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2 février 2024 5 02 /02 /février /2024 22:19

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs.

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Sur ces peintures, voir : 

 

 

 

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PRÉSENTATION.

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Les peintures murales de l'église de Sillegny sont d'une richesse extraordinaire. J'en poursuis la description, parmi les 45 peintures énumérées ci-dessous, en abordant celles des saints et saintes, tout en écartant le cycle du Credo apostolique.

Je partirai du fond de la nef à gauche (au  nord), gagnerai le chœur et reviendrai vers le fond de la nef au sud.

Copyright - Olivier PETIT - Patrimoine de Lorraine - 2021 © Tous droits réservés

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LE CÔTÉ NORD DE LA NEF.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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CÔTÉ NORD : SAINT ANTOINE, SAINT MARTIN ET SAINT FIACRE.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINT ANTOINE.

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Saint Antoine le Grand est le patron des Antonins dont la communauté se consacrait aux soins du Mal des ardents, ou Feu saint-Antoine, ce qui explique les flammes représentées au pied du saint. 

Il tient d'une main le livre (témoin de la fondation de l'Ordre des Antonins) et de l'autre le bâton terminé par un Tau, l'un de ses attributs avec le cochon à clochette et le chapelet, ici absents (à moins de voir une cloche suspendue à son poignet gauche). 

 

https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19015/feu-de-saint-antoine/

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Quatre donateurs ou pèlerins dont un infirme.

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Le mal des ardents ou ergotisme ou feu sacré se répandait par des épidémies dues à la consommation de seigle ou d'autres céréales contaminées par un champignon, l'ergot de seigle claviceps purpura. Il génèrait  des sensations de brûlures intenses (d'où son nom), mais aussi la gangrène des extrémités.

Les hommes et femmes représentés agenouillés en partie basse de l'ensemble des peintures, les uns derrière les autres pourraient être des villageois donateurs,  mais ils m'évoquent plutôt des pèlerins, par leur nombre, et l'absence de répartition claire par couple ou famille. L'église Saint-Martin de Sillégny était-elle un lieu de pèlerinage ? Ce n'est attesté qu'à la fin de la Guerre de Trente ans, au XVIIe siècle.

En marge du côté gauche se lit l'inscription IACO PALMAR, qui pourrait être le nom d'un donateur ou édile de Sillegny, "Jacques Palmar". Le patronyme est attesté en France mais non en Moselle, il est plus souvent retrouvé en Angleterre et aux Pays-Bas.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'amputé de jambe appareillé et sa béquille.

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Est-il suivi de ses parents et d'un frère plus jeune? L'appareillage (un pilon fixé à un plateau) compense-t-il la perte de la jambe, voire de la cuisse, ou bien est-il fixé à la jambe, le genou étant fléchi, pour éviter le contact avec le pied gangréné?

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LA CHARITÉ DE SAINT MARTIN.

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Saint Martin, évêque  de Tours au IVe siècle, est le patron de l'église. C'est aussi l'un des saints patron secondaire de France avec saint Michel et saint Denis.  Sa fête le 10 novembre célèbre la lumière, c' est l'une des plus importantes du calendrier.

La scène représentée est celle, ultra célèbre, de la Charité de saint Martin, où il est représenté sur son cheval, comme officier de l'armée romaine, partageant son manteau rouge, ou cape, avec un mendiant aux portes d'Amiens, durant un hiver particulièrement rude.

La cape, envoyée en relique à la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle, est à l'origine du mot "chapelle".

Ici, il monte un cheval gris pommelé. Vêtu comme un noble du XVIe siècle et coiffé du bonnet à plumet, il  s'apprête à couper sa cape rouge doublée de vert en se tournant vers sa gauche. Mais le mendiant souvent figuré en infirme, n'est pas représenté.

Par contre, un couple de pèlerins (ou donateurs) est agenouillé, mains jointes, comme s'ils prononçaient l'invocation de l'inscription. Ils sont tous les deux richement et chaudement habillés selon la mode de l'époque, le milieu du XVIe siècle.

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Inscription : SANCTE MARTINE ORA PRO NOBIS ("saint Martin priez pour nous")

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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ÉPISODES DE LA VIE DE SAINT FIACRE.

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Voir :

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Rappel :

Saint Fiacre est issu d'une famille noble d’Irlande ; il fut ordonné prêtre, et établit un ermitage où il vécut pendant de nombreuses années en menant une vie très austère mais attirant les visites de nombreux malades et disciples du fait de son habileté médicinale.

Accompagné de sa sœur Sira et de quelques disciples, saint Fiacre débarque en Normandie, et atteint Meaux où il est accueilli à l'hospice pour pèlerins fondé par l'évêque Saint Faron. Saint Fiacre décide toutefois de garder le silence sur ses origines nobles et s'établit auprès de Saint Faron. C'est alors que son parent, saint Kilian, en faisant un pèlerinage à Rome, s'arrête dans ce même hospice et dévoile le rang de saint Fiacre qui se prépare à repartir. Saint Faron lui demande de ne pas quitter l'endroit où il a trouvé la paix, et lui propose de fonder un monastère près de Meaux  ; Il y érige un oratoire en l’honneur de Marie puis un monastère, et cultive ses plantes médicinales pour y exercer ses talents d'herboriste afin de soigner les pèlerins et à soulager des malades notamment ceux atteints du « fic » ou « mal Saint Fiacre », les hémorroïdes.

Le terrain devint vite trop petit et saint Fiacre demanda de nouveau des terres. Saint Faron promit de lui concéder autant de terres adjacentes qu'il pourrait défricher en un jour.

Saint Fiacre n'eut aucun mal à dégager une grande surface en l'espace d'une journée, bien des arbres se laissant abattre avec facilité. Voyant cela, une femme nommée « Becnaude » ira l'accuser  de sorcellerie à l'évêché. Saint Faron  affirma alors que ce miracle témoignait de la sainteté du moine.

Toutefois marqué par cet incident, saint Fiacre aurait décrété l'interdiction de l'accès du monastère aux femmes, qui perdure jusqu'à nos jours, peut-être en s'inspirant de la règle des moines irlandais, et de saint Colomban.

Fort apprécié déjà de son vivant, saint Fiacre est vénéré comme saint patron des maraîchers et des jardiniers.

Ses attributs sont la pelle et la bêche.

Si sa vie ne  se trouve pas dans la Légende dorée de Jacques de Voragine (XIIIe siècle), elle figure dans des  ouvrages enluminés, comme le Bréviaire de Charles V BnF 1052 (1364-1370), dans les Festes nouvelles de Jean Golein [BnF fr.242 f.314v du début du XVe siècle et Genève Ms. fr.57 f.460r],  ou des Livres d'heures |BnF latin 10538 f 225r ] du début du  XVe siècle , ou plus tardif au XVe siècle Avignon BM ms. 2595.

Dans l'enluminure d'une Légende dorée de 1470, provenant de Flandres, le Macon-BM-ms.003 attribuée à l'entourage de Willem Vrelant, le saint est représenté agenouillé face à l'évêque de Meaux Faron,  devant la porte de son ermitage, tandis qu'une autre scène de la même miniature le montre bêche en main devant la Becnaude .On retrouve ce personnage dans le Livre d'Heures de Charles le Téméraire Paul Getty Museum, Ms. 37 f. 38 enluminé par le peintre flamant Liewen van Lathem d'Anvers en 1469.

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Description.

Au centre, saint Fiacre est représenté devant son ermitage, tenant en main droite un livre où est inscrit  et la vi aperta  (?) et en main gauche sa bêche. Il porte l'habit monastique à scapulaire noir des cisterciens.

L'ermitage est semblable à ceux représentés sur les enluminures. L'abbé Schnabel voyait (p.37) dans ces édifices " de style roman" un argument pour l'origine italienne ou espagnole des artistes, mais les peintres auraient très bien pu recevoir des commanditaires des copies d'illustrations.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le côté gauche : saint Fiacre et la Becnaude.

Du côté gauche, sous l'inscription CÕMENT HYRNA RANCUSA SANCT FIACRE A SANCT FERON, on voit la Becnaude dénoncer saint Fiacre à l'évêque Féron.

Devenons à l'inscription.

"Hyrna", qui semble bien ici désigner la femme, est un nom en norvégien moyen signifiant "coin". En islandais, c'est un surnom signifiant "la cornue" appliquée à la femme du premier colon Wiking vers 890, Thorunn Hyrna. Ailleurs, elle est nommée Becnaude, ou Baquenaude, qui est devenue, notamment à Meaux, un qualificatif pour les femmes médisantes.

"Rancusa" : le verbe rancuser est attesté en patois de Franche-Comté et en Champagne avec le sens "dénoncer,médire", mais aussi en patois lorrain avec le sens "accuser". Selon l'abbé Schnabel, il existe en patois mosellan sous la forme "ranqueser". On le trouve employé par Pergaud dans "La guerre des boutons".

Devant la bêche de saint Fiacre, mais en échelle plus petite, un couple est représenté, agenouillé et mains jointes, dans la même tenue vestimentaire que dans la peinture de saint Martin.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Du côté droit, l'évêque Féron assiste au miracle du défrichement par saint Fiacre de ses terrains : par le contact de sa bêche, les arbres sont déracinés.

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L'inscription indique : CÔMENT SANCT FERON FIT SASER SANCT FIACRE.

Comment comprendre "saser" ?  On trouve "sasser", "cribler, passer au sas" qui a donné "ressasser". Ce qui est peu satisfaisant.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LE BRAS GAUCHE DU TRANSEPT.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINT JOSEPH.

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Il porte la verge fleurie qui le désigna, parmi tout les prétendants, pour épouser la Vierge.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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DANS SA PRISON, SAINTE MARGUERITE, COURONNÉE,  S'ÉCHAPPE DU DRAGON QUI L'A AVALÉE GRÂCE À SON CRUCIFIX.

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De nombreux saints invoqués ici sont des saints guérisseurs, comme saint Antoine ou des "saints auxiliaires", (efficaces contre toutes les catastrophes et la mort subite) comme saint Christophe, saint Eustache [Hubert], saint Georges, et les sainte Marguerite (contre les difficultés de la grossesse et de l'enfantement, et, en lien avec cet épisode de sa Vie, de la délivrance) et Barbe (foudre, mort subite). On peut alors s'étonner de l'absence de sainte Catherine, puisque le trio Catherine, Marguerite et Barbe est incontournable dans les Livres d'Heures, notamment ceux des femmes.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINTE BARBE ET SA TOUR AUX TROIS FENÊTRES RAPPEL DU DOGME DE LA TRINITÉ.

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Comme toujours, sainte Barbe est très élégamment habillée, avec une robe à décolleté carré et des manches à crevées, et un manteau vert ; elle tient le livre témoignant de ses connaissances éprouvées en théologie.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les pèlerins.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINT ÉVÊQUE.

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L'abbé Schnabel a déchiffré l'inscription : SANCTA MARGARITA SANCTA BARBARA SANCTE MARTINE  ORA PRO NOBIS OMNIBUS, qui est l'invocation collective du cortège des dix pèlerins. Il en déduit que l'évêque est saint Martin en évêque de Tours.

Il a lu aussi le nom du premier des pèlerins, si richement vêtu de rouge : SIMONE BEDER

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les pèlerins.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINT GEORGES (?).

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Ce chevalier en armure tient un oriflamme aux bandes rouge, blanche et rouge, et un écu de gueules à la bande d'or. C'est, par exemple, le blason de Robert V d'Auvergne. J'en rapproche les armes de l'Alsace, inverses de celles de la Lorraine, d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent. Mais ce sont sans doute des armoiries de fantaisie.

L'écu et la bannière de saint Georges sont blanches à la croix rouge.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les trois pèlerins.

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Le premier est précédé de l'inscription, sur le cadre gris : JACQ HUAR.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINT ÉVÊQUE.

Saint Nicolas ?

Quatre pèlerins de taille croissante sont agenouillés devant lui.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Quatre pèlerins.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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NOTRE-DAME DE LORETTE.

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Jusqu’à la fin du XIII°siècle, les chrétiens faisaient le pèlerinage à Nazareth pour visiter la sainte Maison de la Vierge Marie, celle où, selon la tradition, l'Annonciation fut faite à la Vierge Marie et où vécut Jésus, après que sainte Hélène l'ait fait restaurer vers 326-328. Saint François d’Assise et Saint Louis en furent les pèlerins les plus illustres. Rapportée de Terre sainte en 1291 par les anges lors de sa Translation vers la ville de Trsat, la "Sainte Maison" ou Santa Casa fut ensuite transportée près de Recanati dans les Marches d'Ancône. 

Ou bien, une maison de Nazareth ou des territoires nabatéens aurait été démontée en 1291 et transportée sur les côtes dalmates, puis en 1294 en Italie à Loreto, où elle fut donnée au pape Boniface VIII pour qu'elle soit placée en terres pontificales.

Le sanctuaire devint  le premier sanctuaire marial international consacré à la Vierge Marie, et  pendant près de trois siècles il fut le principal centre de pèlerinage en Occident,  avant Rome, Canterbury et Saint-Jacques-de-Compostelle, notamment via la route Lauretana.

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Nous voyons donc ici, sous l'inscription NOSTRE DAM DE LORET, la Vierge donnant le sein à l'Enfant, au dessus du toit de la maison soutenue par deux anges. 

 

L'artiste s'appuie ici sur les gravures disponibles dans les incunables et livres imprimés diffusés, et notamment sur celle d'un best-seller ecrit par le recteur de Loreto paru vers 1475 , Translatio miraculosa ecclesie beate Marie virginis Loreto dont de multiples exemplaires sont conservés  dont ceux 64 incunables dans le monde citons ceux  conservés à Munich à la Bayerische Staatsbibliothek-(datés entre 1480 et 1500 et en 1521), en République Tchèque à la Bibliothèque nationale (1500) et à Rome à la Bibliothèque Centrale (1521).

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Saint-Sulpice Rés. P. 1

 

 

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Munich, Bayerische Staatsbibliothek avant 1500.

 

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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DÉPLORATION, "NOTRE-DAME DE PITIÉ".

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Cette Déploration à six personnages (le Christ, Marie, Jean, deux saintes femmes et Marie-Madeleine) se situe juste en dessous de la peinture de Notre-Dame de Loàrette.

Elle m'intéresse car Marie-Madeleine y est représentée essuyant les pieds de Jésus de ses cheveux alors qu'elle y a versé le contenu d'un flacon, de parfum ou d'onguent.

Ce geste reprend celui de la femme pécheresse citée dans l'évangile de Luc 7:36-38  qui lors du repas chez le pharisien Simon, mouille les pieds de Jésus de ses larmes, les essuie de ses cheveux, les baise et les oint de parfum.

Or, bien que Marie-Madeleine soit, dans l'iconographie des Déplorations, représentée presque systématiquement à proximité des pieds du Christ, et presque systématiquement encore tenant un flacon d'aromates, il est très rare de la voir faire ce geste d'essuyage avec ces cheveux.

Cette représentation m'intéresse également car ce geste participe à un soin d'embaumement, comme ceux dont j'ai réunie l'iconographie ici :

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LE CHOEUR, VUE GÉNÉRALE.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINT PIERRE DANS LE CHOEUR.  Charles-André Malardot, 1845-1865.

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Les peintures murales (XIXe siècle) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (XIXe siècle) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LA VOÛTE : LES QUATRE ÉVANGÉLISTES.

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Inscription sur les phylactères SANCTE MATTHEE (ange), SANCTE MARCE (lion), SANCTE JOHANNES (aigle), SANCTE LUCA (taureau ailé).

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LE CÔTÉ SUD DU CHOEUR : SAINT DIDIER ET SAINT AUGUSTIN.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINT DIDIER CÉPHALOPHORE, ET COUPLE DE DONATEURS.

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L'identité du saint est indiqué par l'inscription SANCTE DECIDERI, et confirmée par le prénom du donateur.

Saint Didier, évêque de Langres au IVe siècle aurait subi le martyre après avoir proposé sa tête au roi des Vandales "pour le troupeau confié à ses soins". Au Musée de Langres, un bas-relief en calccaire provenant de la chapelle Saint-Didier et datant vers 1230-1260 le présente tenant sa tête.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le couple de donateurs.

Le nom du donateur est clairement indiqué, avec sa fonction : il s'agit de DIDIE LE MOUCHA MAISTRE ECHEVIN.

Le site Geneanet indique un Jean MOUCHAT né en 1600, décédé à Metz en 1668. Le patronyme est donc attesté en Moselle.

On notera chez le maître-échevin la pélerine à large colerette, sur une tunique courte et des chausses ajustés, et chez son épouse la coiffe au voile descendant sur les épaules, la robe  à décolleté carré,  très larges manches fendues et à traine bouffante. Le manteau du mari et la robe de la femme sont de même couleur, un rouge foncé (lie-de-vin , carmin ou tomette) qui se retrouve très souvent employé dans les habits des pèlerins et donateurs.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINT AUGUSTIN, ET COUPLE DE DONATEURS.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Le couple de donateurs.

Le nom du donateur est ESIENE BARA, ou ETIENE BARA

D'autres ont lu Estene Bara. Pas de rapport avec Jérôme de Bara.

Le couple est vêtu comme le couple précédent. L' épouse tient un chapelet.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LE BRAS DROIT DU TRANSEPT.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LE CHRIST APPARAISSANT À SAINT SÉBASTIEN.

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Inscription SANCTE SEBASTIANE

Pas d'image. Voir :

https://patrimoine-de-lorraine.blogspot.com/2021/07/sillegny-57-eglise-saint-martin-la.html

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINT FRANÇOIS RECEVANT LES STIGMATES.

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Sur le mur sud du bras droit du transept, nous trouvons en partie gauche saint François et sainte Geneviève.

Saint François d'Assise est peint agenouillé dans sa cellule devant le crucifix, un livre ouvert et un crâne, et il reçoit miraculeusement les stigmates, par des rayons partant des parties homologues du crucifix.

Il tient en main gauche sur la poitrine une croix.

Inscription SANCTE FRANCISCE

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les pèlerins ou donateurs sont ici très nombreux, ils forment une file de 12 personnes en partie basse des deux peintures, dirigée vers le chœur.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINTE GENEVIÈVE.

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L'attribut de sainte Geneviève est le cierge, symbole de la Foi. Dans d'autres représentations, on assiste à un combat entre un ange qui l'allume et un diable qui l'éteint de son soufflet. Ici, la sainte allume elle-mêem le cierge. Les moutons ou brebis rappellent que selon la tradition Geneviève gardait les troupeaux de son père à Nanterre au Ve siècle avant de se vouer à Dieu et de protéger Paris contre les Huns.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Les pèlerins.

On note la stéréotypie des costumes et personnages.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LE RETABLE EN PIERRE DU XVe SIÈCLE.

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Une petite digression pour décrire , puisqu'il apparaît ici dans mon parcours autour de la nef côté sud, ce retable long de 2,25 m, à décor d'arcatures trilobées qui est en pierre avec restes de polychromie. On distingue dans les niches trois personnages nimbés, dont une sainte.

À l'écoinçon des lobes sont sculptés des anges, dragons et coquilles.

 

https://collectif-objets.beta.gouv.fr/objets/152350

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Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

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Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

Le retable (XVe) de l'église Saint-Martin de Sillegny . Photographie lavieb-aile 2024.

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SAINT CSAIRE.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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DÉTAIL SCULPTÉ : BLASON AUX ARMA CHRISTI.

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Croix, trois clous, sur fond rouge.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LE MARTYRE DE SAINTE AGATHE.

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Sainte Agathe, la poitrine dénudée jusqu'à la taille est suspendue à une traverse par les cheveux, et ses mains y sont liées ou clouées. Deux bourreaux arrachent ses seins avec des pinces.

L'attitude corporelle très déliée voire dansante des bourreaux, et le costume jaune (couleur réprouvée ou marginale) fendue de nombreuses taillades de l'un d'eux est propre à cette fonction, fréquemment mise en scène dans les représentations de la Passion.

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Voir dans ce blog :

 

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Cathédrale de Rouen, La baie 55 : sainte Agathe (1468-1469 Guillaume Barbe). Photo lavieb-aile.

 

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Voir : 

— TIXIER (Frédéric), 2010, Sainte Agathe de Catane au regard de l'iconographie médiévale 

"Les occurrences iconographiques les plus courantes du martyre d’Agathe :

La sainte est le plus souvent figurée attachée à une colonne (ou à une poutre), entre ses deux tortionnaires. Ces derniers utilisent des instruments coupants — généralement des tenailles — pour sectionner les seins d’Agathe. De telles représentations se retrouvent fréquemment dans le domaine de la peinture, de la fresque ou encore de la sculpture. L’une des toutes premières illustrations de ce type appartient au cycle décoratif d’un manuscrit byzantin, dit le Menologium de Basile II, daté de la fin du Xe siècle ou du début du XIe siècle et conservé à la Bibliothèque Vaticane de Rome. L’enluminure développe en deux épisodes, la torture et l’emprisonnement de la sainte par les gardes. Il est intéressant de souligner que chaque bourreau possède son propre objet de supplice, puisque l’un tient dans ses mains un flambeau (pour brûler le corps d’Agathe ?) et l’autre, un poignard à la lame eilée. De même, le célèbre graduel de l’abbaye de Fontevrault, des années 1250-1260, aujourd’hui conservé à la Bibliothèque municipale de Limoges, consacre une enluminure au martyre d’Agathe : selon une tradition iconographique maintenant bien établie, la miniature présente la vierge martyre et ses deux bourreaux tenant de grandes pinces métalliques, objets du supplice qui deviendront les attributs traditionnels de la sainte sicilienne.

Plusieurs autres représentations identiques du même épisode de la Passion de la sainte peuvent encore être signalées, comme par exemple, dans le très beau Livre d’images de Madame Marie des années 1300 ou encore dans le décor du tombeau dédié à sainte Agathe dans la cathédrale de Vérone. La présence d’une telle œuvre majeure dans le nord-est de la péninsule italienne s’explique en partie par l’importance et surtout l’ancienneté du culte de la martyre dans la région de la Vénétie. Dès lors, la représentation du martyre de sainte Agathe dans la partie sommitale du monument sculpté  ne laisse aucun doute, quant à la destinataire de la dévotion. Commandé en 1353 par l’évêque Pietro della Scala, le tombeau devait en effet conserver des ossements retrouvés de la martyre de Catane afin de les honorer avec le plus de magnificence possible. Il s’agit ici d’une mise en image traditionnelle du supplice puisque la sainte, attachée avec les bras en croix, est torturée par les deux bourreaux qui lui arrachent l’extrémité des seins avec les tenailles. Ce même schéma iconographique se retrouve fréquemment au cours des XVe et XVIe siècles, qu’il s’agisse de l’ornementation de manuscrits de dévotion (des livres d’Heures notamment), de verrières ou encore de fresques. Dans l’église Saint-Martin de Sillegny en Moselle, par exemple, l’important décor mural daté entre la fin du XV esiècle et le début du siècle suivant, illustre le martyre d’Agathe, selon une formulation maintenant habituelle. De même, le vitrail consacré à la sainte de Catane de l’ancienne église Saint-Jean-au-Marché de Troyes du second quart du XVIe siècle (baie 6) propose un cycle narratif en deux séquences avec d’une part, la flagellation de la sainte — référence directe à celle du Christ — et d’autre part, son supplice avec la présence du consul Quintilien. Les deux tortionnaires tiennent quant à eux, d’imposantes pinces de fer devant les seins d’Agathe, elle-même enchaînée à une colonne."

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Psautier à l'usage de Reims, 1433-1466, BM Carpentras ms 77 f.178v. "... l’acte de tordre les seins d’Agathe puis celui de les sectionner avec un objet tranchant: la sainte, attachée et dénudée, est torturée par deux hommes, tenant chacun un outil constitué d’une longue corde et d’un manche, permettant de tordre les seins d’Agathe." (F. Tixier)

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LA TRISTESSE DU CHRIST.

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Inscription TRISTUS EST ANIMA MEA USQUE AD MORTEM.

Il s'agit d'une citation de l'évangile de Matthieu 26:38 décrivant la nuit passée par le Christ au Jardin de Gethsémani  avec les apôtres Pierre, Jacques et Jean.

Tunc venit Jesus cum illis in villam, quae dicitur Gethsemani, et dixit discipulis suis: Sedete hic donec vadam illuc, et orem. Et assumpto Petro, et duobus filiis Zebedaei, coepit contristari et moestus esse. Tunc ait illis: Tristis est anima mea usque ad mortem: sustinete hic, et vigilate mecum.

"Là-dessus, Jésus arriva avec eux en un lieu appelé Gethsémané. Il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici pendant que je vais prier là-bas. Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée. Il commença à être envahi d’une profonde tristesse, et l’angoisse le saisit. 38 Alors il leur dit : Je suis accablé de tristesse, à en mourir. Restez ici et veillez avec moi !"

 

Le Christ, nimbé, sur un arrière-plan montagneux où un clocher peut rappeler Jérusalem, est soutenu par les apôtres Pierre et Jean devant deux autres personnages (dont Jacques le Majeur sans doute).

C'est une image rare, la plus fréquente étant l'agonie du Christ tandis que les apôtres sont endormis.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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Inscription au dessus du prêtre tonsuré (vraisemblablement le curé de la paroisse) agenouillé mains jointes, en soutane et surplis :

IN TE IESUS SPES / MEA RECOMBIT

Cette oraison, "en toi Jésus je place mon espoir" n'est pas connue par ailleurs.

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Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales (vers 1540) de l'église Saint-Martin de Sillegny .V. Les saints, les saintes et les donateurs. Photographie lavieb-aile 2024.

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LES PEINTURES DU XIXe SIÈCLE.

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Elle se trouve dans le chœur autour de l'autel.

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L'agonie au mont des Oliviers. Charles-André Malardot, 1845-1865.

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Peinture de Charles-André Malardot, 1845-1865. Photographie lavieb-aile 2024.

Peinture de Charles-André Malardot, 1845-1865. Photographie lavieb-aile 2024.

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La Crucifixion. Charles-André Malardot, 1845-1865.

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Peinture de Charles-André Malardot, 1845-1865. Photographie lavieb-aile 2024.

Peinture de Charles-André Malardot, 1845-1865. Photographie lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

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— ASSOCIATION SIXTINE DE LA SEILLE.

https://www.sixtinedelaseille.com/

— BASE PALISSY

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00107006

—BASTIEN (René), PIRUS (Jean-Marie), 2019, "Les peintures de Sillegny", Paraige Patrimoine, 40 pages.

—HANS-COLLAS (Ilona) 2004, CONFÉRENCES (sans publication) 2004, 19 juin : Sillegny (Moselle) : La place de la peinture murale en Lorraine aux XVe et XVIe siècles. L’église Saint-Martin de Sillegny : miroir de la piété médiévale.

https://grpm.asso.fr/wp-content/uploads/2018/07/Travaux-Hans-Collas-2020-06.pdf

https://www.etudes-touloises.fr/archives/104/art4.pdf

— PETIT (Olivier), Patrimoine de Lorraine

https://patrimoine-de-lorraine.blogspot.com/2021/07/sillegny-57-eglise-saint-martin-la.html

— RUSSO (Daniel), 2005,  « Peintures murales médiévales », Presses universitaires de Dijon, et  Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA [En ligne], 10 | 2006, mis en ligne le 15 septembre 2006, consulté le 17 janvier 2024. URL : http://journals.openedition.org/cem/328 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cem.328

https://www.persee.fr/doc/hista_0992-2059_2006_num_58_1_3127

—SCHNABEL (Abbé), 1858, « Rapport sur les peintures murales de Sillegny », Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle,‎ 1858.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33403f/f43.item

—SCHNABEL (Abbé), 1865, « Rapport sur les peintures murales de Sillegny », Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle,‎ complété par M. de Tinseaux pages 35-36 par la mention des peintures de saint François et de sainte Geneviève gardant ses troupeaux. Plusieurs illustrations aux pages précédentes.

https://www.google.fr/books/edition/Bulletin_de_la_Soci%C3%A9t%C3%A9_d_arch%C3%A9ologie/OqZCAAAAYAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22sainte+genevi%C3%A8ve%22+%22sillegny%22&pg=RA4-PA35&printsec=frontcover

— Fiche Préfecture de la région Lorraine avec les données de la LRMH précisant les diverses restaurations en 1854, 1911, 1945-1955, et après 2002

https://www.saarland.de/SharedDocs/Downloads/DE/LDA/Fiches/2008-Fiches-Lorraine-L_eglise_Saint-Martin_de_Sillegny.pdf?__blob=publicationFile&v=2

 

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7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 13:50

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage.

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Voir les autres Déplorations (classées par ordre chronologique approximatif) :
 

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PRÉSENTATION.

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Cette Déploration est constituée de quatre blocs, ceux de Jean et de Madeleine étant placés sur les côtés du groupe rassemblant Marie portant le corps de son Fils. Il y a sans doute une erreur de repositionnement, Jean étant toujours à droite de Marie, et Marie-Madeleine aux pieds du Christ. En arrière et à gauche se trouve l'un des acteurs de la Descente de Croix (Joseph d'Arimathie, ou Nicodème) tenant la tenaille et les clous .

C'est une œuvre classée depuis le 12/07/1912. La notice  de la base Palissy PM56000492 la décrit comme une œuvre "en pierre" (calcaire ou granite ?) de la première moitié du XVIe siècle.

Elle est attribuée par certains à un certain "Pendu", sans justification claire. G. de Rorthays a écrit en 1903 que ce nom, Pendu, est inscrit sur le manteau d'un des apôtres du porche sans préciser lequel (ce qui ne se vérifie pas), et il attribue ensuite la Vierge de Pitié  au même Pendu  sur des arguments faibles. M. Jurbert affirme l'attribution à un certain "Guillaume Pen Du".

Datation.

La datation que je suggère se base sur les chaussures à la poulaine, ou du moins à extrémités pointues, portées par la Vierge  et Joseph d'Arimathie  : elles ont cédé la place à des chaussures à bout rond à la fin du XVe/ début du XVIe siècle. Dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508), tous les personnages chaussés ont des chaussures à bouts ronds (f.91v par exemple). Il en va de même sur  toutes les enluminures peintes par Jean Bourdichon de 1457 à 1521. Comparez avec les chaussures de Joseph d'Arimathie de la Pietà de Nouans peinte par Jean Fouquet en 1470.

Un autre critère pour une datation à la fin du XVe siècle repose sur la chevelure de l'ange, aux mèches bouclées repoussées en arrière, comme dans les réalisations de l'atelier du Folgoët (1423-1468) notamment au Folgoët, ou aux porche sud de la cathédrale de Quimper ou à celui de La Martyre. De même, la coiffure aux mèches en boules bouclées de saint Jean rappelle fortement celle du même personnage dans les œuvres de l'atelier du Folgoët (calvaire de Rumengol par exemple).

Un dernier critère, vestimentaire, est le demi-ceint porté par Marie-Madeleine (cf. infra)

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Matériau.

Il paraît important que les autorités de tutelle de cette œuvre en précise le matériau (calcaire, comme les apôtres du porche ; granite ; kersantite).

 

 

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Le thème de la Vierge de Pitié aux anges de tendresse apparaît en Basse-Bretagne au XVe siècle.

Dans son ouvrage sur la sculpture sur pierre en Basse-Bretagne, E. Le Seac'h, après avoir décrit le calvaire de Tronoën (vers 1470) et le geste charmant des anges qui y écartent le voile de la Vierge de Pitié, consacre un paragraphe  à cette gestuelle de l'ange de douceur qu'elle retrouve sur  sept pietà sortis du même atelier  du Maître de Tronoën (à Kerbreudeur et ossuaire de Saint-Hernin, calvaires de Béron et Moustoir à Châteauneuf-du-Faou, Croas-an-Teurec à Saint-Goazec, Collorec, Laz, Saint-Trémeur de Carhaix, Kergloff, Le Moustoir, Plusquellec, Pennanvern à Gourin).

Puis elle décrit "les héritiers de la gestuelle de l'ange", dans cinq autres piétà du Finistère à Plonévez-du-Faou, Plozévet, Penmarc'h et à Névez (chapelle de Trémorvézen )— toutes en pierre calcaire polychrome—, au Faouët (granite) et à Meslan (granite polychrome).

En Morbihan, sur les 20 Pietà dénombrées par Wikipédia, cette particularité se retrouve sur la Vierge de Pitié de la chapelle N.-D De Lezurgan, aujourd'hui dans l'église  de Plescop, en pierre polychrome du XVIe siècle "d'inspiration flamande ou allemande".

Ces anges sont déjà présents sur la Grande Pietà Ronde conservée au Louvre et peinte par Jean Malouel au début du XVe siècle.

— Sur les anges de compassion, et la gestuelle de l'ange, voir :

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Description.

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La Déploration (on évitera de parler de "pietà" puisqu'il y a ici plus de deux personnages) est placée dans le bras sud du transept, dans un retable au décor  de ciel étoilé avec astres,  entre une statue de la Vierge à l'Enfant (Notre-Dame de Larmor) et un saint Roch. 

La composition générale en triangle des Vierges de Pitié se retrouve ici, seulement rompue par la présence de Joseph d'Arimathie.

Marie éplorée tient son Fils sur ses genoux, enveloppée dans un manteau-voile bleu à revers rouge qui tombe en plis et en vagues et se prolonge de façon peu naturelle sous les pieds du Christ. Celui-ci est dans la position la plus habituelle, l'axe formant une diagonale orientée vers le bas et notre droite, le bras droit tombant verticalement et exposant la plaie de la paume, le bras gauche horizontale. La jambe gauche est fléchie et écartée. La tête barbue, couronnée d'épines, est tournée vers nous. Toutes les plaies sont représentées sanguinolentes.

Marie soutient le torse de Jésus par sa main droite et son bassin par son genou droit. La tête du Christ repose sur un pli du voile proche de l'épaule de sa Mère.

L'ange aux hautes ailes bleues et au visage poupin pose la main droite sur l'épaule droite du Christ et effleure la main blessée. Il porte la tunique de chœur bouffante sous l'effet d'un cordon, et à large amict, une tenue rappelant celle des anges de l'atelier du Folgoët.

Le visage de Marie laisse voir deux larmes brillantes, peintes et non sculptées. Il est peu probable que la sculpture ait conservé ses couleurs sans avoir été repeinte, il serait interessant de bénéficier d'une expertise sur ce point.

Jean est agenouillé mains jointes, vêtu d'un manteau bleu et d'une robe verte, le regard triste et pensif.

Marie-Madeleine est agenouillée mains jointes en position symétrique, son flacon d'aromates destiné à l'embaumement posé près d'elle. Ses longs cheveux sont défaits sur les épaules. Elle porte un manteau rouge agrafé par un fermail, et une robe bleue aux manches plissées aux poignets.

Une ceinture dorée forme un V à pointe médiane, retenant une chainette en or : c'est un "demi-ceint". On y suspendait un pendant ou pomme de senteur contenant un parfum précieux comme l'ambre gris.  On voit ce détail représenté sur une enluminure du Livre d'Heures réalisé entre 1426 et 1438 pour Marguerite d'Orléans, épouse de Richard, comte d'Etampes, Horae ad usum romanum BnF latin 1156B folio 58r. Tant Marie que sa cousine Elisabeth porte ce type de ceinture. Voir aussi sur le même manuscrit l'enlumonure f.173v, et la servante de la Présentation au temple des Heures de René d'Anjou roi de Sicile (1434-1480) f.58v du BnF latin 1156A. Ou la jeune Vierge Marie peint par Jean Bourdichon en 1480 BnF fr.2829 f.85r.

 

 

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La Visitation. Horae ad usum romanum BnF latin 1156B folio 58r.

 

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Joseph d'Arimathie (ou Nicodème) est représenté comme juif membre du Sanhédrin par son bonnet conique, sa longue barbe bouclée et ses longs cheveux. Il porte une houppelande serrée par une ceinture de cuir à long passant. Il tient une tenaille et les clous de la Croix. Et des chaussures à bouts pointus.

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La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

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Marie-Madeleine.

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La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

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Joseph d'Arimathie.

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La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

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Les chaussures à bout pointu.

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La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

La Déploration à cinq personnages et un ange de tendresse (pierre polychrome, fin XVe siècle) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile juillet 2023.

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SOURCES ET LIENS.

 

 

— BONNET (Philippe), 2000, Iconographie de la Mise au tombeau en Bretagne, Coop-Breizh

— CASTEL (Yves-Pascal), 2001, Les Pietà du Finistère.( Revue bilingue breton-français  Minihy-Levenez n°69 de juillet-août 2001)

http://patrimoine.du-finistere.org/art2/ypc_pieta.html

— COUFFON (René), 1958, Iconographie de la Mise au tombeau en Bretagne, SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/63d185fba515a3.55783169/1958_01.pdf

LE DEUNFF (Roger), 2011, Les pietà en Basse-Bretagne éditions Label.

— LE SEAC'H (Emmanuelle) 2015, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle. PUR éditions.

— ROSENZWEIG 1859, Ploemeur, monuments religieux, STATISTIQUE ARCHEOLOGIQUE DE L'ARRONDISSEMENT DE LORIENT ,Bulletin de la Société archéologique du Morbihan page 123

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207505r/f127.item

https://archive.org/details/bub_gb_UPkWAAAAYAAJ/page/n347/mode/2up

 

 

—Bulletin archéologique de l'Association bretonne, Classe d'archéologie, Volume 5 mpr.-libr.-lithographie L. Prud'homme, 1854 page 68, Saint-Brieuc.

https://books.google.fr/books?id=hyotAAAAYAAJ&pg=PA68&lpg=PA68&dq=%22dom+alan+le%22&source=bl&ots=C_zzDyqOrE&sig=ACfU3U3px_d1C5hNlKBo8tBW-Nqv0BqYLw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiU5MrGx8eAAxUoUqQEHbuMBM4Q6AF6BAgJEAM#v=onepage&q=%22dom%20alan%20le%22&f=false

 

—RORTHAYS (G. de ), 1903, . The Burlington magazine for connoisseurs VIII 1903

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6e/The_Burlington_magazine_for_connoisseurs_%28IA_burlingtonmagazi34unse%29.pdf

—JOHAN (Vincent)  2008, L'église de Larmor-Plage, Dossier IA56006359 , Laboratoire GÉOMER, UMR LETG 6554 - CNRS ; (c) Inventaire général -

https://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-notre-dame-de-larmor-actuellement-eglise-place-notre-dame-larmor-plage/c1b52caa-361b-4e2a-a9b8-5c59a8853109

— JURBERT (M.), 1992. L'église Notre-Dame de Larvor, brochure par l'office municipal d'action culturel de Larmor-Plage

https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle124/LEglise_Notre-Dame_de_Larmor_.pdf

— WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame_de_Larmor-Plage

— WIKIPEDIA, Les Pietà du Morbihan

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Statues_of_Piet%C3%A0_in_Morbihan

— LIENS DIVERS

http://www.infobretagne.com/larmor-plage.htm

https://larmor-plage.fr/index.php/patrimoine/eglise-n-d-de-larmor/l-eglise

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00091359

https://monumentum.fr/monument-historique/pa00091359/larmor-plage-eglise-notre-dame

https://www.larmor-plage.bzh/medias/2019/03/depliant_eglise_francais.pdf

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Vierge de Pitié Pietà et Déplorations
17 juillet 2023 1 17 /07 /juillet /2023 10:11

La Vierge de Pitié du Maître de Laz (grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet.

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PRÉSENTATION.

1. Le matériau.

Le grès arkosique (feldspathique), à grain très fin, de couleur gris-verdâtre, du Centre Bretagne, se prête bien à la sculpture par sa relative tendreté et son aptitude à la taille. Il est abondant dans le bassin de Châteaulin, c'est-à-dire une partie du Centre-Finistère (Châteauneuf-du-faou), où il été utilisé en architecture et en sculpture (Ollivier, 1993). L'architecture domestique (bâtiments de fermes, manoirs) et l'architecture religieuse (église du Cloître-Pleyben, sacristie de Pleyben, chapelles) lui ont fait largement appel aux XVème, XVIème et XVIIème siècles. Dans le domaine de la sculpture, P. Eveillard  en a découvert l' emploi dès le second Age du fer et à la période gallo-romaine (génie au cucullus) . Aux XVIème et XVIIème siècles, il alimenta une statuaire abondante (plusieurs rondes-bosses dans les calvaires de Pleyben et de Saint Venec en Briec, par exemple) et concurrença même le célèbre kersanton. Voir l'analyse de Louis Chauris, Les grès verts de Châteaulin,  cité en bibliographie.

Il était déjà employé à Laz vers 1350, dans un groupe du cavalier mourant conservé près de l'église, déjà  présenté ici. Puis vers 1470 sur le bas-relief de la Vierge de Pitié aux anges de tendresse de la porte d'entrée de l'ancien presbytère. Puis, le sculpteur désigné par le nom de convention de Maître de Laz l'employa en 1527 pour la Déploration du calvaire de l'ancien cimetière. 

Ce Maître de Laz est aussi l'auteur de la Déploration de l'église de Plourac'h, presque similaire, mais aussi de celle de Saint-Hernin et de la Pietà de Briec-sur-Odet. Mais aussi de trois autres statues de l'église de Plourac'h, celles de Saint-Patern, de Saint-Adrien, et de Sainte-Marguerite.

Le même matériau est employé au milieu du XVIe siècle pour la belle Trinité du porche de Clohars-Fouesnant.

Il est souvent confondu avec le kersanton (comme pour cette Déploration dans la description de Y.P. Castel).

Sur les sculptures en grès arkosique feldspathique :

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2. Le thème de la Déploration (souvent assimilé aux Vierges de Pitié)

  Les représentations sculptées de la Vierge de Pitié, tenant le corps de son Fils déposé de la croix, soit seule (Pietà), soit entourée de plusieurs personnages (Déplorations), apparaissent au XVe siècle (Pietà du calvaire de Tronoën, de Plozévet, de  Quintin, chapelle N.D. des Portes ; Déplorations de La Chapelle-des-Fougeretz au nord de Rennes, du Musée départemental breton de Quimper etc.) et témoignent de l'importance, dans le duché de Bretagne, du culte centré sur les plaies du Christ crucifié et le sang versé, d'une part, et su les larmes ou le chagrin suscités chez le chrétien par cette mort, d'autre part.

Ce culte s'amplifie encore au XVIe siècle avec la multiplication des calvaires,  où les pietà ou déplorations sont rarement absentes, et des verrières de la Crucifixion avec leur scènes de la Pâmoison ou de la Déploration. Dans cette dévotion associant pour le fidèle méditation devant la mort du Rédempteur, élan de chagrin interiorisé, larmes versées et gratitude, Marie-Madeleine est un personnage majeur, par sa participation aux soins ("embaumement") et par l'intensité de son chagrin.

 

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3. Description.

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À la différence des Déplorations de Laz et de Plourac'h ou de Saint-Hernin, la Vierge n'est pas entourée de Jean et Madeleine, et elle porte seule le corps de son Fils, qui est — inhabituellement— tourné tête vers sa gauche. Elle soutient la tête du Christ, et tient sa main droite, qui posée à plat sur la cuisse, tandis que le bras gauche descend verticalement, montrant la plaie. Les jambes du Christ sont fléchies mais parallèles. Sa barbe est en boule.

Le bloc de pierre est largement fissuré, verticalement ou horizontalement, mais aucune partie n'est manquante.

On retrouve le bord dentelé du gaufrage du manteau-voile, typique du Maître de Laz, mais ici les franges godronnées sont doubles. Comme dans les autres Vierges du Maître de Laz, le manteau revient sur les genoux de Marie pour faire office de drap sous le corps du Christ, comme l'indique les plis frisés. 

La robe descend jusqu'au sol, dissimulant les chaussures, en plis verticaux tubulaires qui prolongent les gaufrures.

Le visage est froid et sévère, n'exprimant ni chagrin, ni même retrait dans une intériorité douloureuse.

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La Vierge de Pitié  (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié  (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié  (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié  (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de Pitié (Maître de Laz, grès arkosique, vers 1527) devant l'église de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile.

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COMPAREZ AVEC LES AUTRES VIERGES DE PITIÉ DU MAÎTRE DE LAZ :

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Déploration du cimetière de Laz, grès arkosique, 1527, Maître de Laz. Photo lavieb-aile.

 

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Déploration de l'église de Plourac'h, grès arkosique polychrome, vers 1527, Maître de Laz. Photo lavieb-aile.

 

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Déploration du calvaire de Saint-Hernin, grès arkosique, Maître de Laz, vers 1527. Photo lavieb-aile.

 

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SOURCES ET LIENS.

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—ABGRALL et PEYRON, chanoines, Notice sur Laz, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie de Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3f8d293143dbd7d909bb80295eb3545b.pdf

 

 

CHAURIS (Louis), 2010, Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne Deuxième partie : Roches sédimentaires, Revue archéologique de l'Ouest.

https://journals.openedition.org/rao/1384?lang=enLes

"Les grès verts du bassin de Châteaulin

Des niveaux gréseux affleurent au sein des schistes bleus du bassin carbonifère de Châteaulin. Tous les intermédiaires apparaissent entre des schistes gréseux encore fissiles, riches en minéraux phylliteux, et des grès feldspathiques plus massifs, caractérisés par leur teinte verte ou gris-vert. Le faciès gréso-feldspathique est formé de quartz non jointifs – ce qui facilite le façonnement – et de plagioclases, moins nombreux, dans un fond phylliteux qui rend compte du caractère tendre de la roche (la nuance verdâtre est due à la chlorite). Ce grès feldspathique fournit de beaux moellons et des pierres de taille, voire même des éléments aptes à la sculpture (Eveillard, 2001).

Ce matériau a déjà été utilisé dans la cité gallo-romaine de Vorgium (aujourd’hui Carhaix – cf. photo IV). Son emploi, à nouveau attesté dès le xvie siècle, prend une place essentielle dans les constructions, à Carhaix et dans ses environs : manoir de Lanoënnec (porte avec cintre en deux éléments, fenêtre avec linteau à accolade) ; manoir de Crec’h Henan (xviie siècle ? avec beaux moellons) ; manoir de Kerledan (xvie siècle, avec érosion en cupules) ; château de Kerampuil (1760, soubassement) ; Kergorvo (portes) ; manoirs de Kerniguez : grand manoir (superbes moellons) et petit manoir (moellons pouvant atteindre un mètre de long, en assises d’épaisseurs diverses, correspondant à la puissance des bancs dans les carrières). A Carhaix même, dans la maison du Sénéchal (xvie siècle), belle cheminée à l’étage. On retrouve ce grès dans les élévations de l’église de Plouguer, ainsi que dans celles de l’église de Saint-Trémeur (parties du xixe s.), dans la façade occidentale de la chapelle du couvent des Hospitalières (xviie siècle) ou au manoir de Maezroz près de Landeleau : photo V, VI… (Chauris, 2001c).

Les Travaux publics ont également fait appel à cette pierre locale. Dans les ouvrages du canal de Nantes à Brest (première moitié du xixe siècle), toujours aux environs de Carhaix, elle a été utilisée sous des modalités diverses : en beaux moellons pour le couronnement du parapet d’un pont près de l’écluse de l’Île ; en petits moellons pour le soubassement des maisons éclusières de Pont Dauvlas, de Kergouthis… ; les faciès plus schisteux – et par suite plus fissiles – ont été recherchés pour le dallage médian des bajoyers de quelques écluses (Kervouledic, Goariva), voire comme dalles devant la maison éclusière (Goariva…). De même, les infrastructures ferroviaires ont aussi employé ce matériau local (pont franchissant le canal au sud-est de Kergadigen).

Mais cette pierre n’a pas été recherchée uniquement autour de Carhaix ; en fait, elle a été utilisée un peu partout dans le bassin de Châteaulin. À Pleyben, dans l’église paroissiale – qui remonte en partie au xvie siècle – le grès vert joue un rôle essentiel en sus du granite : élévation méridionale ; sacristie édifiée au début du xviiie siècle (le grès est alors extrait des carrières de Menez Harz et de Ster-en-Golven) ; la même roche a été aussi utilisée pour l’ossuaire (xvie siècle) et l’arc de triomphe (xviiie), où elle présente quelques éléments bréchiques. également à Pleyben, la chapelle de Gars-Maria, y recourt localement en association avec des leucogranites. À Châteauneuf-du-Faou, dans la vaste chapelle Notre-Dame-des-Portes (fin du xixe siècle), ce grès est en association avec divers granites ; les traces d’outils de façonnement y sont très nettes sur les parements vus. Comme aux environs de Carhaix, les grès verts ont également été recherchés, plus à l’ouest, pour l’habitat.

Ces grès ont aussi été mis en oeuvre dans la statuaire : parmi bien d’autres, évoquons les statues dressées au chevet de l’église de Laz, la statue de Saint-Maudez au Vieux-Marché (Châteauneuf-du-Faou), celle de Saint-Nicolas dans la chapelle N.-D. de Hellen (Edern), plusieurs personnages du célèbre calvaire de Pleyben… Quelques éléments de la chapelle – ruinée – de Saint-Nicodème, en Kergloff, ont été remployés lors de la reconstruction de la chapelle Saint-Fiacre de Crozon, après la dernière guerre ; en particulier de superbes sculptures d’animaux ont été emplacés à la base du toit dans la façade occidentale (Chauris et Cadiou, 2002).

Cette analyse entraîne quelques remarques de portée générale.

Dans un terroir dépourvu de granite, artisans et artistes locaux ont su mettre en œuvre un matériau qui, au premier abord, ne paraissait pas offrir les atouts de la « pierre de grain » qui affleure au nord et au sud du bassin.

Ce matériau local, utilisé dans les édifices les plus variés, confère au bâti du bassin de Châteaulin une originalité architecturale. Son association fréquente aux granites « importés » induit un polylithisme du plus heureux effet. Parfois, le grès a même été exporté vers les bordures du bassin, au-delà de ses sites d’extraction.

Du fait de ses aptitudes à la sculpture, le grès vert a été très tôt recherché pour la statuaire. Il joue localement le rôle des célèbres kersantons de la rade de Brest, à tel point que, dans un musée dont nous tairons le nom, une statue du xvie siècle, a été rapportée au kersanton, alors qu’en fait elle est en grès vert : hommage inconscient à ce dernier matériau !

L’emploi de cette roche singulière, constant pendant plusieurs siècles (au moins du xvie au début du xxe siècle) paraît aujourd’hui totalement tombé dans l’oubli. Ses qualités devraient susciter une reprise artisanale, tant pour les restaurations que pour les constructions neuves."

 

COUFFON (René), 1988, Notice sur Briec-sur-Odet, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/BRIEC.pdf

"Sur le placitre, croix de 1864, Pietà de granit au pied du fût"

ÉVEILLARD (Jean-Yves), 1995, Statues de l'Antiquité remaniées à l'époque moderne: l'exemple d'une tête au cucullus à Châteauneuf-du-Faou (Finistère) Revue archéologique de l'Ouest année 1995  12  pp. 139-146

https://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_1995_num_12_1_1029

LE SEAC'H (Emmanuelle), 2015, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, Presses Universitaires de Rennes pages 248-249.

— OLLIVIER, (Sophie), 1993 -L'architecture et la statuaire en grès arkosique dans la vallée de l'Aulne centrale. Mém. de maîtrise d'histoire (inédit), J.Y. Eveillard, dir., U.B.O., Brest, 2 vol.

 

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11 juillet 2023 2 11 /07 /juillet /2023 17:18

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h et sa Déploration ( grès arkosique ? début du XVIe siècle). 

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Sur Plourac'h, voir :

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Voir aussi :

 

 

 

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Ce calvaire, classé depuis 1926, a été peu décrit par les auteurs. René Couffon, auteur d'une monographie sur l'église de Plourac'h pour le Bulletin monumental en 1955 y consacre quelques lignes.   Dans le cimetière se dresse un calvaire composé d'un massif d'où émergent trois colonnes. Celle du centre, plus élevée et à fût écoté, sert de support au Christ en croix refait à l'époque moderne ; les deux autres aux deux larrons. La colonne centrale porte une traverse aux extrémités de laquelle se dressent la sainte Vierge et saint Jean. Un peu au-dessous et faisant corps avec le fût, saint Michel ; enfin, au pied, Pietà à quatre personnages. La Vierge, entourée de saint-Jean et de la Madeleine, porte le corps du Christ sur ses genoux. Au revers, à la base, Notre-Seigneur attendant le supplice. C'est là un des nombreux calvaires en kersanton édifiés par les ateliers landernéens. Il est à rapprocher, notamment, de ceux de Saint-Hernin et de Braspartz, tous deux dus, d'ailleurs, à un même artiste et datant du XVIème siècle.

La plateforme POP  consacre à l'église et au calvaire une notice IA00003364 , renvoyant à la base Palissy PA00089317 précisant ceci : "A côté de l'église, dans le cimetière, est érigé un calvaire du 15e siècle [sic]. La base est surmontée de trois croix portant Jésus et les deux larrons. Sur les culs de lampe en forme de branches, deux statues de saintes femmes [sic]. Au-dessous d'elles, sur le fût, un ange porte les instruments de la Passion [sic]. Au pied de la croix, quatre personnages devant une descente de croix [sic]. A l'arrière, scène de la flagellation [sic]." Difficile de se fonder sur une description cumulant tant d'erreurs ou d'approximations.

La remarquable étude d'inventaire sur le canton de Callac de 1968 de Pavis-Hermon, Moirez et Tugores n'est consacrée qu'à l'église.

 

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Repères chronologiques. Généralités.

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Le porche de l'église de Plourac'h, par le second atelier du Folgoët, daterait vers 1510. La chapelle nord fondée par Charles Clévédé (Glévédé) est datée de 1500 ou 1506.

Le calvaire de Plourac'h adopte  la même composition que celui de Laz, de Brasparts et de Saint-Hernin (Couffon), mais aussi de Mellac et de Motreff, associant une Croix où le Christ est entouré d'anges hématophores (perdu à Plourac'h), et au verso un Christ aux liens ou un Christ de la Résurrection,  avec deux gibets des Larrons, un croisillon,  une Déploration (le plus souvent en grès arkosique, parfois en kersanton), un fût sculpté d'un saint Michel terrassant le dragon, et des marmousets. Tous sont datables de la même période, vers 1500-1527.

Les points communs avec le calvaire de Laz de 1527 et 1563 sont notables puisque Charles Clévédé était, au début du XVIe siècle, à la fois seigneur de Kerlosquet en Plourac'h  et de Coat Bihan en Laz ; et que la Déploration de "sa"chapelle de Plourac'h est issue, comme plusieurs statues de l'église, du même atelier, dit du Maître de Laz, que celle de 1527 du calvaire de Laz, et sculptée dans le même matériau extrait dans le "bassin de Châteaulin" autour de Châteauneuf-du-Faou, le grès vert "arkosique".

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La confusion entre la kersantite et le grès arkosique est fréquente, et la distinction entre les deux pierres est parfois délicate, malgré la teinte verte du grès, surtout lorsque les lichens viennent perturber le regard. Néanmoins, il me semble que la Déploration du calvaire de Plourac'h est en grès arkosique (ce qui serait très logique dans le contexte qui vient d'être décrit). Mais il est bien difficile à un chercheur solitaire, en l'absence de documentation solide, de s'aventurer à de telles affirmations. Je les assume, et le lecteur les appréciera pour ce qu'elles sont.

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Description rapide du calvaire.

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Au centre du cimetière de l'église, il est correctement "orienté", c'est-à-dire que le Christ en croix est tourné vers l'occident. Il occupe sans doute son emplacement d'origine

Le soubassement monolithique carré en granite, à bords biseautés est posé sur un édifice de quatre rangs de pierres de taille doté d'une table d'offrande vers l'ouest.

Il porte trois fûts de granite : les deux gibets des Larrons, de section carrée, puis polygonale puis ronde, et le fût plus élevé et à un croisillon, alternant les mêmes sections, du Crucifix. Chacun porte, par un tambour mouluré, soit un gibet, soit une croix, cylindriques.

Sur le soubassement a été placée, devant la Croix, la Déploration à quatre personnages, peut-être en grès arkosique. Juste au dessus de ce groupe, mais sculpté dans le granite du fût, un saint Michel terrasse le dragon de la pointe de son épée. Puis deux marmousets, tenant peut-être jadis un écu, font office de croisillon, recevant les statues de la Vierge et de saint Jean (modernes : socle rectangulaire mal adapté au support). La croix cylindrique, le Christ et le titulus INRI sont modernes.

Les deux larrons en granite semblent anciens, mais de deux types différents.

Du côté oriental, un Christ aux liens en granite est posé sur le soubassement.

 

 

 

 

 

 

 

 

I. LA DÉPLORATION DU CALVAIRE.


 

1. Le matériau.

Le grès arkosique (feldspathique), à grain très fin, de couleur gris-verdâtre, du Centre Bretagne, se prête bien à la sculpture par sa relative tendreté et son aptitude à la taille. Il est abondant dans le bassin de Châteaulin, c'est-à-dire une partie du Centre-Finistère (Châteauneuf-du-faou), où il été utilisé en architecture et en sculpture (Ollivier, 1993). L'architecture domestique (bâtiments de fermes, manoirs) et l'architecture religieuse (église du Cloître-Pleyben, sacristie de Pleyben, chapelles) lui ont fait largement appel aux XVème, XVIème et XVIIème siècles. Dans le domaine de la sculpture, P. Eveillard  en a découvert l' emploi dès le second Age du fer et à la période gallo-romaine (génie au cucullus) . Aux XVIème et XVIIème siècles, il alimenta une statuaire abondante (plusieurs rondes-bosses dans les calvaires de Pleyben et de Saint Venec en Briec, par exemple) et concurrença même le célèbre kersanton. Voir l'analyse de Louis Chauris, Les grès verts de Châteaulin,  cité en bibliographie.

Il était déjà employé à Laz vers 1350, dans un groupe du cavalier mourant conservé près de l'église, déjà  présenté ici. Puis vers 1470 sur le bas-relief de la Vierge de Pitié aux anges de tendresse de la porte d'entrée de l'ancien presbytère. Puis, le sculpteur désigné par le nom de convention de Maître de Laz l'employa en 1527 pour la Déploration du calvaire de l'ancien cimetière. 

Ce Maître de Laz est aussi l'auteur de la Déploration de l'église de Plourac'h, presque similaire, mais aussi de celle de Saint-Hernin et de la Pietà de Briec-sur-Odet. Mais aussi de trois autres statues de l'église de Plourac'h, celles de Saint-Patern, de Saint-Adrien, et de Sainte-Marguerite.

Le même matériau est employé au milieu du XVIe siècle pour la belle Trinité du porche de Clohars-Fouesnant.

Il est souvent confondu avec le kersanton (comme pour cette Déploration dans la description de Y.P. Castel).

Sur les sculptures en grès arkosique feldspathique :

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2. Le thème de la Déploration (souvent assimilé aux Vierges de Pitié)

 

Les représentations sculptées de la Vierge de Pitié, tenant le corps de son Fils déposé de la croix, soit seule (Pietà), soit entourée de plusieurs personnages (Déplorations), apparaissent au XVe siècle (Pietà du calvaire de Tronoën, de Plozévet, de  Quintin, chapelle N.D. des Portes ; Déplorations de La Chapelle-des-Fougeretz au nord de Rennes, du Musée départemental breton de Quimper etc.) et témoignent de l'importance, dans le duché de Bretagne, du culte centré sur les plaies du Christ crucifié et le sang versé, d'une part, et su les larmes ou le chagrin suscités chez le chrétien par cette mort, d'autre part.

 

 

Ce culte s'amplifie encore au XVIe siècle avec la multiplication des calvaires,  où les pietà ou déplorations sont rarement absentes, et des verrières de la Crucifixion avec leur scènes de la Pâmoison ou de la Déploration. Dans cette dévotion associant pour le fidèle méditation devant la mort du Rédempteur, élan de chagrin intériorisé, larmes versées et gratitude, Marie-Madeleine est un personnage majeur, par sa participation aux soins ("embaumement") et par l'intensité de son chagrin.

 

 

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3. Description.

 

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Aucune trace de polychromie n'est visible sur la pierre gris-vert seulement marquée par  des lichens ras, blancs et verts, et par des micro-organismes. La pierre est de grain fin, striée par de fines lignes obliques vers le haut et la gauche.

Jean et la Vierge sont assis et portent le corps du Christ sur leurs genoux, tandis que Marie-Madeleine est debout ; mais pourtant les trois personnages ont la même taille. Le Christ est dans la posture la plus classique dans les Vierges de Pitié, la tête vers notre gauche, le bras droit vertical et le bras gauche tenu par sa Mère ; mais de façon très inhabituelle les plaies ne sont pas figurées (alors que le nombril et les mamelons le sont). Le relief des côtes n'est pas indiquée.

Il est couronné d'épines, la bouche entrouverte, barbu, les cheveux mi-longs descendant en mèches peignées et  bouclées. Ses jambes fléchies longent la jambe gauche de Marie, les pieds ne sont pas croisés. Le corps ne repose pas sur un suaire, mais sur les pans des manteaux de Jean et Marie, qui forment sur le socle une série de plis. Seul, le pied nu de Jean est visible parmi ces plis.

Jean épaule la Vierge, mais sa tête et son regard sont tournés vers la droite, vers l'extérieur, tandis que sa main droite posée sur la joue lui donne un air consterné ou perdu.

Il est vêtu d'un manteau dont il retient le pan droit de la main gauche, et d'une robe fortement plissée aux manches, et dont l'encolure est marquée par un galon. Son visage rond est encadré par les mèches bouclées  descendant sur les épaules ; les yeux sont ombragés par des orbites profondes.

La Vierge porte le manteau-voile, qui encadre sa tête sans plis ni ailes, la guimpe, une robe aux manches aussi plissées que celle de Jean, et serrée par une ceinture de cuir. Son visage rond  est inexpressif, le nez est fort, les lèvres avancées. 

À son habitude, Marie-Madeleine brille par son élégance (la bride perlée de son manteau, le pan droit du manteau fixé par une troussière au poignet gauche) et par ses longs cheveux dénoués. Elle porte par un geste délicat de la main gauche un flacon d'aromates  au pot strié et au couvercle conique, mais rien n'indique ici qu'elle s'apprête à l'utiliser, et sa main droite repose sur sa poitrine. Elle a le visage le plus animé des trois personnages, sans doute par la ligne des paupières, et une bouche plus fine.

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Voir les autres Déplorations (classées par ordre chronologique approximatif) :
 

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Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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LE CALVAIRE PROPREMENT DIT.

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I. LA FACE PRINCIPALE, OCCIDENTALE.

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Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Saint Michel [saint Georges] terrassant le dragon.

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Ce saint est sculpté dans la masse du fût lui-même, comme à Brasparts, Saint-Hernin, Mellac, et Motreff, mais son bouclier n'est pas rond (Brasparts, Motreff), il a la forme d'un écu (Saint-Hernin, Mellac, Laz). Comme à Laz, il est orné d'une croix, ce qui peut inciter à y voir saint Georges.

Malgré l'érosion du granite, on devine qu'il est en armure  ; sa très longue épée passe en diagonale devant lui pour menacer de sa pointe la gueule d'un dragon bien moins développé que sur les autres calvaires.

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Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Les marmousets formant le croisillon.

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Yves-Pascal Castel désigne sous le nom de "marmouset" ces personnages qui fanfaronnent et bombent le torse sur tous  les calvaires de notre série. Ils peuvent être plus nombreux, mais ici ils ne sont que deux pour servir de support aux  deux personnages du pied de la croix. Ils tendent les bras en arrière pour tenir (uniquement sur cette face) un écusson. C'erst la comparaison avec d'autres calvaires, où il est plus facile d'affirmer qu'il s'agit d'un écu, qui permet de distinguer ici cet accessoire.

La forme des bonnets ou les détails des tuniques sont effacés par l'érosion.

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Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Le Christ en croix, la Vierge et saint Jean.

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René Couffon indique que le Christ et sa croix sont modernes ; mais je pense que la Vierge et saint Jean, qui regardent tous les deux en l'air et non vers le Christ, et dont le socle est rectangulaire, sont également modernes.

Il est vraisemblable que le Christ d'origine était accompagné des anges hématophores habituels.

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Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Les Larrons.

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Ils sont liés de façon différente ; et seul le mauvais Larron a la jambe droite  fléchie à angle droit, l'autre seule étant liée. L'un porte une culotte (sans crevés, qui viendront plus tard avec la Renaissance) et l'autre un pagne. Les cheveux "en boules " du Mauvais Larron rappelent le style de l'Atelier du Folgoët (qui réalisa le porche).

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Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

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II. LA FACE ORIENTALE.

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On n'y trouve que la statue en ronde-bosse, apparemment taillé dans le bloc du fût, d'un Christ aux liens en granite,  assis, lié aux poignets et aux chevilles, et dont la main droite brisée tenait sans-doute le roseau de la dérision.

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Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

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SOURCES ET LIENS.

 

CHAURIS (Louis), 2010, Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne Deuxième partie : Roches sédimentaires, Revue archéologique de l'Ouest.

https://journals.openedition.org/rao/1384?lang=enLes

COUFFON (René), 1939, "Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint Brieuc et Tréguier" page 174[390] et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f202.image.r=plourach

COUFFON (René), 1955, L'église de Plourac'h, Bulletin monumental,113-3 pp.193-204.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1955_num_113_3_3777

 

COUFFON (René), 1958, L'Iconographie de la Mise au tombeau en Bretagne In: Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne vol. 38 (1958) p. 5-28.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/63d185fba515a3.55783169/1958_01.pdf

ÉVEILLARD (Jean-Yves), 1995, Statues de l'Antiquité remaniées à l'époque moderne: l'exemple d'une tête au cucullus à Châteauneuf-du-Faou (Finistère) Revue archéologique de l'Ouest année 1995  12  pp. 139-146

https://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_1995_num_12_1_1029

LE SEAC'H (Emmanuelle), 2015, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, Presses Universitaires de Rennes pages 249-250.

— OLLIVIER, (Sophie), 1993 -L'architecture et la statuaire en grès arkosique dans la vallée de l'Aulne centrale. Mém. de maîtrise d'histoire (inédit), J.Y. Eveillard, dir., U.B.O., Brest, 2 vol.

PAVIS-HERMON, 1968, Dossier IA0003364 de l'Inventaire général et M.M TUGORES, D. MOREZ 1968

https://www.patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-saint-jean-baptiste-plourac-h/b32b053d-fc6d-47a2-9d79-5d9cfde4ddd9

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00003364_01.pdf

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00003364_02.pdf

 

ROLLAND (Jean-Paul), s.d "Contexte dans laquelle cette église fut construite"

https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle_242/Plourach_annexe.pdf

 


 

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10 juillet 2023 1 10 /07 /juillet /2023 09:44

Le calvaire du cimetière de Laz (granite et kersantite, 1563) et sa Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527).

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PRÉSENTATION.

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Le calvaire de Laz est situé aujourd'hui au centre du cimetière. Son soubassement rectangulaire ou "mace" en granite forme un emmarchement de 4 mètres où trois blocs cylindriques recoivent les fûts des trois croix. Une loge à l'arrière est fermée par une porte en bois.

Un support en granite de 1,25 m de haut, proche d'une table d'offrande, est installé devant le soubassement et porte la Déploration, datée et signée.

Les gibets de section ronde portent les larrons, celui de gauche étant moderne. Le fût central à pans sur socle cubique et console figurée porte un croisillon à deux statues modernes, celle de la Vierge et de saint Jean. Sur un nœud portant l'inscription Ecce Homo 1563, le  second étage de fût porte le Crucifix à anges aux calices, et un Christ aux liens.

Yves Pascal Castel en a donné un croquis avec relevé partiel de l'inscription de 1527 :

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I. LA DÉPLORATION (grès arkosique, Maître de Laz/Yvon Fichaut?, 1527).

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1. Le matériau.

Le grès arkosique (feldspathique), à grain très fin, de couleur gris-verdâtre, du Centre Bretagne, se prête bien à la sculpture par sa relative tendreté et son aptitude à la taille. Il est abondant dans le bassin de Châteaulin, c'est-à-dire une partie du Centre-Finistère (Châteauneuf-du-faou), où il été utilisé en architecture et en sculpture (Ollivier, 1993). L'architecture domestique (bâtiments de fermes, manoirs) et l'architecture religieuse (église du Cloître-Pleyben, sacristie de Pleyben, chapelles) lui ont fait largement appel aux XVème, XVIème et XVIIème siècles. Dans le domaine de la sculpture, P. Eveillard  en a découvert l' emploi dès le second Age du fer et à la période gallo-romaine (génie au cucullus) . Aux XVIème et XVIIème siècles, il alimenta une statuaire abondante (plusieurs rondes-bosses dans les calvaires de Pleyben et de Saint Venec en Briec, par exemple) et concurrença même le célèbre kersanton. Voir l'analyse de Louis Chauris, Les grès verts de Châteaulin,  cité en bibliographie.

Il était déjà employé à Laz vers 1350, dans un groupe du cavalier mourant conservé près de l'église, déjà  présenté ici. Puis vers 1470 sur le bas-relief de la Vierge de Pitié aux anges de tendresse de la porte d'entrée de l'ancien presbytère. Puis, le sculpteur désigné par le nom de convention de Maître de Laz l'employa en 1527 pour la Déploration du calvaire de l'ancien cimetière. 

Ce Maître de Laz est aussi l'auteur de la Déploration de l'église de Plourac'h, presque similaire, mais aussi de celle de Saint-Hernin et de la Pietà de Briec-sur-Odet. Mais aussi de trois autres statues de l'église de Plourac'h, celles de Saint-Patern, de Saint-Adrien, et de Sainte-Marguerite.

Le même matériau est employé au milieu du XVIe siècle pour la belle Trinité du porche de Clohars-Fouesnant.

Il est souvent confondu avec le kersanton (comme pour cette Déploration dans la description de Y.P. Castel).

Sur les sculptures en grès arkosique feldspathique :

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2. Le thème de la Déploration (souvent assimilé aux Vierges de Pitié)

 

2°) Les représentations sculptées de la Vierge de Pitié, tenant le corps de son Fils déposé de la croix, soit seule (Pietà), soit entourée de plusieurs personnages (Déplorations), apparaissent au XVe siècle (Pietà du calvaire de Tronoën, de Plozévet, de  Quintin, chapelle N.D. des Portes ; Déplorations de La Chapelle-des-Fougeretz au nord de Rennes, du Musée départemental breton de Quimper etc.) et témoignent de l'importance, dans le duché de Bretagne, du culte centré sur les plaies du Christ crucifié et le sang versé, d'une part, et su les larmes ou le chagrin suscités chez le chrétien par cette mort, d'autre part.

Ce culte s'amplifie encore au XVIe siècle avec la multiplication des calvaires,  où les pietà ou déplorations sont rarement absentes, et des verrières de la Crucifixion avec leur scènes de la Pâmoison ou de la Déploration. Dans cette dévotion associant pour le fidèle méditation devant la mort du Rédempteur, élan de chagrin interiorisé, larmes versées et gratitude, Marie-Madeleine est un personnage majeur, par sa participation aux soins ("embaumement") et par l'intensité de son chagrin.

Comme dans d'autres églises, celle de Laz associe à la Déploration de son calvaire un autre groupe, celui de la Vierge de Pitié de la porte du jardin du Presbytère, en granite vers 1470. 

 

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3. Description.

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Sur la face antérieure du calvaire, le groupe monumental de la Déploration est posé sur ce que je compare à une table d'offrande, rectangulaire. Sa couleur tirant sur le vert et son grain très fin le détachent du reste du calvaire en granite.

Son revers est sculpté très sommairement, derrière les personnages, et pas du tout en dessous, ce qui laisse penser que ce groupe est sur son emplacement initial.

Il mesure 1,74 m. de large, 1,25 m. de haut et 37 cm de profondeur.

Les têtes et les bustes  de Jean et Marie, le buste de Marie-Madeleine, les jambes du Christ et bien d'autres endroits ont été brisés, puis ont été rescellés au ciment-pierre, ou complétés, et solidarisés par de solides crampons en bronze.

Aucune trace de polychromie n'est visible.

Selon Le Seac'h, la Déploration se trouvait auparavant près de l'église, et a été déplacée vers 1970 avec le calvaire au milieu du cimetière (celui-ci est éloigné de l'église qui est à 200m à l'est) et placée sur la table d'offrande. Les premiers clichés du dossier de l'Inventaire montrent cette ancienne situation, avec une maison en arrière-plan. Voir aussi les cartes postales Le Doaré .

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Le calvaire du cimetière de Laz (1563) et sa Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (1563) et sa Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription en lettres gothiques.

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Elle est portée sur le bord du socle polygonal et on la déchiffre ainsi :

               LAN.MIL.Vct .XX. VII .YVON FICHAUT PCULCZ

 

Soit L'an mille cinq cent vingt sept Yvon Fichaut PCULCZ.

L'énigme de la lecture de PCULCZ reste débattue, mais la proposition de René Couffon d'y lire PCULUCS (Couffon 1988) ou de l'interprêter  comme p(ro)cul(eur) l(an) pour Procureur (à la tête du conseil de fabrique) (Couffon 1959)  est peu crédible.

En 2015, Le Seac'h suit la suggestion de Couffon mais donne la leçon suivante : YVON FICHAUT P[RO]CU[REUR] L[A]N, guère plus convaincante.

Y.P. Castel a transcrit PULSCS sur  une correction manuscrite du bordereau, ce qui ne semble pas confirmer par l'examen (cf. photo), puis  il opte en 1980 dans son Atlas  pour "PSULCS (sculps.)"

Le Z final peut être en effet  lu comme un S, mais cela ne change rien. Le P initial ne semble pas une forme abrégée de per, pré, pra, pro car il n'est pas affecté par un signe.

Yves-Pascal Castel écrivait en 1982  dans Sculpteurs de Bretagne au XVIe siècle  : 

" L’année même de la création du calvaire de Locmaria-Lan, en 1527, un autre sculpteur travaillait sa pierre dans un esprit différent. Le fascinant troupe de Notre-Dame-de-Pitié d’Yvon Fichaut, désormais placé sur la table d’offrande du calvaire de Laz, peut-être traité pour lui-même puisqu’il est antérieur à ce calvaire, daté 1563, un peu hétéroclite qui réunit des statues d’inspiration ancienne à des pièces refaites au 19iéme siècle. Le groupe de Fichaut est signalé dans les ouvrages qui en produisent et la date et le nom, mais se taisent sur les six dernières lettres de l’inscription qui court sur le socle, à moins qu’elles ne les transcrivent de manière incorrecte(R. Couffon 1959) Les caractères gothiques en relief sont bien dessinés et très lisibles : l’ an mil VCC xxvll yvon fichaut psulcs. Quel rébus nous proposent donc les six dernières lettres? Est-ce un anagramme volontaire, est-ce méprise d’un tailleur de pierre, illettré comme l’étaient la plupart? Telles qu’elles sont rangées, les lettres ne veulent rien dire, mais ne peut-on pas y voir celles de l’abréviation sculps(it)? en les disposant ainsi 

Yvon Fichaut serait alors le nom de l’artiste qui signe largement son œuvre et non celui d’un procureur, comme le pense R. Couffon."

La consultation du site généanet montre que le patronyme FICHAUT est attesté au XVIe siècle en Bretagne, rarement mais sans ce prénom (un seul exemple : Louis Fichaut).

A. Deshayes (Dict. des noms de famille bretonne) ignore FICHAUT mais signale (Le) FICHANT dès 1427 à Cléguerec puis à Quimper. Pour Généanet, FICHANT est très présent au XVIe siècle à Pluzunet (22).

En conclusion, il faut admettre que ces six lettres finales ne peuvent être comprises malgré nos efforts, et nos désirs d'y voir une "coquille" pour "sculpsit".

La conséquence est de taille, car soit on estime avec Castel que l'œuvre est signée et que Yvon Fichaut est le sculpteur (et on sait pourtant comme les signatures de sculptures des calvaires bretons sont rares, et comme les noms qu'on y trouve sont bien plus souvent ceux des commanditaires, les fabriciens), soit on y renonce et on désigne l'auteur de ce groupe sous le nom de convention de Maître de Laz, avec Emmanuelle Le Seac'h.

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La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

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Description.

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"Les trois personnages, Jean, l Vierge et Marie-Madeleine, sont assis et le corps du Christ repose sur les genoux, mais la manière doint il est allongé donne l'impression qu'il repose sur un catafalque formé de trois coussins. Le sculpteur, de façon maladroite, n'a pas aligné les formes des jambes des personnages avec le haut du corps : les plis en volutes évidés et enroulés du bas des robes ne coïncident pas avec le haut. La tête du Christ est ceinte d'une couron,ne à deux tresses. Imberbe, il est fin et maigre. Son bras droit pend jusqu'au sol. La plaie sur le côté droit est creusée. Les côtes sont apparentes." (Le Seac'h)

Son pagne aux bords gaufrés pourrait être en fait constitué du manteau maternel.

Les deux pieds sont parallèles, en léger équin.

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La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge , hiératique et imposante, s'inscrit dans un triangle central. Elle est revêtue d'un grand manteau-voile qui enveloppe son visage en le moulant avant d'écarter ses pans. L'élément caractéristique de ce sculpteur est de représenter des crans gaufrés tout le long de la bordure ; et on réalise alors que le "coussin" sur lequel est allongé le Christ est une partie de ce manteau.

Le même motif cranté se retrouve sur le bord inférieur de la guimpe. Sous celle-ci, la robe décline ses épais plis verticaux, auxquels répondent les plis des larges manches. 

Le manteau se poursuit en bas pour former des petites vagues dissimulant les chaussures.

Le visage est sévère, crispé ; le nez est droit et étroit, la bouche concave.

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La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

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Saint Jean.

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Sa chevelure aux boucles frisés  en bigorneaux (ou macarons formés à la douille !) témoigne de la forte influence de l'Atelier du Folgoët (1423-1509), atelier qui attribue à ses anges et ses saint Jean cette coiffure.

Il porte une pèlerine courte attachée sous la gorge, et un manteau (prolongeant peut-être la pèlerine) porté sur l'épaule gauche avant de venir servir de drap sous la tête du Christ.

Ses mains disparaissent sous le manteau.

Le regard est grave, les pupilles creusées (comme le fera ensuite Roland Doré).

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La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

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Sainte Marie-Madeleine.

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Ses longs cheveux dénoués qui ruissellent sur ses épaules forment un contre-point aux gaufrures du voile de la Vierge.

Elle porte un manteau aux pans libres, qui démarre derrière sa nuque, sert de crap aux jambes du Christ pui descend jusqu'au sol.

Sa robe à décolleté carré soulignée d'un large galon et d'un bouton (ou médaillon) recouvre une chemise fine couvrant la gorge. De ses manches, plus larges que celles de la Vierge, et plissées, sortent des mains fines, l'une soulevant le couvercle d'un pot d'aromates que l'autre soutient. Elle se prépare donc à effectuer un geste de soins.

La robe est lachement serrée par une ceinture decsndant en V sur le ventre.

Le visage est déteminé, les yeux en amande à pupille creusée donnent à la sainte une allure  éveillée tendue vers l'action.

Pour E. Le Seac'h, qui a créé le catalogue du Maître de Laz et décrit son style, "les yeux bridés participent du style du sculpteur avec  le visage rectangulaire. L'arête entre le front et les paupières est douce. Le nez est droit avec un léger raccourcissement au niveau de la pointe, ce qui atténue la sévérité des visages? En plus des gaufrures significatives du Maître de Laz, le travail sur le contraste des lignes est marquant."

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La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de Laz et sa Déploration.

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LE CALVAIRE PROPREMENT DIT.

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Le calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527, granite, 1563, et XIXe). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527, granite, 1563, et XIXe). Photographie lavieb-aile.

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II. LE CALVAIRE : SAINT GEORGES [ou saint Michel] TERRASSANT LE DRAGON (grès arkosique, Maître de Laz/Yvon Fichaut?, 1527). Console inférieure en forme de masque sur la face principale du fût.

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Je décris cette statue juste après la Déploration, car je crois y reconnaître le même matériau, le grès arkosique, à son grain et à sa teinte.  Or, les auteurs l'ont décrit (en y voyant saint Michel) de façon différente.

Pour E. Le Seac'h (p. 248), c'est une œuvre du XIXe siècle.

Pour Y-P. Castel, au contraire, la statue pourrait dater de 1527 (Déploration) plutôt que de 1563. Mais elle est pour lui en pierre de kersanton. Tout en le décrivant comme un saint Michel, il souligne que la croix du bouclier en fait plutôt un saint Georges. Dans sa description de 1980, il le désigne comme saint Georges.

Deux autres critères d'attribution au Maître de Laz sont le creusement des pupilles, d'une part, et la chevelure aux boucles tressées en macarons . En outre, la console est plus étroite que le socle de la statue, ce qui indique une réalisation antérieure à l'édification du calvaire en 1563.

Le saint est en armure complète, recouverte d'une cape ; le chevalier terrasse le dragon de la pointe de son épée (brisée).

Cinq calvaires de la même époque comportent un saint "Michel" au dessus d'une Déploration :   ceux de Brasparts (vers 1500), de Mellac (vers 1500), de Motreff,  (vers 1500), de Saint-Hernin (dont la Déploration en grès est du Maître de Laz) et de Plourac'h (XVIe). Et ces calvaires ont de nombreux points en commun, comme les marmousets servant de console.

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On comparera avec intêret ce saint Georges avec un autre chevalier sculpté par le Maître de Laz : le saint Adrien de l'église de Plourac'h. On y retrouve le même tratement de la chevelure en trois étages  de boucles-macarons, et les mêmes pièces d'armures (solerets, pièces en losange des genouillères, bords de la cotte). Je rappelle que son commanditaire, Charles Clévédé, était à la fois seigneur de Kerlosquet en Plourac'h et de Coatbihan en Laz  (en 1632, le curé de Laz était Jean de Clévédé). 

"L’ensemble castral de « RozVen Plaz » dont la fameuse chapelle castrale est devenue église paroissiale au XViéme  a constitué l’amorce du bourg de Laz. Plusieurs vestiges militent pour une résidence en ce lieu de branches de la famille « Glas » en particulier les CLESVEDE ou GLEVEDEN dont les armes, devenues celles de la commune, figurent sur une pierre ancienne, aujourd’hui encastrée dans le clocher de l’église. Cette famille était implantée depuis longtemps dans son manoir du Veroudy en Laz, aujourd’hui Coat Bihan et dominait le versant sud de la commune actuelle. Par un mariage en 1427, ils s’allient aux Glaz, sieurs de Kerohan et dominent donc aussi le versant nord, y compris le Roz Ven Plaz où ils construisent la chapelle castrale et probablement une demeure adjacente, dont le « Tribunal » pourrait être le reste." (Lazaloeil 2007)

 

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Saint Adrien (grès feldspathique polychrome, vers 1527), église de Plourac'h. Photo lavieb-aile.

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Saint Adrien (Maître de Laz, grès feldspathique polychrome, vers 1527) de l'église de Plourac'h. Photo lavieb-aile.

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Saint Georges,  calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges, calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges,  calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges, calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges,  calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges, calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges,  calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges, calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges,  calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges, calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

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III. LE FÛT EN GRANITE MONOXYLE DU CALVAIRE.

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Avant d'avancer dans la description du calvaire, je voudrais souligner que le fût central, les deux masques servant de console, les deux marmousets soutenant le croisillon, et ce croisillon lui-même puis le petit personnage identifié comme Adam, sont sculptés dans une seule pièce de pierre, un leucogranite.

Au dessus du nœud polygonal, une nouvelle pièce porte la croix, le Christ, les anges, le titulus et l'inscription de 1563.

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Les marmousets.

C'est le nom de convention choisi par Y.P. Castel pour des petits personnages servant de console sur nos calvaires, souvent habillés en écuyer avec une veste à gros boutons et un bonnet sous une chevelure mi-longue, par deux, trois ou quatre, le nez un peu épaté, grimaçant parfois, se tenant par la main parfois encore en ronde, ou, ailleurs, tenant un écu. On constate que ces marmousets se retrouvent sur les calvaires de Saint-Nic, ou de Saint-Venec en Briec, mais aussi sur les calvaires contemporains de celui-ci et comportant des déplorations ou des statues en grès arkosiques :

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Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

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Le personnage au pied de la Croix serait Adam.

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Il est vêtu d'une longue tunique et sa chevelure est abondante  ;  il est adossé au fût, le visage tourné vers le ciel, "dans l'attitude su sommeil". Emerge-t-il des limbes sous l'effet de la Rédemption ?

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Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

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IV. LES STATUES DU CROISILLON : LA VIERGE ET SAINT JEAN.

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Elles datent du XIXe siècle et sont en granite.

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Le calvaire du cimetière de Laz (restauration, XIXe). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (restauration, XIXe). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (restauration, XIXe). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (restauration, XIXe). Photographie lavieb-aile.

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V. LE CHRIST EN CROIX ET LES TROIS ANGES HÉMATOPHORES (1563).

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L'ange de gauche reçoit le sang s'écoulant de la main droite et du flanc droit, celui de droite celui de la main gauche, l'ange du bas celui des plaies des pieds.

Ces anges déjà présents sur le calvaire de Tronoën (v. 1470) témoignent de l'importance donnée aux plaies du Christ crucifié et au sang versé.

Le titulus INRI est écrit en lettres bifides et perlées.

Comme pour le fût, la croix, le Christ, les anges et leur calice, les jets de sang , le Christ aux liens au verso, tout me paraît taillé dans le même bloc de pierre, ce qui est une performance remarquable. Mais je m'étonne de l'aspect très lisse et gris du corps du Christ (et du Christ aux liens) : n'avons-nous pas affaire là encore au grès arkosique ?

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Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

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VI. AU DOS DE LA CROIX : LE CHRIST AUX LIENS  ET L'INSCRIPTION "ECCE : HOMO : 1563".

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Il porte le manteau et le roseau de la dérision, il est couronné d'épines, et ses poignets sont liés.

 

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Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

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L'inscription en caractères romains.

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Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

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VII.  À MI-HAUTEUR DU FÛT, FACE SECONDAIRE : UN SAINT ÉVÊQUE (kersanton ?, XVe siècle).

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Y.-P. Castel et E. Le Seac'h s'accordent pour voir là la statue la plus ancienne du calvaire. Elle mesure 70 cm et Castel remarque "la pierre de kersanton  très sombre, différente des autres kersantites utilisées dans les calvaires".

C'est un saint évêque sans attribut, mitré, bénissant et tenant sa crosse (brisée), vêtu d'une chasuble gothique terminée en pointe et à plis "en becs".

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Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite , XVe s). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite , XVe s). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite , XVe s). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite , XVe s). Photographie lavieb-aile.

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VIII. LE GIBET DU BON LARRON (XIXe siècle) ET CELUI DU MAUVAIS LARRON (XIVe siècle).

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Le Bon larron (granite, XIXe siècle ; inspiré du Mauvais larron).

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Le calvaire du cimetière de Laz (granite, XIXe s). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, XIXe s). Photographie lavieb-aile.

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Le Mauvais larron (kersanton, XVIe siècle).

Notez les différences : les bras ne sont pas liés par les poignets  sur le devant de la traverse (ce qui rapprocherait trop ces larrons du Christ) mais ramenés vers l'arrière. Seul le pied droit est lié, l'autre, libre, est fléchi (les larrons ont eu les jambes brisées par les soldats). La braguette du pantalon est signalée par ses boutons. La ceinture est large et ornée d'un bouton. Ces détails se retrouvent sur les calvaires bretons du XVIe siècle.

Par contre, les larrons des calvaires du XVIe siècle ne portent pas, en général, le pantalon, mais une culotte à crevés. 

 

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite, XVIe s). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite, XVIe s). Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 

—CASTEL (Yves-Pascal), PAVIS (F.), HERMON (J.F.) [ou PAVIS-HERMON], 1966, 1972 et 1986, Dossier IA00005124 réalisé pour l'Inventaire général et bordereau en pdf

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00005124_01.pdf

 

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ca8a0fbd-e3f6-485a-aca2-f55f79e25f75

—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/laz.html

— Base Palissy

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00005124

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CHAURIS (Louis), 2010, Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne Deuxième partie : Roches sédimentaires, Revue archéologique de l'Ouest.

https://journals.openedition.org/rao/1384?lang=enLes

"Les grès verts du bassin de Châteaulin

Des niveaux gréseux affleurent au sein des schistes bleus du bassin carbonifère de Châteaulin. Tous les intermédiaires apparaissent entre des schistes gréseux encore fissiles, riches en minéraux phylliteux, et des grès feldspathiques plus massifs, caractérisés par leur teinte verte ou gris-vert. Le faciès gréso-feldspathique est formé de quartz non jointifs – ce qui facilite le façonnement – et de plagioclases, moins nombreux, dans un fond phylliteux qui rend compte du caractère tendre de la roche (la nuance verdâtre est due à la chlorite). Ce grès feldspathique fournit de beaux moellons et des pierres de taille, voire même des éléments aptes à la sculpture (Eveillard, 2001).

Ce matériau a déjà été utilisé dans la cité gallo-romaine de Vorgium (aujourd’hui Carhaix – cf. photo IV). Son emploi, à nouveau attesté dès le xvie siècle, prend une place essentielle dans les constructions, à Carhaix et dans ses environs : manoir de Lanoënnec (porte avec cintre en deux éléments, fenêtre avec linteau à accolade) ; manoir de Crec’h Henan (xviie siècle ? avec beaux moellons) ; manoir de Kerledan (xvie siècle, avec érosion en cupules) ; château de Kerampuil (1760, soubassement) ; Kergorvo (portes) ; manoirs de Kerniguez : grand manoir (superbes moellons) et petit manoir (moellons pouvant atteindre un mètre de long, en assises d’épaisseurs diverses, correspondant à la puissance des bancs dans les carrières). A Carhaix même, dans la maison du Sénéchal (xvie siècle), belle cheminée à l’étage. On retrouve ce grès dans les élévations de l’église de Plouguer, ainsi que dans celles de l’église de Saint-Trémeur (parties du xixe s.), dans la façade occidentale de la chapelle du couvent des Hospitalières (xviie siècle) ou au manoir de Maezroz près de Landeleau : photo V, VI… (Chauris, 2001c).

Les Travaux publics ont également fait appel à cette pierre locale. Dans les ouvrages du canal de Nantes à Brest (première moitié du xixe siècle), toujours aux environs de Carhaix, elle a été utilisée sous des modalités diverses : en beaux moellons pour le couronnement du parapet d’un pont près de l’écluse de l’Île ; en petits moellons pour le soubassement des maisons éclusières de Pont Dauvlas, de Kergouthis… ; les faciès plus schisteux – et par suite plus fissiles – ont été recherchés pour le dallage médian des bajoyers de quelques écluses (Kervouledic, Goariva), voire comme dalles devant la maison éclusière (Goariva…). De même, les infrastructures ferroviaires ont aussi employé ce matériau local (pont franchissant le canal au sud-est de Kergadigen).

Mais cette pierre n’a pas été recherchée uniquement autour de Carhaix ; en fait, elle a été utilisée un peu partout dans le bassin de Châteaulin. À Pleyben, dans l’église paroissiale – qui remonte en partie au xvie siècle – le grès vert joue un rôle essentiel en sus du granite : élévation méridionale ; sacristie édifiée au début du xviiie siècle (le grès est alors extrait des carrières de Menez Harz et de Ster-en-Golven) ; la même roche a été aussi utilisée pour l’ossuaire (xvie siècle) et l’arc de triomphe (xviiie), où elle présente quelques éléments bréchiques. également à Pleyben, la chapelle de Gars-Maria, y recourt localement en association avec des leucogranites. À Châteauneuf-du-Faou, dans la vaste chapelle Notre-Dame-des-Portes (fin du xixe siècle), ce grès est en association avec divers granites ; les traces d’outils de façonnement y sont très nettes sur les parements vus. Comme aux environs de Carhaix, les grès verts ont également été recherchés, plus à l’ouest, pour l’habitat.

Ces grès ont aussi été mis en oeuvre dans la statuaire : parmi bien d’autres, évoquons les statues dressées au chevet de l’église de Laz, la statue de Saint-Maudez au Vieux-Marché (Châteauneuf-du-Faou), celle de Saint-Nicolas dans la chapelle N.-D. de Hellen (Edern), plusieurs personnages du célèbre calvaire de Pleyben… Quelques éléments de la chapelle – ruinée – de Saint-Nicodème, en Kergloff, ont été remployés lors de la reconstruction de la chapelle Saint-Fiacre de Crozon, après la dernière guerre ; en particulier de superbes sculptures d’animaux ont été emplacés à la base du toit dans la façade occidentale (Chauris et Cadiou, 2002).

Cette analyse entraîne quelques remarques de portée générale.

Dans un terroir dépourvu de granite, artisans et artistes locaux ont su mettre en œuvre un matériau qui, au premier abord, ne paraissait pas offrir les atouts de la « pierre de grain » qui affleure au nord et au sud du bassin.

Ce matériau local, utilisé dans les édifices les plus variés, confère au bâti du bassin de Châteaulin une originalité architecturale. Son association fréquente aux granites « importés » induit un polylithisme du plus heureux effet. Parfois, le grès a même été exporté vers les bordures du bassin, au-delà de ses sites d’extraction.

Du fait de ses aptitudes à la sculpture, le grès vert a été très tôt recherché pour la statuaire. Il joue localement le rôle des célèbres kersantons de la rade de Brest, à tel point que, dans un musée dont nous tairons le nom, une statue du xvie siècle, a été rapportée au kersanton, alors qu’en fait elle est en grès vert : hommage inconscient à ce dernier matériau !

L’emploi de cette roche singulière, constant pendant plusieurs siècles (au moins du xvie au début du xxe siècle) paraît aujourd’hui totalement tombé dans l’oubli. Ses qualités devraient susciter une reprise artisanale, tant pour les restaurations que pour les constructions neuves."

 

COUFFON (René), 1988, Notice sur Laz, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/LAZ.pdf

Calvaire du XVIe siècle des ateliers de Scaër, remonté dans le cimetière : sur le massif rectangulaire, trois croix. Sur le socle, grande Pietà très semblable à la Descente de croix de Plourac'h : le corps du Christ est étendu au pied de la croix, sur les genoux de la Vierge Marie, de saint Jean et de la Madeleine. Ce groupe porte une inscription en lettres gothiques : "LAN MIL VcXXVII. YVON. FICHAUT. PCULUCS." Au revers du Crucifix, Ecce Homo daté 1563.

 

COUFFON (René),1959, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Saint-Brieuc, 1959, p. 191.

"Le calvaire porte l’inscription L’an mil vcc xxvll. Yvon fichaut p(ro)cul(eur) l(an)"

ÉVEILLARD (Jean-Yves), 1995, Statues de l'Antiquité remaniées à l'époque moderne: l'exemple d'une tête au cucullus à Châteauneuf-du-Faou (Finistère) Revue archéologique de l'Ouest année 1995  12  pp. 139-146

https://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_1995_num_12_1_1029

LE SEAC'H (Emmanuelle), 2015, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, Presses Universitaires de Rennes pages 249-250.

— OLLIVIER, (Sophie), 1993 -L'architecture et la statuaire en grès arkosique dans la vallée de l'Aulne centrale. Mém. de maîtrise d'histoire (inédit), J.Y. Eveillard, dir., U.B.O., Brest, 2 vol.

 

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3 juillet 2023 1 03 /07 /juillet /2023 09:39

La Déploration (vers 1510-1527) de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique. Diverses statues de l'église.

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Sur Plourac'h, voir :

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PRÉSENTATION.

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1°) Le grès arkosique (feldspathique), à grain très fin, de couleur gris-verdâtre, du Centre Bretagne, se prête bien à la sculpture par sa relative tendreté et son aptitude à la taille. Il est abondant dans le bassin de Châteaulin, c'est-à-dire une partie du Centre-Finistère, où il été utilisé en architecture et en sculpture (Ollivier, 1993). L'architecture domestique (bâtiments de fermes, manoirs) et l'architecture religieuse (église du Cloître-Pleyben, sacristie de Pleyben, chapelles) lui ont fait largement appel aux XVème, XVIème et XVIIème siècles. Dans le domaine de la sculpture, P. Eveillard  en a découvert l' emploi dès le second Age du fer et à la période gallo-romaine (génie au cucullus) . Aux XVIème et XVIIème siècles, il alimenta une statuaire abondante (plusieurs rondes-bosses dans les calvaires de Pleyben et de Saint Venec en Briec, par exemple) et concurrença même le célèbre kersanton. Voir l'analyse de Louis Chauris, Les grès verts de Châteaulin,  cité en bibliographie.

Il était déjà employé à Laz vers 1350, dans un groupe du cavalier mourant conservé près de l'église. Puis vers 1470 sur le bas-relief de la porte d'entrée de l'ancien presbytère. Puis, le sculpteur désigné par le nom de convention de Maître de Laz l'employa en 1527 pour la Déploration du calvaire de l'ancien cimetière. 

Ce Maître de Laz est aussi l'auteur de la Déploration de l'église de Plourac'h, presque similaire, mais aussi de celle de Saint-Hernin et de la Pietà de Briec-sur-Odet. Mais aussi de trois autres statues de l'église de Plourac'h, qui seront étudiées ici : celles de Saint-Patern, de Saint-Adrien, et de Sainte-Marguerite.

Le même matériau est employé au milieu du XVIe siècle pour la belle Trinité du porche de Clohars-Fouesnant.

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2°) Les représentations sculptées de la Vierge de Pitié, tenant le corps de son Fils déposé de la croix, soit seule (Pietà), soit entourée de plusieurs personnages (Déplorations), apparaissent au XVe siècle (Pietà du calvaire de Tronoën, de Plozévet, de  Quintin, chapelle N.D. des Portes ; Déplorations de La Chapelle-des-Fougeretz au nord de Rennes, du Musée départemental breton de Quimper etc.) et témoignent de l'importance, dans le duché de Bretagne, du culte centré sur les plaies du Christ crucifié et le sang versé, d'une part, et su les larmes ou le chagrin suscités chez le chrétien par cette mort, d'autre part.

Ce culte s'amplifie encore au XVIe siècle avec la multiplication des calvaires,  où les pietà ou déplorations sont rarement absentes, et des verrières de la Crucifixion avec leur scènes de la Pâmoison ou de la Déploration. Dans cette dévotion associant pour le fidèle méditation devant la mort du Rédempteur, élan de chagrin interiorisé, larmes versées et gratitude, Marie-Madeleine est un personnage majeur, par sa participation aux soins ("embaumement") et par l'intensité de son chagrin.

Comme dans d'autres églises, celle de Plourac'h associe à la Déploration de son calvaire un autre groupe, décrit ici, conservé à l'intérieur. Ce dernier présente l'intérêt, par rapport aux autres déplorations du Maître de Laz, d'avoir conservé sa polychromie. 

Et l'église de Plourac'h possède en outre une très belle Vierge de Pitié de la même époque.

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I. LA DÉPLORATION (grès feldspathique polychrome, vers 1527) DU BRAS NORD DU TRANSEPT.

Voir d' autres sculptures en grès arkosique :

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Le groupe mesure 1,16 m de haut, 1,65 m de large et 0,50 m de profondeur et occupe, à 1,70 m du sol,  un enfeu ou niche en arc de panier aménagée dans le pan coupé formant l'angle nord-est de bras nord du transept. Il est , comme la niche, en grès arkosique. Il surmonte une crédence fermée par une porte ornée d'un chérubin.

Il est classé depuis 1912.

La niche est entourée d'un rinceau d'acanthe centré en bas par un blason muet. Cet encadrement est peint en vert et en imitation de marbre (?) par petits points noirs.

La description princeps est celle d'E. Le Seac'h en 2015 (avec six illustrations).

La notice PM 22000982 de la Plateforme ouverte du Patrimoine POP date de 2023, avec un cliché de madame Céline Robert de 2021. Mais le titre de cette œuvre pour ce site qui est la référence officielle de l'Etat est erroné (disons gentiment "discutable") et parle d'une "Mise au tombeau", suivant en cela la confusion introduite par René Couffon 1955 et 1958. Je rappelle qu'il faut distinguer les Vierges de Pitié (Vierge et Christ), et les Déplorations du Christ (Vierge et Christ plus d'autres personnages), des Descentes de croix ,qui précèdent cet épisode, et des Mises au tombeau qui le suivent (où le sépulcre doit être visible, et où les acteurs, notamment Joseph d'Arimathie et Nicodème, dépose le corps enveloppé dans son suaire). Dans cette notice,  le matériau y est qualifié de "pierre" sans précision. La phrase "Au dessus-de cette mise au tombeau se trouve une statue de la Vierge de pitié" n'a plus lieu d'être.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM22000982

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Restauration.

La notice indique qu'un dossier préalable a été réalisé par Arthéma Restauration en 2013.

Le remarquable site de cette entreprise indique que cette restauration (qui a concerné aussi 18 statues et le retable du Rosaire de l'église) a été menée sous la direction de madame Christine Jablonski, conservateur M.H et de madame Céline Robert, conservateur A.O.A. de janvier 2015 à juin 2016, alors que la maçonnerie de l'enfeu avait été revue en 2013.

"L'ensemble était poussiéreux et encrassé et présentait sur le dos des personnages un développement de micro-organismes. Concernant la couche picturale, on notait des pertes disséminés sur l'ensemble, mais principalement sur l'enfeu. Des usures du décor actuel de la mise au tombeau laissait voir des décors sous-jacents. Cette restauration a été l'occasion de réaliser des fenêtres de sondages au niveau du décor initial témoignant de la présence d'un décor à motifs polychromes anoblissant les tissus". Deux photos de ces sondages sont présentées. On y devine des peintures d'étoffes bleutées à motifs damassés de couleur or laissant imaginer le raffinement de l'œuvre initiale."

https://www.arthema-restauration.com/portfolio-item/plourach-22-2/

Un dossier plus complet, précisant les découvertes de ces sondages (types de pigment) ou la date estimée de la couche picturale actuelle, doit exister mais ne nous est pas communiqué.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Détail du soubassement.

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Il avait également été repeint à la période moderne.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Les quatre personnages de la Déploration ont conservé leur peinture, mais hormis cela, ils comparables au groupe du calvaire de Laz, datée par inscription de 1527 ; or à Laz et à Plourac'h le seigneur était le même, puisque Charles Clévédé était à la fois seigneur  de Guerlosquet en Plourac'h et de Coatbihan en Laz. Celui-ci a fait inscrire son nom et celui de son épouse Marguerite sur une poutre de ce bras du transept, très près au dessus de cette Déploration, pour spécifier qu'il avait fait commencer cette "chapelle" (le bras nord) l'an 1500 (ou 1506). En outre, ses armes figurent sur des écussons associées aux autres statues contemporaines de l'église, et figuraient vraisemblablement sur le soubassement de ce groupe.

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Plaçons donc tout de suite cette photo de la Déploration de Laz pour fournir un élément de comparaison : la ressemblance est frappante. E. Le Seac'h a désigné sous le nom de convention de Maître de Laz le sculpteur de grès feldspathique actif à Laz, Plourac'h, Briec-sur-Odet, et Saint-Hernin.

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Photo Wikipedia

 

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Tout comme à Laz, Jean, à gauche, et Marie-Madeleine à droite encadrent la Vierge tandis que le Christ est étendu, entièrement à l'horizontale, sur leurs genoux. Il est difficile de comprendre sur quoi, et comment, ils sont assis. Un pli de la robe de la Vierge est rabattu dans l'angle, "comme sur un jeté de lit soigneusement plié qui vient juste d'être fait."(E. Le Seach)

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Le style des Déplorations ou Pietà du Maître de Laz est aisément reconnaissable par les gaufrures en accordéon qui fronsent le grand voile entourant le visage et le corps de Marie. On le reconnait aussi par les plis en éventail des vêtements, par la raideur des silhouettes et l'impassibilité des visages.

La tête du Christ repose sur un coussin. Elle  est ceinte de la couronne d'épines, à deux brins ; le Christ est barbu ; sa main gauche repose sur son ventre tandis que la main et le bras droits pendent, obliquement, exposant la plaie causée par le clou de la Crucifixion. Les autres plaies (du flanc et des pieds) sont également visibles et l'écoulement de sang est bien souligné. Le Christ est moins maigre et longiligne  qu'à Laz.

Comme l'a montré la restauration, la sculpture a été repeinte, sans doute  au XIXe ou XXe siècle. Mais cette initiative réalisée assez grossièrement a brouillé la compréhension de la scène. Car toute la partie inférieure est peinte en blanc, comme si le corps reposait sur un drap alors que l'examen montre que ce sont les vêtements portés par les trois personnages qui se prolongent dans cette partie basse. Par exemple, le grand voile blanc gaufré  de Marie passe en dessous du dos et du bassin, recouvrant les plis du manteau, alors que la peinture blanche laisse croire que c'est un coussin aux bords plissés qui soutient le corps. De même, les vêtements de Jean forment de larges plis superposés, et le grand manteau blanc de Marie-Madeleine, visible derrière sa tête, descend également en plis successifs et forment un repose-pieds.

À la différence de Laz, le pagne est un linge blanc aux bords lisses. Mais c'est moins un pagne (qui devrait être noué) qu'un linge placé au dessus du bassin.

Les jambes sont à peine fléchies, parallèles et les pieds tombent en léger équin vers le bas.

 

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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La Vierge, mains jointes.

La Vierge, moins imposante qu'à Laz (elle est ici de même taille que Jean et Marie-Madeleine) est, peut-être sous l'effet de la carnation aux joues rosées, plus attendrissante et humaine qu'à Laz malgré la même pose hiératique et frontale. Elle est vêtue du grand voile blanc qui s'écarte en ailes de papillon (*) autour du visage. Ce visage, rond au regard triste, est encadré par la guimpe, ce voile blanc recouvrant le front et la gorge et dont le bord inférieur est frisotté.

(*) E. Le Seac'h évoque judicieusement la huve médiévale.

La robe est aujourd'hui peinte en rouge ; ses manches sont larges et forment des plis. Si on imagine qu'elle descend jusqu'au sol, elle recouvre alors les chaussures. Le manteau d'un gris sombre à peine bleuté (le bleu est pourtant la couleur attendue du manteau et/ou de la robe de Marie) a un revers strié en alvéoles, et ce relief se retrouve sur le revers des pans inférieurs. Ce manteau évoque les capes de deuil en usage en Bretagne.

 

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Saint Jean, bras réunis devant le bassin.

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Il porte une tunique d'étoffe épaisse (plis) et une cape fixée sous le menton par une agrafe et qui recouvre les épaules en pèlerine. Le pan gauche de ce manteau revient en diagonale et c'est, en toute logique, ce pan qui revient sous la tête du Christ. Jean regarde vers le bas, les yeux sont mi-clos. Les cheveux bruns sont bouclés (en boules frontales), mi-longs et épais au dessus des épaules.

Il est donc ici, comme à Laz, très passif et retiré dans son intériorité, puisqu'il ne participe ni à soutenir la tête ni à soutenir la Vierge dans son chagrin.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Marie-Madeleine se préparant aux soins.

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Pouir les raisons évoquées plus haut, c'est Marie-Madeleine qui suscite le plus mon intérêt. Elle porte une robe bordeaux, à décolleté carré, à manches très larges,  serrée par une ceinture en maillons de chaines formant un V central avant de retomber en deux longues extrémités. La robe est ajustée et lisse au niveau du corsage, puis, après une couture assez visible, elle devient plissée : c'est exactement la tenue à la mode.

Sous le décolleté, devant la poitrine on voit sur la robe  un décor en losange, qui était sans doute plus finement mise en valeur  avant la restauration du XIX ou XXe siècle.

De même les cheveux ont été lourdement repeints en noir, alors qu'ils sont, en règle, blonds chez Marie-Madeleine. Ils descendent très bas, et ces cheveux longs et dénoués sont un véritable attribut de la sainte.

Derrière sa tête et son dos, un manteau (ou un voile) blanc l'encadre ; et il descend en une cascade de plis jusqu'au sol. ELa sainte en retient un pli dans la main droite.

Elle diffère par sa tenue et par sa posture de son homologue du calvaire de Laz, qui regarde droit devant elle tandis qu'elle ouvre de la main droite  le couvercle de son pot d'onguent. Ici, elle tient son pot (dont le couvercle fermé n'est pas conique) par en dessous, mais elle regarde vers le bas c'est-à-dire vers le corps du Christ.

Dans les deux cas, je sais maintenant interpréter ces postures comme des préparatifs à l'embaumement, ou, du moins, à des gestes de soins sur les plaies du Christ par application d'onguent (pommades) ou d'aromates, soit en ouvrant le pot comme à Laz soit en se penchant avec sollicitude vers le cadavre. Et l'étoffe qu'elle tient en main droite, même s'il s'agit d'un pan du voile, participe à l'impression qu'elle va l'utiliser pour ce soin. Ainsi, elle devient une figure iconique du "care", du soin à la personne.

 

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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II. SAINT ADRIEN (grès feldspathique polychrome, vers 1527), bas-côté nord.

 

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Saint Adrien de Nicomédie.

"Officier romain, en charge des supplices réservés aux chrétiens à la suite de l’édit de Dioclétien en 303, Adrien se convertit et subit à son tour la torture à Nicomédie (actuellement Izmit en Turquie). Ses bourreaux lui cassent chaque membre sur une enclume puis il est décapité avec une épée. Ce sont ces deux attributs qui permettent de reconnaitre ce saint martyr, revêtu d’une armure propre à rappeler sa fonction de soldat de haut-rang.

Il est le saint patron des soldats mais il est également invoqué contre les maux de ventre, mais surtout contre la peste comme saint Sébastien et saint Roch, auxquels il est parfois associé. En Bretagne, ce sont près d’une dizaine d’épisodes de « pestilance à boce » qui sont dénombrés dans la seconde moitié du 15e siècle et qui marquent durablement les populations. Le développement de lieux de culte sous ce vocable, placés sur des axes importants dans le nord du Morbihan, est attesté dans la seconde moitié du 15e siècle et jusqu’à la fin du siècle suivant. Il est sans doute à mettre en lien avec cette fonction thaumaturge du saint, alliée à une dévotion spécifique de la noblesse locale. On dénombre ainsi une vingtaine de sculptures représentant ce saint, dont une majorité dans le nord du Morbihan, avec une église et trois chapelles dédiées (Persquen, Langonnet, Le Faouët et Saint-Barthélemy), en lien avec des maladreries ou des hôpitaux, fondés généralement par la noblesse, qui y installent des ordres religieux." (Patrimoine & archives du Morbihan)

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Il est représenté ici en armure complète avec un plastron orné d'une croix, et une cotte de maille à bords en ointes.  Une cape (ou mantel ) qui tombe à ses pieds et lui ceint en écharpe la poitrine, est décorée sur son galon  d'un motif perlé identique  à celui de la chape de saint Patern.

Les solerets sont placés sur les pieds. Ce type soleret à l'extrémité aplatie, dit en pied d'ours ou aussi en gueule de vache, apparaît à la fin du 15e siècle.

 

Les restes de polychromie qui ressortent sur la couleur verte du grès feldspathique associent le bleu, le noir et le blanc.

Son visage est identique à celui de saint Patern, et du saint Jean des Déplorations de Laz et de Plourac'h,  affirmant l'attribution au Maître de Laz.

 

Il porte une toque à fond plat ornée de plusieurs médailles. Ce bonnet de feutre à bords relevés et la chevelure mi-longue sont caractéristiques des années 1500 ; on retrouve ces éléments également dans les portraits royaux de Charles VIII ou de Louis XII et de manière plus locale, dans le saint Adrien en calcaire de l'hôpital de Pontivy et dans la peinture murale de la Vie de saint Mériadec à l’église de Stivall (Pontivy).

 

L'épée qu'il brandit est brisée à la pointe

 

 

 

La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Un bouclier en forme d'écu porte les armoiries des Clévédé  d'argent à deux lions affrontés de gueules, tenant une lance d'azur en pal de leurs pattes de devant, en alliance avec une famille de Kerlosquet  portant une croix dentelée (engrêlée) blanche (d'argent). Cette alliance figure aussi sur un écartelé du tympan de la baie 3, daté vers 1500-1510. 

On les voit aussi présentées par un ange sur un blochet  de la charpente de la chapelle du Rosaire, au nord. 

Si on regarde attentivement le bouclier, on voit que le lion tient bien une lance.

 

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Partie supérieure de l'écartelé Clévédé/? du tympan de la baie 3. Photo lavieb-aile.

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A la Réformation de 1536 en Cornouailles, était présent pour Plourac'h Jehan Clévédé sieur de la salle demeurant au manoir de Guerlosquet (ou Jean  Clévédé sieur de Guerlesquet), autrement dit Kerlosquet (Tudchentil.org). Guerlesquet /Guerlosquet/Kerlosquet est le nom d'un manoir de Plourac'h. Les auteurs estiment que Charles Clévédé épousa Marie de Pestivien, veuve en 1531, d'où ce Jean Clévédé, dont Marie, rendit l'aveu comme tutrice. 

Il faudrait parler ici d'un blason mi-parti Clévédé/Kerlosquet, mais les auteurs parlent plutôt des armes de Clévédé en alliance avec celles de Pestivien, bien que ces dernières soient un vairé d'argent et de sable, 

 

 

 

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Cet habillement militaire est caractéristique des années 1480-1500 et illustre la tenue d’un noble en armes. Charles Clévédé a sans doute commandité cette statue pour placer son portrait sous la figure d'un saint patronage.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Saint Adrien s'identifie souvent non seulement par sa tenue d'officier, mais  par son attribut, une enclume. Ici, c'est l'inscription SANCT [ou SAINT] ADRIEN gravée sur le socle, qui permet cette identification.

Au milieu est figuré un emblème à deux outils entrecroisés. Il me semble que ce sont les outils d'un tailleur de pierre, des taillants ou layes, sorte de haches à deux tranchants, l'un étant ici plus évasé que l'autre.

Le Maître de Laz aurait ainsi revendiqué son intervention, dans une situation identique à celle des écussons des Clévédé sur les autres statues. L'emblème est placé au centre d'un élément rectangulaire plus élaboré qu'il y parait, car ses bords sont soulignés par un cadre, lequel  reçoit deux encoches rondes.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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II. SAINT PATERN (grès feldspathique  polychrome, vers 1527).

 

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Saint Patern, premier évêque de Vannes, est représenté avec sa mitre, sa crosse (brisée), sa chasuble aux quatre  plis en becs,  sur une cotte dissimulant les chaussures. La chasuble est bordé par un galon perlé, qui vient former une croix frontale. Les cheveux mi-longs et bouclés sont identiques à ceux de saint Jean et de saint Adrien, et sont conformes à la chevelure à la mode au début du XVIe siècle.

L'écu placé entre ses pieds reprend les armoiries mi-parti du bouclier de saint Adrien, celles des Clévédé en alliance avec une famille à déterminer.

Un entrait de la chapelle nord porte une inscription de fondation précisant clairement le nom et le prénom du fondateur, Charles Clévédé, ainsi que le début du prénom de son épouse, les auteurs lisant soit Marguerite, soit plus rarement Marie.

L'inscription mentionne une date, lue soit comme 1500, soit comme 1506, avec une imprécision sur ce dernier chiffre.

D'arbois de Jubainville considère que ce couple est celui de Charles Clévédé et de Marguerite Lescanff. Les  Le Scanff, alias Le Scaff portent d'argent à la croix engrêlée de sable, et non de sable à la croix engrêlée d'argent. On les retrouve  (pleine ou en alliance avec Le Juch) sculptées dans le bois de la clôture de la chapelle Saint-Nicolas de Priziac. 

https://www.lavieb-aile.com/article-chapelle-st-nicolas-en-priziac-104337834.html

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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III. SAINTE MARGUERITE (grès feldspathique polychrome, vers 1527), niche du côté sud.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM22000985

Cliché avant restauration :

https://www.patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/illustration/ivr5319822200127xa/716e9edd-db3b-4ed5-ae1b-6c75e0094044

Cette statue de 82 cm de haut, 50 cm de large et 42 cm de profondeur a été restaurée par Arthema en 2015-2016 comme les précédentes. Le site POP signale qu'elle est en "granit de kersanton" [sic! ] mais elle est bien en grès feldspathique . Elle occupait (provisoirement ?) lors de ma visite une niche cintrée du bras sud du transept, et était couverte de fins gravats.

Sainte Marguerite d'Antioche est, selon la tradition iconographique, représentée mains jointes sortant (non dit "issant") du dragon qui s'était permis de l'avaler. Elle est encore engagée jusqu'aux cuisses dans le corps verruqueux de l'animal. Elle est élégamment coiffée d'un bonnet semblable à la coiffe d'Anne de Bretagne, et  vêtue d'une robe à décolleté carré, bouffantes sur les épaules, à manches fendues (aux pans réunis aux poignets par un lien et un bouton) pour laisser apparent la fine étoffe de la chemise, laquelle frise aux poignets et autour du cou. Cette robe rouge pâle est serrée par une ceinture en linge blanc. Le capuchon de sa cape retombe dans son dos à la mainière d'un bandeau.

Le dragon est représenté de face, avec une tête carrée, un front bouclé, de gros yeux ronds et une gueule dont les crocs sont posés sur la langue. Il est d'usage de montrer ce monstre en train de tenter d'avaler le bas de la robe de Marguerite, mais ce n'est pas bien visible ici.

La présence de cette sainte a-t-elle à voir avec le prénom de l'épouse de Charles Clévédé, seigneur omni-présent dans ce décor ?

Elle était jadis du côté nord, sur une console en granite en hauteur sur le mur ouest de la chapelle des fonts (E. Le Seac'h) .

 

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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IV. AUTRES STATUES : UNE VIERGE DE PITIÉ EN LARMES, XVIe siècle, pierre polychrome.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM22000984

https://www.arthema-restauration.com/portfolio-item/plourach-22-3/

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Elle a été un temps installée au dessus du groupe de la Déploration du bras nord du transept.

https://www.patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/illustration/ivr5319822200130va/c9b58882-9b9e-4f6a-b42a-bdeaf6558423

Cette très belle statue en pierre, classée Mh depuis 1912, est posée sur une console ornée d'un rinceaux d'acanthe centré d'un blason des Clévédé, ce qui la relie à l'ensemble précédent. Elle est datable du XVIe siècle ; mais puisqu'elle est indépendante de son support, nous ne pouvons la placer qu'avec prudence dans le cadre du mécénat de Charles de Clévédé.

Je crois bien reconnaître en effet  ici, dans le contour des traces de martelage, celui des deux lions des Clévédé tenant la lance au centre.

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Armes de Clévédé, tympan de la baie 3 de Plourac'h. Photo lavieb-aile.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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La Vierge de Pitié a été restaurée en 2015-2106 par Arthema Restauration qui lui consacre un dossier. Selon celui-ci, elle serait en granite polychrome, et les très nombreuses usures du décor actuel (moderne) laissaient apparaître des traces d'un décor ancien, dont la robe dorée, et sur le socle, le reste d'une couche de préparation à l'ocre rouge. Les repeints plus récents ont alors été supprimés pour mettre à jour le décor d'origine.

Nous découvrons aujourd'hui une Vierge assise, la tête au regard triste tournée vers la droite et ne regardant pas son Fils. Elle tient le corps de ce dernier sur son genou droit, l'autre genou étant plus fléchi. Le Christ barre en  diagonale la composition, il est tourné vers le spectateur, la tête en extension. Les bras sont dans la posture la plus courante, bras droit (apume en pronation) vertical le long de la jambe de Marie et bras gauche horizontal. Il porte la couronne d'épine et ses cheveux longs tombent en voile sur ses épaules. Il porte un pagne doré. Les côtes du torse sont très apparentes et prsques horizontales.  

Sa Mère soutient la tête d'une main, et le bassin de l'autre.

Elle porte, comme c'est la règle, la guimpe blanche, et un voile-manteau encadrant son visage en formant deux plis sur le côté et un pli frontal, ce qui écarte les ailes et révèle le revers rouge du tissu.

Ce manteau est bleu, constellé de fleurons dorés en quintefeuilles, et il est bordé d'un large galon doré souligé de deux traits rouges. Il recouvre par son plissé les jambes, ne dévoilant que l'extrémité d'une chaussure noire à bout rond.

La robe à encollure ronde est dorée.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Lorsque je me rapproche, je pense aux Vierges de Pitié de Bastien et Henry Prigent, les sculpteurs sur kersanton de Landerneau ; ceux-ci furent actifs de 1527 à 1577.

Mais je ne connais même pas le matériau exact de cette statue ; et nous sommes assez loin de Landerneau et de la sphère d'activité des Prigent.  J'examine néanmoins l'une de leurs Vierge de Pitié, celle de Tar-ar-Groas à Crozon : de nombreux détails sont partagés avec la Vierge de Plourac'h.

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D'autre part, je découvre en me rapprochant encore les trois larmes sous chaque œil, ces trois larmes qui ne sont pas spécifiques, mais qui sont si fréquentes sur les Déplorations et Pietà des Prigent !

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Comparons encore avec une oeuvre des Prigent, la Vierge de pitié de Lambader à Plouvorn :

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Chapelle de Lambader à Plouvorn, photo lavieb-aile.

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Chapelle de Lambader à Plouvorn. Photo lavieb-aile.

 

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À Plourac'h, le visage est moins rond, mais la bouche est, comme chez les Prigent, petite et faisant la moue.

En définitive, je ne peux pas attribuer, seul, cette Vierge de Pitié de Plourac'h à un atelier particulier, surtout tant que le matériau dans lequel elle est taillée (et dont le grain fin n'évoque pas le granite) n'a pas été affirmé avec certitude.

Ce qui est certain, c'est que les trois larmes de son visage la font appartenir à un groupe bien défini en Bretagne, et notamment en Finistère, tant en sculpture sur pierre qu'en peinture sur verre. Et que ces larmes renvoie à cette méditation participative devant les souffrances du Christ, qui deviendra rare au XVIIe siècle disparaitra complètement au XVIIIe siècle.

Le nombre des Vierges de pitié en kersanton dans le Finistère est très élevé, car on les trouve, sur le soubassement ou au nœud d'un croisillon, sur de très nombreux calvaires sortis des ateliers landernéens des Prigent (1527-1577), du Maître de Plougastel (1570-1621) et de Roland Doré (1618-1663), ou d'ateliers anonymes.

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Les Vierges de Pitié et aux Déplorations des Prigent (E. Le Seac'h):

-Brignogan, chapelle Pol, kersanton polychrome.

-Dinéault, calvaire atlas n°408 (3 larmes)

-Le Folgoët, calvaire atlas n°520 (3 larmes).

-La Forest-Landerneau, calvaire du cimetière haut, atlas n° 533 (3 larmes)

-La Forest-Landerneau, calvaire du cimetière bas, atlas n° 534

-Landerneau, calvaire rue de la Tour d'Auvergne, atlas n°998 (3 larmes).

-Lothey, calvaire de Kerabri atlas n°1260 (3 larmes)

-Plourin-Ploudalmézeau, Déploration,  sur la pelouse (3 larmes)

-Saint-Derrien, calvaire atlas n°2690

-Saint-Nic, intérieur église, Déploration polychrome (3 larmes).

Liste à laquelle j'ajoute :

--Plouvorn, cimetière. (3 larmes)

--Plouvorn, chapelle de Lambader, fontaine (3 larmes)

--Crozon, Tal-ar-Groas, calvaire chapelle Saint-Laurent (3 larmes).

--Chapelle de Tronoën à Saint-Jean-Trolimon (3 larmes)

 

et à discuter :

-Ploéven, Déploration de l'intérieur de l'église (pierre, 1547)

-Bourg-Blanc, Saint-Urfold (3 larmes, selon Castel)

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Voir :

— CASTEL (Yves-Pascal), 2001, Les Pietà du Finistère.  numéro 69 de la revue Minihy-Levenez de juillet-août 2001. L'auteur y étudie une centaine de Pietà et de Déplorations.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/204bbff59e0b1d6cf65264a34d22701f.pdf

"LES LARMES DE MARIE. On sait combien le Moyen Age a apprécié le don des larmes, un don que des temps prétendument policés se sont ·attachés à refuser. Nos sculpteurs sur pierre du XVIe siècle, dans les ateliers de kersanton, pour mieux marquer la douleur de la Vierge et parfois celle des personnages qui l'assistent dans les grandes Pietà, quant à eux, se sont emparés de ce moyen expressionniste fort populaire, n'hésitant pas à sculpter sur les joues des larmes en relief. Coulant sous les paupières, ces larmes marquent le haut de chaque joue d'un triple jet, formé de traits bien symétriques. A Brignogan, Chapelle-Pol , à La Forest-Landerneau, au Bourg-Blanc, Saint-Urfold, à Plomodiern, Sainte-Marie du-Ménez-Hom, à Lothey, croix de Kerabri, dont nous avons parlé plus haut. A Plouvorn, Lambader, la Vierge de Prigent élargit ses larmes en gouttes qui s'étalent sur les joues. On remarque, dans la grande Pietà de Plourin-Ploudalmézeau que si les quatre personnages d'accompagnement portent les mêmes triples larmes, en flots exactement mesurés, la Vierge en a le visage tout couvert, de la même manière qu'en avait usé le sculpteur de la pietà du calvaire du Folgoët, un siècle plus tôt. Les larmes qui ne sont pas en relief sur les statues en bois viennent agrémenter la polychromie, à Logonna-Daoulas et au Huelgoat. Ces larmes peintes coulent de manière naturelle et réaliste sur le visage penché de la Vierge de Pencran. Alors que ces larmes peintes sont plutôt rares, on les voit dans la très belle Pietà de Plouarzel où la Vierge approche de sa joue un grand mouchoir pour les sécher."

— NAGY (Piroska), 2000, Le Don des larmes au Moyen-Âge : un instrument spirituel en quête d'institution VIe-XIIIe siècle, Albin-Michel.

— Wikipédia, collection de 80 Pietà

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Statues_of_Piet%C3%A0_in_Finist%C3%A8re

 

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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V.  UNE TRINITÉ SOUFFRANTE, XVIe siècle, bois polychrome.

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https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM22002330

Tous les auteurs indiquent qu'elle est installée, dans le bras nord du transept, sur une console portant les armes en alliance du seigneur de Clévédé et de son épouse "Marie de Pestivien". Mais je ne trouve pas ce blason lors de ma visite (ou bien il correspond à l'un des supports décrits précédemment).

Le site POP culture la décrit comme un groupe de 153 cm de haut, au revers évidé, du XVIe siècle.

Elle ne semble pas avoir été restaurée, bien que la main gauche du Père et ses pieds soient restitués,  et la peinture est en mauvais état. Le bras gauche du Christ est brisé. La colombe est absente.

Dieu le Père est figuré en pape avec tiare ... à quatre étages et chape rouge sur une cotte talaire blanche, il est assis sur une cathèdre. Il tient entre ses jambes le Christ (86 cm de haut) qui est nu hormis le pagne, couronné d'épines et debout sur le globe terrestre, montrant ses plaies.

Ce groupe peut donc être décrit comme une Trinité souffrante, ou Trône de grâces.

Voir mon analyse de ce thème :

https://www.lavieb-aile.com/2018/10/les-peintures-murales-fin-xive-de-la-chapelle-de-jean-chiffrevast-de-la-cathedrale-de-coutances.html

Voir F. Boesplug :

https://www.brepolsonline.net/doi/pdf/10.1484/J.RM.2.305488

https://books.openedition.org/pus/12732?lang=fr

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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V.  RESTE D'UNE MISE AU TOMBEAU : NICODÈME TENANT LA COURONNE D'ÉPINES (bois polychrome, XVIe siècle)

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Cette statue d'applique à revers évidé mesure 134 cm ; elle est vermoulue, en mauvais état, avec peinture de surpeint et polychromie écaillée, et il manquerait un attribut dans la main droite.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM22002329

Cette statue de Nicodème participait  certainement jadis à une vaste  Mise au tombeau (ou à une Déploration comme à Locronan et à Quilinen par exemple), scène dans lesquelles il est placé aux pieds du Christ et tien la couronne. C'est dire l'importance que prend ce thème à Plourac'h.

 

Nicodème est figuré avec les codes d'identification des Juifs (il est membre du Sanhédrin) que sont la barbe longue, le bonnet conique à rabats (plus proche ici d'un bonnet) et le bord frangé de touffes dorées de sa tunique, mais la chape est moins orientalisante, surtout avec ses repeints modernes à fleurons dorés. Les chaussures sont rondes et élargies en patte d'ours.

Il tient respectueusement la couronne d'épines par l'intermédiaire d'un linge (ce qui renvoie aux linges entourant les reliques de la Sainte Couronne depuis saint Louis), mais ce linge repose sur ses deux avant-bras et pourrait aussi être vu comme nécessaire à la mise au tombeau et à ses préparatifs.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.
La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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VI.  AUTRES STATUES.

 

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Saint Jean-Baptiste.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Saint Jean.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Anne trinitaire ; Jésus guide Marie dans sa lecture des Écritures. Bois polychrome, surpeint, XVIe siècle. Bas-côté sud.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Saint Sébastien.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Saint évêque.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Saint abbé (saint Maudez ?), bois polychrome, début XVIe siècle.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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Crucifix.

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La Déploration de l'église de Plourac'h et les autres statues en grès arkosique.

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SOURCES ET LIENS.

— ARTHEMA RESTAURATION.

https://www.arthema-restauration.com/portfolio-category/statuaires/

https://www.arthema-restauration.com/portfolio-item/plourach-22/

https://www.arthema-restauration.com/portfolio-item/plourach-22-2/

https://www.arthema-restauration.com/portfolio-item/plourach-22-5/

https://www.arthema-restauration.com/portfolio-item/plourach-22-3/

— CHAURIS (Louis), 2010, Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne Deuxième partie : Roches sédimentaires, Revue archéologique de l'Ouest.

https://journals.openedition.org/rao/1384?lang=enLes

"Les grès verts du bassin de Châteaulin

Des niveaux gréseux affleurent au sein des schistes bleus du bassin carbonifère de Châteaulin. Tous les intermédiaires apparaissent entre des schistes gréseux encore fissiles, riches en minéraux phylliteux, et des grès feldspathiques plus massifs, caractérisés par leur teinte verte ou gris-vert. Le faciès gréso-feldspathique est formé de quartz non jointifs – ce qui facilite le façonnement – et de plagioclases, moins nombreux, dans un fond phylliteux qui rend compte du caractère tendre de la roche (la nuance verdâtre est due à la chlorite). Ce grès feldspathique fournit de beaux moellons et des pierres de taille, voire même des éléments aptes à la sculpture (Eveillard, 2001).

Ce matériau a déjà été utilisé dans la cité gallo-romaine de Vorgium (aujourd’hui Carhaix – cf. photo IV). Son emploi, à nouveau attesté dès le xvie siècle, prend une place essentielle dans les constructions, à Carhaix et dans ses environs : manoir de Lanoënnec (porte avec cintre en deux éléments, fenêtre avec linteau à accolade) ; manoir de Crec’h Henan (xviie siècle ? avec beaux moellons) ; manoir de Kerledan (xvie siècle, avec érosion en cupules) ; château de Kerampuil (1760, soubassement) ; Kergorvo (portes) ; manoirs de Kerniguez : grand manoir (superbes moellons) et petit manoir (moellons pouvant atteindre un mètre de long, en assises d’épaisseurs diverses, correspondant à la puissance des bancs dans les carrières). A Carhaix même, dans la maison du Sénéchal (xvie siècle), belle cheminée à l’étage. On retrouve ce grès dans les élévations de l’église de Plouguer, ainsi que dans celles de l’église de Saint-Trémeur (parties du xixe s.), dans la façade occidentale de la chapelle du couvent des Hospitalières (xviie siècle) ou au manoir de Maezroz près de Landeleau : photo V, VI… (Chauris, 2001c).

Les Travaux publics ont également fait appel à cette pierre locale. Dans les ouvrages du canal de Nantes à Brest (première moitié du xixe siècle), toujours aux environs de Carhaix, elle a été utilisée sous des modalités diverses : en beaux moellons pour le couronnement du parapet d’un pont près de l’écluse de l’Île ; en petits moellons pour le soubassement des maisons éclusières de Pont Dauvlas, de Kergouthis… ; les faciès plus schisteux – et par suite plus fissiles – ont été recherchés pour le dallage médian des bajoyers de quelques écluses (Kervouledic, Goariva), voire comme dalles devant la maison éclusière (Goariva…). De même, les infrastructures ferroviaires ont aussi employé ce matériau local (pont franchissant le canal au sud-est de Kergadigen).

Mais cette pierre n’a pas été recherchée uniquement autour de Carhaix ; en fait, elle a été utilisée un peu partout dans le bassin de Châteaulin. À Pleyben, dans l’église paroissiale – qui remonte en partie au xvie siècle – le grès vert joue un rôle essentiel en sus du granite : élévation méridionale ; sacristie édifiée au début du xviiie siècle (le grès est alors extrait des carrières de Menez Harz et de Ster-en-Golven) ; la même roche a été aussi utilisée pour l’ossuaire (xvie siècle) et l’arc de triomphe (xviiie), où elle présente quelques éléments bréchiques. également à Pleyben, la chapelle de Gars-Maria, y recourt localement en association avec des leucogranites. À Châteauneuf-du-Faou, dans la vaste chapelle Notre-Dame-des-Portes (fin du xixe siècle), ce grès est en association avec divers granites ; les traces d’outils de façonnement y sont très nettes sur les parements vus. Comme aux environs de Carhaix, les grès verts ont également été recherchés, plus à l’ouest, pour l’habitat.

Ces grès ont aussi été mis en oeuvre dans la statuaire : parmi bien d’autres, évoquons les statues dressées au chevet de l’église de Laz, la statue de Saint-Maudez au Vieux-Marché (Châteauneuf-du-Faou), celle de Saint-Nicolas dans la chapelle N.-D. de Hellen (Edern), plusieurs personnages du célèbre calvaire de Pleyben… Quelques éléments de la chapelle – ruinée – de Saint-Nicodème, en Kergloff, ont été remployés lors de la reconstruction de la chapelle Saint-Fiacre de Crozon, après la dernière guerre ; en particulier de superbes sculptures d’animaux ont été emplacés à la base du toit dans la façade occidentale (Chauris et Cadiou, 2002).

Cette analyse entraîne quelques remarques de portée générale.

Dans un terroir dépourvu de granite, artisans et artistes locaux ont su mettre en œuvre un matériau qui, au premier abord, ne paraissait pas offrir les atouts de la « pierre de grain » qui affleure au nord et au sud du bassin.

Ce matériau local, utilisé dans les édifices les plus variés, confère au bâti du bassin de Châteaulin une originalité architecturale. Son association fréquente aux granites « importés » induit un polylithisme du plus heureux effet. Parfois, le grès a même été exporté vers les bordures du bassin, au-delà de ses sites d’extraction.

Du fait de ses aptitudes à la sculpture, le grès vert a été très tôt recherché pour la statuaire. Il joue localement le rôle des célèbres kersantons de la rade de Brest, à tel point que, dans un musée dont nous tairons le nom, une statue du xvie siècle, a été rapportée au kersanton, alors qu’en fait elle est en grès vert : hommage inconscient à ce dernier matériau !

L’emploi de cette roche singulière, constant pendant plusieurs siècles (au moins du xvie au début du xxe siècle) paraît aujourd’hui totalement tombé dans l’oubli. Ses qualités devraient susciter une reprise artisanale, tant pour les restaurations que pour les constructions neuves."

 

— COUFFON (René), 1939, "Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint Brieuc et Tréguier" page 174[390] et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f202.image.r=plourach

— COUFFON (René), 1955, L'église de Plourac'h, Bulletin monumental,113-3 pp.193-204.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1955_num_113_3_3777

 

— COUFFON (René), 1958, L'Iconographie de la Mise au tombeau en Bretagne In: Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne vol. 38 (1958) p. 5-28.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/63d185fba515a3.55783169/1958_01.pdf

— ÉVEILLARD (Jean-Yves), 1995, Statues de l'Antiquité remaniées à l'époque moderne: l'exemple d'une tête au cucullus à Châteauneuf-du-Faou (Finistère) Revue archéologique de l'Ouest année 1995  12  pp. 139-146

https://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_1995_num_12_1_1029

—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2015, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, Presses Universitaires de Rennes pages 249-250.

— OLLIVIER, (Sophie), 1993 -L'architecture et la statuaire en grès arkosique dans la vallée de l'Aulne centrale. Mém. de maîtrise d'histoire (inédit), J.Y. Eveillard, dir., U.B.O., Brest, 2 vol.

—PALISSY (base)

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM22002334

— PAVIS-HERMON, 1968, Dossier IA0003364 de l'Inventaire général

https://www.patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-saint-jean-baptiste-plourac-h/b32b053d-fc6d-47a2-9d79-5d9cfde4ddd9

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00003364_01.pdf

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00003364_02.pdf

 

— ROLLAND (Jean-Paul), s.d "Contexte dans laquelle cette église fut construite"

https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle_242/Plourach_annexe.pdf

— ROLLAND (Jean-Paul), 2014, La Vierge de Plourac'h

http://callac.joseph.lohou.fr/plourach_vierge.html

 

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