Le calvaire (XVIe siècle, atelier Prigent?, & 1927) de la chapelle Saint-Urfold à Bourg-Blanc. La Vierge de Pitié aux sept larmes. Saint Yves .
— Voir d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:
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Le calvaire de l'église de Dinéault (XVIe s, Prigent et XVIIe s. Roland Doré). (3 larmes)
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La chapelle Saint-Laurent de Rozalghen en Pleyben. Le calvaire (Bastien Prigent, vers 1555). (3 larmes)
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Les calvaires de l'église de Saint-Divy I : le calvaire de 1562.
Le calvaire (Fayet, 1552 ou Prigent 1542?) de l'église de Lopérec. (3 larmes)
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la Pietà du calvaire de la rue de Paris à Landerneau ( 3 larmes).
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La Collégiale du Folgoët XIII. Le calvaire. (Pietà : 3 larmes)
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La statue de saint Fiacre sur la chapelle Sainte Nonne de Dirinon.
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Le porche de l'église de Landivisiau III. Les apôtres et leur dais. Henry Prigent 1554-1565.
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Le porche de l'église de Landivisiau IV. Le bénitier, l'ange au goupillon.
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Le porche de l'église de Landivisiau VII. L'arcade intérieure et son tympan.
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Les sculptures extérieures du porche de l'église de Landivisiau.
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L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic III. La Pietà en kersanton polychrome par les frères Prigent. (3 larmes)
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L'église de Guipavas III : les Apôtres du porche nord (1563).
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L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault IV. La statue de sainte Marguerite.
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La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. V. Les statues de kersanton par l'atelier des Prigent (1527-1577). (Saint Yves, Vierge à l'Enfant, Christ aux liens ...)
et hors blog:
Attribution personnelle hors catalogue Le Seac'h :
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Le Noli me tangere et le Repas d'Emmaüs du Pénity de Locronan. (3 larmes)
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Ploéven II. La Déploration de l'église.(3 larmes)
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Saint-Ségal : le calvaire du bourg (vers 1550 et 1630, kersanton, atelier Prigent et Roland Doré) (3 larmes)
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La Pietà aux trois larmes (kersanton, XVIe, atelier Prigent) de la croix de Tal-ar-Groas à Crozon. (3 larmes)
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L'abbé Yves-Pascal Castel a décrit ce calvaire en 1980 dans son Atlas.
" Saint-Urfold no 1, kersanton. 5 m. XVIè s., restaurée 1927. Erigée sur le mur d’enclos. Cinq degrés, de plan semi-octogonal. Socle cubique, groupe N.-D. de Pitié. Fût à pans. Croisillon récent, statues géminées: Madeleine géminé avec abbesse au livre (l’abbesse est, en fait, un saint Yves à tête en ciment!), saint Urfold (?) géminé avec saint Jean au livre , crucifix, croix à branches rondes. [YPC 1980]"
Il n'y aurait pas grand chose à ajouter, si ce n'est de faire remarquer que la Vierge de Pitié présente les larmes habituelles aux productions de l'atelier de Bastien et Henry Prigent à Landerneau (1527-1577), mais ici au nombre de sept (comme son homologue du Musée départemental Breton) et que saint Yves, malgré sa tête refaite en ciment, présente les deux caractéristiques si passionnantes, le livre de ceinture, et le geste d'argumentation, la pulpe de l'index droit contre la pulpe du pouce gauche, propre à ses fonctions d'Official de Tréguier et d'avocat des pauvres.
Par ailleurs, ce calvaire a été fortement remanié, puisqu'on constate l'absence de la statue de la Vierge à droite au pied de la croix. On voit aussi que saint Jean (géminé avec le très probable saint Urfold) est orienté à l'envers, puisqu'il devrait normalement être (et qu'il était certainement initialement) à gauche du Christ en croix. On peut ajouter que l'ensemble du calvaire a perdu sa probable orientation initiale, celle où le Christ en croix, entouré de sa mère et de Jean, est tourné vers l'ouest, alors qu'il fait face au sud aujourd'hui. Il est probable qu'au départ, la statue géminée de saint Yves/ Sainte Marie-Madeleine appartenait à un autre ensemble. Le croisillon qui porte la date de 1927 est entièrement du XXe siècle.
Enfin, on peut envisager, certes avec la prudence qui s'impose, l'attribution de cette Vierge de Pitié, et des statues géminées en kersanton, à l'atelier Prigent, hors du catalogue de cet atelier établi par Emmanuelle Le Seac'h.
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I. LA FACE PRINCIPALE DU CALVAIRE.
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1°) LA VIERGE DE PITIÉ.
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La Vierge est assise et porte le corps de son fils sur ses genoux, le genou droit dressé soutenant le buste et le genou gauche, fléchi, le bassin. Elle est vêtu d'un voile qui forme une coque aux plis fermes à angles droits autour du visage, et qui se poursuit par le manteau aux plis verticaux formant des volutes au dessus du pied droit. La Vierge porte la guimpe, couvrant sa poitrine. Son visage est remarquable par ses deux sourcils épais très froncés, par sa bouche triste, et par les trois larmes s'écoulant sous la paupière inférieure droite et les quatre larmes de la paupière gauche, en forme de filets s'achevant par une goutte épaisse. Il faut y voir un rappel de la liturgie des sept douleurs telles que nous les relatent les textes évangéliques : - La prophétie de Syméon sur l'Enfant Jésus (Lc 2, 34-35). - La fuite de la sainte Famille en Egypte (Mt 2, 13-21). - La disparition de Jésus pendant trois jours au Temple (Lc 2, 41-51). - La rencontre de Marie et Jésus sur la Via Crucis 2 (Lc 23, 27-31). - Marie debout au pied de la Croix (Jn 19, 25_27). - Marie recevant dans ses bras son Fils mort (Mt 27, 57-59). - La mise au tombeau de Jésus (Jn 19, 40-42). Cette dévotion apparue en 1221 est reprise au XVe siècle par les divers ordres religieux.
Le Christ, très cambré et à la tête refaite (ciment-pierre), a, comme c'est ici l'usage, le bras droit qui tombe verticalement et le bras gauche horizontal qui est caressé par sa mère. Les plaies des clous sont rectangulaires. Les genoux sont fléchis, les jambes non croisées, les pieds ont été brisés puis refaits. La tête devait, initialement être soutenue par la main de sa mère.
Voir sur les Pietà ou Vierges de Pitié du Finistère :
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Le calvaire de Plourin-lès-Morlaix. Roland Doré, 1630
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Le calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau et sa Vierge de Pitié.
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La Vierge de Pitié du cimetière de Plouvorn et celle de la fontaine de la chapelle de Lambader.
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La Vierge de Pitié de l'église Saint-Rémy de Camaret-sur-Mer.
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Fragments d'un calvaire au cimetière de La Forest-Landerneau.
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La Pietà aux trois anges de tendresse de l'église de Plozévet.
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La Pietà aux trois larmes (kersanton, XVIe, atelier Prigent) de la croix de Tal-ar-Groas à Crozon.
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La Collégiale du Folgoët XIII. Le calvaire. (atelier Prigent. Pietà : 3 larmes)
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La Pietà aux trois larmes (kersanton, XVIe, atelier Prigent) de la croix de Tal-ar-Groas à Crozon. (3 larmes)
et hors blog:
Comparez avec la Vierge de Pitié du cimetière de Bourg-Blanc, Atlas n° 84, différente et sans larmes :
Comparez surtout avec la Vierge de Pitié "aux sept larmes" du Musée départemental Breton : malgré des différences évidentes, les points communs sont nombreux, notamment la forme et le nombre des larmes.
Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
Tête du Christ refaite en ciment, Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
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2°) Sur le croisillon, à droite du Christ : Marie-Madeleine tenant son flacon d'onguent.
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Marie-Madeleine (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
3°) Sur le croisillon, à gauche du Christ : un saint barbu muni d'une canne et tenant un livre : saint Urfold.
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Le Christ en croix (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
II. L'AUTRE FACE DU CALVAIRE / SAINT JEAN AU PIED DE LA CROIX et SAINT YVES.
1°) Saint Jean au pied de la croix.
Nous l'avons vu, il n'occupe pas sa place initiale, à gauche du Crucifix. On l'identifie par son visage imberbe, ses cheveux mi-longs, son geste ému main sur la poitrine, son évangile en main gauche, sa robe aux poignets boutonnés sous le manteau, et serrée par une ceinture plate.
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Saint Jean (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
2°) Saint Yves, son geste d'argumentation et son livre de ceinture. Tête refaite en ciment-pierre.
Je ne reviens pas sur la description de ces deux attributs de saint Yves, official et Tréguier et avocat des pauvres que j'ai longuement ou décrit aussi souvent que j'en ai rencontré des exemples : voir :
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Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
—ABGRALL ( Jean-Marie), 1903, “Notices sur les paroisses : Bourg-Blanc“ in Bulletin de la Commission diocésaine d'Architecture et d'Archéologie, Vol. 3, p.357- 364
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/23f0175e72d2c8991d01eca6c9559db0.pdf
—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Bourg-Blanc n° 97 "Bourg-Blanc" Atlas des croix et calvaires du Finistère.
https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/bourg_blanc.html
—COUFFON (René); 1988, , "Notice sur Bourg-Blanc", Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/BOURGBLA.pdf
—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle, PUR éditions.
— Autre
https://abers-patrimoine.bzh/kpoi/chapelle-saint-urfold/