournés vers la Vierge, le Père tient l'orbe, et les anges musiciens sont absents. La colombe est au centre d'une mandorle rayonnante.

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Nouvoitou.

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Là encore, le panneau est différent de celui de Kermaria : posture du Père et du Fils tournés vers le centre, Esprit-Saint à forme humaine semblable aux deux autres parties de la Trinité et en adoptant le geste de bénédiction. Mais les anges musiciens sont là, l'un jouant de la harpe et l'autre d'un instrument à préciser.

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V. LA VIERGE DE PITIÉ OU DÉPLORATION À CINQ PERSONNAGES . Bas-relief, albâtre, traces de polychromie, XVe siècle.

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La Vierge, enveloppée dans son manteau formant voile, est penchée sur le côté droit vers son Fils, dont elle soutient le buste. Ce dernier est allongé sur ses cuisses, les jambes fléchies, le bras droit pendant le long de la jambe de sa mère, le bras gauche soulevé vers son épaule. Ses chaussures pointues attestent de la datation au XVe siècle.

Un personnage est agenouillé à gauche, soutenant la tête du Christ, la tête coiffée d'un bandeau, le corps enveloppé dans un manteau. Ce pourraît être Marie-Madeleine, même si nous ne voyons ni ses cheveux dénoués, ni son vase de parfum.

Un deuxième personnage est debout derrière elle. Sa tête est brisée. C'est l'emplacement habituel de saint Jean.

Du troisième personnage ne subsiste que le buste et le geste des deux mains, l'une posée sur le genou du Christ. Une sainte femme ? Nicodème ?

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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PANNEAUX SEMBLABLES DANS LES COLLECTIONS.

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Je n'ai trouvé aucun panneau comparable. La Lamentation du Victoria et Albert Museum est bien différente. On peut donc s'étonner de trouver à Kermaria un panneau dont la production à Nottingham n'est pas attestée ailleurs.

Victoria & Albert Museum.

Lamentation sur le Tombeau : La Vierge entre Marie-Madeleine et Marie Cléophas.
"Le Christ mort, vêtu d'un pagne et d'un torse, repose de gauche à droite sur les genoux de la Vierge, la tête soutenue par sa main droite. Ses bras sont à ses côtés et ses jambes pendent à angle droit. La Vierge, vêtue d'une robe et d'un voile sur la tête qu'elle retient par  sa main gauche, est assise sur le tombeau et regarde le Christ. Une silhouette (sans tête) à gauche du panneau, vêtue d'une robe moulante et d'un manteau et tenant apparemment une mèche de cheveux dans sa main droite, est vraisemblablement Marie-Madeleine. Derrière le tombeau, à droite du panneau, se trouve une figure féminine voilée, vêtue d'une robe et tenant un livre fermé dans sa main gauche, et regardant le Christ ; il s'agit probablement de Marie Cléophas. Un crâne, deux os croisés et une mâchoire au premier plan du panneau signifient sans doute le Golgotha, le lieu du crâne. Il manque le haut du panneau et présente une fente verticale à gauche de la tête de la Vierge. "

Panneau en albâtre représentant la Lamentation sur le Christ mort. Angleterre, XVe siècle.

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VI. PERSONNAGE MONASTIQUE BÉNISSANT ET TENANT UN [LIVRE].

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Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable de la Vie de la Vierge ( cinq  bas-reliefs en albâtre, traces de polychromie, dernier quart XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit à Plouha. Photographie lavieb-aile 2023.

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CATALOGUE DES ALBÂTRES BRETONS (d'après C. Dréan).

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Les albâtres de Bretagne ont été catalogués, datés et décrits par Colette Dréan. La majorité date de la seconde moitié du XVe siècle. Les retables de la Vie de la Vierge, dont j'ai placé les éléments en rouge, ne sont pas complets et souvent réduits à un ou deux panneaux. Les plus intéressants, en comparaison avec le retable de Kermaria, sont ceux de Saint-Péver et de Nouvoitou. 

 

Côtes d'Armor

  •  Châtelaudren Chapelle Notre-Dame -du-Tertre. Retable volé en 1969. Deuxième moitié du XVe siècle.

  • Châtelaudren Chapelle Notre-Dame -du-Tertre. Vierge à l'Enfant, début XVIe ?

  •  Corlay, presbytère, v. 1428 Ste Anne et la Vierge

  •  Dinan, Musée, seconde moitié XVe. Descente de croix ; Ste Catherine.

  •  Lanvollon, Vierge à l'Enfant, fin XIVe

  • Pléherel église du Vieux-Bourg, fin XVe

  • Ploubezre chapelle Saint-Thècle fin XVe

  • Plougrescant Chapelle Saint-Gomery. Vierge à l'Enfant moitié XVe

  • Plouha, Chapelle de Kermaria an Iskuit, retable de la Vie de la Vierge, deuxième moitié XVe

  • Pommerit-le-Vicomte, église, Retable de la Passion, fin XVe

  • Rostrenen, chapelle de Compostal, Arbre de Jessé , Assomption et Couronnement de la Vierge, deuxième moitié XVe

  • Saint-Brieuc, ancien Carmel, Crucifixion, deuxième moitié XVe

  • Saint-Laurent de Bégard, église, Baiser de Judas, deuxième moitié XVe

  • Saint-Pever, Retable de la Vie de la Vierge : Trinité, Assomption, Couronnement.fin XVe

  • Squiffiec, Retable de la Vie de la Vierge : Adoration des Mages, Couronnement.fin XVe

 

Finistère

  • Cléden-Cap-Sizun

  • Combrit

  • [Elliant, chapelle Sainte Marguerite : hors catalogue, cité in Couffon 1980 p. 105 : Assomption de la Vierge avec saint Thomas]

  • Esquibien, église Saint-Onneau, Vierge de Pitié, ronde-bosse, milieu XVe. Volée en 1980.

  • Locquirec, église Saint-Jacques Vierge de Pitié, fin XVe (Vierge à l'Enfant selon R. Couffon)

  • Morlaix, Musée des Jacobins, Visitation, Trinité, Mise au tombeau, deuxième moitié XVe

  • Morlaix, couvent des Carmélites, Assomption, deuxième moitie XVe

  • Plonevez-du-Faou,  chapelle Saint-Herbot, Annonciation, volée en avril 1969 [et  Couronnement, non confirmé], deuxième moitié XVe.

  • Plouvorn, N-D de Lambader, élus dans le sein d'Abraham, deuxième moitié XVe. (Non retrouvé lors de ma visite, non confirmé)

  • Quimperlé, musée de l'Évêché, Ste Anne, Annonciation, Couronnement, deuxième moitié XVe

  • Quimper, cathédrale, Saint Jean-Baptiste, première moitié XVe

  • Quimper, cathédrale, retable du Christ et des Vertus, Xve

  • Quimper, Musée départemental breton, Baiser de Judas, Flagellation, deuxième moitié XVe

  • Roscoff, église de Croas-Batz, Retable de la Vie du Christ deuxième moitié XVe 

  • Trémaouézan, presbytère, Adoration des Mages entre 1350 et 1390

 

Ille-et-Vilaine

  • Nouvoitou Retable de la Vie de la Vierge : Annonciation, Adoration, Trinité, Assomption, Couronnement fin XVe

Morbihan

  • Arradon chapelle N-D du Vincin, Vierge

  • Guer, Presbytère, Adoration des Mages, fin XVe

  • Guern Chapelle N-D du Quelven, Assomption et Couronnement, deuxième moitié XVe PM56000358

  • Monterrein, Trinité, fin XVe

  • Plouharnel chapelle N-D des Fleurs, Arbre de Jessé deuxième moitié XVe

  • Riantec, Ste Catherine

  • Saint-Avé, Retable Te Deum deuxième moitié XVe

  • Vannes, Musée, Adoration des Mages, Assomption, Flagellation, Descente de Croix, Mise au Tombeau deuxième moitié XVe

  • Vannes Grand Séminaire. Annonciation, Assomption, Couronnement Crucifixion deuxième moitié XVe

  • Ste Anne d'Auray, Retable de la Passion, Première moitié XVe.

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SOURCES ET LIENS.

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— BARRAGUÉ-ZOUITA (Laetitia) 2016, L'ensemble de la collection d'albâtre du Musée Boucher-de-Perthes d'Abbeville 

https://www.amis-musee-abbeville.fr/2016/12/09/oeuvre-du-mois-d%C3%A9cembre-2016-alb%C3%A2tres-de-nottingham/

— CHEETHAM, (Françis), 1984. Albâtres médiévaux anglais . Oxford : Phaidon-Christie's Limited, 1984. p. 188 (cat. 115), ill. ISBN0-7148-8014-0

—DRÉAN (Colette), 1987, Les sculptures d'albâtre en Bretagne, SHAB 1987-15.

https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f243fd64b5e59.02423570/1987_15.pdf

—PRIGENT (Christiane), 1998, Les sculptures anglaises d’albâtre, Musée national du Moyen Âge, éditions RMN, Paris.

— ROSTANG (A) 1928, Les albâtres anglais du XVe siècle en Basse-Normandie, Bulletin Monumental  Année 1928  87  pp. 257-309

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1928_num_87_1_10045

— Victoria & Albert Museum

https://collections.vam.ac.uk/search/?page=1&page_size=15&id_material=AAT11101&id_category=THES48896&id_collection=THES48600&id_person=N480

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Anges musiciens Albâtre XVe siècle
21 octobre 2023 6 21 /10 /octobre /2023 13:41

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PRÉSENTATION.

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Le porche sud de Kermaria est surmonté d'une secrétairerie, une chambre couverte d'un toit en auvent où se réunissait le conseil de fabrique qui y conservait ses archives ou celle de la seigneurie, et qui servait aussi d'auditoire où les seigneurs de Lizandré-Kermaria , à partir de 1548, rendaient la justice  ou recevait l'hommage depuis la galerie ajourée. On y accède par un escalier du collatéral sud. "C'est là qu'au temps jadis, le dimanche après les offices, autour du sénéchal de la juridiction, se groupaient le Procureur et les Syndics chargés de rendre la haute justice. Les coupables et les plaideurs se tenaient au  pied de la croix qui dresse encore son fût sur le parvis de la chapelle. Le jugement était ensuite lu, au peuple assemblé, du haut de la terrasse." (Aubert)

Il s'ouvre sur une large baie en ogive, supportée de part et d'autre par de fines colonnettes. À l'intérieur, les niches abritent les statues en bois polychrome de onze apôtres. À l'extérieur, deux niches surmontées de dais recevaient encore au début du XXe siècle les statues de saint Pierre et saint Paul, très abimées par le temps : elle sont conservées à l'intérieur de la chapelle.

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La construction de la chapelle avait débuté à la fin du XIIIe siècle par les quatre premières travées de la nef. Elle se poursuivit à la fin du XVe siècle :

Marc Thibout, dans son article du Congrès archéologique de 1949, n'y consacre que quelques lignes pour dater ces peintures comme contemporaines du porche lui-même.

Geneviève Le Louarn-Plessix nous en donne une analyse avertie :

" Comme pour magnifier l’entrée dans la chapelle dédiée à « Marie du prompt secours» —Ker maria an Iskuit (souvent contracté en Nisquit) est à comprendre à partir du breton is (ou es) - kuit, « qui tire d’affaire, rescapé ». — , le pèlerin qui franchit le porche méridional, entre deux rangées d’apôtres, est enveloppé de représentations apaisantes : une Vierge protectrice (Notre-Dame-de-Délivrance ?) du XVe siècle en pierre polychrome, abritée dans une niche à colonnes à chapiteaux feuillagés et de gracieux anges peints sur les voutains. Les phylactères qu’ils présentent portent les versets du « Regina cœli », hymne d’allégresse, d’accueil et de confiance (*).

(*) Voir : MUSSAT, André, Arts et cultures de Bretagne, Paris, Berger-Levrault, 1979. Sur cette question, la tenue par une branche de la famille des Rohan de la seigneurie de Plouha aux XVe et XVIe siècles pourrait sans doute expliquer ces similitudes.

En de nombreux points, le dessin des draperies, la forme et le traitement des ailes, la finesse des visages et des cheveux sont à comparer aux anges du chœur de la cathédrale de Tréguier – certes très remaniés – vers 1450 et encore aux anges musiciens du transept nord de l’église de Kernascléden (Morbihan) exécutés dans les années 1470. Dans les deux cas, mêmes artifices d’extension et d’affinement des ailes pour insérer les anges dans d’étroits voutains. la fois aimable et luxueuse que devait développer cet espace intermédiaire entre le monde laïc et l’intérieur de la chapelle plus doloriste et tourmenté ( Sous réserve d’une étude précise des pigments originaux, la couleur rouge prédominante à Kermaria se retrouve aussi aux voutains de Kernascléden. )" (Geneviève Le Louarn-Plessix 2013)

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Attribution.

Faut-il les attribuer au(x) même(s) artiste(s) qui ont réalisé, à la même période, la Danse macabre, la peinture des Trois Morts et des Trois Vifs, et la présentation de deux couples de donateurs ?

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Restauration.

La première tranche des travaux de restauration du porche, commencés en décembre 2022, se sont achevés en mai 2023 sous la direction de Nicolas Clairand, architecte du patrimoine, des élus et des entreprises Art, de Plélo, pour la maçonnerie,  Moullec, de Lamballe, pour la charpente et Macé, de Trégueux, pour la couverture. L'auvent frontal, qui avait disparu, a été reconstitué.

Une seconde tranche de cinq mois doit débuter en septembre 2023 et concernera les peintures de la voûte, qui seront nettoyées et, selon expertise, complétées.

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Plan.

 

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Marc Thibout, 1949, Gallica

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Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

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LES QUATRE VOÛTAINS DU CÔTÉ NORD.

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Placés juste au dessus de la Vierge à l'Enfant de la porte d'entrée, les anges l'honorent en chantant l'antenne mariale du XIVe siècle Regina Caeli, "Reine du ciel", dont les quatre versets sont inscrits sur leurs phylactères.

 

Regína caéli, lætáre, Allelúia!
Quia quem meruísti portáre, Allelúia!
Resurréxit, sicut dixit, Allelúia!
Ora pro nóbis Déum, Allelúia!

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Les anges  sont choristes ou orants, agenouillés, nimbés et vêtus d'une tunique longue à large amict. Leurs cheveux longs et bouclés encadrent leur visage. Il n'est pas possible de préciser si leur bouche est ouverte pour le chant. La position des mains peut laisser supposer parfois qu'ils tiennent un petit instrument, qu'on croit deviner (flute ? tambourin ? boite ?). 

Les ailes devaient être peintes avec précision quant à leurs plumes et leurs ocelles. Sur le premier voûtain, elles encadrent étroitement le visage.

Les couleurs principales varient du rouge, de l'ocre rouge, et de l'ocre jaune au jaune d'or, avec emploi du vert (pour les contours, le rehaut des tuniques et quelques détails tels une chemise sous la tunique) et du noir pour les inscriptions. 

Le fond est rouge à ondulations rouge foncé qui fait vibrer le ciel.

La restauration saura préciser quels sont les pigments et les couches de préparation employés.

La première lettre des inscriptions est peinte, comme une rubrique de manuscrit, en jaune.

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Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Premier voûtain : Regína caéli, lætáre, Allelúia! (texte effacé).

"Réjouis-toi Reine du ciel alleluia"

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L'ange est le plus beau, le plus féminin et le plus richement vêtu des quatre, et la tunique verte (décolletée et sans amict) est recouverte par un manteau jaune à large revers. On devine peut-être un collier. La main droite est déportée devant le ventre vers la gauche, sur le pan du vêtement (ou un instrument). Les traits du visage, soulignés d'un trait vert clair, sont bien visibles, avec de grands yeux en amande, et une bouche souriante.

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Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Deuxième voûtain : Quia quem meruísti portáre, Allelúya! .

"Car celui que tu as mérité de porter, alléluia"

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C'est peut-être là (j'avance avec prudence...) que l'existence d'un instrument tenu entre les deux mains est la plus probable.

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Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Troisième voûtain : Resurrexit, sicut dixit, Alleluya!

abrégé en  Resurréxt, sict dict, Allã 

"est ressuscité comme il l'avait annoncé alléluia".

 

 

 

 

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Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Quatrième voûtain : Ora pro nobis Deum, Alleluya !

 

"Prie Dieu pour nous alléluia !"

Une flûte pourrait être tenue entre les mains.

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Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

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LES QUATRE VOÛTAINS DU CÔTÉ SUD (EXTÉRIEUR).

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Ce sont à nouveau quatre anges qui occupent ces voûtains, mais les peintures sont bien moins bien conservées, et les inscriptions des phylactères ne sont pas lisibles. On ignore donc quel cantique était présent ici.

Je les présenterai dans le même ordre que précédemment, mais sans les décrire. Je m'interroge seulement sur la forme triangulaire tenue par l'ange du premier voûtain.

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Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

Voûte peinte (fin XVe) du porche de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile août 2023.

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SOURCES ET LIENS.

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— AUBERT , La chapelle de Kermaria-Nisquit

http://backup.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/2aa55730ab949a1b101902c8544378bc.pdf

—BÉGULE (Lucien), 1909, La chapelle Kermaria-Nisquit et sa Danse des morts, H. Champion, Paris, 1909, 52 p.  Lucien Bégule (1848-1935), « peintre sur verre » et maître verrier lyonnais est célèbre par ses nombreuses réalisations religieuses et civiles dont le vitrail « Louise Labbé », récompensé par une médaille d’or à l’exposition universelle de 1900 (conservé au musée Gadagne de Lyon). Membre de la Société d’archéologie française, il se consacre, à partir de 1905 uniquement à sa fonction d’archéologue et publie de nombreux travaux consacrés aux monuments historiques.

— CHARDIN (Paul) 1894, « Peintures murales de Kermaria Nisquit », Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, t. XLVI, 1885, p. 238-25, lecture du 24 février 1886. Paul Louis Léger Chardin était un peintre et illustrateur français né à Paris le 20 août 1833, mort en 1918. Il est enterré au cimetière de Plouha. Élève d’Adrien Dauzats, il était membre de la Société française d’archéologie. Époux en secondes noces de Sara Rhoné, sœur d’Artur Rhoné de Keravel en Plouha, ses visites en Basse-Bretagne lui donnèrent l’occasion de peindre des paysages et portraits qu’il exposa au Salon de Paris de 1855 à 1875.  

 

CHARDIN (Paul), 1894, La chapelle de Kermaria-Nisqit en Plouha, Revue archéologique 1, pages 246-259

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203636c/f249.item

 

 

—COUFFON, René. Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc : Les Presses Bretonnes, 1939. p. 374-375

—COUFFON, René. Quelques notes sur Plouha. Saint-Brieuc : Francisque Guyon éditeur, 1929. p. 27-35

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3346690r

—LE LOUARN-PLESSIX (Geneviève ) , 2013, Plouha, Chapelle de Kermaria an Iskuit SHAB

https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f464c1e917b93.94134739/2013_50.pdf

https://docplayer.fr/108538314-Plouha-chapelle-de-kermaria-an-iskuit.html

—LÉVY (Tania), 2015, « La chapelle Kermaria-an-Isquist. Les peintures murales », Congrès archéologique de France. 173e session. Monuments des Côtes-d'Armor. « Le Beau Moyen Âge ». 2015, Société française d'archéologie, pp. 303-311 (ISBN 978-2-901837-70-1).

— PICHOURON ( Patrick) - L'HARIDON ( Erwana) 2005, La chapelle de Kermaria-an-Isquit Inventaire général ; Dossier IA22005349

"La chapelle Kermaria-an-Isquit a été fondée au cours de la 1ère moitié du 13ème siècle par Henry d'Avaugour, comte de Goëlo. Elle a été agrandie au 15ème siècle, puis au début du 18ème siècle par le chapelain de l'époque Jean Huet. Vendue le 16 fructidor de l'an IV (septembre 1796), elle a été rachetée par la fabrique et rendue au culte en 1812. Réputée pour sa danse macabre du 15ème siècle, elle a été classée au titre de la législation sur les monuments historiques le 6 juillet 1907 et restaurée de 1958 à 1976. Les quatre premières travées de la nef et de ses collatéraux remontent à la fondation de la chapelle. Au cours du 15ème siècle, la nef et ses collatéraux ont été prolongés de trois travées et l'édifice a été augmenté d'un porche et d'une aile au sud. L'étage du porche servait de secrétairerie à l'origine, puis il a servi d'auditoire à partir de 1547 pour la seigneurie de Lizandré-Kermaria. Enfin, Jean Huet, chapelain de Kermaria-an-Isquit, entrepris plusieurs travaux au cours du 1er quart du 18ème siècle, dont la construction de l'actuelle flèche en 1702, due au maître charpentier Pierre Le Clerc (d'après René Couffon), le percement d'une baie en 1720 (porte la date) et la reconstruction du choeur en 1721 (d'après inscription).

Chapelle de style gothique régional construite en moellons de granite, grès et schiste et grand et moyen appareil de granite. Elle comprend une nef à sept travées accostée de deux bas-côtés, sur cinq travées au sud et sur toute la longeur de la nef au nord, un porche à étage et une aile en retour d'équerre au sud et un chevet à trois pans. L'espace intérieur de la nef est couvert par une charpente lambrisée en berceau brisé avec entraits à engoulants apparents et les bas-côtés nord et sud sont couverts d'un lambris en demi-berceau lambrissé. Le couvrement du porche sud est formé par une voûte sur croisée d'ogives."

— THIBOUT (Marc), 1949, « La chapelle de Kermaria-Nisquit et ses peintures murales », Congrès archéologique de France. 107e session. Saint-Brieuc. 1949, Société française d'archéologie, 1950, p. 70-81.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32118665/f72.item

— SOLEIL (Félix), 2020, La Danse macabre de Kermaria-an-Isquit, Dijon, Éditions Nielrow, 2020, 30 p. (ISBN 978-2-490446-16-2).

 

— Base Palissy POP-Culture

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00089487

https://collectif-objets.beta.gouv.fr/objets/75975

— Notice Wikipedia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_de_Kermaria_an_Iskuit

— Revue de presse internet 2023

https://monumentum.fr/monument-historique/pa00089487/plouha-chapelle-de-kermaria-anisquit

https://actu.fr/bretagne/plouha_22222/patrimoine-cette-chapelle-bretonne-va-retrouver-sa-superbe-du-xve-siecle_58498933.html

https://www.letelegramme.fr/cotes-d-armor/plouha-22580/a-plouha-la-chapelle-de-kermaria-retrouve-sa-splendeur-6373663.php

https://www.ouest-france.fr/bretagne/plouha-22580/fin-des-premiers-travaux-a-la-chapelle-de-kermaria-3bde380e-0c0d-11ee-93ab-a50c3217cece

http://www.infobretagne.com/plouha-kermaria-peintures-murales.htm

https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Chapelle-de-Kermaria-an-Iskuit.html

https://www.lieux-insolites.fr/cotedarmor/kermaria/kermaria.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Peintures murales. Chapelles bretonnes. Anges musiciens
2 août 2023 3 02 /08 /août /2023 18:08

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët.

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Voir sur Le Faouët :

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a. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe , Le Faouët:

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b. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët :

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c. Chapelle Saint-Sébastien, Le Faouet.

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d. Eglise du Faouët.

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e. le Musée du Faouët.

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PRÉSENTATION.

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La chapelle Sainte-Barbe adopte un plan atypique adapté à un site  exceptionnel à mi-pente d'un ravin: elle est dépourvue de nef, et uniquement composée d'un "transept" et d'une abside à pans coupés. Elle fut débutée en 1489 et achevée, pour le gros-œuvre, en 1512. Ses vitraux datent de la première moitié du XVIe siècle.

Jean de Boutteville en fut le premier commanditaire principal, suivi par son fils Louis, comme en témoignent leurs armoiries placées, avec celles de leurs alliés, sur les nervures des voûtes, au sommet des arcs formerets de l'abside, dans les vitraux et sur la tribune seigneuriale. En 1495, la seigneurie du Faouet avait été érigée en baronnie au profit de Jean par la duchesse-reine Anne. De sa femme Marie de Kerimerc'h, épousée en 1463, il eut deux enfants, Catherine, et Louis, vicomte de Coëtquenan, décédé en 1539.

Une tour d'escalier hors-œuvre, dans l'angle sud-ouest de ce transept, contient un escalier en vis accessible depuis l'intérieur de la chapelle : ce dernier conduit à une tribune en bois, contemporaine de l'édifice, tribune seigneuriale qui pouvait aussi servir pour des musiciens, puis au sommet de la tour où deux portes devaient ouvrir sur une coursière périphérique, à la base du toit qui ne fut peut-être jamais réalisée.

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Description.

Dans le bras gauche de la chapelle, la tribune en bois avec traces de peinture bleue est  portée par trois colonnes. Le garde-corps haut de 1,10 cm est composé de panneaux pleins (sauf trois ajourés avec des décors à pampre, à réticule et à hermines dans un réseau de cordelières dont deux en retour) ; les deux panneaux pleins portent un décor d'anges musiciens (harpe et rebec), les autres ne sont pas sculptés et remplacent probablement des panneaux d'origine. Les panneaux sont séparés par des candélabres et des pinacles. Une frise  court sur les parties supérieure et inférieure, sculptée en bas-relief en partie haute  d'une scène de Renart et la poule poursuivi par un moine ; d'un couple d'animaux fantastiques enlacés ; d'anges présentant un phylactère ; d'un dragon face à un lion, de rinceaux à fruits et en partie basse de deux anges présentant un médaillon à tête de mort ; de rinceaux et entrelacs ; et d'anthropomorphes hybrides s'affrontant derrière des boucliers. Une statue de sainte Barbe occupe l'angle sud.

Sous le sommier de la tribune, à la base des montants, six anges en vol portent les écus de la famille fondatrice de la chapelle, celle de Boutteville, et de leurs alliances.

Cette tribune classée en 1912 est datée du premier quart du XVIe siècle, après 1512

La voûte de pierre qui surmonte la tribune porte également des écus des Boutteville, des Du Chastel et mi parti Boutteville et Chastel avec l'inscription datant l'achèvement de la voûte en 1512.

On rapprochera cette tribune de celle édifiée à peu près à la même époque, mais en pierre, dans la chapelle Notre-Dame de Quelven en Guern débutée vers 1490.

Le décor des deux frises sculptées s'inspire de celui des sablières des chapelles et églises bretonnes contemporaines,  à charpente.

D'après J.J. Rioult 2021.

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VUES D'ENSEMBLE.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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I. LA FRISE SUPÉRIEURE.

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Description de droite à gauche.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Deux pièces de volutes feuillagées.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Un moine encapuchonné brandissant une branche et désignant Renart vers sa droite.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Renart surgissant des feuillets d'un  livre où il se cachait et bondissant vers la poule.

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C'est une autre version de l'épisode fameux de Renart prêchant aux poules, représenté sur le jubé (1480) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët ou sur les sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien du Faouët. Mais aussi sur les sablières (1508) de Notre-Dame de Grâces, de celles (1500-1506) de l'église de Plourac'h ou de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre de Châtelaudren (fin XVe) ou de celles, plus tardives (v. 1574), de Bodilis.

En effet, au lieu de montrer Renart rejetant son déguisement de moine et se précipitant depuis sa chaire vers son auditoire de volailles, le goupil bondit des pages d'un livre, leçon de morale incitant à se méfier non plus des prêcheurs, mais des écrits fallacieux attirant les fidèles vers des mœurs ou des croyances contraires aux recommandations de l'Église.

Le livre est ouvert, et les pages (à cette époque, nous pouvons les imaginer imprimées) sont tournées vers le spectateur.

Nous pouvons comprendre pourquoi le moine criait haro sur le roux animal.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Deux animaux fantastiques hybrides enlacés par le cou.

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Ils ressemblent par leurs ailes, leur cou et leur bec, à des oiseaux, et par leurs pattes à des lions ou des dragons.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Deux anges déployant un phylactère encore à demi replié.

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Le phylactère présentait certainement au public une inscription votive ou datée, ou une sentence, une oraison ou une devise.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Un dragon.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Un lion.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Rinceau à deux fleurs en grelot grillagé.

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Ces fleurs ou fruits semblenet s'inspirer d'un modèle naturel que je n'ai pas identifié.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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II. LA FRISE INFÉRIEURE.

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Deux anges allongés présentant un médaillon à tête de mort entouré d'une collerette. Un "miroir de la mort " ?

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Le médaillon incite le spectateur à méditer sur sa fin dernière.

Nous pouvons noter que c'est en 1519 (date proche de celle, estimée, de cette tribune) que Jehan Larcher a publié à Plougonven le Mirouer de la Mort, poème en langue bretonne de préparation à la mort. La page de titre de l'édition de 1575 est ornée d'une gravure de ce miroir.

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Le Mirouer de la mort, en breton, auquel doctement et dévotement est trecté des quatre fins de l'home, c'est à sçavoyr de la mort, du dernier jugement, du très sacré Paradis et de l'horible prison de l'Enfer et ses infinis tourments.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Deux créatures anthropomorphes à corps et queue feuillagés s'affrontant à l'abri de rondaches, tout en tenant un rinceau à  fleurs à quatre pétales.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Un acrobate en renversement postérieur jambes écartées, réunissant les tiges d'un rinceau. La face et le postérieur ont été bûchées, témoignant du caractère obscène de cette posture, bien que le personnage soit vêtu d'une culotte.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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III. LES PANNEAUX SCULPTÉS :  DEUX ANGES MUSICIENS ET UN PANNEAU AJOURÉ À PAMPRES.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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1.L'ange joueur de harpe (dix cordes visibles).

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Les anges sont debout, les genoux légèrement fléchis, vêtus d'une aube de chœur à amict, bouffante à la taille. Leurs cheveux sont longs. La répartition des plumes est bien détaillée et naturaliste.

Le joueur de harpe tourne la tête vers son compagnon, dans une posture inspirée.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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2.L'ange joueur de rebec (ou vièle piriforme à archet).

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L'instrument semble monoxyle, il est piriforme avec une caisse large percée de deux ouies en parenthèse. On compte quatre ou six cordes. Le manche se termine par une crosse, et nous ne voyons pas de chevilles.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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3. Panneau ajouré à pampres de vigne.

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C'est peut-être un symbole eucharistique. Il me semble abusif de voir dans les vrilles des pampres une représentation de la cordelière franciscaine, adoptée comme emblème par François II et sa fille Anne de Bretagne.

Je n'ai pas photographié les deux panneaux ajourés du retour d'angle, de même motif.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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IV. LE RETOUR D'ANGLE.

Il n'a pas été photographié, hormis cette photo qui montre un cerf affrontant un dragon ou du moins un animal fantastique.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2020.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2020.

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V. LES SIX ANGES SCUTIFÈRES.

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Les six anges sont représentés en vol, jambes repliées, portant l'aube à amict, comme ceux du jubé de la chapelle Saint-Fiacre construit en 1480. Leurs cheveux sont bouclés en boules.

Les blasons ont été bûchés mais on voit encore un peu le tracé des meubles.

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Ange n°1.

Armes pleines de Boutteville  d'argent à cinq fusées de gueules posées en fasce.

 

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange n°2.

Armes mi parti Boutteville et ? [du Chastel]

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange n°3.

Armes mi parti Boutteville et ?

 

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange n°4.

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Armes pleines de Boutteville.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange n°5.

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Armes mi parti Boutteville et  du Chastel fascé d'or et de gueules de six pièces .

Cette alliance correspond à celle de Louis de Boutteville, seigneur du Faouët, fils de Jean,  avec Jeanne du Chastel, fille d'Olivier et de Marie de Poulmic. Ils se sont mariés en 1498. C'est donc bien eux qui sont seigneurs du Faouët en 1512 lors de la fin de la construction des voûtes , ce sont donc aussi eux qui sont vraisemblablement un peu plus tard les commanditaires de cette tribune seigneuriale.

Jeanne du Chastel est représentée, avec ses armes Boutteville/Chastel sur la baie 2 de la chapelle Sainte-Barbe, derrière son époux, agenouillés en donateurs devant la Vierge. Louis est présenté par saint Fiacre et Jeanne par Marie-Madeleine.

On trouve aussi ce blason mi parti Boutteville/Chastel sur le tympan de la baie n°1, et sur la jupe de la donatrice de la lancette A de la baie n°1.

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Baie 2 , Verrière de la Transfiguration, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange n°6.

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Armes mi parti Boutteville et ?

 

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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VI. LES ARMOIRIES DE LA VOÛTE.

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L'ange portant l'inscription de fondation et les armes de Boutteville.

L'inscription indique : LAN : MIL : Vdz : XII : FUT : FAICT : CESTE : VOUTE.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange à la chevelure bouclée en trois rangs de boules latérales présentant les armes des Talhouët d'argent à trois pommes de pin de gueules, affectées d'un lambel.

 

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Écartelé à identifier, à trois feuilles de houx ( Toulbodou ?) et six fasces à la cotice brochant le tout.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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VII. LA STATUE DE SAINTE BARBE.

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Elle tient en main droite la palme du martyre et en main gauche un livre signalant sa maîtrise des sciences théologiques et philosophiques, tandis que son attribut, la tour aux trois fenêtres témoignant de son attachement pour le dogme de la Trinité, est derrière elle.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

 

 

 

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SOURCES ET LIENS.

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— COPY (Jean-Yves), MENOU (Jean-Claude), MOIREZ (Denise) ; BOISSÉ (Claude), CADIOU (Jacqueline), 1965 RIOULT (Jean-Jacques) 2021, Dossier IA00008412 de l'Inventaire et Etude d'inventaire sur le canton du Faouët:

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/b745903b-0b22-4047-90d0-10125fed6231

— DUFIEF (Denise) ; QUILLIVIC (Claude), 1992, 2009-2010, Notice Palissy IM56002709

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM56002709

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. Presses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index . Voir pages 19, 169 (licorne), 226 et 227 (cornemuse), 238 (moissonneur), 241 (écureuil et lapin).

 — DUHEM (Sophie), 1998, "«Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la  sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle"  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  Volume 105  Numéro 1  pp. 53-69 http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

 

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1 décembre 2022 4 01 /12 /décembre /2022 12:11

La charpente sculptée de l'église de Pleyben : les 20 abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). De singuliers  acrobates avec entraves.

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1°)  Voir sur l'église de Pleyben :

 

 

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2°) Sur les chapelles de Pleyben :

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3°) Sur la charpente de l'église de Pleyben :

 

Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), attribution par S. Duhem :

 

Attribution personnelle possible au Maître de Pleyben : Bodilis, Saint-Sébastien,  et Roscoff. 

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Et enfin :

 

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PRÉSENTATION.

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Le but de cet article est d'approfondir l'étude des abouts de poinçon ( voir définition et schéma ici), ces parties sculptées verticales de la charpente qui rythment le haut des lambris et qui échappent souvent à notre curiosité déjà bien absorbé par l'examen des sablières et des blochets. À Pleyben, leur nombre est considérable, je me limite au bras sud du transept.

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À Pleyben, comme à Bodilis et sur d'autres charpentes du Maître de Pleyben et d'autres charpentiers "ymagiers" (Saint-Tugen à Primelin, Grâces à Guingamp, La Roche-Maurice), ces abouts de poinçon réservent de belles surprises à l'amateur de figures profanes et truculentes. 

Ici, c'est particulièrement le motif de l'acrobate qui est richement traité, dans sa posture en renversement, bien adaptée à la forme ramassée de l'about de poinçon : le corps forme un arc de cercle et les jambes se positionnent derrière le dos, les pieds contre les épaules.

Une posture paradoxalement proche, car tout aussi compatible avec la forme de l'about,  est finalement celle de l'ange saisi en vol, lui aussi avec  les genoux repliés et les pieds à la hauteur des épaules.

Si bien que parmi les 20 abouts de poinçon du bras sud du transept, on dénombre, outre  6 fleurons et 1 vieillard lubrique, 6 anges, et 8 personnages en posture acrobatique.

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Mais ce qui fait l'originalité des acrobates de Pleyben, c'est qu'ils utilisent, pour beaucoup d'entre eux, un appareillage d'entrave, complexe et insolite, des jambes.

Je n'ai pas trouvé d'autres exemples de ces entraves ailleurs, ni pour la période contemporaine (Renaissance), ni pour la période médiévale dans l'art roman ou gothique. Ces particularités n'ont pas été signalées par les auteurs cités en bibliographie.

C'est dire l'intérêt majeur  de ces figures. Mais leur examen est difficile, car, pour les observer, il faut multiplier les points de vue dans l'église.

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Liste ( en partant de la périphérie de la croisée) :


 

20. Le masque : homme à bonnet rouge à rabats se caressant la barbe.

19. Ange tenant un cartouche à cuir découpé à enroulement avec une inscription peinte de 1858.

14 à 18 : fleurons.

13. Ange en robe bleue jouant d'un luth à trois cordes.

12. Deux musiciens (trompette et battement de mains) ayant les pieds entravés par un joug.

11. Acrobate aux chevilles liées et se tenant à un baquet blanc.

10. Fleuron percé de deux orifices (suspension).

9. Acrobate ou contorsionniste sur un chevalet complexe.

8. Ange tenant un panneau ovale : ébauche de luth ?

7. Ange à robe bleue ourlée d'or,  bras croisés sur la poitrine.

6. Deux hommes (acrobates) liés par la taille, tenant chacun un gourdin et saisissant de l'autre main leur cheville.

5. Ange aptère à jupe bleue et or jouant (??) d'une trompe (brisée).

4. L'acrobate bleu et brun tenant sa cheville dans une pince.

3.L'ange à la tunique vert-d'eau et aux ailes dorées.

2. Un fleuron

1. Le joueur de percussion.


 

 

 

Sur la figure de l'acrobate, voir :

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Sur les acrobates sculptés en pierre  sur les crossettes ou les porches :

 

 

—Les acrobates sculptés en bois sur les charpentes ou les miséricordes: 

 


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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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20 Le masque : homme à bonnet rouge à rabats se caressant la barbe.

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La figure du vieillard se caressant la barbe est déjà présente dans les modillons romans, son geste passant comme lubrique. Elle est largement reprise dans la sculpture sur pierre et sur bois du XVe siècle.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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19. Ange tenant un cartouche à cuir découpé à enroulement avec une inscription peinte.

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L'inscription indique :

PEINT EN 1858 PAR PIERRE SAVARY GOURMELIN BATISTE.

Je n'ai pu trouver des renseignements sur ces peintres. Ils ont repeint les sculptures  qui restent, elles, du XVIe siècle.

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L'ange est aptère, j'aurai pu le décrire comme une jeune femme en corsage jaune à manches courtes très bouffantes et jupe bleue. Les manches rappellent fortement celles des anges qui tiennent les cartouches des sablières des années 1571.

 

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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14 à 18 : fleurons.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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13. Ange en robe bleue jouant d'un luth à trois cordes pincées.

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L'instrument est représenté de façon schématique (luth, guiterne, mandore/mandole...), sans ouïe, sans chevillier, mais le geste des deux mains est précisément rendu, notamment pour la main droite pinçant la corde basse entre pouce et index, sans plectre.

La femme est si gracieuse que je la qualifie d'ange, d'autant que ses manches courtes, amples, bouffantes en plis concentriques sont semblables à celles des anges présentant, sur les sablières de Pleyben, Kerjean et Sainte-Marie-du-Menez-Hom, les cartouches.

Son cou tendu, son visage inspiré rendent presque audible son jeu.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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12. Deux acrobates, l'un jouant de la trompette et l'autre battant la mesure,  ayant  les pieds entravés par un joug.

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C'est l'une des figures énigmatiques d'acrobates ; les deux personnages portent des bonnets et sont imberbes et joufflus, ils sont fusionnés comme des siamois, si bien qu'ils ont en commun une seule paire de jambes, à pantalons blancs et pieds nus : ce sont ces jambes qui sont réunis par une entrave verte, dont on perd le contour.

Les couleurs des coiffures (verte et jaune) et des plastrons (jaune et verte) sont croisés, et ce mélange de couleurs assez mal vues dans la société, du moins médiévale (cf. Michel Pastoureau) renforce l'idée que ces musiciens sont des saltimbanques.

Du bassin du personnage vêtu de jaune part un rouleau enroulé en tours de spires, comme une couverture roulée, dont il est difficile de comprendre la signification.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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11. Acrobate aux deux chevilles liées, tenant un baquet blanc.

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Nouvelle énigme avec ce personnage barbu, à la tête engoncée dans les épaules  et aux grands yeux au regard lourd, qui, vu de face, semble tenir sous lui par des poignées une sorte de baquet blanc à flanc crénelé.

Vu de l'arrière, les jambes apparaissent très fléchies derrière les épaules, et les chevilles sont entravées par un joug bilobé dont on perd, vers le dos, le contour.

Le personnage porte un pantalon troué au niveau des genoux par des taillades.

La couleur verte de cet acrobate n'est pas innocente et souligne sa marginalité ; mais les couleurs d'origine ont-elles été retrouvées et respectées lors de la restauration de 1858 ?

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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10. Fleuron, percé de deux orifices (suspension ?).

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Ce fleuron peut servir de poulie pour la suspension d'un lustre, ou d'un accessoire liturgique.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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9. Acrobate ou contorsionniste.

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La tête de cet acrobate est semblable à celle du précédent : barbe en bouc et grands yeux lourds. Elle est encadrée par deux bras nus, qu'on peine à rattacher au reste du corps, peint en vert. En arrière, deux jambes nues s'achèvent par des pieds en position peu anatomique, tournés vers l'intérieur, et dont la pointe s'appuie (ou est bloquée) par un chevalet qui se prolonge vers les bras. 

Est-ce là la performance d'un contorsionniste ?

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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8. Ange tenant un panneau (ou instrument ?) ovale.

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Cet ange (ou du moins cette femme, saisie en vol avec sa robe modelée par l'élan) est proche de celui de l'about n°13, et ce qu'il porte sur lui est sans doute l'ébauche d'un luth : on retrouve le geste assez précis de pincement des cordes.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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7. Ange à robe bleue ourlée d'or,  bras croisés sur la poitrine.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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6. Deux hommes (acrobates) liés par la taille, tenant chacun un gourdin et saisissant de l'autre main leur cheville.

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On retrouve la couleur verte d'un des deux bateleurs. Ils sont tous les deux barbus, et vêtus d'une tunique à manches bouffantes aux épaules. L'un porte un bonnet, l'autre, vêtu de marron, est tête nue.  Les jambes sont nues mais les pieds sont chaussés. 

Ils s'écartent et semblent vouloir se frapper mutuellement de leur gourdin, même s'ils ne se regardent pas.

La jambe droite de l'homme en vert manque, comme par un phénomène de fusion.

Leur geste de préhension de leur cheville est si caractéristique des acrobates et autres personnages licencieux des monuments du XV et XVIe siècle qu'il leur est une sorte d'attribut. Dans le contexte de cette série, il peut passer pour une contrainte que s'impose les protagonistes pour faire preuve de leur virtuosité, comme, ailleurs, les entraves.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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5. Ange aptère à robe bleue et tunique or jouant  d'une trompette (brisée).

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La jeune femme lève la main droite pour exprimer le message ou la convocation qu'elle diffuse en soufflant dans sa trompe. On retrouve les bras nus émergeant de manches courtes bouffantes des anges précédents.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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4. L'acrobate bleu et brun saisissant sa cheville grâce à une pince.

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Un acrobate apporte toujours avec lui ses valeurs ou contre-valeurs de rupture avec l'ordre conventionnel et de pratique ludique alors condamnée, comme le théâtre et les arts de tréteaux, par l'Église. Mais cette dernière tolérait cette transgression, et mieux, elle lui donnait une place, notamment dans les hauteurs de ses sanctuaires, sans que l'on puisse dire jamais si il s'agit d'un exutoire, d'une condamnation de Mal, ou d'une capacité à conjoindre les contraires pour mieux proclamer la gloire divine. Je renvoie à Michael Bakhtine et la carnavalisation médiévale, ou à la Fête des Fous instituée à la Sainte Chapelle pour les enfants de chœur, etc., 

 Le geste de la préhension des pieds très fréquemment représenté sous forme de crossettes, et auparavant sous forme de modillons romans en sculpture sur pierre. Il possède manifestement une valeur érotique. Ici, notre acrobate réussit un spectaculaire renversement postérieur associé à une rotation du tronc, mais surtout, il s'impose deux contraintes : la préhension de sa cheville, du côté où il est tourné, mais aussi la préhension de la cheville gauche, plus éloignée, par l'intermédiaire d'une grande  pince : un nouvel exemple d'entrave.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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3. L'ange à la tunique vert-d'eau et aux ailes dorées.

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Il vole, une main sur le chœur et l'autre dressée, inspirée et déclamative.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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2. Un fleuron vert et rouge.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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1. Le homme tenant un vase et une coupe.

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J'avais précédemment pensé qu'il s'agissait d'un musicien dansant en agitant des boites à rythme, car j'interprétais les objets blancs resserrés au centre qu'il tenait comme deux petits tambours, la partie évasée me semblant recouverte d'une peau. Je retrouvais le bonnet  de musicien (voir le sonneur de cornemuse du blochet sud de la nef). La tunique bleu-gris est rayée sur le torse comme la livrée d'un domestique, serrée à la taille avant de se terminer par une fronce charmante, caractéristique du sculpteur (voir les anges présentateurs de cuir à Kerjean, par exemple).

Mais en multipliant les point de vues, je découvre qu'il tient dans la main droite un pichet saisi par une anse. Ce serait un joyeux buveur , et ce serait une coupe qu'il tiendrait de la main gauche pour la rapprocher de ses lèvres.

Il est, comme les acrobates et les anges, très cambré, ses jambes couvertes par la robe bleue atteignant l'arrière des épaules.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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0. L'élément central de la croisée  : quatre anges du Jugement sonnant de la trompe.

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Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Les abouts de poinçon du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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BONUS : L'ENTRAIT DE LA CROISÉE SUD ET SON NOEUD : DEUX ANGES, JAMBES ECARTÉES, DANS DES CUIRS À ENROULEMENT.

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Vue du côté sud.

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L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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Vue depuis le centre de la croisée.

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L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

L'entrait du bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Le bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

Le bras sud du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

La charpente de la croisée du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

La charpente de la croisée du transept (Maître de Pleyben, v.1571). Photographie lavieb-aile 2022.

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DISCUSSION : LES ACROBATES DANS LES ÉGLISES : ACROBATIE ET ART SACRÉ.

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Lorsqu'on découvre un acrobate à l'intérieur ou l'extérieur d'un édifice religieux médiéval ou Renaissance, on tend à penser qu'il s'agit d'un élément anecdotique, une licence que s'est permis l'artisan , private joke ou pied de nez qui ne serait aperçu que des initiés et échapperait à l'attention du clergé, des pieux paroissiens ou aux commanditaires. 

Ou bien, on les considère comme l'intrusion de la culture du monde laïc dans les sanctuaires (Keenan-Khedar 1986).

Ou encore, (C. Prigent), les acrobates, comme les jongleurs, les ivrognes, les joueurs de dès, les monstres diaboliques seraient placés là pour dénoncer les vices et instruire la postérité.

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Mais la répétition de ces acrobates dans la plupart des sanctuaires, le caractère  parfois très ostensible de leur emplacement (même si, ici, les abouts de poinçon ne sont visibles qu'avec un bon éclairage et des jumelles), leur étroite association avec des anges, obligent à remettre en cause ces points de vue.

Il faudrait pouvoir remettre en cause nos jugements de valeurs et a priori acquis et formés par la fréquentation de monuments religieux décorés depuis plusieurs siècles (depuis le XVIIe siècle ?) pour admettre que ces acrobates témoignent d'une expression du sacré.

C'est très difficile puisque tous les auteurs ont souligné que les musiciens, les danseurs, les acteurs de théâtre et les saltimbanques étaient condamnés par l'Église.

Néanmoins, ce rapport entre acrobatie et expression sacrée est bien attestée dans le monde païen de l'Antiquité. L'examen de la réalité de ces liens pourrait nous inciter à une conversion de nos opinions. En outre, la fréquence de la présence des acrobates sur les modillons romans atteste de la précocité de leur représentation dans les édifices chrétiens.

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Je réunis ici les copié-collés du site de la BnF consacré à ce sujet (les illustrations sont accesibles par les liens) :

 

 

Au cours de la période Antique, à Sumer, en Égypte ou aux confins de l’Indus, la pratique de l'acrobatie est souvent liée à des cérémonies funéraires. Le saut, l'équilibre ou la souplesse ont une fonction conjuratoire en opposant à la mort présente une succession de figures représentant une vitalité irrépressible. En dominant symboliquement son corps, l’acrobate est une figure de progrès : nul renversement n’échappe à son rétablissement, source de renaissance et traduction d’une transition d’un monde à l’autre

Contorsion

Liés à des pratiques chamaniques, certains exercices acrobatiques s’apparentent à des rites primitifs.  Acrobates ou danseurs attendent d'un affranchissement de la pesanteur, poussé à l’extrême, qu’ils les livrent à la force d’un pouvoir divin créateur. L’acrobatie symbolise l’accession à une condition surhumaine. Elle est une extase du corps. Et tout ce qui pare la chair – fard, huile, peau ou plumes – contribue à faire s’épanouir le mystère de l’élévation et de la transcendance. Aujourd’hui, les contorsionnistes asiatiques ou occidentaux poursuivent cette tradition dans un registre profane et spectaculaire.

http://expositions.bnf.fr/cnac/grand/cir_0391.htm

Art italiote : Hydrie à figures rouges Vème siècle av. J.C

Les convives des banquets dionysiaques, entraînés par le rythme effréné des danses, atteignaient le paroxysme de l’enthousiasme et de l’excitation au spectacle des performances acrobatiques extrêmes des danseurs et danseuses, les kybistétères. En appui sur les mains ou sur les coudes, comme ici, le corps arrondi en arc, à la limite de la culbute, les équilibristes attrapent avec leurs pieds, des objets ou des coupes pleines qu’ils soulèvent jusqu’à leurs lèvres ou offrent autour d’eux. Souvent accompagnés par la musique des crotales (pièces de bois à deux lamelles articulées) ou de l’aulos (flûte à deux corps), ils sautent, en tourbillonnant sur leurs deux jambes ou le corps disloqué en contorsion, au-dessus d’épées plantées au sol, pointes dressées.

Art de la Grande Grèce : Dionysos masqué, assistant à un spectacle avec un acrobate et un grotesque

Rite de Dionysos. Vase (phlyaque) provenant de Paestum, Campanie (Italie), IVe siècle avant J.-C.

http://expositions.bnf.fr/cnac/grand/cir_0398.htm

L’acrobate figuré sur ce cratère grec illustre la permanence des postures acrobatiques codifiées dès l’Antiquité et auxquelles les multiples civilisations qui les ont associées à des cérémonies sacrées ou profanes ont donné un sens en lien avec leurs besoins respectifs. Parfois considérée comme purement ornementale, la figure de l’acrobate possède néanmoins un potentiel d’interprétation qui s’accorde bien à de multiples représentations en Orient comme en Occident, des figurines Han aux sculptures en haut-relief des églises romanes ou gothiques.

Art romain : acrobate contorsionniste Italie, IIe siècle avant J.-C.

http://expositions.bnf.fr/cnac/grand/cir_0401.htm

Dieu grec de la marge et de la transgression mais également de la joie brute et du renouveau extatique, Dionysos inspire des comportements extrêmes adoptés par les Romains, de la danse exaltée des processions aux orgies sans fin des banquets. Les interprètes des danses dionysiaques enchaînent tourbillons et virevoltes effrénés opérés par des corps cambrés, parés de voiles mouvants et de leurs longs cheveux lâchés, ou poses acrobatiques sensuelles des corps enroulés sur eux-mêmes. Ici, la danseuse de terre cuite s’offre, entièrement nue, corps bandé comme un arc, chevelure absente, sans doute érodée par le temps.

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Enfin je citerai ce sermon de saint Bernard de Clairvaux comparant l'ascèse des cisterciens et les tours de force des jongleurs, et l'inversion de leur posture :

" Aux yeux des autres, nous  [les moines] avons l’air d’effectuer de véritables tours de force. Tout ce qu’ils désirent, nous le fuyons, et tout ce qu’ils fuient, nous le désirons, comme ces jongleurs et ces danseurs qui, la tête en bas, les pieds en l’air, dans une posture inhumaine, marchent sur les mains et attirent sur eux le regard de tous "

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Jean-Marie), 1904, L'Architecture bretonne, Quimper, de Kerangal éditeur

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/f20eb990fd763d232327db92aeeb6869.pdf

ABGRALL (Jean-Marie),  et Le Coz Y., 1908 “Pleyben : église, ossuaire, calvaire,” A. de Kerangal, Quimper, 31 pages

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/a0a5651f868070445ed8e54fb7eecff8.pdf

ABGRALL (Jean-Marie), ou PEYRON, 1923, Notice sur Pleyben, BDHA Quimper.

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/bdha1923.pdf

ABGRALL (Jean-Marie), 1897,  Livre d'or des églises de Bretagne Pleyben Brasparts page 2

http://www.bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_201/pleiben__brasparts.pdf

 — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice de Pleyben, Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p. 

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/PLEYBEN.pdf

"L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé, couverture avec sablières sculptées imitées de Kerjean et entraits apparents. Une des plus intéressantes charpentes de la Bretagne. Le lambris n'en laisse voir que les entraits engoulés, dépourvus de poinçons, et les sablières sculptées. Il affecte la forme d'un berceau surbaissé, dans la nef et dans le transept, dont la mutuelle pénétration produit une sorte de voûte d'arêtes à la croisée, et d'un demi berceau brisé dans les bas côtés. Il imite enfin, sur le choeur, une voûte d'ogives qui rayonnent autour d'une clef. Sauf un curieux blochet dans lequel on a sculpté un démon portant un phylactère qui est placé à l'extrémité orientale du bas-côté sud, il n'y a rien à noter dans les collatéraux. Mais dans la nef, la saillie des clefs qui décorent habituellement l'intersection de la lierne centrale et des aisseliers courbes frappera au premier examen. Ce sont de véritables clefs pendantes, dont la multiplicité choquait Palustre, mais dont l'extrême variété nous ramène aux fantaisies des sculpteurs du moyen âge. Nous retrouvons d'ailleurs quelques sujets de ce temps aux sablières , que je ne crois pas antérieures à la seconde moitié du XVIe siècle. Du côté nord, de l'ouest à l'est, la décoration est ainsi composée : têtes plates et figures couchées alternées; hommes nus, tenant des cartouches, mascarons cornus et figurines alternés; hommes nus et lions tenant des cartouches ; un groupe où M.Abgrall reconnaît saint Philippe expliquant à la reine Candace les prophéties d'Isaïe lues par son eunuque; encore des masques et des personnages alternés; enfin un cadavre sculpté, analogue aux représentations notées par M.Mâle entre 1520 et 1557 et encastrées dans des murs de chapelle à Gisors, à Clermont (Oise), à Moulins. A l'exception de la tour sud, elle date du milieu (?) du XVIe siècle. En 1497 dépenses pour le "rétablissement" et l'entretien de la charpente, des murs, des vitraux. En 1531 consécration de six autels, l'église ayant été souillée par une rixe avec effusion de sang. Inscription de 1504 à l'angle du choeur concernant l'abside et croisillon sud. L'inscription de 1571, sur la charpente du croisillon Nord concerne la couverture du transept (De la Barre de Nanteuil)"

 

— LECLERC (Guy), 2007, Pleyben, son enclos et ses chapelles, éditions Jean-Paul Guisserot, 31 pages pages 18 et 19.

https://books.google.fr/books?id=hWctwxQfyhgC&pg=PA18&lpg=PA18&dq=sibylles+pleyben&source=bl&ots=kzc-VMkVBx&sig=29B6LVXN1nHu2s5hEpHEt3en1vA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiI596WxpfVAhXH2xoKHQ5WDd4Q6AEIQjAF#v=onepage&q=sibylles%20pleyben&f=false

 

— Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Enclos_paroissial_de_Pleyben

SUR LES ACROBATES :

BNF / CNAC,  La contorsion.

http://cirque-cnac.bnf.fr/fr/acrobatie/au-sol/la-contorsion

 

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 1997 - 385 pages.

— DUHEM (Sophie), 2012  "Impudeurs et effronteries dans l'art religieux breton (xve siècle - xviiie siècle)", éditions Le Télégramme, 2012.

—GAIGNEBET (Claude) , 1985, Art profane et Religion populaire au Moyen Age, Presses Universitaires de France, 364 pages

 

—KENAAN‐KEDAR (Nurith), DEBIES (Marie-Hélène),1968, « Les modillons de Saintonge et du Poitou comme manifestations de la culture laïque », in Cahiers de Civilisation romane, XXXIXe année, 1986, pp. 311‐330,

 

https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1986_num_29_116_2341

"les modillons constituent un élément autonome de la sculpture romane et expriment par leur iconographie et leur style des tendances laïques qui s'écartent de l'art officiel ecclésiastique."

 

 

PRIGENT (Christiane), Sculptures de danseurs et de jongleurs dans les édifices religieux à l'époque romane et à l'époque gothique.

https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/MondeRomainMedieval/Prigent.pdf

Le monde des jongleurs.

http://jalladeauj.fr/musiciensetjongleurs/styled-4/

— RIO (Bernard), "Le cul-bénit amour sacré et passions profanes", 25 €, aux éditions Coop Breizh,

 

WIKIPEDIA, Iconographie des modillons romans.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Iconographie_des_modillons_romans

 

— Acrobates des modillons romans :

http://chapiteaux.free.fr/TXT_acrobates.html

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières Acrobate Anges musiciens Pleyben Sculptures
25 décembre 2014 4 25 /12 /décembre /2014 20:43

Les  47 anges de l'instrumentarium de la cathédrale du Mans.

Voûtes de la Chapelle de la Vierge par Jean de Bruges vers 1377.

 

concert 4456c

 

 

                 concert 1705c

 

 

concert 1708c

 

 

 

               concert 1710v

 

 

concert 1712c

 

 

                                        concert 1717c

 

 

 

concert 4414c

 

concert 1718x

 

 

                  concert 1722c

 

 

instrumentarium 4474cc

 

 

concert 4415c

 

 

 

concert 4417c

 

 

 

concert 4418c

 

 

concert 4419c

 

 

concert 4447c

 

 

concert 4450c

 

 

concert 4455c

 

 

concert 4457c

 

concert 4462c

 

 

concert 4464c

 

concert 4465c

 

 

 

 

concert 4534c

 

 

 

 

concert 4535c

 

 

  concert 4622c

 

concert 4574c   concert 4581c

concert 4541c

 

 

 

concert 4550c

 

 

concert 4552c

 

 

concert 4623c

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Published by jean-yves cordier - dans Le Mans Peintures murales Anges musiciens
3 septembre 2012 1 03 /09 /septembre /2012 21:42

Chapelle Notre-Dame de Carmès à Neulliac : les lambris du XVe siècle .

 

 

 

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Sur les peintures murales, voir aussi :

​Sur d'autres anges musiciens :

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La chapelle Notre-Dame de Carmès est un édifice de grande taille, propre à accueillir jadis les foules qui s'y rendaient de toute la région pour le grand Pardon ; mais si elle fut agrandie au XVIIIe, le premier sanctuaire date du XVe (1470-1500 par Jean du Porzo) , et sa tour du XVIe, avec une date gravée de 1521. 

  En 1705, le peintre La Palme réalisa un somptueux programme de décors des lambris, qui impressionne le visiteur dès qu'il pénètre dans les lieux. Cette oeuvre fut restaurée en 1814 par Blévin.

  En 1983, il était grand-temps de procéder à une restauration de grande ampleur, au cours de laquelle les lambris furent déposés. Or, ces travaux réservaient une énorme surprise : dans les deux bras du transept, l'ancien lambris se révéla orné de peintures du XVe siècle dans un état de conservation et de fraîcheur exceptionnel, consacrées à la vie de sainte Catherine. On trouva dans le chœur deux autres panneaux  consacrés à saint Pierre et à saint Jean.

  Les membres de la commission des Monuments historiques étaient enthousiastes : "Inestimable !" "Unique !" " Je dirais même plus, mon cher ami, ek-cep-cio-nel! " : c'est, à ce jour, le seul exemple de peinture sur bois de la première moitié du XVe siècle connu en Bretagne. C'était grossièrement  l'époque de la guerre de Cent ans, du règne de Charles VII ou de Louis XI, du peintre Jean Fouquet, et en Bretagne celui des ducs Jean V et François. D'autres sources indiquent une datation de la fin du XVe, vers 1470-1500, proche du mariage d'Anne de Bretagne et de Charles VII en 1491.

  Pourtant, les charpentes des églises et chapelles de Bretagne étaient, et sont encore, la plupart du temps, recouvertes par un lambris de chêne ou de sapin prenant appui sur les sablières, et ces lambris furent régulièrement peints, mais ces planches étaient sensibles à l'humidité et aux attaques des xylophages, et les comptes de fabrique mentionnent fréquemment la nécessité de leur réfection, soit par changement des boiseries, soit par superposition d'un nouveau lambris au dessus de l'ancien, soit par simple renouvellement des peintures.

    La surprise de spécialistes de l'art médiéval frappe aussi le visiteur du dimanche qui a traversé, écrasé par le faste des peintures, la nef et le chœur, et que l'on guide derrière l'autel ; passant une porte, il pénètre dans la belle sacristie peinte en gris. Il monte une escalier étroit et , poussant une nouvelle porte, il pousse aussi un cri, ou  reste ébahi : huit panneaux faits de planches inégales de bois clair sont répartis sur trois cotés de la pièce voûtée, et le trait fin et sûr des dessins semble avoir été tracé hier par un artiste contemporain, mais de talent rare.

  On ignore le nom de l'artiste du XVe siècle qui en est l'auteur, mais on évoque une influence flamande ou italienne, et on écarte la possibilité que ces lambris soient l'oeuvre d'un peintre local.

  Un beau travail de restauration a permis de débarrasser les panneaux de coulées noirâtres, bien visibles sur les premiers clichés qui furent pris avant que soit prise la décision d'aménager la sacristie pour y présenter ce corpus.     http://carmes.alvinet.com/visite/lambris-xv.html 

  Chaque panneau, de un mètre de large sur six de haut, se compose dans sa partie basse d'une scène historiée ou d'un saint personnage, et dans sa partie basse de deux anges tenant les instruments de la Passion ou participant à un concert spirituel.

  Après avoir donné une vue d'ensemble (mais les photographies sont celles qu'on peut attendre avec la taille réduite du local et l'éclairage adapté à la protection des œuvres), je présenterai la succession des anges, puis la bande dessinée de la partie inférieure. Je les numéroterai en partant de la gauche.

 

  A gauche : suite du cycle de sainte Catherine, trois panneaux 1 à 3.

                       general 7091c

 

Au centre , cycle de sainte Catherine, deux panneaux 4 et 5:

general-7084c.jpg

 

 

                             general-7093c.jpg

 

A droite : saint Pierre et saint Jean, et translation du cercueil de Catherine, trois panneaux 6 à 8.

 

                              general 7089c

 

 

 

I. Les anges musiciens : 

 Onze anges participent au concert : cinq musiciens jouant de la harpe, de la vielle à roue, de la sacqueboute, du luth à manche court et du psaltérion, accompagnant six chanteurs déchiffrant les partitions dont les portées comportent quatre lignes, et des notes représentées par des carrés noirs. La portée de quatre lignes est celle de la musique grégorienne, et la cinquième ligne est apparue à la Renaissance. Les œuvres de musique sacrée sont des chants des offices de Pâques et de Noël.

Ange jouant de la harpe, Panneau 1 :

  On compte les dix cordes de l'instrument. Les didascalies des psaumes Ps 6 et Ps 12 mentionnent la harpe à huit cordes, et le Psaume 33 dit : "Célébrez l'Éternel avec la harpe. Célébrez-le sur le luth à dix cordes".

                             lambris 7077c

 

Ange tenant un phylactère, Panneau 1

où est inscrit le début de l'hymne chanté à la liturgie des heures de l'office des matines et après l'évangile lors des messes des dimanches et fêtes : Te Deum laudamus te dominum confitemur. C'est le fameux Te Deum entonné lors des célébrations des victoires ou en hymne d'action de grâce en remerciement d'événement exceptionnel : "Dieu, nous te louons, Seigneur nous t'acclamons". Sa première mise en musique polyphonique date du XIVe siècle.

  La première lettre est en rouge, comme dans les manuscrits aux lettrines ornées, ce qui nous rappelle l'origine du mot rubrique emprunté au latin rubrica, terre rouge et désignant initialement le titre du chapitre, écrit en rouge. Le pigment était soit du minium ou un mélange minium-massicot, issu du plomb, soit du cinabre, vermillon fait de sulfure de mercure.

  Ici, l'ange est placé au dessus du supplice de l'arrachement mammaire de l'impératrice Faustine, pour rendre grâce de sa conversion et de son martyre.

 

                           lambris 7074c

 

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Ange tenant un rouleau , panneau 2

 Allel ... virginias que : uliu

Peut-être s'agit-il du chant de communion "Alleluia Beata viscera Mariae Virginis, quae portaverunt aeterni Patris Filium Alleluia". Heureux le ventre de la Vierge Marie qui porta le Fils de Dieu. (Office ordinaire de la sainte Vierge, de Pâques à Pentecôte, Paroissien romain). Il appartient bien à la musique sacrée et je je retrouve mentionné en 1300 dans le Codex Las Huelgas, ou bien chanté en grégorien par les moines de Solesmes sous le titre Beata Viscera.

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                         lambris 7075c

 

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Ange jouant de la vielle à roue, panneau 2 :

 L'instrument, aussi nommé chifonie, est connu depuis le IXe siècle, utilisé par les ménestrels. Il dispose  d'un clavier actionné par la main gauche, et il pouvait être joué à l'église sous le nom d'organistrum, par deux instrumentistes assis côte-à-côte, l'un tournant la manivelle et l'autre frappant des deux mains les touches du clavier. Au XVe siècle, on le trouve représenté entre les mains des anges, des rois ou de nobles personnages, ou a contrario tenu par les mendiants. 

  On le décrit comme "un instrument à cordes dont la table d'harmonie est percée d'une fente pour le passage de la roue et dont le manche, dégagé du corps, est monté de quatre cordes, deux bourdons placés de chaque coté du manche de l'octave et deux cordes mélodiques, accordées à l'unisson, passant dans une boite fixée à la table. Leur longueur est modifié par un clavier placé sur le bord gauche de l'instrument. L'archet est remplacé par une roue, mue par une manivelle et protégée par un couvercle de sapin" (http://www.peiresc.org/Musique/Musiq.03.html)

 

Ici, je vois cinq cordes, et la main gauche de l'ange, peut-être un simple figurant et non un instrumentiste confirmé, semble chercher en vain un clavier non représenté*. Le couvercle, orné ou percé d'une ouïe trilobée, semble très large ; mais je n'y connais rien.

  *Un commentaire avisé de Danièle Deveaux en avril 2014 corrige ma bévue : "Concernant l'ange jouant de la vielle à roue vous dites qu'il n'y a pas de clavier, mais en regardant attentivement à gauche de l'index de la main gauche, il y a 3 touches visibles. Elles peuvent se confondre avec les plis du tissu, mais un examen attentif permet de les distinguer."  Bien vu !

Mais a contrario, Arnaud Lachambre m'indique dans son commentaire d'août 2017 ceci : 

 

"Je tiens à m'inscrire en faux contre la remarque de Madame Danièle Deveaux, qui croit voir les touches de la vielle là où je ne vois que la prolongation des plis du vêtement. Cette erreur est bien compréhensible et pardonnable pour qui ne connait pas le fonctionnement d'une vielle à roue. D'abord parce que si touches il y avait, elles ne seraient pas sous l'éclisse ou le fond de l'instrument, mais sous le "plumier" ou boîtier où l'on voit ici les cordes, ensuite parce qu'il n'y en aurait pas que trois.

Mon hypothèse est que l'artiste, comme souvent, n'était pas familier avec l'instrument et l'a dessiné de mémoire ou à partir d'un croquis inexact. J'en veux pour preuve le nombre d'erreurs qui font que cette vielle n'est pas une reproduction fidèle d'un instrument existant : l'absence de touches donc, la disposition asymétrique des chevilles sur la tête, le cache-roue mal placé et succinctement dessiné, une décoration florale là où devrait être le cache-roue, l'absence d'ouïes, l'absence de cordes au niveau du corps de l'instrument (elles ne sont visibles que sur le manche, ce qui serait éventuellement possible plumier ouvert, mais dans ce cas seules une à trois cordes passeraient par là, le reste étant des bourdons disposés de chaque côté du boîtier, et l'artiste aurait alors négligé de représenter les tangentes et sautereaux), la mauvaise position du bras gauche de l'ange... 

Seule la forme générale de l'instrument rappelle des modèles connus antérieurement au Moyen-Âge et à la Renaissance, mais plus du tout en 1705. Le trait de renfort sur l'éclisse est en revanche un joli détail, conforme à de nombreux modèles comme la vielle du Manuscrit du Zodiaque (Lyon, 1430), jusqu'à la "Rixe des Musiciens de Georges de la Tour". 

Tout ceci étayerait l'hypothèse que l'artiste aurait basé cette représentation sur une ou plusieurs images anciennes plutôt que sur un instrument réel, et aurait pêché par oubli et imprécision sur nombre de détails."

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                        lambris 7070c

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Ange tenant un rouleau de musique , panneau 3.

La partition (qu'un musicologue pourrait peut-être étudier) comporte les lignes de portées, mais seuls quelques fragments des paroles (peut-être edi...clara ? ).

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                      lambris 7076c

 

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Ange jouant de la sacqueboute, panneau 3.

  Le nom tordu, et la forme en tuyau de plomberie qui pourrait être raccommodé avec un boud'ficelle dorée, de cet instrument en font, avec le serpent l'un de mes préférés. Sacquer et bouter, c'est pousser et tirer, et, à l'impératif, cela donne Sacque! Boute! Pousse! Tire!  mais en 1306, la sacqueboute est une arme, une "lance à bout crochu destinée à désarçonner l'adversaire" (Trésor de la Langue Française). Le mot apparaît en 1466 dans son emploi musical sous la plume de Pierre Michault pour désigner une trompette grave à pompe mobile.

  1466! Ce dessin du XVe est donc contemporain de l'apparition du mot.

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                        lambris 7071c

 

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Ange tenant une partition panneau 4.

 Je déchiffre "ipum e paschali lau(des) Agnius redemit mi..", ce qui renvoie à la séquence liturgique de Pâques Victimae paschali laudes, : A la victime pascale les chrétiens offrent leurs louanges ; l'Agneau a racheté les brebis. Composée par l'aumônier de l'empereur Konrad II Wipon vers 1040, elle figure dans le Codex Las Huelgas (1300) déjà cité ; parmi les seize séquences pascales médiévales, elle est la seule a été reprise dans le Missel Romain de 1570. Elle inspira le choral  Christ ist erstanden de Luther, repris par Jean-Sébastien Bach dans son choral BWV 4. Elle a donc donné lieu à des études approfondies http://www.bach-cantatas.com/CM/Christ-ist-erstanden.htm#Wipo1040

 

http://www.unavoce.fr/content/view/1198/64/

paques0_9_2_victimaepaschalilaudes.png

 

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lambris-7084c.jpg

 

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Ange du panneau 6 :

   Au dessus de saint Pierre, il déploie un instrument désormais invisible. Il s'agissait d'un manche à luth court.

 

                    lambris 7063c

 

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Ange tenant une partition panneau 6 :

 

 On déchiffre ..  quem .....p..

 s'agit-il du répons grégorien  ii, quem vidisti pastores ? de quem quaeritis ? de Beatus quem elgisti ? ou du second verset du Regina Coeli laetare, "quia quem meruisti portare alleluia" ? Bien que les fragments de lettres suivantes ne le laissent pas parfaitement imaginer, c'est la solution que j'adopte, puisque la première ligne de cette antienne est présentée par l'ange du panneau 7.

           lambris-7063cc.jpg

 

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Ange tenant un psaltérion, Panneau 7

  Cet instrument , que les anges affectionnent particulièrement, sans-doute-parce que son nom indique qu'il est destiné à accompagner les psaumes, est représenté depuis le XIIe siècle ; il se tient comme il nous en est donné ici une démonstration, la caisse de résonance plate appliquée contre le thorax, suspendu autour du cou par une sangle. La forme de" groin de porc" est caractéristique, de même que la tenue des plectres (en plume d'oie) entre index et majeur ou plutôt ici entre majeur et annulaire. Les cordes métalliques (une quinzaine) sont tendues entre des chevilles en os, et résonnent par sympathie lorsque l'une d'entre elles est pincée. Dès le siècle suivant, les anges l'abandonneront.

  On voit une rosace centrale et quatre ouïes rondes à chaque coin.

 

                            lambris-7061c-copie-1.jpg

                    

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Ange tenant une partition Panneau 7:

 Il s'agit de celle de l'antienne à la Vierge Regina celi letare, l'une des quatre antiennes mariales du catholicisme, et dont le texte est lié à la joie de la Résurrection : Regina coeli laetare alleluia / Quia quem meruistit portare alleluia / Resurrexit, sicut dixit alleluia / Ora pro nobis Deum alleluia. Elle est chantée à la fin des Complies du dimanche de Pâques à celui de la Trinité.

 

  Cet ange se tient au dessus de saint Jean.

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                       lambris 7060c

 

 

II. Anges tenant les instruments de la Passion.

Panneaux 4 et 5

Un ange porte, à droite, la colonne de flagellation.

L'ange de gauche tient un instrument haut de deux mètres, nommé Trompette marine, Trompa marina, un monocorde (mais il a pu avoir jusqu'à 4 cordes) à corde frotté par un archet droit (visible ici). J'ai observé cet instrument à Beauvais, joué par une sirène sur une peinture murale datant vers 1313 :

 http://www.lavieb-aile.com/2015/10/les-quatre-sirenes-musiciennes-de-beauvais.html

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Sirène joueuse de trompette marine, Beauvais, tour nord du palais épiscopal, photographie lavieb-aile.

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Je l'ai aussi entendu joué par un ange des voûtes de la chapelle mariale de la cathédrale du Mans. instrument à deux cordes).

http://www.lavieb-aile.com/article-un-concert-de-noel-pour-nicole-et-michel-125275886.html

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concert 1722c

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Enfin, on peut voir un ange musicien jouant de la Trompa marina sur le retable peint par Hans Memling pour Santa Maria la Real de Najera. (Merci à "P.L" pour ces informations en commentaire).

lambris 7083c

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      Panneau 5, registre moyen :

      L'ange porte la lanterne et l'éponge imbibée de vinaigre. 

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 lambris 7092ccc

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      Panneau 8;

L'ange porte la lance qui frappa le flanc droit du Christ en croix.

                         lambris 7062c

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Au dessus de lui, un ange porte la croix :

lambris-7089cc.jpg

 

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      III. Le cycle de sainte Catherine.

 Il s'agit de la légende de sainte Catherine d'Alexandrie, telle qu'elle a été recueillie par l'italien Jacques de Voragine et écrite en latin dans la Légende Dorée entre 1261 et 1266, chapitre CLXIX pour la fête du 25 novembre. Mais une Vie Sainte Katherine versifiée avait précédé la Légende dorée, écrite en français par Clémence de Barking, moniale de l'abbaye de Barking, entre 1153 et 1175.  On peut citer aussi :

  • La vie me damne sainte Kateline Vierge, vers, anonyme
  • De Sainte Catherine (1616 octosyllabes d'une version picarde)
  • Dés le XIIIe siècle une Passion de sainte Catherine fut écrite par Aumeric Talbert en dialecte poitevin.
  • La Légende dorée est traduite en  français en prose vers 1348 par Jean de Vignay.
  • Cette traduction est reprise en 1476 par le dominicain Jean Batallier, de l'Université de Paris.
  • La vie de sainte Katherine en prose par Jean Miélot paraît en 1457, commanditée par Philippe III le Bon, duc de Bourgogne. 
  • La première version connue publiée en breton date de 1576, à Curburien, imprimerie St François. (Aman ez deraov buhez an itron sanctes Cathell guerhes ha merzeres en Brezonec neuez Imprimet e Cuburien euit Bernard de Leau, peheny a cho e Montrolles, voar pontz Bouret : en bloaz M.D.LXXVI)

  Il est très vraisemblable que des Passions de Sainte Catherine, Vierge et Martyre ont figuré dans le répertoire du théatre religieux, avec leur très nombreux figurants, et que les scènes que nous découvrons ici avaient été vues par les paroissiens sur les tréteaux avant de figurer sur les lambris. Le 26 février 1454, à Rouen, on joua le Mystère de sainte Catherine sur le Marché aux Veaux (M. Bouhaïk-Girones), et le Jeu de sainte Catherine à Metz en 1434 (durant trois jours) sur la place du marché. Cette fois-là, le rôle de Catherine était tenu par un notaire nommé Jean Didier, les femmes étant sévèrement exclues.

 

Nous avons affaire (comme sur les vitraux des Vies de Saint du XVe) à des images placées au dessus d'une inscription gothique, comme une bande dessinée. Pour les décrire, je placerai les panneaux selon l'ordre narratif logique, et je débuterai par l'inscription.



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Panneau 5 : 

Saincte Katherine devroy convertist a nostre foy cinquante grans mestres en ars quelle par macence furent c...

Soit ; Sainte Catherine en vérité convertit à notre foi 50 grands maîtres (ou philosophes païens) en argumentation  quele par Maxence furent c..

  On note les tildes et les P barrés abréviatifs.

  L'image décrit peut-être aussi une première rencontre de "Catherine, fille du roi Coste, née dans la pourpre et élevée dès l'enfance dans les arts libéraux" et de Maxence, empereur romain : la jeune (et extrêmement jolie, selon Maxence) demoiselle s'adresse sans vergogne à l'empereur alors qu'il s'apprête à offrir un sacrifice aux idoles et à contraindre les chrétiens à y assister ; et la voilà discutant "conformément aux diverses modes du syllogisme, par allégorie et par métaphore" et laissant Maxence stupéfait et coi.  C'est alors qu'il décide de convoquer à Alexandrie "tous les grammairiens et rhéteurs du temps" en leur promettant de fortes récompenses s'ils parvenaient à répondre à cette effrontée à la pernicieuse éloquence qui prétend que les dieux romains ne valaient rien à coté de son Seigneur Jésus-Christ.

  On voit donc Maxence assis sur le trône impérial et tenant son sceptre, entouré de huit philosophes vêtus à la mode du XVe siècle, comme les bourgeois du temps de Louis XI. Catherine, aidée par un ange qui lui dicte secrètement  répond point par point à ses interlocuteurs, chacun utilisant le fameux comput digital scholastique. Au VIIIe siècle Bède le Vénérable (Beda venerabilis) en avait conseillé l'usage dans son De loquela per gestum digitorum, dont la lecture est, à mon sens, trop négligée.

  La future sainte est déjà auréolée, elle porte une robe longue damassée et dorée recouverte par un corselet (ou cotte cintrée) frappé d'hermines. Elle est couronnée puisqu'elle est fille de roi. Les cheveux longs tombant dans le dos sont ceux d'une jeune vierge.

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                                        catherine 7095c

 

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catherine 7081c

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Panneau 4 : 

La roigne la va visiter en la charte par compagnie Katherine luy va precher la foy divine et fut convertie.

 

  Les cinquante philosophes s'avèrent non seulement incapables de démontrer que les propositions de Catherine étaient erronées, mais au contraire si convaincus de le justesse de ses dires qu'ils se convertissent au Christ ; si bien que Maxence les fait brûler vifs.

 

"Pendant que les chrétiens s'occupaient de les ensevelir, Maxence dit à Catherine : "Noble fille, aie pitié de ta jeunesse, et je te ferai impératrice dans mon palais, et le peuple adorera ton image au milieu de la ville!". Mais elle : "cesse de dire des choses dont la pensée même est un crime. J'ai pris le Christ pour fiancé, lui seul est ma gloire et mon amour ; et ni caresses ni tourments ne pourront me détourner de lui!". L'empereur la fit alors dépouiller de ses vêtements ; il la fit frapper de griffes de fer, puis, l'ayant jetée dans une obscure prison, il ordonna que pendant dix jours on la laissât sans nourriture."

   "Or sa femme qui avait pour amant un officier nommé Porphyre, vint la nuit dans la prison de Catherine. Et, y étant rentrée, elle vit la cellule remplie d'une clarté immense, et elle vit que les anges pansaient les plaies de la prisonnière. Et celle-ci, s'étant mise à lui décrire les joies éternelles, la convertit et lui prédit la couronne du martyre. Ce qu'apprenant, Porphyre alla se jeter lui-aussi aux pieds de Catherine, et il reçut la foi du Christ avec deux cents de ses hommes." (Jacques de Voragine, Légende dorée).

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                          catherine 7094c

 

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Panneau 3 :

Puis ung a(n)ge  luy envoia.  d' paradis qui onguent po(u)r la guerir lui apporta + la co(n)forta doulcement.

    On remarque toujours les tildes remplaçant les "n", le signe + remplaçant "et",  le mot "a(n)ge oublié qui a été suscrit, l'élision du "u" dans "du paradis", les lettres conjointes pa (paradis), po (pour), do (doulcement), ou encore l'abréviation de "pour" par por.

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 catherine 7067c

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catherine 7073c

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Panneau 2:

Comment les roues so(n)t paretz. pour Katherine marturer. ung foueld(r)e du ciel desce(n)d qui quat(re) m(ille) païe(n)s destruit..

Le mot "marturer" est la forme en moyen français (martyrer, martirier) de "martyriser". (Glossaire de la langue romane de Jean-Baptiste de Roquefort).

  Maxence revenant de voyage retrouve celle qu'il a enfermée 10 jours sans nourriture aussi fraîche qu'une autre jouvencelle ; il lui propose à nouveau de l'épouser, et devant son refus il lui donne le choix entre l'abjuration de sa foi, ou la mort dans des tourment effroyables : il ne fallait pas en promettre tant à la vierge exaltée : "Quelques tourments que tu puisses imaginer, n'hésites pas à me les infliger, car j'ai soif d'offrir ma chair et mon sang à Jésus."

  " Alors un préfet conseilla à l'empereur de faire garnir quatre roues de pointes de fer, et de s'en servir pour déchirer les chairs de Catherine, de façon à épouvanter par un tel  exemple les autres chrétiens. Et l'on décida que de ces quatre roues, où on attacha la sainte, deux seraient poussées dans un sens, et deux dans un autre, pour que les membres de Catherine furent arrachés et broyès en morceau. Et voici qu'un ange secoua si fortement la masse énorme des quatre roues que quatre mille païens périrent écrasés." (Jacques de Voragine, Légende dorée) 

 

 Le peintre, qui ne manquait pas d'humour, a placé au dessus de cette scène l'ange qui tourne, comme un tournebroche, la manivelle de la vielle à roue...

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                      catherine 7068c

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                  lambris 7070c

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 catherine 7072c

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Panneau 1 :

Quand le roy luy la fist ...denude entière.

 

  On pourrait penser qu'il s'agit d'un nouveau supplice réservé à Catherine, celui de l'arrachage des seins, comme celui que connut son alter ego sainte Barbe. Mais on lit :

"En ce moment, l'impératrice, qui avait assisté à la scène [celle des roues ] du haut du palais, s'enhardit à descendre, et reprocha à son mari tant de cruauté. Le roi lui fit arracher les mamelles, puis trancher la tête." (ibidem)

En réalité, le panneau représente sainte Catherine flagellée par deux bourreaux, dont on voit au dessus des quatre planches de restauration, l'extrémité des fouets dardés de barbelés. 

 

                                        catherine 7069cc

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Panneau 8 :

Les anges l'ont enseveli

"Après quoi la sainte eut la tête tranchée, et de son corps jaillit du lait au lieu du sang. Et des anges, recueillant ses restes, transportèrent son corps sur le mont Sinaï." (ibid.)

 

                        lambris 7066c

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IV Un saint Pierre et saint Jean.

 

Panneau 6 : saint Pierre (?) ou un saint évangéliste.

Pas d'attribut visible ; la chapelle Notre-Dame de Carmés était autrefois dédiée à saint Pierre et saint Paul. Mais l'absence de calvitie et de toupet, de clefs ou d'épée ne plaide pas pour cette hypothèse. 

   Ce panneau était placé dans le chœur face à saint Jean, et il s'agit donc peut-être d'un des trois autres évangélistes (Matthieu, Luc et Marc). L'objet qui apparaît mal entre les mains du saint se révèle être un livre (caractéristique des apôtres en général et des évangélistes en particulier) sur les clichès qui précèdent la restauration, et peut-être un animal ou l'ange de Matthieu peut s'imaginer en dessous. 

                   pierre-et-jean 7064c

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Panneau 7 : saint Jean

  Jean l'évangéliste est représenté avec deux de ses attributs, l'aigle à ses pieds et la coupe d'où sortent les serpents témoins du poison qu'elle contenait.

On lit l'inscription (S)aint J.h.n

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                      pierre-et-jean 7065c

 

 

 

                             pierre-et-jean 7088c

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 Remerciements.

  Merci aux auteurs des commentaires (cf infra), qui m'ont permis de corriger mes erreurs et contre-sens.

 

      Sources et liens: 

http://carmes.alvinet.com/visite/lambris-xv.html 

http://delestienne.eu/France/Neulliac/Notre-Dame-de-Carmes.html

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Published by jean-yves cordier - dans Peintures murales Anges musiciens Neuillac

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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