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21 avril 2025 1 21 /04 /avril /2025 17:52

Les quatre cloches du clocher de l'église Notre-Dame de Rumengol au Faou.

 

Voir sur quelques cloches du Finistère et leurs fondeurs par ordre chronologique :

 

 

 

LE CLOCHER DE RUMENGOL.

 

Le clocher comporte une tour qui prolonge le pignon occidental, encadré de deux contreforts à pilastres. Puis, au dessus d'une galerie en surplomb, vient une première chambre de cloches, carrée, et ensuite dans une flèche octogonale, une fausse chambre de cloche qui s'ouvre par des frontons encadrés de pilastres.  

Selon l'abbé Billant, les premières cloches mentionnées dateraient d'avant 1670.

"Le clocher ne porte pas de date de construction. Il a dû être bâti au plus tard au commencement du XVIIe siècle. Dans un procès soutenu vers 1670 contre les prétentions du recteur de Hanvec, les tréviens de Rumengol, accusés de mal employer les deniers de leur église, allèguent « qu'ils ont fait et bâti une « tour magnifique et y ont mis des cloches ». Les galeries de la tour n'ont été construites qu'en 1750, d'après les comptes rendus par le marguillier, fabrique en 1751: «quittance de la somme de 75 livres pour premier terme passé avec Yves Tellier pour les guérides au clocher »

L'abbé Billant indique l'existence d'une cloche de 1812 (on sait que toutes les cloches du Finistère ont été fondues lors de la Révolution pour être transformées  en canon, sauf une par paroisse, conservée pour sonner le tocsin: elles ont été remplacées progressivement après la Révolution): cette cloche de 1812 a été refondue en 1899 :

"L'une des cloches (546 kilos) étant fêlée, ils la remplacèrent en 1899 par deux autres de moindre poids ( 400 kilos et 280 kilos), mais qui réalisent avec la vieille cloche un carillon des plus gracieux. "

"...M. Hervé Auffret (1810-1813), dont le nom se trouvait sur une cloche fondue en 1812 et refondue comme fêlée en 1899. "

 

 

 

Les quatre cloches du clocher de l'église de Rumengol au Faou.

                        LES 4 CLOCHES AUJOURD'HUI

 

PRÉSENTATION.

Quatre cloches sonnent au gré des offices et des heures dans le clocher, on les atteint par un escalier en colimaçon abrité par une jolie tourelle. 

La plus grosse et la plus ancienne est l’œuvre du fondeur Briens aîné de Brest, elle est bénie le 15 août 1881 et porte le nom « Immaculée-Conception », sa note est un Sol3 et son diamètre est de 103, 4cm.

La seconde cloche  fut réalisée par Adolphe Havard avec la collaboration de Le Jamptel en 1899, comme la suivante. Baptisée « Marie-Jeanne », elle sonne un La3 pour 84, 1cm de diamètre et un poids de 280 kg.

La troisième cloche fut également fondue  en 1899 et se nomme « Marie-Françoise », elle chante un Si3 pour un diamètre de 74, 5cm. Elle pèse 400 kgs.

Enfin la petite et la plus récente est quant à elle non signée, elle fut fondue et bénie le 3 mars 1946 et nommée « Marie-Victorine », elle chante le Ré4 pour 62, 1cm de diamètre.

Les quatre cloches composent un accord majeur complété Sol La Si Ré.

Chaque nom de baptême renvoie à la Vierge Marie, patronne de l'église Notre-Dame de Rumengol : les trois dernières associent au prénom Marie celui de la marraine ( Françoise Houé, Victorine Le Goff) ou la forme féminisée de celui du parrain (Jean Le Lann).

 

 

Les quatre cloches du clocher de l'église de Rumengol au Faou.

 

1°) "Immaculée-Conception", Briens aîné 1881.

Diamètre 103,4 cm. Note : Sol3. Date 15 août 1881.

 

Inscription du haut de la robe : 

J'AI ETE NOMMEE IMMACULEE CONCEPTION ET BENITE PAR Mr SERRE VICAIRE GENERAL LE 15 AOÛT 1881

J'AI POUR PARRAIN MICHEL GRALL ET POUR MARRAINE CATHERINE CEVAER, Mr LE GRAND RECTEUR

DE RUMENGOL

 

Anse de type couronne : 6 anses coudées, aux arrêtes arrondies avec décor de feuillages et de rinceaux.

Au cerveau une doucine avec des défauts de fonderie suivie de trois filets régulièrement disposés.

 

Haut de la robe : inscriptions en capitales romaines placées sur cinq lignes chacune placée dans un bandeau encadré d’un filet supérieur et d’un filet inférieur, la première ligne débutant par une croix grecque posée sur un piédestal d’un degré, les quatre autres par une manicule.

 

Effigies au milieu de la robe représentant, côté nord saint Eloi, Vierge à l’Enfant tenant un sceptre, et côté sud Christ en croix avec sainte Marie-Madeleine enserrant la base de la croix.

Trois filets de même taille régulièrement disposés, au-dessus du filet supérieur, inscription du fondeur et deux estampilles de forme ronde.

Trois filets de même taille régulièrement disposés sur la pince. Note : mi 4.

Trois filets de même taille régulièrement disposés sur la pince. Note : mi 4.

 

Mr Adolphe Serré ancien recteur de Roscoff, était Vicaire général du diocèse de Quimper depuis 1881 jusqu'à son décès en 1893. 

Le parrain, Michel GRALL , cultivateur, est né le 2 juillet 1814 à Rumengol et décédé le 5 janvier 1890 à Lannervel à Rumengol à l'âge de 75 ans. Il épousa le 3 décembre 1835 Jeanne Kerdoncuff, dont quatre enfants.

La marraineCatherine CEVAER , née le 26 juin 1832 au Faou et décédée le 2 juillet 1891 à Rumengol, cultivatrice, était la fille d'Yves Cevaer et de Catherine Poulmarc'h. Elle épousa le 11 février 1849 à Rumengol Jean Gloaguen (1814-1896). Le couple eut 5 enfants, dont Jean Gloaguen, l'aîné et Jacques Marie (1856-1944).

—Inscription basse sur la panse : BRIENS AINE / FONDEUR A BREST.

— Anse  de type couronne à 4 anses coudées sculptées de 4 têtes féminines, très proches de celles sculptées sur les anses de la cloche de Saint-Sauveur du Faou réalisée en 1823 par Viel .  Briens reprend donc les modes de réalisation de l'atelier Viel, auquel il a succédé.

—Frise supérieure : Guirlandes à fruits et fleurs.

—Décor : Crucifix (titulus INRI ; tête de mort au pied de la Croix) . Vierge à l'Enfant (Jésus en Sauveur tenant le globe crucigère).

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Immaculée-Conception (1881),église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

 

 2°) Marie-Jeanne A. Havard et veuve E. Le Jamtel 1899.

 

Diamètre  84, 1cm. Note La3.

inscription du haut de la robe : 

A l'ouest :

NOMMEE MARIE JEANNE

PAR

Mr JEAN LANN MAIRE

ET

Mme FRANCOISE HOUE

 

A l'est :

1899

S.S. LÉON XIII PAPE

M M

OLLIVIER LE PAPE RECTEUR DE RUMENGOL

JEAN LE LANN MAIRE

JEAN-MARIE GALL PRÉSIDENT

FRANCOIS GRALL TRÉSORIER

HERVE POULMARCH

JEAN-LOUIS HOUE

HERVE GOASGUEN FABRICIENS

 

 

 

  • Léon XIII fut pape de [1878-1903]

  • Ollivier Le Pape fut recteur de Rumengol de 1895 à 1915 (il succéda à son frère Yves-Marie Le Pape, de Landivisiau,  Petit-Séminaire de Saint~Pol-de-Léon, puis recteur de Rumengol de 1889 à 1895 et de 1916 à 1919. Un frère cadet, François Le Pape, était également prêtre et sera recteur de l'Hôpital-Camfrout puis du Drennec.

  • Jean-Marie Le Lann fut maire de Rumengol de 1878 à 1881 et de 1884 à 1902 

  • "Jean-Marie Gall président"

  • "François Grall trésorier".

  • Hervé Poulmarch. La famille Poulmarc'h est signalée depuis le XVIe siècle au moins sur Rumengol. L'un d'entre eux fut maire en 1858-1860. Hervé-Marie Poulmarc'h sera maire de 1943 à 1969. Un Bernard Poulmarc'h était trésorier de la fabrique en 1864 (inscription de la chaire à prêcher).

  • Jean-Louis Houé. Jean-Louis Le Houé, conseiller paroissial de Rumengol, fut décoré du Mérite diocésain en 1930.

Inscription inférieure sur la panse :

A HAVARD A VILLEDIEU VVe E. LE JAMTEL A GUINGAMP

Soit "Adolphe Havard à Villedieu-Les-Poêles/ Veuve Emile Le Jamtel à Guingamp".

La fonderie Cornille-Havard est une fonderie de cloches située à Villedieu-les-Poêles dans la Manche. L'entreprise a été fondée en 1865 par Adolphe Havard ingénieur polytechnicien, qui fait construire l’atelier et sédentarise l’activité de fondeur de cloches. Dès 1874, il développe considérablement l’activité de l’entreprise qui exporte ses cloches dans le monde entier.

Adolphe Havard s’associera en 1903 à son gendre Léon Cornille qui prend la direction de l’entreprise en 1904, devenant alors la fonderie Cornille Havard.

 La famille Le Jamtel était fondeurs de cloche à Guingamp depuis la veille de la Révolution .

C'est Jean-François-Charles LE JAMTEL (né le 4/11/1763 à Villedieu et décédé le 29/8/1846 à Lannion qui a appris son métier à Villedieu avant de venir exercer rue de Tréguier à Lannion (fondeur à Lannion en 1822 et encore en 1835), et qui s'installe aussi à Guingamp vers 1789. Il a eu 12 enfants parmi lesquels 3 fils ont été fondeurs. Son fils  Mathurin Vincent (20 novembre 1803 à Guingamp ; 7 septembre 1873 à Guingamp) comme fondeur à Guingamp en 1835. Il est qualifié en 1856 de « fondeur de cuivre ». Il se lance dans une activité nouvelle, la fabrication des cloches d’église (en « airain, alliage de cuivre et d’étain). La fonderie est rue de Tréguier. Par la suite, il abandonne la fonderie et les cloches qu’il vend sont fabriquées à Villedieu-les-Poêles. 

 

Les Amis du patrimoine de Guingamp n° 46.

Ces fondeurs de Guingamp  s'occupèrent pendant plus d'un siècle de la fabrication puis de la commercialisation des cloches d'église (par ex :  église de Brasparts, La chapelle Sainte-Croix à Guingamp ; l'église Saint-Jacques de Perros-Guirec en 1926 ). Au XIXe siècle, ils montèrent peu à peu une entreprise de commerce de gros et de détail de fers, de fontes et quincaillerie. 

 

 

Le fils de Mathurin Vincent, Emile Mathurin LE JAMTEL (né le 21/05/1842 à Guingamp et décédé le 22/02/1894 à Léhon, commerçant 14 rue Saint-Yves à Guingamp) épousa Jeanne-Marie Thomas (1845-1906).  Il a été fondeur jusqu’en 1880 puis représentant local de la fonderie de Villedieu Havard. Il a eu 8 enfants, dont, et son frère, qui ont été représentant local de la fonderie HAVARD de Villedieu-les-Poêles.

https://gw.geneanet.org/jclf22?lang=fr&pz=raphael+adrien&nz=le+fevre&p=emile+mathurin&n=le+jamtel

En 1899, les héritiers d'Émile Le Jamtel plaçait des encarts publicitaires dans chaque parution hebdomadaire de La Semaine Religieuse du Diocèse de Quimper (page 32) pour la Fonderie de cloches Adolphe Havard.

 

On doit donc comprendre que ces deux cloches de 1899 ont été fondues à Villedieu-les-Poêles par Havard, et commercialisées par la veuve d'Emile Le Jamtel, de Guingamp.

 

Décor :

 

Anse  de type couronne à 4 anses coudées ornées de feuillages. 
Frise supérieure à enfants musiciens.

Frise inférieure (panse) : vigne.

Motifs par estampage : En bas : Assomption de la Vierge parmi les anges.  Blason pontifical de Léon XIII. Le Christ en Sacré-Cœur dans une mandorle. Jésus au sommet d'une montagne repoussant Satan. Sacré-Cœur (deux cœurs embrasés, l'un percé d'un glaive, l'autre entouré de la couronne d'épines et dominé par un crucifix). Croix fleuronnées.

 

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Marie-Jeanne (1899),  cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899),  cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899),  cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899),  cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899),  cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899),  cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899),  cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899),  cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile.

La cloche Marie-Jeanne (1899),  cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Marie-Jeanne (1899),  cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

La cloche Marie-Jeanne (1899), cloche de l'église Notre-Dame de Rumengol. Photographie lavieb-aile 2023.

3°) Troisième cloche : Marie-Françoise, A. Havard et veuve E. Le Jamtel 1899.

400 kg, 74,5 cm de diamètre, note Si3.

Inscription du haut de la robe :

NOMMEE MARIE-FRANCOISE

PAR

Mr JEAN LE LANN 

ET

Mme FRANCOISE HOUE

  1899 

S.S LEON XIII PAPE

MM

OLIVIER LE PAPE RECTEUR DE RUMENGOL

JEAN LE LANN MAIRE

Inscription inférieure de la panse :

A HAVARD A VILLEDIEU VVe E. LE JAMTEL A GUINGAMP

 

—Anse de type couronne à 4 anses ornées d'entrelacs et perles.

—Frise supérieure : rinceaux.

—Motifs par estampage de la partie inférieure de la robe :

Christ en croix, avec Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.  Piéta. Blason pontifical du pape Léon XIII. Jésus prêchant aux enfants et les bénissant. Croix pattées.

 

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Françoise (1899), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

 

4°) Quatrième cloche : Marie-Victorine, 1946, par Armand Blanchet, Paris.

Inscription du haut de la robe :

En lettres capitales romaines sur 3 lignes, débutant par une manicule :

J'AI ETE BENITE PAR SON EX. MGR COGNEAU EV. AUX LE 3 MARS 1946 ET NOMMEE

MARIE-VICTORINE PAR JACQUES GRALL ET VICTORINE LE GOFF. SS. PIE XII PAPE 

SON EX MGR DUPARC EVEQUE. JOSEPH BOTHOREL RECTEUR. HENRI POULMARC'H MAIRE

 

—Auguste Cogneau (1868-1952) a été ordonné prêtre pour le diocèse de Quimper et Léon le 10 août 1891., exerçant notamment les fonctions de chanoine et de vicaire général. Le 23 juin 1933, Pie XI le nomme évêque titulaire de Thabraca (de) et évêque auxiliaire de Quimper, auprès de Mgr Adolphe Duparc qui lui confère la consécration épiscopale le 24 août suivant. Il conserve ce poste jusqu'au 8 mai 1946, se retirant à plus de 78 ans après de la mort de Mgr Duparc.

Par Hervé Queinnec (Archives diocésaines de Quimper) — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=88516255

 —Jacques Grall, a été organiste à Rumengol, il sera décoré du Mérite diocésain en 1942.

—Victorine Le Goff  se serait mariée en 1939 avec Jen-Marie SOUBIGOU, dont une fille, Yvonne. 

La même Victorine Le Goff, ou une homonyme, née en 1877, demeurait au bourg de Rumengol en 1926 où elle exerçait la profession de domestique, et en  1931 où elle exerçait la profession de couturière. Une homonyme, née en 1917, demeurait au bourg de Rumengol en 1926.

Enfin le site heritaj.bzh montre deux photos de la collection de Gilles Le Goff, d'Anne-Marie Le Goff (née en 1913 et mariée en 1936) et Victorine Le Goff, de Rumengol, l'une en 1910-1920 où Victorine a 12 ans environ, l'autre en 1925-1935 où on lui donne 25 ans environ. 

Joseph Bothorel (3 mars 1898 à Locmélar - 1995 à Brest) est ordonné prêtre en 1922.

Il devient ensuite professeur jésuite et professeur d'anglais au collège Bon-secours à Brest en 1924. En 1941, il est nommé recteur de Rumengol et doyen honoraire jusqu'en 1948, lorsqu'il devient recteur de Kergeunteun.

Joseph Bothorel (dit « Botho ») était attentif au monde qui évoluait, sensible à la modernité, il fut un des premiers prêtres à avoir une voiture et l'un des premiers à manier une caméra.

Lorsqu'il est recteur de Rumengol à partir de 1941, il vise dans son objectif les travaux des champs, moissons à la faucheuse et battages, arrachages de pommes de terre, pour lesquels jeunes, vieux, garçons et filles se retrouvent encore dans les années cinquante. Il en fait des sujets de projection pour la Jeunesse Agricole Chrétienne ou pour les premières parties du cinéma paroissial.

Sources : Diocèse de Quimper et du Léon : “Bothorel Joseph,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon : http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/4786 .

On ne manquera pas de regarder ce film super 8 d'une procession à Rumengol, précisément en 1945, un an avant le baptême de Marie-Victorine : https://www.cinematheque-bretagne.bzh/voir-les-films-procession-n-d-de-boulogne-426-3371-0-21.html?

—Hervé-Marie POULMARC'H a été maire de Rumengol de 1943 à 1969, succédant à Yves Le Lann. J'ignore pourquoi nous trouvons ici le prénom de Henri.

—Le pontificat de Pie XII a duré de 1939 à 1958.

—Monseigneur Duparc a été évêque de Quimper de 1908 à 1946.

La cérémonie a été décrite ainsi dans la Semaine Religieuse de Quimper:

ROSNOËN-RUMENGOL. — Deux baptêmes de cloches.

Le froid était vif ce dimanche de Quinquagésime 3 Mars. Mais Mgr Cogneau, intrépide comme ses deux assistants, MM. Ies chanoines Cadiou et Perrot, est venu procéder au baptême de trois cloches à Rosnoën et d'une autre à Rumengol.

—A Rosnoën, la cérémonie commence à 16 heures : la procession emmène l’Évêque du presbyte à l'église. Devant les trois cloches si gracieuses dans leur robe immaculée, le chant des psaumes de la pénitence se déroule rapide, alterné par Ie chœur et l'excellente chorale des jeunes filles ; puis l'Evêque fait les exorcismes du sel et de l'eau avec laquelle il lavera les cloches ; il procède ensuite à des onctions nombreuses externes et internes avec les saintes huiles et fait brûler des parfums sous les nouvelles baptisées. La bénédiction achevée, les cloches font retentir leur voix d'airain, tandis que Monseigneur d'abord puis les parrains et marraines tirent sur les battants Et toute la population, dressée sur la pointe des pieds, regarde, écoute et admire. ,

C'est devant une église comble comme d'habitude, un neu pus cependant aujourd'hui, que M. le chanoine Pencréach chante la messe et que M. le chanoine Chapalain, un maître de la chaire, un maitre de la langue bretonne, donne un splendide sermon sur le sens des cérémonies qui viennent de se dérouler .Apres Ia grande liturgie de l'église, les parrains et marraines reçurent dignement une soixantaine d'invités, clergé des paroisses voisines, notables de Rosnoën, parents du recteur Au dessert, M. le Recteur adressa un compliment délicat à l'Evêque ce un très vif merci à sa paroisse.

A l'heure des vêpres, deux des nouvelles cloches déjà mises en place avec diligence et adresse célèbrent la gloire de Dieu et la générosité des hommes. Et lorsque la grosse cloche sera venue rejoindre ses jeunes sœurs et la vieille occupante, quatre voix égrèneront les notes d'un beau carillon sur toute la paroisse , sur les grandes vallées adjacentes et jusqu'aux lointains au delà sur les ailes propices du vent lointain.

Belle et bonne journée pour Rosnoën.

—A 5 heures, Monseigneur, vraiment infatigable, recommencé la cérémonie a Rumengol. Cette fois, il n'y a qu'une doche à bénir : les rites seront les mêmes que le matin, mais plus courts et Mr Pencreac'h, en bon français classique classique, en expliquera brièvement le symbolisme à un auditoire qu'il connaît si bien et qu'il aime. Durant la consécration, les fidèles, groupés près de la cloche, regardent de tous leurs yeux, écoutent de toutes leurs oreilles et trouvent que la cérémonie a fini trop tôt. oieiues A 16h 15, la procession reconduit Mgr l'Evêque au presbytère, où il prend congé de la sympathique population de Rumengol en lui donnant une dernière bénédiction. Son Excellence accorde ensuite un bon moment de conversation à M. le Recteur et dans le soir qui tombe, reprend avec ses deux compagnons l route de Quimper po r t a n t les précieux témoignages de la fidele et forte affection de deux paroisses pour sa personne et celle de notre grand évêque Monseigneur Duparc.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3171c928d2e5f076821b3da35ad809fa.pdf

 

Dans d'autres relations de ces cérémonies de baptême, on ne manque pas de faire allusion aux distributions de dragées offertes à la foule. Parfois, le parrain et la marraine reçoivent chacun une petite cloche commémorative ou "cloche filleule", comme à Plozévet en 1953.

«Le rite, qui existe depuis le Xe siècle a peu évolué depuis et continue à figurer dans les rituels contemporains. Les prières commencent par la lecture de psaumes , puis l'évêque (ou son représentant) se lève, bénit le sel et l'eau destinés à la cloche, supplie Dieu de les sanctifier afin qu'ils reçoivent un pouvoir purificateur ; il mélange ensuite les deux éléments en forme de croix ; il va prés de la cloche, qu'il lave avec le liquide ainsi bénit, tandis que les clercs continuent à laver l'intérieur et l'extérieur de la cloche.

Après la lecture de nouveaux psaumes, le Prélat fait à l'extérieur de la cloche le signe de croix avec le Saint-Chrême (ou huile des malades) et demande à Dieu « que les sons de la cloche invitent les fidèles à la conquête du Ciel, que sa mélodie fasse croître la foi des peuples qui l'entendent, qu'elle tempère la violence des vents et des orages... »

Ensuite, l'évêque place un encensoir sous la cloche pour que la fumée des parfums remplisse la cloche ; il la bénit une nouvelle fois puis fait sonner la cloche avec un maillet, invite le parrain et la marraine à faire de même ; le fondeur y est également convié. Dans l'assistance, on distribue alors des sachets de dragées... Il convient aussi de remarquer que l'acte de bénédiction était souvent enregistré sur le même registre paroissial que les actes de baptême des personnes. » http://campanologie.free.fr/Benediction_cloches.html

https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7461

Néanmoins, les cloches ne sont pas  à proprement parlé "baptisées", mais bénites, le baptême étant réservé aux humains.

Inscription basse : néant

Décors :

Anse de type couronne à 4 anses coudées non sculptées.

Frise de losanges ; autre frise en pans de rideaux.

Motifs  par estampage :

Calvaire avec Marie, Jean et Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Vierge à l'Enfant couronnée à  l'Enfant tenant le globe terrestre, sur un nuage (Notre-Dame de Rumengol). Saint Michel terrassant le dragon (inscription ST MICHEL). Saint évêque bénissant.

Attribution.

Bien que nous n'ayons pas trouvé de nom ou de marque de fondeur, nous pouvons attribuer avec certitude cette cloche à la fonderie ARMAND BLANCHET, de Paris, puisqu'elle ressemble par son décor (frise en pans de rideau, et calvaire à quatre personnages) à une cloche homologue fondue pour l'église de Rosnoën et bénite lors de la même cérémonie le 3 mars 1946. En outre, son diamètre de 62 cm correspond à celui de la cloche en ré de son catalogue. On peut ainsi en déduire son poids (min : 150 kg, max : 245 kg).

Voir :

https://www.lavieb-aile.com/2021/08/le-clocher-de-rosnoen-les-cloches-les-crossettes-et-les-armoiries.html

http://www.cloches.org/resources/ClochesBlanchet.pdf

http://www.cloches.org/resources/Inventaire+Blanchet.pdf

 

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Cloche Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Marie-Victorine (1946), église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Marie-Victorine (1946, église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Marie-Victorine (1946, église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Marie-Victorine (1946, église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Marie-Victorine (1946, église de Rumengol. Cliché lavieb-aile 2023.

Les enregistrements des cloches par le campaniste Matthieu Jules en 2023:

 

 

LES FONDERIES VIEL PUIS BRIENS.

Le but de cet article, au delà du nécessaire inventaire patrimonial détaillé de l'art campanaire (latin campana = cloche) est d'enquêter sur la singularité d'une profession, celle des fondeurs de cloche, et plus précisément sur un phénomène d'émigration de ces fondeurs à partir d'une collectivité professionnelle constituée en Normandie, autour de Villedieu-Les-Poêles. Cette émigration s'est faite notamment vers la Bretagne, et précisément vers la Basse-Bretagne (cf. G. Haraux) depuis le XVIIe siècle (Huet, Julien Le Soueff, Thomas Le Soueff), s'est développée au XVIIe siècle (Etienne et François Le Moyne, Thomas Le Soueff, Jean et Jean-François Beurrié de la Rivière, Pierre François et Pierre Michel Viel, ) et s'est poursuivie au XIXe siècle avec l'installation à Brest d'une fonderie en 1804 par les enfants des Viel, puis le mariage de la fille de Nicolas François Marie Viel avec Richard Briens, qui reprendra la fonderie. 

La famille Le Jamtel est attestée dès le XVIe siècle à Villedieu : un de ses membres s'installa à Guingamp au XIXe et sa signature se retrouve sur deux cloches de Rumengol, commune du Faou.

Au total, parmi les six cloches actuelles de la commune du Faou, cinq portent les noms de familles originaires de Villedieu-les-Poêles : Le Soueff en 1714, Viel  en 1823, Briens aîné en 1881, Havard/Le Jamtel en 1899 pour 2 cloches. La sixième n'est pas signée, voilà tout.

 

 

Conception lavieb-aile

Les causes de cette émigration restent à préciser : saturation démographique à Villedieu, pression fiscale (G. Haraux), recherche de clientèle, appel de "sourdins" (habitants de Villedieu) ayant réussi en Bretagne, alliances familiales, ou seulement attirance de compétences rares par des villes bretonnes ayant perdu leurs cloches (foudre, guerres, décret révolutionnaire) ou cherchant à dépasser en puissance sonore le son d'un clocher voisin et concurrent.

Je me contente de rappeler  l'originalité de Villedieu-les-Poêles, et de ses trois villages de Sainte-Cécile, Saint-Pierre-du-Tronchet et Saultchevreuil-du-Trouchet : elle tient à   la création  au XIIème siècle sous Henri Ier Beauclerc, Duc de Normandie et roi d'Angleterre, d'une Commanderie aux chevaliers de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem en récompense de grands services aux Croisées en Terre-Sainte lors de la première croisade. Villa Dei (la ville de Dieu) devint  la plus ancienne commanderie hospitalière d’Europe de l’ouest.

Différents actes, dont l’un daté de 1187, montrent le développement rapide de la commanderie sous la direction de son Commandeur. Ce développement s'explique par un ensemble de privilèges reçus par Henri Ier Beauclerc. En plus d'être traversée par le fleuve de la Sienne et située sur l'un des chemins de pèlerinage vers le Mont Saint Michel, Villedieu a eu l'autorisation. L'exemption pour les habitants de la Commanderie étaient exempts d'impôts royaux, de dîme et de service militaire.


Forts des droits et exemptions d’impôts royaux de dîme et de service militaire,  et du privilège d'organiser un marché hebdomadaire, et une foire annuelle, ( associés au droit de percevoir des taxes sur toutes les marchandises vendues en ville) les Hospitaliers de Villedieu  introduisent l’artisanat du cuivre dans la cité, qui va devenir un des plus grands centres européens de poeslerie et chaudronnerie dès les XIIème et XIVème siècles. Les habitants de Villedieu s’appellent les « Sourdins », du fait du bruit assourdissant du travail du cuivre dans les très nombreux ateliers de la ville. Villedieu sera, du reste, rapidement surnommée Villedieu « les Poêles », car sa production de poêles à bouillie la rendra célèbre, en des temps où ce récipient n’a pas d’égal.

Les fondeurs de cuivre sont des fondeurs-marchands, car pour fondre une cloche, ils doivent réunir les métaux (cuivre et étain) nécessaires même s'ils récupèrent la matière d'une ancienne cloche fêlée.

Leur maîtrise  d'alliances familiales et commerciales fructueuses est aussi remarquable.

Ces émigrations ont été étudiées par Le Pesant 1972 pour la période de l'Ancien-Régime.

LA FAMILLE VIEL.

Avec les Beatrix, les Tétrel, les Havard, les Pitel,  la famille Viel est une vieille famille de Villedieu. Elle est affiliée aux HAVARD, aux LE DÔ, aux ENGERRAN.  Ainsi, par exemple," Jean-Nicolas Viel, décédé en 1810 et marié à Madeleine Loyer, était le père de Gilles-François Viel, également fondeur, qui épousa le 7.5.1813 Agathe Pitel... Julien-Ferdinand Viel, né en 1823 et marié à Michelle Havard était lui aussi fondeur... On a également trace d’un certain Etienne Viel, marchand fondeur qui épousa Marie-Adélaïde Ozenne, d’ou au moins Pierre-Guillaume Viel, né en 1812 (marié à Thérèse-Elmina Havard). On retrouve  les familles Viel Tétrel et Viel-Ozenne . (D. Havard de la Montagne, 2012)

http://www.musimem.com/fondeurs_villedieu-les-poeles.htm

La lignée qui va arriver à Brest  voit se succéder, à Villedieu-les-Poêles :

  • Marin VIEL, d'où

  • Jean VIEL et Gilette HAVARD, mariés le 11/02/1657, d'où 5 enfants, dont

  • Jean VIEL et Jeanne BADIN, mariés le 19/02/1691, 5 enfants dont :

  • Jean VIEL et  Marie BATAILLE, mariés le 15/06/1712, 8 enfants (alliance avec HAVARD, HUET, ...), dont deux enfants qui nous concernent :

 

a) François VIEL, né à Villedieu-les-Poêles le 10 mars 1713 époux le 23 juin 1738  de Françoise VOISIN; son  fils, Jean-François VIEL, uni en 1772 avec Jeanne-Gabrielle MARTINAUX née à Villedieu, eut un fils, Pierre François VIEL, qui s'installa à Brest comme fondeur.

b) Jean VIEL, né le 18 octobre 1726 et époux de Agathe Noëlle GUILLAUME, eut un fils Pierre-Michel VIEL qui s'installa à Brest comme fondeur.

Ce Pierre Michel épousa en 1796 à Landerneau Madeleine Mette et eut quatre enfants, dont Nicolas François, Alphonse VIEL (1800-1837) et Hippolyte Philémon VIEL (1805-), fondeurs à Brest, ainsi qu'Onésime, "propriétaire".

 

LES DESCENDANTS DES VIEL : LES BRIENS.

 A la 3ème génération des Viel,  la fille de Nicolas François Marie VIEL :   Marie Amélie Alphonsine VIEL  épousa  Richard Jean-Baptiste BRIENS.

— Marie Amélie Alphonsine VIEL : née le 2 septembre 1826 à Brest, et décédée le 26 novembre 1856 à Brest (à 30 ans), elle épousa le 13 décembre 1848 Richard Jean-Baptiste BRIENS. 

— Richard Jean-Baptiste BRIENS.

Ce Richard Briens appartient également à une très ancienne famille de Villedieu-les-Poêles.

https://gw.geneanet.org/fondeurdecloches?lang=en&m=N&v=briens

Dans le terrier de Villedieu de 1587 figurent notamment Jehan et Pierre Briens « de l’estat de fondeur ».

Il va apparaître dans les publicités et les annuaires comme "gendre et successeur de M. Viel l'aîné."

Richard Jean Baptiste BRIENS, né le 20/02/ 1818 à Villedieu-les-Poêles de Michel-Léonard Briens (lui-même fils du fondeur Jean-Baptiste Briens) et décédé à Brest le 13 septembre 1883 à Brest est qualifié de marchand fondeur ou maître fondeur de cloches.

Généalogie ici : https://gw.geneanet.org/fondeurdecloches?lang=en&p=richard+jean+baptiste&n=briens

Le couple eut un enfant.
- Stanislas Ferdinand Nicolas BRIENS, né le 28 novembre 1852, Brest. 

Richard Briens épousa ensuite, le 22 juillet 1857, à Brest,  Pauline Estelle BOCHE, dont 
- Auguste Michel Alexis BRIENS, né le 27 novembre 1865, Brest, décédé le 16 mai 1898, Brest (à l'âge de 32 ans). 

https://gw.geneanet.org/fondeurdecloches?lang=en&m=N&v=briens

Inventaire : la mention BRIENS AINÉ FONDEUR A BREST  apparait entre 1867 et 1881 ; des recherches complémentaires seraient nécessaires le sens de la mention AINÉ. La signature VIEL-BRIENS précède celle-ci entre 1850 et 1856, remplacée en 1859 par VIEL BRIENS AINÉ.

-Le Cloitre-Saint-Thégonnec : cloche Marie Amélie ; fondue en 1875 par Briens aîné, à Brest

-Saint-Pierre de Plouescat cloches de Briens Aîné, fondeur à Brest, 1872; et de Briens Viel Aîné, fondeur à Brest, 1853.

-Eglise Sainte-Anne de Lanvéoc : Briens aîné, fondeur à Brest

-Saint-Urbain : Cloche 1 fondue en 1876 chez Briens ainé à Brest

-Lochrist (Le Conquet)  Briens ainé 

-Plonévez du Faou :  Briens aîné , à Brest . 1867

Inscription Viel Briens :

-Lanhouarneau église Saint-Hervé Viel-Briens 1853

- cloche de l'église Saint-Onneau d'Esquibien ; 1859 BRIENS VIEL AINE FONDEUR A BREST.

-Pont-Christ : église  : cloche de 1856 par Viel et Briens de Brest

-VIEL BRIENS FONDEURS SABREURS 1850 cloche de Notre-Dame de Roscudon Pont-Croix

-Trémaouézan  Cloche de 1842 porte l'inscription VIEL ALPHONSE, FONDEUR A BREST.. La seconde cloche de de 1851 porte l'inscription VIEL BRIENS, FONDEURS A BREST.

Une autre branche, celle d'Auguste Briens, s'est établi à Morlaix, et lui ou ses successeurs ont signés de nombreuses cloches :

-Cloche de Locmélar " PAR BRIENS AUGUSTE MORLAIX JUIN 1865 "

-cloche du Tréhou : BRIENS PERE ET FILS À MORLAIX 1848

-La cloche du Kreisker de St-Pol-de-Léon porte la marque "Briens Frères de Morlaix". 1827

-Cloche de la cathédrale de Quimper : 1837, Briens Frères, à Morlaix.

-Ile de Batz  1857 Briens fils fondeur Morlaix

-Saint-Goazec cloche Fondue en 1852 par Briens père et fils à Morlaix,

-Gourin 1820 à Morlaix chez F.Briens.

Voir mon article pour de plus amples renseignements sur les VIEL-BRIENS et leur fonderie à Brest au fond de la Penfeld.

Les cloches du Faou et les fondeurs de cloche du Finistère. II : Viel à Brest 1823.

SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, "Inscriptions de quelques cloches anciennes du diocèse de Quimper", Bulletin Société archéologique du Finistère pages 304-306.

—  ABGRALL (Jean-Marie), 1890, "Inscriptions de cloches" , Bulletin Société archéologique du Finistère pages 281-285.

—  ABGRALL (Jean-Marie),  et PEYRON, 1903, Notice sur Le Faou, Bull. Diocésain d'Histoire et d' Archéologie [BDHA], Quimper, Kerandal. 

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf

—  BOURDE DE LA ROUGERIE (H.), [1829] 1903. "Restitution de cloches aux paroisses du Finistère", Bulletin Société archéologique du Finistère pages LI-LVIII

—  CASTEL (Y.P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.M.), 1987, Artistes en Bretagne : dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime / Yves-Pascal Castel, Georges-Michel Thomas ; avec la collab. de Tanguy Daniel ; introd. par André Mussat / Quimper : Société archéologique du Finistère , 1987

— BILLANT (Abbé Nicolas)  Rumengol, son sanctuaire et son pèlerinage, 1924, sn.  Brest, Imprimeries de la Presse Libérale.

(L'abbé Billant de Saint-Urbain fut recteur de Rumengol de 1920 à ? après avoir été recteur de l'Île Tudy.)

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eb755cd60bfa806ccd9513f01749829c.pdf

—  CASTEL (Y.P.), DANIEL (T.), THOMAS (G.M.), Artistes en Bretagne Tome 2, Additions et corrections : dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime / Yves-Pascal Castel, Tanguy Daniel, Georges-Michel Thomas / Quimper : Société archéologique du Finistère , DL 2013

— COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988,  Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FAOURUME.pdf

 

— DANGUY DES DESERTS (Mad), 1993, Les cloches du Faou, in bulletin municipal Le Contact.

https://arfaou.net/archives_documents/Bulletin%20municipal/1993/contact041993.pdf

— DU HALGOUET (Hervé ),1949, « Vieux sons de cloches », Bulletin et mémoires de la Société Polymathique du Morbihan,

http://broceliande.brecilien.org/IMG/pdf/spm_1949_cloches.pdf

— LE PESANT (Michel), 1972, Un centre d'émigration en Normandie sous l'Ancien Régime. Le cas de Percy. —Bibliothèque de l'École des chartes, t. CXXX (1972), p. 163-225.

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1972_num_130_1_449915

— MUSSAT (André), 1957, article -Rumengol, in Société française d'archéologie. Congrés archéologique de France. CXVe Cession, 1957,  Cornouaille. page 165.  In-8° (23 cm), 285 p., fig., carte, plans. H. c.Orléans : M. Pillault, 37, rue du Pot-de-Fer (Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur). Pages 161-177.

—  THOMAS (Georges-Michel), 1981, Fondeurs de cloches du temps passé, Bulletin Société archéologique du Finistère pages 263 à 274.

— Liste des maires de Rumengol :

https://recherche.archives.finistere.fr/file/misc/document/drupal/maires_rumengol.pdf

—Les fondeurs de Villedieu-Les Poles :

http://www.musimem.com/fondeurs_villedieu-les-poeles.htm

— site clocherobécourt

https://www.clocherobecourt.com/Robecourt/ClocheConfection.php

—Petits lexiques du campanaire

https://archivesenligne65.fr/action-culturelle/expositions-en-ligne/sonatz-campanetas-/des-cloches-historiques

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Published by jean-yves cordier - dans cloches Le Faou Chapelles bretonnes
7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 13:29

 

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Le Faou (du latin fagus « hêtre ») s'étire depuis le XIe siècle en longue rue commerçante au fond d'une ria de la rade de Brest, sur la "rivière du Faou", en face de Landévennec  sur la route Brest-Quimper qui relie le pays de Léon à celui de la Cornouaille. Comme dans toutes les rivières maritimes, un pont s'est établi à la limite de la remontée du courant de flot. Là, dominant la rivière, trois églises au moins se sont succédé. 

L'église Saint-Sauveur, à nef courte et  chevet plat   a été  achevée en pierre ocre de Logonna au milieu du XVIe siècle  et son porche sud a été érigé entre 1593 et 1613. Le massif occidental, la tour, et le clocher ajouré,  amorti de son dôme à lanternon furent construits entre 1628 et 1647. En 1677-1680, le  chevet plat d'origine a été transformé en chevet à pans multiples (chevet Beaumanoir), une  sacristie a été ajoutée au nord et les baies du chœur et du transept furent obstruées lors de la mise en place de retables et de lambris. C'est au 18e siècle quel le transept fut doublé avec remploi d'éléments datant du milieu du 16e siècle. Une sacristie fut construite en 1877 au sud, sur l'emplacement d'une sacristie datant de 1677. L'ossuaire qui datait de 1603 fut démantelé en 1892 lors de l'élargissement de la route. Une litre funéraire peinte couvrant les murs de la nef et figurant les armoiries de Nicolas Magon de la Gervaisis est encore en place au début du 20e siècle. Le site est classé depuis  le 9 juillet 1927.

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Leclocher de l'église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.
Leclocher de l'église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Leclocher de l'église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Pour chacun de ces travaux, une ou plusieurs inscriptions ont transmis une date, le nom d'un membre de la fabrique ou d'autres informations. Ce sont elles dont je propose la découverte dans cet article, afin de faire partager mon admiration et mon émotion devant ces messages que nous adressent nos prédécesseurs.

Elles ont été relevées ou transcrites par Abgrall 1909,Castel et Deuffic 1983,  Leclerc 1991 à 2003, Danguy des Déserts 2001. 

Je suivrai leur ordre chronologique .

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1526. Le socle du Calvaire.

Bien qu'il ne soit plus visible dans l'enclos paroissial, mais dans le cimetière communal où il a été déplacé, sa description trouve sa place ici. Ce sont les vestiges provenant de la croix de l'ancien cimetière désaffecté à partir de 1866. La date de 1876 correspond à la croix.

 

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 Croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

Croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

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Il est décrit dans l'Atlas de Croix et Calvaires du Finistère sous le n° Le Faou 501 avec la lecture  "+ Y COZKELEC (?) FIT FAIRE LAN MIL V CTS XXVI "

http://croixetcalvaires.dufinistere.org/commune/le_faou/le_faou.html

L'Inventaire du Patrimoine relève " LAN 1526[?]Y.COZKERLEC FIT FAIRE."

C'est un bloc de kersanton cubique de 66 cm de coté à la base, mais aux angles biseautés, si bien que l'inscription qui court sur son bord supérieur occupe les quatre faces et les quatre biseaux d'un octogone de 18 à 21 cm de coté. Les lettres gothiques minuscules (onciales) sont sculptées en bas-relief sur une seule ligne, avec un cartouche partiel de Y à  KLEC. Les deux-points sont  en losanges évidés (il semble abusif d'y voir "les macles des Rohan") reliés par une ligne en "ouïe de violon". On trouve aussi une ponctuation de séparation de mots par un point simple, losangique plein. Les lettres mesurent 9 cm de haut ou 15 cm pour les L de MILL.

  On lit d'abord un monogramme AX surmonté d'une croix et d'une ligne sinueuse, que je note [**], puis :

 

 [**] : Y : COZKLEC : FIT : FAIRE : LAN : MILL : Vcts : VI

"Y[ves] Cozkerlec fit faire l'an 1526."

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Chacun des six pans de pierre entraîne  des exclamations admiratives. Car chacun des lettres est différente, tracée par la main très sûre d'un maître tailleur de pierre calligraphe, qui dessine des caractères avec une élégance pleine de désinvolture nonchalante et d'humour . Or, en 1526, nous  sommes 13 ans avant l'inscription de fondation de Rumengol (1536), très belle mais qui, par comparaison, va paraître gracile, mièvre, compliquée voire laborieuse. Elle n'a pas non plus la rectitude presque mécanique (malgré ses ornementations) de l'inscription de fondation du Pont de Landerneau (1510). 

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Premier pan. 

L'inscription débute (ou s'achève) par un monogramme qui pourrait se lire comme un A et un X entrecroisé pour dessiner un losange, avec une croix plantée au centre, et une virgule en hameçon accolée à cette croix. 

L'hypothèse la plus tentante est d'y voir la marque-signature du maître-tailleur de pierre, comme celles laissées sur la cathédrale de Strasbourg : non pas une marque identitaire de rémunération, mais une "marque de maître". Deux blasons de l'église de Rumengol ont des traits de ressemblance avec cette marque.

Le A et le X ou le V peuvent faire allusion à l'entrecroisement du compas et de l'équerre, la croix et la virgule à une règle en T et à un "perroquet". Y-P. Castel voit ici "un copeau arraché sur une croix".

Pour l'instant, je soumets cela à la sagacité des internautes.

Puis  un cartouche en surépaisseur (bas-relief) haut de 12,5 cm, porte un  deux-points (encore sobre, aux losanges non évidés) et surtout le bel Y, vif et allègre, initial de quelque Yves ou Yvon.

 

Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile
Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

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Deuxième pan coupé.

Voici le nom du commanditaire-donateur. 

La formule "fit faire" indique que le patronyme désigne le commanditaire de ce socle (et de la croix qu'elle portait), et non l'artisan qui la réalisa.


Si on lit COZKLEC en considérant, comme c'est fréquent, que la lettre K est abréviative pour KER, on obtient Coskerlec. Ma déduction rejoint celle d'Yves-Pascal Castel, qui lit ici "Yves Coskerlec".

Mais le patronyme Coskerlec ou Cosquerlec n'est pas attesté. Le toponyme Cosquerlec et sa forme Cozquerlec est bien attesté, mais pas dans la région du Faou.

En outre, la lettre qui a été lue comme un L jusqu'à présent n' a pas du tout la forme du L minuscule gothique, dont nous allons trouver un très bel exemple (MILL). 

On pourrait lire donc aussi "COZKERT", ou "COZKERC". Il existe aujourd'hui un lieu-dit et un lotissement correspondant au toponyme "Le Cosquer" au Faou. On trouve mention de seigneurs du Cozker, ou de sieur du Cozker, ou de l'évêque de Tréguier Mathias de Cozker (Matthieu du Kosker, né à Lannion, 1417-1422), etc...

Les lettres Z et K s'accordent comme un couple de danseurs. Le deux-points, aux losanges évidés, s'appuie sur un fût droit, peut-être la fin d'un cartouche.

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Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile
Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

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3ème pan 

C : FIT

Le cartouche qui avait débuté au 1er pan s'achève ici par une barre sur laquelle s'épaule un très beau deux-points en losanges évidés. 

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Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

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Quatrième pan coupé.

 

Le mot FAIRE est écrit sans chichi, mais non sans renoncer à un clin d'œil à l'amateur de belles lettres : le f transforme sa barre en une petite bille bien ronde.

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Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile
Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

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Cinquième pan.

Le Mot LAN vient abriter deux de ses lettres sous un préau.  

Yves-Pascal Castel (1991) y  voit judicieusement  une marque professionnelle en forme de doloire (CNRTL : Cognée à taillant droit, à large lame plane dont le tranchant n'a qu'un seul biseau, oblique par rapport au manche court et un peu courbé), et imagine, en se livrant ici à des extrapolations, judicieuses mais non fondées sur des données attestées 

"La doloire du cimetière du Faou pourrait appartenir à un charpentier naval, YVES COSKERLEC, constructeur de navires sur la rivière en 1526."

Yves-Pascal Castel (1997) précise son idée :

"L'arrachage d'un copeau sur la croix, la doloire, et les macles désignent Cozkerlec comme un charpentier ; peut-être constructeur de vaisseaux travaillant sous la mouvance des Rohan."

On peut aussi penser à la signature parlante d'un tailleur de pierre nommé Calvez (patronyme signifiant "Charpentier"). C'est ainsi que l'imprimeur Calvez, dans son édition de 1499 du Catholicon, place dans une targe ses armes avec le J initial de son prénom Jehan suivi d'une équerre et d'une hache semblable à celle-ci. 

 

 

 

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Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

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Sixième pan.

Le M de MILL en vaut mille. Les deux premiers fûts se referment en parenthèse, comme un compas, une brève traverse relie ces deux frères au troisième fût, qui, lui, s'offre un jambage qui fait la révérence.

La lettre I, avant d'aligner son piquet, avec les L qui suivent, et de marquer la cadence par un empattement carré, prend appui sur le ventre du M, ou lui tape amicalement sur l'épaule. 

Et les deux L s'élancent, pointant leurs fourches comme les cimes de deux peupliers, non sans avoir émis deux surgeons latéraux.

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Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile
Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

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Septième pan

Un deux-points à losange évidé et ligne que je fais comparer pour changer au signe forte d'une partition :

 

 

 

 

Tailler dans la pierre un tel signe, avec une telle régularité et de tels arrondis relève sans doute de la prouesse.

Puis le V du chiffre romain cinq, dont le premier fût s'élance pour former une hampe inattendue, qui salue avec panache en une boucle et une goutte d'eau.

Le mot "cent" est suscrit, associant un petit C, puis un E, un tilde, et un Z : "CENZ".

Le deux-points suivant se paye le luxe d''une ligne de liaison fleuronnée par une petite barre.

Notre maître sculpteur n'a rien à envier aux calligraphes des stèles chinoises (cf. Jean-François Billeter, L'art chinois de l'écriture, 1989). Nos yeux ressentent et transmettent à nos muscles le plaisir et la grâce du geste d'écriture qui a été tracé ici voici près de 500 ans.

 

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Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

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Voyez maintenant ces deux X qui se suivent sans se ressembler. Voyez la fusion presque naturelle du V et du J qui forme le chiffre 26. 

Quelques remarques :

a) le texte est en français, comme partout (et non en breton, qui fait exception dans l'épigraphie du temps, ou en latin). On n'a pas attendu l'ordonnance de Villers-Cotteret (1539)

b) l'écriture est gothique :  Y-P. Castel n'a constaté, sur les croix et calvaires du Finistère, qu'une seule inscription en lettres romaines ( en 1511 à Plouguerneau) antérieure à notre date de 1526 . encore est-elle signée par deux Italiens, Toinas et Conci. Ce ne sera qu'à partir de 1562 que le gothique sera définitivement abandonné en épigraphie finistérienne sur les calvaires, et en 1628 dans le corpus des inscriptions lapidaire de l'enclos paroissial du Faou . Dans l'histoire de l'imprimerie, les caractères romains ont été créés à Venise  par Nicolas Jenson en 1470 dans son Eusèbe et dans son Epistolæ ad Brutum de Cicéron. Mais c'est en 1530 / 1540 que Claude Garamond créa les poinçons de ses caractères romains pour l'imprimeur Henri Estienne.  

c) les chiffres sont romains. Les premiers chiffres arabes sont apparus sur les croix du Finistère en 1515, à Logonna-Daoulas. Sur les inscriptions lapidaire de l'enclos paroissial du Faou, les chiffres arabes s'introduisent en 1603. 

 

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Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile
Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

Socle (1526) de la croix du cimetière du Faou, photographie lavieb-aile

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La partie la plus ancienne de l'église porte le nom de Chapelle de la Dame. Elle est aujourd'hui intégrée au transept, et sa porte murée encadrée de colonnes en nids d'abeille est visible à droite du porche sud. Voici une inscription qui la concerne :

1544. La deuxième inscription.

En 1990, Yves-Pascal Castel annonçait dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère qu'en déplaçant une grande armoire de la sacristie [sud-est], une inscription avait été découverte. Comme la sacristie actuelle est plus haute que la précédente, la pierre sculptée se montrait autrefois à l'extérieur. II écrit : "Étalé sur cinq lignes, le travail du graveur a été effectué avec un soin particulier. La capitale romaine "fleuronnée" s'agrémente d'échancrures et de barres. Sans atteindre l'élégance du célèbre panneau de l'église voisine de Rumengol, 1536, celui du Faou, 1544, témoigne de l'habileté des tailleurs de pierre de kersanton. Jean-Luc Quentel nous a fait remarquer que le 18 mai, veille de la Saint-Yves, tombait, cette année-là, un dimanche. En revanche, on ne connaît pas le fabrique J. Elé, ni la signification du curieux symbole qu'accompagne son nom. Serait-ce une simple fleurette ?"

Il propose la leçon suivante :  LE XVIII IEME IOVR / DE MAI L MVXL/ IIII FVRENT CETTES / CHAPPELLES FOVND / EES J. ELE FABRICQ

Ce "curieux symbole aprés "I. ELE" est soit un Z, soit une abréviation, fréquente en épigraphie latine, mais plus étonnante sur un texte français. En outre, une lettre -c- (pour "cent") est inscrite à l'intérieur du V.

J'en donne ici ma propre transcription :

LE XVIII IEME IOVR

DE MAI LMVcXL
IIII FVRENT CETTES
CHAPPELLES FOVND

EES J. ELEZ FABRICQ

"Le 18e jour de mai l'an 1544, furent ces chapelles fondées J. Elez fabrique."

Je rapproche le nom J. Elez de celui qu'on découvrira sur une inscription de 1633 mentionnant un Auffroy Ellez sieur de Kovrin. 

La lettre L qui précède la date MVcXL doit être interprétée comme une forme abrégée de LAN.

L'article est illustré par une photographie, qui est reproduite sur le panneau explicatif que trouve le visiteur à l'intérieur de l'église. J'en reproduis à mon tour l'image.

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1544. Inscription dans la sacristie. église Saint-Sauveur, Le Faou.

1544. Inscription dans la sacristie. église Saint-Sauveur, Le Faou.

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Le portail sud. 1593.

Le portail sud fut débuté en 1593 mais sa construction fut interrompue en raison des guerres de la Ligue. La ville fut pillée en 1593 et 1595.

"Anne de Sanzay, comte de la Magnane, lors marié à la dame de Penmarc'h en Léon, tenant le parti de l'union dite catholique, sous l'autorité du duc de Mercœur. Ayant quelques troupes de gens ramassés, arrive de nuit de devers Morlaix en la ville du Faou, qu'il prend et pille et y prit des prisonniers, et se tint là quatre à cinq jours attendant de trouver les moyens de passer la rivière de Châteaulin pour entrer en la juridiction de Quimper, où il savait le pillage être bon."  (chanoine Jean Moreau, publié en 1960 par Henri Wacquet , Mémoires du chanoine Jean Moreau sur les guerres de la ligue en Bretagne.)

 

En octobre 1595, une troupe d'Anglais ravage la région. « Il y a eu toujours grand nombre de soldats, comme à Craouzon [Crozon], Douarnenez ou Le Faou, qui ordinairement viennent à l'abbaye [de Landévennec], ravagent et pillent tout ce qui s'y trouve, comme ils le font dans le plat pays, de façon que tout le canton est dénué des hommes qui y demeurent obstant la cruauté et tyrannie des gens de guerre, tellement que le cartier [quartier] est demeuré en friche sans estre semé, travaillé ny labouré».

Pendant les guerres de la Ligue (1562-1598), Anne de Sanzay, comte de la Magnane, connu pour être « un bon voleur tant sur mer que sur terre »39 et qui était du parti de la Ligue, « profitant de la licence des guerres civiles pour exercer toutes sortes de brigandages », « pille Le Faou, bat les habitants des communes voisines, indignés de ses excès et leur tue plusieurs centaines d'hommes ». Il en tua même entre 1 400 et 1 500 en deux combats si l'on en croit Eugène Bonnemère. Il soumit aussi la ville du Faou à rançon. (Wikipédia, "Le Faou")

 

La portail  fut terminé avec beaucoup plus de simplicité entre 1612 et 1613.

L'inscription en lettres gothiques, la plus belle de l'édifice, occupe une pierre d'angle en kersanton dont les deux faces sont taillées. La taille est faite en relief ("en réserve"), ce qui favorise l'accrochage de la lumière. Selon l'heure du jour et l'ensoleillement, leur apparence et leur lisibilité va beaucoup changer, ce qui m'amène à multiplier les clichés.

 

La face principale mesure 78 cm de long et 35 cm de haut. Elle est divisée en deux lignes par deux cartouches en creux préservant une marge de 1 cm en haut, et 3 cm en bas. Les lettres en onciales  mesurent 9 cm de haut et 4 cm de large (lettre A), les lettres à jambages 13 cm de haut (ceST). La ponctuation entre les mots se fait par le deux-points à losanges évidés,  réunis par un signe en "ouïe de violon" pour les trois premiers.

La face latérale mesure 34,5 cm de long et 35 cm de haut. Elle est creusée d'un seule cartouche préservant une marge de 1 cm. Les lettres mesurent 5 cm pour le premier -e-, 8 cm pour le -g-.

On y lit : 

 "LAN : MILL : V Cns : XCIII : FUST : FONDE : CEST : PORCHES.

ESTÃT : LORS : G : LE : DERE / DEC : FABRIC / QUE".

"L'an 1593 fut fondé ce porche, G. le Deredec étant alors fabricien".

Je rappelle que (Wikipédia)  la fabrique d'une paroisse désigne un ensemble de « décideurs » (clercs et laïcs) nommés pour assurer la responsabilité de la collecte et l'administration des fonds et revenus nécessaires à la construction puis l'entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse : église(s), chapelle(s), calvaire(s), argenterie, luminaire(s), ornement(s), etc. Les membres du conseil de fabrique sont donc des administrateurs désignés plus spécifiquement par les termes de marguilliers et de fabriciens. Les revenus de la fabrique provenaient des quêtes, offrandes, dons en nature, loyers et fermages, legs mais aussi de la location des places de bancs dans l'église qui fournissaient un revenu régulier (bien souvent perçu annuellement à date fixe) pour la fabrique. Le "fabrique", ou fabricien,  élu ou désigné pour l'année parmi les  paroissiens les plus honorables et les plus aisés devient ainsi le maître d'ouvrage des constructions ou reconstructions de l'église.

 

On retrouve   dans les Extraits des Registres et Garants de l'église de Saint-Sauveur relevés par le chanoine Abgrall cette mention qui permet d'affirmer le prénom du fabricien :

" 24 Août 1580: Fondation de 50 sols, par Guillaume Dérédec, marchand, bisaïeul maternel de la demoiselle de Lezuzar Flaman."

Et plus tard dans le même Registre :

"11 Juillet 1649 : Maître Jacques Le Baron et Yvonne Le Dérédec, sa femme, fondent 3 livres 4 sols, pour jouir de la tombe où fut enterré Missire Mathurin Le Baron, leur fils, recteur de Rosnoën"

Le Faou était une trève de la paroisse de Rosnoën jusqu'en 1801.

Le nom du recteur  est connu pour 1593 : il s'agissait de François Tanguy.

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Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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La pierre utilisée, la kersantite extraite en Rade de Brest dans la Rivière de Daoulas, est le matériau de choix pour la finesse de son grain, sa facilité à être sculptée, et sa résistance à l'usure. Surtout, la couleur grise entre en contraste avec l'ocre de la pierre de Logonna, autre localité maritime voisine de la Rade. 

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Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription de 1593 après estampage humide.

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Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription lapidaire sur le porche sud (1593), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Au dessus et à gauche du porche sud : 1613. 

Au haut du même contrefort qui porte l'inscription précédente, et placé sur les deux cotés de l'angle également, un lanternon ou pilastre en kersanton porte une date d'achèvement du porche. Abgrall y a lu au début du XXe siècle "Ce porchet fait achever en 1613".  Couffon et Le Bars 1988, comme Castel et Dieuffic 2003 proposent : "CE. PIGNON. FUST. ECHU. EN 1613. H. BECCAM. F." Je lis peut-être :

"Cepignon /  fust achi|ver] en 1613 / h beccam f ."

Notez que -gn- sont des lettres conjointes. La lettre qui suit "fust" est clairement un -a- , et celle qui suit "ach" est clairement un -i-, avec un point bien visible.

L'orthographe achiver ou achiever est attestée dans Godefroy.

Je propose la lecture suivante : Ce pignon fut achevé en 1613 par H. Beccam, f[abricien]

Le nom "Le Beccam", avec cette orthographe, est attesté au Faou au XVIIe siècle.

En 20 ans, la graphie de l'inscription s'est simplifiée mais conserve de l' élégance.

On comparera cette pierre à celle de l'église de Rosnoën, datant de 1604 et qui dit : "Y. Quelfellec . fab. Ce pingnon fut parachevé lan mil cix cent quatre, le 8 juillet."

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Inscription lapidaire sur le porche sud (1613), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription lapidaire sur le porche sud (1613), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Inscription lapidaire sur le porche sud (1613), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription lapidaire sur le porche sud (1613), église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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L'ossuaire (ou reliquaire) de 1603.

Typiquement finistérien, l'enclos de Saint-Sauveur comportait un cimetière entourant l'église, un arc de triomphe ou Porz ar Maro, et un ossuaire dont les ouvertures cintrées étaient séparées par des pilastres en gaîne en fin kersanton. Cet ossuaire a été dressé en 1603 à l'angle sud-ouest de l'église. Il a été démoli en 1892 pour élargir la chaussée. La clef de voûte portant l'inscription en lettres minuscules, encore gothiques, est visible à la mairie. J'utilise ici la photographie exposée sur le panneau explicatif dans l'église.

Ce relicquere : fust : faict /estant lors : o : flamanc : fabricq : 1603.

"Ce reliquaire fut fait alors que O Flaman était fabrique en 1603."

Les Registres et garants de l'église font mention deux fois à la famille Flaman : la première fois en 1580 pour signaler que Guillaume Dérédec est le bisaïeul maternel de la demoiselle de Lezuzar Flaman . La seconde fois le 18 Octobre 1625 : "En reconnaissance des services lui rendus, dame Hélène de Beaumanoir, vicomtesse du Faou, accorde au Sr. Sébastien Flaman et Jaouenne Le Gac, sa femme, Sr. et Dme. du Stang, deux tombes prohibitives à Christ dans la chapelle de La Dame. Sur lesquelles ils pourront apposer leurs armoiries."

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1603. Clef de voûte de l'ossuaire,  église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1603. Clef de voûte de l'ossuaire, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Le clocher en quatre campagnes de travaux. 1628-1647

Ces travaux eurent lieu sous le règne de Louis XIII (1610-1643) et sous la régence d'Anne d'Autriche (1643-1651).

Pour suivre les quatre campagnes de construction de la tour du clocher entre 1628 et 1647, j'emprunte une illustration parue en 1982 dans le Bulletin de la Société archéologique du Finistère et reproduite dans l'église sur un panneau à la disposition des visiteurs :

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Inscriptions du clocher de l'église Saint-Sauveur, Le Faou.

Inscriptions du clocher de l'église Saint-Sauveur, Le Faou.

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I. LA CAMPAGNE DE TRAVAUX 1628-1631.

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1628. Massif  occidental servant de base à la tour au dessus du porche ouest. Deux inscriptions.

Au dessus du porche de plein cintre souligné par une arcade gothique se trouvent trois carrés sculptés : les deux plus bas comportent des inscriptions. Le troisième contenait un blason qui a été martelé. On devine encore une couronne et un collier. En 1628, la vicomté du Faou est détenue par Marie-Françoise de Guémadeuc (De sable au léopard d'argent accompagné de six coquilles de même, 3 en chef et 3 en pointe, le tout d'argent.) mariée depuis 1626 à François II de Vignerot du Plessis de Richelieu («Écartelé : aux 1 & 4, d’or, à trois hures de sanglier de sable (Vignerot) ; aux 2 & 3, d’argent, à trois chevrons de gueules (du Plessis de Richelieu)»).

Le curé (vicaire) est alors, de 1618 à 1628, Nouel  Abodès.

 

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Porche occidental , église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Porche occidental , église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Porche occidental , église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Porche occidental , église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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1°)  A gauche :

O QVAM. METVENDVS. EST. LOCVS / ISTE. VERE. NON / EST/ HIC ALIVD / NISI. DOMVS. DEI / ET/ PORTA. CELI .

O quam metuendus est locus iste vere non est hic aliud nisi domus dei et porta celi.

Il s'agit d'une citation partielle du verset 17 du chapitre 28 du Livre de la Genèse racontant comment Jacob passe la nuit à Béthel, prend une pierre comme chevet et y a la vision d’une échelle atteignant le ciel et de Dieu se tenant en haut de cette échelle.

 [pavensque quam terribilis inquit] est locus iste non est hic aliud nisi domus Dei et porta caeli

"Jacob s'éveilla de son sommeil et il dit: Certainement, l'Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas! Il eut peur, et dit:

Que ce lieu est redoutable! C'est ici la maison de Dieu, c'est ici la porte des cieux!

Et Jacob se leva de bon matin; il prit la pierre dont il avait fait son chevet, il la dressa pour monument, et il versa de l'huile sur son sommet."

https://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&bandnummer=bsb00072000&pimage=35&v=100&nav=&l=en

Mais le remplacement de terribilis par metuendus ("redoutable") dans la forme inscrite ici  est retrouvée dans l'Antienne de la cérémonie de consécration ou dédicace d'une église (Bréviaire romain). Elle indique peut-être que la dédicace de l'église du Faou a eu lieu en 1629. Ou, plus banalement, elle incite le fidèle au respect du sanctuaire.

Il se trouve que cette Antienne a été mis en musique sous la forme du motet en 1585 par Tomás Luis de Victoria (Motecta festorum n°33) et par Luca Marenzio  (Motectorum pro festis totius anni, Rome 1585) , par Jacob Handl (1550-1591) qui fut maître de chapelle de l'évêque d'Olomuc en Moravie de 1579 à 1585, et enfin par  Orlando de Lasso, maître de chapelle de Guillaume V de Bavière et dont le recueil   Cantiones quinque vocum fut publié en 1597 trois ans après sa mort.

On peut en conclure, soit que le commanditaire de l'inscription était amateur de musique polyphonique sacrée, soit que cette Antienne était alors à la mode.

La date qui figure sur la pierre voisine (19 mars 1628, jour de la Saint-Joseph, un peu avant Pâques qui tombait le 3 avril) ne correspond en tout cas pas à la Fête de la Dédicace de la basilique de Latran, célébrée le 9 novembre. Les diocèses célèbrent aussi la dédicace de leur cathédrale : le 22 octobre pour Quimper, le 6 mai pour Rennes, le 16 septembre pour Saint-Brieuc...mais le 17 mars pour Vannes.  

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Inscription de dédicace, porche occidental,  église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription de dédicace, porche occidental, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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2°)  à droite : 1628 :

CESTE:THOVR:A/:ESTE:FONDEE:LE/:9:MARS:1628:ES/TANT:POVR:LORS:/GOVERNEVR:IAN/GVERMEVR

"Ceste thour a esté fondée le 19 mars 1628 estant pour lors gouverneur Ian Guermeur."

"Cette tour a été fondée le 19 mars 1628, Jean Guermeur étant alors Gouverneur."

Le terme de "Gouverneur" peut être assimilé à celui de "fabricien" sur l'inscription de 1593.  Voir :

http://www.lavieb-aile.com/article-l-eglise-saint-pierre-de-pleyber-christ-epigraphie-et-n-retrogrades-90588330.html

Le patronyme Guermeur est mentionné au Faou sur un acte de baptême relevé par J.M. Abgrall : 

" 17 Avril 1689 : Baptême de François-Marie, fils d'écuyer François de Keryvon, Sr. de Kervennic, Coatimoric, Keriliou, etc., et de dame Marie de Kerret, dame du dit lieu. Parrain et marraine, honnestes gens, Olivier Guermeur et Marie Pierrée, qui ne savent signer."

Cet Olivier Guermeur serait le fils de Ian (Jean) Guermeur, comme l'indique ce fil d'un forum généalogiste : http://www.cgf-forum.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=11087

" Jean Guermeur, veuf de Marie Quenquis qui dut mourir en 1647/1648 juste après la naissance de sa fille Perronnelle, s'est remarié avec Marguerite Desloges, dame de Launay, native de St Renan. De sa 1ère union il a eu au moins Jaouenne, Louise, Marguerite, Catherine, et probablement Alain époux Le Roy. Le couple HH Jean GUERMEUR et Marguerite DESLOGES se marie au Faou en 1648, et a ses enfants au Faou entre 1649 et 1662 ...  et de cette seconde épouse il a eu de nombreux enfants, dont Olivier baptisé le 08/02/1652, et Jacquette,"

 

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Inscription de fondation de 1628, porche occidental,  église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription de fondation de 1628, porche occidental, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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1629. Face ouest du premier étage de la tour.

Juste au dessus du groupe des trois pierres sculptées précédentes, se lit l'Inscription sur pierre de Kersanton en lettres majuscules sur trois lignes :

LAN:1629 HONORABLE:HOMME:IAN /

DE:GOFF:GOVERNEVR:FABRIQVE: /

A:FAICT:TRAVAILER:SVR:CETE:TOVR

   "L'an 1629  Honorable Homme Jean  Le Goff, gouverneur fabrique a  fait travailler sur cette tour." 

Furetière indique non sans malice dans son Dictionnaire de 1690  :  "honorable homme est un titre que l'on donne dans les contrats à ceux qui n'en ont point d'autre". 

Le Généadico du  Centre Généalogique du Finistere indique :

 

"HONNETE HOMME, HONORABLE HOMME, NOBLE HOMME : - Le qualificatif employé servait à définir, selon l’état de la fortune, une certaine échelle sociale, une hiérarchie parmi les roturiers avec au sommet le « noble homme ». Il est ainsi donné à des petits bourgeois, des marchands, des artisans, des notaires, des procureurs fiscaux, des laboureurs un peu aisés, à des personnes sans charges honorifiques ni seigneuries afin de les distinguer. On souhaitait par l’un de ces qualificatifs marquer de la considération à une personne pour une raison ou pour une autre : notables locaux, reconnaissance dans une profession, instruction, situation de fortune, etc. Il ne désigne jamais en Bretagne un noble quand les termes « noble homme » sont utilisés"

 

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Inscription de construction de 1629, face  occidentale de la tour,  église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription de construction de 1629, face occidentale de la tour, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription de construction de 1629, face  occidentale de la tour,  église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription de construction de 1629, face occidentale de la tour, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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1630. Face sud du premier étage de la tour.

Au dessus du toit, sur la face sud de la tour, on lit sur une longue pierre de Kersanton et une petite pierre initiale, une inscription en deux lignes .

 

 

1630. Face sud du premier étage de la tour. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1630. Face sud du premier étage de la tour. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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1630. Face sud du premier étage de la tour. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1630. Face sud du premier étage de la tour. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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LAN // 1630 : IAN : LE : BRIZ : GOVERNEVR

FABRIQVE : A : FAIT : bâTIR : SVR : CETE : TOVR

"L'an 1630, Jean Le Bris gouverneur fabrique a fait bâtir sur cette tour."

On voit encore dans le bourg une maison située 39, rue du Général-de-Gaulle et qui était la propriété de la famille Le Bris en 1660. Il s'agissait d'une famille de marchands de drap et de soie.

http://fr.topic-topos.com/maison-de-pays-le-faou

 

Cette inscription est écrite en caractères soignés (I perlé de IAN, point du I inclus dans le fût, signe du deux points en losange, fluidité adaptative qui permet d'inclure des lettres minuscules comme le b, le â et le t parmi les majuscules, convexité du fût de certains E, jovialité du Q ) à l'intérieur de deux cartouches en creux. La formulation est copiée sur la précédente mais elle est plus moderne (j'oserai "plus jeune") par l'abandon de la formule Honorable Homme, par la forme "fait" plutôt que "faict". 

L'introduction du circonflexe de "bâtir" plutôt que "bastir" est remarquable. En 1558, Du Bellay écrivait bien-sûr encore Plus me plaist le seiour qu'ont basty mes ayeux . Jean Nicot écrit aussi bastir dans  Le Thresor de la langue francoyse  de 1606. On trouve les formes bastir, batir (sans accent) dans l'Invantaire des deus langues, françoise et latine de  Philibert Monet (Lyon, 1636) . En 1679, lorsque La Fontaine publie la fable Le Vieillard & les trois jeunes hommes, on y lit le vers fameux :

 Un octogenaire plantoit.
Paſſe encor de baſtir ; mais planter à cet âge !

Diſoient trois jouvenceaux enfans du voiſinage,

Je trouve néanmoins "bâtir" en 1560 dans une édition de l'Amadis de Gaule, mais l'éditeur est Christophe Plantin, à Anvers. Il reste encore confidentiel de 1600 à 1630, malgré les 38 occurrences du mot dans Les triomphes de l'amour de Dieu, Paris, 1625.


 


 

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1630. Face sud du premier étage de la tour. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1630. Face sud du premier étage de la tour. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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1631. Face sud du premier étage de la tour.

Dans le même programme de construction, et sur la même face sud, on trouve sous la corniche en encorbellement une inscription :

: M : Y :  DIROPP / G. FA 1631

"Messire Y[ves] Diropp Gouverneur fabrique 1631."

Les Archives du Finistère conservent les dossiers de Maître Diropp, Notaire au Faou 1600-1619.  

Au 6 de la rue Général-de-Gaulle au Faou, on voit encore la maison où Françoise Diropp, veuve de Maître Lunven, établit en 1632 une fondation. 

photo : http://fr.topic-topos.com/maison-du-xvie-siecle-le-faou

Un "post" de Joel Morvan sur la généalogie Le Bault mentionne un couple Marie Le Bault / Yves Le Diropp, vivant au Faou, d'où trois enfants : Jan : o 1653 Le Faou ;   Marie : o 1657 Le Faou  ; Jacques Thomas : o 1660 Le Faou . On trouve dans le même échange de courriel la mention des noms Goff et Becam...

http://www.cgf-forum.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=8917&start=15

 

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1631. Face sud du premier étage de la tour. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1631. Face sud du premier étage de la tour. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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1631. Face sud du premier étage de la tour. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1631. Face sud du premier étage de la tour. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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II. LA DEUXIÈME CAMPAGNE DE TRAVAUX EN 1633. LE DEUXIÈME ÉTAGE DU CLOCHER.

Elle permet de dresser la première chambre des cloches, à longues ouvertures.

 

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Les  inscriptions lapidaires de l'église saint-Sauveur du Faou (29).

 

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On y lit:

1°) sur la chambre des cloches, côté sud, à gauche,

"AVFROY : ELLEZ /

Sr DE KOVRIN /

MA. Ft MONTER. 1633"

Comme je l'ai appris dans mon étude des inscriptions de l'église de Saint-Thurien à  Plogonnec, la lettre K est abréviative pour Ker, et il faut lire :

Aufroy Ellez, sieur de Kerourin m'a fait monter 1633.  

Aufroy est une variante d'Auffroy,  Auffray, etc, prénom qui est à l'origine des patronymes Auffray, Auffret, Auffredou.

"Sieur" est un qualificatif précédant le nom de l'habitation d'un paroissien respectable. Le préfixe "Ker-" désigne un groupe de maison, un hameau voire un village.

Kerourin n'est pas un lieu dit connu au Faou, mais le Registre et Garants de l'église mentionne à la date du  17 mars 1553 une fondation "sur Kerourien, en Rosnoën".

1633. Première chambre des cloches, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1633. Première chambre des cloches, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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2°)   sous la corniche, au haut de la première chambre des cloches : 

 "IAN LE MENEZ.1637 (?)"

"Jean Le Ménez. (1637)"

1637 ?  Première chambre des cloches,  église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1637 ? Première chambre des cloches, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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III. TROISIÈME CAMPAGNE DE TRAVAUX. TROISIÈME ÉTAGE.

En 1638, les finances permettent l'édification de la chambre haute des cloches, "audacieusement ouverte par de larges arcs en plein cintre (Castel & Deuffic), sous la direction de Moreau.

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1638. chambre haute des cloches,église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1638. chambre haute des cloches,église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Face sud de la chambre haute des cloches, à gauche ;

MOREAV 1638. 

1638. Face sud de la  chambre haute des cloches, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1638. Face sud de la chambre haute des cloches, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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IV. QUATRIÈME TRANCHE DE TRAVAUX DU CLOCHER. LE DÔME .

Le travail progresse, et peu à peu la tour s'élève, svelte et hardie dans son style classique, afin de culminer à 31 mètres par un dôme à lanternon encadré, aux quatre angles de la deuxième chambre de cloches, par des ornements en forme de canons.
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"La pierre rejetée par les auteurs"...

Sous la corniche du dôme, une inscription n'a pas été décrite. Elle est rongée par un beau lichen jaune d'or, mais on discerne quelques lettres.

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Base du dôme à tambour, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Base du dôme à tambour, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Je discerne ceci :

OVOV 3

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Base du dôme à tambour, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Base du dôme à tambour, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Dôme à lanternon,  église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Dôme à lanternon, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Tambours octogonaux, dôme aux arêtes ponctuées de crochets, lanternon supérieur où se plante la croix.

16 /M. DE MONVAL /46

G.............................F

1646. M. de Monval, Gouverneur fabrique.

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1646, tambours du dôme ,  église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1646, tambours du dôme , église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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V. CINQUIÈME CAMPAGNE SUR LE CLOCHER. 1647.

La touche finale du clocher consiste en la pose de la balustrade, car les échafaudages ne permettaient pas de la placer auparavant.

On y voit sur la face ouest, à 14 mètres du sol, au dessus des cinq arcades droites l'inscription :

"VENERABLE : PERSONNE : MISSIRE : MATTVRIN : LE : BARON : RECTEVR.

FINIS CORONAVIT OPVS/ . NOBLE JACQVE DEN GV  /1647".

Les chiffres 1, 6, 4 et 7 se trouvent sur la retombée des arcs des deux dernières balustrades.

cf la mention déjà citée du Registre paroissial   11 Juillet 1649 : Maître Jacques Le Baron et Yvonne Le Dérédec, sa femme, fondent 3 livres 4 sols, pour jouir de la tombe où fut enterré Missire Mathurin Le Baron, leur fils, recteur de Rosnoën."

Les mots latins Finis coronavit opus "Voici comment la fin vient couronner l'œuvre", est une formule utilisée en guise de conclusion , comme me l'indique le moteur de recherche pour des ouvrages littéraires datant de 1696, 1700. Sous la forme Finis coronat opus, je le trouve dans la Liste des locutions latines (Wikipédia) avec le commentaire : "« La fin couronne l'œuvre. » S'emploie en bonne ou en mauvaise part. Peut se comprendre, par exemple comme In cauda venenum, ou comme La fin justifie les moyens." Sur Wikionary, je lis "traditionnellement attribué à Ovide. La valeur réelle d'une entreprise ou d'une œuvre d'art ne peut pas être complètement discernée jusqu'à ce qu'il soit terminé."

C'est l'occasion de se régaler d'un passage de "l'opus" de Jules Renard, afin de ne plus passer devant ce parapet sans penser à Poil de Carotte :


 

"Coronat.

Autrefois, il y a des années, le régisseur Hubert, jeune alors et plein de vie, ne manquait jamais de dire, à la fin de chaque repas :

— Finis coronat opus.

De ses courtes études au collège, il n’avait guère retenu que ces trois mots. Il pouvait les traduire exactement : Finis, la fin, coronat, couronne, opus, l’œuvre. Cela signifiait :

— J’ai bien mangé, avec appétit, d’un bout à l’autre de mon déjeuner. La dernière bouchée ne valait pas moins que la première. La fin était digne du début.

Longtemps cette maxime lui parut claire et commode. Il l’expliquait en famille, aux amis, sans se tromper, comme pour dire :

— Vous le voyez, il me reste quelque chose du latin que j’ai appris.

Ce fut le sens du mot opus qui s’obscurcit d’abord. Hubert ne trouvait qu’avec peine le mot correspondant. Il le perdit tout à fait. Opus n’était plus qu’un sou étranger, percé, cassé, rouillé, sans valeur.

— Supprimons opus, se dit Hubert.

Et il prit l’habitude de refuser une moitié de pomme, un verre de liqueur en ces termes :

— Finis coronat !

Cela suffisait. Personne ne regrettait le reste. On devinait encore qu’Hubert voulait dire :

— Merci ; assez pour une fois. J’en ai jusque-là.

Et ceux qui avaient la tête le plus dure, comprenaient au moins l’un des deux mots, le mot finis : finis, j’ai fini, ça va de soi, n’importe qui, un enfant saisirait. Quant au mot coronat, peu à peu inintelligible, il frappait par sa sonorité et son mystère. Quel sens lui donner ? À quoi servait-il ? Nul ne savait, mais chacun souriait de confiance, car il faisait bien à sa place.

Il fit mieux encore, dès qu’Hubert s’avisa de le prononcer seul. Il rejeta décidément finis, inutile et banal, et ne garda que coronat.

Et, aujourd’hui, la marque originale d’Hubert devenu vieux, ce qui le distingue des autres hommes du village, c’est de répondre à tout propos : Coronat, coronat.

Il ne dit plus ni oui, ni bonjour, ni : ça va ? ni : au revoir ! il dit coronat. Il remue sa tête blanchie et pousse son coronat comme un grognement familier appris en classe ou en nourrice." (Bucoliques, 1905 : Gallica)


 


 

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1647  face ouest de l'appui de la balustrade, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1647 face ouest de l'appui de la balustrade, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1647, face ouest de l'appui de la balustrade, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1647, face ouest de l'appui de la balustrade, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1647, face ouest de l'appui de la balustrade, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1647, face ouest de l'appui de la balustrade, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Les gargouilles encadrant la balustrade.

 

Les gargouilles encadrant la balustrade, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Les gargouilles encadrant la balustrade, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Les gargouilles encadrant la balustrade, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Les gargouilles encadrant la balustrade, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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1680. Pignon est.

 

1680. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

1680. église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Au  Nord du chevet, à droite de la fenêtre murée.

H.H.F /  CREVEN / GDSA

Mad Danguy des Déserts parle au sujet de cette inscription d'un véritable rébus qu'elle déchiffre ainsi :

Honorable Homme François Creven, Gouverneur de Saint-Antoine. 

Elle explique qu'une chapelle dédiée à saint Antoine, patron de l'hôpital du Faou s'élevait au nord du chevet. La chapelle est mentionnée en 1643. Il existe encore un autel dédié à ce saint à gauche du chœur.

On lit dans le registre de l'église :

"1562 : Jane Monfort, veuve de Philippe Le Gac, fait fondation pour obtenir trois tombes prohibitives dans l'église de Christ, dont deux s'eutrejoignant, proche du marchepied du maître-autel, l'autre à l'entrée de la chapelle de Saint-Antoine."

 Le premier Janvier 1639 ... Je, Jan Le Gac, Sr. de Reuniou-Beuzit, Je donne ... A l'hôpital du Fou dédié à saint Antoine, 3 livres de rente et 3 livres aux pauvres du dit hôpital, le jour de mon enterrement. ». 

Ce F[rançois] Creven est-il le fils de Charles Creven ? Ce dernier  épousa  Françoise Mallégol (née vers 1630), demeurant Kerlano à Rosnoën. Ils eurent  au moins cinq enfants : Louise (o 1651 au Faou), Marie (o 1656 au Faou) , Jean (né le 8.6.1663 à Rosnoën ) qui devient Prêtre, Jeanne (o 1666 Rosnoën) et ... François (témoin au décès de sa mère). Jean Creven (frère de François), prêtre à Rosnoën puis recteur à Sizun, est mentionné sur une inscription lapidaire que j'ai relevé sur l'église de Rosnoën avec la date de 1674. 

http://famille.mallegoll.pagesperso-orange.fr/pageadditif.htm

http://www.chtimiste.com/genealogie/bernard/dat1.htm


 

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Inscription au nord du chevet, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Inscription au nord du chevet, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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La Vicomté du Faou.

Dès le XIème siècle, les vicomtes du Faou tiennent une position enviable entre le Nord et le Sud de l´actuel département du Finistère. Ils s´appuient sur les sites fortifiés du Faou, de Daoulas et de La Roche Maurice et contrôlent l´arrière-pays qui va de la rade des monts d´Arrée entre les estuaires de l´Aulne et de l´Élorn.

Autour de 1400, la vicomté s´étend sur dix-sept paroisses, mais en 1682, elle n´en comprend plus qu´une dizaine. Les Richelieu cèdent la vicomté en 1736 aux Rohan-Chabot qui, à leur tour, la vendent aux Magon de La Gervisais en 1762. Sous ce nom, Le Faou est érigé en marquisat en 1765.

 L´inventaire topographique du patrimoine architectural et mobilier du canton du Faou - Conseil régional de Bretagne 1997.

http://poudouvre.over-blog.com/article-la-famille-de-beaumanoir-110903302.html

Charles du Quélennec, baron du Pont, vicomte du Fou, épousa Catherine de Parthenay, dame de Soubise, il fut tué à la Saint-Barthélémy
—Jeanne du Quélennec, héritière de son frère, épousa Jacques de Beaumanoir, vicomte du Besso,

Jacques de Beaumanoir,  Chevalier, vicomte du Besso, de Médréac, seigneur de Villaines, échanson du roi Henri II et gentilhomme ordinaire du dauphin en 1559 & 1560 , il épousa en seconde noces le 12 février 1550 Jeanne de Quellenec, fille de Jean, baron du Pont et de Jeanne de la Maure. De ce second lit naquirent deux  autres enfants :  Toussaint de Beaumanoir , et Jacquemine de Beaumanoir,

Toussaint de Beaumanoir (1554-1590) , Chevalier, vicomte du Besso, Baron du Pont, de Rostrenen. Marié à Anne de Guémadeuc, héritière de la seigneurie à Sévignac, il n'eut qu'une fille , Hélène de Beaumanoir.

 —Hélène de Beaumanoir, Baronne du Pont & de Rostrenen,  vicomtesse du Faou épousa successivement 1° René de Tournemine, Baron de la Hunaudaye puis 2° Charles de Cossé, marquis d'Acigné.

Il n’hésita pas à prendre pour épouse Hélène, jeune et riche veuve. Mais, à peine marié, il se livra à de folles prodigalités, causant presque leur ruine.  Pour fuir ses violences, Hélène se réfugia dans sa baronnie de Rostrenen, non à Rostrenen même, le château n’ayant pas été relevé de ses ruines, (en effet, suite à la Ligue où Mercoeur le fit assiéger et après 4 sièges soutenus pendant 3 ans, il fut brûlé en 1593 en l’espace de 7 jours entiers), En 1621, le marquis d’Acigné redoubla de mauvais traitements envers elle, la séquestrant dans des places fortes, la forçant à s’engager dans des aliénations et des dettes, faisant abattre les arbres de ses terres, la menaçant même de mort. Elle trouva le moyen de faire porter ses plaintes au roi Louis XIII qui la fit mettre en liberté. En 1628, le marquis était banni du royaume par un arrêt du Parlement de Paris.

En 1629, Hélène  laisse le soin de ses affaires à :

 Marie-Françoise de Guémadeuc,~1611 + ~1674 (Fille d’Honneur de la Reine Marie de Médicis) 
 sa nièce et héritière (de sable au léopard d'argent accompagné de six coquilles de même). Elle épousa en 1626  François de Vignerot (1609-1646) marquis de Pont-Courlay, général des galères (d'argent, à trois chevrons de gueules). Devenue veuve, elle épousa Charles Grivel de Gamache, comte d'Ourouer, qui porte d'or à la bande échiquetée de sable et d'argent à deux tires.

Armand-Jean Vignerot du Plessis de Richelieu, 2e duc de Richelieu, né le 3 octobre 1629 au Havre de Grâce et mort le 20 mai 1715 à Paris.  Il est pair de France, prince de Mortagne, marquis du Pontcourlay, comte de Cosnac, de Barbezieux, de Cozes et Saujon, seigneur propriétaire de la juridiction et vicomté du Faou, Irvillac, Logonna et Villeneuve, baron du Pont. Officier de marine, il devint Général des galères Héritier d'un bien considérable, il dépense tout, et se retrouve bientôt criblé de dettes. En 1661, il vend pour 200 000 livres sa charge de général des galères. Il abandonne aussi son titre de gouverneur du Havre. En 1675, durant la révolte des Bonnets rouges, son château de Pont-l'Abbé est pillé, puis incendié . En 1685, il vend sa baronnie du Pont. 

— Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis , duc de Richelieu (1696-1788)

—  Les Richelieu cèdent la vicomté en 1736 au duc de Rohan-Chabot

—  En 1756, aux décès du chevalier Louis Bretagne Charles de Rohan-Chabot, prince de Léon, et de sa sœur Gabrielle-Sophie de Rohan-Chabot, les terres et seigneuries du Faou, de la Villeneuve, de la châtellenie d'Irvillac et Logonna (aux paroisses de Rosnoën, Hanvec, Guimerch, Lopérec) revinrent aux familles de Châtillon, d'Enrichemont, de Broglie et de Poiryanne. Elles étaient louées, avec leurs greffes — de 1750 à 1759 — pour 16.750 livres à M. Le Roy, sieur du Pontois.

 

Ces propriétés furent vendues le 11 septembre 1762 par les mêmes héritiers, au-dessous de la moitié de leur valeur, pour 83.336 livres à messire Nicolas Magon, seigneur de la Gervaisais et de la Gicquelaye, conseiller au Parlement, lieutenant général des armées du Roi (1671-1765). C'est alors qu'elles portèrent le nom de « marquisat de la Gervaisais et du Faou ».  Archives départementales 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Magon_de_La_Gervaisais
Décoré de l'Ordre de Saint-Louis. 

Sur le crépis qui mure l'ancienne baie nord, on trouve un blason  qui associe sous la couronne de marquis les armoiries à mi-parties des Magon de la Gervaisais D'azur au chevron d'or acc en chef de deux étoiles du même et en pointe d'un lion aussi d'or couronné d'argent et de la Bourdonnaye  de gueules à trois bourdons d'argent posés en pal  (Bourdon = bâton de pèlerin muni de deux pommes -sphères-, l'une au trois quarts, l'autre au sommet). Voir ici la source de ces info et de l'image


Ce sont donc les armes de Nicolas II Magon de la Gervaisais, fils de Nicolas I de la Gervaisais, (né le 21 août 1721 à Saint-Servan), marié le 28 avril 1762 à Rennes-Saint-Aubin avec Marie-Flore de la Bourdonnaye-Montluc (née vers 1735), conseiller-secrétaire du Roi près le Parlement de Bretagne, qui fut propriétaire depuis 1767 de la vicomté du Boschet en Bourg-des-Comptes.

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Armoiries de Nicolas Magon de La Gervaisais, et de son épouse, Marie-Flore de La Bourdonnais, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Armoiries de Nicolas Magon de La Gervaisais, et de son épouse, Marie-Flore de La Bourdonnais, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Sculptures extérieures.

Les  inscriptions lapidaires de l'église saint-Sauveur du Faou (29).
Les  inscriptions lapidaires de l'église saint-Sauveur du Faou (29).
Les  inscriptions lapidaires de l'église saint-Sauveur du Faou (29).
Les  inscriptions lapidaires de l'église saint-Sauveur du Faou (29).
Les  inscriptions lapidaires de l'église saint-Sauveur du Faou (29).
Les  inscriptions lapidaires de l'église saint-Sauveur du Faou (29).

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Je conclurai – finis coronat opus !– par la Vierge de Pitié de l'église. Datant du XVIe siècle, classée au titre d'objet le 05/09/1969, PM29000249, elle est remarquable notamment par la présence de trois angelots qui soutiennent, l'un le pied, l'autre la main, et le troisième la tête du Christ.

Elle mériterait une restauration.


 

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Vierge de Pitié, XVIe siècle, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Vierge de Pitié, XVIe siècle, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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Vierge de Pitié, XVIe siècle, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

Vierge de Pitié, XVIe siècle, église Saint-Sauveur, Le Faou. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 

—  Anonyme, Monuments et objets d'art du Finistère (année 1979) : Le Faou, église Saint-Sauveur Anonyme 1979 Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (107, p. 324-325)

— CASTEL (Yves-Pascal), 1978, Monuments et objets d'art du Finistère (année 1979) : Le Faou, église Saint-Sauveur, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (106, p. 300-301)

— CASTEL (Yves-Pascal) et DEUFFIC (Jean-Luc , 1983, La construction du clocher du Faou en quatre campagnes de travaux de 1628 à 1647, Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CXII, pages 117-122.

— CASTEL (Yves-Pascal), 1990, Monuments et objets d'art du Finistère (année 1990) : Le Faou, église Saint-Sauveur Yves-Pascal Castel 1990 Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (119, p. 146)

— CASTEL (Yves-Pascal), 1991,.Essai d'épigraphie appliquée. Dates et inscriptions sur les croix et calvaires du Finistère du XVème au XVIIIème siècle Ouvrage: Charpiana : mélanges offerts par ses amis à Jacques Charpy..Fédération des Sociétés Savantes de Bretagne, 1991.

— CASTEL (Yves-Pascal), 1997, En Bretagne. Croix et Calvaires  / Kroaziou ha Kalvariou or Bro

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c7ab1cc53d0ef299b5bb65ed3764d18c.pdf

— CENTRE GÉNÉALOGISTE DU FINISTÈRE . Les outils du généalogiste. 

http://www.cgf.asso.fr/users/cgfadmin/lesoutils/

COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988,  Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FAOURUME.pdf

— DANGUY DES DESERTS (Mad), 2001, avec la coll. de  Y-P Castel , Le Faou. L'église Saint-Sauveur 1544-1680. Edité par l'Association Ar Faou, Imprimerie Sofag, Le Faou, 32 pages.

— DOUARD Chrystel, 1995, inventaire topographique, Inventaire général.

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_8=REF&VALUE_8=IA29000017

— LECLERC (Guy), 1991,Monuments et objets d'art du Finistère (année 1991) : Le Faou, église Saint-Sauveur Guy Leclerc 1991 Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (120, p. 155-159 et p. 161-164) ;

— LECLERC (Guy), 1996-97, Monuments et objets d'art du Finistère (année 1996) : Le Faou, églises Notre-Dame de Rumengol et Saint-Sauveur du Faou  Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (126, p. 145-149)

— LECLERC (Guy), 2000, Monuments et objets d'art du Finistère. Etudes, découvertes, restaurations (année 2000) : Le Faou, église Notre-Dame de Rumengol, porche méridional, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère 2000, (129, p. 59-62)

— LECLERC (Guy)  2003, Monuments et objets d'art du Finistère,  Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (132, p. 129-135)

— MOREL  David, 2005, « Signes lapidaires, techniques et qualifications en Auvergne au XIIe siècle », Siècles [En ligne], 22 | 2005, mis en ligne le 07 juillet 2014, consulté le 24 novembre 2016. URL : http://siecles.revues.org/1952

 

— PÉRON & ABGRALL (Jean-Marie), 1909, Notices... Le Faou, Bulletin de la Commission Diocésaine d'architecture et d'archéologie , Kerangal (Quimper), page 123:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1099887/f121.image

— RENARD (Jules), 1898, Bucoliques, P. Ollendorf, Paris, 1 volume 343 p. pages 152-154

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5445880d/f162.item.r=coronat.langFR

— Ržiha (Franz ),1889, Studien über Steinmetz-Zeichen (1889, réédition allemande en 1983)  Études sur les marques de tailleurs de pierre (la géométrie secrète, l'histoire, les rites & les symboles des Compagnons tailleurs de pierre du Saint Empire Romain Germanique & de la Grande Loge de Strasbourg).

Jean-Pierre Laurant, « Franz Ržiha, Études sur les marques de tailleurs de pierre, la géométrie secrète, l'histoire, les rites et les symboles des compagnons tailleurs de pierre du Saint-Empire romain germanique et de la Grande Loge de Strasbourg », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 156 | octobre-décembre 2011, document 156-99, mis en ligne le 17 février 2012, consulté le 24 novembre 2016. URL : http://assr.revues.org/23561  http://compagnonnage.info/blog/blogs/blog1.php/2010/12/03/rziha-etudessurlesmarquesdetailleursdepierre

— VIOLLET-LE-DUC (Eugène) , "Clocher" in Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle. Edition Bance-Morel de 1854 à 1868.

https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_raisonn%C3%A9_de_l%E2%80%99architecture_fran%C3%A7aise_du_XIe_au_XVIe_si%C3%A8cle/Clocher

— Infobretagne :

http://www.infobretagne.com/faou.htm

— Topic-topos :

http://fr.topic-topos.com/eglise-notre-dame-le-faou

— Médiathèque des Monuments historiques

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/mdp_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LMER,LPAL&VALUE_98=PA00089925

— Marques de tailleurs de pierre :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marque_de_t%C3%A2cheron

http://www.compagnonnage.info/compagnons-tailleurs-de-pierre/reseaux.htm

— Marques en la cathédrale de Strasbourg sous le règne du Maître d'Œuvre Hans Thomann Uhlberger (1565-1608)

http://judaisme.sdv.fr/synagog/basrhin/a-f/bischhei/miqve.htm

— Marques de la cathédrale de Strasbourg:

http://www.strasbourgphoto.com/marque-des-tacherons/

—http://www.compagnonnage.info/compagnons-tailleurs-de-pierre/traces.htm

— http://www.editionsgaud.com/download/chantier.pdf

— Yves Esquieu Andréas Hartmann-Virnich, Anne Baud Frédérique Costantini Rollins Guild Dominique, Pitte Daniel Prigent Isabelle ParronNicolas Reveyron Benjamin Saint-Jean-Vitus Christian Sapin Joëlle Fardieu, "Les signes lapidaires dans la construction médiévale : études de cas et problèmes de méthode" Bulletin Monumental  Année 2007  Volume 165  Numéro 4  pp. 331-358

http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2007_num_165_4_1489

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Published by jean-yves cordier - dans Inscriptions Le Faou
5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 16:27

Les fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou (29).

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La cuve baptismale de l'église Saint-Sauveur du Faou est, de l'avis général, d'un intérêt exceptionnel. Elle est classée par les Monuments historiques depuis le 10/11/1906 :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_5=LBASE&VALUE_5=PM29000246

Chrystel Douard, Inventaire général 1995 :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IM29003537

 

Ces fonts baptismaux sont en pierre de kersanton, issue d'une carrière voisine en Rivière de Daoulas.

Kersantite : Louis Chauris distingue 4 faciès de cette roche remarquable par sa facilité initiale  de taille, et sa dureté ultérieure: celui de Kersanton (Loperhet) de couleur noir verdâtre, c’est le plus tendre ; celui de Rosmorduc (Logonna-Daoulas) gris foncé, presque noir, grain très fin, très dur celui de la pointe du Château (Logonna-Daoulas) gris bleuté, grain fin, très dur ; et celui de Rhunvras (L’Hopital-Camfrout) gris bleu à gris vert, grain moyen et de bonne tenue à l’altération. C'est la pierre de prédilection des plus grands sculpteurs de calvaires et de statues de la région (Roland Doré et Julien Ozanne).

Ils sont installés depuis le XIXe siècle au centre d'un baldaquin en bois, au pavement octogonal,  qui les mettent en évidence mais ne facilite pas leur examen. (C'est à quatre pattes dans l'étroit couloir que je terminerai ma visite). A contrario, une minuterie procure un éclairage efficace, et deux panonceaux explicatifs illustrés procurent les informations souhaitées. Elle résument les travaux d'un érudit local,  Guy Leclerc, Frère de la Congrégation des Frères de l'Instruction chrétienne de Ploërmel. Professeur d'histoire à la retraite (en 2006), auteur d'ouvrages et d'articles dans le domaine du patrimoine religieux. 

 Cette " cuve baptismale aux serpents" polychrome est grossièrement ovalaire, avec deux faces principales (sud et nord), à couple de serpents,  et deux faces plus étroites formant l'arrondi. Le décor de la face est (vers l'autel) a été martelée (armoiries ? on y relève encore des traces de polychromie et de dorure). Le coté opposé (vers le fond de l'église) est relié par un tuyau de plomb à un réservoir en granite qui sert de déversoir. Ces quatre faces sont centrées par de blonds et frisés chérubins.  Des banderoles portent des  inscriptions. 

Vue de profil, elle est évasée de forme semi-ovoïde et est scellée à une base rapportée en granite, cylindrique. Ses dimensions sont les suivantes (Inventaire général 1995) :  hauteur = 92cm ; largeur 90cm ; profondeur 67 cm ; dimension du petit bassin 52 cm de haut. Socle rapporté de 53 cm de haut.  

En réalité, il s'avère qu'il s'agissait de l'ancienne vasque de fontaine datant de la seconde moitié du 16e siècle et qui fut transformée, depuis une date non déterminée, en fonts baptismaux.  Selon Chrystel Douard, "Socle, cuve secondaire, parties en plomb et en bois pourraient être contemporains du baldaquin mis en place en 1881 ; l'inscription a été restaurée (ou mise en place ?) à la même époque. Le symbolisme des quatre fleuves et du paradis terrestre, pas nécessairement lié au baptême, pouvait déjà figurer sur ces vestiges de fontaine civile dont on ignore l'origine. Le léopard pourrait être une allusion héraldique à la famille du Faou dont les armoiries étaient d'azur au léopard d'or. Les quatre têtes d'angelots aux bouches percées (obstruées depuis l'usage en tant que fonts baptismaux) servaient à cracher l'eau."

 

Rappel :

 

Le terme fonts baptismaux est composé de deux mots : l’un emprunté au verbe grec baptizô signifiant "plonger, immerger", et l’autre au mot latin fons signifiant "source, fontaine", et donnant au pluriel fontes.

Au cours des premiers siècles, on baptisait dans les rivières, les fleuves. Plus tard, le baptême s'effectua dans des fonts placés dans les églises d'abord  par immersion : c'est à dire en plongeant le catéchumène dans l'eau ; puis vers le XIIIe siècle  par infusion (ou effusion) : en versant de l'eau sur la tête (le front) du néophyte. Nous avons ici des Fonts baptismaux par infusion.  Les églises sont orientées d'ouest en est et les fonts baptismaux se trouvent, le plus souvent, à gauche de l'entrée principale, souvent protégés par une clôture en bois ou en fer. Les fonts baptismaux en pierre, en marbre, en cuivre, en fonte, en plomb, varièrent de forme et d'ornementation suivant les siècles.

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Vue par l'est des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue par l'est des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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La vue de haut montre la vasque au bord habillée d'un couvercle en bois fixé par des tiges en fer, et ses deux couvercles de plomb correspondant à la grande cuve bipartite de plomb. L'un est destiné à conserver l'eau baptismale, et l'autre (qui se vide par le tuyau de plomb du coté ouest) permet l'évacuation de l'eau versée sur la tête du nouveau baptisé. Le couvercle oriental est lui-même doté d'un couvercle carré à anneau. La cuve est pourvue d'anneaux dont quatre ont disparu.  La petite cuve liée aux fonts par un déversoir en plomb qui, lors de la pose, a abîmé la bouche de l'angelot.

 

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Face supérieure des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Face supérieure des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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La lecture des phylactères débute par le coté droit de la face sud. Rédigée en lettres capitales, elle est disposée sur deux lignes interrompues par les replis de la banderole. On lit ainsi facilement :

PHISON  CEST

LA : TERRE DE

Pour lire la suite, il faut, armé de son calepin, faire, accroupi comme un indien sur le chemin de la guerre,  le tour de la cuve. Je me suis plié (au sens littéral) à ce rituel, pour constater que le chanoine Abgrall, qui m'y avait précédé en 1896, n'avait rien omis, si ce n'est la ponctuation. Nous avons donc chacun  lu et remis dans l'ordre, et transcrit (ponctuation) ceci :

 

"Phison c'est celuy qui environne toute la terre de Hévila, là où croist l'or —

Gehon, c'est celui qui circuit toute la terre d'Ethiopie.

Tigris, c'est le troisième fleuve, va vers l'Assyrie.

Euphrates, c'est le quatrième fleuve."

Chrystel Douard a lu plus précisément :  GEHON CEST CELUI QUI/ CIRCUIT PHISON CEST CELUY/QUI ENVIRONNE TOUTE/TOUTE LA TERRE D'ETHIOPIE LA/TERRE DE HEVILA LA OU/CROIST L'OR (face sud). EUPHRATES ET LE TIGRIS CESTUY/ VA VERS [LE] QUASTRIEME FLEUVE IHS/ASSURIE TROISIEME FLEUVE (face nord)

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Sur cette photo, nous voyons aussi à gauche une autre partie de l'inscription.

CELUI QUI /  CIRCUIT :

D ETHIOPIE

 

 

Le chérubin a —comme ses trois collègues –  la bouche ouverte, comme la gueule d'une fontaine, ce qui fait de lui l'allégorie d'un des quatre fleuves  du Paradis mentionnés sur les banderoles. 

Deux serpents, allégories des puissances du Malin auxquelles le catéchumène va échapper par le baptême, croisent leurs queues, et dardent leur langue vers le texte biblique.

Au dessus de l'ange, un oiseau en vol (une colombe si on veut) s'oppose aux serpents, qui relèvent des forces chthoniennes (souterraines). Il symbolise les forces aériennes, célestes –ouraniennes – et la victoire de l'âme libérée. De son bec, la colombe tient l'extrémité du rouleau d'écriture, mais aussi la tige d'un rameau d'olivier, évoquant bien-sûr ce symbole de la Paix et de l'Espoir qu'est devenue la colombe de Noé, de retour vers l'Arche pour annoncer la fin du Déluge et la nouvelle Alliance de Dieu avec l'Humanité. Elle évoque aussi la colombe qui vint se poser au dessus du Christ lors de son baptême, et, par là, l'Esprit-Saint :

 "voici que les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux une voix disait: " Celui-ci est mon Fils bien-aimé : en Lui j'ai mis tout mon amour."" (Matthieu chap. 3 versets 13 à 17)

 

 

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Vue sud des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue sud des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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Sur la vue est, nous retrouvons un deuxième chérubin (le front peut-être orné d'une broche), au dessus de fleurs, à coté d'un serpent enroulé sur lui-même, et, à gauche, les inscriptions  suivantes :

CELUY QVI / ENVIRONNE TOVTE

HEVILA : LA OV /CROIST LOR:

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Vue est des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue est des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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La vue nord montre d'abord la suite du serpent précédent, et l'inscription:

EUPHRATES / ET LE

E QVATRIESME / FLEVVE/

IHS

La langue du serpent est dardée vers le monogramme du Christ.

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Vue nord-est des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue nord-est des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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La vue suivante montre le deuxième serpent de cette face, visant de la langue cette-fois l'aile de la colombe.

L'inscription est ici :

TIGRIS CEST V

ASSYRIE

L'angle de vue permet de constater que les fleurs et rinceaux déjà observés constituent en réalité un véritable arbre. Comment ne pas penser aux deux arbres de l'Eden, "l’arbre de vie au milieu du paradis, avec l’arbre de la science du bien et du mal."

 

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Vue nord-ouest des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue nord-ouest des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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La vue ouest montre bien-sûr le quatrième chérubin, le tuyau d'évacuation du récipient d'eau bénite, le quatrième oiseau, et les inscriptions :

IESME FLEVVE // GEHON

TOVTE

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Vue ouest des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue ouest des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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Puisque notre tour est (presque) achevé, il est temps de réfléchir au texte des quatre inscriptions. Il s'agit des versets 11, 13 et 14 du deuxième Chapitre de la Genèse  relatant la Création du Monde et décrivant l'Eden. Le Géhon, le Phison, le Tigre, et l'Euphrate sont les noms des quatre fleuves du paradis.  Tigre et Euphrate sont les fleuves de la Mésopotamie, et le Phison, et le Geon étaient identifiés au Moyen Âge comme le Nil et l'Indus. Ces verset suivent immédiatement ceux-ci :  " L'Éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras."

Il s'agit de la traduction du texte latin : 

 nomen uni Phison ipse est qui circuit omnem terram Evilat ubi nascitur aurum [...] et nomen fluvio secundo Geon ipse est qui circuit omnem terram Aethiopiae  nomen vero fluminis tertii Tigris ipse vadit contra Assyrios fluvius autem quartus ipse est Eufrates.

La relation entre ces quatre bras du fleuve primordial et l'immersion ou infusion du baptême est évidente. Au delà du Jourdain dans lequel le Christ fut baptisé, de la Mer Rouge dont la traversée fut fondatrice pour le peuple hébreu, du Jourdain que traverse l'Arche d'alliance  sous la conduite de Josué, le Fleuve de l'Eden représente une référence fondamentale, d'autant que sa division en quatre fleuves ouvre la symbolique du nombre quatre : quatre horizons, quatre Évangiles, mais surtout les quatre temps du signe de croix par lequel le fidèle fait profession de foi chrétienne. Les quatre fleuves peuvent représenter l'ensemble de l'univers, comme dans la mosaïque de l'ancien palais épiscopal de Die (Drôme). Leur figuration peut alors faire des fonts baptismaux  une délimitation d'un espace sacré cosmique au sein duquel le sacrement va se dérouler. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal

On trouve ces quatre fleuves mentionné dans le rituel du baptême de l'Ordo Romanum. Ils servent de base aux fonts baptismaux d'Hildesheim en bronze, de 1226 : 

Ces fonts, larges d'environ un mètre pour deux mètres de hauteur, comprennent deux parties, la cuve et le couvercle. À la base de la cuve sont représentés les quatre fleuves du paradis, qui sont mis en relation avec les quatre vertus cardinales, les quatre grands prophètes, les quatre évangélistes. Quatre scènes figurent sur la cuve : Vierge à l'Enfant avec le donateur, passage de la mer Rouge sous la conduite de Moïse, baptême de Jésus par Jean, Josué et l'arche d'alliance passant le Jourdain pour entrer en la Terre promise. Sur le couvercle on a les quatre genres de baptême : l'eau, le martyre, la pénitence et les bonnes œuvres. Quatre vers expliquent l'iconographie de la cuve et quatre celle du couvercle. Aux quatre points cardinaux les personnifications des fleuves «irriguent le monde» avec leurs jarres renversées d'où l'eau s'écoule. Au-dessus de chaque fleuve est associée étroitement, dans un médaillon, une vertu cardinale, ces vertus qui à leur tour «baignent les cœurs libérés du péché».  Phison est assimilé à la Prudence, Le Géon, ouverture de la terre, désigne la Tempérance, le Tigre rapide signifie la Force, et l'Euphrate  fertile indique la Justice».

https://en.wikipedia.org/wiki/Baptismal_font_(Hildesheim)

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Fonts baptismaux 'Hildesheim (Basse-Saxe) in Favreau http://www.persee.fr/docAsPDF/ccmed_0007-9731_1995_num_38_150_2609.pdf

Fonts baptismaux 'Hildesheim (Basse-Saxe) in Favreau http://www.persee.fr/docAsPDF/ccmed_0007-9731_1995_num_38_150_2609.pdf

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Ce sont eux que les spécialistes reconnaissent généralement dans les quatre bustes anthropomorphes qui ponctuent les angles de nombreux fonts baptismaux, notamment ceux réalisés en pierre bleue de Tournai au XIIe siècle :

Ces fonts baptismaux peuvent être mis en relation avec une série d'œuvres similaires par la forme, le décor et l'utilisation de la pierre calcaire de Tournai dite pierre bleue et sont datables de la 2e moitié du 12e siècle ou du début du 13e siècle. De nombreuses églises en Thiérache conservent de semblables fonts, ainsi à Jeantes, Bancigny, Saint-Clément ou Martigny. Ces œuvres ont été exécutées dans le cadre des centres de production du Nord de la France et de la vallée mosane du 12e siècle. Elles sont parmi les créations les plus originales de la sculpture romane du 12e siècle. Le décor de têtes anthropomorphes sous un réseau d'arcatures, d'animaux fabuleux affrontés et de rinceaux a fait l'objet de plusieurs interprétations iconographiques et symboliques, le combat des deux animaux seraient ainsi une allusion à la lutte du Bien et du Mal.  (Inventaire Général de Picardie)

DATATION.

Le panonceau de l'église indique : "L'église est rebâtie entre 1544 et 1680. Classée en 1996 (? Erreur, le classement date de 1906) , cette cuve date probablement du début du XVIe siècle et se trouvait dans l'église précédente dont il reste quelques traces."

Cette datation n'est pas approuvée par Chrystel Douard, ingénieur d'études au ministère de la Culture et ensuite à la région Bretagne au service de l'inventaire du Patrimoine dans sa mission de 1995. Elle propose de  dater la vasque de fontaine de la seconde moitié du XVIe siècle, soit 1550-1599, et sa transformation en fonts à une date non déterminée. 

Si on considère que les inscriptions sont authentiques, je voudrais faire remarquer que leur texte procure des informations importantes.

En effet, ce texte est une traduction en français de la bible latine.

a) La première Bible imprimée fut celle de Lefèvre d'Étaples en 1530. J'y lis, pour les versets incriminés, ceci :

A ung est nommé Physon. Cest celuy qui environne toute la terre de Evilath la ou croist lor. Et le second fleuve est nommé Geon, cestuy est lequel environne toute la terre de l'Ethiope. Et le nom du troisième fleuve est Tigris : cestuy va contre les Assyriens." La Saincte Bible, Martin Lempereur, Anvers sur  Gallica

b) En 1535 paraît La Bible qui est toute la saincte escriture en laquelle sont contenus, le Vieil Testament et le Nouveau, translatez en Francoys, par Olivétan. Au verso du titre se trouve une épître latine de Calvin (alors âgé de vingt-cinq ans) : À tous empereurs, rois, princes et peuples soumis à l'empire de Christ. Dans cette épître, Calvin revendique pour chacun le droit de lire l'Écriture.

A lung est nom Phison. Cest cestuy qui environne toute la terre de Hevilach làou croist lor. Let le nom du second fleuve est Gehon : cestuy est qui circuit toute la terre de Ethiope. Et le nom du troysiesme fleuve est Hidekel : cestuy va vers Assyrie. Et le quatriesme fleuve est Euphrates

c)  En 1550, nous disposons de la "Bible louvaniste" :La Saincte Bible nouvellement translatée de latin en françois, selon l'édition latine, dernièrement imprimée à Louvain, reveue, corrigée & approuvée par gens sçavants, à ce députez : à chascun chapitre sont adjouxtez les sommaires, contenants la matière du dict chapitre, les concordances, & aucunes apostilles aux marges par Bartholomy de Grave (Louvain)  Anthoine Marie Bergagne (Louvain) et Jehan de Uvaen (Louvain) 1550

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k53708d/f17.item.zoom

Le texte n'est pas non plus celui du Faou :

A ung est nom Phison. C'est celuy qui environne toute la terre de Hevilath, là où croist l'or.Et le nom du second fleuve est Gehon. C'estuy est, lequel environne toute la terre d'Ethiopie. Et le nom de troisiesme fleuve est Tigris. Cestuy va contre les Assyriens

d) La Bible de Jean de Tournes de 1561 doit être écartée également. Certes on trouve: "qui circuit toute la terre d'Ethiopie" Mais aussi "Et le nom du troisiesme fleuve est Hiddecel".

e) Par contre La Bible publiée par Jean de Tournes à Lyon en 1557 est très proche de notre texte faouiste (je voulais le placer) :  

L'un est nommé Phison : c'est c'il qui environne la terre d'Hevilach, là où croist l'or. Le nom du second fleuve est Gehon : c'est celui qui circuit toute la terre d'Ethiopie. Le nom du troisieme fleuve est Tigris : cestui va vers Assyrie. Et le quatrième fleuve est Euphrates

Je le confronte au texte des banderoles :

"Phison c'est celuy qui environne toute la terre de Hévila, là où croist l'or —

Gehon, c'est celui qui circuit toute la terre d'Ethiopie.

Tigris, c'est le troisième fleuve, va vers Assyrie.

Euphrates, c'est le quatrième fleuve."

Il n'y a pas identité, mais la plupart des caractéristiques sont réunies.

 

f) Par contre il faut écarter  La bible qui est toute la sainte escripture. etc. (Les pseaumes mis en rime francoise par Clement Marot et Theodore de Beze.)- Geneve, Sebast. Honorati  parue en 1570 et qui parle d'"Hidekel"

L'un est nommé Phison : c'est celuy qui environne toute la terre d'Hevilath, là où croist l'or . Et le nom du second fleuve est Gehon : c'est celuy qui circuit toute la terre d'Ethiopie. Et le nom du troisième fleuve est Hidekel : c'estuy-la va vers l'Orient d'Assyrie. Et le quatrième fleuve est Euphrates.

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En conclusion, il me parait possible d'affirmer que les inscriptions sont celles de la vasque d'origine, et qu'elles ont trouvé leur source dans une bible en français traduite vers 1557 ; et peut-être même adaptée de la Bible de Jean de Tournes parue à Lyon en 1557. Une date plus tardive est moins probable, puisque les traductions abandonnent les formes troisiesme, quatriesme, cestuy, etc et  introduisent les c et l apostrophes .

Cette démarche abonde dans le sens de Chrystel Douard et propose une fourchette plus resserrée entre 1555 et 1570. 

Mais surtout, cela fait apparaître un élément essentiel : les inscriptions de la vasque se réfèrent au mouvement de traduction du latin en français qui est celui des humanistes (le catholique Jacques Lefèvre d'Étaples, 1450-1537) puis de la Réforme (Olivétan, 1506-1538, cousin de Jean Calvin). L'imprimeur lyonnais Jean II de Tournes (1539-1615) , Imprimeur du Roi, était un protestant huguenot dot les presses furent saccagées en 1564 lors des Guerres de Religion tandis qu'il était emprisonné durant deux mois. Il fut emprisonné à nouveau en 1572, mais échappa à la Saint-Barthélémy. En 1585, il s'installa à Genève.

Or, il est intéressant de noter que les vicomtes du Faou appartenaient à la famille du Quélennec. La seigneurie du Fou est une très ancienne vicomté en l’évêché de Cornouaille en Basse-Bretagne, les seigneurs d’icelle portaient le nom de leur terre et en armes d’azur au léopard d’or.  Quels sont les seigneurs vers 1550-1600 ?

a) Jean V du Quélennec (né vers 1520), seigneur du Quélennec, baron du Pont, et de Rostrenen, vicomte du Faou et de Coëtmeur, mariée en 1538 à Jeanne de Maure. Or, cette dernière était protestante : "et habite son manoir de la Clarté avec ses enfants. Elle vient parfois en l'église de Cornillé assister au prêche. Elle le fait faire par un ministre qu'elle amène avec elle et fait monter en chaire, usant du droit que lui donne la qualité de son fief d'y faire exercer son culte." (Wikipédia)

b) Charles II du Quélennec, dit de Soubise (1548 † Assassiné le 24 août 1572 - Paris, pendant les Massacres de la Saint-Barthélémy peu après l'Amiral de Coligny), seigneur du Quélennec, vicomte du Faou, baron du Pont, et de Rostrenen. Il embrasse la religion réformée, chasse les chapelains de la chapelle de Saint-Tudy en son château du Pont, et fait faire des prédications par le pasteur protestant Claude Charretier. Il prend le nom de Soubise après son mariage avec l'héritière des Parthenay, mais il est fait prisonnier à Jarnac. Il s'évade et reprend le combat sous les ordres de René de Rohan, mais il est accusé d'impuissance par son épouse ; menacé d'un procès, il l'enferme dans son château de pont avant de trouver la mort au Louvre après avoir combattu vaillamment en étant défenestré. Marié le 20 juin 1568 (Château du Parc - Mouchamps) à Catherine de Parthenay-L'Archevêque (22 mars 1554 - Parc en Poitou † 26 octobre 1631 - Parc en Poitou), dame de Soubis  e. Veuve à 18 ans,  celle-ci se remarie en 1575 avec René II de Rohan, élevé dans le culte réformé , et aménage les principales résidences des Rohan (Blain, Pontivy et Josselin) tout en y développant des églises protestantes.

c) Jane du Quélennec, héritière de son frère Charles, épousa Jacques de Beaumanoir, vicomte du Besso.

Pendant les guerres de la Ligue (1562-1598), Le Faou fut pillée  et soumise à rançon par Anne de Sanzay, comte de la Magnane, notamment en novembre 1593.

La vasque de kersanton fut donc sculptée dans la seconde moitié du XVIe siècle, alors que les versets de la Genèse qui y furent gravés en français étaient copiés de Bible issues de la Réforme, et  au moment même où les vicomtes du Faou étaient protestants. Leur blason d'azur au léopard d'or figurait  peut-être sur la vasque, là où la pierre a été martelée.

Qu'en conclure ? Je l'ignore... mais ce léopard d'or me fait me souvenir qu'un lion figure, selon les commentateurs, sur ces fonts, et que je n'y ai pas prêté garde. Mais, j' y pense, ne parlaient-ils pas aussi d'un chien ? Et d'un cerf ?

Vite, j'y retourne.

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OÙ JE ME LANCE À QUATRE PATTES SUR LA PISTE D'UN LION, D'UN CHIEN ET D'UN CERF.

Je trouve le lion assez facilement. Il m'attendait, dressé sur ses pattes de derrière, à la gauche de la face sud. Il est rampant et non passant, c'est à dire qu'en terme héraldique il n'est nullement léopardé et n'a rien à voir avec le meuble du blason des vicomtes du Faou. Par sa langue et par sa queue au pinceau de poil particulièrement touffue, il semble se défendre contre l'attaque du serpent. Par contre, ces pattes avant tiennent un phylactère qui devait être plus lisible avant l'adjonction d'un déversoir. On y lirait alors JESUS / MARIA / ANNA, la banderole étant tenue de l'autre coté par  une main coupée.

Le panonceau de l'église  suggère que l'inscription devait être différente jadis.

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Vue sud des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue sud des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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Émile Mâle a écrit de belles choses sur le Lion, symbole de résurrection, en raison de la croyance commune dans les Bestiares du Moyen Âge  que la lionne mettait bas des petits qui semblaient morts-nés. Pendant trois jours, les lionceaux ne donnaient aucun signe de vie, mais le troisième jour, le lion venait et les ranimait de son souffle puissant. Ainsi, la mort apparente du lionceau s'apparentait au séjour du Christ dans son tombeau, avant sa Résurrection tertia die. Voir Sancti Epiphani ad Physiologus,  Christophe Plantin, Anvers 1588

 

Vue sud des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue sud des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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Pour voir le chien, il faut repérer sa queue en crochet rougeâtre sous la patte avant du lion. Lorsque vous la tenez, ne la lâchez plus et accroupissez-vous dans la poussière. Vous comprenez que ce que vous preniez pour la tête d'un bouquetin sont les pattes arrières en pleine course d'un chien de chasse. 

Ce n'est pas le moment de faiblir.

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Vue sud-ouest des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue sud-ouest des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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Vue ouest des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue ouest des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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Vue ouest des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue ouest des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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Coincé dans un minuscule espace entre la balustrade du dais, la cuve, et le déversoir, vous allez devoir maintenant passer de l'autre coté du tuyau, où il est devenu évident que vous allez découvrir le cerf. Mais l'éclairage de la minuterie laisse cette partie dans l'ombre, et l'affaire se transforme en une équipée spéléologique dans des grottes rupestres . De fantastiques images se dévoilent en ocre sur la paroi de calcite et vous admirez comment, voici des millénaires, l'artiste a su profiter des reliefs naturels de la cuve pour faire frémir le flanc de l'animal qui, haletant, vous jette un regard complice (oxyde de manganèse et charbon de bois ?).

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Vue depuis le point vernal  des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue depuis le point vernal des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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Vue depuis le point nemo  des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue depuis le point nemo des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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A bout de souffle, vous tentez l'impossible pour obtenir sur le même cliché le chien et le cerf. Vous installez votre appareil entre le tuyau de plomb et la cuve et tentez d'accéder au commutateur. Clic.

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Vue acrobatique des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Vue acrobatique des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Longtemps, les aboiements de la meute ont retenti à ses oreilles (c'est le sens du grec katêkhéô, « faire retentir aux oreilles» ​​​​​​, qui a donné catéchumène). Le cerf a traversé à la nage le fleuve Géhon dont le nom signifie en hébreu "l'impétueux". Il est sauvé. Il devient un magnifique symbole de la renaissance et de la libération spirituelle. Pour d'autres, Géhon ou Gi'hôn vient du sumérien GIEN qui signifie "Les grands Ancêtres". Ce passage initiatique  à travers les eaux lustrales, primitives et ancestrales font de lui un Éveillé.

 

 

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Chérubin des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

Chérubin des fonts baptismaux de l'église Saint-Sauveur du Faou. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

Sur les fonts de l'église du Faou :

— Topic-topos.

http://fr.topic-topos.com/cuve-baptismale-le-faou

— ABGRALL (Jean-Marie), 1898,  "Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère recueillies par M. l'Abbé J-M. Abgrall, Chanoine honoraire". In Congrès archéologique de France; LXIIIe séssion. Séances générales du  tenues à Morlaix et à Brest en 1896 par la Société française d'archéologie Paris, Caen 1898, page 123

https://archive.org/stream/seancesgenerales1896cong#page/122/mode/2up/search/phison

— COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988,  Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FAOURUME.pdf

— http://pormenaz.free.fr/Le-faou.php

Sur les fonds baptismaux :

— Dossier pdf "Cuves baptismales et fonts baptismaux : évolution formelle avant le XVIe siècle"

http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire/CATALOGUES/fontsbapt/fontsbapt_histav16e/html/fontsbapt_histav16e.html

— Dossier pdf "Cuves baptismales et fonts baptismaux : environnement des fonts"

 http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire/CATALOGUES/fontsbapt/fontsbapt_envir/html/fontsbapt_envir_image_1.html

— https://fr.wikipedia.org/wiki/Fonts_baptismaux

— Les Fonts baptismaux d'Hildesheim (Ier tiers XIIIe) :

La bande la plus basse montre quatre figures humaines, qui soutiennent toute la cuve. Ce sont des personnifications des quatre fleuves du jardin d'Eden ( Genèse 2: 10-14 ). Chacun d'eux se déverse sur l'eau de la vie: Les quatre figures sont clairement distinctes par les vêtements, la posture, et la coiffure et symbolisent les différentes classes et phases de la vie. Dans une petite zone au- dessus de leurs têtes, ils sont identifiés par les vertus cardinales : la modération, le courage, la justice et la sagesse. 

https://en.wikipedia.org/wiki/Baptismal_font_(Hildesheim)

— Les fonts de Saint-Clément (Aisne) :

https://inventaire.picardie.fr/dossier/fonts-baptismaux-cuve-baptismale-a-infusion/395d3f40-a71e-4372-88ef-07dc9b844074

— A_Twelfth_Century_Baptismal_Font_from_Wellen_The_Metropolitan_Museum_Journal_v_44_2009 (1).pdf

Baptismal font. Wellen, Limburg, Belgium, 1155–70. Bluestone . The Metropolitan Museum of Art, The Cloisters Collection

In the Ordo romanus, the ritual of blessing the baptismal water alludes to the four rivers of Paradise—the Gehon, the Phison, the Tigris, and the Euphrates—that “water all of the earth,” like the waters of holy baptism. Patrologia Latina, vol. 78, “Romani Ordines,” 21, cols. 1015–16, and 42, col. 956. In early Christian iconography, the rivers of Paradise, associated with the Evangelists in the prayers of Saint Cyprian (ca. 200–258) and by Saint Augustine in the City of God,( Ibid., vol. 3, col. 1110, and vol. 31, col. 395) issue from human or lions’ heads. The four human heads on the Cloisters font are homogeneous enough in design to permit an interpretation of them as personifications of the rivers of Paradise, but the diversity among the heads on a number of other fonts prevents any such generalization. Despite their rather reassuring features, the heads may also have served an apotropaic function.

FAVREAU (Robert), 1995, Les inscriptions des fonts baptismaux d'Hildesheim, Baptême et quaternité Cahiers de civilisation médiévale  Année 1995  Volume 38  Numéro 150  pp. 116-140

http://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1995_num_38_150_2609

— MÂLE ( Émile), 1922 L'art religieux du XIIe siècle en France : étude sur les origines de l'iconographie du moyen age

https://archive.org/details/lartreligieuxdux00mluoft

— MÂLE ( Émile),  L'art religieux du XIIIe siècle en France: étude sur l'iconographie du Moyen ... 1898

https://archive.org/stream/lartreligieuxdu00mlgoog#page/n7/mode/2up

page 20 : https://archive.org/stream/lartreligieuxdu00mlgoog#page/n45/mode/2up/search/lion

page 55 Honorius d'Autin  :https://archive.org/stream/lartreligieuxdu00mlgoog#page/n79/mode/2up/search/lion

page 149 Fonts baptismaux 4 fleuves https://archive.org/stream/lartreligieuxdu00mlgoog#page/n175/mode/2up/search/fonts

—MÂLE ( Émile), 1922, L'art religieux de la fin du Moyen Age en France : étude sur l'iconographie du Moyen Age et sur ses sources d'inspiration, 1922,

https://archive.org/stream/lartreligieuxdel00mluoft#page/n7/mode/2up

— BOGAERT (P-M.) J.-Fr. Gilmont La première Bible française de Louvain (1550)  Revue théologique de Louvain  Année 1980  Volume 11  Numéro 3  pp. 275-309

http://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_1980_num_11_3_1779

REUSENS, (Edmond Henri Joseph),1885, Éléments d'archéologie chrétienne :

https://archive.org/stream/lmentsdarchologi01reus#page/178/mode/2up/search/fleuves

— Fonts baptismaux de la Somme :

http://www.richesses-en-somme.com/patrimoine-des-%C3%A9glises/fonts-baptismaux/fonts-bapt-du-10e-au-13e-si%C3%A8cle/

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Published by jean-yves cordier - dans Le Faou Peintures murales Inscriptions

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  • : Le blog de jean-yves cordier
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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