Les sablières (1641-1675) de la chapelle Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic. III. Les sablières des bas-cotés, et leurs blochets.
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Voir sur la commune de Saint-Nic :
— L'église :
L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic III. La Pietà en kersanton polychrome par les frères Prigent.
Saint Côme et saint Damien sur le cadran solaire de 1614 de l'église de Saint-Nic (Finistère).
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— La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :
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— La chapelle Saint-Jean :
— L'église de Trégarvan (sablières de 1570 par le Maître de Saint-Nic) :
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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.
Voir article sur les sablières nord de la nef.
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CLIQUEZ sur l'image au besoin.
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Description du fond de la chapelle (ouest) vers le chœur (est).
LE BAS-COTÉ (ou COLLATÉRAL) SUD BCS (1661).
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La charpente des bas-cotés n'est plus rythmée, comme la nef, par les entraits, mais les arbalétriers (les pièces obliques) forment des demi-fermes (Viollet-le-Duc). Leur appui sur le mur gouttereau est épaulé par des blochets.
Ces arbalétriers supportent deux pannes (fortes poutres horizontales), et c'est sur ces pannes qu'est chevillée la succession régulière des chevrons (obliques comme les arbalétriers). Je compte sur ma photo un arbalétrier pour dix chevrons. Les chevrons reçoivent eux-mêmes la couverture des liteaux ou voliges, qui reçoivent les ardoises. Si j'ai bien compris.
Je décrirai les pannes sablières découpées par les blochets, comme des entités successives. Les blochets sont numérotés depuis le premier décrit, au coté sud de la nef. Les sablières sont numérotés d'ouest en est pour le bas-coté sud BCS, puis pour le bas-coté nord BCN.
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Sablières et blochets du bas-coté sud (1661) de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Premier espace sud entre deux arbalétriers. Blochet B7, sablière BCS1 et blochet B8.
Blochet B7 : tête de dragon.
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La première sablière BCS 1 ; frise de rubans et perles enroulés.
Le motif est celui de la petite frise inférieure des sablières de la nef, avec des enroulements de "rubans" concaves ponctués de deux étoiles, et de successions de perles trois par trois.
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Blochet B8. Un oiseau.
Le corps, entièrement couvert de plumes, est ancien, alors que la tête relève d'une restauration récente. Deux blochets similaires se trouvent à l'extrémité orientale du bas-coté nord.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Deuxième espace entre les arbalétriers. Sablière BCS2.
Sablière BCS 2 : Deux dragons à tête humaine et queue végétalisée, de part et d'autre d'un masque humain.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Blochet B9. Ange tenant un instrument de la Passion (la croix).
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L'un des traits stylistique de l'atelier du "Maître de Saint-Nic", la déformation du menton "en godet", est ici caricaturale puis que le menton forme une tuméfaction sous la boule du visage.
À ce visage en coloquinte, le sculpteur a donné, selon son habitude, des yeux en amande, des pupilles en cerise ou plutôt en olive dénoyautée, un nez bien aéré, une bouche en croissant de lune taillée à la gouge sans s'embarrasser des lèvres, et deux délicieuses oreilles en colimaçon.
La collerette en pétale est un autre motif qui se répétera inlassablement. Ses dessins en plumes se poursuivent sur la robe stylisée, et sur les ailes bien-sûr.
La coiffure est intéressante, car elle associe un bandeau frontal avec un bandeau postérieur semblable à celui auquel j'ai attribué dans ce blog le surnom de "chouchou" car il rassemble les cheveux derrière la nuque.
Enfin, il faut noter les mains rassemblées sous le ventre, lequel est ballonné. Cette particularité déjà notée en B3 de la nef sud se retrouvera peu ou prou sur cinq autres blochets, et il est de tradition à Saints Côme-et-Damien de dire qu'il s'agit de patients souffrants de dysenterie, par allusion aux pouvoirs de thaumaturges des deux saints médecins.
Rien ne me semble moins sûr, puisque ce trait se retrouve ici sur cet ange, dont il serait très incongrue de penser qu'il souffre de troubles digestifs.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Troisième espace : la sablière BCS3 : quatre dragons autour d'un ange central, et un masque humain.
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Les dragons sont groupés par deux, queue contre queue. Il n'y a pas de frise en registre inférieur. Les dragons sont décorés selon la technique propre à l'atelier de Saint-Nic, avec des écailles rondes, des entailles en C, en S ou en V, et des perforations en lignes. Les encolures sont marquées de lignes en zig-zag, ou de perles.
À droite, un jovial masque humain tient dans sa bouche la queue des deux monstres (dont l'un est ailé), sans être troublé par les longues flammes qu'ils crachent en sa direction.
À gauche, la langue des bestioles est enroulée, tandis que les queues tracent une boucle dont ils affrontent les courbes.
Détail : si vous suivez le parcours de la queue du dragon de gauche, vous constaterez qu'elle es termine par une tête de dragon en réduction, tirant méchamment sa langue comme lui a appris son papa. Cette queue céphalisée est très couramment adoptée par les dragons de sablières.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Le blochet B10. Homme échevelé, à bandeau, barbiche et collerette en pétales de marguerites.
Pour montrer l'étendu de ses talents, le sculpteur a ajouté aux amandes, aux olives et au croissant de lune de la coloquinte dix entailles : deux pour les sourcils, et huit pour la barbichette. Il reste fidèle au bandeau frontal, seul élément discipliné d'une coiffure exubérante.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Quatrième espace : la sablière BCS4. Rinceau et monogramme IHS. Inscription 1661.
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La sablière est sculptée d'un rinceau distribuant des feuilles, des fleurs à épis crénelé et des grappes mûriformes. Au centre, le monogramme christique IHS s'inscrit dans un cartouche solaire, exactement comme sur les sablières S1 et S3 de la nef sud. Et, comme en S3, ce monogramme sacré est curieusement présenté par deux animaux apparentés aux dragons, mais dotés d'oreilles de lapins, de deux cornes, d'une queue s'enroulant en spirale sur leur dos, tandis que leur corps se prolonge en se confondant avec la tige du rinceau.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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L'inscription dans un cartouche, est écrite en lettres capitales romaines et chiffres arabes avec ponctuation de séparation (et d'abréviation des prénoms) par deux-points. Le positionnement de l'inscription sous la sablière figure, la graphie et la taille des lettres (quoique je ne l'ai pas mesurée) sont les mêmes que pour les inscriptions de la nef nord, et des sablières de Trégarvan.
M : G : PERFEZOV : R . G : MARZIN : F : 1661.
Messire Guillaume Perfezou recteur , G. Marzin fabricien 1661.
Le recteur Guillaume Perfezou a déjà fait inscrire son nom dès 1638 sur la chaire de la chapelle, puis sur deux sablières nord de la nef en 164[6] et 1641. Et aussi sur le calvaire de la chapelle Saint-Jean en 1645 et sur la charpente de la même chapelle en 1653. Le bas-coté sud reçoit donc sa charpente 20 ans après celle de la nef nord, par le même atelier puisque nous retrouvons la graphie des inscriptions et le style des sculptures, mais peut-être pas par Jacques Polesec et Olivier Guillocsou, les charpentiers de 164[6].
Le fabricien de l'année est G. Marzin, pour Guillaume ou Guegen Marzin . Le patronyme est attesté à Saint-Nic, par exemple par Hervé Marzin, né le 8 décembre 1639, à Saint-Nic et décédé le 18 avril 1705 dans la même paroisse, et qui épousa Françoise Gannat (mars 1633/ décembre 1713 Saint-Nic). Ou bien Pierre Marzin (Saint-Nic 1626-1691) qui épousa Françoise Guegueniat.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Blochet B11. Homme à barbiche, se tenant le ventre.
Ce jovial personnage vu en buste nous semble féminin par la rondeur de son visage et par sa coiffure, mais la présence de la barbichette m'impose d'y voir un homme. Il porte en guise de fraise un col en pétales de marguerites, comme les autres blochets, un vêtement stylisé, et des manches longues plissées. Ses mains sont posées sur son ventre.
Le bandeau repousse vers l'arrière l'amas vermiculaire que le coiffeur de ce monsieur lui a infligé.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Blochet B12. Homme à barbiche, mains sur le ventre.
Et toujours la coloquinte (un peu de travers), les amandes percées, etc., le bandeau sous un parasol capillaire, et des mains-feuilles mal équarries.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablière BCS 5. Entrelacs à dragons, deux personnages présentant un masque.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Blochet B13. Homme à barbiche et moustache "Louis XIII", à collerette en pétales.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablières BCS 6 et BCS 7. Trois têtes d'anges et monogramme marial. Blochet B14.
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Le monogramme MA de MARIA est inscrit, comme celui du Christ, dans un cartouche en soleil.
Les lettres M et A sont superposées dans un motif symétrique à trois losanges (comme c'est souvent le cas), mais les lettres manquantes pour écrire MARIA ne sont pas oubliées, leur présence est signalée par le tilde en crochet placé au dessus.
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Le blochet B14 est semblable aux autres (même collerette, mêmes manches, même tunique stylisée), mais ne porte pas de barbiche, et, surtout, ses mains tiennent un livre ouvert.
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Le blochet B15. Une femme, se tournant les pouces mains croisées sur le ventre.
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Sous son collier de perle, une ceinture de feuilles peine à transformer cette Bonemine en danseuse tahitienne, mais quel sourire pourtant ! Quel regard tourné vers le ciel ! Quelle robe ondée digne d'une sirène !
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Sablières et blochets (1661) du bas-coté sud de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Cette charpente sculptée du bas-coté sud, datée de 1661 par inscription, associe des motifs fantastiques d'inspiration médiévale comme les dragons, et des thèmes liturgiques d'inspiration tridentine comme les monogrammes christiques et mariaux et les angelots, mais le plus singulier est la série des neuf blochets, dont six ont les mains sur le ventre.
La continuité stylistique avec les sablières de la nef est évidente, comme l'illustrent les trois traits caractéristiques que j'ai identifiés : les inscriptions aux lettres droites, les ornementations par perforations, et le menton "en godet".
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LE BAS-COTÉ (ou COLLATÉRAL) NORD BCN (1675).
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Effectuées 14 ans plus tard, les sablières offrent de nombreux points communs avec celles du bas-coté sud.
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Première sablière du bas-coté nord, BCN 1.
Le motif est le même qu'au sud, et nous retrouvons ces enroulements de "rubans" concaves ponctués de deux étoiles, et de successions de perles trois par trois.
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Blochet B16. Ange tenant la croix, l'un des Instruments de la Passion.
C'est la reprise du blochet B9, mais qui a abandonné sa savante coiffure.
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablière BCN2 : rinceau à grosses fleurs et épis ou grappes.
La tige sort du bec d'un oiseau : même motif qu'à la chapelle Saint-Jean, ou à Trégarvan.
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablière B17. Un oiseau à tête (restaurée) de cygne.
Même oiseau qu'en B9 et B20 ; un irascible leur a tranché la tête.
Ou étaient-ce des anges ?
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablière BCN3 : frise de pampre et lion goûtant aux raisins.
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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C'est un lion qui se donne des allures de dragon mais qui se reconnaît à sa crinière et à son corps lisse, sans pelage. Il porte un collier.
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Blochet B18. Un ange
Le sculpteur reprend son vocabulaire stylistique, mais l'agrémente d'une robe à gros plis. Ah, il ne fait pas dans la dentelle ! Voyez le cou de taureau !
Mais le gentil sourire et le costume en feuilles de bananier donne à son personnage un charme certain.
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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La sablière BCN 4. Frise à pampre et oiseaux.
Ce motif déjà vu en BCN2 et BCN3 se retrouve à la chapelle Saint-Jean, ou à Trégarvan.
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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L'inscription de 1675.
Elle est semblable aux inscriptions du nord de la nef ou de celle (1661) du bas-coté sud et, comme elles, elle court en dessous de la sablière figurée, et elle est écrite en lettres capitales romaines très droites et très régulières. La lettre R notamment, fort gaillarde, est bien identique à celles de l'inscription de 1661, et elle est tracée comme un P auquel est ajoutée une jambe levée comme pour donner un coup de pied. Quant aux lettres A, elles adoptent la traverse brisée en V qui forme un losange en leur centre.
AL : ROIGNANT : FAB : ET CHARP : L'AN 167[5]
"Alain Roignant Fabricien et charpentier l'an 1675."
La graphie de l'inscription est non seulement semblable à celle des sablières de Saints Côme-et-Damien, mais aussi à celle de la tribune de l'église de Saint-Nic ( A. ROIGNANT : CHARP, sans date) et à celle des sablières de Trégarvan, datée de 1676.
Surtout, elle se retrouve encore sur l'inscription lapidaire gravée à l'extérieur, à droite de la porte nord de la chapelle (cf photo infra). Le texte est alors :
AL : ROIGN
ANT : F : 1675
"Alain Roignant Fabricien 1675"
Puisqu'un paroissien est nommée au poste de fabricien durant une année, et puisque la lecture de la date 1675 est certaine sur l'inscription extérieure, cela permet de lever le doute sur le dernier chiffre de l'inscription de la sablière du bas-coté nord, où certains ont lu 1670 ou 1673. La date de la sablière est bien de 1675.
Alain Roignant est très probablement celui que les généalogistes décrivent ( généalogie D'Eric Lagathu) comme étant marié avec Marie LE BIHAN (1629-St-Nic, 7 mai 1690) dont il eut une fille, Marguerite, née le 1er avril 1661 à Saint-Nic. Puisqu'il se désigne à deux reprises comme charpentier, nous pouvons lui attribuer la charpente du bas-coté nord, au même titre que Jacques Polesec et Olivier Guillocsou qui avaient réalisé celle de la nef nord en 164[6].
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Porte nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Porte nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Blochet B19. Ange mains sur le ventre.
menton en godet ; collerette en pétales ; corps de plumes qui m'incite à y voir un ange, malgré l'absence d'ailes caractérisées..
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Sablière BCN5 (pampre) et blochet B20 (oiseau).
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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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CONCLUSIONS.
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De 1641 à 1675, les charpentes de la chapelle Saints Côme-et-Damien de Saint-Nic ont été réalisées, pendant la cure (et aux frais ) du recteur Guillaume Perfezou du moins jusqu'en 1661, et sous la direction des fabriciens en fonction aux années correspondantes. les inscriptions permettent de reconstituer cinq campagnes successives :
Les noms des charpentiers sont en rouge.
— Charpente et sablières de la nef nord :
1641, deux premières arcades, aux frais du recteur Guillaume Perfezou, .
164[6], quatrième et troisième arcades, par Jacques Polesec et Olivier Guillocsou, le recteur étant Guillaume Perfezou et le fabricien I. Borgne.
— Charpente et sablières de la nef sud :
1645 : quatre dernières arcades, sous le recteur Guillaume Perfezou.
— Charpente et sablières du bas-coté sud :
1661, le recteur étant toujours Guillaume Perfezou et le fabricien étant G. Marzin.
— Charpente et sablières du bas-coté nord :
1675, par le charpentier Alain Roignant, qui était également le fabricien pour cette année là.
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Ce chantier a été mené en même temps que celui de la charpente de la chapelle Saint-Jean, dans la même paroisse et sous le même recteur G. Perfezou, en 1653. Il a été associé, en 1670, par celui de la charpente de l'église de Trégarvan. Les caractéristiques stylistiques des sablières figurées et des inscriptions permettent d'attribuer ces sculptures à un seul atelier, auquel je donne le nom de convention de Maître de Saint-Nic, même si l'activité de cet atelier durant 34 ans , de 1641 à 1675 suppose volontiers plusieurs artisans et donc plusieurs "mains".
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Les repères stylistiques sont par exemple :
-de façon générale, une ornementation par motifs taillés en creux, stries, encoches, points, écailles, et ponctuations.
-pour les dragons :
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les écailles du corps traités, selon les zones, par deux entailles différentes, soit en coup de biseau, soit en ligne irrégulière et sinueuse.
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Les plages du corps lisses, dépourvues d'écailles,
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les langues dont le caractère épineux est figuré par un aspect foliaire.
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Le fouet des queues traité comme des épis ou des grappes.
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Les trous des pupille
-Pour les blochets
- Yeux en amande délimités par un double contour autour d'une olive centrale évidée,
- Petite bouche souriante en demi-lune,
- Menton en galoche ou godet responsable d'un visage en coloquinte
- Vêtement stylisé, non réaliste.
- Trous d'ornementation pour les yeux, la collerette et la ceinture.
- Collerette en larges pétales , comme celle d'un Pierrot Gourmand
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La question se pose de savoir s'il faut considérer que les trois charpentiers (Polesec, Guillocsou et Roignant) dont les noms nous sont donnés par inscription sont aussi les auteurs des sculptures des sablières. Les charpentiers sont-ils aussi menuisiers et "ymagiers" et sculpteurs, mais aussi sculpteurs en lettres?
Cette question est discutée par Sophie Duhem dans le chapitre 5 de son ouvrage, "Les sculpteurs des charpentes, des artisans polyvalents" :
« Mais qui sont ces artisans qui signent les charpentes ? Lorsque l'ouvrier de Crénenan annonce « (…) faict par moy ian le bovrois (...) », comment devons-nous comprendre le message ? Avons-nous affaire au concepteur des plans, c'est-à-dire au charpentier, ou au décorateur des poutres, et dans ce cas au sculpteur ? Quelques inscriptions répondent partiellement à cette interrogation.
Le sens des formules est parfois explicite. Lorsque Jean Thébaud déclare à Ploéren « avoir fait la charpente », il est évident qu'il est à l'origine des plans et de la construction de l'ossature. De même, lorsque Olivo signale qu'il a « boisé » la chapelle de Pluvigner ou quand l'artisan anonyme de l'église de Merlevenez annonce qu'il « (…) fit (…) charpenterie », « faire le bois » a bien le sens premier de « concevoir » et de « construire » ; l'artisan d'Arz qui « (…) come[n]ce le bouais de ce [chœur] l'an (...) » en 1553 et Thomas Magad à Locoal-Mendon qui « (…) faict (…) ce boy (...) » en l'an 1621 sont bien deux charpentiers au fait des techniques de boisage des bâtimùents. Quelques artisans d'ailleurs annoncent leur profession. Celui de la chapelle de Tréarvec à Brech emploie le mot « calve » qui désigne en breton le charpentier ;: « I. Pezron, Calve 1585 ». Celui de Canihuel, de son vrai nom « Calve » cette fois, se dit « cherpantier », ceux de la Roche-Maurice « sarpentiers », Philippe Cousin à la Selle-en-Luitré est « maistre charpe[n]tier » ainsi qu'Henri Le Meilleur à Pluméret, alors que B. Agesse à Mohon se dit « (…) mestre de le[u]vre (...) ».
Au total 22 artisans revendiquent le statut de charpentier, mais aucun ne fait valoir celui de sculpteur qui conviendrait davantage aux décorateurs des charpentes. À Canihuel en 1474, c'est pourtant un sculpteur que l'on emploie aux poutres. Il s'agit d'Olivier Le Loergan, aujourd'hui connu pour ses reliefs réalisés sur le jubé de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët. L'épigraphe de la sablière qui l'identifie le désigne comme « ouvrier » , « (…) cest oupvre cy fist loupvrier nome Le Loergan : Olivier (...) », un titre qu'il faut entendre ici au sens large de « créateur de l'œuvre », comme le souligne justement V . Breteau. Est-il aussi l'auteur des plans de la charpente ? Rien ne nous permet de l'affirmer. Un fait cependant demeure : l'ouvrier est souvent sollicité pour ce type de contrat et habitué à ornementer les sablières.
Devons-nous conclure que les paroissiens faisaient appel à des sculpteurs indépendants pour ce travail d'ornementation ? Si l'on suit cette interprétation, comment expliquer qu'aucun n'ait laissé son nom et l'indication de son statut sur une sablière ? Comment concevoir que certains aient même accepté que des compagnons charpentiers signent leur travail ? Cette hypothèse nous paraît d'autant moins probable que les sculpteurs jouissaient de plus de considération que les charpentiers dans la hiérarchie des corps de métiers. Nous croyons donc plus vraisemblable d'envisager une double formation des artisans des charpentes, aux techniques de construction d'une part, et à la pratique de l'ornementation d'autre part.
[…] Le caractère multiforme de l'enseignement du charpentier se vérifie aux XVIe et XVIIe siècle. [ …]. Ces hommes n'exercent pas un métier, mais plusieurs, à l'image des paysans quin sont également marins-pêcheurs, artisans ou marchands de toiles. Et il semble finalement quelque peu absurde de chercher à distinguer les activités du « charpentier » , du "menuisier", ou de "l'imagier". Ces artisans sont plus simplement des « polytechniciens du bois », qui savent charpenter, boiser, décorer et mettre en valeur ce matériau dans l'environnement du sanctuaire. »
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On voit que " l'hypothèse" que les charpentiers nommés sur les sablières soient aussi les sculpteurs de celles-ci, est adoptée par l'auteur.
Appliquée à la paroisse de Saint-Nic, cette conviction l'a conduit à décrire ainsi les "sculpteurs de Saint-Nic" :
"Les sculpteurs de Saint-Nic 1641-1670.
L'étude stylistique des sablières de la chapelle des Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic met en évidence la participation d'un atelier composé de trois sculpteurs, ayant exercé leur activité entre 1641 et 1670 sur la demande du recteur de la paroisse, Guillaume Perfezou. Les décors les plus anciens, localisés dans la nef, portent les signatures de deux artisans employés à l'édification de la charpente dans cette partie de l'édifice ; une première date précise qu'elle fut commencée en 1641 et terminée ... « l'an 1646 par Iac Bolesec et ol(ivier) Guillocsou ». les noms des deux sculpteurs sont donc connus : il s'agit de Jacques Bolésec et d'Olivier Guillosou. Le programme qu'ils élaborent est inventif, composé de thèmes variés où prédominent les images de dragons végétalisés, les frises de végétaux soutenus par des putti ailés, les mascarons et des grylles monstrueux. La réalisation est correcte comme le montre la taille en haut-relief des sculptures, mais l'étude de détails trahit une connaissance peu maîtrisée des règles de la composition, des proportions , du rendu des gestes et des expressions, que dissimule une abondante décoration de surface. Il est en réalité difficile de dissocier la participation respective des deux ouvriers à l'ouvrage car la facture de l'ensemble est très homogène et ne révèle pas de différence stylistique notable. La seule que nous voyons se résume à quelques points de détails qui tendent à distinguer d'un coté les reliefs sculptés des sablières et de l'autre les sculptures en ronde-bosse des faux culots de poinçons et des blochets." S. Duhem 1998 page 146.
Néanmoins, S. Duhem n'a pas examiné ici l'origine géographique des charpentiers-menuisiers-sculpteurs, telle qu'elle serait apparue en faisant appel aux données des généalogistes. À Saint-Nic, deux des trois noms peuvent être rattachés à des familles demeurant dans la paroisse. Leur nom n'apparaît pas ailleurs comme artisan (pour Polesec, voir à Sainte-Marie-du-Ménez-Hom la mention comme fabricien en 1573). Il est certain que Jacques Polesec est charpentier, mais aussi menuisier puisque son nom figure aussi comme auteur sur la chaire de 1638. C'est également attesté pour Alain Roignant, puisqu'il signe ici la charpente du bas-coté nord, mais aussi la tribune de l'église paroissiale. Mais s'ils avaient acquis également la compétence de sculpteurs d'images, et de sculpteurs en lettres (ce qui suppose une longue pratique), ils n'auraient pas exercé uniquement dans leur paroisse, où les occasions de réaliser de tels ouvrages restaient exceptionnels, et ils auraient été appelé sur les grands chantiers religieux ou seigneuriaux.
A contrario, le caractère local des réalisations du "maître de Saint-Nic" plaide en faveur d'un travail de sculpture exécuté par des artisans du pays, à la différence du Maître de Pleyben dont les sablières et blochets se reconnaissent à Pleyben, Kerjean, Saint-Divy, Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, Bodilis ou Roscoff. De même, le caractère touchant mais grossier des sculptures, les ornementations par entailles et perforations, la répétition stéréotypée des modèles est compatible avec un travail de menuisier polyvalent, habile mais non spécialisé.
En conclusion, c'est par prudence et posture scientifique que je conserve ma proposition de désigner l'auteur des sablières de Saints Côme-et-Damien, de Saint-Jean et de Trégarvan sous le nom de Maître de Saint-Nic, même si le voile de l'anonymat peut être soulevé pour faire apparaître les noms de Jacques Polesec, d'Olivier Guilocsou et d'Alain Roignant.
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Ai-je fini ici mon travail ? Bien--sûr que non, car il reste à examiner, en levant la tête d'avantage encore, les culots et abouts de poinçon. Rappelez-vous : je les estimais au nombre de 75. Aie aie aie !
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SOURCES ET LIENS.
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— BASE MERIMÉE, Notice :
http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/mersri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IA00005244
— CASTEL (Yves-Pascal), DANIEL (Tanguy), THOMAS (C.M.), Dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs.
— COUFFON (René), 1988
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf
CHAPELLE SAINT-COME ET SAINT-DAMIEN (C.)
En forme de croix latine, cet édifice, de construction soignée en pierres appareillées, comprend une nef de cinq travées avec bas-côtés, un transept et un choeur peu saillant à chevet plat. Elle remonte au XVIe siècle ou même fin XVe siècle mais dans son état actuel elle est en grande partie du XVIIe siècle ainsi que l'indiquent de très nombreuses inscriptions.
Sur la sablière nord de la nef : "DICI IVSQVES AV PREMIER PILIER A ESTE BOISE AVX FRAIS DE VENER PERESONE Mre GVIL PERFEZOV RECT DE St NIC 1641."
Plus loin : "DICI IVSQVES A LAVTRE ESCRITEAV A ESTE BOISE PAR IAC POLESEC ET OL GVILLOSSOV Mre GVILL PERFEZOV ESTANT RECTEVR DE St NIC ET I. BORGNE. FAB. DE CEANS."
Sur les sablières des bas-côtés : "M. G. PERFEZOV. R. G. MARZIN. F. 1661" (au sud),
"AL. ROIGNANT FAB. ET CHARP. 1670" (au nord).
Au-dessus de la porte nord : "AL. ROIGNANT. F. 1675 (ou 1673 ?)."
La magnifique charpente de la nef en forme de carène renversée, repose sur des sablières et des entraits engoulés. La charpente du transept a été détruite par les bombardements de l'été 1944. Le lambris a disparu ; il portait autrefois des peintures représentant la vie de saint Côme et saint Damien datées 1694 ; elles furent détruites en 1880.»
— DILASSER (Maurice), 1979, La chapelle Saint-Côme in Un pays de Cornouaille Locronan et sa région. Paris, Nouvelle Librairie de France. pages 632-636
— DUHEM (Sophie) 1998, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 390 pages. Saint-Nic pages 19, 24, 25, 29, 36, 95, 100, 113, 119, 143, 146 (les sculpteurs de Saint-Nic), 147, 183 (médaillons), 218, 242, 257 (les évangélistes de la chapelle Saint-Jean), 283 (chap. St-Jean), 299, 321 et 334.
http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=781
Les sculpteurs de Saint-Nic 1641-1670.
"L'étude stylistique des sablières de la chapelle des Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic met en évidence la participation d'un atelier composé de trois sculpteurs, ayant exercé leur activité entre 1641 et 1670 sur la demande du recteur de la paroisse, Guillaume Perfezou. Les décors les plus anciens, localisés dans la nef, portent les signatures de deux artisans employés à l'édification de la charpente dans cette partie de l'édifice ; une première date précise qu'elle fut commencée en 1641 et terminée ... « l'an 1646 par Iac Bolesec et ol(ivier) Guillocsou ». les noms des deux sculpteurs sont donc connus : il s'agit de Jacques Bolésec et d'Olivier Guillosou. Le programme qu'ils élaborent est inventif, composé de thèmes variés où prédominent les images de dragons végétalisés, les frises de végétaux soutenus par des putti ailés, les mascarons et des grylles monstrueux. La réalisation est correcte comme le montre la taille en haut-relief des sculptures, mais l'étude de détails trahit une connaissance peu maîtrisée des règles de la composition, des proportions , du rendu des gestes et des expressions, que dissimule une abondante décoration de surface. Il est en réalité difficile de dissocier la participation respective des deux ouvriers à l'ouvrage car la facture de l'ensemble est très homogène et ne révèle pas de différence stylistique notable. La seule que nous voyons se résume à quelques points de détails qui tendent à distinguer d'un coté les reliefs sculptés des sablières et de l'autre les sculptures en ronde-bosse des faux culots de poinçons et des blochets."
Un autre compagnon se joint aux ouvriers une dizaine d'année plus tard, pour exécuter un ouvrage de même goût dans le bas-coté sud de l'église. Une poutre précise l'époque (nous sommes en 1661) et l'une des factures identifie le nouvel artisan : il s'agit d'Alain Roignant, qui reproduit fidèlement les thèmes sculptés par ses compagnons mais pour un résultat plus médiocre que tente de camoufler une excessive décoration de stries, d'encoches et de points. L'artisan a visiblement été formé aux « méthodes » des sculpteurs et familiarisé avec les images de l'atelier. Son activité ne débute pas en 1661 puisqu'il exerce déjà son métier en 1653. il réalise à cette époque les décors sculptés de la chapelle Saint-Jean, toujours pour le recteur Guillaume Perfezou. Ses déplacements le conduisent à quelques kilomètres de là, dans la paroisse de Trégarvan qui l'emploie à l'ornementation de la charpente. La date de réalisation de cet ensemble n'est pas connue ; elle est probablement contemporaine des travaux de Saint-Nic et de l'achèvement des reliefs du bas-coté nord en 1670."
— MUSSAT (André), 1957, Congrès archéologique de France vol. 115; A. Picard, page 133..
— OLIVIER ( Corentin), 2014, Les charpentes armoricaines : inventaire, caractéristiques et mise en œuvre d’un type de charpente méconnu, Mémoire de master 2, Université Rennes 2, sous la direction de Pierre-Yves Laffont et Vincent Bernard, 2014, 410 p.
— OLIVIER ( Corentin), 2016, « L’archéologie des charpentes anciennes (xive -xvie siècles) au service de la connaissance des forêts du Massif armoricain », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t XCIV, 2016, p. 109- 121.
— PARCHEMINOU ( Corentin), 1930 “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,”
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf
"Chapelle de Saint-Côme.
Située à un kilomètre environ au Sud du bourg, non loin de la Lieue-de-Grève, cette chapelle est l'une des plus intéressantes du diocèse de Quimper. Elle est dédiée à Saint Côme et Saint Damien. L'édifice actuel, dont les plus vieilles parties remontent au xve siècle, a dù être bâti après une des épidémies de peste qui firent tant de ravage dans notre pays, au cours des XIVe et xve siècles, et il. est probable que la famille de Rosmadec, dont le château existait non loin de là, en Telgruc, n'a pas été étrangère à sa construction. En effet, on voit le blason de cette famille sur une vieille pierre en granit bleu, accôtée au mur du bas-côté gauche, vers le bas de l'édifice : palé d'argent et d'azur de six pièces. Timbrée d'une mitre et d'une crosse qui a sa volute tournée vers la gauche, elle offre, à n'en pas douter, les armoiries de Bertrand de Rosmadec, évêque de Quimper, de 1416 à 1445, qui contribua sans doute .à la construction. Une légende sans fondement veut aussi que la chapelle ait été bâtie par les Anglais. Les matériaux pour la construire seraient venus par mer ...
Saint-Côme fut autrefois un lieu de pèlerinage très fréquenté, ce qui explique les belles dimensions de la chapelle, plus grande que l'église paroissiale. Une petite porte au Sud et certains chapiteaux sont du début du XVI" siècle. Une autre porte, sur la face Ouest du croisillon Sud, a les caractères de vers 1540, avec arc en anse de panier et mouluration prismatique continue. Les remplages sont tous du milieu du xvie siècle. Un très beau clocher à galerie, plus jeune que son entourage, complètè l'édifice.
A l'intérieur, cinq travées, un transept et un chœur rectangulaire en légère saillie, nef obscure. Le sol, de simple terre battue, est en légère pente de l'Est à l'Ouest. Ce qui frappe surtout dans cette chapelle, c'est la voûte de la nef qui est, dans le pays, à peu près unique en son genre.
On voit là toute une forêt de poutres sculptées. La charpente apparente est fortifiée par des tirants ou poutres en bois dont les extrémités sont mordues par des gueules monstrueuses. Les chevrons, les contre-fiches, les sablières, les entraits, tout est œuvré avec la plus curieuse fantaisie. Pas un mètre de bois qui ne soit ciselé et fouillé : chimères, monstres, bustes représentant toutes sortes de personnages. On a remarqué que tous ces personnages ont l'air dolents et se tiennent le ventre des deux mains, comme s'ils souffraient de maux d'entrailles. Certains croient qu'à Saint-Côme il y eut autrefois une maladrerie ou léproserie. Ceux qui ont commandé et exécuté ce travail l'ont signé, car on lit sur les frises du côté gauche : D'ici : iusques : au : premier : pilier a esté : boisé : aux frais : de : vénérable : personne Guil : Perfézou : rect. de St Nic. 1641. Une autre inscription au bas de la nef dit : D'ici: iusques : à l'autre : escriteau : a: été: boisé: par : Alain : Polézec : et: OH : Guillosou : et : estait : recteur : M" : Guil; Perfézou. Sur la boiserie du bas-côté droit : M. G. Perfézou, R. G. Marzin F. 1661. - Ces : quatre: derniers: piliers : furent: bastis : 1649, lW" Grzill: Perfézou, R"~ Sur le mur Nord, à l'intérieur et à l'extérieur : Al: Roignant: Fab. en charg. 1675.
Le chœur était autrefois couvert d'une charpente.encore plus ouvragée que celle de la nef. On a, malheureusement, dû la démolir, il y a une cinquantaine d'années, à cause de son mauvais état. C'est d'autant plus regrettable que des peintures la couvraient, qui représentaient plusieurs scènes de la vie de S. Côme et de S. Damien. Elles portaient la date: 1694.
—TOSCER (Catherine), 1997, La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien en Saint-Nic,Mémoires de la Société d'Histoire et d'archéologie de Bretagne vol. 75, pages 371-377.
http://www.shabretagne.com/scripts/files/54947131089936.59874395/1997_24.pdf