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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 11:46

La Vierge de Pitié à l'ange de compassion du retable du chœur (bois polychrome, Norel, 1781) de la chapelle de Trévarn en Saint-Urbain.

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Voir sur Saint-Urbain :

 

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PRÉSENTATION.

 

Sur la chapelle : voir Tanguy Daniel.

Sur le retable du chevet à pans coupés :

"Du retable subsistent les ailes à colonnes torses et pilastres ; sur leur soubassement, inscription : " FAITE. PAR. MOI. NORLL. 1781. - CHARLES. LE. GALL. FABRIQVE. 1781. ", et dans les niches, statues de Notre Dame de Pitié avec un ange soutenant la main de Jésus et de saint Etienne tenant des pierres dans sa main. Au mur du chevet, panneau de bois sculpté et peint avec le Christ de l'Ascension en haut-relief. Clôture de chœur à balustres tournés, 1762." (Couffon)

Et en 2003 avant restauration :

"Les travaux récents n’ont pas encore permis la remise en place de la totalité du mobilier. Le maître-autel en tombeau galbé n’est plus surmonté du retable qui datait de 1781 ; le groupe de la Pietà à quatre personnages, en bois polychrome (XVIIe s.), ainsi qu’une statue de saint Étienne, revêtu de sa dalmatique de diacre, tenant d’une main la palme du martyre et de l’autre les pierres de sa lapidation, reposent sur le plancher du chœur."

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Chœur de la chapelle de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Chœur de la chapelle de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

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L'inscription peinte.

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 FAITE PAR MOY NORLL 1781. - CHARLLES  LE  GALL FABRIQVE 1781.  

 

 

1°) NORLL.

Le Dictionnaire des artistes et artisans d'Yves-Pascal Castel nous donne une information sur le premier nom mentionné :

"NOREL. Peintre vitrier. Sa signature figure sur la pietà de la chapelle de Trévarn , en Saint-Urbain , avec la date de 1781 . Travaille à Sizun en 1784 ( pour 8 livres 10 sols ), en 1786 ( 5 livres 10 sols ), en 1787 ( 12 livres ) et 1791 ; au Tréhou en 1792. ( Voir Nory ) . Arch . dép ."

 

NORY Peintre vitrier . A Locmélar , en 1789 , reçoit 18 livres pour des vitrages au dessus de l'autel de saint Hervé et à la sacristie. De plus, « décrasse » le tableau de saint Hervé. La mauvaise graphie du nom fait qu'on est tenté de le confondre avec un NORET, œuvrant à Locmélar en 1785, et avec un NOREL (cf.)

2°) Charles Le Gall.

Les généalogistes reconnaissent là Charles Marie LE GALL,  un cultivateur né en 1751 au manoir de Kerguern en Dirinon et décédé en 1816 à Cleus Braz (hameau proche de Trévarn). Il est très émouvant de retrouver ici le frère de Jérôme LE GALL, dont le nom est gravé sur le bénitier du fond de la nef avec la date de son décès en 1776 (voir mon article sur les inscriptions).

Charles Le Gall a épousé Marie-Anne LE BRIS en juin 1785 à Trévarn.

 

https://gw.geneanet.org/fernandl?lang=fr&pz=emma&nz=le+roux&p=jerome&n=le+gall&oc=3

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LE RETABLE COTÉ GAUCHE : LA VIERGE DE PITIÉ.

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Il est difficile de savoir si la niche de ce retable à colonne torve et rinceaux est destinée à recevoir  la Vierge de Pitié qui s'y trouve aujourd'hui.

Il est délicat d'attribuer à ce groupe sculpté la date de 1781 portée par l'inscription.

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Retable du chœur de la chapelle de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Retable du chœur de la chapelle de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

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La Vierge de Pitié à l'ange de compassion (bois polychrome).

C'est cet ange, agenouillé aux pieds du Christ et approchant la main ensanglantée de son visage, qui retient l'attention.

D'autant que le thème de la Vierge de Pitié aux anges de tendresse apparaît en Basse-Bretagne au XVe siècle.

Dans son ouvrage, E. Le Seac'h, après avoir décrit le calvaire de Tronoën (vers 1470) et le geste charmant des anges qui y écartent le voile de la Vierge de Pitié, consacre un paragraphe  à cette gestuelle de l'ange de douceur de quelques sept pietà sortis du même atelier  du Maître de Tronoën (à Kerbreudeur et ossuaire de Saint-Hernin, calvaires de Béron et Moustoir à Châteauneuf-du-Faou, Croas-an-Teurec à Saint-Goazec, Collorec, Laz, Saint-Trémeur de Carhaix, Kergloff, Le Moustoir, Plusquellec, Pennanvern à Gourin).

Puis elle décrit "les héritiers de la gestuelle de l'ange", dans cinq piétà du Finistère à Plonévez-du-Faou, Plozévet, Penmarc'h et Névez — toutes en pierre calcaire polychrome—, au Faouët (granite) et à Meslan (granite polychrome).

Ces anges sont déjà présents sur la Grande Pietà Ronde conservée au Louvre et peinte par Jean Malouel au début du XVe siècle.

— Sur les anges de compassion, et la gestuelle de l'ange, voir :

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La Vierge de Pitié à l'ange de compassion de Trévarn.
La Vierge de Pitié à l'ange de compassion de Trévarn.
Retable du chœur de la chapelle de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Retable du chœur de la chapelle de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

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LE RETABLE DE DROITE : SAINT ÉTIENNE.

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Le saint vêtu de la dalmatique des diacres (cf. Actes des Apôtres) présente les pierres de sa lapidation et porte la palme de son martyre. L'ange présent à sa droite n'est pas accordé à la scène (il est agenouillé en adoration vers le tabernacle), ce qui renforce l'impression d'un remontage d'éléments composites (comme sur le retable nord). 

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Retable du chœur de la chapelle de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Retable du chœur de la chapelle de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

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Le médaillon du sommet : l'Ascension du Christ.

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Médaillon sommital du chœur de la chapelle de Trévarn. Photographie Brigitte Thibault 4 juillet 2021.

Médaillon sommital du chœur de la chapelle de Trévarn. Photographie Brigitte Thibault 4 juillet 2021.

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NOTRE BONUS : NOTRE-DAME DE TRÉVARN.

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C'est une Vierge à l'Enfant, mais dont la particularité est que la Vierge "apprend à lire" à son Fils en lui présentant un livre ouvert, ce qui évoque la scène analogue d'Anne éducatrice de la Vierge enfant.

Toute la subtilité, toute la profondeur théologique et spirituelle provient du fait que c'est la Vierge qui pose les yeux sur la page ouverte, tandis que l'enfant, qui regarde au loin, pose l'index sur la page. Autrement dit, il commente et révèle à sa Mère le sens des Écritures, avec la même science dont il fera preuve dans l'épisode évangélique de Jésus parmi les Docteurs de la Loi.

La Vierge est couronnée, ses longs cheveux tombent dans son dos, elle est légèrement déhanchée et porte une robe dorée sous un manteau bleu. L'enfant, aux cheveux courts, porte une tunique rouge qui descend jusqu'à ses pieds nus. La main gauche de la mère, qui supporte son fils assis, est gracieusement rendue.

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Notre-Dame de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Notre-Dame de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Notre-Dame de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Notre-Dame de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Notre-Dame de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Notre-Dame de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Notre-Dame de Trévarn. Photographie Brigitte Thibault 4 juillet 2021.

Notre-Dame de Trévarn. Photographie Brigitte Thibault 4 juillet 2021.

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DU COTÉ DROIT : SAINT JOSEPH (?).

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Il est pieds nus et tient en main gauche une tige verte.

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Notre-Dame de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Notre-Dame de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Notre-Dame de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

Notre-Dame de Trévarn. Photographie lavieb-aile 4 juillet 2021.

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SOURCES ET LIENS.

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— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice de Saint-Urbain

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/185205eb407bd5b842b7d8155b41425a.pdf

 

 — DANIEL (Tanguy), 2003, La sauvegarde de l'art français , cahier · Numéro 16 - Page 161

https://www.sauvegardeartfrancais.fr/projets/saint-urbain-chapelle-notre-dame/

"La commune de Saint-Urbain, située à quelques kilomètres au sud de Landerneau, a été constituée, lors de la Révolution, par la réunion de deux trèves détachées de la paroisse de Dirinon et devenues communes en 1790 : la trève de Saint-Urbain et la trève de Trévarn. En 1792, la commune de Trévarn fut rattachée à Saint-Urbain. Après le Concordat, Saint-Urbain devint paroisse, Trévarn n’étant plus que simple chapelle, dédiée à Notre-Dame.

C’est son statut d’ancienne église tréviale qui explique sans doute l’importance de cette dernière. L’existence d’une église en ce lieu est attestée depuis le Moyen Âge : en 1219 est mentionnée là une ecclesia sancti Baharni (nom de saint obscur) ; en 1324, le village portait le nom de Treffbarn. Ultérieurement, l’église fut dédiée à Notre-Dame-de-Pitié. Aujourd’hui, le placitre est entouré d’un mur d’enclos que l’on franchit par une ouverture encadrée de deux piliers supportant les statues en kersanton de saint Sébastien et de l’ermite saint Antoine. Un calvaire du XVIe s. porte une représentation du Christ aux Liens, une autre du Christ en Croix, le groupe d’une Pietà et, sur les extrémités de la traverse, deux saints dont saint Pierre. Les têtes du Christ en Croix et d’une sainte Femme, dont le style diffère de celui des autres, portent la marque de l’atelier du sculpteur landernéen Roland Doré (première moitié du XVIIe siècle). Hors de l’enclos, une fontaine de dévotion est l’indice, très vraisemblablement, de l’origine ancienne du lieu de culte.

L’église, en pierre de Logonna aux chaudes couleurs, a été construite à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe s. (plusieurs inscriptions portent les dates de 1666, 1683, 1700, 1701, 1719), selon un plan simple de croix latine, avec une abside à pans coupés. La façade occidentale est très dépouillée : un grand mur-pignon dans lequel s’ouvre un portail en plein cintre avec entablement en faible saillie, reposant sur deux colonnes en kersanton, le tout surmonté d’un clocher à une seule galerie, deux chambres de cloches et une courte flèche. Du côté sud, le transept fait une énorme saillie sur le mur gouttereau : de façon inhabituelle, il est percé d’une grande fenêtre et d’une porte en plein cintre datée 1700, (dont l’agrafe représente un angelot) ; elle est flanquée de deux pilastres ; son fronton cintré abrite une statuette de la Vierge. Une porte identique s’ouvre sur la nef, mais l’agrafe est ici constituée d’une simple volute. Une petite sacristie d’angle a été construite entre le bras sud du transept et le chevet.

Les travaux récents n’ont pas encore permis la remise en place de la totalité du mobilier. Le maître-autel en tombeau galbé n’est plus surmonté du retable qui datait de 1781 ; le groupe de la Pietà à quatre personnages, en bois polychrome (XVIIe s.), ainsi qu’une statue de saint Étienne, revêtu de sa dalmatique de diacre, tenant d’une main la palme du martyre et de l’autre les pierres de sa lapidation, reposent sur le plancher du chœur.

La chaire à prêcher a été démontée, et une partie de ses éléments sont remisés dans le bras nord du transept, où un autel est surmonté d’un grand retable du Rosaire, en bois polychrome : dans le corps central, le tableau qui représentait l’Enfant Jésus debout sur le globe du monde, a disparu – il avait lui-même succédé à une représentation du groupe du Rosaire -, mais subsistent treize médaillons sur les quinze traditionnels, et une longue inscription en breton, datant du xixe siècle : Ra zeuio en hano Jesus / Peb glin da staouet en ÂÂ / var an Douar ac en ifern / a ra zeui peb Teod da anzao / penaus on autrou Jesus Christ / a so asezet e gloar Doue an Tad (« Qu’en vienne, au nom de Jésus, / chaque genou à plier, au ciel, / sur la terre et en enfer, / et qu’en vienne chaque langue à reconnaître / comment Notre Seigneur Jésus-Christ / est assis dans la gloire de Dieu le Père ») ; de part et d’autre, des niches encadrées de colonnes torses à pampres abritent, à gauche un groupe de sainte Anne et de la Vierge portant l’Enfant Jésus, à droite un groupe de saint Yves entre le Riche et le Pauvre (groupe qui, à l’origine, ne figurait probablement pas dans ce retable, puisqu’on peut lire sous la niche le nom de Joseph) ; chacune de ces niches est elle-même surmontée d’une niche plus petite servant de cadre à des statuettes d’évêques non identifiés.

Le reste de la statuaire, dans le transept, comprend un panneau de bois polychrome représentant l’Ascension, une statue de la Vierge tenant un livre ouvert sur les genoux de l’Enfant qu’elle porte sur le bras gauche (c’est Notre-Dame de Trévarn), et la statue d’un saint non identifié.

Au fond de la nef, près de la porte occidentale, deux bénitiers en pierre : l’un, en forme de vasque ovale décorée d’un angelot et d’un écusson martelé, porte la date de 1666, un autre, de forme cylindrique, celle de 1776 ; une pierre tombale en ardoise remonte à 1719.

D’importants travaux de restauration ont été entrepris au cours de la dernière décennie. Entre 1992 et 1996, avec l’aide d’une association locale, la commune a fait procéder à des interventions sur le clocher et la nef. À cette occasion, de graves désordres sont apparus dans la charpente, et un échafaudage de soutien fut placé dans le chœur ; par la suite, la charpente a été entièrement reprise, en gardant le maximum d’éléments d’origine ; arbalétriers, entraits, voliges, couverture d’ardoises ont été changés.

La Sauvegarde de l’Art français a participé au financement de ces travaux pour une somme de 24 392 € qui ont été versés en 2001. "T. D.

 

— LE GUENNEC (Louis), 1981,  Le Finistère monumental, t. III. Brest et sa région, Quimper, 1981, p. 562-564.

POL DE COURCY signale à Trévarn la présence d'une roue de la fortune comme à Confort

Note : en 1721, les armes des Rohan furent apposées sur la façade de la chapelle de Trévarn.

— POP-CULTURE. PA29000036 (2000-2001)

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/AP12R01767

"L'existence d'un lieu de culte à Trévarn est attestée au 12e siècle : lors de la seconde fondation de l'abbaye de Daoulas en 1172 par Guiomar de Léon et sa femme Nobile, l'église Sanctii Baharnii lui fut donnée à perpétuité. Jusqu'en 1805 elle constituait une trêve de Dirinon. L'édifice présente un plan en croix latine avec transept saillant et chevet à trois pans. Sur le bras sud du transept se trouve une petite sacristie de plan carré, greffée à l'est. L'édifice actuel est daté par inscriptions intérieures et extérieures. Les travaux de construction s'échelonnent entre 1682 et 1701. Dans le placître, côté sud, se trouve un calvaire à personnages restauré partiellement par le sculpteur Landernéen Roland Doré vers 1630."

 

—LES AMIS DE TRÉVARN, BLOG :

http://les-amis-de-trevarn.over-blog.com/links.html

—SAINT-URBAIN PATRIMOINE

https://www.saint-urbain.com/patrimoine-historique/patrimoine

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Chapelles bretonnes. Vierges de Pitié

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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