Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper II.
Les fonds damassés des vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper (vers 1417). Baie 100 et 109. Recension d'autres fonds semblables sur les vitraux de la fin du XIVe et début du XVe siècle. Illustrations par des lampas de Lucques.
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Voir aussi :
Vitraux du chœur II : Les fonds damassés des vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper (vers 1417). Baie 100 et 109.
Orphano tu eris adiutor : des armoiries épiscopales dans la cathédrale de Quimper.
L'Arbre de Jessé de l'église de la Sainte-Trinité de Kerfeuteun à Quimper.
Les vitraux de François Dilasser à la chapelle de Ty-Mamm-Doué à Quimper. Octobre 2014
La bannière de Annaïg Le Berre à la chapelle de Ty Mamm Doué, paroisse de Kerfeunten à Quimper.
Exposition de paramentique à Ty-Mamm-Doué : Laurent Bourlès, tailleur des chanoines de Quimper.
Voir d'autres fonds damassés :
- La baie 17 de la cathédrale de Sées (1370)
- fonds damassés de la Sainte-Chapelle de Bourges (1390-1400
- La maîtresse-vitre de Saint-Jacques de Merléac (1402)
- Les baies 15, 17 et 19 de la cathédrale d'Évreux (1360-1370)
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Je consacrerai aux vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper les articles qu'ils méritent, mais le sujet est trop vaste, et je veux me "limiter" (c'est, pourtant, un sujet infini) aux fonds des vitraux du début du XIVe siècle inspirés des soieries italiennes.
Ils sont exposés de la manière la plus ostensible aux visiteurs ou aux fidèles, puisqu'ils occupent les trois lancettes de la fenêtre d'axe, ou baie 100, qui dominent le chœur, dans l'axe principal du sanctuaire. Mais ce sont les fenêtres hautes de la cathédrale, et leur examen exige une bonne paire de jumelles, ou ...le reportage photo réalisé ici au téléobjectif (Canon 400mm + multiplicateur de focale x 2, ou, mieux, Leica V-lux 114 ).
La baie 100 est une copie du vitrail d'origine réalisé vers 1417 sous le duc Jean V, principal commanditaire. L'original est conservé aujourd'hui au château de Castelnau-Bretenoux. Nous sommes donc certains d'avoir affaire au décor ancien.
Cette baie de la Crucifixion est composée de trois lancettes, A, B et C, occupées par la Vierge (sur fond bleu), le Christ en croix (fond rouge) et saint Jean (fond rouge), dans une alternance des fonds bleus et rouge déjà habituelle dans les enluminures médiévales.
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L'examen des fonds permet d'identifier un motif de base, reproduit par pochoir sur l'ensemble de la surface. Ce motif associe :
- deux oiseaux à huppe, tenant chacun dans son bec une banderole,
- une palmette,
- une couronne présentée par deux aigles tenant dans leur bec un rinceau.
Le verrier Jean-Pierre Le Bihan, qui a créé le vitrail actuel, donne sur son blog le relevé par calque suivant, provenant du vitrail d'origine :
Puis-je être plus précis ? Les oiseaux ébouriffés peuvent être des perroquets ou des griffons, et je choisis cette dernière hypothèse. J'aimerais faire de la couronne une couronne ducale, rendant hommage au commanditaire Jean V, mais elle s'apparente plus à une couronne de marquis, selon la représentation héraldique. La palmette est épanouie en trois étages, elle s'associe aux rinceaux. Le verre bleu est badigeonné de grisaille sauf à l'endroit des pochoirs, et les dessins ainsi mis en réserve sont peints au trait de grisaille, selon deux variantes, le trait simple et le quadrillé.
En voici un exemple qui nous servira d'archétype, pris sur la lancette A :
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Une fois que l'œil est formé pour reconnaître ces éléments, il l'identifie rapidement malgré sa fragmentation imposé par le personnage central et le décor associé.
Mieux, il le reconnaît aussi sur la robe de la Vierge, assez complet dans la partie basse entre les pans du manteau, mais présent aussi dans la partie haute.
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Ah, l'examen des vitraux devient tout de suite plus amusant, et, assis avec vos jumelles sur une des chaises assemblées devant l'autel, vous poussez des grognements gourmands et des piaffements excités : vos voisines et voisins vous dévisagent sévèrement.
Allons voir la lancette B, vous dites-vous in petto.
C'est pire : au plaisir d'admirer le dessin superbe du visage du Christ s'ajoute désormais le charme de la reconnaissance d'un décor familier. Heimlich en allemand.
Plaisir décuplé par le manque et l'esthétique du fragment. For-Da, c'est le jeu de la bobine, coucou le voilà / il n'est plus là.
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Vite, à la lancette C, celle de saint Jean !
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Eh, où courez-vous, Philinte ? Je vous devine : vous allez observer, sur les vitres voisines, comment les fonds sont faits. Par lesquelles allez-vous commencer ? Par les baies qui encadrent la baie centrale ? C'est peine perdue, ces baies 101 et 102 sont des créations du XIXe siècle, et de longues feuilles à digitations y flottent comme en des champs de laminaires. Par les deux autres baies du rond-point , la 103 et la 104 ? Mauvaise pioche encore, ce ne sont que feuilles de philodendron. Tournez, Philinte, tournez autour du déambulatoire et levez les yeux vers les huit autres baies du chœur et vous m'en direz des nouvelles ! Ces fonds princiers de la baie 100 ne peuvent être imités et vous perdrez votre temps, voyons !
Quoi ? Vous me tirez la manche, vous me conduisez vers le coté sud, vous tendez le doigt vers une baie nord de la deuxième travée ?
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La Baie n°109.
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Cette baie a été vitrée lors de la même campagne de 1417 environ, et elle appartient aux huit baies à quatre lancettes (les baies du rond-point, 100 à 105, n'en n'ont que trois). Du coté nord du chœur, nous trouvons principalement un seul saint personnage, alors qu'au sud les saints présentent des donateurs. Donc, ici, nous trouvons deux saintes (Catherine et Marguerite) et deux saints (Julien (?) et Georges). Trois d'entre eux appartiennent à la liste des 14 "saints auxiliateurs", dont l'intercession est sollicitée lors de dangers mortels, sainte Catherine d'Alexandrie vierge et martyre protégeant des dangers de la grossesse, sainte Marguerite d'Antioche vierge et martyre de ceux de la délivrance, et saint Georges de Lydda, martyr, étant le patron des chevaliers. Leur présence est constante dans les Livres d'Heures, et ce coté nord du chœur peut être assimilé aux pages de ces livres d'oraison, dont il reprend les principales enluminures.
Précisément, dans les enluminures des Livres d'Heures du début du XVe siècle, les saints et saintes sont figurés de façon stéréotypée, avec leurs attributs (la roue et l'épée pour sainte Catherine, le dragon et le crucifix pour Marguerite, le dragon pour Georges à cheval et en tenue de chevalier) : ils se tiennent fréquemment sur un sol carrelé, et se détachant devant une tenture damassée.
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L'alternance de la couleur bleue et rouge des fonds n'est pas rigoureuse ici, mais elle est présente.
Maintenant que nous disposons d'une vue rapprochée des vitraux, nous reconnaissons notre motif archétypal, celui du fond damassé de la baie 100, mais il est encore plus morcelé. C'est, néanmoins, le même pochoir qui a été utilisé.
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Le fait que nous retrouvions ici le même fond que sur la baie d'axe oblige d'une part à renoncer à l'hypothèse qui suggérait que ce décor luxueux distinguait, par un honneur particulier, la scène de la Crucifixion de toutes les autres représentations de saints. Mais par ailleurs, ce fait crée entre les deux baies 100 et 109 des liens privilégiés. Sont-ils seulement issus du même atelier de verriers ?
Mais, voilà Philomène qui nous rejoint, avec sa paire de jumelles. Que vient-elle faire ?
— Je m'intéresse à ce n° 109. Avez-vous remarquez la beauté du verre ? Comme je l'ai lu sous la plume de Françoise Gatouillat, pour cette verrière, comme pour la n°111, les personnages sont traités largement en grisaille et jaune d'argent, (à l'exception du verre bleu de la tunique de saint Julien), et ces personnages, comme les niches sont faites dans un verre blanc nacré peu sensibles aux altérations.
— Autrement dit, nous avons un point commun reliant le n°100 et le n°109, et un autre, le verre blanc nacré en grisaille, qui relie les n° 109 et 111. Mais le n°111 comporte 4 donateurs présentés par saint Antoine et son cochon, saint Jacques le Majeur, et la Vierge. Climène, Climène, viens nous aider !
— Vous aider ? Moi, je suis ici pour les pupilles jaunes, peintes au jaune d'argent, que j'ai vu à Kerdevot (Ergué-Gabéric), à Runan, au Mans dans la baie 217, à Malestroit, à Sées (Orne), que j'ai découvert ici dans la baie 107 dans les yeux de saint Jean-Baptiste et de saint Pierre, et que je viens de découvrir dans cette baie n° 109... dans les yeux du dragon terrassé par saint Georges ! Débrouillez-vous avec ça !
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Lancette A. Sainte Catherine.
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Lancette B. Sainte Marguerite.
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Lancette C. Saint chevalier
Le fond de la lancette C ne semble pas comporter le motif aux oiseaux et à la couronne qui nous préoccupe. C'est un saint chevalier portant sur sa cotte de maille un tabard bleu marqué d'une croix et de fleurs de lis d'or. Il tient une lance où flotte un oriflamme aux mêmes couleurs que le tabard, et on les retrouve aussi sur l'écu.
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Saint Michel (considéré communément comme saint Georges).
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—Tiens, voici notre ami grec Virgile Damétas ! Alors, toujours passionné par les dais, Virgile ?
— Bien-sûr, car ils permettent des regroupements qui donnent matière à réflexion. Ici, nous avons des dais à trois pans avec des gables, des fleurons et des quadrilobes ; Ces motifs sont rehaussés au jaune d'argent selon un dessin en double chevron. Ces traits sont propres aux dais des baies 100, 105, 109 et 111. Or, je vous rappelle que le fonds damassé réunit le n°100 et 109, la qualité des verres les n° 109 et 111, la grisaille les n° 100, 109 et 111.
—Toujours fasciné par les bulles ?
— Oui, ces dais ont un autre point commun, c'est d'être orné de doubles perles peintes au jaune d'argent, que l'on trouve aussi sur les montants et sur les socles, mais qui envahissent ici le dais comme des bulles de savon ! Et appréciez aussi la densité différente du jaune, qui va de l'or à l'orange.
— Ah, montre-nous des images, quand même !
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DISCUSSION
Résumé : les fonds damassés créés vers 1417 sur la baie 100 et la baie 109 de la cathédrale de Quimper, se rapprochent de ceux des vitraux d'autres cathédrales réalisés au début du XVe siècle, à Évreux, Bourges, Le Mans, Caen, Saint-Lô, ou à Saint-Maclou de Rouen, à Louviers, à Saint-Germain-village (Eure). Les pochoirs qui ont servi à les réaliser (à Quimper, motifs de couronnes, de rubans, de feuillages et d'oiseaux affrontés), sont inspirés par les luxueuses soieries de Toscane et notamment par les lampas de Lucques.
1. Les fonds damassés au pochoir des vitraux du XVe siècle.
"Les damas sont les grands dessins à ramages qu'on mettait sur les vêtements des personnages ainsi que sur les tentures et les draperies, à l'époque surtout qui nous occupe. Ces ornements étaient alors obtenus, le plus fréquemment, à l'aide d'une simple teinte unie qui, enlevée par place, donnait l'aspect d'une étoffe damassée, c'est-à-dire dont le dessin serait brillant tandis que le fond paraîtrait mat. Le motif d'ornementation le plus souvent employé pour cet usage est une sorte de grenade, se répétant à droite et à gauche en diagonale. Certains damas sont faits au trait, d'autres se détachent en jaune sur fond blanc, d'autres encore sont gravés sur verre rouge ou d'autre couleur, mais plus rarement. Ce mode de décor est d'une grande richesse. Certains damas sont faits au pochoir. Le pochoir est une feuille de cuivre très mince, percée à jour suivant un dessin, et à l'aide de laquelle l'artiste enlève, sur les vitraux, la couche de grisaille qui y a été couchée préalablement. Il lui suffit pour cela de brosser vigoureusement, avec une brosse courte et dure, et seulement aux places où le cuivre n'existe pas. Les Suisses, pour faire les damas de fond de leurs armoiries, se sont souvent servis du pochoir. " (Louis Ottin page 66)
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Quelques exemples.
Katia Macias-Valadez fait observer que le motif des baies 100 et 109 de Quimper "peut être observé aussi à la cathédrale d'Évreux, dans la baie 205, où sont représentés saint Thibaut de Marly, abbé cistercien, et saint Taurin. La coule de l'abbé et la chape de l'évêque sont décorées de rinceaux et d'oiseaux aux ailes déployées, motif que l'on retrouve aussi sur le fond des lancettes". Je trouve une illustration de la baie 203 (dite de Bernard Cariti) dans l'article de Louis Grodecki 1968 page 63 (auteur qui suggère une datation de 1415-1420, alors que Gatouillat et Hérold proposent 1408-1415) , puis dans un article Image Wikipédia: la figure de l'oiseau aux ailes déployées et mordant la tige du rinceau est très proche de celle de Quimper, mais il n'y a pas de couronne. Notons que l'évêque représenté est assimilé à Thibaud de Malestroit, évêque de Tréguier puis évêque de Quimper de 1384 à 1408, juste avant Gatien de Monceaux qui fit construire les voûtes du chœur de la cathédrale.
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Puis, Katia Macias-Valadez signale aussi les fonds damassés "très raffinés avec des oiseaux à la cathédrale de Bourges (chapelle Trousseau) et à la maîtresse-vitre de l'église de Runan (Côtes-d'Armor)".
Concernant l'église de Runan, il me suffit de me reporter à ma description de la maîtresse-vitre : on commencera à constater les points communs avec Quimper (datation proche, même influence du pouvoir ducal de Jean V, même programme iconographique associant une Crucifixion entre la Vierge et saint Jean à sainte Catherine et sainte Marguerite). Tous les fonds ne sont pas facilement examinables, car les verres rouges sont assombris, mais la lancette où figure saint Pierre comporte un oiseau très proche de celui de Quimper.
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La chapelle fondée par le chanoine Trousseau vers 1403-1404 dans la cathédrale de Bourges, (source images ici) et Article Wikipédia ici , est éclairée par la baie n°27 , dont le vitrail à quatre lancettes a dû être réalisé entre 1404 et 1409. Il représente une Vierge assise avec l'Enfant sur ses genoux. Devant elle, agenouillée et priante, la famille Trousseau présentée par saint Jacques le Majeur (lancette C), un saint diacre (lancette B) et une sainte martyre couronnée et tenant une palme (lancette A).
Lancette C, Chapelle Trousseau, Bourges
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Je trouve d'autres informations sur ces fonds sous la plume de Martine Callias Bey et Véronique David dans Les Vitraux de Basse Normandie, 2006. Et justement, à propos des vitraux de Saint-Lô (Manche), je lis page 153:
"La verrière des apôtres [baie 10, vers 1420-1425] présente des figures isolées, de proportion moyennes, comparables aux figures de la verrière du Vast des années 1410, avec laquelle elle présente de nombreux points communs, notamment la figure de saint Jean-Baptiste. Les fonds sont damassés sur des modèles tirés des tissus lampassés ornés d'oiseaux fantastiques affrontés d'inspiration orientale, très caractéristique du début du premier quart du siècle ; le dessin est précis et dépouillé de lavis annexes. Une comparaison de style s'impose avec les verrières hautes de la cathédrale de Quimper, datées des années 1410-1415." [Notons, dans cette baie 10, les pupilles colorées au jaune d'argent de l'agneau de Jean-Baptiste, comme dans la baie 107 de Quimper, ou comme à Runan, Ergué-Gaberic, Malestroit, etc..]
Page 39, je lis encore :
"Le développement de l'industrie textile et de la broderie à la fin de la guerre de Cent Ans, notamment à Saint-Lô, à Caen, à Louviers ou à Rouen, induit un goût prononcé pour les tissus brodés et damassés utilisés pour les vêtements ou les tentures de fond, rappelant les courtines qui étaient tendues dans les églises aux jours de fête. Les motifs pouvaient être répétés au moyen de pochoirs rigides ou de planches dessinées et calquées sur les vêtements réels. Ces damas reproduisaient les tissus d'inspiration orientale, fabriqués à Lucques, en Italie, dès la fin du XIIIe siècle, et exportés dans toute l'Europe ; ces dessins de feuillage stylisés, fleurs, cygnes, perroquets, ou créatures fabuleuses affrontées, se retrouvent autour de 1400 et dans le premier quart du XVe siècle, notamment à Notre-Dame de Saint-Lô, à Saint-Maclou de Rouen, à la cathédrale et à Saint-Taurin à Évreux ; l'observation des différentes sortes de damas facilite la datation des verrières, entre le début du XVe siècle où ils représentent de petits animaux fantastiques affrontés au milieu de rinceaux végétaux sinueux "enlevs" sur la grisaille, et la seconde moitié du siècle, caractérisés par de plus grands motifs simplifiés, peints au pochoir, ou parfois cernés de plombs."
Ai-je parlé trop rapidement, pour les damas de Quimper, de l'emploi de pochoirs ?
Les mêmes auteures ajoutent (je pense en le lisant aux baies 100, 109 et 111 de Quimper caractérisées par ses personnages en grisailles) que "la prédilection pour les camaïeux de la miniature parisienne contemporaine, les "portraits d'encre" et les "demi-grisailles" illustrés par le Maître de Bedford vers 1420-1430 ou le Maître de Dunois vers 1460, trouve un relais dans la vogue croissante des verrières en grisaille". J'ajouterai l'influence plus précoce des grisailles d'André Beauneveu dans les 24 enluminures qui ouvrent le Psautier de Jean de Berry (entre 1386 et 1400).
Dans le même ouvrage, page 41, on lit :
"Les motifs de phénix aux ailes déployées, tournés alternativement vers la droite ou vers la gauche, mordant de leur bec des rinceaux végétaux entrelacés, sont réalisés d'après des soieries fabriquées à Lucques sur des modèles orientaux ; nous les avons déjà évoqués à Notre-Dame de Saint-Lô et à la cathédrale d'Évreux et nous les retrouvons aussi dans le fond des verrières de Simon Aligret et de Pierre Trousseau à la cathédrale de Bourges (Cher) au début du XVe siècle, à Saint-Germain-Village (Eure) ou encore à Saint-Corentin de Quimper. Les voyages des artistes et des œuvres d'art, la circulation de recueils de modèles peuvent expliquer ces ressemblances."
Cet inventaire semble, par sa précision, exhaustif, mais j'ai déjà décrit les fonds de la baie n°217 de la cathédrale du Mans consacrée au Credo apostolique et datée de 1430-1435.
Même remarque concernant la baie 17 de la cathédrale de Sées (Orne) mais le vitrail date de 1370, ce qui le place presque en tête de la liste chronologique. Il représente le chapelain donateur Oudin de Troyes, venu à Sées avec son évêque confesseur du roi Jean, au pied des saint Nicolas. Le motif du lampas repose sur deux oiseaux à huppe postérieure et longue queue, affrontés autour de rinceaux.
Enfin, dans un texte de 2009 (Congrès archéologique de France), Françoise Gatouillat signale aussi ces fonds dans l'abbatiale normande de Bonport. Je retrouve une photographie RMN d'un dessin de Gustave Moreau sous le titre Vitrail de l’abbaye de Bonport représentant Gilles Malet et sa femme , Le Magasin pittoresque, 1861, p. 236, mais le dessin original de Fichot est beaucoup plus intéressant. L'église de l'abbaye , une abbaye de cisterciens fondée en 1190, n'existe plus aujourd'hui, mais le vitrail fut « dessiné et gravé par E. Hyacinthe Langlois de Pont de l'Arche d'après un vitrail de l' abbaye de Bonport conservé par lui ». Cette gravure est datée de 1814 dans le Musée des monuments français d'Alexandre Lenoir (Musée des monuments français, Paris 1821, in 8°, t. VIII, p. 93, p. 289. ). Un demi-siècle plus tard, Charles Fichot en fit une nouvelle reproduction d'après « un dessin original colorié » communiqué à Guiffrey par Albert Lenoir, fils d'Alexandre, qui avait hérité les portefeuilles de son père. Mais en 1861 déjà, on ignorait le sort de cette verrière. (J.B. de Vaivre,page 229, 1978). Gilles Malet était bibliothécaire de la Librairie royale de Charles V de 1369 jusqu'à sa mort en 1411, mais le vitrail a été offert en 1383, si on se fonde sur l'information que "Le 23 octobre 1383, Gilles Malet et Nicole de Chambly firent dans cette abbaye une fondation à laquelle ils affectèrent 33 livres, 6 sols et 8 deniers de rente, assise sur les halles et les moulins de Rouen" (Bibl. nat., ms. fr. 26283, f° 108, in J.B. de Vaivre ). Nous obtenons donc une double information, temporelle (celle de la date à laquelle ces tentures étaient à la mode), et spatiale désignant la cour royale parisienne, comme lieu de cette mode.
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Vitrail de l’abbaye de Bonport (Eure) représentant "Gilles Malet et sa femme", Le Magasin pittoresque, 1861, p. 236, dessin de Charles Fichot . Google books
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Si nous récapitulons, nous avons la liste chronologique suivante :
- Cathédrale d'Évreux, chapelle du Rosaire, baies 15, 17 et 19 : 1360-1370.
- Cathédrale de Sées, baie 17 (1370)
- Abbatiale normande du Bonport, Pont-de-l'Arche (Eure) (1383)
- Sainte-Chapelle de Bourges (1390-1400) et les relevés des fonds par Des Méloizes 1891.
- Chapelle Saint-Jacques de Saint-Léon, Merléac (Cötes d'Armor), baie 0, 1402 : panneaux de la Flagellation et de la Crucifixion ; panneau de la Prédication de saint Jacques.
- Cathédrale de Bourges chapelles Trousseau (vers 1409) et Aligret (avant 1415).
- Cathédrale d'Évreux, baies 203 et 205 (1408-1415)
- Église Saint-Taurin d'Évreux
- Église de Saint-Germain-Village (Eure)
- Cathédrale de Quimper (vers 1417)
- Église Notre-Dame de Runan (Côtes-d'Armor), baie 0, 1423.
- Église Notre-Dame de Saint-Lô (1420-1425)
- Cathédrale du Mans baie n° 217 (vers 1430)
- Saint-Maclou à Rouen (Baie 5, baie 21 par ex.) (1437-1517)
La forte prédominance de la région Ouest (Normandie et Bretagne) ne doit être considérée qu'avec prudence car elle peut être affectée par un biais de recrutement.
A titre indicatif, les fonds des volets du Retable de Flémalle de Robert Campin daté entre 1425 et 1428 offrent un bel exemple de décor inspirés des lampas de Lucques.
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LES SOIERIES ITALIENNES ; LES LAMPAS DE LUCQUES.
Maintenant que nous avons bien étudié le sujet, il reste à découvrir les étoffes qui ont servi de modèle aux peintres-verriers. Ce sont des soieries luxueuses, dont la fabrication n'était pas encore maîtrisée en France au début du XVe siècle. En 1466 Louis XI tente sans succès de créer une manufacture de soie à Lyon, mais l'industrie lyonnaise ne débutera que sous François Ier. En 1470, Louis XI obtient un meilleur résultat à Tours, et l'âge d'or des soieries tourangelles durera de 1470 à 1550 (A. Coudouin, 1981).
Donc, vers la fin du XIVe et le début du XVe siècle, les soieries parviennent en France par les grandes foires, comme celles de Champagne et de Lyon. Mais les trésors des cathédrales conservent avec un soin jaloux des vêtements plus anciens, offerts par des princes : ces étoffes (byzantines, perses ou arabes) peuvent aussi avoir servi de modèle aux artistes.
Rappel :
La technique de fabrication du fil de soie à partir du cocon de ver à soie est découverte en Chine sous la dynastie des Shang (XVII° -XI° siècles av JC). Les motifs chinois sont les phenix, les dragons et les bancs de nuages. Longtemps demeurée monopole chinois, elle est importée à grand frais par l'Empire romain jusque vers le VI° siècle av. J.C.
Au IIe siècle et surtout au IVe-Ve siècle, où le métier "à la tire" permet de fabriquer des étoffes plus larges et de nouveaux motifs, l'Iran sassanide contrôle la partie occidentale de la route de la soie et exporte la soie brute ("soie grège") et la culture du ver à soie sur le mûrier. Les décors s'organisent en médaillons ou dans des réseaux de losanges encadrant des oiseaux. Une grande place est laissée au répertoire animal, les animaux portant fréquemment des rubans flottants (pativ), symboles de pouvoir royal. Il existe aussi des motifs purement ornementaux (palmettes ailées, composites, grecques, en forme de pique), grenade (symbole de fertilité), rinceaux simples, méandres, zigzags, arcs végétaux. Certains motifs peuvent se rapporter à une symbolique royale , comme les oiseaux -faisans, paons, aigles, canards- portant le pativ dans le bec ; Enfin, quelques motifs sont simplement des sujets plaisants, comme peut-être le couple de canards portant un même pativ dans leur bec, que l'on peut lier avec le motif chinois du couple de canard symbole de félicité conjugale.
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Musée national d'Iran
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_soie
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La soie existe en Europe depuis le IVe siècle dans le monde byzantin (l'Égypte est byzantine jusqu'en 640). La technique du tissage de la soie est ensuite transmise à la civilisation musulmane, où elle prospère durant le Moyen Âge. C'est par ce biais que le tissage de la soie est introduit dans le monde médiéval chrétien. Quand Roger de Hauteville conquiert la Sicile musulmane, dans la deuxième moitié du XIe siècle, il en conserve en partie la culture et il se crée alors une civilisation originale, nommée culture arabo-normande. Le royaume sicilien de Frédéric II s'effondre en 1250, et alors que jusqu'au XIIIe siècle, le tissage de la soie en Europe chrétienne se limitait à la Sicile, elle se diffuse vers Lucques, Venise, et d'autres villes italiennes. Un autre canal de transmission est l'Espagne musulmane.
L'Italie contrôle le commerce de la soie du XIVe au XVIe siècle. Au XIe siècle a lieu une première tentative de séricuture dans la vallée du Pô, puis à Salerne, alors que les mûriers sont cultivés par les immigrants juifs, grecs et arabes. Ce sont les juifs de l'Italie du sud qui introduisent l'art du tissage à Lucques à partir de l'an 1000, mais la ville connaît la prospérité au XIIe siècle et exporte ses soieries en France par les foires de Champagne.
Les motifs sont d'abord des cocardes (médaillons) contenant des animaux et oiseaux stylisés représentés par paire, puis les cocardes disparaissent ; une des spécialités est le galon de petits motifs répétitifs d'oiseaux ou autres animaux. Au XIVe siècle les soies chinoises mongoles Yuan introduisent les palmettes, qui se développeront à type de grenades et de chardons, d'ananas et d'artichaut.
Lucques n'est pas la seule ville italienne renommée pour ses soieries, et Florence se rend célèbre pour son Sendal, un velours rouge écarlate car teinté par le kermès. Elle utilise aussi la teinture rouge "oricello" à base d'algues de Méditerranée. Venise privilégie bien-sûr le commerce de la soie, et Gênes est célèbre par le velours polychrome qui porte son nom.
Les noms des étoffes sont riches : on distingue les samits , les damas, les brocards, les taffetas ou les baldachins. Lucques est connue pour ses "lampas".
- Samit (Larousse) Tissu de soie uni ou façonné présentant à l'endroit et à l'envers des flottés de trame régulièrement liés en sergé. (Venus d'Orient, ces tissus, très en faveur aux XIVe et XVe s., étaient fabriqués en Italie dès le XIIe s.)
- lampas (Larousse) Tissu façonné, en soie, à riches décors formés par des flottés de trame régulièrement liés par une chaîne supplémentaire dite de liage.
- Le lampas (Wikipédia) est une étoffe assemblant des fils de soie, et souvent d'or et d'argent, dont les motifs sont en relief. Cette étoffe somptueuse est façonnée sur des métiers à la tire.
- Le lampas est un cousin germain du damas, dont la particularité est l'emploi de deux chaînes ayant deux structures distinctes, une pour le décor à dominante trame et une pour le fond de satin à dominante chaîne de liage.
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Afin de documenter ma recherche sur les motifs retrouvés sur les vitraux de Quimper ou de l'Ouest de la France, j'ai longtemps cherché des images d'échantillons de lampas de Lucques. La meilleure source en ligne est la collection du Musée de Cluny. J'ai repris les échantillons les plus évocateurs à mes yeux du sujet que je me suis fixé, et j'ai porté notamment mon attention sur les oiseaux (griffons ou non) tenant dans leur bec un rinceau ou, mieux, un ruban flottant que je suis fier de nommer désormais de son nom sassanide de "pativ".
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— Châsse de saint Potentien, Trésor de la cathédrale de Sens, samit, provenant d'Istanbul, XIIe siècle. Le décor bleu et rouge, sur fond violacé, se compose de médaillons à la couronne ornée de caractères pseudo-kufiques. À l'intérieur se présentent des oiseaux affrontés qui se retournent ainsi que des griffons, adossés de part et d'autre de fleurons. D’autres oiseaux disposés de chaque côté d'un arbre de vie meublent les écoinçons
http://www.qantara-med.org/qantara4/public/show_document.php?do_id=945
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— Etoffe iranienne. Tissu en velours de soie lamé de fils d’or d’inspiration Sassanide (double lion ailé et arbre de vie, le "Homa", dans des médaillons ronds, avec des oiseaux affrontés à huppe entre les médaillons). Le tissage précieux de velours de soie bleue lamée de fils d’or sur un fond crème est très fin. XV-XVIIe siècle iranien ?
http://www.furnishyourcastle.com/fr/antiquites-a-vendre-moyen-oriental/objet-art-tous-styles/sassanide/antiquite-etoffe-iranienne-tissu-de-velours-de-soie-precieux-inspiration-sassanide-homa-lion-et-oiseaux-9960.php
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—. Lampas Wikipédia Musée de Cluny XIVe siècle
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— Musée de Cluny 3061
Fragment de lampas à décor de phénix insérés entre des rangées de palmettes contresemplées
http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC7SJS3FM&SMLS=1&RW=1066&RH=516
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— Musée de Cluny CL22537Lampas diapré broché d'or, Lucques, XVe Aigles affrontés
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Lampas diapré broché d'or, Lucques, vers 1400
Musée de Cluny CL3065 Egypte Syrie lampas
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Musée de Cluny CL21858b Lampas Iran 2ème moitié XIVe. Phenix et pampre d'or sur fond bleu
— Musée de Cluny CL13278 Lampas broché d'or de Sicile XIVe siècle
CL3060 Gazelles adossées Italie 4e quart 13e siècle-1er quart 14e siècle ; fragment de diapre blanc broché d'or à décor de gazelles, perroquets et de palmettes.
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—CL3063 textile BROCHé Lucques baudequins (?) aux antilopes et aux chiens au milieu de végétaux stylisés
— Musée de Cluny CL3086
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CONCLUSION.
a) Le motif du fond des vitraux de la baie 100 et 109 de Quimper se révèle être partiellement d'origine sassanide, avec ses oiseaux affrontés tenant dans leur bec un ruban flottant , le "pativ". Ce thème a été repris dans les lampas de Lucques, et ce sont ces soieries qui ont été à la mode en France dans le dernier quart du XIVe et le premier quart du XVe siècle, notamment à la cour du roi Charles VI. Les spécimens de lampas de Lucques de cette époque permettent de retrouver ce thème des oiseaux affrontés tenant soit des tiges végétales, soit plus rarement des rubans, et celui des palmettes et des rinceaux. Seule la couronne n'est pas retrouvée, ce qui peut suggérer qu'il s'agit d'un ajout délibéré du peintre-verrier, peut-être à la demande du commanditaire, le duc de Bretagne Jean V et son épouse.
b) Les exemples d'un décor analogue, à oiseaux affrontés et végétaux, sont attestés dans les vitraux de douze édifices de 1370 à 1437, en Normandie (possession des rois de France), dans le duché de Bretagne de Jean V, gendre du roi de France, et à Bourges, capitale du duché du Berry de Jean Ier, fils du roi de France Jean II. Dans cinq cas, les vitraux se trouvent dans des cathédrales.
c) Au sein de ce groupe de dix sites, d'autres regroupements peuvent être effectués autour de différents points communs : les pupilles jaunes du dragon de la baie 109 se retrouvent à Runan, à Sées, au Mans. Les apôtres, enrubannés d'un phylactère, de la baie 217 du Mans évoquent ceux d'autres baies de Quimper.
c) Une hypothèse, encore parfaitement gratuite (c'est le privilège d'un blog) est de voir dans l'intégration de ces lampas de Lucques comme modèle de fond de vitrail un usage né dans les ateliers parisiens sous l'influence de la cour du roi Charles VI, étendu aux édifices normands, repris par rivalité mimétique par les ducs Jean de Berry et Jean V de Bretagne, comme si ces motifs étaient réservés aux princes ou à leur entourage proche par privilège. La duchesse Jeanne de France, épouse du duc Jean V depuis 1396 mais fille de Charles VI, a pu être attaché à ce type de décor et l'imposer dans les édifices que le duc fit bâtir pour affirmer son pouvoir.
d) Une hypothèse plus audacieuse serait de proposer que les trois baies du rond-point de Quimper (100 à 103) aient résulté des décisions du couple ducal (il y est représenté avec deux enfants), mais que la duchesse Jeanne de France ait commandité la baie 109. L'absence de donateur sur cette baie est un argument accessoire, la présence de deux saintes particulièrement invoquées par les femmes est un argument plus sérieux. La fonction première d'une duchesse (ou d'une reine ou d'une épouse d'un membre de la noblesse) étant alors de donner naissance à un fils héritier du titre, la recherche de protection contre les dangers de la grossesse et de l'accouchement était une affaire de premier plan. Plus encore, ces saintes avaient atteint un statut quasi officiel de protection du pouvoir royal, comme en témoigne indirectement que le fait que ce soient leurs voix (avec celle de saint Michel) que Jeanne d'Arc aient entendues en 1425 pour délivrer la France et aider le "roi de Bourges". Notons que les dernières des quatre filles du couple furent prénommées Marguerite (1412 † 1421) et Catherine (1417 † ap. 1444). Notons aussi que le portail sud de la cathédrale de Quimper est nommé Portail de la Duchesse Jeanne, parce qu'il porte ses armoiries : mais on le nomme aussi Portail Sainte-Catherine, en raison de la statue de la sainte à la roue, placée à sa gauche.
Surtout, l'identification communément admise pour les deux autres saints me semblent mériter discussion. Celui que l'on présente comme saint Georges pourrait bien être saint Michel, car l'examen attentif montre la présence d'une paire d'ailes derrière l'armure. Le personnage de la lancette C est désigné comme étant saint Julien, contre toute vraisemblance. Ce saint chevalier portant les couleurs d'azur aux fleurs de lys d'or du royaume de France, et une grande croix d'or sur son tabard et son écu évoque difficilement un autre saint que saint Louis. Ce dernier est présent sur la baie 127 de la cathédrale du Mans, baie plus tardive mais dont les points communs avec les vitraux de Quimper sont notables.
http://www.lavieb-aile.com/article-le-vitrail-du-credo-apostolique-de-la-cathedrale-du-mans-ou-baie-217-du-transept-nord-123658379.html
Certes, en 1417, les relations entre le duc Jean V et le dauphin Charles sont complexes, conduisant au coup dans le dos du Traité de Saint-Maur en septembre 1418 conclu avec le duc de Bourgogne Jean Sans Peur.
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SOURCES ET LIENS.
—Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008 : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf
—ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p. (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image
— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820.
A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan)
— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper, ,
Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.
"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)
— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris
— COUDOUIN (André), 1981, « L'âge d'or de la soierie à Tours (1470-1550) » Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1981 Volume 88 Numéro 1 pp. 43-65
http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1981_num_88_1_3035
— COUFFON (René), 1963, « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII
— COUFFON et LE BRAS, http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf
— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005, sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère, 287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).
— GALLET (Yves), Les ducs, l’argent, les hommes ? Observations sur la date présumée du chevet rayonnant de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper (1239) p. 103-116 http://books.openedition.org/pur/5315
— GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)", " Actes du Congrès Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie.
— GATOUILLAT (Françoise), 2013, "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al., La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203,
— GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens." Actes du Congrès Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie.
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.
— GRODECKI (Louis), Baudot Marcel, Dubuc René, 1968, -"Les vitraux de la cathédrale d'Évreux." In: Bulletin Monumental, tome 126, n°1, année 1968. pp. 55-73. doi : 10.3406/bulmo.1968.4898 http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1968_num_126_1_4898
— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862, Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.
Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes. Les baies n'y sont pas numérotées et distribuées en cinq lieux : Vitraux de la chapelle des fonts, vitraux de la Nef, vitraux du transept, vitraux du chœur, vitraux de la chapelle terminale.
—LAFOND (Jean), 1962," Le Christ en croix de la cathédrale de Quimepr à Castelnau-Bretenoux", Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France p. 36-38.
— LA VALLÉE, 1847, "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.
— LE BIHAN (J.-P.), J.-F. Villard (dir.), 2005, Archéologie de Quimper. Matériaux pour servir l’histoire, t. 1 : De la chute de l’Empire romain à la fin du Moyen Âge, Quimper, 2005.
— LE BIHAN (J.-P.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII
—LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV, p.524-525
— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.
— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2007, Blog
http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-7003763.html
— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf
— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242.
— OTTIN (L.), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages, 4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes.
https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up
— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, 170 pages, p.117,
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf
— THOMAS (Abbé Alexandre) 1904, La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51
— VAIVRE (Jean-Bernard de), 1978, Monuments et objets d'art commandés par Gilles Malet, garde de la librairie de Charles V Journal des savants,Volume 4 Numéro 1 pp. 217-239
http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1978_num_4_1_1376