Les statues de saint Mélar dans les églises de Plouezoc'h et de Lanmeur.
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—Sur Plouézoc'h, voir :
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PRÉSENTATION.
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Saint Mélar est le fils de saint Miliau, roi de Cornouailles (future Bretagne d'Armorique) et de la reine celte Awrilia ou Aurélia fille de Winnoc, roi de Domnomée (aujourd'hui pays de Léon et de Tréguier).
Miliau a un petit frère, Riwod, qui voudrait être roi à la place du roi : ce dernier lui coupe la tête. À Ploumiliau, ou sur un retable de Guimiliau, on voit la statue de saint Miliau portant sa tête coupée : c'est un saint "céphalophore".
Le petit Mélar a alors sept ans ; en tant que prince, il menace le pouvoir de son oncle, lequel envoie un de ses hommes pour le tuer ; mais ceux-ci, face à la douceur de la reine, y renoncent. D'autres soldats sont envoyés, qui coupent la main droite de Mélar (pour qu'il ne puisse plus tenir une épée) et son pied gauche (pour qu'il ne puisse monter à cheval). Mais miraculeusement, il bénéficia d'une main d'argent et d'un pied d'airain, capables de se mouvoir. Sous la protection de l’évêque de Cornouailles, il reçoit du comte Kerialtan l’éducation qui sied à un prince.
Toujours poursuivi par Rivod, Mélar se réfugie en Domnomée, entre Plouézoc'h et Lanmeur. Mais c'est là que Kerialtan et son fils Justin le rejoigne ; lors d'un repas, Justin tranche la tête de Mélar et la met dans un sac pour la ramener à Rivod.
"Après le trépas du jeune saint, son meurtrier porta la tête de la victime en Cornouaille où l'évêque de Quimper la fit mettre comme relique dans sa cathédrale. « Mais les habitants de la Domnonée ne cessant de la réclamer, on finit par convenir que Cornouaillais et Domnonéens, nu pieds, se rendraient sur la montagne d'Arez (Monts d'Arrée), à la limite des deux provinces, les uns avec le corps, les autres avec la tête, afin de mettre en face ces deux parties vénérables (....). À la vue de tous, la tête se mit en mouvement d'elle-même et alla rejoindre le corps ».
Mélar devint pour le coup un autre saint céphalophore.
"Son oncle, le prince Conomor, fit alors embaumer le corps de saint Mélar et le conduisit près de ses ancêtres à Léxobie (non loin de Lannion). Malgré toutes les tentatives pour les faire aller au bon endroit les chevaux tirant le char funéraire se dirigèrent vers Lanmeur. Sur la grande place le chariot se brisa, dans l'impossibilité de déplacer le défunt, on dit que Dieu aurait décidé qu'il serait inhumé en ces lieux. Saint Samson, évêque de Dol, le fit donc inhumer à l'endroit même de l'incident.
Les moines de Saint Samson édifièrent un monument dédié à Mélar : la crypte de l'église Saint-Mélar de Lanmeur." (Wikipédia)
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Mais cet article n'est pas consacré aux légendes, mais à la réalité de deux statues, qu'il faut examiner avec soin.
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I. La statue de saint Mélar dans l'église de Plouezoc'h.
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La statue du saint montre clairement la main et le pied coupés, et les articles prothétiques clairement séparés, qui du poignet, qui de la cheville, la main pendante et inerte, et le pied tors, tourné vers l'intérieur, et donc peu fonctionnel.
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Les vêtements et la coiffure sont empruntés aux statues de saint Yves (très vénéré ici) : bonnet de docteur, camail rouge, cotte talaire noire au dessus des solides chaussures rouges.
Le sculpteur a même emprunté à Yves Hélory le "livre de ceinture" :
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Ici, il est suspendu au poignet droit, et si les lanières de fixation sont visibles, la boule de retenue est cachée.
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1. La tête coupée.
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Saint Mélar appartient aux saints céphalophores, comme saint Denis, et en Bretagne, saint Trémeur ou saint Miliau, sainte Noyale et sainte Tréphine, ou encore saint Gohard, et sainte Haude.
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2. La main droite coupée. Le livre-ceinture.
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3. Le pied gauche coupé.
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II. La statue de saint Mélar dans l'église de Lanmeur.
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Elle est bien différente, puisque Mélar garde solidement la tête sur les épaules.
Le modèle est celui d'un saint Louis adapté aux emblèmes bretons, avec un camail d'hermine, des robes d'or, une chape à fleurons d'or, une couronne et un sceptre. Le pied gauche ne diffère en rien du droit, mais Mélar tient dans sa main d'argent la main de chair, tranchée.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie) 1918, Notice sur Lanmeur, Bulletin diocésain d’histoire et d’architecture
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/b75728d8f75abed64d2cf70a1e92f324.pdf
"lorsque saint Mélar fut décapité par ordre de Rivod, en une maison dont on montre encore l'emplacement, dans la ville de Lanmeur, il fut enseveli dans l'oratoire de Kerfeunteun, et devint, dès lors, le patron de la paroisse. La vie de saint Mélar le fait pourtant mourir assassiné dans le château de Beuzit ou de la Boissière, non loin de Lanmeur. Toujours est-il que ses reliques furent déposées dans un cercueil en pierre, dont on voyait encore des fragments, à la fin du XVIIIe siècle. Les reliques furent exhumées, pour les sauver des Saxons, à la fin du IXe siècle, et dispersées à Paris, à Orléans et à Meaux.
[...]
Le monument le plus ancien de Lanmeur et de tout le diocèse est la crypte de saint Mélar, édifiée immédiatement après la mort violente de ce jeune prince, et destinée à recevoir ses restes précieux, qui furent vénérés dès lors comme ceux d'un martyr. Cet événement arriva, d'après M. de la Borderie, vers l'année 544, et les caractères de cette crypte semblent, en effet, la faire remonter à cette époque lointaine. Elle affecte les dimensions et les dispositions des Confessions ou Marigna des premiers siècles de l'Eglise, mesurant 8 m. 18 de longueur, 5 m. O7 de largeur, divisée en trois petites nefs par deux rangs de quatre colonnes qui sont hautes seulement de 1 m. 30 et soutiennent des arcades surbaissées et des voutes en calotte informe dont la hauteur ne dépasse pas 1 m. 97. Six de ces colonnes monolithes ont O m. 40 de diamètre, deux autres, plus épaisses, mesurent O m. 60 et sont couvertes, jusqu'à la moitié de Ieur hauteur, d'une sculpture barbare et primitive qui semble représenter des tiges et des branches végétales avec insertions, mais où M. Ernest Bosc, architecte, déclare avoir reconnu le Linga, symbole mystérieux venant de l'Inde. Il est à croire que le tombeau du jeune Saint était placé entre ces deux piliers ornementés, et ce qui porte à cette conclusion ce sont les quatre fenestelles latérales percées vers cet endroit, ouvertures par lesquelles le peuple pouvait voir de l'extérieur et vénérer le tombeau, car cette crypte était primitivement dégagée dans une partie de sa hauteur et n'a été complètement enfoncée en terre que postérieurement, lorsqu'on a exhaussé le sol et le pavé des bas-côtés de l'église. Cette crypte a dû être surmontée d'une église bâtie à la même époque, mais qui a été détruite par les Normands ; il en subsistait cependant quatre grosses piles, avec leurs arcades, dans l'église dépourvue de style qui, dans le cours de 1904-1905, a été remplacée par l'édifice actuel. On pouvait aussi remarquer, à l'abside de ce bâtiment disparu, deux ou trois contreforts romans, probablement du XIIe siècle, comme au bas du collatéral Midi, une porte offrant des chapiteaux et des voussures d'une sculpture fine et curieuse."
— BOURGÉS (André-Yves) "Mélar prince de breton" édition Skol Vreizh
— BOURGÉS (André-Yves), 1996, "Le dossier hagiographique de Saint Melar, prince et martyr, en Bretagne armoricaine (VIe siècle ?)". In: École pratique des hautes études. 4e section, sciences historiques et philologiques. Livret 12. 1996-1997. 1998. pp. 263-265;
https://doi.org/10.3406/ephe.1998.10767 https://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0001_1996_num_12_1_10767
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Plouezoc'h, Nouveau répertoire des églises du diocèse de Quimper et Léon.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/266fa1c809751eb71efa70b653415c0f.pdf
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Lanmeur, Nouveau répertoire des églises du diocèse de Quimper et Léon.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/a1686cc048971b00b88d51f885646c6d.pdf
"Statues anciennes en bois polychrome : Christ en croix, XVe-XVIe siècle, Vierge Mère debout sur une console ornée de têtes d'anges, XVIIIe siècle, saint Mélar tenant sa main coupée, XVIIe siècle, autre saint Mélar (crypte)"
"Fonts baptismaux : cuve octogonale de granite, décor de mascarons, XVIe siècle".
— GREMONT (D.B) 1973, "Recherches sur Saint Mélar , mélor ou Méloir" Bulletin de la société archéologique du Finistère Tome CI 1973
— LA MONNERAYE (C. De ) , 1849, Essai sur l’histoire de l’architecture religieuse en Bretagne pendant la durée des XIème et XIIème siècles Bulletin de la société archéologique de Finistère Tome I
— LE BRAZ (Anatole) Les sociétés Bretonnes d’après la tradition populaire Annales de Bretagne tome X 1894-1895
—LE GRAND (Albert), 1636, La vie des saints de la Bretagne Armoricaine par Première édition Morlaix 1636
— LE GUENNEC (Louis), 1906, "Excursion dans la commune de Plouézoc'h" (B.S.A.F. 1906).
— LE GUENNEC (Louis), "Monographie de Lanmeur"
— Monumentum, Plouezoc'h.
https://monumentum.fr/eglise-saint-etienne-pa00090229.html
— WIKIPEDIA
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:316_Plouezoc%27h_saint_M%C3%A9lar.jpg
Plouezoc'h : chapelle du Mouster, statue de saint Mélar (bois polychrome). Fils de saint Millau, son oncle Rivod lui fit couper la main droite et le pied gauche afin qu'il ne puisse plus monter à cheval ni tenir l'épée, puis il fut décapité Les fidèles l'invoquent contre les rhumatismes.