La chapelle Notre-Dame de Berven en Plouzévédé. V. Le chancel (1607).
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— Sur la chapelle Notre-Dame de Berven, voir :
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La chapelle Notre-Dame-de-Berven en Plouzévédé. I. L'Arbre de Jessé du retable de l'autel nord.
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La chapelle Notre-Dame de Berven en Plouzévédé III. Les crossettes (1573-1579).
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Sur les jubés :
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Le jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice (29).I. La tribune.
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Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). A. La clôture. 1480-1492
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Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). B. La tribune.
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Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. II. Le coté du chœur (coté est).
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L'église de Goulven IV : la tribune d'orgue, ancien jubé du XVIe siècle.
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La tribune de l'église d'Esquibien. (ancien jubé, XVIe siècle)
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LE CHANCEL OU CLÔTURE DE CHOEUR.
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Comme la majorité des chancel (dont le nom signifie étymologiquement "treillis"), celui-ci est à claire-voie dans sa moitié supérieure, grâce à des séries de colonnades, permettant aux fidèles d'entendre et de voir les offices célébrés à l'autel.
Cette clôture ne ferme pas seulement le passage sous la tribune, entre nef et chœur, mais aussi la communication avec les chapelles latérales. D'où une forme en U dont chaque partie est percée par une porte. Mais elle est composite, puisqu'elle est en bois sur les cotés, et en pierre au centre pour les 14 colonnes (en deux périodes différentes selon R. Barrié).
"Dès l'achèvement du gros-œuvre, on construisit, en 1607, un chancel de granite ; le dessin de ses colonnes à cannelures garnies d'un jonc et de ses chapiteaux doriques surmontés d'une double corniche à fort relief se retrouve dans les piédroits d'une cheminée ornant une salle en étage située au bout de l'aile gauche du château de Kerjean.
Très vite, il apparaîtra trop austère, et, vers le milieu du XVIIe siècle, il sera complété, au Nord et au Sud, par un chancel en bois à chapiteaux corinthiens d'un style Renaissance plus adouci, déjà presque baroque, dans lequel s'intégreront des sculptures, le groupe de l'Annonciation et des bas-reliefs représentant des apôtres, des saintes et des vertus." (Roger Barrié 1982)
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Coté nef, la date de 1607 (1601 pour d'autres) est inscrite au dessus de la clef de la clef. Cette réalisation est donc bien tardive, et bien postérieure aux injonctions du Concile de Trente demandant la suppression des clôtures et des jubés au profit de chaires à prêcher.
La date est également tardive par rapport à celles de la construction des murs (1573 à 1580) et de la charpente ( sablières, 1579-1580), éléments marqués par le style Renaissance du château de Kerjean. Aussi les boiseries sculptées de la clôture sont-ils dépourvues — à quelques exceptions près — des marques de l'art grotesque ou de l'art bellifontain, qui se retrouvent sur les sablières.
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LE COTÉ NORD : LES APÔTRES.
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Les colonnes en bois sont cannelées en partie haute, et sculptées d'enroulement de feuillages (dont la vigne et l'olivier), et elles portent des chapiteaux corinthiens.
En dessous, neuf panneaux sculptés (dont deux sur la porte) sont séparés par des pilastres sculptés de rameaux d'olivier.
Les Apôtres sont représentés pieds nus, vêtus d'une tunique longue serrée par une ceinture et un manteau ouvert (agrafé par un fermail), et tenant le Livre (Les Actes des Apôtres).
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1. Saint Pierre et sa clef.
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2. Saint André et sa croix en X.
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3. Saint Jacques le Majeur, son bourdon et son chapeau (rabattu).
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La porte latérale nord donnant accès au chœur.
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4. Saint Jean bénissant et portant la coupe de poison.
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5. Saint Philippe et la croix à longue hampe.
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6. Saint Barthélémy et son couteau à dépecer.
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7. Saint Thomas et son équerre.
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8. Saint Matthieu et sa lance.
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9. Saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon.
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Du coté de la nef à gauche :
10. Saint Simon et sa scie.
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Porte à deux vantaux du chancel central en pierre.
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12. Saint Matthias et sa hache.
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Du coté de la nef à droite :
Un saint moine sous son capuchon. Certains y voient François d'Assise.
La cordelière est celle des ... cordeliers ou Franciscains, et le chapelet est celui des Antonins.
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LE COTÉ SUD : LES SAINTES.
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On pourra comparer ces panneaux à ceux du jubé de La Roche-Maurice, avec les Apôtres coté nef et des saints et saintes coté chœur : Marie-Madeleine, Catherine, Barbe, Apolline, Geneviève et Marguerite.
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1. Une sainte couronnée et voilée, tenant un livre, pieds nus, et présentant son sein droit tranché. Sainte Agathe.
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2. Sainte couronnée, tenant la palme du martyre, la main droite sur la poitrine, pieds nus.
Les couronnes ne se réfèrent apparemment pas à la naissance royale des femmes, mais à leur martyre, qui les couronnent de sainteté.
Parmi les candidates, sainte Marguerite d'Antioche : il est impossible qu'elle soit absente de cette série des Vierges et Martyres.
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3. Sainte couronnée, tenant la palme du martyre de la main droite, pieds nus .
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4. Sainte Barbe, identifiée par la tour posée à ses pieds. Sainte couronnée, tenant un livre et la palme du martyre. Pieds nus.
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Porte à deux vantaux, d'accès au chœur.
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Trois anges présentant un cartouche muet dans un cuir découpé à enroulement.
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5. Sainte Geneviève, identifiée par son cierge. Femme voilée, tenant un livre ; pieds chaussés.
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6. Sainte Catherine, identifiée son épée et sa roue à couteaux brisée. Femme bizarrement non couronnée, tenant la palme du martyre. Pieds chaussés.
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7. Sainte Apolline et les tenailles de son martyre (elle eut les dents arrachées par les bourreaux). Femme voilée, tenant un livre, et pieds nus.
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8. Sainte Marie-Madeleine identifiée par ses cheveux très longs et son flacon d'aromates ou de parfum.
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9. Femme dirigeant vers sa poitrine nue une épée. Cheveux voilés, manteau, pieds nus.
Difficile d'imaginer ici Lucrèce, l'épouse romaine vertueuse. Sainte Agathe ??
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Les portes vues depuis le chœur.
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Les dessus de porte montrent deux anges présentant sur des cuirs découpés à enroulement (motif bellifontain) les monogrammes du Christ I~HS et de la Vierge MÃ, au dessus d'un cœur. C'est un décor très présent sur les retables baroques bretons.
Mais d'un coté les pilastres montrent entre des cannelures deux cariatides aux bras tronqués, ceinturées d'une guirlande, et au piètement de feuillage, qui sont directement issues du vocabulaire Renaissance, et des modèles de Termes de Serlio ou d'Androuet du Cerceau. Comme ceux du jubé de La Roche-Maurice ou de l'ossuaire de La Martyre (1619).
De l'autre coté, ces pilastres portent également des cariatides, mais moins distinctes puisqu'elles associent à un buste de volutes ces têtes féminines au bandeau nouée en bavette avec deux nœuds de rosette de chaque coté des oreilles, présentes déjà sur les sablières de cette église vers 1579, ou sur les sablières de Bodilis, et surtout sur le jubé de La Roche-Maurice, où elles abondent.
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L'Annonciation.
Au-dessus de ces deux portes nord et sud, dans leurs frontons à arc brisé, l'ange Gabriel et la Vierge de l'Annonciation devant son prie-Dieu, deux statues en bois non polychrome.
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SOURCES ET LIENS.
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—ABGRALL (Jean-Marie)
http://www.infobretagne.com/plouzevede-chapelle-notredame-berven.htm
— BARRIÉ (Roger), 1982, "Notre-Dame de Berven en Plouzévédé", SHAB
https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f46a2395e4204.95694625/1982_17.pdf
— BARRIÉ (Roger), 1983, Mobilier cultuel et décor intérieur dans l'église de Basse-Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles , Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 377-386
https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1983_num_90_2_4692
— COUFFON (René) LE BARS (Alfred), 1988, "Plouzévédé", Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/cb0bd8f06e2ee52afbe766530797e0c2.pdf
— LE BARS (Alfred), 1951, Notre-Dame de Berven, Morlaix
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_194/la__chapelle__notre__dame__de__berven.pdf
— COUFFON (René) LE BARS (Alfred), 1988, "Plouzévédé", Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/cb0bd8f06e2ee52afbe766530797e0c2.pdf
— LE GUENNEC (Louis), 1913, réed. Les Amis de Louis Le Guennec. Morlaix et sa région.
"La nef est séparée du chœur par une clôture ou chancel en pierre, formée de quatorze colonnes cannelées et d'une porte centrale, en bois sculpté, au-dessus de laquelle on lit la date 1601. Le jubé, également en bois, d'un travail plus grossier, est surmonté d'une Crucifixion, accostée de la Sainte Vierge et de saint Jean. Au-dessous, quatre panneaux en bas-reliefs, séparés par des sibylles, retracent dans un ordre renversé les scènes suivantes de la Vie de Notre-Seigneur : l'Ecce Homo; Jésus tombe sous la Croix; Marie reçoit le corps de son Divin Fils; Jésus est mis au tombeau.
Les parties latérales du jubé, au-dessous de colonnes cannelées, montrent dans le soubassement : du côté de l'Evangile, les douze Apôtres et du côté de l'Epître, saint François d'Assise, sainte Apolline, sainte Agathe, sainte Catherine, etc. Les panneaux du tympan représentent la scène de l'Annonciation : la Sainte Vierge d'un côté, l'archange Gabriel de l'autre."
— TOSCER (G.), 1907, "Le Finistère pittoresque"
https://archive.org/details/bub_gb_IwItAAAAYAAJ/page/n49/mode/2up
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