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12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 14:56

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La cloche de Plouha (Côtes d'Armor) a été fondue par Thomas Le Soueff en 1712, la même année que la cloche du Prêcheur (La Martinique) dont elle est la sœur jumelle, et deux ans avant la cloche du Faou, dont elle est proche. Cette cloche de Plouha a disparue, mais elle a été décrite avec précision par Léon Germain de Maidy en 1896. 

Voici les photographies des cloches encore existantes, qui nous permettent de l'imaginer :

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La cloche du Prêcheur (Thomas Le Soueff, 1712) à La Martinique. Photographie Eric Brottier 2018.

La cloche du Prêcheur (Thomas Le Soueff, 1712) à La Martinique. Photographie Eric Brottier 2018.

La cloche du Faou (Thomas Le Soueff, 1714), dans le Finistère.

La cloche du Faou (Thomas Le Soueff, 1714), dans le Finistère.

 

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DESCRIPTION.

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MAIDY ( L. Germain de ), 1896, " Sept cloches anciennes des Côtes-du-Nord", Congrès archéologique de France : séances générales tenues par la  Société française d'archéologie. 1898 (63). Contient les Séances générales tenues à Morlaix et à Brest, en 1896. pages 294-297.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f377.image

Numérisation Gallica, copie manuelle par mes soins.

"Deux cloches de 1712 appartenaient à l'église de Plouha.

1°) La plus petite, de 0,90 kilog (diam. 0,535 m ; haut. 0,59 m) offre en haut l'inscription suivante, commençant par une croisette et dont chaque mot est suivi alternativement d'un e fleur de lis et d'une moucheture d'hermine :

IESVS MARIA IOSEPH ANNA 1712.

Au dessous, six filets.

Sur la panse, une croix posée sur trois degrés, le tout formé de fragments de frises.

 

2°) L'autre de ces cloches, très belle et grande, pèse 557 kilog (diam. 1 m ; haut. 0,91 m.) Elle existe encore à la fonderie de M.L. Robert. L'inscription suivante, avec une fleur de lis entre chaque mot et à la fin, se développe sur trois lignes, qui débutent chacune par une tête d'ange ailée.

CETTE CLOCHE SAPELLE PIERRE MARIE FAITE EN LAN 1712 AU FRAIS DE LA FABRICE DE PLOVHA PAR LES SOINS DE N : ET DISCRET F. CORENTIN LE MILIN CHANOINE REGULIER DE PREMONTRE PRIEVR RECTEVR DU DIT PLOVHA 

C'est à dire "Cette cloche s'appelle Pierre-Marie ; faite en l'an 1712 aux frais de la fabrique de Plouha, par les soins de vénérable et discret frère Corentin Le Milin, chanoine régulier de Prémontré, prieur recteur dudit Plouha ».

 

Plus bas on lit, précédés d'une tête d'ange ailée, ces mots, séparés alternativement par une fleur de lis et une moucheture d'hermine :

IAI ETE FONDVE A BREST PAR THOMAS LE SOVEFF

La panse est décorée d'une grande croix sur trois degrés, le tout orné de feuillages en arabesque.

Cette croix est accostée de deux médailles ou plutôt des deux faces d'une même médaille, rectangulaire, à pans largement coupés, c'est-à-dire presque octogone.

La première représente le Christ, en buste, tourné à senestre, à longs cheveux et la tête encadrée par un nimbe.

Il est entouré de cette très curieuse légende en langue italienne : ALLEGREZA - DEL - CIELO - E - DELLA - TERRA.

La seconde, offrant la Vierge en buste, tournée à. dextre, la tète également encadrée par un nimbe, a pour légende: REFVGIVM PECCATORVM OR . PRO . N. Note : Refugium peccatorum, ora pro nobis, invocation des litanies laurétanes.

Il s'agit donc d'une médaille dont les deux faces, placées l'une à coté de l'autre, représente les effigies en regard du Christ et de la Vierge, figuration que commença d'être en vogue à la fin du XVIe siècle mais le fut surtout aux deux siècles derniers [XVII et XVIIIe]. Sur ce sujet, relativement auquel j'ai recueilli beaucoup de notes, on peut trouver quelques renseignements dans Jules Rouyer, Un rosaire lorrain du XVIIe siècle, dans les Mém. De la soc. D'archéol. Lorr. 1881.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33701k/f162.item

À l'opposé existe un assez grand médaillon ovale avec cadre rectangulaire, les écoinçons ornés de têtes d'anges ailées. On voit sur ce médaillon la Vierge debout, joignant les mains, ayant sept étoiles autour de la tête et le croissant sous les pieds ; elle est entourée d'une auréole rayonnante et d'un cordon ouvert en haut, terminé d'un coté en boucle, et ayant, régulièrement espacés, huit nœuds en forme de renflements cylindriques."

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DISCUSSION.

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Les trois médaillons se retrouvent à l'identique sur la cloche du Prêcheur, et j'ai montré que ceux du Christ et de la Vierge de profil venaient d'une médaille de dévotion . Voir :

La  cloche Corentin, de la cathédrale de Quimper. 1701 : 3901 livres (1909 kilos pour la livre de Paris), a été faite par "les sieurs Soüef et Le Moyne, fondeurs du roy à Brest" : certains l'attribuent à Jean Le Souef, mais elle pourrait être faite par Thomas Le Soueff, "fondeur du roi à Brest.

 

RAPPEL : Thomas Le Soueff.

Installé à Landerneau puis à Brest, Thomas Le Soueff fondit les cloches suivantes

1691 Briec  :

"La cloche du côté Nord a 25 pouces de hauteur sur 30 pouces de diamètre, elle ne porte aucun écusson, mais l'inscription suivante : ANNO : DNI : 1691 : LVDOVICO : MAGNO : XIV° : REGNANTE : ILLMO : DD :FRANCISCO : DE : COETLOGON : DIOECESIM : CORISOPITEN : GUBERNANTE : JOANNES : HVELVAN : SACR : FACULT : PARISIEN : BACCALAUREVS : THEOLOGVS : DOMVS : SORBONAE : NEC : NON : PAROCHIAE : BRIZIEC : RECTOR. Au bas est écrit : T. LE : SOUEFF : FONDEVR : Au milieu, côté du Nord : IHS. Côté du Midi, dans un médaillon circulaire de 4 pouces de diamètre, la Vierge avec l'Enfant-Jésus dans ses bras, assise sur des nuages.

Sur la seconde cloche, du côté du Midi, qui a 27 pouces de haut et 31 pouces de diamètre, est écrit : SIT : NOMEN : DOMINI : BENEDICTVM : 1702. Sans armoiries, mais elle porte une croix sous laquelle on lit FRANCOIS : LE : MOYNE : FONDEVR. De l'autre côté, est une Vierge en pied ayant les mains jointes. Cette cloche est éclatée." (Abgrall, 1904)


 

1699, Saint-Thomas de Landerneau, (perdue)

1699 Lochrist au Conquet (perdue)

1701, cathédrale de Quimper, 3901 livres (1909 kg ?) [fondeur Le Soueff sans précision de prénom]. (perdue)

1704,  Plouguerneau, en 1704. (perdue)

1706,  Plougourvest (perdue)

1707,  Lanhouarneau. (perdue)

1707 Plougastel-Daoulas (perdue)

1708, Bodilis, pesant 231 livres. (perdue)

1711,  Plouzané . (perdue)

1711,  Plougoulm, (perdue)

1712 « Le Prêcheur » à la Martinique. 560 kg, Diam. 99,5 cm. Note : Fa Sans nom. Croix entourée de deux médaillons de la Vierge et du Christ avec inscriptions allegreza del cielo et del tierra... et Refugium peccatorum . Anse  à têtes . Inscription débutant par une croix: Chaque mot est séparé par une petite fleur de lys.

1712, Plouha 757 kg, diam. 91 cm , nom Pierre-Marie. Croix entourée de deux médaillons de la Vierge et du Christ avec inscriptions allegreza del cielo et del tierra  et Refugium peccatorum ora pro nobis. Inscription débutant par une croix et dont  chaque mot est séparé par une petite fleur de lys et une moucheture d'hermine. Cloche perdue.

1714 Le Faou 1389 l (679 kg?) , diam. 101 cm, sans nom.  Croix entourée de deux médaillons de la Vierge et du Christ avec inscriptions  à déchiffrer.   Inscription débutant par une croix et dont  chaque mot est séparé par une petite fleur de lys et une moucheture d'hermine.

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Published by jean-yves cordier - dans cloches

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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