La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic : son Pardon de la Saint-Jean le 23 juin 2018.
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Voir sur la commune de Saint-Nic :
— L'église :
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— La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :
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— La chapelle Saint-Jean-Baptiste :
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a) Le rassemblement des porteurs des croix et des bannières.
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À la différence du Pardon de Saint-Côme et Saint-Damien, les délégations du Pays de Porzay ne sont pas présentes, et seules les deux croix et les deux bannières principales de la commune sont présentes : celle réalisée par Le Minor, portée par les hommes derrière la croix, et celle de Marie et sainte-Thérèse, restaurée récemment, portée par les femmes.
.Pour l'étude des bannières et des costumes, voir l'article sur le Pardon de Saint-Côme.
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La croix de procession.
Elle présente toutes les caractéristiques des "Croix de procession finistériennes" (Yves-Pascal Castel) du XVIe et XVIIe siècle, mais, si c'est elle qui correspond à la désignation Croix de procession n°3 de la notice Palissy, elle date de la fin du XIXe ou début XXe.
En laiton : argenté, repoussé, ciselé, on y trouve en effet la présence de fleurons en forme de boules godronnées au bout des branches (ornées de fleurs de lys) , un nœud architecturé renferment quatre figurines (deux manqueraient), les deux clochettes sous la traverse de la croix, et la Vierge et Saint Jean portés par des branches, encadrant un Christ en croix.
Les figurines du nœud en forme d'architecture gothique sont Saint Pierre, une vierge et martyre tenant sa palme, saint Yves et un saint évêque.
Nous la verrons détacher sa silhouette emblématique dans le ciel de l'été débutant.
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Les costumes.
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Tout Pardon finistérien, même s'il n'est pas une troménie (tro minihi, "tour du monastère celtique") comme à Locronan (mais aussi Bourbriac, Gouesnou, Landeleau, Plabennec ou Plouzané) ou une procession giratoire répétée plusieurs fois autour d'une fontaine, est une circumambulation, reprenant un rituel qui existe dans le monde entier -de l’Irlande à l’Inde et au Moyen-Orient, de l’Asie à l’Afrique- et est attestés et décrit depuis l’Antiquité védique et gréco-romaine jusqu’à nos jours, c'est à dire un phénomène de sacralisation d’un territoire et de re-création d'un rituel de fondation. (cf. Joel Hascoët 2010)
Cette circumambulation se doit d'être dextrogyre ou horaire, dans le sens des aiguilles d'une montre.
Aujourd'hui, la procession va quitter le sanctuaire par sa porte sud, va tourner autour de la chapelle, puis descendre la cinquantaine de mètres vers la fontaine, où le prêtre va puiser de l'eau et en asperger les bannières et les fidèles. La croix vient en tête, puis la bannière paroissiale, puis la bannière portée par les femmes, puis arrive le reliquaire entre ses deux porteurs, puis le prêtre et ses acolytes, et enfin la foule des fidèles reprenant les cantiques anciens.
Quatre croix, deux bannières et le brancard du reliquaire, cela nécessite 14 porteurs/euses qui se relayent, car l'effort est réel. Nul souci de folklore et d'effet touristique, mais une gravité digne mais jamais bigote. Je n'ai pas l'impression d'une reconstitution historique, mais de connaître à mon tour cette profonde et intense émotion esthétique que Mathurin Méheut a exprimé dans ses toiles.
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La descente vers la fontaine.
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L'arrêt devant les blés mûrs.
La procession doit s'arrêter car la voie vers le fond du vallon par le raide escalier n'est pas praticable pour elle. Après avoir traversé l'ombrage des saules, elle fait face au soleil des moissons aussi bien que, le 3 juin dernier, elle faisait face à la Baie de Douarnenez pour le pardon de Côme et Damien.
Étoile de la mer voici la lourde nappe
Et la profonde houle et l’océan des blés
Et la mouvante écume et nos greniers comblés,
Voici votre regard sur cette immense chape (Péguy)
Cette proximité du ruisseau qui coule vers la plage de Pentrez et la mer toute proche, cette étendue de blé proclamant l'été, les chants des oiseaux se mêlant aux cantiques, le parfum des fleurs des arbustes sauvages et celui des chaumes chauffées à blanc, cette sirupeuse chaleur de fin de journée, tout participe à célébrer non seulement un saint et son sanctuaire, mais les noces d'un terroir et de ses habitants, celle de la nature et de la magie du monde avec les hommes.
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L'aspersion et la remontée vers la chapelle.
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L'entrée dans la chapelle par la porte occidentale.
Le porteur de la croix de procession passe le premier.
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Pendant cette entrée de la procession et des fidèles, le sonneur sonne la cloche à toute volée.
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Quand le reliquaire parvient à l'entrée, les porteurs l'élèvent en travers de la porte, et les fidèles passent en dessous en le touchant.
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C'est le reliquaire de 1578 avec les figurines de saint Côme, de saint Pierre (bien visibles à travers la vitre) et de saint Damien . Il contenait les reliques du Christ (couronne et robe) des saints Côme et Damien, de saint Pierre, de saint Meen, de Marie-Madeleine.
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Mathurin Méheut a représenté cette scène dans un Pardon plus grandiose, en illustration de Au Pays des Pardons d'Anatole Le Bras (1937).
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SOURCES ET LIENS.
— BASE MERIMÉE, Notice :
http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/mersri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IA00005245
http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_8=REF,REFA&VALUE_8=IA00005245
— CASTEL (Yves-Pascal), s;d, Atlas des Croix et Calvaires du Finistère, Société Archéologique du Finistère.
http://croix.du-finistere.org/commune/saint_nic.html
— COUFFON (1988)
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf
— DANIEL (Tanguy) "T.D" (*), 2002, article sur la restauration de la chapelle Saint-Jean-Baptiste pour le Cahier 15 de La sauvegarde de l'art français, Numéro 15 , Picard, 2002, pages 190-192.
(*) très vraisemblablement Tanguy DANIEL, Professeur d'histoire et géographie (en 2005). - Président honoraire de la Société archéologique du Finistère (en 2005)
https://www.sauvegardeartfrancais.fr/wp/wp-content/uploads/saint-nic-c15.pdf
— DILASSER (Maurice), 1979, La chapelle Saint-Jean in Un pays de Cornouaille Locronan et sa région. Paris, Nouvelle Librairie de France. page 632.
— OLIVIER ( Corentin), 2014, Les charpentes armoricaines : inventaire, caractéristiques et mise en œuvre d’un type de charpente méconnu, Mémoire de master 2, Université Rennes 2, sous la direction de Pierre-Yves Laffont et Vincent Bernard, 2014, 410 p.
— OLIVIER ( Corentin), 2016, « L’archéologie des charpentes anciennes (xive -xvie siècles) au service de la connaissance des forêts du Massif armoricain », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t XCIV, 2016, p. 109- 121.
— PARCHEMINOU ( Corentin), 1930 “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,”
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf