La Pietà aux trois larmes (kersanton, XVIe, atelier Prigent) de la croix de Tal-ar-Groas à Crozon.
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Voir d'autres exemples des trois larmes caractéristiques des Prigent :
- La chapelle Saint-Laurent de Rozalghen en Pleyben. Le calvaire (Bastien Prigent, vers 1555).
- L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic III. La Pietà en kersanton polychrome par les frères Prigent. (Les 3 larmes).
- La Déploration à 6 personnages de Plourin par les Prigent (Les 3 larmes).
Attribution personnelle hors catalogue Le Seac'h :
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Le Noli me tangere et le Repas d'Emmaüs du Pénity de Locronan. (3 larmes)
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Ploéven II. La Déploration de l'église.(3 larmes)
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Saint-Ségal : le calvaire du bourg (vers 1550 et 1630, kersanton, atelier Prigent et Roland Doré) (3 larmes)
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Voir d'autres croix et calvaires :
- Le calvaire (1544 et vers 1630) de la chapelle Sainte-Marie du Ménez-Hom en Plomodiern.
- Le calvaire de l'église de Saint-Nic.
- La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic (29) : le calvaire de 1645 et les inscriptions lapidaires.
- Les sculptures sur pierre de l'abbaye de Daoulas. II. Le calvaire du cimetière.
- Les sculptures sur pierre de Daoulas. V : le calvaire du Champ de Foire.
- La chapelle Sainte-Barbe de Ploéven. Son calvaire, son vitrail, sa statuaire, son Pardon.
- Ploéven VI : le calvaire de la chapelle Saint-Nicodème.
- Ploéven III. L'église : le calvaire du cimetière.
- Ploéven IV. Les Pietà de l'église.
- Les calvaires de Dirinon I : la croix du bourg (XVe siècle).
- Les calvaires de Dirinon II. Le calvaire de la Croix-Rouge ou Beg-ar-Groaz (vers 1640).
- L'enclos paroissial de Dirinon. II. Le calvaire (1450)
- Les calvaires de Dirinon III : la croix de Kermélénec (1568).
- Les calvaires de Dirinon IV : la croix de Kerniouarn / Kerpierre (XVe siècle).
- Les calvaires de Dirinon V : La Grange, échangeur de la Voie express.
- Les calvaires de Dirinon VI : La Croix de Coménec ou Croas-Guénolé.
- Les calvaires de Dirinon VII : La Croix de Ty-Croas.
- L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault III. Le calvaire sculpté par Bastien Prigent puis Roland Doré.
- Le calvaire et la fontaine de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault.
- Le calvaire de Ty-ar-Névez ou Croaz-Moudennou à Dinéault.
- La croix de Pennayeun à Dinéault : saint Pol et son dragon.
- La Collégiale du Folgoët XIII. Le calvaire.
- La plaque de cocher" de Lanviguer-Ty Croaz à La Martyre, et le calvaire de 1565 qui va bien avec.
- Le calvaire de l'enclos de Lampaul-Guimiliau.
- Wallace et Gromit à Plougastel : où le calvaire en voit de toutes les couleurs !
- L'église Notre-Dame de Rumengol (29). II. Le calvaire.
- La chapelle Sainte-Christine de Plougastel et son calvaire : avec la pierre de meule autour du cou.
- L'enclos paroissial de Lannédern I. Les sculptures extérieures : le calvaire, l'ossuaire et les crossettes.
- Vierges couchées (4) : calvaire de Tronoën à saint-Jean-Trolimon (29).
— Voir aussi d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:
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La statue de saint Fiacre sur la chapelle Sainte Nonne de Dirinon.
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Le porche de l'église de Landivisiau III. Les apôtres et leur dais. Henry Prigent 1554-1565.
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Le porche de l'église de Landivisiau IV. Le bénitier, l'ange au goupillon.
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Le porche de l'église de Landivisiau VII. L'arcade intérieure et son tympan.
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Les sculptures extérieures du porche de l'église de Landivisiau.
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L'église de Guipavas III : les Apôtres du porche nord (1563).
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L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault IV. La statue de sainte Marguerite.
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PRÉSENTATION.
La croix placée devant l'actuelle chapelle Saint-Laurent (qui, en 1952, remplaça l'ancien sanctuaire détruit par les bombardements) à Crozon, quartier de Tal-ar-Groas, n'occupe pas son site d'origine, et résulte en fait de la recomposition d'éléments sans doute disparate du milieu du XVIe siècle. En effet, selon les experts de l'Inventaire général, une Vierge de pitié en kersantite, laissée, sur le revers, sous le coup de l'outil, est réunie à un nœud et un crucifix en granite.
Mais l'examen attentif, aux jumelles, de la Vierge décèle, sur son visage, les trois larmes caractéristiques de la production des frères Bastien et Henri Prigent, actif à Landerneau autour de 1550 et responsable des calvaires monumentaux de Plougonven (1554) et de Pleyben (1555), tandis que leur compagnon Fayet a signé le calvaire de Lopérec. C'est dire, et le choc esthétique qu'il suscite le confirme, que nous avons ici, sur un emplacement qui n'a rien de touristique, un vrai petit chef d'œuvre dont la commune peut s'enorgueillir, car parmi les 14 croix et calvaires répertoriés à Crozon par l'Atlas, et dont la plupart sont des vestiges sommaires, la croix de Tal-ar-Goas sort du lot.
Il faut reconnaître qu'elle n'est pourtant pas favorisée. Placée au centre d'un petit triangle de pelouse devant une chapelle fort ingrate, entre une route, un hangar et une maison individuelle, elle est en outre mal "orientée", c'est à dire que le crucifix qui est sa face principale et sa raison d'être n'est pas tournée vers l'occident, face au soleil couchant dont le déclin s'accorde, en règle, avec la mort du Christ.
D'ailleurs, le BDHA de 1907, René Couffon en 1988 ou le numéro d'Avel Kornog sur Tal ar Groas en 2015 n'en disent rien. Yves-Pascal Castel la décrit brièvement dans son Atlas (398. Tal-ar-Groas no 1 g. k. 1,5 m. XVIè s. Trois degrés. Socle orné d’armatures trilobées. Fût rond. noeud gravé, sainte Face, anges avec instruments de la Passion. Croix à branches rondes, crucifix, Vierge de Pitié. ) en 1980. Emmanuelle Le Seac'h l'ignore dans son catalogue des œuvres de Bastien et Henri Prigent de 2014, et ce n'est que récemment qu'a été mis en ligne le dossier de l'Inventaire Général de 2010 soulignant " Le groupe de la Vierge de Pitié s'inscrit dans une production artistique de qualité qui caractérise les créations des sculpteurs finistériens du 16e siècle, notamment l'atelier des frères Bastien et Henry Prigent actif autour de 1550 (calvaires de Lopérec et Plougonven)". (Dossier IA29004861). Les trois larmes de la Vierge ne s'y trouvent pas décrites.
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Description.
Sur son emmarchement en schiste et microdiorite quartzite à trois degrés est posé un socle carré orné d'arcades trilobées, puis un fût circulaire en granite, qui reçoit un "nœud" de kersanton, qui transforme la section circulaire en une base carrée. Ce nœud est sculpté sous le crucifix d'un "voile de Véronique" ou Sainte Face, et de l'autre de deux anges séparés par une croix, et tenant l'un les clous et l'autre le marteau, deux instruments de la Passion. On remarque aussi une couronne d'épines entourant l'intersection de la croix. Ces anges ont la chevelure frisée en boules qu'affectionne l'atelier ducal du Folgoët.
Au dessus de ce nœud, et du coté principal, une croix à branches rondes, en granite, porte le Christ.
C'est du coté opposé (heureusement le mieux visible de la route) se trouve la Vierge de Pitié. On constate vite que le bloc a été brisé (ou même scié) , mais assez habilement réparé par du ciment pierre : le bras droit du Christ est en deux morceaux, sa jambe droite (et sans doute gauche) est sciée, le buste de la Vierge et ses jambes sont brisées, tandis que l'arrière semble avoir été frappé par une lourde masse. La sculpture a-t-elle réellement été "laissée, sur le revers, sous le coup de l'outil," ou simplement brisée ?
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SITUATION dans le temps et l'espace.
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Je commencerai d'emblée en soulignant la présence des trois larmes sous chaque œil, d'abord parce qu'elles sont difficiles à voir sous l'éclairage habituelle, et surtout parce qu'elles constituent la signature la plus sûre de l'atelier de sculpture de la kersantite de Bastien Prigent et de son frère (ou fils?) Henri, établis à Landerneau et actifs entre 1527 et 1577.
Mais l'image montrera aussi immédiatement la qualité de l'œuvre, plus fine et racée que beaucoup de Pietà sortis de cet atelier.
On remarquera les yeux en amande aux larges paupières, l'arcade sourcilière en éventail très pur, le nez droit, la bouche sans amertume, à la lèvre inférieure discrètement avancée.
On verra aussi le voile "coqué" (pour reprendre le terme d'E. Le Seac'h), c'est à dire formant autour de la tête un habitacle de toile raide, plissée au dessus et en auvent sur le coté.
Et l'admirable enchevêtrement des plis de la guimpe .
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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LA FACE SECONDAIRE : LA VIERGE DE PITIÉ.
Vue générale en fin de journée.
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La Pietà.
La Vierge, assise, avance le genou droit en équerre, et supporte ainsi le haut du tronc de son Fils, dont elle soutient la nuque de la main. L'autre jambe est plus fléchie, et reçoit le haut des cuisses du Christ, dont le corps est ainsi incliné . Elle le retient par sa main gauche.
Le Christ a les jambes parallèles (et non croisées, comme on le voit souvent), et son bras tombe avec beaucoup de naturel en formant une courbe. C'est si naturel qu'on sera surpris de voir, dans d'autres Pietà du même atelier, ce bras, alors trop court, descendre sans courbure le long de la jambe maternelle ; mais c'est là le moyen d'exposer la plaie de la paume, ici non apparente.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Le contour rond de Marie forme une tente protectrice et tendre tandis que les lignes du corps de Jésus sont droites, cassées, croisées, inscrivant le drame de la Crucifixion et de la Mort.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Le thorax du Christ ne porte pas la trace de la plaie du flanc droit, ce qui est très étonnant, mais s'accorde avec le fait que le sculpteur n'a pas représenté non plus les plaies des pieds et des mains. Plus encore, il n'a pas représenté sur la tête la couronne d'épines.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Le nœud : les anges tenant les instruments de la Passion autour de la Croix et de la Couronne d'épines.
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LA FACE PRINCIPALE : LE CRUCIFIX ET LA SAINTE FACE.
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CONCLUSION.
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Par la finesse des traits de la Vierge, par la souplesse de ses drapés, et la délicatesse du mouvement du bras du Christ, la Vierge de Pitié de Tal ar Groas apparaît, malgré son état de bric et de broc, un des plus beaux exemples des Pietà des Prigent, dont je vais présenter infra plusieurs exemples. On pourrait même en contester l'attribution, si les trois larmes divergentes n'en était une marque de fabrique bien assurée.
Je souhaite donc que mon article incite les passants et les curieux à s'attarder d'avantage à sa contemplation. d'où ces trois dernières photos :
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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ICONOGRAPHIE : LES CROIX ET CALVAIRES DES PRIGENT, ET LEUR VIERGE DE PITIÉ.
D'après E. LE SEAC'H PAGES 166-170.
Outre les calvaires monumentaux de Plougonven (1554) et de Pleyben (1555), on conserve de l'atelier des Prigent 6 croix et 23 calvaires dont 13 sont complets. Sur ces 29 œuvres, 23 sont dans le diocèse du Léon, 6 dans celui de Cornouaille et 1 seul dans celui de Tréguier.
Les croix et calvaires peuvent être classés en :
1°) Croix à revers figuré d'une Vierge à l'Enfant ou d'une Pietà.
-Le Crucifié avec la Vierge à l'Enfant au revers .
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Le Tréhou, croix de l'ouest du bourg
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Guimiliau, croix de Laguen de 1572, signée des Prigent. Le sculpteur est Bastien, la Vierge à l'Enfant est tout à fait remarquable.
-Le Crucifié avec une pietà :
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Lanhouarneau, croix de Kerlaouérat, attrib. Henri Prigent. La croix est spécifique avec un vide dans la croisée des branches qui apporte une touche de modernité dans la silhouette générale. Le bras droit du Christ, qui tombe raide vers le sol, et les pieds maladroitement croisés permettent d'y voir la main d'Henry Prigent. La pietà est épaisse avec une coque sculptée à la manière d'un casque qui alourdit le motif. http://croix.du-finistere.org/commune/lanhouarneau.html. http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/croix-de-chemin-kerlaoueret-lanhouarneau/544a533e-9422-4774-afa9-39bd681fcb06
2°) Calvaire à un croisillon et 3 personnages C, V, J.. Le Christ crucifié est entouré de la Vierge et Jean sur le croisillon.
- Calvaire du sud du bourg de Saint-Servais.
2°) Calvaire à un croisillon et 5 personnages (statues géminées du croisillon) ou 6 personnages (toutes les statues sont géminées, y compris celles du centre ).
- Saint Derrien, 1557 ?, C, V, J, saint Georges et pietà.
- Lanhouarneau, Croas-ar-Chor, saint Hervé au revers du Crucifié, le guide et le loup géminé avec la Vierge. Saint Houarneau sous le Crucifié
- Pleyben, chapelle Saint-Laurent, 6 personnages : Crucifié/Christ ressuscité, Vierge / Laurent, Jean/évêque. On reconnaît ici le style de Bastien Prigent.
- Bourg-Blanc, calvaire du cimetière, Crucifié/Christ aux liens, et croisillon à 3 personnages Vierge, Jean et Marie-Madeleine géminées aux trois acteurs de saint Yves entre le Riche et le Pauvre.
- Saint-Divy, croisillon vide, le Crucifié/Christ aux liens et pietà en dessous, attribué à Henri Prigent.
3°) Calvaire à deux croisillons.
- Loc-Brévalaire, église : Jean/Yves et Madeleine / Brévalaire, Christ aux liens/ pietà, selon le style délié de Bastien Prigent.
Les 17 vestiges de croix et calvaires :
- Brignogan : calvaire de la chapelle de Pol : le Crucifié et l'ange orant, attribués à Henry Prigent Dans la chapelle elle-même, d'autres statues de Prigent, qui faisaient partie du calvaire, sont représentées dos à dos : celles de Saint Paul Aurélien et d'un saint non identifié, ainsi que de saint Nicolas une pietà et un "Christ ressuscité" .
- Dinéault, Calvaire de l'église Sainte Marie Madeleine. les Prigent ont travaillé sur le piédestal supportant le calvaire, Bastien Prigent a sculpté Marie-Madeleine, la tête levée vers Jésus sur la croix et Jean-l'Évangéliste debout, la tête baissée et le front plissé, tandis que François d'Assise est représenté et, à l’avant du piédestal, un bas-relief représentant un moine tenant un tissu sur lequel est gravé un visage sacré. Ces œuvres datent de 1550. Les statues sur la traverse ne sont pas de l'atelier des Prigent, mais datent de 1696 et représentent des statues géminées de la Vierge jumelées à Saint Sébastien, un évêque soutenu par un pietà, Marie-Madeleine agenouillée soulève le couvercle de son pot à onguents et Jean l'évangéliste s'associe à Saint Pierre, tandis que la sculpture de Jésus crucifié renversé avec un "Christ aux liens" est attribuée à l'atelier de Roland Doré. Ce calvaire a une hauteur de 6,00 mètres. D'autres sculptures de Prigent peuvent être vues dans l'église Sainte Marie Madeleine elle-même
- Guiclan, calvaires de la Croix-Neuve et de Kersaingilly. Il y a deux calvaires dans la région de Guiclan. Parmi les sculptures impliquées dans le calvaire de la Croix-Neuve, seules la statue de Sainte Véronique et la Vierge Marie avec son enfant sont de l'atelier Prigent. Le calvaire est simple et contient des statues de Sainte Véronique et de la Vierge Marie avec un enfant placé de chaque côté de la représentation du Christ crucifié. Le calvaire de Kersaingilly présente des représentations de Saint Yves, le Christ crucifié inversé avec la Vierge Marie avec son enfant et Saint Gilles. L'atelier des Prigent ne travaillait que sur la statue de Saint Yves. Bastien Prigent est attribué au travail. Saint Yves est représenté dans la robe d'un avocat. Cette statue venait de La Roche-Maurice et a été ajoutée au calvaire lors de sa restauration en 1889 par Yan Larhantec.
- Guissény calvaire du cimetière de l'église. Il est inscrit "J. Habasc gouver (neur) 1555" et les statues sont attribuées à Henry Prigent. Le calvaire était à l'origine situé à la chapelle Saint-Yves à Kervézennec, mais après le pèlerinage de 1920 ("mission"), il a été érigé à Guissény par le restaurateur Donnart. Le calvaire a une représentation de la Vierge Marie adossée à une représentation de saint Yves, du Christ crucifié inversé avec un "Christ lié" et de Jean l'évangéliste soutenu d'une représentation d'un évêque. La tête de Jean l'évangéliste a disparu et la tête de l'évêque n'est pas la tête d'origine.
- Kerlouan : Croix Saint-Sauveur : Trinité de Bastien Prigent.
- La Forest-Landerneau : cimetière haut, statues géminées Jean/autre saint et Vierge/Madeleine et Pietà : présence des 3 larmes.
- La Forest-Landerneau : cimetière bas : Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix.
- Landerneau : Le calvaire de la Croix-de-la-Vierge. Il y a une pietà de Henry Prigent mélangée à d'autres statues qui datent de 1681.
- Lanneufret : Calvaire de l'église Des statues géminées de l'atelier Prigent de la Vierge, associées à un "Christ liė", une pietà et à Jean l'évangéliste, associées à un moine, sont associées à une crucifixion du XXe siècle.
- Le Folgoët Calvaire de l'église Notre Dame La pietà de l'atelier Prigent sur la face ouest du calvaire est associé à une représentation du cardinal de Coëtivy par le maître du Folgoët et à une crucifixion attribuée à la Maître de Plougastel.
- Le Folgoët, musée : vestige d'un Crucifié par Bastien Prigent.
- Plonevez-Porzay : Calvaire de l'église Le Crucifié et d'un ange portant un titulus est attribuée à l'atelier de Prigent.
- Ploudaniel, calvaire de l'église : Dans la chapelle Saint-Éloi se trouvent les restes de deux calvaires. Il y a une statue géminée de Jean/un autre saint et un "Christ aux outrages".
- Ploudaniel : calvaire de la chapelle Saint-Pétronille de attribué à l'atelier de Prigent avec les statues de Saint-Pétronille et de Jean l'évangéliste de Bastien Prigent et près du corps de la croix, une Marie-Madeleine attribuée à l'atelier.
- Quimper, jardin du cloître de l'église Notre-Dame de Locmaria de Quimper, restes d'un calvaire et l'atelier Prigent est attribué à une statue géminée de la Vierge/Saint-Pierre.
- Plouider, calvaire à Brondusval : Il ne reste plus grand chose du calvaire mais les statues de saint Yves, de saint Fiacre et d'un saint non identifié sont attribuées à l'atelier de Prigent.
- Plouhinec, calvaire de la "Maison du sculpteur Quillivic" Il s’agit d’un calvaire contemporain où l’image du Christ crucifié est remplacée par la partie supérieure du cadre d’une fenêtre gothique. Le calvaire a des statues géminée de la Vierge /saint Yves et Jean
- Plouvorn, calvaire de la chapelle de Lambader : des statues de la Vierge Marie et de Marie Madeleine sont de l'atelier des Prigent qui ont également sculpté le blason d'Audren de Kerdrel et l'emblème des "Cinq-Plaies" .
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A cette liste, on peut ajouter les calvaires de Fayet, un compagnon des Prigent au style « si proche de celui des sculptures des Prigent qu'il est parfois difficile de le différencier », s'il n'avait signé de son nom le calvaire de Lopérec avec la date de 1552.
Celui-ci rentrerait dans la liste des calvaires à deux croisillons avec la Vierge/Pierre et Jean/Marie-Madeleine en bas, les deux cavaliers de la Passion sur le 2ème croisillon et le Crucifié au dessus, avec le Christ aux liens au revers et deux anges au calice sous le Crucifié. Marie-Madeleine est au pied de la croix.
E. Le Seac'h lui attribue aussi :
Le haut du calvaire du cimetière du calvaire de Laz : le Crucifié, les anges au calice, et l'Ecce Homo au revers.
Le Christ mutilé de Coat-Nant en Irvillac.
Le vestige du Crucifié du jardin du Doyenné au Folgoët.
Le vestige du Crucifié du pignon de l'école Notre-Dame du Tromeur de Landerneau
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Les Pietà de l'atelier des Prigent (selon E. Le Seac'h)
- Lanhouarneau, croix de Kerlaouérat, attrib. Henri Prigent. La croix est spécifique avec un vide dans la croisée des branches qui apporte une touche de modernité dans la silhouette générale. Le bras droit du Christ, qui tombe raide vers le sol, et les pieds maladroitement croisés permettent d'y voir la main d'Henry Prigent. La pietà est épaisse avec une coque sculptée à la manière d'un casque qui alourdit le motif. http://croix.du-finistere.org/commune/lanhouarneau.html. http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/croix-de-chemin-kerlaoueret-lanhouarneau/544a533e-9422-4774-afa9-39bd681fcb06
- Saint-Servais, Calvaire du sud du bourg .
- Saint Derrien, 1557 ?, C, V, J, saint Georges et pietà.
- Saint-Divy, croisillon vide, le Crucifié/Christ aux liens et pietà en dessous, attribué à Henri Prigent.
- Loc-Brévalaire, église : Jean/Yves et Madeleine / Brévalaire, Christ aux liens/ pietà, selon le style délié de Bastien Prigent.
- La Forest-Landerneau : cimetière haut, statues géminées Jean/autre saint et Vierge/Madeleine et Pietà : présence des 3 larmes. http://croix.du-finistere.org/commune/la_forest_landerneau.html
- Landerneau : Le calvaire de la Croix-de-la-Vierge, rue de la Tour d'Auvergne. Il y a une pietà de Henry Prigent mélangée à d'autres statues qui datent de 1681. http://croix.du-finistere.org/commune/landerneau.html
- Lanneufret : Calvaire de l'église. Des statues géminées de l'atelier Prigent de la Vierge, associées à un "Christ liė", une pietà et à Jean l'évangéliste, associées à un moine, sont associées à une crucifixion du XXe siècle. http://croix.du-finistere.org/commune/lanneuffret.html
- Le Folgoët Calvaire de l'église Notre Dame. La pietà de l'atelier Prigent sur la face ouest du calvaire est associé à une représentation du cardinal de Coëtivy par le maître du Folgoët et à une crucifixion attribuée à la Maître de Plougastel.
On remarquera que ces calvaires sont regroupés autour de l'atelier de Landerneau (Maps).
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Lopérec, par Fayet.
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Enfin, il faut ajouter les Déplorations, souvent nommées "pietà" : celle de l'église Saint-Budoc de Plourin-Ploudalmézeau et celle de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic.
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LA STYLISTIQUE « RÉALISTE » DE L'ATELIER PRIGENT.
Henri (frère ou fils de Bastien) est le moins habile. Bastien, par sa manières plus souple, qui produit un effet expressionniste, voire maniériste, contraste avec le hiératisme , la raideur des réalisations d' Henri.
a) Le Crucifié :
Les yeux en amande à l'arcade sourcilière cassée
Les mèches de cheveux qui ne sont pas collés au cou, laissant un vide = un espace ajouré entre les mèches de cheveu et le visage.
La couronne tressée
Les yeux clos
Les grandes narines
La bouche charnue aux lèvres entrouvertes.
Une barbe étagée ou bifide
un torse étiré, aux côtes horizontales déployées en éventail ; le nombril en forme de bouton
Un pagne volant, noué sur le coté par une grande boucle
b) La Vierge
Elle porte une guimpe montant jusqu'au menton et un voile coqué.
Trois ou cinq larmes coulent sur la joue , en forme de patte d'oiseau avec une larme plus grande au milieu
b') Vierge de pietà :
agenouillée, se tenant bien droite, le visage impassible, elle tient son Fils dans ses bras, le corps de celui-ci renversé en diagonale, en appui sur le genou de sa mère.
c) Marie-Madeleine agenouillée (Pleyben et Plougonven, Bastien Prigent) : tête inclinée en arrière, elle porte une robe aux plis lourds et harmonieux. Son voile a glissé sur son dos.
Par ailleurs
Les visages sont rectangulaires ou ovales, aux arcades sourcilières « aiguisées ». Les yeux sont taillés en un petit losange horizontal. Les drapés sont fluides.
Les trois larmes.
« Le trait commun aux deux Prigent se repère à un détail qui devient leur signe distinctif : trois larmes en relief roulent sur les joues de leurs Vierges éplorées au calvaire, leurs Vierges de Pitié , de Saint Jean et de Marie-Madeleine quand ils lui sont associés. L'appartenance au même atelier se reconnaît à quelques autres traits : l'arcade sourcilière nette, et les visages pointus."
Je (JYC) les remarques notamment :
Lothey, calvaire de Kerabri, Pietà
Plourin-Ploudalmezeau, église Saint-Budoc, Déploration
Saint-Nic, église Saint-Nicaise, Déploration
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Fayet se distingue par :
un style sévère avec des Crucifiés raides
l'association de la statuaire gothique et d'un décor renaissance, avec les fleurons godronnés entourés d'un galon décoratif, des consoles moulurées et des feuilles d'acanthe sur les culots.
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SOURCES ET LIENS.
— BDHA 1907
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/f1068ba9b36279d9cfd73934b5f9f0b6.pdf
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des Croix et Calvaires du Finistère, article.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/ed6c2bc160f40c8aa6e03dc9f0bdccb1.jpg
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des Croix et Calvaires du Finistère, SAF.
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— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
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— CASTEL (Yves-Pascal), 2005, Guide des sept grands calvaires bretons, Minihy-Levenez
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— COUFFON, René, LE BARS, Alfred. Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988.
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— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
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— Inventaire du Patrimoine, site Gertrude :
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— Revue AVEL KORNOG n° 25, numéro consacré à Tal-ar-Groas
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