Les deux crossettes nord et sud (pierre de Logonna, vers 1690) de l'église de Trégarvan : la sirène et l'ange. La galerie du clocher.
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Voir :
- Les deux crossettes nord et sud (pierre de Logonna, 1693) de l'église de Landévennec.
- L'église Saint-Budoc de Trégarvan : ses inscriptions, ses sablières, sa statuaire, ses bannières.
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La parenté entre l'élévation occidentale et le clocher de l' église aux arêtes ornées de têtes de Landévennec et de celle de Trégarvan est remarquable, suggérant un atelier commun pour ces deux paroisses voisines qui se succèdent sur la fin du trajet de l'Aulne maritime.
Cette parenté se renforce aussi par des dates de réalisation rapprochées (1690-1696 pour Trégarvan et 1693 pour Landévennec) : autant d'indices précieux pour les historiens du patrimoine architectural.
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LA FAÇADE OCCIDENTALE DE TRÉGARVAN ET SES CROSSETTES.
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Comme à Landévennec, elle est faite de pierres soigneusement taillées de microdiorite quartzite (ou pierre de Logonna, le site d'extraction en rade de Brest), et ces blocs rectangulaires superposés forment une ligne particulièrement alignée entre le début des deux rampants, là où, précisément, sont disposées les deux pierres sculptées figuratives en surplomb, ou crossettes, à fonction d'amortissement.
La porte en plein cintre est également commune aux deux pignons.
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Là où, à Landévennec, nous trouvions le blason de l'abbé Jacques Tanguy et la date de 1693, nous avons, à Trégarvan, l'inscription Y: SCOARNEC : F mentionnant le nom du fabricien chargé de superviser les travaux. Les inscriptions datées se retrouvent sur la tour (F: MORO 1690 ou 1696) et sur son cadran solaire (1698).
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La crossette nord-ouest : une sirène ou femme-poisson.
Longueur 105 cm (dont 65 cm engagés dans le mur). Pierre de Logonna. Deux blocs ont été nécessaires. la face longitudinale est sculptée en faible relief. Corps pisciforme lisse — sans écailles, à la différence de Landévennec, queue bifide ("queue de poisson"), partie antérieure du corps se féminisant par une chevelure aux mèches parallèles.
La partie en surplomb, taillée en biais en haut relief, est résolument réservé à un visage féminin joufflu et puéril, dont les cheveux s'écartent en une frange médiane tandis que le cou est limité par une collerette à trois dents rondes.
Cette sirène a échappé au recensement effectué par Hiroko Amemiya (2005).
La ressemblance entre les deux corps, et entre les deux visages de Trégarvan et de Landévennec est très prononcée.
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La crossette sud-ouest : un visage féminin ou angélique.
Longueur 93 cm (dont 58 cm encastré) ; épaisseur 30 cm. Microdiorite quartzite. La face longitudinale n'est pas sculptée, seule la tranche est sculptée en haut-relief.
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À Landévennec, le visage était complété par des ailes, affirmant d'avantage qu'il s'agissait d'une femme-oiseau, ou d'un ange.
À Trégarvan, ces ailes font défaut, et nous n'avons ici qu'un visage féminin ou enfantin. Mais un élément vient plaider pour l'hypothèse d'un ange, celui d'un diadème à deux volutes frontale et occipitale, comme en portent fréquemment ces acolytes divins. Les cheveux aux mèches épaisses n'apparaissent que sur l'encadrement du visage, le sommet de la tête étant complètement recouvert par une coiffure intégré à ce diadème.
Le visage est juvénile, joufflu, souriant, le cou encadré par une collerette (comme à Landévennec).
Depuis le cliché pris dans les années 1990 par Christel Douard pour l'Inventaire, l'attaque par les lichens blancs s'est considérablement accentué, masquant la belle teinte blonde de la pierre de Logonna.
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Le clocher, sa galerie et ses crossettes.
Le massif occidental légèrement saillant porte la tour à une galerie et la chambre des cloches, puis la flèche polygonale presque aveugle et ajourée à arêtes sculptées de têtes humaines.
L'accès au clocher est extérieur, nécessitant d'abord une échelle posée au nord, avant de parvenir à une succession de quatre longues pierres posées en surplomb, puis à la volée de marche qui suit le rampant nord.
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La galerie à forte balustrade est cantonnée par quatre crossettes.
Au sud-ouest, et au nord-est ce sont des têtes de lion.
Au sud-est et au nord-ouest, des têtes féminines. On notera la ressemblance entre celles-ci et les visages de l'ange et de la sirène.
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Enfin, la flèche polygonale semblable à celle de Landévennec, avec ses mascarons aux arêtes et au sommet des gables.
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