Les crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz à Roscoff (1522-1545).
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Cet article appartient à une étude des crossettes du Finistère destinée à permettre des comparaisons et à dégager des constantes stylistiques et thématiques. On consultera sur ce blog :
- L'église Notre-Dame de Rumengol. V : Le clocher, ses cloches et ses gargouilles ; ses crossettes.
- Les sculptures sur pierre de l'abbatiale de Daoulas.
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Fondée sur une dune, terrain pris sur la mer, à l'initiative des armateurs de la cité et par les marchands du bourg en 1522, l'église Notre-Dame-de Croas-Batz (ou Croaz-Batz : "la croix de Batz"), De style gothique flamboyant, a été commencée vers 1520 par la nef, s'est poursuivie au cours du 16ème siècle par le porche occidental, ne fut achevée qu'en 1545 (voire jusqu'en 1605, par le chœur à chevet plat). Le clocher (1575-1576) est de type Renaissance, à deux galeries et à deux étages de cloches amortis par un dôme couronné de deux lanternons superposés ; de chaque côté s'élève une tourelle - celle du sud renferme les escaliers d'accès à la première galerie. La sacristie, adossée au chevet, est de 1639 ; le mur de l'enclos, de la même période. Il n'y a pas de porche méridional ; deux petites portes permettent d'accéder aux collatéraux nord et sud.
Deux ossuaires, l'un du XVIe siècle (gothique et cantonné de quatre crossettes), l'autre du XVIIe siècle (Renaissance Henri II et dépourvu de crossettes figurées), occupent aussi le placître. Les façades de l'église sont ponctuées de caravelles de pierre, et de 18 crossettes figurées, hommes et bêtes.
Les crossettes sont les pierres d'assise (d'amortissement) à la terminaison des rampants d'un pignon ou d'une lucarne, dont elles assurent la stabilité. Placées à l'angles de deux élévations, elles assurent alors en outre la fonction de pierre d'angle. Elles ne doivent pas être confondues avec des gargouilles, qui sont creuses et permettent l'écoulement de l'eau de pluie. Sur le plan esthétique, elles ponctuent l'architecture aux angles des pignons et des gables. Elles sont soit simples, soit ornées, soit — les seules qui nous intéressent ici — figurées, sculptées en ronde bosse et simple relief.
Les figures sont angéliques, humaines ou anthropoïdes, animales, et animales fantastiques.
Les anges, souvent en vol, tiennent des phylactères, ou des écus, ou des livres, rarement des couronnes ou des instruments de musique. Les humains sont soit des soldats armés d'une épée, soit de plantureux notables, soit des buveurs, mangeurs, des hommes ou femmes se tenant le sexe, soit des hommes déculottés exhibant leur fondement des deux mains, soit des acrobates empoignant leurs chevilles, soit des hommes âgés se caressant la barbe, soit des musiciens, soit des femmes nues. Parmi les représentations mi-humaines figurent les femmes-serpents et les sirènes, à corps de poisson. Les trois animaux qui viennent en tête sont le lion, le dragon et le chien. Les lions et les dragons tiennent fréquemment un ossement (parfois résumé à un rouleau) ou un être humain en réduction, qu'ils emportent dans leurs pattes ou leur gueule, c'est pourquoi je leur attribue une fonction de serviteurs de la Mort. Enfin, précisément, on trouve quelques squelettes armés de lances, figuration de l'Ankou des légendes bretonnes.
Dans une série de 381 pièces de crossettes et gargouilles (dont 146 crossettes) recensées dans quatre cantons du Finistère, Emmanuelle Le Seac'h a dénombré 34 anges, 67 humains, 5 sirènes, 45 monstres, 29 dragons, 49 lions, 24 chiens.
Datation.
Les crossettes de Basse-Bretagne ne sont ni datées ni signées; elles n'ont pas bénéficié d'une étude stylistique suffisante pour les attribuer à des ateliers spécifiques. Leur datation est estimée par celle de l'édifice qui les porte. Les plus anciennes sont peut-être celles de la Basilique du Folgoët (atelier du Maître du Folgoët : 1423-1509). Celles de Landivisiau, de Pencran ou de Guipavas sont attribuées à l'atelier de Bastien et Henri Prigent (1527-1577), actif dans 50 paroisses, dont 35 dans le Léon. Les autres ateliers de sculpture sur pierre sont ceux du Maître de Plougastel (1570-1621) ou de Roland Doré (1618-1663), et d'une mosaïque de petits maîtres paroissiaux (1500-1589) dont certains introduisent les tendances de la première Renaissance bretonne (1511-1589). Mais les crossettes et gargouilles, dont l'apogée se situe au XVIe et XVIIe siècle, se placent en héritières d'une tradition médiévale, elle même reliée à l'art des modillons romans (voir le remarquable article Iconographie des modillons romans sur Wikipédia).
Une autre élément de datation pourrait se baser sur les costumes et coiffures des personnages.
Pour Roscoff, j'ai retenu les dates d'édification de l'église, dans le deuxième quart du XVIe siècle.
Attribution.
Elle n'a pas été définie, mais je pense qu'on peut exclure les ateliers que je viens de citer, et parler, faute de mieux et sans rire, d'un "Maître des crossettes de Roscoff". Il me faudrait examiner la statuaire sur pierre contemporaine à Saint-Pol-de-Léon et dans les paroisses voisines. Un des traits stylistiques que je note, c'est une façon malhabile de rendre les gueules des animaux par des parts de camembert statistique.
Matériau.
Les crossettes les plus belles, car les mieux conservées, sont en kersanton, au Folgoët, à Landivisiau, à Pencran. Ailleurs, elles sont en granite (Bodilis) ou en pierre de Logonna (Dirinon).
À Roscoff, nous avons la chance de disposer de l'expertise lithologique du Pr. Louis Chauris : la pierre utilisée est le beau granite gris de l'Île de Batz.
" L’essentiel des parements vus, en pierres de taille soigneusement façonnées, des élévations du corps de l'église, a fait appel à un granite de nuance légèrement grisâtre, à grain fin, souvent recoupé par des filonnets de pegmatite blanchâtre 48, de faible épaisseur, parfois entrecroisés. La fréquence de ces filonnets - jusqu'à quatre veines dans une seule pierre - confère à l'édifice un aspect des plus singuliers simulant des balafres. Parfois, ces pegmatites sont recoupées, à leur tour, par de minces veinules de tourmalinite noir-bleuté-.
Localement, le granite des élévations est plus clair, presque blanchâtre. Il renferme alors des amas pluri centimétriques de tourmaline poeciloblastiquesl, un peu en relief par suite de l'érosion de l'encaissant moins résistant. Pour se former, la tourmaline, minéral boré, capte le fer de la roche où elle cristallise : cette déférisation entraîne un net blanchiment de ladite roche .
Le granite gris clair à filonnets pegmatitiques a été également employé pour les piliers, le porche occidental, la sacristie (en association avec le faciès à nids de tourmaline), le mur de l'enclos, ainsi que - pour partie - dans le clocher et pour le dallage.
L’observateur familiarisé avec la géologie régionale aura immédiatement reconnu, dans ces deux variétés granitiques, les roches qui affleurent à l’île de Batz et dans les récifs situés entre cette île et Roscoff. Les rivages de Batz présentent une impressionnante succession de perrières abandonnées; les vestiges de ces anciennes exploitations, au nombre d'une cinquantaine au moins, s'échelonnent presque tout au long de la côte. Leur grand nombre compense, en quelque sorte, la faible dimension individuelle des chantiers. En fait, les rompeurs - ancien nom des carriers - attaquaient la pierre partout où elle paraissait offrir des garanties de qualité et où elle pouvait être extraite sans difficulté majeure.
...Sur le continent, la pierre de Batz a été utilisée à la fin du 15ème siècle et au début du 16ème siècle pour la reconstruction de l'église Saint-Melaine à Morlaix, comme l'attestent les observations in situ, confirmées par les archives : «Le 18 janvier 1490, deux batelées de grosses pierres de Batz... remontent la rivière du Dossen» jusqu'au pied du chantier. Pour l'église de Roscoff, les données archivistiques relatives à l'emploi des granites de l'île de Batz concernent uniquement la construction de la sacristie dans la première moitié du 17ème siècle. Comme les deux variétés granitiques utilisées pour cette partie de l'édifice sont absolument identiques à celles employées antérieurement pour le reste de l'église, une même provenance insulaire paraît pleinement assurée.
Depuis leur mise en oeuvre dans l’église de Roscoff, les granites de Batz, soumis aux vicissitudes du climat océanique, subissent, au moins localement, des altérations assez prononcées. En certains points, la pierre s'effrite superficiellement sous la main ; ou bien présente des desquamations, se détachant en plaquettes. Plus grave, la fissuration est sans doute due aux effets de surcharge." (Chauris 2003)
Nombre.
Le nombre de crossettes par édifice est variable, allant de une (Tréflénévez) à quelques unités jusqu'à une vingtaine, lorsque chaque angle, chaque rampant de lucarnes, chaque angle d'ossuaire se trouvent dotés d'une crossette. Les églises de Dirinon et de Lampaul-Guimiliau en comptent chacune 10, celle de Saint-Suliau de Sizun en compte au moins 14.
On voit qu'avec un corpus de 18 crossettes, s'il se vérifie, Notre-Dame de Croas-Batz mérite tout notre intérêt.
Liste informelle et Thématique:
—Le coté sud
un dragon
un chien
un chien
un lion
un homme main à la ceinture
un ange tenant un phylactère
— Ossuaire : 4 crossettes :
un lion
un chien
? un lion et un chien.
— le coté ouest :
un dragon
un lion
angle de la tour : un chien ?
un homme tenant un phylactère à la lettre B
— le coté nord :
Un homme tenant un fusil ou un outil
Un homme tenant une raquette ou un miroir
Un homme se caressant la barbe
Un homme tenant un livre ouvert
— Où ça ?
Un Fou se tenant le ventre
Un homme montrant son fondement
Un homme assis.
Deux anges autour d'une lucarne
un ange tenant un phylactère
Un lion.
Dans une estimation rapide d'une seule séance photo, je trouve un total de 23 crossettes entre église et ossuaire (tant que ça ? j'ai du me tromper). J'ai dans mon jeu 5 lions, 5 chiens, 9 hommes, et 4 anges. Il faudra que j'y retourne plus sérieusement, c'est mon coté dilettante caressant le doux tapis du monde flottant qui prend toujours le dessus.
Nous retrouvons ici les thèmes retrouvés sur toutes les crossettes de Basse-Bretagne : le sculpteur, loin de se livrer à une création pleine d'imagination et de verve personnelle, s'est plié à la commande, celle de reproduire les grands poncifs du vocabulaire ornemental de ces éléments architecturaux. Seul le personnage de Fou n'est pas courant dans la région. On comparera avec le travail des huchiers sur les miséricordes et accotoirs des 66 stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, où le bestiaire est bien plus vaste et les scénettes variées.
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LE COTÉ SUD.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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A. La première lucarne : un dragon (qui a perdu la tête).
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1. L'angle sud-ouest de la première lucarne sud : le dragon ailé.
C'est le dragon typique des crossettes finistériennes, avec son corps couvert de pustules nauséabondes, ses ailes nervurées de chauve-souris, sa queue qui forme des boucles et ses pattes de reptile. Comme à Landivisiau, Pencran, Dirinon, etc.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Le rampant droit de la première lucarne : un chien.
Image difficile à interpréter : "j'ai une queue qui pourrait être celle d'un renard, une balle ronde, l'extrémité d'un os avec ses deux condyles, une tête de chien à la place du postérieur, qui suis-je ? " Mystère.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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B. Les rampants de la première chapelle : crossettes ornées de motifs géométriques à volutes. Je passe.
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C. Les rampants de la deuxième lucarne sud : un chien ? et un lion.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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2. rampant gauche : Le chien ?
La queue de ce chien sans tête est particulièrement longue et gracile. Les pattes se terminent par des boules.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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3. rampant droit : un lion courant .
C'est un lion d'une part car je distingue l'épaississement de la crinière, d'autre part car la queue passe entre les pattes et s'enroule autour du dos, comme chez tous les lions de crossettes que je connais. Il coure comme un dératé, et quelque chose pend de sa gueule : sa langue, ou bien une petite âme humaine qu'il vient d'arracher au monde des vivants ?
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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C. Les rampants de la troisième lucarne (chapelle des Trois Vierges) : Homme tenant son pied, et ange à phylactère.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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La crossette du rampant gauche et le cadran solaire CRAIGNEZ LA DERNIÈRE.
Cette association est intéressante car je considère que les crossettes ne sont pas un exutoire où se libèrent les pulsions réprimées par la morale chrétienne, mais une mise en garde adressée aux fidèles, soit par des figures du Vice (le Lubrique, l'Obscène, le Scatologique, le Goinfre, le Buveur, le Joueur, l'Acrobate) soit par des Serviteurs de la Mort : Ankou, Lion tenant un os, Dragon ailé, etc, tandis que l'imminence de la Fin Dernière, et du Jugement est rappelée par les sentences d'anges porteurs de phylactères.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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4. Rampant gauche : un homme empoignant sa cheville.
C'est un soldat (ou un écuyer) coiffé d'un bonnet ou d'un casque sur des cheveux coupés à la mode sous Louis XII (en tout cas avant François Ier). Il porte une tunique courte. Sa main gauche repose sur sa ceinture. Ce n'est que la connaissance de ce motif de "celui qui empoigne sa cheville" qui permet de deviner que le bras droit , qui disparaît derrière le buste, se poursuit par ou vers la partie horizontale située derrière. L'insistance avec laquelle les fabriques des paroisses bretonnes faisaient figurer ce motif laisse présumer qu'il possédait pour eux une signification bien claire, analogue à celle qu'un pied-de-nez (entre cent exemples) a pour nous. Cette signification est vraisemblablement érotique.
On le retrouve sur les abouts de poinçon de Pleyben (1571-1580), sur les crossettes de Dirinon, sur les sur un acrobate de la tour-clocher de Roscoff, à La Martyre, Rue Jean-Louis Rolland à Landerneau, etc, etc, ...ou bien ici même, sur la façade nord, chez l'homme se caressant la barbe.
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Dirinon :
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Landerneau :
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La Martyre :
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Roscoff :
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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5. Ange volant et présentant un phylactère.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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D. L'angle sud-est du chevet : un dragon.
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Crossette de l'angle sud-est de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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L'OSSUAIRE SUD.
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A. Le pignon sud. Un lion et un chien.
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Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
Le lion ... est un lion pour les mêmes motifs que précédemment : épaisse crinière, et queue faisant retour sur le dos. La gueule hilare fait aussi partie de la panoplie.
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Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Un chien ...ou plutôt un loup ou un renard, vu la queue.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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B. Le pignon nord de l'ossuaire. lion?? et dragon ailé.
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Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
Crossettes de l'ossuaire sud de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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LE PORCHE OCCIDENTAL.
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A. La lucarne, du coté sud.
Au dessus d'une fenêtre à meneaux encadrée par deux colonnes, un lion et une dragon se tournent le dos et encadrent un blason martelé.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Le dragon ailé
Il est comparable au précédent (angle sud-ouest), mais la tête a été conservée. Malgré les contorsions de mon angle de prise de vue, j'ai eu du mal à voir si, oui ou non, cette gueule tient une proie, ou se contente de me tirer la langue. Je penche pour la première hypothèse car les deux pattes antérieures se referment sur une proie. J'y vois un malheureux Roscovite, qui se voit ainsi signifié le terme de sa petite existence et se dit in petto : "nous sommes bien peu de chose" ; pense qu'il aurait mieux écouter le recteur ; ...ou se souvient qu'il a laissé sa cuisinière allumé sous son pot-au-feu.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Le Lion.
Le Maître des animaux règne ici, tel un Stylite, sur le chapiteau mouluré d'une colonne.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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B. Le coté nord.
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Homme tenant un phylactère et la lettre B.
Je verrais volontiers ici, occupant ce poste élevé, un notable, coiffé du bonnet des échevins, et tenant à l'extrémité d'une banderole jadis pleine de sens un blason à son monogramme. La lettre B est certaine, précédée peut-être d'un J. (J incertus, B certissimus). Il faudrait connaître la liste des armateurs et édiles de Roscoff : à vos archives !
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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LA TOURELLE DE L'ESCALIER DE LA TOUR.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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LE COTÉ NORD DE L'ÉGLISE.
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Homme tenant un outil ou une arme.
Soit ce sculpteur n'est pas doué pour faire les têtes, soit j'ai un problème pour les comprendre. Où sont les yeux, où sont les traits du visage ? Ce que je vois, c'est le bec de canard de Donald coiffé du chapeau de Charles dans Madame Bovary.
Je retrouve plus d'assurance pour décrire les deux jambes allongées comme celles d'un plongeur nageant dans Le Monde du Silence, le bras droit replié contre le thorax pour saisir le manche d'un instrument, et le bras gauche qui croise la poitrine pour maintenir cet engin des deux mains. Ce dernier se termine par une sorte de crosse. Kesako ? Un fusil ne se tiendrait pas ainsi. Un agrès de pêche ? Un outil agricole ?
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Homme allongé tenant une raquette / un miroir.
Cet homme coiffé à la mode du tout début du XVIe et vêtu d'une courte tunique s'est allongé vers l'orient, mais la jambe droite est repliée : il est vraisemblable que le bras gauche, dont on perd la trace, aille empoigner la cheville, selon le motif déjà étudié sur l'élévation sud. Le bras droit croise la poitrine et tient un objet rond muni d'un manche. C'est la posture du joueur de tennis lors du revers qui m'a fait évoquer une raquette, mais plus sérieusement, cela pourrait être un miroir, si nous avions affaire à une belle femme nue stigmatisant la Coquetterie. Une fois de plus, je meurs de soif auprès de la fontaine sans pouvoir conclure une interprétation.
Je meurs de seuf auprès de la fontaine,
Chaud comme feu, et tremble dent à dent ;
...
Rien ne m'est sûr que la chose incertaine ;
Obscur, fors ce qui est tout évident ;
Doute ne fais, fors en chose certaine ;
Science tiens à soudain accident ;
Je gagne tout et demeure perdant ;
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Homme montrant ses fesses.
Pas d'ambiguïté ici : il montre son cul, il nous pète au nez. On trouve la même scène un peu partout, sur les modillons romans comme... sur les sablières de cette église, coté ouest.
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Crossettes du coté nord de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Rampant de la lucarne suivante : lion à droite, homme tenant un livre à gauche.
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Crossettes de la lucarne du coté nord de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Un lion .
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Homme tenant un livre ?
Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Homme se caressant la barbe.
On connaît sans-doute la signification lubrique du motif, déjà attestée sur les modillons romans. Il s'ajoute ici à celui de l'emprise de la cheville, clairement visible cette fois.L'homme est coiffé d'un béret ou bonnet, et il est vêtu d'une veste courte boutonnée, et de chausses.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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A l'angle nord-est de l'église : un homme assis.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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LOCALISATION INCERTAINE / NOTRE JEU DE L'ÉTÉ.
Le vent d'ouest ayant éparpillé ses photos, le photographe ne sait plus retrouver leur localisation. Sauriez-vous l'aider ?
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Homme en tenue de fou, se tenant le ventre.
Le seul indice pour parler d'un costume de Fou médiéval, c'est le chaperon très ajusté autour du visage et qui retombe sur les épaules en fronces qui évoquent (finalement assez vaguement) les découpes en pointes munies de grelots de ces costumes.
En réalité, il ne s'agit peut-être là que d'un quidam dans son habit de tout les jours, un Jean-des-champs qui, assis jambes écartées, se donne un peu de bon temps. Allez savoir !
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Un lion .
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Un lion courant gueule ouverte.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Deux anges encadrant une lucarne.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Un ange tenant un phylactère.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Un lutin ?
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Un masque.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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Pour conclure.
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Crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz (1522-1545) à Roscoff. Photographie lavieb-aile juillet 2017.
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SOURCES ET LIENS.
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— CHAURIS ( Louis ) 2003, « Roscoff, Église Notre-Dame de Kroaz-Batz : Large appel à des granites insulaires », in Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Monuments et objets d’art du Finistère, Tome CXXXII,
http://www.roscoff-quotidien.eu/eglise-construction.htm
— COUFFON (René), 1988, Notice sur Roscoff :
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/5b9d41b14be8a023a102773179807997.pdf
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère : Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, Sizun. Éditeur: s.n., 2 vol. : 359 p. + 135 p. : ill. ; 30 cm .
http://portailcrbc.univ-brest.fr/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=34066
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut
— Roscoff-tourisme :
http://www.roscoff-tourisme.com/fr/pays-art-et-histoire/label-pays-d-art.php
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