Les sablières de la chapelle de Kermaria an Iskuit, bien conservées dans le bras nord du transept et, plus en hauteur, dans la nef, sont sculptéees de masques en haut-relief sous les culots des nervures, séparées par des feuillages en bas-relief. C'est cette disposition qui permet de les dater du XVe siècle .
En effet, Sophie Duhem explique que la disposition des sculptures sur les poutres apportent dans certains cas des indices sur l'époque de création des ensembles. Toutes les poutres anciennes partagent la particularité de présenter des motifs sculptés isolés à intervalles réguliers. Toutes les sablières datées du 15e siècle se caractérisent par cette particularité : c’est le cas à Guégon, Guern, Ploëren, Saint-Avé, Vannes, Quimperlé, Canihuel, Saint-Nicolas-du-Pélem, mais aussi à Brennilis, La Roche-Maurice, Morlaix, Trémaouézan, Rochefort-en-Terre, Plouha, ou Saint-Herblain. Au contraire, les premiers décors travaillés en frises à motifs en bout à bout apparaisent au début du 16e siècle, comme à Grâces-Guingamp entre 1506 et 1508.
De plus toutes les sablières du 15e siècle sont taillées en haut-relief, excepté celles qui ne comportent que les inscriptions, tracées en bas relief ou en creux.
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LA CHARPENTE (XVe s. ) DU BAS-CÔTÉ NORD.
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Dans les trois dernières travées du collatéral nord, au dessus des peintures murales des Trois Vifs et des trois morts, et sous le lambris peints des Vertus montées sur les Vices (donc un lieu richement décoré), ce type de sablières à masques anthropomorphes et feuillages sont accompagnées d'inscriptions gothiques, non déchiffrées.
Les masques semblent représenter les paroissiens, hommes ou surtout des femmes. Celles-ci ont le visage englobé dans une coiffe formant cagoule, ou fixée sous le menton par une bride. Les yeux sont en amande accentuée, les bouches sont très fines. Les traits sont indifférents, sans que nous ne puissons y voir l'expression de sentiments, de passions et a fortiori de vices.
Malgré la présence de la Danse macabre, nous ne trouvons ici aucun symbole ou attribut de la Mort.
Certains mots des inscriptions sont assez bien conservés et semblent pouvoir être compris par des épigraphistes chevronnés. Ces inscriptions se rapportaient-elles aux peintures sus- et sous-jacentes ?
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Pièce de bois n°1.
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Masque n°1.
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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
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Pièces de bois n°2 et 3.
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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
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Pièce de bois n°4 et 5.
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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
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Pièces de bois n°4 et 5.
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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
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Pièces de bois n°6 et 7.
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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
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LES BLOCHETS DU CHOEUR. DEUX ANGELOTS.
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Blochets de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Blochets de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Blochets de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
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LES SABLIÈRES (XVe s. et XVIe) DU BAS-CÔTÉ SUD.
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Nous trouvons la succession des masques (avec des traits animaux pour l'un d'entre eux), datant du XVe siècle, mais aussi, en dessous, une pièce où des anges allongés présentent le voile de Véronique, ou visage du Christ.
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Sablières (XV et XVIe) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XV et XVIe) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
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QUELQUES MASQUES DE SABLIÈRES.
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Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
Sablières (XVe siècle) de la chapelle de Kermaria an Iskuit. Photographie lavieb-aile 2023.
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SOURCES ET LIENS.
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— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 1997 - 385 pages, page 69 et 275.
L'église de Plourac'h conserve un bel ensemble de sablières, de blochets, et de poutres à engoulants, mais les huit pièces de sablières sculptées de scènes animalières peintes en blanc et ocre rouge sur fond bleu, rose ou vert sont localisées du côté nord, soit dans le bras nord du transept, soit dans la chapelle du Rosaire ou "des Fonts" ; quelques éléments sont également présents dans le bras sud du transept.
L'artiste n'est pas un grand sculpteur animalier, mais il sait créer des saynètes très vivantes dans la tradition des ymagiers et huchiers en associant des suites d'animaux du bestiaire médiéval et des évocations des fabliaux mettant en scène Renart. Ses modelés en moyen relief sont soigneusement polis, et seuls quelques tracés ou décor en cuvette ou coups de gouge soulignent des détails de fourrure, de crinière, d'ailes ou d'écailles.
Il appartient à ces artistes qui ne sculptent pas l'ensemble de la pièce de bois, mais font ressortir leur sujet en l'isolant, par effet de frise, sur le fond.
On constatera le mauvais état de l'ensemble, l'attaque par les vrillettes, les fentes du bois, et les coulées brunes, malgré de solides chevilles plantées en plein décor, témoignant peut-être d'une restauration un peu trop tardive.
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Le bras nord du transept a été fondé, vers 1500, par Charles Clévédé qui le constitue en chapelle sous sa pré-éminence. C'est ce qu'indique une inscription de la poutre transversale ("entrait"), qui indique aussi, sur une autre face de la poutre, le nom du charpentier avec son emblème professionnel, l'équerre, dans un blason. Mais cette inscription en lettres gothiques présente quelques difficultés de déchiffrage.
Sophie Duhem, dont les relevés sont fiables, indique :
LAN MILL CINQ CA[N]T […] FUT FAICT CESTE CHAPELLE PAR CHARLES GLEVEDE [...A...ARN]/ OLIVIER [équerre du charpentier] LAUCET [IL] A FAET BO[IS].
René Couffon, bien moins fiable, a lu : « L'an mil cinq cent commencée ceste chapelle par Charles Glévédé et Marie (de Pestivien), Olivier (une équerre) Lauset ma fait(e) bo(nne). »
J.P. Rolland lit "Marguerite" au lieu de "Marie". Aujourd'hui (et sans doute hier), l'inscription s'achève dans les dents de l'engoulant et la fin de l'énoncé est condensé et imprécise
Selon le dossier de l'Inventaire :
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J'opte pour la leçon suivante : LAN MILL CINQ CA[N]T [..] FUT FAICT CESTE CHAPELLE PAR CHARLES GLEVEDE [...A...MARG].
Le commanditaire, Charles Clévédé seigneur de Kerlosquet (et son épouse Marguerite ou Marie, peut-être Marie de Pestivien) a fait apposer ses armoiries dans sa "chapelle" sur les vitraux —soit ses armes pleines, soit avec ses alliances—, sur les piliers, les bénitiers, les culots des statues, l'enfeu de l'angle nord-est, et entre les mains des anges des blochets. Lorsqu'elles n'ont pas été effacées (lorsqu'elles étaient peintes) ou martelées (lorsqu'elles étaient sculptées), nous les observons encore. Les armes pleines sont d'argent à deux lions affrontés de gueules, tenant une lance d'azur en pal de leurs pattes de devant. Les armes en alliance les plus fréquentes, et présentes ici sur un blochet, associent Clévédé à Kerlosquet de sable à la croix engrêlée d'argent.
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Quand au nom du charpentier (et peut-être sculpteur ymagier des sablières), il se lit clairement : OLIVIER LAUCET (ou LAUSET). Mais ce patronyme, sous ces deux formes, n'est pas attesté sur la base geneanet.
La leçon de S. Duhem ([il] a faet bo[is]) doit être corrigée par "M'A FAET BOIS", Olivier Laucet m'a fait bois", car dans le corpus des inscriptions des sablières, les expressions "boiser", "fut faict ce bois", "faire le bois", "commencer le bois", lever ce boais", sont courantes dans le sens de "dresser la charpente". Il faut la préférer à "m'a fait bonne"
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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I. LE BRAS NORD DU TRANSEPT.
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IA. LE COTÉ EST DU BRAS NORD.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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1°) À droite de l'entrait. Blochet, ange présentant un blason muet. Deux couples de dragons. Fond bleu.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Le blochet : ange à collerette présentant un écu ayant perdu la peinture des armoiries.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Couple de dragons ailés affrontés autour d'un élément sphérique.
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Les verrucosités des dragons sont rendues par des alvéoles "en balle de golf". Les ailes sont, comme il se doit, nervurées en ailes de chiroptère.
Les dragons tendent une longue langue rouge, en dessous d'un élément qui leur semble appétissant, ressemblant à une boule de glace vanille dans son cornet, ou à une balle de golf (j'y tiens) sur son tee.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Couple de dragons (un seul est ailé) aux cous entrelacés.
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Les écailles des dragons sont rendues par des rangs de demi-cercles. Dans un tableau charmant, les bêtes nous lancent des regards langoureux.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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2°) À droite de l'entrait. Poursuite animalière ; renard jouant de la cornemuse .un cerf suivi par une biche ; un dragon ailé. Fond blanc à contours roses.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Le renard jouant de la cornemuse.
Le renard mène-t-il la danse des autres animaux ? Le bourdon d'épaule de son instrument est visible, comme le porte-vent, dans lequel il souffle, et le haubois, sur lequel sa patte antérieure est posée.
Ces pattes ressemblent un peu à des sablots, mais la finesse du museau, la fourrure indiquée par des traits, et la forme de la queue montrent bien qu'il s'agit de Renart, le goupil du Roman.
http://jeanluc.matte.free.fr/invp.htm#plourac'h
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Jeune cerf (daguet ?) tournant la tête pour regarder derrière lui.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Une biche courant derrière le cerf.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Un dragon ailé.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Un coup d'œil aux ajouts de poinçons feuillagés.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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IB. LE COTÉ OUEST DU BRAS NORD.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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1°) à droite de l'entrait à engoulant. Fond bleu.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Blochet : ange portant un blason aux armes mi-parti Clévédé/Kerlosquet.
On reconnait surtout la croix blanche (d'argent) dentelée (engrêlée) sur fond noir (de sable).
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Le renard et la poule.
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Un indice montre que ce renard montrant les crocs en se précipitant vers une poule renvoie à la fameuse scène de Renart prêchant aux poules, dont il est une citation métonymique : cet indice, c'est le capuchon rabattu de l'animal, montrant qu'il vient de bondir de la chaire et d'abandonner son déguisement, la coule de son habit de moine. Ce thème est développé au Faouët (sablières de la chapelle Saint-Sébastien, tribune de la chapelle Sainte-Barbe (XVIe) et jubé de la chapelle Saint-Fiacre vers 1480), mais aussi sur les sablires sud de la chapelle de Grâces-Guingamp (1506-1512), sur les sablières de la Chapelle St-Aubin à Plumelec, (1513), de Saint-Gilles-Pligeaux (XVe-XVIe s.), de Tréflévenez (XVIe s.) et de Bodilis.
Commentaire de Sophie Duhem à propos de cette scène :
"Sur bien des reliefs la saynète est réduite à sa plus simple expression, celle d'une image stéréotypée montrant la poule menacée par le prédateur. Dans quelques églises, les figures sont sculptées de façon telle que l'affrontement a encore un sens : à Plourac'h par exemple, l'animal, face à sa proie, montre des crocs menaçants."
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Rinceau de vigne et dragon crachant la tige.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Deux petits dragons dansant affrontés.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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2°) à gauche de l'entrait à engoulant. Dragons ; buste de femme en coiffe tirant par la queue Renart emportant une poule dans sa gueule. Fond vert.
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Le Renart et la fermière.
Voici un autre épisode, celui de Renart et la fermière, présenté par S. Duhem :
" Représentations de Renart et la fermière et variantes : Cléguérec (Ch. de laTrinité, milieu XVIe s.), Guilligomarc'h (Ch. St-Éloi, XVIe s.), Meslan (1527), Ploërdut (Ch. de Crénenan, 1652), Plougras (Ch. du Cimetière, XVIe s.), Plourac'h (XVIe s.), Pont-Aven (Ch. de Trémalo, XVIe s.), Saint-Nicolas-du-Pélem (Ch. St-Éloi, milieu XVIe s.), Séglien (Ch. St-Jean, XVIe s.)
Les poutres sculptées de la chapelle de Crénenan à Ploërdut présentent Renart dans une bien mauvaise posture ! L'animal tient dans la gueule un saucisson dont l'extrémité est retenue par une paysanne tenant un battoir. De l'autre côté, une vilaine armée d'une longue quenouille soulève la queue de l'animal pour mieux éperonner son postérieur. Cette image amusante, sans doute la plus tardive, est datée de 1652. Les sablières des charpentes ne proposent que des variantes de cette saynète : en effet, il ne semble pas avoir existé de modèle iconographique défini. À Cléguérec (Ch. de la Trinité) par exemple, l'image est inversée.
À Plourac'h, la paysanne est seule, allongée derrière l'animal, et tire sur sa queue.
Dépourvus de modèle iconographique défini, il semble que les artisans se soient inspirés des images sculptées dans les bourgs voisins — les supports sont localisés — tout en les enrichissant de détails puisés dans leur propre fond culturel. L'observation de ces exemples conduit également à un constat : le choix des sculpteurs s'est davantage porté au XVIe siècle sur les épisodes comiques plutôt que sur les images intellectualisées de Renart prêchant ou de Renart écorché. Il serait en effet excessif de proposer une lecture au second degré de l'image amusante montrant l'animal poursuivi par la fermière. Au mieux pouvons-nous interpréter la représentation sculptée à Plourac'h comme une petite moquerie adressée à la paysannerie aisée, sous les traits de cette femme richement habillée soulevant la queue du renard. Les variantes sculptées de l'épisode témoignent néanmoins des aptitudes des artisans à sortir des carcans. (Sophie Duhem)
[…]
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Mais ici (et c'est tout l'intérêt des relevés photographiques), aujourd'hui, tout le corps de la fermière, son vêtement et l'outil dont elle menaçait Renart ont été remplacé par une planche vaguement sculpté tant le bois était détruit par la vrillette.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Couple de dragons réunis par la queue.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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II. LA CHAPELLE DES FONTS (ou DU ROSAIRE) CÔTÉ NORD .
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II A. LES SABLIÈRES DU CÔTÉ EST, AU DESSUS DU RETABLE DU ROSAIRE.
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1°) à droite de l'entrait à engoulant.
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Renard ou truie jouant de la cornemuse, devant deux lions tenant un cartouche en cuir découpé (muet), et un cerf.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Chien ou truie jouant de la cornemuse.
http://jeanluc.matte.free.fr/invp.htm#plourac'h
Jean-Luc Matte remarque ici un bourdon d'épaule à trois moulures plus une moulure terminale, un hautbois conique, alors que le porte-vent est en bouche
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L'animal est ambivalent, puisque sa tête, et les sabots évoquent un porc alors que la queue n'est pas celle d'une truie (elle est un peu longue)ùais pourrait être celle d'un chien . Les mamelles ne sont pas indiquées.
La truie est fréquemment figurée, par les huchiers, jouant de la cornemuse, sur les stalles notamment (Musiconis).
Claire Arlaux y reconnait un chien : mais le cliché de Andrew Paul Stanford (Trésors des sablières de Bretagne ed. Equinoxe 2007) montre, malgré la forte saturation des couleurs, la différence avec 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Deux lions présentant un cartouche en forme de peau (cuir).
Ce cartouche portait-il des armoiries peintes ?
Ces lions retournent la tête vers leur queue.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Un cerf.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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2°) à gauche de l'entrait à engoulant.
Deux anges couchés présentant un cartouche.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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II B. LES SABLIÈRES DU CÔTÉ OUEST.
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1°) à droite de l'entrait à engoulant.
Le blochet est un ange présentant un blason muet. Puis vient une femme en position allongée, tirant la queue d'un animal qu'on s'accorde à reconnaître pour Renart, et qui fait face à un lévrier portant collier.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Renart et la fermière (2).
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"Une version curieuse se trouve à proximité : la vilaine est remplacée par une riche paysanne vêtue d'une robe à dentelles et crevés, qui tient l'animal dont la gueule est remplie de victuailles." (Sophie Duhem)
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La tête du renard est réduite, altérée sans doute par la vrillette, et nous ne voyons plus le "panier plein de victuailles" que Sophie Duhem a observé à la fin du XXe siècle.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Cette robe bouffante en larges crevés aux épaules, au dessus de manches à fines taillades et rubans au dessus de dentelles, a un décolleté carré au dessus d'une chemise fine formant une courte fraise à l'encolure. La femme porte une coiffe "type Anne de Bretagne".
Cette tenue est à rapprocher de celle de sainte Marguerite, sculptée à la même époque pour l'église.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Un lévrier colleté.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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2°) à gauche de l'entrait à engoulant.
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Frise de vignes.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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III. LE BRAS SUD DU TRANSEPT.
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On y trouve encore du côté est un blochet représentant un bélier, puis un animal (lion ?) avant que les frises de vigne ne reprennent le relais.
Du côté ouest, les sablières sculptées sont remplacées par des dessins, assez simples, de saynètes dont l'intêret est, si cela était confirmé, de témoigner des sablières perdues. On y trouve un coq, un chien, un lion et des dragons entrelacés.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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IV. LA NEF : COPIE PEINTE DE SAYNETES DE SABLIÈRES .
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On y trouve un bestiaire riche, reprenant celui des chapelles, avec des animaux musiciens, des coqs, des chiens, des dragons, etc. La riche fermière de la chapelle nord est copiée ici, tenant un instrument à trois pointes. Tout cela nécessiterait une étude plus approfondie et a peut-être valeur de document.
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Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières (Olivier Laucet, vers 1500-1506) de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Les sablières de la charpente de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
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SOURCES ET LIENS.
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— COUFFON (René), 1939, "Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint Brieuc et Tréguier" page 174[390] et suiv.
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. Presses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index . Voir pages 46 (couleurs), 113 (équerre d'Olivier Laucet : "La plupart signent leur travail , certains arborent même fièrement les symboles de leur pro- fession , comme Jean Jouhaff à Trédrez et Olivier Laucet à Plourac'h , qui accompagnent leurs patronymes de l'équerre des bâtisseurs "), 139, 214 (femme tirant la queue de Renart), 235 (robe Renaissance), et 318 pour l'inscription.
— DUHEM (Sophie), 1998, "«Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle" Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1998 Volume 105 Numéro 1 pp. 53-69 http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972
Renart et les poules : Callac (Ch. St-Treffrin, XVe/XVIe s.), Châtelaudren (Ch. Notre-Dame-du Tertre, XVIe s.), Edern (Ch. du Niver, XIXe-XXe s.?), Le Faouet (Ch. St-Sebasticn, 1600-1608), Gourin (XVIe s.), Gucrn (Ch. de Quelven, XVe-XVIc), Guimiliau (lere moitié du XVIIe s.), Landerneau (Ég. St-Thomas, XVIe s., représentation disparue), Landudal (XVIe-XVIe s.), Langast (Ch. St-Jean, XVIe s.), Lanvénégen ( XVIe s.), Magoar (XVIe s.), Neuillac (Ch. de Carmes, XVIe s.), Plévin (Ch. St-Abibon, XVIIe s.), Plouay (Ch. de Locmaria, XVIe s.), Plourac'h (XVIe s.), Le Quillio (Ch. St-Maurice, XVIe s.), Séglien (Ch. de Locmaria (XVIe s.), Suscinio (Château, fragment provenant de l'église de la Roche-Bernard, XVIe s.), Trémeur (milieu XVIe s.)
— MATTE (Jean-Luc), Iconographie de la cornemuse, en ligne.
Statuaire de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Saint Diboan. Bois polychrome, 120 cm, revers évidé.
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"Saint Yves" (?). Bois polychrome, 120 cm, XVe /XVIIe siècle.
Coiffé d'un bonnet carré de docteur, portant une tunique longue plissée serrée par une ceinture, à laquelle est suspendue une aumônière ou plutôt, en faveur de l'hypothèse Saint Yves, un livre de ceinture.
Les bras brisés ne permettent pas de mieux préciser l'identification.
Dans les bras du transept sont placés deux autels latéraux en granite (Couffon), tables monolithes du XVIe siècle, surmontées de retables identiques du XVIIe siècle, niche centrale dans un décor de draperies et paire d'anges sur l'entablement cintré.
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Retable en pierre de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Statue de saint Yves en plâtre moulé peint de 80 cm.
Le saint est représenté en recteur de Louannec (surplis sur soutane, barrette à pompon) , tenant dans la main droite une liasse de placets et son livre de droit enveloppé dans un étui de toile suspendu par un cordon : le fameux "livre-ceinture" que j'ai décrit largement dans ce blog.
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Retable en pierre de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
Retable en pierre de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Le retable en pierre du choeur côté nord. Notre-Dame de Grâces.
Retable en pierre de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
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. Les lambris du choeur et du transept peint par Herbault en 1751 ; restauré en 1858 sur commande du recteur Deschamps du Cerisier. Trinité ; Assomption ; saint Trémeur Sainte Anne, saint Joachim et Vierge.
Selon Couffon, une inscription dans le choeur, au nord dans la partie inférieure du lambris, indique : fait faire par noble et discret messire Jean Gléau licencié en droit. Recteur de Cléden-Poher. Guillaume Le Cornic, Fabrique 1751 . HERBAULT PINXIT. Inscription sur le lambris du choeur : fait restaurer par Me Deschamps CERISIER recteur de Kergloff en 1858.
Le peintre Herbault avait peint aussi les lambris de la sacristie.
Herbault a peint également les lambris de l'église de Saint-Gongard à Landeda en 1716 (Herbault junior : il ya donc probablement un Herbault plus ancien) et ceux de Cléden-Poher en 1741 (scènes de la vie de la Vierge dont une Assomption) avant de réaliser en 1750 une Crucifixiion pour la sacristie :
"A Cléden-Poher, près de Châteaulin (Finistère), la nef principale et le chœur, ainsi qu'une partie de la nef latérale méridionale, conservent un ensemble de lambris peints exécuté par le peintre Herbault et commandé par Jean Le Gléou en 1741. Sur un fond, représentant un ciel étoile sur lequel se détachent des nuages et des têtes d'angelots ailés, sont disposées les scènes avec des personnages qui apparaissent sur le firmament. Dans la partie la plus occidentale, les deux saints personnages introduisent solennellement le programme dans lequel se trouvent les épisodes de l'Annonciation, de la Visitation, de l'Épiphanie et de la Vierge à l'Enfant, face à laquelle se détache Pierre présentant les clefs. Dans le chœur, le triomphe de la Vierge est accompagné des figurations de Marie, Joseph, Anne et Joachim. Un principe analogue a été adopté dans l'église de Saint-Trémeur de Kergloff (Finistère). Les peintures de la voûte lambrissée sont également signées par Herbault et datées de 1751. Une deuxième inscription dans cette église indique le nom du recteur qui les fit restaurer en 1858. Ce délai, ici précisé par l'inscription, montre une fois de plus le besoin constant d'entretien, de restauration et de repeints qu'ont ces ensembles." https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1987_num_131_3_14524
Il a peint aussi en 1716 un tableau pour l'église de Gourin (un Calvaire aujourd'hui disparu) pour la somme de 75 livres ; un autre tableau en 1718 pour la chapelle Sainte-Evette en Esquibien, représentant la sainte . En 1753, il travaille pour la juridiction de Callac en réalisant un Chjrist en croix accompagné d'un gentilhomme et d'un caùpagnard ; ce tableau sera placé ensuite dans l'auditoire de la justice de paix.
Un peintre nommé "Monsieur Piel, dit Herbault, maître peintre" meurt le 22 août 1731 à l'Hôpital de Quimper. Y-a-til eut trois générations de Herbault peintres ?
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La Trinité.
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Lambris peints (Herbault en 1751 ; restaurés en 1858) de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
Lambris peints (Herbault en 1751 ; restaurés en 1858)) de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
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L'Assomption.
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Lambris peints (Herbault en 1751 ; restaurés en 1858) de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
Lambris peints (Herbault en 1751 ; restaurés en 1858) de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Nuées et chérubins dans un ciel étoilé ; monogramme IHS.
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Lambris peints (Herbault en 1751 ; restaurés en 1858) de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
Lambris peints (Herbault en 1751 ; restaurés en 1858) de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
Lambris peints (Herbault en 1751 ; restaurés en 1858) de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Nuées et chérubins dans un ciel étoilé ; saint Trémeur céphalophore.
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Lambris peints (Herbault en 1751 ; restaurés en 1858) de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
Lambris peints (Herbault en 1751 ; restaurés en 1858) de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
Lambris peints (Herbault en 1751 ; restaurés en 1858) de l'église de Kergloff (29). Photographie lavieb-aile juin 2023.
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Côté nord du choeur : couronnement de la Vierge ? en présence de la Trinité et de la Sainte Famille (Anne et Joachim ?)
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Les blochets de la croisée du transept : anges aptères bras croisés.
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SOURCES ET LIENS.
—ABGRALL (Jean-Marie), PEYRON (Henry) 1915, Notice sur la paroisse de Kergloff Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, BDHA, Quimper.
—Barral I Altet, Javier,, 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen Âge en Bretagne, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Année 1987 131-3 pp. 524-567
La chapelle a été décrite — voir infra Sources et Liens — par l'abbé Corentin Parcheminou en 1930, par le père Maurice Dilasser en 1979, par René Couffon (publié en 1988), et par les services de l'Inventaire en 1986 et 2016. Je découvre la synthèse donnée par T.D [Tanguy Daniel] pour les Cahiers de la Sauvegarde de l'Art français en 2002, qui fait état des récentes restaurations : je l'ai recopié ici :
"La chapelle Saint-Jean-Baptiste est située entre la baie de Douarnenez et le Ménez-Hom, sur la route qui mène vers la presqu'île de Crozon. Elle a été construite à la fin du XVIe siècle, ainsi que l'indiquent deux inscriptions sur le bras sud du transept (1591 et 1593), remaniée au XVIIe (inscription sur un entrait de la nef et style du clocher), restaurée au XIXe (1817 inscrit au-dessus de la porte sud).
L'édifice, en forme de croix latine, avec un chevet plat à l'est et un clocher-mur à l'ouest, est construit en pierres grossières — surtout du grès — extraites du Ménez-Hom voisin. La maçonnerie a été récemment restaurée dans sa totalité. Le clocheton en granit, sur le mur ouest, orné de pinacles et de pots à feu, supporte une courte flèche garnie de crochets ; on y accède par un escalier aménagé sur le rampant sud.
L'intérieur est actuellement très dégradé. Le sol est en terre battue, la trace des anciennes dalles étant encore visible. Les murs sont enduits d'un crépi à la chaux en très mauvais état ; des traces de peinture ocre ancienne apparaissent par endroits sur le mur est du bras sud du transept : on peut y lire, notamment, le nom de Quéré. Le mobilier a été en grande partie enlevé : seuls subsistent le maître-autel de pierre, une balustrade délimitant un espace qui servait de sacristie entre le maître-autel et le mur du chevet, une statue en pierre polychrome de saint Jean-Baptiste et deux stalles à quatre sièges chacune, datant du XIXe siècle. Une armoire à quatre porte en très mauvais état est adossé au mur de l'abside.
À l'intérieur, on note le décor savoureux de certains entraits : l'engoulé par les dragons, d'autres ornés de têtes de dragons aux extrémités et au milieu. Les sablières sculptées ont subsisté dans le bras sud du transept et dans le chœur où un cartouche représente les Cinq-Plaies. Aux angles du carré du transept, les blochets représentent les quatre évangélistes.
Sur le placître, au sud de la chapelle, se dresse le calvaire daté de 1645 avec le Christ en croix et les statues de la Vierge et de saint Jean-Baptiste, adossées l'une à l'autre à des figures non identifiées. De l'autre coté de la route, en contrebas, une fontaine porte la date de 1712.
Grâce à la restauration des parties hautes, la chapelle est aujourd'hui hors d'eau. La charpente a été complètement refaite dans le chœur, à la croisée du transept et dans une partie de la nef.
La couverture d'ardoise est neuve, sauf sur la partie occidentale de la nef qui était en bon état.
En 2000, la Sauvegarde de l'Art français a versé une aide de 15 245 € pour les travaux de maçonnerie sur les quatre murs, la réfection de la charpente et la couverture d'une grande partie de l'édifice. " T[anguy] Daniel
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Cet article est accompagné d'une photographie émouvante car elle montre l'état intérieur pendant les travaux. Je me permets d'en donner une capture d'écran.
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Nous y trouvons également une carte de la chapelle :
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Le Pardon a lieu le dimanche avant le 24 juin, date de la Saint-Jean. J'ai assisté à celui de 2018, et il m'a semblé qu'il s'agissait d'un renouveau.
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I. LA FONTAINE DE DÉVOTION (1712).
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La fontaine est difficile d'accès, et, lors du Pardon, la procession ne descend pas la rampe d'un précaire escalier en bois et ne s'engage pas sous l'humide futaie : seul le prêtre et ses acolytes s'y rendent pour puiser l'eau de l'aspersion des bannières et des fidèles.
Pour sa situation sur le cours d'eau qui descend vers la mer, voir l'article sur le calvaire.
Ses eaux étaient réputées guérir ou prévenir les affections oculaires (ou, selon Dilasser, les maux de tête).
Sa forme générale en demi-cercle délimitée par de volumineux blocs de pierre placés sur tranche est unique dans la région.
La niche, aujourd'hui désertée de sa statue, est remarquable car c'est un monolithe en demi-cintre surmonté d'une croix, avec deux rampants servant de bancs.
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Fontaine Saint-Jean, chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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Fontaine Saint-Jean, chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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L'INTÉRIEUR DE LA CHAPELLE : LA CHARPENTE, SON INSCRIPTION ET SES SABLIÈRES.
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1. La charpente.
Elle a le mérite de ne pas être lambrissée et de laisser étudier son ossature, ce qui rend la visite passionnante pour peu ...que l'on tente de comprendre le langage des spécialistes. Je me lance, mais les experts me corrigeront j'espère, et malgré le saint lieu le lecteur ne prendra pas mes assertions comme paroles d'évangile.
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a) la nef et les transepts.
Les charpentes armoricaines ont été étudiées par Corentin Olivier. Celle de la nef appartient au groupe des charpentes "à fermes et à pannes" (voir les explications dans mon article sur Landevant), et parmi celles-ci au sous-groupe (il y en a trois) "à poinçon court, faux-entrait droit et aisselier" (C. Olivier fig. 4).
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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La nef vue de la croisée du transept.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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Le bras sud du transept.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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b) Le chevet.
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Si la nef est couverte "à fermes et à pannes", par contre, il est peut-être possible d'écrire que la partie de charpente qui couvre le chevet appartient au groupe "à chevrons formant fermes".
Rappel :
- Les charpentes dites à chevrons formant fermes : les chevrons en vis-à-vis de chaque rampant sont reliés entre eux au niveau du faîtage et par un faux-entrait (pièce horizontale). Cet ensemble forme ainsi un « triangle indéformable » appelé ferme. Les fermes se répètent tous les 60 cm et servent de support à la fixation des liteaux permettant la pose des ardoises ou des tuiles. http://inventaire-patrimoine.regioncentre.fr/files/live/sites/inventaire_patrimoine/files/contributed/images/Articles_actu/IVR24_20170000003NUDA.jpg
- Les charpentes dites à fermes et à pannes : les fermes, beaucoup moins nombreuses mais plus robustes, supportent un ou plusieurs rangs de pannes soutenant elle(s)-même les chevrons dont la section peut alors être amoindrie. Ce principe constructif est bien moins consommateur en bois.
Le maillage serré des fermes (autrement dit, des arbalétriers ) et l'aspect en carène de bateau avec membrures et bordé m'incite à cette option.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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2. L'inscription de 1653.
Le troisième entrait (poutre transversale), engoulé (sortant de la gueule d'un dragon à ses deux extrémités), porte une inscription sur sa moitié droite de sa face ouest.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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Le texte en est (les relevés qui ont été publiés sont inexacts, au minimum pour la ponctuation, l'exception étant le relevé de Sophie Duhem) :
M : GVIL : PERFEZOV REC : M KVAREC FA 1653
Elle se comprend ainsi : " Messire Guillaume Perfezou recteur et M. Kervarec Fabricien 1653."
Le recteur Guillaume Perfezou est bien connu de ceux qui ont lu son nom sur le calvaire de la chapelle, qu'il fit ériger en 1645 avec Sébastien Polesec comme fabricien.
Ou encore de ceux qui ont vu, dans la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien, les trois inscriptions des sablières : "D'ici jusques au premier pilier a été boisé aux frais de vener persone Mre Guil. Perfezou recteur de Saint-Nic 1641", puis plus loin "D'ici jusqu'à l'autre écriteau a été boisé par Iac Polezec et Ol. Guillossou et était recteur Mre Guil. Perfezou", alors que la boiserie du bas-côté sud porte les inscriptions "M. G. Perfezou. R. G. Marzin. F. 1661".
Et encore de ceux qui ont repéré, sur les piliers de Saint-Côme, l'inscription : "Ces quatre derniers piliers furent bastis 1645. Mre Guil. Perfezou R[ecteur].
Et de ceux enfin qui ont pris la peine de déchiffrer le texte gravé sur la chaire à prêcher de la même chapelle : "SVMPTIB (US) VENERAB (ILIS) VIRI D (OMINI) D. GVILLELM (I) PERFEZOV SACERDOS AC RECTOR. HVIVS ECCLESIAE ANNO D (OMINI) 1638. FECERVNT. I. POLESEC IO (SEPH) ET OL (IVIERIVS) K (ER) MORGAN"
Au total, ce sont sept inscriptions qui portent son nom, en 1638, 1641, 1645, 1653 et 1661.
Ce nom de famille est attesté 14 000 fois sur Geneanet quasi-exclusivement en Presqu'île de Crozon, et pour les hommes, le prénom Guillaume prédomine, juste après Yves.
Guillaume Perfezou, prêtre de Saint-Nic, est mentionné comme parrain en 1637, 1639; 1645; 1654.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
L'auteur de référence en matière de sablières bretonnes est Sophie Duhem, par sa thèse publiée aux Presses Universitaires de Rennes en 1988. Elle y donne (p. 334) les dates des les trois ensembles de sablières de la paroisse de Saint-Nic, celles de l'église Saint-Nicaise (1562, XVIe), de la chapelle saint-Côme (1641, 1646, 1661 et 1670) et de la chapelle Saint-Jean (1653), elle en relève précisément les inscriptions (page 321), et consacre un paragraphe page 146 aux sculpteurs de Saint-Nic (1641-1670).
Les sablières de la chapelle Saint-Jean sont commentées page 283 : "En 1670, à la chapelle Saint-Nic (Chap. St-Jean), le sculpteur Jean Roignant représente des dragons et des oiseaux au milieu de formes végétales". Mais le charpentier Roignant qui a laissé sa signature à Saint-Nic se prénomme Alain, et c'est à Saint-Côme qu'il inscrit son nom sur la porte nord avec la date de 1675 (ainsi que sur la tribune de l'église, sans date). J'ignore de quelle source provient ce "Jean Roignant".
On lit page 146, après la description stylistique des sablières de Saint-Côme par Olivier Guillosou et Jacques "Bolesec" en 1641 et 1646 , ceci :
"Un autre compagnon se joint aux ouvriers une dizaine d'année plus tard, pour exécuter un ouvrage de même goût dans le bas-coté sud de l'église. Une poutre précise l'époque (nous sommes en 1661) et l'une des factures identifie le nouvel artisan : il s'agit d'Alain Roignant, qui reproduit fidèlement les thèmes sculptés par ses compagnons mais pour un résultat plus médiocre que tente de camoufler une excessive décoration de stries, d'encoches et de points. L'artisan a visiblement été formé aux « méthodes » des sculpteurs et familiarisé avec les images de l'atelier.
Son activité ne débute pas en 1661 puisqu'il exerce déjà son métier en 1653. il réalise à cette époque les décors sculptés de la chapelle Saint-Jean, toujours pour le recteur Guillaume Perfezou. Ses déplacements le conduisent à quelques kilomètres de là, dans la paroisse de Trégarvan qui l'emploie à l'ornementation de la charpente. La date de réalisation de cet ensemble n'est pas connue ; elle est probablement contemporaine des travaux de Saint-Nic et de l'achèvement des reliefs du bas-coté nord en 1670."
Il est certain que le rapprochement entre les deux ensembles de sablières des deux chapelles bâties ou couvertes dans les mêmes décennies sous le même recteur s'impose.
À Saint-Côme, il y eut un premier chantier en 1641 au début de la nef côté nord (première travée), sans nom de chapentier, puis un deuxième chantier en 1646 (deuxième et troisième travée) durant lequel Jacques Polesec et Olivier Guillosou étaient les charpentiers. Les sculptures des sablières y sont de qualité soignée. Pour le côté sud de la nef, la première tranche se déroula en 1645 sur les quatre derniers piliers.
Les bas-côtés furent réalisés, au sud, en 1661 , et au nord en 1675 : c'est sur ce bas-côté nord, sur la dernière pièce, qu' on trouve une inscription AL. ROIGNANT FAB[rique] ET CHARP[pentier] l'AN 1675. La porte nord porte également l'inscription AL: ROIGNANT F: 1675.
Ce n'est donc qu'en 1675, 34 ans après les premiers travaux sur la charpente de Saint-Côme, qu'Alain Roignant est mentionné comme charpentier. La qualité des sculptures est plus rustique.
Les éléments stylistiques de ces sablières de Saint-Jean (1653) et de Saint-Côme (1675) se retrouvent aussi dans l'église de Trégarvan en 1670-1676.
On les retrouve aussi vers 1659 dans l'église de Landévennec.
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On y trouve le même contenu thématique assez simple ou répétitif:
-frises "eucharistiques" aux oiseaux picorant les raisins de rinceaux de vignes.
-têtes d'angelots encadrés d'ailes.
-couple de dragons affrontés aux têtes liées ensemble par un anneau de corde.
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Et on y trouve les mêmes éléments stylistiques "rustiques" où les figures sont dégagées du bois à coups de gouges aux arêtes encore visibles et souvent peu atténués par ponçage, et où les outils de menuisiers (tarière notamment) sont largement utilisés pour la structuration ornementale des volumes. :
a) Pour les dragons :
les écailles du corps traités, selon les zones, par deux entailles différentes, soit en coup de biseau, soit en ligne irrégulière et sinueuse.
Les plages du corps lisses, dépourvues d'écailles,
les langues dont le caractère épineux est figuré par un aspect foliaire (absent à Saint-Jean).
Le fouet des queues traité comme des épis ou des grappes.
Les trous des pupilles.
b) pour les oiseaux et raisins :
c) pour les personnages des blochets (absents à Saint-Jean sauf les 4 évangélistes du carré du transept, assez différents) :
Tête bilobée par des joues rondes au dessus d'un menton en galoche ou godet
Vêtement stylisé, non réaliste.
Trous d'ornementation pour les yeux, la collerette et la ceinture. les trous forés assez profondément pour représenter les yeux et les boutons. Ils sont soigneusement exécutés, très réguliers, et nous allons les retrouver régulièrement. J'émets l'hypothèse qu'ils ont pu servir de mortaise pour des éléments décoratifs colorés.
La collerette en larges pétales , comme celle d'un Pierrot, se retrouve sur les blochets de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic (bas-côté sud, 1661), mais non à Saint-Jean, où on note des camails à bords crénelés.
Au total, je préfère parler prudemment d'un "maître de Saint-Nic", anonyme, actif de 1641 à 1676, même si il correspond probablement à Alain Roignant, "charpentier" (tribune de l'église), qui apparaît à Saint-Côme comme fabricien et charpentier mais non sculpteur.
Un Alain Roignant bien connu des généalogistes est né à Saint-Nic en 1629, s'est marié en 1655 avec Marie Bihan (1629-1690) et a eu une fille, Marguerite (1661-1721). Il est décédé à Saint-Nic en 1709 à 80 ans, au village de Nezert (bms).
Sur les réalisations du Maître de Saint-Nic (1641-1676) [Alain Roignant] :
Une première pièce de bois nous offre deux dragons affrontés, et une deuxième un pampre tenu par des oiseaux, et dont les grappes sont picorées par d'autre.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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Deux dragons affrontés, aux cous reliés par un anneau, et la tête tournée vers leur queue.
Le thème des deux dragons aux têtes reliées par une boucle est courant, notamment en sculpture sur pierre par les frères Prigent.
On le trouve dans l'église de Saint-Nic, coté nord de la nef, au dessus de l'inscription M. Le Parlant : Fa[bricien] 1566. Mais ceux-ci sont feuillagés, ailés, sculptés avec finesse et détail : ils sont dus au Maître de la nef de Plomodiern actif de 1544 à 1566.
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On le trouve, dans un traitement bien différent, sur les sablières de la chapelle Saint-Côme, soit au fond de la nef (première photo ), soit sur le coté nord de la nef au dessus de l'inscription IAC POLESEC ET OL GVILLOSSOV , soit sur le bas-coté sud (2ème photo infra) associé à la date de 1661. Jacques Polesec et Olivier Guillosou sont les fabriques commanditaires du chantier, et non les sculpteurs.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mai 2023.
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Pampres tenus par des oiseaux, et dont les grappes sont picorées par d'autre.
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On le trouve à l'identique sur les sablières du bas-coté nord de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien, au dessus de l'inscription AL[ain] ROIGNANT FAB[ricien] ET CHARP[pentier] 16--" La date a été lue comme 1670 (Couffon), 1673 ou 1675.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Le bras sud du chœur, côté est.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Pampre centré par une tête d'angelot (1).
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Les sablières du coté sud du chevet.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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Le chœur côté droit : un cartouche à cuir découpé au motif des cinq plaies.
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C'est la pièce la plus intéressante, et qui a été mentionnée par tous les auteurs. Elle dénote avec le reste du décor sculpté d'une part parce que c'est la seule représentation religieuse, d'autre part car on ne la trouve pas dans les autres sanctuaires de la paroisse, et enfin parce que, au contraire, elle trouve son modèle précis chez un sculpteur de sablière bien documenté, le Maître de Pleyben (1567-1570).
a) le fond.
Ces "cinq plaies" sont portées par un cartouche, ou plus précisément par un "cuir découpé à enroulement", typique de l'art bellifontain introduit en France par le Primatice à Fontainebleau vers 1532.
En Basse-Bretagne, ce motif Renaissance semble avoir été introduit lors de la construction du château de Kerjean à Saint-Vougay, dans le Léon, soit en sculpture sur pierre pour ce château, soit en sculpture sur bois pour les sablières de sa chapelle seigneuriale (vers 1570), mais aussi pour celles des églises de Pleyben (v.1571), de Saint-Divy (v.1570), de Bodilis (1567-1576), de Roscoff et pour celles de la chapelle de Sainte-Marie-du-Ménez-Hom (v.1575).
L'une des caractéristiques des cuirs découpés de l'auteur de ces sablières, (qui a reçu le nom de convention de Maître de Pleyben) est d'être perforés de trous (virtuels) par où passent des cordages, ces derniers étant tendus par des anges ou autres personnages.
Or, ce cuir découpé de la chapelle Saint-Jean présente ces orifices, par où se faufilent des sangles marqués d'entailles en I, sangles qui se prolongent latéralement en s'élargissant et se dédoublant.
Nous remarquerons que Sainte-Marie-du-Ménez-Hom est distante de 5 km de la chapelle Saint-Jean. Pleyen est situé à 28 km.
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b) le thème.
C'est celui des cinq plaies infligées au Christ lors de sa Passion, celles des clous des mains et des pieds lors de la Crucifixion, et celle du cœur, renvoyant au coup de lance final porté sur la droite du thorax par un soldat romain.
Ce thème christique est représenté à Kerjean dans le chœur :
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Il est présent aussi à Pleyben, toujours dans le chœur, mais aussi dans le transept sud.
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Il est présent encore à Bodilis, à nouveau deux fois :
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c) le contexte.
Les quatre évangélistes en blochets autour du transept ou du chœur sont présents à la chapelle Saint-Jean tout comme dans la chapelle de Kerjean, ou à Pleyben, ou à Saint-Divy, etc.
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Les influences du travail du Maître de Pleyben sont donc évidentes sur cette pièce de sablière et sur son cantonnement par les quatre évangélistes. Les conséquences à en tirer restent à discuter, après avoir évalué si cette pièce est de la même main que les autres, donc de la même datation vers 1653 et attribuable à l'atelier actif à la chapelle Saint-Côme entre 1641 et 1670, et notamment à Alain Roignant, ou si elle relève d'un autre atelier.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Le chœur côté gauche : suite de rubans reliant une tête cornue de face et une tête animale (dragon? ) de profil.
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Nous retrouvons les rubans ou lanières feuillagées marquées de suites de I (IIIIIIIIIII) de la même main que la pièce précédente, et relevant de la même influence stylistique propre au Maître de Pleyben.
La tête cornue crachant les lanières ressemble à celle du centre de la pièce N3 de Saint-Côme.
L'essence de bois me semble (??) plus précieuse que celle des pièces des bras du choeur.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Les sablières du bras nord du chœur.
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du côté est : deux têtes d'angelots ailées, de chaque côté de l'entrait.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Du côté ouest : une tête d'angelot, ailée, au milieu d'une frise de vigne picorée par des oiseaux.
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On retrouve le contour bilobé du visage de l'ange.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Les blochets du carré du transept : les quatre évangélistes.
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J'ai pensé qu'il ne s'agissait pas d'un travail attribuable à "Alain Roignant" ou son atelier. Mais pourtant, les camails à bords découpés, le visage bilobé de l'ange de saint Matthieu, et les barbes peignées en arborescence, rendent recevable l'hypothèse.
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a) Saint Luc.
Il est barbu (ce n'est pas saint Jean) et il a les pieds nus (c'est un apôtre ).
Il est assis et il écrit (il a perdu sa plume) sur un livre : c'est un évangéliste .
Un lion montre sa tête. C'est saint Marc. Mais n'est-ce pas plutôt une tête de taureau, au front frisé ? C'est saint Luc.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Saint Jean.
On reconnaît l'aigle entre ses jambes. Ses épaules sont couvertes par un camail à découpes rectangulaires. Il a perdu son stylet, mais on distingue sa posture écrivant sur un livre.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Saint Marc.
Au lieu de d'un des quatre symboles du Tetramorphe, nous trouvons une fleur ; ou bien une facies léonin. De toute façon, c'est un évangéliste, barbu, en train d'écrire son œuvre.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Saint Matthieu et l'homme.
On recommence :
Il est barbu (ce n'est pas saint Jean).
Il est assis et il écrit (il a perdu sa plume) sur un livre : c'est un évangéliste .
Un petit homme tient le livre des deux mains. C'est saint Matthieu.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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L'about central, ou clef pendante.
Elle a la forme traditionnelle (carré du transept de l'église de Pleyben) d'un parallélipipède rectangle dont les quatre faces abritent un personnage. Celui tourné vers le sud est barbu et porte une couronne, cela pourrait être le Christ. Les autres faces sont peu distinctes.
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La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 25 mai 2023.
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Les entraits à engoulant et nœud et les abouts de poinçons feuillagés.
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Les entraits, ou poutres transversales, sont à engoulants, c'est à dire sculptées de gueules de dragons à leurs extrémités. Mais le milieu des poutres sont également sculptées en gueules affrontées.
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LES ÉLÉMENTS MOBILIERS : STATUES ET TABERNACLE.
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La Vierge à l'Enfant. Bois polychrome, XVIe siècle.
Hauteur 146 cm, largeur 42 cm, profondeur 22 cm. Statue d'applique, petite nature.
La Vierge est couronnée, souriante, et porte un voile à plis tuyautés, un corsage gris lisse et une jupe plissée rouge . Jésus, présenté face aux fidèles, porte une tunique blanche.
(notez les traces de peinture murale ocre sous l'enduit).
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La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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Saint Jean-Baptiste (pierre polychrome, XVIIe), dans une niche (bois polychrome).
Hauteur : 1,80 m, largeur 60 cm, profondeur 38 cm. Inscription sur la base : S [J] EHAN B.
Les éléments d'identification sont la barbe longue, les cheveux longs, le manteau en poils de chameau (franges aux manches), et bien-sûr l'Agnus Dei, l'Agneau posé sur le livre tenu sur l'avant-bras gauche et qui représente le Christ et son sacrifice. L'index droit prophétique désignant l'Agneau est un attribut à part entière du Précurseur.
Mais ici, l'index, qui passe derrière le museau, semble s'introduire dans la bouche de l'animal.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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Saint Jean-Baptiste, dit Sant Yann bihan (le petit saint Jean). Bois polychrome, XVIIIe.
Statue d'applique, demi-nature, à revers plat, de 80 cm de haut et de 22 cm de large.
Même représentation que la statue n°1, mais la peau de chameau forme la robe, serrée par une ceinture , et qui est recouverte d'un manteau bleu. La tête du chameau recouvre le pied gauche... L'index droit est brisé. La jambe droite nue, et les pieds nus, mettent en évidence le statut érémitique du saint.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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Une statuette de procession, buste de saint.
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Saint Joseph.
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Une pietà en bois.
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Le tabernacle à colonnettes et quatre panneaux des évangélistes. Bois polychrome, milieu XVIIe siècle.
Le tabernacle trapézoïdal à trois panneaux est posé sur l'autel de granite panneau central est orné de la Sainte Face et du calice eucharistique, et les deux panneaux latéraux de saint Tugen à droite et d'un saint évêque ou abbé tenant un livre (saint Guénolé ?).
Les décors en bas-reliefs des panneaux de la prédelle représentent de gauche à droite saint Matthieu (homme), saint Marc (lion) , saint Luc (taureau ailé) et saint Jean (aigle).
En arrière-plan, la balustrade du milieu du XVIIe, longue de 5,14 m et haute de 2,18m, avec ses deux niveaux, le premier composé de panneaux taillés juxtaposés, et le deuxième niveau composé d'un rang de balustres ; trois traverses occupent toute la largeur ; 2 portes latérales reprenant les mêmes éléments. L'ornementation associe plis en serviette, denticules, dents de scie et écaille..Notice Palissy. inscrit MH 09/01/2003.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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Une vue latérale montre saint Matthieu accompagné d'un jeune homme, saint Marc avec son lion, et saint Tugen tenant une clef de la main gauche et bénissant un chien qui montre ses crocs à ses pieds (il est invoqué contre la rage).
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Saint Tugen.
Saint Tugen.
Saint Tugen.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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La clôture de chœur (placée ici en bordure d'autel).
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C'est une claire-voie à fuseau sur la moitié supérieure, au dessus de panneaux en plis de serviette, et dotée de portes latérales. Elle ne comporte aucune inscription. Certains panneaux ont été remplacés.
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La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
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Vues générales de la chapelle vide. Son sol battu, son état en 2023.
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La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 235 mai 2023.
"Première campagne 16e siècle, partiellement datée 1591, inscription transept : " B10F FA 1591 MORICE L F ". Charpente et sablières en 1653 pour G. _Perfezou recteur de Saint-Nic, portent l'inscription : " M. GUIL PERFEZOU REC M KVAREC FA 1653 ". Calvaire en 1645. Clocher milieu 17e siècle. Fontaine en 1712"
1591 ; 1645 ; 1653 ; 1712 .
Un vaisseau, plan en croix latine. granite ; grès ; appareil mixte ; moellon toit à longs pans ; pignon découvert ; noue ; flèche en maçonnerie
"2766. Saint-Jean, g. k. 5,50 m. 1645. Trois degrés, corniche. Socle cubique. Fût à pans. Croisillon, culots à godrons: M. GVILL. PERFEZOU RECTEUR IE. B. BOLEZEC F. 1645, statues géminées: Vierge-saint, Jean-Jean le Baptiste. Croix, fleurons, crucifix." [YPC 1980]
Edifice en forme de croix latine remontant au XVIe siècle, remanié au XVIIe et restauré au XIXe (1817 au-dessus de la porte sud). Clocheton amorti par une flèche à crochets et gables ajourés. Marches d'escalier sur le rampant sud. Il est lambrissé avec entraits engoulés et sablières sculptées : flore, oiseaux, dragons affrontés et, dans le choeur, sur le côté nord, cartouche contenant l'emblème des Cinq Plaies. La poutre transversale du haut de la nef porte l'inscription : "M. GVIL. PERFEZOV RECT. M. KVAREC. FA. 1653."
Mobilier : Maître-autel de pierre : le retable bas porte dans des médaillons les figures en bas-relief polychrome des Evangélistes. Le tabernacle est ouvragé : Sainte Face sur la porte, et, entre des colonnettes, en bas-relief, saint Tugen avec clef et chien dans le panneau de gauche et un évêque dans celui de droite. Derrière le retable, une haute balustrade donne accès, par deux portes à balustres, à une sacristie qui occupe le chevet.
Statues anciennes - en bois polychrome : Vierge à l'Enfant, Pietà, saint Joseph, saint Jean-Baptiste dit Sant Yann Bihan ; - en pierre polychrome : autre saint Jean-Baptiste, de haute taille, dans une niche à colonnettes et fronton, et un saint évêque (Philibert ?).
Dans la sacristie, vieille armoire massive à quatre portes, en mauvais état. Près de la chapelle, calvaire relevé vers 1950 ; il porte l'inscription : "M. GVILL. PERFEZOV. RECTEVR. IE. B. POLESEC. F. 1645." Fontaine voûtée en anse de panier et datée 1712.
— DANIEL (Tanguy) "T.D" (*), 2002, article sur la restauration de la chapelle Saint-Jean-Baptiste pour le Cahier 15 de La sauvegarde de l'art français, Numéro 15 , Picard, 2002, pages 190-192.
(*) très vraisemblablement Tanguy DANIEL, Professeur d'histoire et géographie (en 2005). - Président honoraire de la Société archéologique du Finistère (en 2005)
— DUHEM (Sophie) 1998, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 390 pages. Saint-Nic pages 19, 24, 25, 29, 36, 95, 100, 113, 119, 143, 146, 147, 183 (médaillons), 218, 242, 257 (les évangélistes de la chapelle Saint-Jean), 283 (chap. St-Jean), 299, 321 et 334.
http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=781
— DILASSER (Maurice), 1979, La chapelle Saint-Jean in Un pays de Cornouaille Locronan et sa région. Paris, Nouvelle Librairie de France. page 632.
"Sise au bord de la route de la Presqu'île, la chapelle peut remonter au XVIe siècle mais fut modifiée et restaurée ensuite, comme l'indiquent les dates de 1653, accompagnée du nom de M. Guil. Perfezou, l'infatigable recteur de Saint-Nic, ou de 1817 sur la porte sud et de 1873 sur la charpente. C'est une construction grossière faite de moellons tirés du Ménez-Hom (grès, granite et schistes), édifiée en forme de croix latine. Le clocheton du mur ouest garnie de crochets boursouflés et accompagnée de pinacles et de pots à feu à l'étroit sur leur plate-forme.
·À l'intérieur, la voûte est lambrissée avec entraits, dont l'un est engoulé par des dragons. Les sablières sont sculptés en forme de monstres, d'angelots d'oiseaux qui picorent. Un cartouche présente, comme au chevet de Ploaré et sur une sablière de Kerlaz, les stiggmates des pieds, des mains et du cœur. Des blochets, taillés en forme d'évangélistes, proposent un thème que l'on retrouvera en bas-relief sur le retable polychromé. Une Vierge Mère (bois polychrome) paraît aussi ancienne que la chapelle, ainsi que l'un des deux saints Jean-Baptiste (pierre polychrome). Dans un recoin qui sert de sacristie, derrière une balustrade, est rangée une statue mannequin faite pour être habillée."
— OLIVIER ( Corentin), 2014, Les charpentes armoricaines : inventaire, caractéristiques et mise en œuvre d’un type de charpente méconnu, Mémoire de master 2, Université Rennes 2, sous la direction de Pierre-Yves Laffont et Vincent Bernard, 2014, 410 p.
— OLIVIER ( Corentin), 2016, « L’archéologie des charpentes anciennes (xive -xvie siècles) au service de la connaissance des forêts du Massif armoricain », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t XCIV, 2016, p. 109- 121.
— PARCHEMINOU ( Corentin), 1930 “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,”
Celle-ci est à deux kilomètres du bourg, sur le bord de la route de Crozon. Moins belle que la chapelle de Saint-Côme, la chapelle de Saint- Jean est pourtant loin d'être indifférente. Elle possède un petit clocher bosselé, de jolies portes gothiques et des fenêtres flamboyantes. A l'intérieur, les poutres transversales sont tenues comme à Saint-Côme par des gueules de monstres. Une frise sculptée court au haut des murs : plantes, vignes avec feuilles et grappes que picotent des oiseaux, dragons accouplés par une corde au cou, anges aux ailes déployées, sorte d'écusson allongé portant l'emblème des Cinq Plaies : deux mains et deux pieds transpercées et un cœur. Au carré du transept, aux quatre coins, on voit dans la frise quatre personnages à longue barbe, tenant chacun un livre ouvert. Le premier est assis sur les épaules d'un génie qui lui enserre les jambes ; un autre sur un génie qui élève les bras pour tenir le livre comme un lutrin ; un autre est assis sur les épaules d'un génie affreusement laid ; le dernier, enfin,. au lieu d'un génie, a une colombe à ses genoux. . Quatre petits personnages sont sculptés autour de la clef de voûte.
Une poutre transversale à gueules porte cette inscription : M. GVILL : PERFEZOU : REC : M. KV AREC : FA : 1653. Sur la charpente, on lit la date 1873 (réfection).
Au fond de la chapelle, on a déposé les débris de l'ancien calvaire qui ressemblait à celui du bourg. On y lit cette inscription : M. GVILL. PERFESZOV. RECTER E B. POLESEC. F. 1645.
Statues. - A l'autel principal, Evangélistes assis chacun avec son attribut : lion, taureau, aigle, homme. Sur un panneau du tabernacle, Saint Tujen avec chien et clef. Sur l'autre panneau, autre Saint avec mitre et crosse, lisant dans un livre .. Derrière l'autel, un Saint Jean-Baptiste, de stature herculéenne, portant un mouton. Cette statue est en pierre. - Vierge portant l'Enfant-Jésus. A l'autel latéral gauche : Sainte curieuse assise. La partie inférieure du corps est dissimulée par une sorte de caisse. Elle est habillée d'une vraie chemise en grosse toile. - Pieta honorée sous le nom de N. D. de la Chapelle-Neuve. - Saint Joseph. A l'autel latéral de droite : Saint Philibert, mitré et crossé. - Saint Jean-Baptiste (appelé Sant Yann Bihan parce que plus petit que l'autre statue) portant un agneau. A ses pieds une tête de loup (?). Toutes ces statues sont en bois, excepté celles de Saint Philibert et de Saint Jean-Baptiste. Non loin de la chapelle se trouve la fontaine dn Saint. Elle porte la date 1712, derrière le fronton."
Dans la paroisse de Plougasnou, Saint-Jean-du-Doigt était un lieu de pèlerinage très renommé en raison de la possession depuis 1437 d'une relique de l'index de saint Jean-Baptiste. L'affluence était telle, notamment lors du grand Pardon de juin, qu'il fallut construire un oratoire, ouvert sur trois côtés et doté d'un autel, au haut du cimetière pour que les fidèles puissent assister à la messe.
La construction, décidée le 26 août 1576, fut confiée en 1577 à l'architecte Michel Le Borgne : elle se fit sous sa direction et celle de Pierre Guyader, en français Pierre Texier, l'un et l'autre qualifiés tailleurs de pierre. Elle fut terminée en 1577 quant à la maçonnerie de granite. La charpente et les sculptures furent alors confiées à Yvon Le Lavyec, qui en dressa le devis, et à Raoul Begyvin, ouvrier du pays.
À l'est, un oculus éclaire l'autel jadis orné des statues du sculpteur morlaisien Jacques Chrétien.
Les qualités architecturales de cet édifice Renaissance furent soulignées par de nombreux auteurs (cf. Sources et liens).
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Les sablières elles-mêmes, qui font le tour de l'oratoire sur ses quatre côtés, furent elles aussi décrites, mais de façon générale :
"Les fermes sont entretoisées par deux entraits engoulés et dissimulés par un lambris en berceau brisé, cloué sur quatre aisseliers dans la partie droite, six arêtiers au chevet, cinq du côté de l'entrée et une lierne centrale. Les sablières sculptées, qui font à l'intérieur le tour du monument, sont interrompues par des bustes saillants d'anges portant des écus ou les instruments de la Passion et sont traitées avec cette fantaisie si répandue dans le pays à cette époque." (De Kergrist 1896)
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"Les sablières sculptées, qui font à l'intérieur le tour du monument, sont interrompues par des bustes saillants d'anges portant des écus ou les instruments de la Passion et sont traitées avec cette fantaisie si répandue dans le pays à cette époque.
L'artiste a figuré au chevet des petits personnages arrachant la langue ou mordant la gueule de dragons, marchant sur la tête ; ailleurs, un ivrogne, des personnages allongés dans le sens de la poutre, dont l'un se tient le pied, un homme luttant avec un chien, deux autres se battant entre eux et, çà et là, des motifs décoratif, tels que monstres, chimères, « rencontres » d'animaux (bœuf, lion) dans des cartouches." (De La Barre de Nanteuil)
"A l'intérieur, petit autel en pierre, deux entraits à gueules de dragon et sablières sculptées à cinq blochets." (Couffon 1988)
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La description de Sophie Duhem, dans l'ouvrage de 1997 qui rend compte de sa thèse sur les sablières de Bretagne est plus détaillée :
"Les sablières de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt sont tout à fait intéressantes et uniques dans leur genre. L'ensemble présente des motifs isolés, dont des masques, des végétaux, et des cuirs alternant avec des saynètes sculptées à l'intérieur de médaillons. L'état de conservation rend malaisée l'identification des personnages : on reconnaît cependant Hercule qui étrangle le lion de Némée. (figure 116)(*)
(*) Curieusement, la photographie n° 116 page 184, où figure le médaillon qui débutera ma présentation côté sud, est légendée ainsi: « Plougasnou,. Oratoire. Anonyme, 1er quart XVIIe siècle. Décor de style renaissant. Samson et le lion. »
"Sans doute est-ce le héros qui apparaît sur la scène suivante, dans un combat à bras nus l'opposant à un autre personnage, peut-être Diomède, à moins qu'il s'agisse de Cacus, l'être monstrueux.
Ces images sont associées à des figures chrétiennes, notamment à Isaac et Abraham, et à Lucrèce étendue, le couteau planté dans la poitrine. Ce tableau est complété par l'image d'un personnage allongé dans une position lascive, que nous n'avons pas identifié.
Malgré la diversité des scènes et motifs sculptés, cet ensemble original présente un programme relativement élaboré, peu commun dans la décoration des charpentes. Mais comment interpréter les choix du sculpteur ? Doit-on considérer ces figures comme les représentations allégoriques des combats et sacrifices qui attendent le chrétien dont la foi est mise à l'épreuve, ou l'artisan s'est-il simplement contenté de recopier quelque modèle en sa possession, peut-être sur la demande du commanditaire ?" (S. Duhem p. 184-185)
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Enfin, le site Infobretagne propose 22 photographies des sculptures de la charpente par Roger Frey, soit un relevé presque exhaustif, mais sans description ou interprétations.
Je propose dans cet article un relevé complet des pièces de sablières de l'oratoire.
a) Je décrirai ces pièces les unes après les autres, mais je suis confronté au même embarras que Sophie Duhem pour décrire les sujets. Je serai même plus prudent dans mon interprétation, et je n'ai su reconnaître (les sculptures se sont peut-être dégradées en trente ans, et mes conditions d'éclairage étaient médiocres) ni Abraham, ni Isaac. Je découvre bien une femme allongée tenant un poignard, et l'hypothèse d'y voir Lucrèce est plausible. Je proposerai une hypothèse pour le "personnage allongé dans une position lascive".
Quand à l'interprétation des choix du sculpteur, je penche vers l'hypothèse que l'artisan, ou le commanditaire, a puisé dans un catalogue thématique : en effet, le recours à un tel catalogue est manifeste dans le choix du décor.
b) C'est l'examen du décor qui m'apparaît riche d'enseignement. En effet, il occupe une place majeure, bien plus importante en surface occupée que les sujets eux-mêmes, et il reprend tous les motifs ornementaux de la Renaissance, ce qui prouve que le sculpteur d'origine locale (Plougasnou ou Saint-Jean-du-Doigt) connaît parfaitement ce vocabulaire, soit par sa formation en France ou du moins en Bretagne, soit par les catalogues qui lui ont été fournis. Mais il le traite de façon originale, et avec une maîtrise très sûre.
On trouve ici en effet des médaillons, des masques crachant des végétaux, des rubans marqués de hachures en I, des entrelacs géométriques, des volutes, mais surtout, avec profusion, des cartouches à cuirs découpés à enroulement.
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Rappel : un cartouche est un cadre destiné à recevoir une inscription, des armoiries ou un motif. Il imite souvent un rouleau de papier déployé (une carte) aux bords encore enroulés. Il est en vogue en France dans les ornements ( boiserie, stucs) depuis la Grande Galerie de Fontainebleau.
Un cartouche à cuir découpés et enroulement imite, en Italie où il apparaît, une peau de tanneur dont les bords s'enroulent sur eux-mêmes, puis il s'enrichit de découpes périphériques géométriques ou en volutes, puis de découpes centrales, souvent traversées par des rubans qui semblent servir à les suspendre.
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Ces cartouches, sous forme de simples encarts rectangulaires à "poignées" latérales, apparaissent dans les sablières du Finistère réalisées par le Maître de la nef de Plomodiern (Sophie Duhem le nomme Jean Brélivet, tandis que je considère que c'est là le nom du fabricien) au milieu du XVIe siècle notamment à Plomodiern, Saint-Nic, Pont-Croix.
Mais les cartouches à cuir découpé à enroulement apparaissent plus tard dans les sablières de Basse-Bretagne, associés aux autres motifs Renaissance, dans les réalisations du Maître de Pleyben, à l'église de Pleyben vers 1571, à la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom en Plomodiern en 1575, à Saint-Divy entre 1570 et 1580, et, avec splendeur, dans la chapelle seigneuriale du château de Kerjean à Saint-Vougay. On les retrouve aussi à Bodilis vers 1567-1576, à la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal, ou à Roscoff.
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Autrement dit, la présence de cartouches à cuir découpés à enroulement sur les sablières de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt, dans des formes très complexes plus élaborées encore qu'au château de Kerjean, incitent à envisager les liens et influences entre le charpentier-sculpteur local et l'équipe de charpentiers active à Kerjean, à 45 km au sud-ouest.
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Le sculpteur Raoul Begyvin.
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Les archives fournissent des renseignement précis sur les comptes du chantier de l'oratoire, et nous indiquent le nom du charpentier-sculpteur qui fut choisi par le charpentier Yvon Le Layec : Raoul BEGYVIN. Il faut rapprocher cette graphie de celle du nom BEGUIVIN, parfaitement attesté en Bretagne et tout particulièrement à Plougasnou et, plus tard, à Saint-Jean-du Doigt. (Geneanet). Nous pouvons donc être certain que cet artisan était local.
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Je place ici deux calques essayant de faire mieux visualiser les cartouches, leurs découpes et leurs enroulements. Mais il y a presque autant d'enroulement que de bigoudis sur une mise en plis des années 1950. Ou 60.
En rouge, le motif : qui ne prend pas vraiment toute la place.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.
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Vue générale du côté est de l'oratoire.
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On voit la charpente partiellement lambrissée, l'un des entraits à engoulants, trois blochets (des anges dont l'un présente la couronne d'épine), et six pièces de sablières. Celle par laquelle je débute ma description est à l'extrême droite.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Je débute ma description par le milieu du côté sud, et je ferai le tour de l'oratoire jusqu'à mon retour au point de départ.
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Première pièce, côté sud.
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Avant de s'interroger sur le contenu du premier médaillon, nous pouvons constater l'importance données aux volutes dont les spires répondent aux enroulement des cartouches. Malgré l'usure, nous voyons le nombre des petits rouleaux ou cornets formés par les découpes du "cuir".
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Dans le médaillon, un personnage debout affronte un lion dressé sur ses pattes arrières, et dont l'arrière-train semble cerné par une ceinture. La tête du lion se confond avec celle du lutteur. On peut y voir Hercule et le lion de Némée, ou bien Samson tuant un lion à mains nues dans Juges, 14:6.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Dans cette scène, deux hommes luttent. L'un est à terre et repousse son adversaire en plaçant son pied dans l'entre-jambe. L'autre, qui domine pour l'instant, repousse du pied, jambe tendue, l'épaule de son petit camarade. On ne peut dire s'ils sont nus, je crois qu'un pied est chaussé.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Dans ce médaillon, ce sont peut-être des serpents qui s'enroulent en formant des huit. Ouroboros ??
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Malgré la virulente attaque des vrillettes, je devine, au centre, une tête dont le front est ceint d'un bandeau noué de chaque côté, et qui fait ensuite le tour du menton. C'est un thème extrêmement fréquent de l'ornementation Renaissance.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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L'angle sud-ouest.
Sur un départ de poutre d'angle, qui a été sciée, un entrelacs.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Ce médaillon est pour moi un vrai test de Rorschach : je ne me hasarde pas à rendre public mon interprétation.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Les cuirs découpés, encore et toujours, foisonnants, et tous différents.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Un visage peut-être au centre de ce très beau cartouche ?
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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L'angle nord-ouest.
Un nouveau poteau d'angle aux entrelacs, surmonté d'un ange.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Un personnage allongé.
Il est coiffé d'un bonnet, peut-être barbu, et vêtu d'une tunique, de hauts de chausses bouffants et plissés et de bas au dessus de bottines.
Il tient dans la main gauche un objet semblable à un maillet, dont le manche est de section carré.
Mon hypothèse, purement intuitive, est d'y voir un musicien. Il tiendrait dans la main droite un objet identique au "maillet". Et j'identifie la calebasse qui est entre ses jambes comme un tambour.
La position en forme rotation de ses pieds témoignerait de ses trémoussements rythmiques.
Et pourquoi pas ?
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.
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Ensemble de cartouches aux trois lions.
Au centre, un masque de lion, encadré par deux lions de profil, gueule ouverte et langue tirée.
De tels masques sont présents sur les sablières du "Maître de Pleyben" (que je désigne, pour mon usage interne, comme "Maître de Kerjean")
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Quatre personnages : l'un est allongé, puis vient un enfant agenouillé mains jointes, puis un homme courant, le bras levé (tenant une arme), et enfin une femme allongée tenant un poignard pointé sur son ventre.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Lucrèce ? Admirez les cartouches !
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.
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Femme (?) faisant le grand écart, et tenant dans ses mains écartées les extrémités des langues de deux dragons.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Deux blochets : anges tenant les instruments de la Passion (couronne d'épines et ?).
L'ange tenant la couronne est dans l'axe médian de l'oratoire. Les sablières qui l'encadrent, et qui dominent l'oculus éclairant l'autel, sont de thème profane faisant appel au bestiaire fantastique.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Masque de lion entre deux dragons.
Le lion tient un anneau dans la gueule.
Ces "dragons" au nez retroussé sont proches des "dauphins" Renaissance. Ils portent un collier.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Créature hybride tête en bas, crachant les queues de deux dragons ailés à tête anthropomorphe, et maintenant leur longue langue dans ses mains écartées.
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On peut comparer la créature hybride à un crapaud, et son épine dorsale est hérissée de nodosités. Elle était peut-être velue. Mais ses jambes aux pieds nus, ses bras sont presque humains, tandis que sa tête est vultueuse et bestiale.
Les dragons ailés ont le corps couvert d'écailles (coups de gouge en C et en I) et sont dotés d'un appendice en forme de feuille.
Bien que ces dragons n'ont pas leur équivalent ailleurs, ils reprennent les façons de faire des prédécesseurs, et notamment de l'atelier du Maître de la nef de Plomodiern".
Cette pièce est parfaitement représentative du courant qui, depuis l'introduction de l'art de la Renaissance en Bretagne, illustre par ses chimères et ses hybridations l'attachement pour les métamorphoses entre les règnes végétal, animal et humain par contamination réciproque et dissolution des frontières.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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Tête de bouc en masque au centre d'un cartouche à évidement carré.
On admirera la façon dont les éléments humain (le cartouche = artéfact), animal (la tête) et végétal (les appendices foliaires) s'intriquent. Ainsi des langues sortent de la gueule, se transforment en larges feuilles, mais ces feuilles sont marquées de I comme des rubans et s'enroulent en cornets : ils se sont transformés en cartouches. Par la découpure de ces rouleaux de cartouche s'échappe une tige à deux feuilles et un fruit, élément totalement végétal.
De même, le cartouche central est percé de trous bien carrés (excluant une origine naturelle), traversés par les tiges de feuilles ... qui pourraient évoquer des palmes emblématiques.
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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .
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CONCLUSION.
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Les éléments de charpente sculptés (engoulant, blochets et sablières) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt ont un décor associant un encadrement Renaissance à médaillons et cuirs découpés à des personnages aujourd'hui trop énigmatiques pour qu'on puisse les interpréter (thème mythologique ? Biblique ?) et à des créatures hybrides et fantastiques.
Elles sont de première importance dans l'histoire de la sculpture de Basse-Bretagne au XVIe siècle, pour plusieurs raisons :
Par la connaissance précise de leur auteur, de la date et du contexte de leur commande.
Par les rapports qu'elles entretiennent avec les autres ensembles de sablières contemporaines, et en premier lieu avec celles du château de Kerjean, à peine antérieures, même si elles sont trop originales pour être attachées à un atelier extérieur.
Par la richesse extraordinaire de l'utilisation des cartouches à cuirs découpés, dont la première apparition en Finistère est peut-être le cartouche héraldique du château de Maillé, vers 1545.
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SOURCES ET LIENS.
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—COUFFON (René), Le Bars (Alfred), 1988, "Saint-Jean-du-Doit", Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper.
Oratoire du cimetière (Couffon)
"Sa construction fut décidée par les paroissiens le 26 août 1576. Il fut exécuté par l'architecte Michel Le
Borgne en 1577 (millésime au-dessus de la porte). C'est un charmant édicule ouvert sur trois côtés permettant de célébrer la messe en plein air les jours d'affluence. Les petits piliers en gaine, posés sur un soubassement, soutiennent une toiture à quatre pans couronnée d'un clocheton. A l'intérieur, petit autel en pierre, deux entraits à gueules de dragon et sablières sculptées à cinq blochets."
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 1997 - 385 pages, pages 36,44, 72, 109, 184.
—KERGRIST (François de), 1896, L'église de Saint-Jean-du-Doigt (S.F.A. - C.A., 1896). -L'église de Saint-Jean-du-Doigt, histoire et description (Caen, 1899).
Oratoire. — Le cimetière renferme un monument dont l'histoire est élucidée grâce à M. de La Rogerie. C'est une petite chapelle ouverte sur trois côtés, qui permettait aussi de célébrer les offices en plein air les jours d'affluence tout en mettant le prêtre à l'abri des intempéries. Ce avantage expliquerait assez l'abandon et la destruction consécutive de la plate-forme de l'entrée.
Palustre pensait qu'on n'y disait la messe que le jour des morts. M. Le Guennec a justement conclu d'une appellation ancienne, « l'oratoire du sacre », qu'elle servait de reposoir le jour de la Fête-Dieu [Note : M. de la Rogerie a fait remarquer qu'à Plouzelambre, un oratoire du XVIIème siècle, analogue, quoique plus simple, est appelé le reposoir]. Il est probable qu'on l'utilisait, en outre, chaque fois qu'il était utile, et notamment les jours de pèlerinage.
L'honneur de la fondation en revient aux paroissiens, qui résolurent, le 26 août 1576, d'ériger un oratoire au bout « susain » du cimetière. Maître Michel Le Borgne, architecte, que nous retrouvons à la tour Saint-Mathieu de Morlaix, fit le « pourtraict et prothocole » de l'œuvre. La construction se fit sous la direction dudit Le Borgne et de Pierre Guyader, en français Pierre Texier, l'un et l'autre qualifiés tailleurs de pierre, et fut terminée en 1577 quant à la maçonnerie. Le granit employé provenait des carrières de l'île Grande et de Trevezvor.
La charpente et les sculptures furent alors confiées à Yvon Le Lavyec, qui en dressa le devis, et à Raoul Begyvin, ouvrier du pays.
La couverture, remplacée depuis, se fit d'un mélange habile de grosses ardoises de la région et d'ardoises fines d'Angleterre. Enfin maître Aubin Morin, pintier, couvrit le clocheton, « l’aiguillon » de lames de plomb, qui furent transportées par terre « à cause de la dorure ». Une cloche y fut pendue et une croix, avec une girouette en forme de croissant, en termina la pointe. Un peintre-verrier, nommé Salaun Geffroy, vitra l'oculus du chevet et Jacques Chrétien, statuaire à Morlaix, meubla l'oratoire de « deux imaiges » dorées de la Vierge et de saint Jean-Baptiste.
Les consoles qui supportaient ces statues, à droite et à gauche de l'autel de pierre, en conservent le souvenir. Le mur plein du chevet, auquel cet autel s'adosse, sous un oculus profilé en doucine, dessine un hémicycle. Les trois autres côtés rectilignes qui ferment le monument sont à jour et se composent d'un bahut mouluré où s'appuient les sept balustres en gaîne de section carrée qui supportent l'entablement aux quatre angles et au milieu de chaque face. Cette dernière particularité n'a pas permis à l'architecte de placer son entrée dans l'axe. Une simple interruption du soubassement à gauche du balustre central en tient lieu.
Au-dessus, un cartouche, portant la date de 1577, coupe la torsade le long de l'entablement qui supporte la charpente du toit pyramidal. Les fermes sont entretoisées par deux entraits engoulés et dissimulés par un lambris en berceau brisé, cloué sur quatre aisseliers dans la partie droite, six arêtiers au chevet, cinq du côté de l'entrée et une lierne centrale. Les sablières sculptées, qui font à l'intérieur le tour du monument, sont interrompues par des bustes saillants d'anges portant des écus ou les instruments de la Passion et sont traitées avec cette fantaisie si répandue dans le pays à cette époque.
L'artiste a figuré au chevet des petits personnages arrachant la langue ou mordant la gueule de dragons, marchant sur la tête ; ailleurs, un ivrogne, des personnages allongés dans le sens de la poutre, dont l'un se tient le pied, un homme luttant avec un chien, deux autres se battant entre eux et, çà et là, des motifs décoratif, tels que monstres, chimères, « rencontres » d'animaux (bœuf, lion) dans des cartouches.
A droite de l'autel se creuse une petite-piscine, flanquée de pilastres gaînés et amortie par deux doubles volutes affrontées."
— LA ROGERIE (H. Bourde de la), 1909 : L'église de Saint-Jean-du-Doigt (B.S.A.F., 1909).
_ Oratoire. Tous les écrivains qui ont étudié Saint-Jean du-Doigt ont décrit le joli oratoire du cimetière : c'est une construction gracieuse et très originale : un soubassement de granit orné de quelques reliefs dans le goût de la Renaissance porte des piliers en gaine qui eux-mêmes soutiennent une frise sculptée et le toit . On célébrait probablement la messe dans cet édifice les jours de grande fête : les fidèles qui, n'ayant pu entrer dans l'église s'entassaient dans le cimetière, pouvaient ainsi assister au Saint Sacrifice.( D'après PALUSTRE, l'oratoire n'aurait servi qu'un jour pal' an: «c'est tout simplement un oratoire destiné à célébrer la messe le jour des morts.)
Les comptes donnent les renseignements les plus complets sur la construction de ce charmant monument.
—Compte de 1576-1577. Dépense de 20 sols pour frais d'un acte notarié constatant que le dimanche 26 août 1576, les paroissiens résolurent de fonder un oratoire au bout "susain" du cimetière.
7-1 s. 8 d. « payé à Me Michel Le Borgne, architecte, pour salaire d'avoir, luy et Yvon Tanguy, son compaire, esté par deux jours l'un visiter le lieu de l'œupvre et délivrer ausdits paroissiens en leur prosne le pourtraict et prothocole que ledit Borgne avait faict dudit œupvre .
50 s. au même Le Borgne, architecte, à raison de 12 s. 6 d. par jour, « pour avoir été quatre jours, tant à prendre la
place dudit oratoire, que donner instruction et pourtraicture aux autres ouvriers pour y besoigner .
. 118 s. 11 d. « pour ce que dès le ... jour de mars dernier lesdits comptables par l'advis de certains apparans personnaiges de ladite paroisse firent marché vers lesdits Mes Michel Le Borgne et Pierre Texier pour parachever l'oratoire susdit. pour 200 1. - monnoie, laquelle somme auraient lesdits paroissiens, ayant agréable ledit marché, ordonné estre payée aux ouvriers. _. payèrent en despens ausdits personnages et ouvriers , tant en concluant le marché et en dressant l'acte d'icell uy ... que en vins et despens ausdits ouvriers le jour qu'ils commencèrent et mirent les pierres fondamentales d'i cellui oratoire la somme de 118 s. 11 d.
—Comptes de 1577-1578. Le maître architecte Michel Le Borgne n'est plus appelé que tailleur de pierre, ainsi que son compagnon Pierre Guyader, dont le nom avait été traduit en français (Pierre Texier) par les comptables de l'année précédente. Les marguilliers demandèrent qu'une indemnité de 20 1. fut accordée à Le Borgne et Guyader « parce qu'il fut trouvé par les députés à voir le renable du dit œuvre que iceux ouvriers avaient fait plusieurs honnêtes décorations entour icelluy oratoire oultre leur marché . La gratification qui avait été d'abord accordée fut plus tard réduite à 101. Le renable (procès-verbal de réception de l'ouvrage) fut dressé en présence du scholastique de Tréguier, de trois gentils hommes Penanguern, Thoumelin et Kerlaziou, et de deux tailleurs de pierre Paul Bégal et Yvon Guillesser (Guillesser travailla à la construction de la tour de Plougasnou, en 1604; un de ses parents, Jean Guillasser, était menuisier et sculpteur.). La maçonnerie de l'oratoire était terminée: on dépensa 55 sous« en despens ausditz Le Borgne et Guyader et leurs compaignons après la perfection d'icelle maçonnerie pour leur vin de parachèvement ».
Yvon Le Lavyec vint dresser le devis de la charpente qui fut adjugée à un ouvrier du pays, Raoul Bégyvin.
Les sablières et les poutres de l'oratoire ont grandement souffert de l'humidité ; les frises sculptées par Le Lavyec et Bégyvin ont en partie disparu : ce qui subsiste est cependant encore fort remarquable et donne une haute idée du talent de ces imagiers .
L'édifice fut couvert en ardoises et comme la couverture est très haute, on eut soin de d'orner en employant des ardoises de forme et de natures diverses et de les disposer de façon agréable à l'œil. Il reste quelque chose de cette recherche ornementale mais aujourd'hui toute la couverture est formée de grosses ardoises du pays. En 1578, on employa aussi des ardoises bretonnes tirées de la perrière de Jehan Henry au Dourdu, mais les dessins et les imbrications furent formés d'ardoises beaucoup plus fines apportées d'Angleterre (La pierre nécessaire à la construction fut extraite des carrières de l'ile Grande et de Trévezvor ; la chaux fut apportée de Roscoff, le bois fut acheté il. l{eranCl'as, à Kerlémareè et à Kerm'ldeza: l'ardoise d'Angleterre, achetée à Morlaix, coûta 50 sous le mille, celle du Dourdu valait ...).
— Compte de 1578-1579. Sur le sommet du toit s'éleva un clocheton. Maître Aubin Morin, pintier, couvrit « l'aiguillon avec des lames de plomb qui furent en partie dorées, ce qui coûta environ 80 livres plus quelques frais accessoires: on paya dix sous pour le transport des « timbres et plomb doré que Aubin ne voulait être porté par mer à ca use de la dorure" .
Une cloche payée 18 livres, fut placée dans le clocheton, qui ne fut jamais destiné, comme on l'a dit, à abriter un fanal. Un chaudronnier vendit pour deux réaux (8 s. 4 d.) une croix et un e girouette en forme de croissant. Salaun Geffroy, peintre-verrier, plaça une vitre dans la petite fenêtre circulaire qui est au fond de l'oratoire coût 5 livres 5 sols. Une somme plus importante 36 1. 5 s. fut versée à Jacques Chrétien, statuaire à Morlaix, tant pour deux imaiges mis audit oratoire, l'une de Notre-Dame, l'autre de Saint-Jean Baptiste, que pour avoir doré lesdits imaiges, timbres ou autres choses dudit oratoire .
Quelques détaillés que soient les comptes il est impossible de savoir de façon précise ce que coûta la construction de l'oratoire. Le total ne dut guère dépense r 1100 livres ' Le revenu annuel de la chapelle était à cette époqu e d'environ 900 livres . Ce petit monument fut sans doute fort admiré dans ce pays; ca r peu après les paroissiens de Plougasnou construisirent un oratoire près de leur église et en 1611, Jeanne de Kerédan fit bâtir dans le champ des Méjou le petit oratoire de Notre-Dame de Lorette qui est encore plus élégant et plus original que celui de Saint-Jean-du-Doigt ( Un oratoire beaucoup plus simple fut construit à Plouzelambre au XVIIe siècle: on l'appelle le Reposoir. En Cornouaille et en Léon nous ne connaissons aucun édifice de ce genre : la chapelle de Notre-Dame des Fontaines à Daoulas qui s'en rapproche un peu n'est ouverte à l'air libre que d'un seul côté. - L'oratoire de Saint-Jean fut reproduit en 1900 au) .
Il est heureux que les comptes nous aient conservé les noms des auteurs de ce petit chef-d'œuvre, l'architecte Michel Le Borgne, le tailleur de pierre, Pierre Le Guyader, les charpentiers-sculpteurs, Yvon Le Lavyec et Raoul Bégyvin.
Michel Le Borgne fut en HiSI et 1582 « maître de l'œuvre de la tour de Saint-Mathieu de Morlaix. Le dessin de ce monument avait été donné en 15~8, par Yve!i. Croazec . qui dirigea la construction pendant quelques années seulement. Les maîtres qui lui succédèrent modifièrent son plan de façon fâcheuse; Michel Le Borgne paraît avoir été particulièrement mal inspiré: la construction de l'oratoire montre que cet architecte était cependant un homme de talent.
Le charpentier, Yvon Le Lavyec ou Le Layec qui vint donner le dessin de la charpente, était probablement un
Morlaisien ou un Trécorrois. On doit cependant remarquer qu'il portait le même nom que le charpentier-sculpteur Jehan Le Layec, auteur de remarquables sculptures exécutées de 1524, à 1545 pour la chapelle de Saint-Nicolas-des-Eaux en Pluméliau, de Notre-Dame de Burgo en Grandschamps et de Saint-Yvi en Moréac (1) . Layec ne donna peut-être que le dessin général de la charpente; Raoul Bégyvin fut en grande partie chargé de l'exécution matérielle; il appartenait à une famille qui est encore représentée dans le pays.
Le sculpteur J. Chrétien sera plusieurs fois cité au cours de cette étude, car de 1562 à 1581 il ne cessa d'être employé par les marguilliers de Saint-Jean-du-Doigt. Nous retrouverons aussi plus loin le nom du peintre-verrier Geffroy,
(1) On trouve la description détaillée de l'oratoire, de la fontaine, de l'arc de triomphe, dans les ouvrages de MM. DE KERGRIST, P ALUSTRE, A BG IULL, cités supra. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. - TOME XXXVI (Mémoires 22)
Dans le cadre de la restauration depuis 2007 de la charpente de l'église de Brennilis supervisé par Marie-Suzanne de Ponthaud, architecte en chef des Monuments historiques après diagnostic en 2006, les entraits, culots, sablières, blochets et corniches ont été restaurées entre 2010 et 2013 par le sculpteur rennais Thierry Laudren. Restaurées, ou plus exactement créées à neuf pour beaucoup de sculptures.