Les peintures murales ( 1540) de Sillegny (Moselle). I. Le Jugement dernier.
Voir aussi :
PRÉSENTATION.
Ces peintures murales exécutées à la détrempe en 1540 furent à une époque inconnue recouvertes d’un badigeon, les protégeant ainsi des effets du temps. Ce n’est qu’en 1845 lors d’un grattage de l’abside, qu'elles furent découvertes et remises à jour par l’Abbé Schnabel, curé de la paroisse de 1840 à 1891, et restaurées par le peintre Malardot, de Metz. Elles furent classées en 1881. De janvier 2002 à décembre 2004 les peintures furent restaurées par simple nettoyage par la société ARCAMS d' Autun dirigée par Joël Oliveres. Grâce à Jean Marie Pirus curé de la paroisse, une association la Sixtine de la Seille a vu le jour le 9 décembre 1987 et est très active pour rendre accessible et faire découvrir ces peintures.
Le corpus est très riche, associant dans la nef et le transept des scènes religieuses (une Chasse de saint Hubert notamment), des figures de saints, un Credo des apôtres, à un Jugement dernier sur le mur de l'ouest, un saint Christophe de cinq mètres de haut à l'entrée, et, dans le chœur, un arbre de Jessé, tandis que les quatre évangélistes occupent la voûte de la croisée du transept.
La plus grande fresque est ce Jugement dernier d’une superficie de 42 mètres carrés, peinte sur le mur ouest au-dessus de l’entrée.
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Le Christ de la Parousie.
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Le registre supérieur illsutre le passage de l'évangile de Matthieu 24:29-31
"Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire. Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre."
Le Christ est assis sur l'arc en ciel rappelant l'Alliance et ses pieds sont posés sur le globe terrestre. Il apparaît dans la gloire de sa résurrection, nu sous le manteau de pourpre, et montrant ses cinq plaies preuves de sa crucifixion.
Il est entouré des phylactères portant les inscriptions :
-à sa droite (vers le Paradis) : Venite benedicti Patris mei, "Venez les bénis de mon Père", citation de l'évangile de Matthieu 25:34
-à sa gauche (vers l'Enfer) : Ite Maledicti in Ignem Aeternum , "Allez, vous les maudits, dans le feu éternel", citation de l'évangile de Matthieu 25:41,
Au dessus de lui sont les anges du Jugement, soufflant dans leurs trompettes au dessus des astres du Jour et de la Nuit.
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Le Christ est entouré de la Vierge et de Jean-Baptiste en prière.
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Le Christ Sauveur de la Porte du Salut.
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Le Christ Sauveur bénit le monde dont il tient le globe dans la main gauche. Sa représentation est très souvent sculpté au dessus des portes des porches. Il est placé ici devant un drap d'honneur sous le tympan, orné d'un ange, d'une porte. On lit derrière sa tête la date de la fresque, MIL Vc XL, 1540, tandis que l'inscription en latin ERGO SUM VIA VERITAS VITA, signifie "Je suis la voie, la vérité et la vie".
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Le Paradis ou Royaume des Cieux, sous forme d'un château auquel mène un escalier. Les élus y sont guidés par des anges et accueillis par saint Pierre tenant la clef.
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L'Enfer, à gauche du Christ.
L'enfer occupe toute la partie gauche, mais le diable qui fait le pendant avec le Royaume est figuré avec une tête de taureau et des pattes fourchues. Il est enchaîné à une colonne et il tient un arbre noir, parmi des langues de feu. Il correspond à Satan, Nelsébuth ou Mammon. Autour de lui, des diables supplicient les damnés.
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Registre inférieur, à gauche : le Jugement des humains ressuscités par saint Michel Archange muni de sa balance. Les anges annoncent le jugement dernier par leurs trompes.
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Les pieds de l'archange sont posés sur les ailes d'un autre ange.
Le phylactère indique Venite ad judicium, "Venez devant la justice divine". Le début de la citation, Surgite mortui "Debout les morts", est du côté gauche.
Sous cette injonction, les morts sortent de leur tombeau, aidés par les anges qui les emportent ensuite vers la balance de la pesée de leur âme.
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Registre inférieur, à l'extrême gauche : le purgatoire.
À l'extrême gauche, d'autres hommes et femmes semblent vouloir échapper à des flammes, mains jointes ou bras tendus vers les anges qui, effectivement, viennent les sauver.
Depuis le Moyen-Âge en effet, l'iconographie chrétienne représente le purgatoire, lieu de purification et d'expiation avant le pardon et l'accès aux Cieux, comme un feu, lieu de souffrance mais qui n'expose pas, comme celui de l'Enfer, au desespoir. Ainsi, dans les Très Riches heures du Duc de Berry vers 1416 :
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Registre inférieur, à droite : les supplices des damnés.
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En haut, un diable porte une femme sur ses épaules, et enfonce son bâton dans la bouche d'un.e damné.e qui est étendu.e au sol.
Trois damnés, dont une femme, sont transpercés au niveau du bas-ventre par une perche portée par un diable.
Un couple est traîné au sol, ligoté, par un autre diable. Un autre en porte deux dans un tonneau sur son dos et en pousse deux autres dans une brouette.
Un damné vêtu d'une tunique (Judas ??) est pendu à la branche d'un arbre.
Un homme est ligoté à une perche et tourné par un diable en rotissoire sur un feu, tandis qu'un diable assistant attise ls flammes de son soufflet.
Enfin, seize visages émergent des flammes et de la gueule d'un Léviathan.
Certains de ces supplices (pendaison, brouette, hotte) se retrouvent sur les peintures murales des Jugements de la Cathédrale d'Albi, du Mont-Dol ou de Kernascleden (tous de la fin XVe), mais avec moins de liens avec les éditions du Calendrier des biergers publiés par Guiot Marchant à Paris, ou Nicolas Le Rouge à Troyes en 1529 (BnF RES-V 274). Dans ces ouvrages, chaque type de supplice correspond à l'un des péchés capitaux.
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SOURCES ET LIENS.
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—BASTIEN (René), PIRUS (Jean-Marie), 2019, "Les peintures de Sillegny, Paraige Patrimoine, 40 pages.
—SCHNABEL (Abbé), 1858, « Rapport sur les peintures murales de Sillegny », Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle, 1858.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33403f/f38.item
— BASE PALISSY
https://www.pop.culture.gouv.fr/search/list?mainSearch=%22sillegny%22
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00107006
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/AP57W01423
— DIVERS
https://www.blelorraine.fr/2022/09/de-la-chapelle-sixtine-lorraine-a-sillegny/
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