Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Ste-Barbe du Faouët (56) : III. Le vitrail de sainte Barbe, en baie 1.
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— Pour les autres vitraux de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët,, voir :
- Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët (56) : I. Baie 6, Ascension et Pentecôte.
- Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët (56) : II. la Transfiguration. Baie 2. ca. 1512-1515.
- Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët (56) : IV. Baie 3, le Martyr de sainte Barbe.
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— Pour une présentation détaillée de la Légende de Sainte Barbe, voir :
La chapelle Notre-Dame de Lannelec à Pleyben. Deuxième partie : Sainte-Barbe .
— Pour le culte de sainte Barbe contre la foudre, voir :
- Foudre et clocher : iconographie de Sainte Barbe ; une inscription en breton à Pleyber-Christ.
Église Saint-Thurien à Plogonnec II : Une inscription du tonnerre !
— Statues de sainte Barbe : elles sont innombrables.
- Chapelle de la Fontaine Blanche à Plougastel
- Chapelle Sainte-Barbe de Plestin-les-Grèves (22).
- Chapelle de Bodonou à Plouzané (29)
- Chapelle Sainte-Marine à Combrit (29)
- Eglise Saint-Nonna à Penmarc'h (29)
- Eglise de Guengat (29)
- Eglise de Locronan (29)
— Vitraux de la Vie de sainte Barbe :
- Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët (56) : I. Baie 6, Ascension et Pentecôte.
- Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët (56) : II. la Transfiguration. Baie 2. ca. 1512-1515.
- Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët (56) : IV. Baie 3, le Martyr de sainte Barbe.
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Présentation.
La chapelle Sainte-Barbe est éclairée par six baies, dont quatre (baies 1 ; 2 ; 3; et 6) ont conservé leur verrières d'origine, installées entre 1512 et 1515 lors de sa construction commanditée par le seigneur du lieu, Jean de Bouteville.
Placée à gauche de l'autel près d'une statue de sainte Barbe, la baie 1 mesure 4,80 m de haut et 1,40 m de large et est divisée en trois lancettes (A, B, C) coiffées d'un tympan à sept ajours et écoinçons.Chaque lancette est divisée au tiers supérieur par un meneau, cloisonnant le niveau inférieur avec le niveau supérieur qui reçoit des dais architecturés. Le niveau sous-jacent, lui-même composé de deux registres est consacré en partie basse aux donateurs et à la Vierge, et en partie haute à des scènes de la Vie de sainte Barbe.
Le vitrail a été restauré dès la seconde moitié du XVIe siècle, puis au XIXe siècle, avant la restauration menée en 1882-1888 par l'atelier Hucher du Mans, qui a créé entièrement le panneau de la Vierge. Au XXe siècle, il a été restauré par l'atelier Hubert de Sainte-Marie à Quintin (22)
Plan de la chapelle Sainte-Barbe dans l'Inventaire topographique page 286 : la baie 1 correspond ici à Nord II
Il forme, comme ce plan le montre, un ensemble en triptyque encadrant l'hémi-hexagone qui fait ici office de chœur, centré par l'autel. A droite de l'autel se trouve la statue de la Vierge, et à gauche, sur un socle portant des armoiries, celle de sainte Barbe. Des œufs d'autruche votifs y sont suspendus, en lien avec les boules de feu créés par les éclairs, puisque la sainte est invoquée pour protéger de la foudre.
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Statue de sainte Barbe, XVIIe siècle, bois polychrome.
h. 1,66 m. "Chevelure retenue par un voile, debout, vêtue en costume Louis XIII (hongreline et jupe ample) et d'un manteau drapé, tenant une palme de martyre dans la main droite. Tour en demi-relief plaquée contre le mur." (Inventaire régional, 1975).
L'"hongreline" est défini par le CNRTL comme "Justaucorps cintré, pincé aux hanches, fendu un peu au-dessus de la ceinture, porté par les officiers d'infanterie jusqu'au milieu du XVIIe siècle; sorte de camisole à grandes basques portée par les femmes". On la décrit aussi comme une courte veste à basques, ou comme "un corsage ajusté, à longues basques flottantes, porté sur la jupe par les femmes du peuple ou de la campagne", ou " un manteau ou une redingote descendant à mi-cuisse, généralement garni et / ou doublée de fourrure développé et popularisé sous le règne de Louis XIII depuis la Hongrie ou l'Allemagne. La hongreline a été porté à la fois par les militaires et par les civils."
On peut noter aussi le pendentif en cœur enflammé porté par le collier de grosses perles.
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REGISTRE INFÉRIEUR : DONATEURS ET VIERGE.
La présence de ces donateurs nécessite un rappel historique et héraldique.
La chapelle est construite à 178 mètres d'altitude sur une plateforme à flanc de la falaise de Roc’h ar marc’h bran, en surplomb de la rivière Ellé (100 mètres plus bas), du XVIe siècle au XVIIIe siècle avec les principaux travaux réalisées de 1489 à 1512. Selon la tradition locale, elle est le résultat du vœu d'un seigneur de Locmalo, Jean de Toulbodou, qui, pris dans un orage à cet endroit lors d'une chasse, promit d'édifier un lieu de culte à sainte Barbe s'il échappait à la foudre. Le lendemain Toulbodou achète le terrain au baron du Faouët, Jehan de Bouteville, et fait entreprendre sa construction à partir du 6 juillet 1489. (Wikipédia)
la "tradition locale" est authentifié par l' acte de donation du terrain (6 juillet 1489) et par l'inscriptiion en caractères gothiques en relief de la console d'une statue placée sur le mur est du bras sud du transept :
Le comecem[ent] ceste cha / pelle fut le VI iour de / juillet lan mil CCCC IIII XX neuff
"Le commencement de cette chapelle fut fait le sixième jour de juillet de l'an 1489". (les tildes du o et du e de "comecement" sont presque détruits). La console semble avoir été brisée, car le rouleau est tenu par deux anges dont on ne voit que la main et la robe.
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La chapelle n'a pas reçu, comme toutes celles de la région, une charpente et une couverture en bois, mais une voûte en pierre sur croisées d'ogives. A la croisée des ogives de la voûte du chœur, cinq anges présentent des écussons aux armes des Bouteville d'argent à cinq fusées de gueules rangées en fasce, des Toulbodou "d'or semé de feuilles de houx de sinople", et de leurs alliés les Talhouët "d'argent à trois pommes de pins de gueules". A la clef de voûte du carré du transept, les cinq fusées de gueules des Bouteville est entouré d'une guirlande de feuillages et de fruits tenue par quatre angelots. La clef de voûte du bras sud du transept présente aussi le blason des Bouteville. Mais celle du bras nord du transept, ce blason est tenu par un ange de belle taille , et un phylactère court autour de lui, portant cette inscription :
Lan : mil Vcts XII fut faicte ceste voute.
"L'an 1512 fut faite cette voûte."
C'est ainsi que l'on peut dater les vitraux toujours placés après l'achèvement de la couverture d'un édifice, entre 1512 et 1515.
La famille de Bouteville.
Si Jean de Toulbodou, dont les armoiries sont d'or semées de feuilles de houx de sinople est le fondateur de la chapelle, les droits prééminenciers de celle-ci étaient détenus par la famille de Bouteville, et ce sont donc leurs armoiries qui y sont principalement visibles.
Les Bouteville (ou Boutteville) sont originaires de Normandie. Puis ils se scindèrent en une branche anglaise qui, sous le nom de Botfield, conserva le blason, et une branche bretonne qui suivit Pierre de Dreux lorsque celui-ci fut nommé duc de Bretagne en 1213, et adoptèrent les armoiries d'argent à cinq fasces de gueules. Ils alors devinrent seigneurs du Faouët par alliance, et y disposèrent d'un château. Le château fort des Boutteville au Faouët, que le chroniqueur médiéval Jean Froissart qualifie de « petit fort », fut assiégé en 1342 par les troupes du roi d'Angleterre Édouard III pendant la guerre de Succession de Bretagne. Une garnison anglaise s'y installa mais le château fut successivement repris par les partisans de Charles de Blois et de Jean de Montfort. À la fin de la guerre, le château était ruiné et les seigneurs du Faouët firent de leur manoir à Le Saint leur résidence principale. Ils ne se réinstalleront dans la petite ville qu'au milieu du xvie siècle.
Les Bouteville seront toujours de fidèles alliés des ducs de la dynastie des Montfort. Ils en seront récompensés en figurant parmi les chambellans de la cour ducale sous le duc François II et en étant honorés du titre de barons par la duchesse Anne.
- Hervé, sénéchal de Ploërmel et Broërec en 1270, est sans-doute celui qui épousa l'héritière du Faouët.
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- Jean I de Bouteville, seigneur du Faouët, marié à Andrée de la Rivière
- Jean II, marié en 1373 à Jeanne de Quélen
- Jean III, marié à Isabeau de Penhoet. En 1420, il prit les armes pour délivrer le duc Jean V, amlors prisonnier des Penthiève. En 1427, il fut capturé par les anglais au Mont Saint-Michel
- Jean IV (1405 -, marié à Alix de Coetquénan (fille d'Olivier de Coëtquenan et de Blanche de Cornouaille). Armoiries des de Coetquénan : d'azur au chateau d'or.
- Jean V de Bouteville, seigneur du Faouët et de Barrégan, vicomte de Coetquénan, chambellan du duc François II, est celui qui vendit en 1489 l'emplacement de la chapelle Sainte-Barbe. Il épousa Marie de Quimerc'h le 28 novembre 1453. Marie de Quimerc'h ou de Kerimerc'h (1445 -), est la fille de Charles, seigneur de Kerimerc'h (1415 - 1485). Ils eurent onze enfants dont Catherine et Louis.
- Louis de Bouteville (- 18 mars 1539), épousa le 19 janvier 1498 Jeanne du Chastel (fille d'Olivier du Chastel et de Marie du Poulmic). La famille du Chastel porte fascié d'or et de gueules de six pièces.
- Yves de Bouteville (aveu du 4 juin 1542), marié avec Renée de Carné. Il commandait en 1546 le ban et l'arrière-ban de l'évêché de Cornouaille .
- Jeanne de Bouteville, dame du Faouët, vicomtesse de Coëtguenan †1572 , mariée en secondes noces en février 1559 avec Claude, marquis de Goulaine, 1512-1579 seigneur de Goulaine, baron de Blaison, chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, né le 12 février 1512 - Raix (16), décédé le 24 avril 1579 - Le Saint (56) à l’âge de 67 ans , inhumé à la chapelle Notre-Dame en Le Saint (56) et fils de Christophe de Goulaine et de Claude de Montjean. Claude de Goulaine mourut avant la Ligue.
et Yves, abbé de Langonneten 1518 † 1536.
Les successeurs à la seigneurie du Faouët. Goulaine et du Fresnay.
La famille Goulaine succède aux Bouteville, par alliance, à partir de 1559.Les Goulaine étaient une famille noble ancienne, citée lors de la septième croisade (1248). Au cours des Guerres de religion, les Goulaine ont combattu dans les rangs de la Ligue catholique :Gabriel, sieur de Goulaine, à la tête de cinquante lanciers, et son frère Jean, baron du Faouët, ont conquis le château de Trogoff (Plouescat) et celui de Kérouzéré (Sibiril) en 1590.
Blasonnement : Mi parti d'Angleterre et de France (mi-parti de gueules à trois léopards d'or passant l'un sur l'autre et d’azur à trois fleurs de lys d'or
- Claude de Goulaine (cf. supra.
- Jean de Goulaine, baron du Faouët, ardent ligueur, prit part à l'attaque de Kerouzeré (Sibiril) en 1590, fit sa soumission en 1598, et vivait encore en 1615.
- Gabriel de Goulaine épousa Claude de Nevet, et mourut sans postérité.
La baronnie du Faouët sera rachetée par Sébastien du Fresnay, conseiller du roi au Parlement de Bretagne avant 1644..
Armoiries des voûtes, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
Registre inférieur, verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
Lancette A : Sainte Barbe présentant la donatrice et ses filles.
Tête de sainte Barbe en partie restaurée.
La robe de la donatrice porte en alliance les armes des Bouteville et celles des Du Chastel. Cette partie a été refaite, et le restaurateur a donc pris le parti d'identifier les donateurs comme étant Louis de Bouteville et son épouse Jeanne du Chastel, les seigneurs du Faouët à la date de la création des vitraux. On retrouve ces armes en alliance parmi les blasons de la voûte.
La difficulté tient par exemple du fait que je ne retrouve pas de généalogie précisant les différents enfants de Jeanne du Chastel, hormis Yves de Bouteville, et que je ne peux vérifer si elle donna naissance à des (deux) filles. Les auteurs du Corpus Vitrearum écrivent à propos de la donatrice "peut-être Jeanne du Chastel".
La donatrice porte la coiffure que porte Anne de Bretagne dans son portrait par Bourdichon dans les Grandes Heures (vers 1508). Celle-ci set constituée de trois éléments, un premier bonnet de tulle plissé puis une sous-coiffe rouge à galon or, et enfin un voile au galon enrichi de pierreries (cabochons noirs certis d'or).
Comme Anne de Bretagne, Jeanne du Chastel et ses filles portent aussi un collier près du cou au dessus d'une encollure carrée. Autre point commun, les manches très larges laissant apparaître une sous-manche rouge, plissée et resserré sur le poignet. Enfin, la posture est la même, à genoux devant le prie-dieu où un livre d'Heures est ouvert, les mains jointes et le regard fixé vers un objet de dévotion (la Vierge à l'Enfant dans le cas présent).
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La robe de Jeanne du Chastel, celles de ses filles et celle de la sainte patronne ont le même élément pectoral en bustier échancré à la taille, et on retrouve ce détail vestimentaire sur sainte Catherine dans le portrait des Grandes Heures de Bretagne (supra). Ici, il est de drap fin (soie ?) entièrement frappé d'un décor, brodé ou damassé, et comporte au centre une bande alternant des médaillons ovales à quadrilobes et des paires de boutons.
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la donatrice (Jeanne du Chastel ?) et l'une de ses deux filles, verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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L'analyse de la partie inférieure de la robe de la donatrice est difficile, car la photographie a été prise sous le vif éclairage intérieur de la chapelle, qui met en évidence la mise au plomb mais casse le jeu de la lumière extérieure sur le verre coloré. On voit néanmoins la bande verte du tissu damassé recouvrant le prie-dieu, la bande de six à huit rectangles horizontaux correspondant sans-doutes à l'alternance des fasces rouges et or des armoiries des du Chastel, et la bande de trois losanges rouges correspondant, à parti, aux fusées de gueules des armoiries des de Bouteville.
Sainte Barbe nimbée, aux longs cheveux blonds, tient son attribut principal, la tour à trois fenêtres, métaphores de la sainte Trinité. (la chapelle comporte une tour identique, avec ses trois étroites ouvertures). Elle porte au dessus d'une robe dorée serrées par une ceinture, et du curieux pourpoint déjà décrit, un manteau bleu à capuchon blanc, attaché par un fermail rouge et or.
Sainte Barbe présentant la donatrice (Jeanne du Chastel ?) et ses deux filles, verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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Lancette B : Saint Fiacre présentant le donateur .
panneau inférieur refait.
On compte cinq enfants, dont un blond, derrière le donateur. Puisque les filles étaient groupés derrière la donatrice, ce sont en toute logique ici des garçons. Si on considère qu'il s'agit de Louis de Bouteville, le couple Louis et Jeanne auraient eu (au moins) sept enfants.
Louis de Bouteville est à genoux devant son prie-dieu, tourné face à la Vierge, revêtu de son armure dont il a posé le casque à panache. Au dessus de cette armure, il porte le tabard à ses armes, blanc à losanges rouges, soit d'argent à cinq fusées de gueules rangées en fasce. Sa coupe de cheveu à raie centrale est celle d'un gentilhomme du début du XVIe siècle sous le règne de Louis XII, avant que François Ier n'adopte et n'impose en 1521 la barbe, et une coupe plus libre.
Saint Fiacre présente les donateurs. Pourquoi lui ? Bien-entendu en raison du culte privilégié que les seigneurs de Bouteville lui rendaient depuis Jean III de Bouteville, en fondant une chapelle et un hôpital en 1436. Le saint patron des jardiniers, et surtout le saint thaumaturge guérisseur des hémorroïdes et autres tuméfactions ficoïdes se reconnaît évidemment à sa bêche (dont le tranchant est toujours distinct de la base du fer), mais aussi à son scapulaire et à sa bure qui témoigne de son statut de moine. Son visage barbu est-il dû à une réfection ?
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Saint Fiacre présentant le donateur (Louis de Bouteville ?), verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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Saint Fiacre présentant le donateur (Louis de Bouteville ?), verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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Lancette C : Vierge à l'Enfant et serpent.
Gattouillat et Hérold écrive page 291 : "Vierge à l'Enfant réalisée lors de la restauration de la verrière en 1887 par l'atelier Hucher (date et signature) qui s'inspire de la disposition du registre inférieur de la baie 2 et vice versa". Elle est nimbée et couronnée, et foule un serpent volumineux aux écailles grisâtres.
L'enfant, tenu sur le bras droit, tient un fruit jaune à quartier ou à côtes (agrume ? grenade ??).
LUAP. DRABI/ G. LUAP. DR (Je n'ai pas trouvé d'interprétation de ce qui peut être la signature du verrier).
AVE MARIA répété sur le galon du manteau.
En toutes petites lettres qui fait hommage à l'humble discrétion du restaurateur, on peut lire sur le socle l'inscription RESTAURÉ PAR LA FAB(rique) DU (Car)MEL dU MANS PAR MM. HUCHER ET FILS SUCCRS EN 1887.
Vierge à l'Enfant (XIXe), verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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Vierge à l'Enfant (XIXe), verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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REGISTRE SUPÉRIEUR : VIE DE SAINTE BARBE.
Registre supérieur, verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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Lancette A : Sainte Barbe enfermée dans sa tour est visitée par un ange.
Le vitrail a connu quelques restaurations, comme la partie inférieure de la scène, ou une partie de la tête de l'ange. On remarquera la meurtière à trois
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Ce panneau m'évoque celui du lambris de Neuillac où un ange remet à sainte Catherine un onguent pour soigner ses blessures :
http://www.lavieb-aile.com/article-les-lambris-gothiques-de-n-d-des-carmes-a-neuillac-une-superbe-surprise-109714066.html
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Sainte Barbe emprisonnée dans sa tour est visitée par un ange, verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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Lancette B. Le père de sainte Barbe lui demande l'explication des trois fenêtres percées dans la tour.
Scène moderne.
Inscription sur le galon du père : --QAB : MC : OR BICMIOU ---O--B/ ---DIO
(déchiffrée par l'Inventaire MRO (Q?) IB : M CORBIC MIO... ).
Les auteurs de l'Inventaire Régional de 1975 interprètent ce panneau comme "sainte Barbe et son père lui montrant la tour dans laquelle elle doit être enfermé", mais je propose d'y voir plutôt le moment où, déjà enfermée, elle témoigne de sa foi dans le dogme de la sainte Trinité en faisant percer dans sa prison une troisième fenêtre. Bien que j'ai donné dans un article précédent le récit détaillé de la Légende, j'en rappelle le résumé disponible sur Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbe_la_grande_martyre
"Sainte Barbe aurait vécu au milieu du iiie siècle après Jésus Christ en Bithynie (pan nord-ouest de l'Anatolie) sous le règne de l’empereur Maximien. Son père, Dioscore, aurait été un riche édile païen d'origine phénicienne. Un jour, son père décida de marier Sainte Barbe à un homme de son choix; elle refusa et décida de se consacrer au Christ. Pour la punir, son père l’enferma dans une tour à deux fenêtres, mais un prêtre chrétien, déguisé en médecin, s’introduisit dans la tour et la baptisa.
Au retour d’un voyage de son père, Barbe lui apprit qu’elle avait percé une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour représenter la Sainte Trinité et qu’elle était chrétienne. Furieux, le père mit le feu à la tour. Barbe réussit à s’enfuir, mais un berger découvrit sa cachette et avertit son père. Ce dernier la traîna devant le gouverneur romain de la province, qui la condamna au supplice. Comme la jeune fille refusait d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonna au père de trancher lui-même la tête de sa fille. Elle fut d'abord torturée : on lui brûla certaines parties du corps et on lui arracha les seins, mais elle refusa toujours d'abjurer sa foi. Dioscore la décapita mais fut aussitôt châtié par le Ciel. Il mourut frappé par la foudre."
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Les "fenêtres" sont dessinées ici comme trois meutrières dont la forme en croix ajoute un symbole supplémentaire.
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Lancette B. Le père de sainte Barbe lui demande l'explication des trois fenêtres percées dans la tour. verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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La tour de la chapelle Sainte-Barbe, ses trois fenêtres et la statue de sainte Barbe. Photographie lavieb-aile.
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La tour de la chapelle Sainte-Barbe, ses trois fenêtres et la statue de sainte Barbe. Photographie lavieb-aile.
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Lancette C. Sainte Barbe et la tour.
L'interprétation de ce panneau n'est pas claire.
Remarquer une pièce posée "en chef-d'œuvre" entre le bras gauche et la poitrine : elle est découpée à l'intérieur (j'évite de dire "au sein de " ) de la pièce de verre de couleur jaune.
Lancette C : sainte Barbe; verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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NIVEAU SUPÉRIEUR : DAIS ARCHITECTURÉS.
Dais architecturés, verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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Lancette A
Un lion rehaussé de jaune d'argent se tient au centre. On lit autour de la coupole en partie basse l'inscription AVEGR- / AVEGR- interprétée comme AVE GRATIA / AVE GRATIA
Dais architecturé lancette A, verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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Lancette B.
On lit cette fois l'inscription INOMNEM répétée en miroir (inversion du verre ?) du coté droit. On peut l'interpréter comme l'incipit du verset 5 du psaume 19 (18) In omnem terram exivit sonus eorum et in fines orbis terrae verba eorum : "Leur retentissement parcourt toute la terre, leurs accents vont aux extrémités du monde, où il a dressé une tente pour le soleil.". Ce verset est intégré dans la liturgie catholique en antienne, par exemple dans le premier Nocturne du Commun des Apôtres.
Dais architecturé lancette B, verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
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Lancette C.
Pas d'inscription, ou bien celle-ci a été perdue et remplacée par une succession d'orbes.
Dais architecturé lancette C, verrière de sainte Barbe, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
TYMPAN
Armoiries entièrement refaites (d'après l'ancien ?). 1. En prééminence, armes de Bouteville pleines. 2. Écu parti de Bouteville / du Chastel. 3. Armes des Trégain (ou des Trésiguidy) aulambel à trois pendants. 4. Écu parti des Trégain (ou Trésiguidy ?) au lambel / Kermeno (?). 5. Écu parti des Trégain (ou Trésiguidy ?) au lambel / La Bouëxière
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SOURCES ET LIENS.
— Le Faouët et Gourin, inventaire topographique, Secrétariat d'État à la Culture, Paris, Imprimerie Nationale 1975. page 41 et fig. 118 et 119 page 288.
— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Mchel), 2011, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes,
— LENA (Laurent), 1989, Le Faouët, la Chapelle Sainte Barbe : Son histoire, 1489-1989