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12 mai 2020 2 12 /05 /mai /2020 21:55

Les vitraux (fin du XVIe siècle début XVIIe) de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude : la Vie de saint Louis.

 

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voir aussi :

 

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Mon projet était d'étudier comment s'établissent les rapports entre enluminures et peinture sur verre, à partir de l'assertion donnant comme source de ce cycle de la Vie de Saint Louis à Champigny-sur-Veude le manuscrit Le Livre des faiz monseigneur. Le BnF fr 2829 daterait de 1480-1485 et a été enluminé par un artiste nommé, par François Avril, précisément à partir de ce manuscrit,  Maître du cardinal de Bourbon et actif à Paris entre 1470 et 1500. 

On doit cette hypothèse à Eugène Pépin en 1928, elle fut présentée ensuite (1975) par  Alain Erlande-Brandenburg et reprise (tempérée de l'adjectif "vraisemblablement") par Louis Grodecki.

Pourtant, la confrontation entre les enluminures et les vitraux m'a vite montré que la relation entre les deux œuvres était lointaine. Le maître-verrier avait peut-être puisé dans la bibliothèque des Bourbons (si tant-est que ce manuscrit s'y trouvait) pour y trouver la documentation des dix tableaux historiques et hagiographiques qu'il devait peintre, il s'était peut-être inspiré de certaines compositions pour les scènes de prestige ou d'expédition navale, mais il n'avait pas trouvé son modèle dans ce manuscrit enluminé un peu plus ou un peu moins d'un siècle auparavant.

J'étais donc déçu, d'autant que je ne ressentais pas pour ces vitraux l'enthousiasme de l'équipe du Corpus vitrearum. Peut-être étais-je trop attaché aux beautés des verrières bretonnes du XVIe siècle ? J'étais gêné par le sentiment de me trouver devant un panégyrique pompeux du XIXe siècle, où l'influence du restaurateur principal, l'atelier Lobin de Tours se fait excessivement sentir. Ces verrières dataient-elles réellement de 1550-1560 comme l'affirmait L. Grodecki ?

Je trouvais en ligne un bref extrait d'un article de 2013 de Laurence Rivale, qui semblait aller dans le même sens. Hélas, les conditions ne me permettaient pas la communication de cet article.

En définitive, je n'ai pas été beaucoup plus loin dans mon projet que de mettre en ligne pour les amateurs la documentation photographique des dix tableaux, accompagnée en parallèle de quelques miniatures  du Livre des faiz.

Finalement, je me suis passionné d'avantage pour cet ouvrage, ces enluminures et leur auteur.

 

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PRÉSENTATION DE LA CHAPELLE ET DE SES VITRAUX.

 

 La chapelle fut commencée par Louis de Bourbon-Vendôme et Louise de Bourbon-Montpensier vers 1508 mais la nef ne fut achevée par son fils Louis III de Montpensier qu'en 1543-1546 (chronogramme) , suivie de la pose des vitraux offerts, sans doute pour son mariage en 1538,  par le cardinal de Longwy, oncle de son épouse Jacqueline de Longwy. Ces vitraux ne furent achevés que longtemps après leur donation, La chapelle reçut ses vitraux dans la seconde moitié du XVIe siècle, puisqu'en baie 9 le cardinal de Bourbon  est qualifié d'évêque de Langres (il occupa cette fonction de 1555 à 1561) et puisque l'on voit en baie 10 Henri de Bourbon et Henriette de Joyeuse, qui se marièrent en 1597. Nous savons d'un contrat notarié d'Henri de Bourbon qu'en 1607 deux peintres-verriers de Chinon, René Grézil et Arnoul Ferrant  furent chargés de leur entretien. Je cite cette pièce car il s'agit d'un réel contrat de maintenance, pour les verrières anciennes ou nouvellement faites, qui pourrait suggérer qu'il a été signé rapidement après la pose des vitraux les plus récents :

 

"En date du 23 juin 1607, contrat notarié entre deux « maistres peintres vittriers » de Chinon. René Grézil et Arnoul Ferrant, d'une part, et Mgr Henri de Bourbon, seigneur du lieu, « pour l'entretien de toutes les vittres du dict château de Champigny, tant vieil que nouvellement faict, de la basse court à la Sainte-Chapelle, de fournir par eux de verre et plomb nécessaires aux entretiens, en sorte qu'il n'advienne aucune démolitions aux dictes vittres, sans être promptement et à l'instant réparé, sauf touttes fois que où il arriverait de grands vents et tonnerre qui fissent dégast de plus de demy panneau d'icelles, tant de la dicte chapelle que logys ci-dessus, ce ne sera aux dépens des dicts vittriers de les remettre, ains à Monseigneur, qui leur a promys par chascun pied de verre la somme de 4 solz de verre blanc, et quant au verre d'appareil, leur sera payé à l'estimation qui en sera faicte par les officiers de ce lieu outre la somme de 60 livres et doibvent être fournis d'une chambre pour  travailler en ce lieu et de boys nécessaire à fondre le plomb et le chauffage de leurs fours" ( Ottin p.6)

 

Un ouragan endommagea les verrières en 1711. Elles sont en partie descellées pendant la Révolution. En 1793, monsieur de Quinson rachète la chapelle et les vitraux et les fait remettre en place mais avec des erreurs de montage. Les vitraux sont restaurés en 1864 par Lucien-Léopold Lobin (Tours) qui corrige les erreurs de montage. Les vitraux sont déposés en 1940, à nouveau restaurés par Jean-Jacques Gruber puis reposés. En 1974-1975, l'atelier Durand procède sur place à des repiquages de quelques pièces brisées sur les tympans.

 

 

"L’édifice est orné de onze verrières, hautes de plus de 8 mètres et larges de 3,50 m. La profondeur des bleus, le velouté des rouges et des bruns, ou encore la lumière des ors, qui ornent les vêtements, font la réputation de ces vitraux .

"Ces vitraux remarquablement bien conservés ont la réputation bien méritée d’être les plus beaux vitraux Renaissance de France. Ils sont divisés en trois registres superposés. Dans le soubassement sont représentés les descendants de Saint Louis. Tous ces personnages sont agenouillés sur un prie-Dieu qui porte leurs armes, et leur nom est inscrit dans un cartouche de verre blanc. Ils sont tournés en direction de la verrière centrale, qui représente la Crucifixion ainsi que le couple fondateur, Saint Louis et son épouse Marguerite de Provence. Cette disposition forme comme une procession, elle est une mise en scène ostentatoire qui permet à la famille de Bourbon-Montpensier d’affirmer sa puissance et de rappeler que Saint Louis, leur ancêtre, leur a transmis une parcelle de son sang royal. Dans les deux autres registres, une scène unique occupe toute la baie. Elle n’est pas constituée de multiples épisodes juxtaposés et superposés comme dans les vitraux du Moyen-Âge, mais constitue un véritable tableau qui ne tient pas compte des meneaux de pierre. Le registre central, le plus important, est une évocation de la vie de Saint Louis, depuis son sacre à Reims le 29 novembre 1226 jusqu’à sa mort à Tunis le 25 août 1270. Le roi est mis en parallèle avec le Christ, dont la Passion est représentée dans le tympan. La lecture des verrières se fait du bas vers le haut, des Bourbons vers le Christ." (Marie-Pierre Terrien)

 

"Un important corpus de biographies de Louis IX a été produit par les hagiographes à la fin du XIIIe siècle, afin de le glorifier en vue de sa canonisation. S’intéressant davantage au saint qu’au souverain, elles ont véhiculé le portrait d’un roi mythique. Trois images principales, qui veulent souligner sa piété, s’en dégagent : un roi héritier des rois de l’Ancien Testament, un roi très chrétien qui pratique la charité et un roi guerrier qui part en croisade sur les pas du Christ. Les images de Saint Louis, proposées dans les verrières de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude concordent avec ce portrait idéalisé du souverain. Le cardinal de Givry, qui a offert les vitraux, a joué un rôle fondamental dans la réalisation de ce programme iconographique très abouti. Homme d’Église, mais aussi grand mécène, il était au contact des humanistes de son temps. Enrichis par les sources de la Renaissance, les vitraux de Champigny-sur-Veude véhiculent un message qui vise également à célébrer Louis Ier de Bourbon, dont les hauts faits répètent ceux de son ancêtre, le roi Très saint. Ils rappellent à la fois son courage quand il part faire les guerres d’Italie et sa ferveur religieuse quand il lègue des reliques de la Passion à la collégiale." (Marie-Pierre Terrien)

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Vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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LE MANUSCRIT ENLUMINÉ LE LIVRE DES FAIZ MONSEIGNEUR SAINT LOYS BnF FR.2829. 

 

 "Il s'agit d'une compilation des épisodes de la vie de Louis IX et des miracles ayant eu lieu après sa mort sur son tombeau, écrite par un auteur anonyme. Elle a été commandée par Charles II de Bourbon, cardinal et archevêque de Lyon vers 1480-1482, qui y trouve l'occasion de glorifier son ancêtre. L'ouvrage était destiné à l'une des femmes de son frère, le duc Jean II de Bourbon, qui, d'après la date du manuscrit et certains indices héraldiques, pourrait être Jeanne de France (1435-1482). Il s'agit de l'ouvrage le plus ambitieux enluminé par le maître anonyme et celui qui lui a donné son nom de convention. Tous les chapitres de l'ouvrage sont enluminés : le prologue (miniature de dédicace), les 41 chapitres de la vie du roi (f.7-f.83) puis les 75 miracles du saint (f.84-115v), un chapitre sur sa canonisation et une conclusion soit 122 miniatures au total dont 48 en pleine page. Le maître développe ici un programme iconographique original tout en restant très proche du texte.  Saint Louis y est représenté d'une manière différente en fonction de ses différents rôles, selon qu'il incarne le monarque, mais aussi l'époux, le père ou encore une figure christique ." (Elliot Adam)

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Etude du manuscrit.

 

La reliure de maroquin rouge aux armes et symbole royaux (collier de l'Ordre du Saint-Esprit) date de la fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle.

La notice de la Bnf n'indique pas ses propriétaires, mais le manuscrit fut donné en 1488 par Anne de Beaujeu à son frère Charles VIII.

Il s'ouvre en page 2v par une enluminure pleine page du blason de France d'azur aux trois fleurs de lys d'or, couronné et entouré du collier de l'Ordre de Saint-Michel modèle antérieur à 1516, avec en haut la devise PLUS QUAUTRE et en bas  la mention KAROLUS . OCTAUS . Il faut lire le S final comme le signe abréviatif en exposant 9 de -us latin. Soit, ici, après un U qui a valeur d'un V, OCTAVUS

La bordure est un carroyage bicolore, gris et or, les 26 carrés portant un S gothique. 

La devise se trouve répétée en abyme dans les quatre traits droits du S de PLUS.

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BnF fr 2829 Le Livre des faiz folio 2v. Droits Gallica

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On trouve ce frontispice dans les manuscrits Bnf fr. 823 et 5054, mais la devise PLUS QUAUTRE y est absente.

a) Le BnF français 823, à la même reliure de la Bibliothèque royale que le Livre des faiz, contient les Pèlerinages de Digulleville ; il  date de 1393. Le folio Av, enluminé secondairement,  montre le même complexe emblématique et héraldique ( différence : carreaux bleu-gris et or ; fond damassé rouge et or ; inscription KAROLUS OCTAVUS)

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10462501n/f10.image

 

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BnF français 823 folio Av . Droits Gallica.

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b) Le BnF français 5054 contient les Vigiles de Charles VII de Martial d'Auvergne ; c'est un manuscrit daté vers 1484, copié à Chaillot, enluminé à Paris par deux artistes du cercle de François Le Barbier fils. Sa reliure de maroquin rouge aux armes et symbole royaux est semblable à  celle des ouvrages précédents. Le frontispice a été ajouté par Jean Bourdichon, il est identique au précédent .

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BnF français 5054 Bv. Droits Gallica

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Analyse des emblèmes du frontispice du Livre des faiz.

Nous sommes donc dans un ensemble emblématique associant des couleurs (gris et or), un sigle (le S), une devise ou mot (PLUS QUAUTRE), l'identité KAROLUS . OCTAVUS, et un blason. 

KAROLUS OCTAVUS désigne bien-sûr Charles VIII. 

Les couleurs.

Le jaune et le gris sont les couleurs de Charles VIII et d'Anne de Bretagne à Amboise , et sont dédiés aux chambres du roi et de la reine, alors situées dans le logis dit de Louis XI. Dans les minutes de l’hôtel d’Anne de Bretagne où ces chambres sont répertoriées, elles sont dites « a la devise du seigneur », sans autre précision comme s’il existait une correspondance évidente entre le roi et les couleurs qui le représentent. À la suite des chambres, sont d’ailleurs énumérées : Sept pieces de satin gris et jaulne qui servent au retraict et garde robe dudit seigneur de pareil blason comme les dessusdites." (L. Gaugain)

Avant le départ du roi pour Naples en 1494, la description de sa tenue de chasse conjugue les mêmes coloris. On pourrait donc penser que Charles VIII a porté pour couleurs le jaune et le gris avant l’expédition d’Italie. On sait en revanche qu’à la bataille de Fornoue, le 6 juillet 1495, Charles VIII portait pour couleurs le violet et le blanc, qui l’avaient mené à la victoire.

 

Le S fermé.

  Ce S fermé, un S gothique barré d'un trait en diagonale, désigne la « fermesssa » ou « fermesse », c'est à dire la fidélité politique ou amoureuse voire religieuse. 

Les appartements du couple royal à Amboise étaient décorés d'une tenture de satin jaune et gris garnie de grands S de velours noirs à cordelières : "on retrouve ces couleurs au logis des Sept Vertus, en 1498 – comme nous allons le voir. Lors de la fête donnée en l’honneur de Philippe d’Autriche et Jeanne de Castille à Blois en 1501, la chambre de la dame d’honneur de l’archiduchesse, Madame de Halluyin, est précisément ornée de ces parures jaunes et grises, dont les embrasses de rideaux sont de grands « S » de velours noirs « noués en façon d’une cordelière », venues du logis dit de Louis XI ; que les minutes de l’hôtel d’Anne de Bretagne signalent en effet, dans la marge, en récolement, envoyées à Blois"

Les mêmes couleurs se retrouvent sur les tapisseries  qui furent achetées en 1493-1494 pour orner les appartements de Charles VIII et Anne de Bretagne au logis du donjon, c’est-à-dire dans la partie occidentale du château. On y reconnait les tons jaunes et gris dans lesquels avaient été réalisées les chambres des époux royaux ainsi que, timbrées de S et de cordelière ducale, les embrases de velours noirs qui tenaient les rideaux.  "Tappicerie de damas sathiné gris et jaulne faictes a la devise dudit seigneur et rapportees par SSS entrelassees: Huit pieces de tappicerie de damas gris et jaulne obscur ou esdites pieces sont rapportees grandes SS de veloux noir et une cordeliere a travers S, lesquelles pieces servent pour la chambre dudit seigneur et en icelles est comprins le ciel. Trois rideaulx de taffetas gris et jaulne. Sept pieces de satin gris et jaulne qui servent au retraict et garde-robe dudit seigneur de pareil blason comme les dessusdites. Quatre pieces de satin gris et jaulnes servantes a l’oratoire dudit seigneur a SS. Huit pieces de tapicerie de damas gris et jaulne comprins le ciel a SS de veloux noir et une cordelliere a travers lesquelles servent pour la chambre de la royne. Trois rideaulx pour ladite chambre dont en y a deux de damas gris et jaulne et ung rideau de taffetas."

Le S fermé est présent, entre deux soleils  sur les guides du cheval de Saint Hubert sur le linteau de la chapelle royale d'Amboise.

http://www.lavieb-aile.com/2015/08/le-linteau-du-portail-de-la-chapelle-saint-hubert-du-chateau-d-amboise.html

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photo lavieb-aile

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Un soleil portant un S fermé est visible au folio 4 du Livre des quatre dames BNF fr fr. 2235.

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BnF fr 2235 folio 4v. Droits Gallica

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Le S fermé avec le mot PLUS QUAUTRE est placé au centre d'un soleil sur la tapisserie La destruction de Troie, datant du troisième quart du XVe siècle. (Victoria and Albert Museum)

https://www.vam.ac.uk/articles/the-war-of-troy-tapestry

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1973_num_131_2_6929

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Le mot PLUS QUAUTRE.
J'ai déjà signalé qu'il est présent en haut à gauche et répété deux fois sur la tapisserie La Destruction de Troie, où Charles VIII l'a fait placer lorsqu'il en fut propriétaire.

Selon V. Terrasson de Fougères " Parmi les motto ou courtes sentences adoptées par le roi, Yvonne Labande-Mailfert cite à partir de 1492 « Plus quaultre » (sic) que porteront certains de ses pensionnaires sur leurs journades lors de l'entrée à Florence, cette devise succède aux devises plus légères de sa jeunesse telle que « A mon atante » et « J'ayme tant fort une ».

Le roi l'a inscrite de sa propre main, avec sa signature, sur un manuscrit exécuté pour Charles-Orland, son fils aîné (1492-1495). Il s'agit de « L'Ystoire du tres sainct Charlesmayne»  BnF, Fr. 4970, au folio 47 . La devise met en valeur le S de PLUS, et ce S se retrouve dans le C de CHARLES.

 

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On la signale aussi sur des Très Petites Heures du roi, un manuscrit mis en vente  en 2000.

https://www.lotsearch.net/lot/petites-heures-of-charles-viii-use-of-paris-in-latin-illuminated-46569319

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Source Christie's

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J'ai mené assez loin cette digression pour mon seul plaisir ; mais on peut en conclure que le manuscrit du Livre des faiz n'était pas accessible comme modèle pour un peintre-verrier à partir de 1488, date à laquelle il rentra dans la bibliothèque royale. 

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Le folio 3v.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f9.item.zoom

Le texte y est placé dans un cartouche inséré au tiers médian de la page, délimitant ainsi deux registres. 

 Au registre supérieur, l'auteur offre son  manuscrit à un cardinal, dans une riche chambre d'apparat et en présence d'une foule de courtisans, dont un noble portant un faucon dont le capuchon est ôté. Les coiffures sont soit le bonnet florentin, soit le chaperon. On peut en étudier la technique stylistique , avec l'usage de hachures à l'or liquide notamment sur les fonds bleus et rouges, soit de dessins comme le damassé des étoffes du lit,  selon l'art du camaïeu d'or. En haut, une inscription ONCE (?) LE ROY. Sur des aumônières, quelques monogrammes.  Dans l'encadrement architecturé, je remarque la clef de voûte pendante  ornée de deux anges présentant  les armoiries royales, et sur les culots de départ des nervures, une statue de saint Louis et une autre de Charlemagne. Les deux bâtons croisés sous le galero sont pour moi énigmatiques.

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Le texte donne le Prologue : ICY COMMANCE LE PROLOGUE SUR LE LIVRE DES FAIZ MONSEIGNEUR SAINT LOYS JADYS ROY DE FRANCE. Jehan arcedyacre de Salesbery docteur bien renomme en son ne prologue de son livre intitulé Policraticon par forme question interrogatoyre dit et demande qui est celuy qui pourroit congnoistre et savoir les fais des alixandres les fais des cesars empereurs romains qui se esmerveilloit...[des stoiques et des peripathetiques qui furent deux sectes de philozophes anciens]

Le Policraticus  est un livre de philosophie morale et politique écrit par Jean de Salisbury vers 1159 et abordant la question de la responsabilité des rois et leur relation à leurs sujets.

Dans cet encart, les armes des Bourbon, et, au centre l'emblème de l'épée flamboyante.

Le registre inférieur se déroule, selon l'inscription, à MOULINS EN BOURBONNOIS. Elle est divisée en deux par une tour portant les armes des Bourbons tenues par deux ours. À gauche, le duc de Bourbon (collier de Saint-Michel) entouré de ses conseillers, sous son blason, est désigné par DE BOURBON, précédé d'un prénom ou d'un titre en latin. C'est a priori le duc Jean II (1426-1488). À droite, le cardinal est identifié par l'inscription KAROLUS. C'est le cardinal Charles de Bourbon (Moulins, 1433-Lyon, 1488) qui fut archevêque de Lyon (1480-1482) et évêque de Clermont (1476-1488). Il présente ou offre le manuscrit à reliure cramoisi à une femme de noble condition, qu'on assimile à la duchesse de Bourbon. Le duc Jean II a eu trois épouses, mais les emblèmes et armes royales incitent à y voir Jeanne de France, fille de Charles VII, d'autant que sa robe est d'azur aux fleurs de lys d'or..

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folio 3v

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LES DIX REGISTRES MOYENS DES VITRAUX DE LA SAINTE-CHAPELLE DE CHAMPIGNY: VIE ET MORT DE SAINT LOUIS.

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On en trouve une description précoce dans De Chergé, 1838.

 

 

 

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Du coté nord :

1. Le sacre de saint Louis.

2. L'éducation de saint Louis

3. La translation des reliques à la Sainte-Chapelle de Paris.

4. Piété et charité de saint Louis.

5. Saint Louis fait vœu de croisade en Terre sainte.

Du coté sud :

6. Embarquement de saint Louis à Aigues-Mortes.

7. La prise de Damiette par les Croisés.

8. La bataille de la Mansourah ; saint Louis set fait prisonnier.

9.  Retour de la première croisade de saint Louis.

10. La mort de saint Louis.

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1. Le sacre de saint Louis.

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Il s'agit de la baie 9.

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COMMENT LE ROY SAINCT LOVYS EN LAAGE DE TREIZE ANS FUT SACRE EN LEGLISE DE REINS PAR LEVESQVE DE SOISSONS LE SIEGE ARCHIEPISCOPAL DE REINS VACANT PRESENS LES PERS ET PRINCES DE FRANCE .

La scène a été très restaurée au XIXe et XXe siècle.

À droite, l'évêque et les dignitaires ecclésiastiques ; à gauche, neuf "barons", barbus, couronnés, arborant le collier de l'Ordre de Saint-Michel, portent les insignes régaliens et de chevalerie : épée, casque, couronne et étendard (de gueules à la croix d'argent, celui des Hospitaliers). Le baron de gauche porte des collants rouges, une tunique d'or damassée, et un manteau court, bleu, et fourré.

Louis IX fut sacré en la cathédrale de Reims le 29 novembre 1226 par Jacques de Bazoches évêque de Soissons, mais il avait été adoubé chevalier lors d'une étape à Soissons quelques jours auparavant. Les grands seigneurs et les prélats étaient absents. 

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L'enluminure du Livre des faiz monseigneur, folio 7r, est différente dans sa composition et dans ses costumes, mais la cérémonie est identique ; les barons tiennent des lances, les éperons, l'épée et l'oriflamme (d'azur semé de fleurs de lys). Les prélats mitrés remettent la couronne, le sceptre, la ceinture bleue, la tunique d'azur fleurdelisée, et un reliquaire. Un retable de la Vierge entre saint Pierre et saint Paul, et un drap d'honneur damassé, sont peints en camaïeu d'or sur fond brun.

 

 

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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2. L'éducation de saint Louis durant la régence de Blanche de Castille.

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COMMENT APRES LE SACRE ET COURONNEMENT DV ROY SAINT LOVIS LA ROYNE BLANCHE DE CASTILLE SA MERE LE BAILLA A GOVVERNER ET INSTRUIRE A JEAN VERTV[EVX] ASSAVOIR QUANT AVX CHOSES SPRIRITVELLES AVX FRERES PRESCHEVRS ET MINEVRS ET LES CHOSES TEMPORELLES GOVVERNANT PAR LE CONSEIL DES SAGES CHEVALIERS ET BARONS DE FRANCE.

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Dans le Livre des faiz, cet épisode correspond au texte du folio 8r ""… et demeura toujours sous la garde et tutelle de la dite reine sa mère qui le fit introduire et enseigner par nobles et grands clercs tant des prêcheurs comme des cordeliers et tellement le conduisit en bonnes manières et singulièrement à pitié et compassion des pauvres que dès son jeune âge il leur donnait tout ce qu'il pouvait avoir pour l'amour et honneur de Notre-Seigneur Jésus-Christ."

 mais il n'est pas illustré :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f19.item.zoom

 

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Dans la partie supérieure du vitrail, une scène de genre est basée sur la préparation d'une chasse au faucon, observée depuis les fenêtres du palais par les courtisans.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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3. La translation des reliques à la Sainte-Chapelle de Paris.

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Restauré. Verre gravé.

 

 

COMMENT LE ROY LOVIS FIST EDIFFIER LA SAINCTE CHAPPELLE DV PALAIS A PARIS ET Y FIST APPORTER REVEMMENTE PROCESSION LUY ET SES FRERES Y ESTANS NVES TESTES ET NVDSZ PIEDZ LA SAINCTE COVRONNE LA VRAYE CROIX LESPONGE LE FER DE LA LANCE ET AVLTRES RELIQVES QVIL RECOVVRA DE LEMPEREUR DE CONSTANTINOBLE ET DES PHENICIENS

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La procession n'est pas très différence de celles représentées sur les vitraux de Pont-Audemer , de  Louviers ou des Andelys vers 1515 : en tête le porteur d'une croix, puis les prélats, l'évêque tenant la relique de la Sainte-Epine, puis saint Louis et ses frères (sans barbes) pieds et jambes nus (pas de chausses) , tenant des cierges. Nous retrouvons les manteaux courts à taillades sur des tuniques damassées, et les colliers de Saint-Michel.

 http://www.lavieb-aile.com/2018/12/la-verriere-de-la-vie-de-saint-ouen-en-l-eglise-de-pont-audemer.html

 

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L'enluminure 17r du Livre des faiz est différente, puisque le roi tient la couronne d'épines.

folio 17r

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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Détail: le verre rouge gravé de la chape de l'évêque.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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4. Piété et charité de saint Louis.

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COMMENT LE ROY SAINCT LOYS PRENNOIT DISCIPLINE PAR LES MAINS DE SON CONFESSEVR PORTOIT LA HAIRE SVR SON CORPS MENGEOIT LE DEMEVRANT DE CE QVI ESTOIT DESSERVI DE DEVANT LES POVRES LEVR LAVOIT LES PIES ET LES NOVRISSOIT LUY MEME DE SES MAINS DONNOIT A MENGER A VNG POVRE RELIGIEVX MALADE ET PARALYTIQVE EN LABBAYE DE ROYAVMONT LABBE CE VOYANT PLORANT DE RAVISSEMENT 

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folio 13v

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folio 13v

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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Le registre supérieur.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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Le registre inférieur.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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5. Saint Louis fait vœu de croisade en Terre sainte.

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COMMENT LE ROY SAINCT LOYS ESTANT GRIEFVEMENT MALADE AVEC SES TROIS FRERES ET PLVSIEVRS AVTRES PRINCES DV ROYAVME FIRENT VEV DALLER OVTRE LA MER POVR GVERROER AVX INFIDELLES POVR METTRE LA TERRE SAINCTE AVX CHRETIENS .

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Voir Livre des faiz folio 19v  Comment le roy fut malade a Pontoyse.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f42.item.zoom

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Voir Livre des faiz folio 23r Comment le roy saint Loys print son chemin pour aler oultremer come il lavoit voué. Chapitre xv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f49.item.zoom

 

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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Notez le verre rouge gravé et peint au jaune d'argent (tunique d'un courtisan) ou seulement meulé (couverture du lit du roi), et la présence de pièces montées en chef-d'œuvre (pierre précieuse de la mitre en verre bleu).

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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6. Embarquement de saint Louis à Aigues-Mortes. Victoire à Damiette.

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LE ROY LOYS SEMBARQVE AVECQVES LA REYNE MARGVERITE A AIGVES MORTES LE 25 AOUT 1248

LE MAITRE DE LA NEF SECRIA A SES GENS VOTRE BESOGNE EST PRETE SOMMES NOUS A POINT

LES SARRAZINS SE VOYANT BATUZ DEVANT DAMIETTE MIRENT LE FEV EN LA CITE .

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Rappel :  Embarquement à Aigues-Mortes et hivernage à Chypre. Prise de Damiette en Egypte.

Dès 1247, Louis IX envoie à Chypre une équipe de fournisseurs chargés d’organiser l’intendance et le ravitaillement de la future expédition. Afin de disposer d’un port situé sur le domaine royal, Louis IX ordonne la construction du port d'Aigues-Mortes. C’est de ce port qu’il embarque le 25 août 1248, avec une grande partie de la noblesse française. La flotte débarque à Limassol le 17 septembre 1248 où elle est reçue par le roi Henri Ier et s’apprête à hiverner dans l’île. Cet hivernage va permettre aux chefs de la croisade de préparer leur stratégie en vue de cette expédition.

Le 5 juin 1249, les croisés débarquent en Egypte sous les charges successives des soldats musulmans, et réussissent à mettre le pied sur le rivage, puis à repousser l’armée ayyoubide. Fakhr al-Din décide d’abandonner la plage. Il se replie sur Damiette, mais n’ose pas y rester et se réfugie à Ashmûn-Tannâh, plus au sud. Pris de panique, les habitants de Damiette évacuent leur ville pour fuir dans le delta du Nil. Avec prudence car ils craignent un piège, le 6 juin, les croisés peuvent entrer dans Damiette, et s’en emparer.

L’armée se met alors à attendre l’arrivée du reste de la flotte, dispersée par la tempête. Lorsqu’elle est enfin réunie, il est trop tard pour marcher sur Mansourah et Le Caire. En effet, la crue du Nil a commencé et les croisés doivent attendre qu'elle se termine en octobre 1249. (Wikipedia)

 

Voir Livre des faiz folio 34v : Comment le roy print port a Damete chapitre XXIIII . Le roi, en armure, et un cardinal sont sur le château-avant d'une nef, sous les bannières de la Crucifixion, de saint Denis et de saint Michel.

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f72.item

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Sur le vitrail, le roi est déjà à terre, accompagné de la reine, en avant de ses troupes.

Les têtes du panneau central datent du XIXe siècle.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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7. La prise de Damiette par les Croisés.

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COMMENT LE ROY SAINCT LOYS VENANT DE CHIPRE ESTANT DEVANT DAMIETTE EN EGYPTE SAVOIT EN LA MER COVRVT SVS LE SOVLDAN ESTANT MORT DE CONGNOISSANT SARRASINS SE SAVERENT MIRENT LE FEV EN LA CITE . CE QVE VOIANT LE ROT Y ENTRA AVEC LE LEGAT DV PAPE EN CHANTANT TE DEVM .

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Voir Livre des faiz folio 36v Comment le roy print le lendemain quil fut arrivé la cite de Damiete

(enluminure) et 37r +37v  (texte). Sur l'enluminure, le roi est représenté 2 fois : à bord, puis à cheval. Notez l'harnachement en camaïeu d'or sur fond rouge, de même que l'oriflamme de Saint-George en haut à gauche.

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Le folio 38v illustre Comment le roy saint Louis et tout l'ost partit de Damiete honorablement et par grande ordonnance. Chapitre XXVI. Le roi a été averti "que le soudan et toute la compaignie de multitude de paiens était venu en ung lieu appelé la Mastore".

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f80.item.zoom

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Le vitrail associe plusieurs registres : l'arrivée de saint Louis et de  ses navires ; un combat à terre, la traversée d'un pont et l'entrée dans Damiette ; une procession. 

Les verres rouges des rondaches sont gravés pour représenter la croix blanche.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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8. La bataille de la Mansourah ; saint Louis prisonnier.

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COMMENT LE ROY S LOYS FIT PLVSIEVRS BATAILLES CONTRE LES SARAZINS DEVANT LA VILLE DE LA MASSERE QVIL TENOIT ASSIEGEE QVIL EUT VICTOIRE MAIS DVRANT LE SIEGE VNE PESTILENCE SE MIST DEDANS LOST DES CHRETIENS A LEVR FAILLIRENT TOVS VIVRES LE COGNOISSANS LES SARAZINS ASSALIRENT LE ROY ET SON ARMEE QUI VAILLAMENT SE DEFENDIT MAIS FINALEMENT FVT PRIS PRISONIER EN VNE PETITE VILLE DENOMMEE CAZEL OU IL SEST RETIRE.

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La ville de "Massere" correspond à Mansourah, nommée aussi dans les Grandes Chroniques  La Maçoure ou la Mascurre, et, dans le Livre des faiz, Maslore..   

 Joinville mentionne le cazel de Minieh, mais cazel, ou  quasel, kasel signifie "bourg" de même que "minieh". Louis IX a été fait prisonnier dans un village proche de Fariksur, cité proche de Damiette, puis a été retenu en détention dans la demeure, Dâr Ibn Luqmân, du cadi de Mansourah.

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Dans le Livre des faiz, la scène est décrite au folio 41v : Comment le roy saint Loys en cuidant retorner a Damiete fut print. XXVIIe chapitre.  Après cette deconfiture ainsi faicte fuxles sarrazins ne demoura guere apres que le filz du soudan mort vint des parties d'orient et arriva a la maslore et le receurent les egyptiens a grande reverence et honneur comme leur ...etc

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En comparaison, le vitrail malgré au premier plan, la charge de la cavalerie des Infidèles, au sabre, contre les chevaliers français, me semble moins éloquente. Et encore une fois, je suis très loin d'y trouver la même satisfaction esthétique ou la même maîtrise de peinture. Ne parlons pas de la minutie de chaque détail, c'est le propre des miniatures.

 

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Le vitrail : notez l'emploi de verre rouge gravé.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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9.  Retour de la première croisade de saint Louis.

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COMMENT LE ROY FIT PLVSIEVRS BELLES ORDONNANCES APRES SA DELIVRANCE ET AVOIR FAIT EN LA TERRE SAINCTE BONNES REPARATIONS DES PRELATZ ET CHEVALIERS VINCT AVEC LA REYNE ET SES PRINCES PAR LE MONT CARMEL OV DEMEVRAIENT DES CARMES QVIL AMENA AVEC LUY EN SA COMPAGNIE DE QVOY IL FVT SI HEVREVX ET SI GRAND CONTENTEMENT QVIL FONDA DES INSTITVTIONS DE CARMES EN SA VILLE DE PARIS LA REYNE BLANCHE AYANT DECEDE LE ROY SEMBARQVANT DEVXIESME FOIS ET ARIVA DOVLTRE MER EN LANEE 1254 EN FRANCE

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Rappel : La septième croisade est la première des deux croisades entreprises sous la direction du roi Louis IX. Décidée par le roi en 1244, elle quitte le royaume de France en 1248 et aborde l’Égypte en 1249. Vaincue par les maladies, l’armée ne retrouve sa liberté qu’en 1250, et le roi de France passe les quatre années suivantes à mettre le royaume de Jérusalem en état de se défendre contre les Mamelouks. La croisade prend fin en 1254, avec le retour du roi en France après la mort de sa mère Blanche de Castille, qui assurait la régence du royaume pendant son absence.

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Le Livre des faiz consacre une belle page (folio 43r) à la comparution de saint Louis prisonnier devant le Sultan.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f89.item.zoom

Le folio 47v dépenint le départ du roi et de la reine de Damiette vers Acre.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f98.item.zoom

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Le folio 49v montre le séjour à Acre durant 5 ans, et le roi soignant ou enterrant les chevaliers victimes de l'épidémie, tandis qu'un évêque et un cardinal se bouchent le nez.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f102.item.zoom

Le folio 51v illustre les événements qui surviennent en France pendant que le roi est en Syrie. Et le folio 53v du retour en France des deux frères du roi.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f106.item.zoom

La scène du retour du roi en France, sujet de ce vitrail, est illustré au folio 55r. Sa partie supérieure est consacrée à la mort de Blanche de Castille.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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10. La deuxième croisade du roi ;  mort de saint Louis (25 août 1270).

 

 

COMMENT LE ROY SAINCT LOYS ACCOMPAGNE DE PHILIPPE SON FILZ AISNE QVI FVT ROY DE FRANCE DAVTRE PRINCES MIST SON CAMP DEVANT LA CITE DE TVNES QVIL TINT LONTEMPS ASSIEGEE ET Y FVT PLVSIEVRS BATAILLES CONTRE LES SARAZINS ET DVRANT CE TEMPS LUY VINT VNE GRIEFVE MALADIE LAQVELLE IL DECEDA --- SON CORPS REPOSA EN FRANCE SEPVLTVRE EN LEGLISE DE SAINT DENIS DE FRANCE OV IL SOPERA DEPVIS LE TEMPS PLVSIEVRS SIGNES ET MIRACLES .

 

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Rappel.

"Urbain IV appelle à une huitième croisade. Les croisés partent de 1265 à 1272. Ils consacrent leurs efforts à aider les Francs d'Acre à défendre leurs dernières places. Pour Louis IX, cette huitième croisade est un pèlerinage expiatoire. Il se dirige vers Tunis car il espère convertir au christianisme l'émir hafside al-Mustansir et, peut-être, faire de la Tunisie une base d'attaque vers l'Égypte mamelouke qui contrôle alors la Terre sainte. Il apparaît très vite que l'émir n'a aucune intention de se convertir. La dysenterie (ou le typhus) fait des ravages dans les troupes. Louis IX, touché à son tour, meurt, le 25 août 1270 à Carthage." (Wikipedia)

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Le siège de Tunis n'est pas représenté dans le Livre des faitz. Le roi est montré malade sur une vignette du folio 78v. Le folio 82r montre le retour de la dépouille du roi à Paris, menée par son fils Philippe.

 

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Sur le vitrail, la tête de saint Louis date du XIXe siècle.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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SOURCES ET LIENS.

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— ADAM (Elliot), 2016, Le camaïeu d'or dans l'enluminure en France au XVe siècle. Une technique de réduction du coloris, mémoire de Master 2 Université Paris-Sorbonne.

https://www.academia.edu/28406636/Le_cama%C3%AFeu_dor_dans_lenluminure_en_France_au_XVe_si%C3%A8cle._Une_technique_de_r%C3%A9duction_du_coloris

 

 

— BREJON DE LA VERGNÉE (Jacques), 1978, "L'emblématique d'Anne de Bretagne d'après les manuscrits à peinture (XV-XVIe siècles)", Société archéologique de Bretagne pages 83-95.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/522a692da8aab9.35279840/1978_04.pdf

— DE CHERGE (Ch.), 1838, Le château et la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude (Indre-et-Loir),  Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, Volumes 3 à 4 Société des Antiquaires de L'Ouest

https://books.google.fr/books?id=4WoDAAAAYAAJ&dq=%22saint+Louis%22+MASSERE&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— ERLANDE-BRANDEBURG (Alain) 1975, "Eugène Pépin. Champigny-sur-Veude et Richelieu (coll. « Petites monographies des grands édifices de la France », n° 93)  [compte-rendu]" Bulletin Monumental  Année 1975  133-1  pp. 99-100

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1975_num_133_1_5454_t1_0099_0000_4

«  Commencée peu après 1507 par Louis Ier de Bourbon, elle est vraisemblablement terminée par Louis II, vers 1543. Outre son décor architectonique et ce qui subsiste de son mobilier, elle est pourvue de onze verrières qui en font toute la réputation. Au centre se trouve la Crucifixion sous laquelle on reconnaît saint Louis, patron de la chapelle, et Marguerite de Provence, son épouse. Les dix autres vitraux sont divisés en trois registres avec à la partie supérieure des scènes religieuses, au centre des grandes compositions qui ont trait à la vie de saint Louis et à la partie inférieure les portraits des ancêtres des constructeurs de la chapelle. On a cru pouvoir distinguer deux séries, mais M. Pépin, frappé par l'unité stylistique qui se dégage de cet ensemble, pense que les cartons de ces onze vitraux sont l'œuvre d'un seul artiste. Ce dernier serait d'ailleurs d'origine bourbonnaise. Le fameux manuscrit du Livre des faiz monseigneur saint Louis, exécuté à la demande du cardinal de Bourbon, entre 1476 et 1481, a d'ailleurs servi de thème d'inspiration iconographique « 

GAUGAIN (Lucie), 2014, Le château de Charles VIII, in Amboise, un château dans la ville Presses universitaires François-Rabelais, 2014 pages 95-206.

https://books.openedition.org/pufr/8132?lang=fr

 

— GRODECKI (Louis ) Martine Callias Bey, Françoise Perrot, 1981, Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire, p. 103-108, Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique (collection Corpus vitrearum - Recensement II), Paris,p. 103-108

— OTTIN (Louis), 1896, Le vitrail; son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples, H. Laurens, Paris, page 6

https://archive.org/details/levitrailsonhist00otti/page/6/mode/2up/search/champigny

 

— PÉPIN (Eugène), 1928, "Champigny-sur-Veude et Richelieu", Henri Laurens, Paris, page 13-20.

—  RIVALE (Laurence), 2003, "Les vitraux de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude (Indre-et-Loire)" Congrès archéologique de France , Touraine, vol. 1555 partie 1997, Picard et fils, page 67

"Si donc le cartonnier, ou le peintre-verrier, de Champigny eut le Iivre des faiz Monseigneur saint Louis sous les yeux, ce ne fut qu'à titre de référence, d'aide-mémoire ou d'inspiration, tous procédés qui ne correspondent pas à ce qu'on sait de la façon de faire dans les ateliers du XVIe siècle"

TERRASSON DE FOUGÉRES (Vincent), 2001, La Royauté idéale. Images des rois Charles VIII et Louis XII à travers le spectacle des entrées royales et des guerres d'Italie (1497-1515). Thèse 1997-2001

 

TERRIEN (Marie-Pierre) 2017, La Sainte Chapelle de Champigny-sur-Veude Le programme iconographique des vitraux (première partie) 

https://www.institut-jacquescartier.fr/2017/01/la-sainte-chapelle-de-champigny-sur-veude-le-programme-iconographique-des-vitraux-premiere-partie-par-marie-pierre-terrien/

—TERRIEN (Marie-Pierre) 1997,  Images de Saint Louis dans les vitraux de Champigny-sur-Veude, Pays et terroirs, 1997

— TERRIEN (Marie-Pierre) 2010, « La Sainte Chapelle de Champigny-sur-Veude et le rôle du cardinal de Givry », Les chapelles royales. De la gloire de Dieu à la gloire du prince, Actes du colloque de Lunéville (18-20 novembre 2010), CTHS, 2015, p. 37-47.

https://iesr.hypotheses.org/1441

— TERRIEN (Marie-Pierre)

https://mariepierre-terrien.com/index.php/la-sainte-chapelle-de-champigny/ .

— TERRIEN (Marie-Pierre) 2007, Images de Saint Louis dans les vitraux de Champigny-sur-Veude, Cholet, Pays et Terroirs, 2007.

— TERRIEN (Marie-Pierre) 2015, « La Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude et le rôle du cardinal de Givry », in : Les chapelles royales. De la gloire de Dieu à la gloire du prince, Actes du colloque de Lunéville, CTHS, 2015,  p. 37- 47.

 

 

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  • : Le blog de jean-yves cordier
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