La Déploration (kersanton, Roland Doré, milieu XVIIe siècle) de l'église Saint-Idunet de Châteaulin.
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1. Voir les œuvres de Roland Doré :
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Calvaire de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic.
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Les calvaires de Dirinon II. Le calvaire de la Croix-Rouge ou Beg-ar-Groaz (vers 1640).
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Le calvaire (Roland Doré, 1630) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel.
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Les sculptures de l'église de Bodilis : les Fonts baptismaux.
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Le gisant de Jacques Barbier au Musée du Léon de Lesneven. (avec les liens d'autres références)
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Le gisant d'Yves Bervet, sieur du Parc au Musée départemental breton de Quimper.
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Saint-Ségal : le calvaire du bourg (vers 1550 et 1630, kersanton, atelier Prigent et Roland Doré).
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Le calvaire (Roland Doré, 1655) de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez (quartier de Pouldavid).
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Le calvaire (Roland Doré, 1655 ?) de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez : de nouvelles photos.
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Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau.
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2 Sur les Mises au tombeau et les Déplorations du Finistère :
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La Mise au tombeau de l'église de Rosporden (29). Retable, groupe à neuf personnages, bois polychrome, fin XVe ou début XVIe
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Le retable de la Déploration (1517) de l'église de Pencran (29). Onze personnages.
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L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic III. La Déploration en kersanton polychrome par les frères Prigent (1527-1577). Cinq personnages.
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La Déploration (Grès arkosique , Maître de Laz, vers 1527) du calvaire de Saint-Hernin.
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La Déploration à six personnages (chêne polychrome, XVIe siècle) de l'église de Lampaul-Guimiliau.
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L'église de Ploéven, la Déploration (pierre polychrome, 1547 ).
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Les sculptures de l'église de Bodilis : le retable de la Déploration. Neuf personnages.
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La Déploration (kersanton, Maître de Saint-Thégonnec, vers 1610) du calvaire de Saint-Thégonnec.
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La Déploration du calvaire (granite, Maître de Quilinen, vers 1500) de l'église de Motreff.
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L'article Wikipedia Statues of Pietà in Finistere propose plus de 80 photos des Pietà du Finistère, puisque le terme, plus correct, de "Vierge de Pitié" n'est pas encore complètement passé dans les usages. Mais on trouve regroupées sous ce terme, comme dans l'article de l'abbé Castel Les Pietà du Finistère, les "Vierges de pitié" proprement dites (la Vierge et le Christ mort), et les "Déplorations" (groupe incluant Jean et Madeleine, ou une sainte femme, ou un disciple).
Si, parmi les 80 "pietà" de l'article de Wikipedia , nous retenons celles qui sont en pierre (et, alors, en kersantite) et non en bois, et celles qui ne sont pas des Déplorations, le nombre des œuvres est inférieur à 25.
Le nombre des Vierges de pitié en kersanton dans le Finistère est bien plus élevé, car on les trouve, au nœud d'un croisillon, sur de très nombreux calvaires sortis des ateliers landernéens des Prigent (1527-1577), du Maître de Plougastel (1570-1621) et de Roland Doré (1618-1663), ou d'ateliers anonymes.
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Les Vierges de Pitié et les Déplorations des Prigent (E. Le Seac'h):
-Brignogan, chapelle Pol, kersanton polychrome
-Dinéault, calvaire atlas n°408 (3 larmes)
-Le Folgoët, calvaire atlas n°520 (3 larmes).
-La Forest-Landerneau, calvaire du cimetière haut, atlas n° 533 (3 larmes)
-La Forest-Landerneau, calvaire du cimetière bas, atlas n° 534
-Landerneau, calvaire rue de la Tour d'Auvergne, atlas n°998 (3 larmes).
-Lothey, calvaire de Kerabri atlas n°1260 (3 larmes)
-Plourin-Ploudalmézeau, Déploration, sur la pelouse (3 larmes)
-Saint-Derrien, calvaire atlas n°2690
-Saint-Nic, intérieur église, Déploration polychrome (3 larmes).
Liste à laquelle j'ajoute :
--Plouvorn, cimetière. (3 larmes)
--Plouvorn, chapelle de Lambader, fontaine (3 larmes)
--Crozon, Tal-ar-Groas, calvaire chapelle Saint-Laurent (3 larmes).
Vierges de pitié du Maître de Plougastel (1570-1621)
-Kersaint-Plabennec, calvaire de Laven atlas n°914. Vierge décapitée.
-Loc-Eguiner Saint-Thégonner, calvaire du cimetière atlas n°1171
-Plougastel, calvaire du cimetière atlas n° 1910
-Plougastel, chapelle Sainte-Christine atlas n° 1919
-Primelin, Saint-Tugen, éléments du calvaire atlas n° 2571.
Vierges de pitié de l'atelier de Roland Doré (1618-1663)
-Brennilis, calvaire
-Châteaulin, Saint-Idunet
-Châteaulin, presbytère
-Irvillac, calvaire de Coatnan
-Plonévez-du-Faou, Sainte-Anne-la-Palud, calvaire,
-Plougastel, Le Passage, calvaire 1622
-Plougastel, chapelle Saint-Claude, calvaire
-Plourin-les-Morlaix, vestiges calvaire
-Rosnoën, calvaire 1648,
-Saint-Servais, calvaire église,
-Seven-Léhart, calvaire ,
-Trézivédé, calvaire
Voir aussi
-Saint-Urbain, Calvaire de la chapelle de Trévarn
-Saint-Urbain, Calvaire de Quinquis
-Le Drennec, calvaire de l'église
-Locmélar,
-Telgruc, église
-Bourg-Blanc, devant l'église
etc.
Et plus généralement voir Castel, Les Pietà du Finistère, SAF.
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PRÉSENTATION.
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On ne trouve pas de description de cette Déploration à quatre personnages, et on ne trouvera les brèves mentions de cette belle œuvre de Roland Doré que sous la désignation de "pietà". L'une de ces mentions se trouve dans le "Catalogue raisonné de Roland Doré" par E. Le Seac'h dans son ouvrage de 2014.
Elle provient vraisemblablement d'un calvaire des environs, occupant comme ailleurs le pied de la croix, sur le socle.
So forme générale est un peu celle d'une maison, soit un carré (Jean et Madeleine autour du Christ traçant la diagonale) coiffé d'un triangle, dont la Vierge est le sommet.
Mais de profil, les trois personnages du lamento sont penchés vers l'avant, et notamment la Mère dont le visage voilé et portant la guimpe semble tendu par la supplication des deux mains jointes.
Même si Jean semble baisser les yeux vers le Christ, tous les trois nous font face, et nous font participer à leur chagrin dont il nous font les témoins.
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La Déploration (kersanton, Roland Doré, milieu XVIIe siècle) de l'église Saint-Idunet de Châteaulin. Photographie lavieb-aile août 2021.
La Déploration (kersanton, Roland Doré, milieu XVIIe siècle) de l'église Saint-Idunet de Châteaulin. Photographie lavieb-aile août 2021.
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Le visage de Marie est parfaitement représentatif du style de Roland Doré, avec le contour des yeux en losange souligné de deux traits, les iris en drupe (comme deux cerises) et les pupilles creusées, avec le nez dont le dorsum fin, aux bords parallèles s'élargit tardivement pour former le lobule aux deux ails narinaires en bulbes, et, entre le philtrum et un petit menton pointu, la bouche courte et concave.
Elle est, comme pour la plupart des Vierges de Pitié finistériennes, en position de chevalier servant, genou droit fléchit supportant le dos du Fils, et genou gauche posé à terre.
La position du Fils est également la plis habituelle, avec le bras droit tombant en verticale, et bras gauche horizontal le long du corps. Les marques des clous sont ainsi visibles.
Mais le corps est ici soutenu par les deux fidèles disciples, Jean soutenant la tête et le bras gauche, et Marie-Madeleine placée près des pieds, et présentant le vase d'aromates.
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La Déploration (kersanton, Roland Doré, milieu XVIIe siècle) de l'église Saint-Idunet de Châteaulin. Photographie lavieb-aile août 2021.
La Déploration (kersanton, Roland Doré, milieu XVIIe siècle) de l'église Saint-Idunet de Châteaulin. Photographie lavieb-aile août 2021.
La Déploration (kersanton, Roland Doré, milieu XVIIe siècle) de l'église Saint-Idunet de Châteaulin. Photographie lavieb-aile août 2021.
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Les cheveux de Marie-Madeleine sont retenus par le fameux bandeau occipital, qui passe derrière la nuque, et dont je me plais à souligner la fréquence au XVIe siècle, mais aussi au XVIIe siècle dans la sculpture bretonne.
Le visage de la sainte possède cette rondeur des joues et ce demi-sourire des lèvres, aux commissures creusées en fossettes, qui sont l'une des caractéristiques du sculpteur. Cela lui confère une sérénité énigmatique.
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La Déploration (kersanton, Roland Doré, milieu XVIIe siècle) de l'église Saint-Idunet de Châteaulin. Photographie lavieb-aile août 2021.
La Déploration (kersanton, Roland Doré, milieu XVIIe siècle) de l'église Saint-Idunet de Châteaulin. Photographie lavieb-aile août 2021.
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La plaque de fondation de l'ancien prieuré, en 1589.
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Maps. Rue Fenigan, Place du Prieuré, juste devant l'entrée de l'église dans le mur du parking.
L'inscription de fondation de la maison prieurale occupe la partie postérieure d'un bloc grossièrement trapézoïdal à l'arrière d'un lion présentant un écu, aux armes martelées.
Cette disposition évoque une position à la jonction d'un mur et d'une toiture, car le lion rappelle fortement les lions de crossette , à la crinière bouclée, à la gueule de bon toutou, et surtout à la queue passant entre les pattes postérieures, revenant sur le dos, avant de s'élever en boucle autour du fouet, semblable à une fleur. Guy Leclerc a retrouvé un relevé d'armoiries de 1680, nous informant que cette inscription occupait le pignon du prieuré : ma remarque la localise plus précisément sur ce pignon.
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Elle est taillée en réserve en lettres majuscules perlées dans une disposition complexe des cartouches dont le principal, de forme carrée, fait saillie, et où les chiffres de la date sont de hauteur double des lettres.
M : IO : LÃS
VLIENPRI 1589
E /VR : CHÃVLIN
On la lit ainsi, en résolvant les tildes : " Messire Louis Lansulien prieur de Châteaulin en 1589". Ce prieur, qui a construit la maison prieurale qui s'élevait ici, sur la Place du Prieuré, avait été nommé abbé de Landevennec en dépit des règlements. Ce Louis Lansulien fait partie des quelques moines de Landévennec qui y résident encore en 1597, avec Jean Mathézou (autre prieur de Châteaulin), Olivier et Pierre Le Beuzit, Pierre Le Gouez et Guillaume du Louet.
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La crossette avec inscription de fondation (kersanton, 1589) de l'ancien prieuré de Châteaulin. Photographie lavieb-aile août 2021.
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Visible depuis le parking : fragment de calvaire.
On ne le trouve pas dans l'Atlas des croix et calvaires :
https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/chateaulin.html
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL, 1917, Notice extraite du Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3d4ddc200b55b91a631b1dee087ef917.pdf
—CASTEL (Yves-Pascal), Les Pietà du Finistère - Patrimoine du Finistère
http://patrimoine.du-finistere.org › art2 › ypc_pieta
"Et puis, n'oublions pas, dans l'église Saint-Idunet de Châteaulin, la Pietà à quatre personnages de Roland Doré. "
— COUFFON (René), Alfred Le Bars, 1988, Notice sur Châteaulin, Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 551 p.
https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/CHATEAUL.pdf
CHATEAULIN Ancien prieuré de l'abbaye de Landévennec et paroisse de l'ancien diocèse de Cornouaille maintenue au Concordat. EGLISE SAINT-IDUNET L'édifice actuel, construit sur les plans de l'architecte Joseph Bigot en 1868-1869, comprend un clocher semi-encastré, une nef avec bas-côtés de cinq travées et un choeur polygonal avec déambulatoire.
Statues en pierre : Pietà d'un ancien calvaire, style R. Doré ;
— LECLERC (Guy), 2009
La maison prieurale du prieuré de saint Idunet, devenue bien national en novembre 1789, fut achetée par monsieur Blondin, ancien fermier du prieuré. Cette maison se trouvait près de l’endroit où se voit, à l’angle nord-ouest du mur du parking Saint-Idunet, la sculpture d’un lion tenant un écusson avec en arrière une inscription indiquant la date de 1589 et le nom du prieur de l’époque : Louis Lansulien. Le prieuré qui relevait de l’abbaye bénédictine de Landévennec avait été établi à la fin du XIe siècle ou tout au début du XIIe siècle.
En 1824, la Commune acheta la maison prieurale à M. Bois qui l’avait acquise et elle y installa le clergé. Elle récupéra l’ancien presbytère de la Place du Marché.
https://www.chateaulin.fr/de/node/171
— LE GRAND (Albert) La Vie des Saints , Catalogue des Abbés de Landévennec
« Louys Lansulien neveu de Bernard deceda le 2 Mars 1602 Ces deux derniers n’avoient que les noms d’Abbez, d’autant qu’en effet René du Mescoüez, Seigneur de Kmoalec frère de Trillus du Mescoüez, Marquis de la Roche, jouissoit des fruits de l’Abbaye, & eust continué sa possession injuste, si Jean Briand ne s’en fut fait pourvoir
— OUEST-FRANCE
https://www.ouest-france.fr/bretagne/chateaulin-29150/chateaulin-le-lion-qui-parle-des-saints-idunet-et-guenole-6226860
— Frère Grégoire Ollivier, frère Marc SIMON, Les abbés de Landévennec : Bul. SAF 1982 page 194 : LANSULIEN (Louis), abbé de Landévennec, XVI' siècle.
— Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Idunet_de_Ch%C3%A2teaulin
Près du retable est placée une belle pietà sculptée dans le granit.