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26 février 2025 3 26 /02 /février /2025 14:52

Le calvaire (Toinas et Conci 1511 et/ou  Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Les larmes de Marie et de Jean.

Sur Plouguerneau, voir :

 

PRÉSENTATION.

Située, comme son nom l'indique, dans un paisible vallon dont le ruisseau se jette dans l'Aber Wrac'h après avoir alimenté des moulins, Notre-Dame du Val, en breton Chapel an Traoñ, dépendait du manoir de Ranorgat : voir la carte de Cassini, de la fin du XVIIIe siècle. 

 

 

Carte de Cassini, fin XVIIIe s.
Carte IGN

La chapelle actuelle dépendait à sa construction de la famille Le Moyne, propriétaire du manoir de Rannorgat, famille qui y a apposé ses armoiries — celles de Tanguy  Le Moyne de Rannorgat et de son épouse Leveneze de Kermenou —entre 1537 et 1560 (M. Faujour), et bien qu'on lise la date de 1572 sur la porte à fronton de la longère nord, la construction serait donc plus précoce . À l'intérieur, une statue porte la date de 1527 avec le nom de son donateur, le prêtre François Jézégou.

Elle est d'architecture harmonieuse avec son clocheton à deux chambres de cloches, son fronton Renaissance de la porte latérale et ses crossettes en forme de lion et de chien. Au sud, la fontaine votive alimente un bassin de dévotion, un lavoir et un poull-lin, "trou à rouir le lin".

 

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Cartel de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Cartel de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

LE CALVAIRE : SON SOUBASSEMENT.

Croquis Y.P. Castel 1980.

Au nord, sous les frondaisons du placître, le calvaire se découvre, avec son soubassement à cinq degrés circulaires en granite.

Les quatre premiers degrés (dont le premier est enterré dans sa moitié nord) sont faits de blocs en portion de cercles, tandis que le dernier est monolithique et chanfreiné.  C'est ce bloc qui porte l'inscription [équerre] IO.TOINAS [marteau] : H : CONCI : LAN MIL CINQ CANS XI, affirmant sa datation en 1511.

 

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le soubassement (granite) du calvaire  de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le soubassement (granite) du calvaire de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le soubassement (granite) du calvaire  de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le soubassement (granite) du calvaire de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le soubassement (granite) du calvaire  de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le soubassement (granite) du calvaire de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le soubassement (granite) du calvaire  de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le soubassement (granite) du calvaire de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Mais cette date (si on en accepte la validité malgré la difficulté de lecture) est-elle celle du socle en granite (une belle performance), ou bien celle de l'ensemble du calvaire avec ses personnages en kersanton ?

Lisons la description d'E. Le Seac'h :

 

La description d'Emmanuelle Le Seac'h :

 

"L'introduction du vocabulaire décoratif classique (1511-1542).

"Le rôle pionnier de IO. Toinas et de H. Conci (1511)

"Io. Toinas et H. Conci seraient les sculpteurs du calvaire de la chapelle Notre-Dame du Traon en Plouguerneau dans le diocèse du Léon. L'inscription avec leur nom est figurée sur le socle en granite : [équerre] IO.TOINAS [marteau] : H : CONCI : LAN MIL CINQ CANS XI. (R. Couffon n'a lu  en 1988, ou n'a cité, que la date  LAN MIL CINQ CANS XI).

Quant aux initiales « IO », doit-on les lire comme l'abréviation de Joseph ou de Jean (Johannes en latin). Les deux noms ne sont pas d'origine bretonne mais peut-être italienne.

Le Dictionnaire des artistes de Castel, Daniel et Thomas les cite comme sculpteur pour Io Toinas, et sculpteur avec un point d'interrogation pour H. Conci.

La tête de croix en kersanton est-elle de la même époque que le socle ? On ne peut le dire. En tous les cas, le registre des sculpteurs introduit le vocabulaire ornemental de la Renaissance dans la sculpture bretonne. Les lettres romaines pour l'inscription signée, le fleuron-boule pour la branche horizontale de la croix du Christ et les moulures simples du nœud et du croisillon qui porte les statues de la Vierge et de Jean sont des éléments significatifs de l'entrée dans ce nouvel art en Basse-Bretagne que l'on peut donc dater d'au moins 1511.

 

Remarques

1. Aujourd'hui (et sans doute hier), l'inscription est de relevé difficile. Portée en lettres romaines en retrait sur une seule ligne dans un cartouche, elle fait presque le tour de la pierre ronde du degré supérieur du socle. Il s'agit, pour Y.P. Castel, de la première inscription en lettres romaines sur l'ensemble des croix et calvaires du Finistère. Elle semble avoir été relevée pour la première fois par Castel en 1980, et Couffon ne la relève pas dans son Répertoire de 1959 p.310. Louis Le Guennec mentionne la date de 1511.

2. L'inscription datée et signée est portée sur un socle en granite, alors que le travail de sculpture ornementale et figurative est en kersanton. IO Toinas et H. Conci sont-ils seulement les auteurs du socle , comme tailleurs de pierre ? 

3. L'équerre et le marteau sont-ils des marques ou emblèmes propres aux tailleurs de pierre (carriers, tacherons) ou bien des marques de sculpteurs ? Et d'ailleurs, la distinction entre ces professions a-t-elle du sens ? On trouve ces outils gravés avec une inscription IA MAZE sur le socle d'une statue de saint Jacques du porche (XVIIe) de l'église Saint-Neventer à Plounéventer. On trouve l'équerre, le marteau et un outil de taille sur une inscription de Telgruc H. GOVRMELEN 1584. L'inscription de la base de la croix du cimetière du Faou datée de 1526, porte une marque ésotérique (de tailleur de pierre?), mais aussi une doloire.

4. E. Le Seac'h  pose le problème de l'attribution, et reste prudente : "La tête de croix en kersanton est-elle de la même époque que le socle ? On ne peut le dire." ou bien "IO. Toinas et H. Conci seraient les sculpteurs.." et dans sa description du calvaire proprement dit et des trois larmes de Marie et de Jean elle écrit "Les sculpteurs introduisent un signe distinctif qui permettra plus tard de reconnaître le style de Bastien et Henry Prigent.". Effectivement, dans sa présentation de l'atelier des Prigent (1527-1577), elle fait de ces trois larmes, parmi d'autres traits stylistiques, une vraie marque d'atelier (p. 140 : "le trait commun aux deux Prigent se repère à un détail qui devient leur signe distinctif : trois larmes en relief roulent sur les joues de leurs vierges éplorées au calvaire (et de Jean, qui peut leur être associé), leur Vierge de pitié et leurs Marie-Madeleine".

5. On note que Henri Pérennès date, sans se justifier, ce calvaire de 1550.

Au total, on peut  être tenté de voir dans ce calvaire une œuvre composite, avec un soubassement de 1511 par les tailleurs de granite IO Toinas et H. Conci, et un calvaire sculpté en kersanton par l'atelier de Bastien et Henri Prigent , postérieur à 1527 (première date de leur catalogue raisonné) et alors, contemporain des premières réalisations sur la chapelle elle-même. 

Seul argument contraire : les blasons du croisillon, aux armes mi-parti d'un couple Olivier Le Moyne/Typhaine Coëtivy, couple attesté selon Potier de Courcy ... en 1503. Cette affirmation est-elle fondée ? Je n'ai pu la confirmer.

 

LE CALVAIRE PROPREMENT DIT.

Au dessus du soubassement est dressé un fût rond sur une base rectangulaire, en granite, portant des écots rappellant les rapports entre la Croix et l'Arbre. Puis vient la partie en kersanton . D'abord le croisillon avec son nœud évasé, sa moulure, ses écusson à chaque extrémité et ses quatre supports ; deux supports latéraux portant les statues de la Vierge et de saint Jean, une base évasée portant le crucifix et un support demi-circulaire portant la Vierge de Pitié (on lit encore "pietà"). Le Crucifié est porté par une croix à branches rondes et à fleurons-boules aux extrémité, avec un titulus en lettres fleuronnées, le tout étant monolithique.

 

Cliché Marc Faujour ARMMA

 

La description d'Emmanuelle Le Seac'h :

 

"La Crucifixion de Toinas et Conci marque aussi le début de la stylisation de la souffrance des personnages. La Vierge et Jean ont des joues baignées de larmes, trois sur chaque pommette. Les sculpteurs introduisent un signe distinctif qui permettra plus tard de reconnaître le style de Bastien et Henry Prigent. Les seuls détails plus médiévaux sont les pieds du Christ cloués en rotation interne et les lettres fleuronnées du titulus. Le reste du style est sobre. Les yeux des personnages sont en forme de bogue de noix, très ronds et clos.  "(E. Le Seac'h p. 20 et 257)

Note : les yeux "en bogue" ou en pruneau fendu se remarquent aussi sur les personnages du calvaire du Grouanec.

 

 

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le Christ en croix.

 

"Le Christ, qui a la tête légèrement penchée sur sa droite porte une couronne tressée. Les bras en Y, le visage impassible, il porte une barbe bien peignée en mèches. " (E. Le Seac'h)

On remarque aussi les cheveux décollés des épaules, le pagne noué du côté gauche, les côtes horizontales du thorax, et l'abdomen dilaté projeté en avant. Ou les lettres su titulus, au fût perlé.

 

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

 

La Vierge et Jean éplorés.

"La Vierge, les bras croisés sur la poitrine, est vêtue d'une longue robe et d'un voile qui recouvre les cheveux et cache ses oreilles et d'une guimpe. Jean, la main droite posée sur la poitrine, penche la tête du côté du Christ. Il est vêtu à la romaine, d'une aube longue et d'un manteau." (E. Le Seac'h)

Les trois larmes sous chaque paupière inférieure sont bien présentes, même si mes clichés, dépendants de l'éclairage du moment, peinent à  en rendre compte. Ce sont typiquement les larmes de l'atelier Prigent débutant par un fin filet et se dilatant en une goutte terminale, tels qu'on les retrouve sur leurs calvaires et leurs déplorations.

 

— Voir  d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:

 

et hors blog: 

Attribution personnelle hors catalogue Le Seac'h :

 

 

 

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

 

La Vierge de Pitié... et ses larmes.

"À l'arrière, une pietà à deux personnages est posée sur une console." (E. Le Seac'h)

Comme c'est très majoritairement le cas dans les Vierges de Pitié de Basse-Bretagne (et de la demi-douzaine provenant de l'atelier Prigent), la Viere est assise, enveloppée dans un manteau-voile qui l'englobe dans une forme triangulaire, et elle tient sur ses genoux son fils, au corps presque horizontale, dont elle soutient le thorax de la main droite. Le bras droit  du Christ est vertical puis oblique, pendant, tandis que le bras gauche est horizontal et soutenu par la Mère. Le pied droit est tourné de façon peu anatomique, peut-être pour montrer la plaie du clou.

 

 

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

 

Les trois larmes.

Elles sont bien visibles.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Les deux blasons : Le Moyne de Ranorgat et Coëtivy.

"Les blasons placés aux extrémités du croisillon portent les armes des Le Moyne de Ranvlouc'h avec trois coquilles et un croissant de lune du côté de la Vierge et, du côté de Jean, l'écusson mi-parti des Le Moyne et mi-parti des Kergadiou représenté par trois fasces. Il doit s'agir des commanditaires de l'œuvre." (E. Le Seac'h)

E. Le Seac'h reprennait ici les identifications de blasons proposées par L. Le Guennec repris par Y. P. Castel en 1980, mais Marc Faujour s'est livré à une analyse précise et y voit les armes des Le Moyne de Ranorgat et celles, mi-parti des Le Moyne et des Coëtivy. Malgré l'absence de couleurs, nous reconnaissons dans le blason près de la Vierge les trois coquilles et le croissant ( Le Moyne de Rannorgat : d'argent au croissant accompagné de trois coquilles, à la bordure, le tout de gueules ), et du côté de Jean, l'alliance de ces armes se fait avec un fascé de six pièces, armes des Coëtivy qui sont un fascé d'or et de sable de six pièces.

Au contraire, les armes de Kergadiou (famille qui héritera du titre de seigneur de Ranorgat ) sont d'or à  trois fasces ondées, [et non rectilignes] d'azur  au franc-canton d’hermines

En 1859, Pol Potier de Courcy avait donné la description suivante :

 "Les armes d'Olivier Le Moyne, sieur de Ranorgat, juveigneur de la maison Trévigny, en Plounéour, et des armes de Tiphaine de Coëtivy, sa compagne en 1503. De ce mariage naquit Marie Le Moine qui porta par mariage la seigneurie de Ranorgat dans la maison de Kergadiou"

Les armes des Le Moyne, des deux côtés, sont affectées d'une bordure, signe de juveigneurie des Le Moyne de Rannorgat par rapport au lignage des Le Moyne de Trévigny.

N.b La forme du nom peut être Le Moyne, Le Moine, ou Le Manac'h.

A la montre de l'évêché de Léon reçue à Lesneven le 25 septembre 1503, est mentionné Olivier le Moyne, seigneur de Rannorgat, représenté par Olivier Kergadiou.  

N.B 

 Olivier Le Moyne, seigneur de Trévigny, capitaine de Lesneven, tint une Montre et revue devant Jehan du Juch  le 1 janvier 1378 avec 32 compagnon, dont Yvon Le Moyne, Guillaume Le Moyne, Richard le Moyne, Prigent de Coëtivy. Selon les généalogistes de Geneanet,  il était né vers 1340 et il épousa une Tiphaine de Coëtivy (v.1340-1398).  

Anne Le Moyne dame de Rannorgat épousa en 1502 Olivier de Kergadiou

Le blason mi-parti ne correspond pas  aux armes de Tanguy Le Moyne et de son épouse Leveneze de Kermenou, couple dont le blason a été identifié par Marc Faujour, porté par un gentilhomme barbu à l'extérieur de la chapelle Notre-Dame du Val (cf. infra).

 

 

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

Le calvaire (kersanton, Prigent v.1527) de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

 

DISCUSSION.

Si on cherche à attribuer le calvaire, dans sa partie en kersanton, à un atelier de sculpture sur pierre de Basse-Bretagne, sur les seuls critères stylistiques, la réponse est vite trouvée,  c'est un travail de l'atelier des Prigent.

Trois statues de kersanton de l'intérieur de la chapelle du Traon ont été attribuées à cet atelier par E. Le Seac'h dans son catalogue raisonné (p. 331):

-celle de saint They en abbé, dans l'enfeu sud, portant une inscription gothique sur le socle orné d'un calice : V:M:F. IEZEGOU/ P.A FAICT FAIRE ICELLE . YMAGE. LAN. MVCXXVII, soit "Vénérable messire François Jézégou prêtre a fait faire cette image l'an 1527. C'est là la sculpture datée la plus précoce de l'atelier. (H. Pérennès avait lu la date de 1526).

Saint They, kersanton. Atelier Prigent. Cliché E. Le Seac'h CD n° 516.

 

 

-celle de sainte Suzanne qui porte les armes pleines des Le Moyne de Rannorgat. Voir les deux clichés de Marc Faujour. Je remarque le bandeau plissé rétro-occipital, si fréquemment repris par cet atelier. [Les Prigent ont sculpté aussi une sainte Suzanne pour le porche sud de Pencran avec l'inscription S. SUSSANNA: ORA. Elle tient aussi un livre et un rouleau de manuscrit, mais elle porte un voile sur la tête, et l'exécution est plus fine : elle date de 1553.]

Chapelle N.-D. du Val, Plouguerneau, sainte Suzanne kersanton polychrome, Atelier Prigent, Cliché Le Seac'h C.D N° 503.

 

-celle d'un saint moine agenouillé , mur sud.

Saint moine agenouillé, kersanton. Atelier Prigent. Cliché Le Seac'h C.D. 518.

Donc, l'intervention des Prigent en la chapelle Notre-Dame du Val est attestée, avec au moins une date, celle de 1527.

Affirmer que le calvaire est dû aux ciseaux des Prigent, disons entre 1527 et 1550, est cohérent avec cette intervention, mais il faut admettre alors que la date de 1511 du socle ne se rapporte pas au calvaire proprement dit. Enfin, les données héraldiques restent embarrassantes si on valide les affirmations de Pol de Courcy les attribuant à une Tiphaine de Coétivy vivant en 1503 avec un Olivier Le Moyne ; mais ce couple vivait peut-être encore en 1527 ?

COMPLÉMENT : ÉLÉMENTS SCULPTÉS DE LA CHAPELLE.

 

1. Les 2 crossettes figurées portant des écus.

a) Homme barbu allongé présentant les armes mi-parti Le Moyne de Rannorgat/Kermenou. Angle sud-ouest. Kersanton, après 1537 ?

L'homme porte la tenue à tunique courte et chausses d'un écuyer, et adopte la posture de "chevalier servant", un genou fléchi. Ses cheveux sont mi-longs, sa barbe peignée est soignée. Il ne porte pas (à la différence d'autres exemples similaires) d'épée au côté. La tunique est plissée, à plis épais sur les manches.

Il tient contre sa poitrine un écu mi-parti que Marc Faujour a su attribuer au couple Tanguy Le Moyne de Rannorgat / Leneveze de Kermenou , soit au 1 : d'(argent) au croissant accompagné de trois coquilles, à la bordure, le tout de (gueules) (Le Moyne de Rannorgat) ; au 2 : d'(or) à trois fasces ondées d'(azur) (Kermenou). 

"Tanguy, qui avait hérité de son père en octobre 1537, décéda sans hoir vers 1560 (AD Finistère, 34 J 55 ; AD Loire Atlantique, B 1706). Après sa mort, la seigneurie de Rannorgat échut à son cousin Hamon de Kergadiou, fils d’Olivier de Kergadiou et d’Anne Le Moyne de Rannorgat, dont la famille blasonnait d’un fascé-ondé de six pièces ou trois fasces ondées, au franc-canton d’hermines. " (M. Faujour)

 

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

b) Lion présentant les armes pleines des Le Moyne de Rannorgat. Angle nord-ouest. Kersanton, XVIe siècle.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

2. Les 2 crossettes du clocheton .

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

a. Un chien (sans collier) ou un renard, à queue enroulée à l'arrière. Kersanton.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

b. Un lion. Kersanton.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

2. LES PORTES.

a) La porte sud.

Cette porte rectangulaire est surmonté d'un fronton triangulaire  portant la date  de 1758 et , en dessous,  l'inscription Mr.A:L:HAMON C pour "Messire A.L. Hamon, curé" centrée autour d'un calice.

Ce curé est mentionné à Plouguerneau entre 1754 et 1776.

Au sommet du fronton a été scellée en réemploi une tête d'homme barbu (XVIe ou XVIIe), probablement une tête de Christ portant une couronne d'épines.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

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La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

b) La porte nord.

Du côté nord, H. Pérennès a pu lire sur le linteau de la porte la date de 1572  à côté d'un calice.

Pour Marc Faujour, "le fronton de la porte au nord est daté de 1572, mais paraît avoir été rapporté après coup. "

 

 

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

L'ARC TRIOMPHAL DONNANT L'ACCÈS AU NORD DE L'ENCLOS.

 

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

a) La date de 1758 (ou 1738) accompagnée d'un calice inscrit dans un blason.

Les auteurs (H. Pérennès) ont lu la date de 1738. Ma lecture rapproche cette inscription de celle de la porte sud, elle aussi accompagnée d'un calice : son commanditaire serait alors également le curé A. L. Hamon. 

Si on adopte la leçon de Pérennès, le curé en exercice entre 1734 et 1767 était Hervé Guiavarch.

 

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

b) Un personnage tenant un chapeau à larges bords, dans le mur de l'arc (réemploi). Kersanton, XVIe siècle.

Ce personnage, dont il manque la tête, tient un chapeau évoquant un galero cardinalice avec au moins une houppe visible à l'extrémité d'un cordon (j'ai aussi pensé à la queue d'un lion...). L'identification est difficile ; saint Jérôme ?

J'écarte l'hypothèse d'un saint Jacques, ou d'un saint pèlerin comme saint Roch : leurs couvre-chefs restent sur leurs têtes.

Cette tenue du chapeau sur la hanche droite correspond plus à une posture d'humilié ou de respect  qu'à celle d'un saint personnage.

Il pourrait être attribué à l'atelier Prigent.

Faut-il envisager d'y voir le portrait du cardinal Alain IV de Coëtivy (1407-1474), dont les armes, un fascé de six pièces, sont les mêmes que celles associées en alliance à celles des Le Moyne sur le calvaire de Notre-Dame du Val ? Certes, la statue de ce cardinal figure agenouillé au pied du calvaire de la Basilique du Folgoët (Lesneven), à 14 km de là ; mais son chapeau est rejeté derrière sa nuque. La famille Le Moyne (François et son fils François) avait ses armes sur la maîtresse-vitre de Leneven ; Prigent Le Moyne était capitaine de Lesneven, etc..

Le cardinal de Coëtivy , Kersanton, Atelier du Folgoët (vers 1449). Calvaire de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.

 

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

 

LES DEUX CLOCHES.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

 a) la cloche la plus ancienne.

Deux médaillons : un crucifix, et un saint évêque.

Inscription sur la faussure : BR---EL A BREST

Suggestion : BRIENS VIEL A BREST ? Elle pourrait dater de la deuxième moitié du XIXe siècle.

Voir : https://www.lavieb-aile.com/2018/10/les-cloches-du-faou-et-les-fondeurs-de-cloche-du-finistere.ii-viel-a-brest-1823.html

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

 

 b) la cloche fondue chez Paccard vers 1998.

Possible inscription de la faussure (doute sur la date) : 1998 PACCARD A[NNE]CY FRANCE ---

 

Le calvaire de la chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau.

La fontaine , les bassins et le poull-lin.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

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Contrôle de ponte après accouplement de libellules Pyrrhosoma nymphula (Sulzer, 1776), "Nymphe au corps de feu.

Chapelle du Traon, bords du lavoir, 24 mai 2023.

Voir ici l'origine des noms de cette belle libellule.

"L’accouplement a lieu de mai à août. Le mâle attrape la femelle par le cou grâce à une sorte de pince à l’extrémité de son abdomen. La femelle recourbe son abdomen pour mettre en contact son extrémité avec l’organe copulateur du mâle. Cette posture d’accouplement appelée tandem a la forme d’un cœur et dure en général un quart d'heure.
Le mâle reste lié à la femelle durant la ponte qui a lieu dans l’eau sur une tige de plante aquatique. Le couple descend jusqu'à ce que l'abdomen de la femelle touche l'eau. A raison d'un œuf pondu toutes les 5 secondes, le couple descend doucement le long de la tige et se retrouve au bout de 40 à 50 minutes totalement immergé (parfois jusqu'à 1 m de profondeur). Environ 600 œufs sont insérés dans la tige de la plante choisie, pondus en zig-zag. La ponte terminée, le couple lâche le support et remonte à la surface." DORIS)

 

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

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La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

La chapelle Notre-Dame du Val en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile.

 

SOURCES ET LIENS.

— CASTEL (Yves-Pascal), 1991,"Essai d'épigraphie appliquée. Dates et inscriptions sur les croix et calvaires du Finistère du XVème au XVIIIème siècle" Ouvrage: Charpiana : mélanges offerts par ses amis à Jacques Charpy.Fédération des Sociétés Savantes de Bretagne, 1991, page 145.

— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, "Plouguerneau", atlas n°2104 "Le Traon" Atlas des croix et calvaires du Finistère + 3 clichés 

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/plouguerneau.html

2104. Le Traon, g. k. 4,30 m. 1511 (?). Quatre degrés de plan circulaire, comme le socle: équerre, IO: TOINAS, marteau: H: PONCI: L AN MIL CINQ CANS (sic) XI: Fût rond, écots. Croisillon, moulures, écusson à chaque extrémité: Lemoine et Kergadiou; statues: Vierge, saint Jean, crucifix sur croix à branches rondes, fleurons-boules, titulus en lettres fleuronnées. Vierge de Pitié. [YPC 1980]

Croquis Y.P. Castel 1980. Le relevé du blason mi-parti est erroné.

— COUFFON (René), LE BRAS (Alfred), 1988, « Plouguerneau », Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/974

"CHAPELLE NOTRE-DAME DU TRAON Ou du Val, sur l'ancienne route de Lannilis. Edifice de plan rectangulaire avec chevet plat.

Dans l'enclos, côté nord, calvaire en kersanton : la Vierge et Jean sur le croisillon, Pietà au revers, et, sur le socle, date : " LAN. MIL. CINQ. CANS. XI. " -

— FAUJOUR (Marc) Plouguerneau, chapelle Notre-Dame du Traon,

 https://armma.saprat.fr/monument/plouguerneau-chapelle-notre-dame-du-traon

— FAUJOUR (Marc), Plouguerneau, chapelle Notre-Dame du Traon (calvaire).

 https://armma.saprat.fr/monument/plouguerneau-chapelle-notre-dame-du-traon-calvaire/

— LE GUENNEC, Louis, 1981 (rééd.) Le Finistère monumental, t. 2, Brest et sa région, Quimper page 292

"La croix du cimetière, datée 1511 offre les armoiries d'Olivier Le Moyne et de Tiphaine de Coëtivy sa compagne, sieur et dame de Ranorgat."

—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne. Les ateliers  du XVe au XVIIe siècle, PUR éditions, pages 20 et 257.

— PÉRENNÈS (chanoine Henri) 1941, Plouguerneau, une paroisse entre Manche et Océan.

Transcription du texte sur Infobretagne

https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle22/Plouguerneau_.pdf

"Au nord et dans le voisinage immédiat du sanctuaire de Traon se dresse un calvaire dont le socle est formé de cinq degrés circulaires. Le fût bosselé soutient un groupe en kersanton du Christ crucifié avec à l'avers une piéta. Ce calvaire est daté de 1550."

—POTIER DE COURCY (Pol) 1859, « Itinéraire de Saint-Pol à Brest », Revue de Bretagne et de Vendée, 6, p. 111-132.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110249t/f126.item

— Association Plouguerneau d’hier et d’aujourd’hui, « Notre-Dame du Val »

https://plouguerneau.net/notre-dame-du-val/

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Prigent XVIe siècle. Chapelles bretonnes. Vierge de Pitié Larmes
5 août 2024 1 05 /08 /août /2024 14:22

Le calvaire "aux trois larmes" (kersanton, XIVe siècle, Prigent ?) de la chapelle Saint-Herbot à Saint-Thonan et ses armoiries.

 

 

Ce calvaire de la chapelle Saint-Herbot est-il dû à l'atelier des Prigent ? Pour en juger, je propose de découvrir  d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:

 

et hors blog: 

 

 

Attribution personnelle hors catalogue Le Seac'h :

 

 

 

 

 

 

 

 

PRÉSENTATION. Site de la commune.

"La chapelle de Saint-Herbot est située au sud de la commune, en bordure de la VC1 menant vers Landerneau. Auparavant rattachée au domaine du Botiguéry, la commune de Saint-Thonan est devenue propriétaire de l'édifice en 1958 par acte de donation des époux Villiers, propriétaires du domaine.

Edifiée au XVIème siècle, la chapelle au plan rectangulaire est surmontée d'un clocheton carré couvert d'une flèche. Les rampants sont hérissés de crochets Renaissance et se terminent par des gargouilles en forme d'animaux symboliques. La porte gothique est surmontée d'une statue de saint Herbot, saint patron des bêtes à cornes.

La chapelle abritait plusieurs statues en bois polychrome datant également du XVIème siècle. Elles ont été restaurées. Quatre statues ont été replacées dans la chapelle et deux autres sont conservées en l'église Saint-Nicolas, située au bourg.

En 1987, la couverture de la chapelle, la porte et les vitraux ont été restaurés et l'extérieur a été aménagé.

Courant 1995, l'intérieur de la chapelle a été rénové par les bénévoles du comité de Saint-Herbot qui a financé une partie des travaux. La charpente présente la forme originale d'une coque de bateau renversée.

A quelques mètres de la chapelle, un calvaire représente la Vierge et Saint-Pierre, Saint-Jean et Madeleine, ainsi qu'un ange agenouillé.

Depuis 1979, le comité de Saint-Herbot organise chaque année les courses cyclistes sur le circuit du Botiguéry avec une arrivée devant la chapelle. Cette année 2022, les courses auront lieu le dimanche 12 juin.

A Saint-Herbot, il est également de tradition ancienne de sonner les cloches de la chapelle en l'honneur des mariés issus du secteur. Encore aujourd'hui, les voisins continuent de se réunir le jour des noces autour des mariés et leur famille à la chapelle pour célébrer l'événement au son des cloches de Saint-Herbot."

Le manoir de Botiguéry

"Unique maison seigneuriale de la commune, le manoir de Botiguéry est composé de plusieurs corps de bâtiments, dont la partie centrale, remaniée, est la plus ancienne.

La tour carrée comporte des fenêtres à larmier et une porte qui pourrait provenir de l'ancien manoir. Flanquée de pilastres ioniques, elle est surmontée d'un fronton orné d'un macaron en bosse. L'aile ouest date de la fin du XIXème siècle. Au début du XXème siècle, l'ensemble domanial est encore agrandi.

Situé en contrebas, l'ancien moulin est partiellement conservé."

 

La description d'Yves-Pascal Castel en 1980.

2863. Saint-Herbot, chapelle, granite, kersanton, hauteur=5 m. XVIè s. Tertre. Socle cubique. Fût rond, écots. Croisillon, culots, écu au cerf, autre mi-parti, au revers, statues géminées: Vierge-Pierre, Jean-Madeleine, ange à genoux. Croix détruite, il reste un Christ lié. [YPC 1980]

 

Description.

L'exploration de la carte IGN Geoportail  montre la proximité de cette chapelle Saint-Herbot avec le château de Botiséguy, et montre aussi le paysage valloné par les rivières, (avec leurs moulins) qui se jettent dans l'Elorn en aval de Landerneau.

C'est à Landerneau qu'était établi un prolifique atelier de sculpture de kersanton, une pierre extraite dans la rade de Brest et conduite par bateau à Landerneau : l'atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). J'ai décrit dans ce blog les nombreux calvaires qui leur sont attribués, et dont l'une des particularités, non constante et non propre exclusivement à cet atelier, tient dans le trois larmes sous les yeux des personnages réunis au pied de la croix, Marie, Jean et Marie-Madeleine, assistant à la Crucifixion de Jésus. Tout près de cette chapelle, on peut envoir à Saint-Divy et à La Forest-Fouenant de magnifiques exemples.

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

Le calvaire est placé devant la chapelle, à son sud, et ses deux faces sont orientées ouest-est. La face principale, orientée vers l'ouest, a perdu son Christ en croix, mais le croisillon porte encore la Vierge au calvaire, éplorée, à notre gauche, et Jean, également en larmes, à notre droite. L'écu au cerf entre les bras du croisillon renvoie à la famille Le Jeune [LE YAOUANCQ], seigneur de Botiguéry aux XVe et XVIe siècle.

L'autre face montre sur le croisillon Marie-Madeleine, tenant son pot d'aromates et portant les mêmes larmes groupées par trois que Jean (avec lequel elle est géminée) et la Vierge. Saint Pierre, portant sa clef à anneau losangique, est géminée avec Marie. Au centre, le Christ en Croix s'adossait vraisemblablement au crucifix perdu.

On trouve également sur cette face, au diamant du croisillon, un écu mi-parti, dont les armes de l'époux, en 1, sont celles de la famille Parscau. On sait que Vincent de Parscau (né à Saint-Thonan vers 1527 et décédé en 1591) épousa vers 1555 Jeanne Le Jeune dame de Botiguery, fille d'Hervé Le Jeune (ca 1530) et de Catherine du Com. Ils eurent un fils Olivier de Parscau qui épousa en 1581 Anne de Kersulguen, dont Jeanne du Parscau. Le blason mi-parti ne correspond néanmoins pas à l'alliance Parscau/Kersulguen (ni à l'alliance en 1559de Vincent de Parscau avec Françoise de Penfentenyo), les armes en 2 associant une croix pattée centrale et trois coquilles Saint-Jacques (Kerven ?).

 

https://gw.geneanet.org/akermadec?n=le+jeune+de+botiguery&oc=&p=herve

https://gw.geneanet.org/jcbo?lang=fr&p=jeanne&n=le+jeune&oc=1

https://abers-patrimoine.bzh/kpoi/site-archeologique-dilliz-coz/

C'est ce couple Vincent de Parscau/Jeanne Le Jeune qui fit construire l'église Saint-Nicolas de Saint-Thonan en 1586 : la pierre d'angle portant leurs armes mi-parti a été retrouvée dans le presbytère en 1966.

 

 

 

 

I. LA FACE PRINCIPALE.

Sur le fût de granite à écots (reliant la croix à la symbolique de l'arbre) est scellé le croisillon de kersanton qui porte sur les côtés les statues de la Vierge au calvaire et de Jean au calvaire ; au centre, sans écu, le bas-relief du cerf passant des Le Jeune de Botiguéry. Au centre, le crucifix perdu, avec sa croix, est remplacé par un socle cubique sculpté d'un ange orant (l'autre face de ce socle n'est que dégrossi, témoignant d'un réaménagement ou d'un réemploi). Posé sur ce socle, le Christ aux liens est ici vu de dos.

 

 

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

 

1°) La Vierge aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.

Cette Vierge au visage encadré d'un voile épais, "en coque" et vêtu d'un manteau dont le pan droit revient se fixer à la ceinture sous le coude gauche a eu la tête brisée et rescellée, mais elle a perdu une partie du nez de la bouche et du menton.

Les yeux sont globuleux et semblent fermés, et les trois larmes sous chaque paupière ont bien les caractéristiques de ce milieu du XVIe siècle, avec un filet se terminant par une goutte épaisse. Ces larmes se retrouvent sur des panneaux peints, sur des retables (nord de la France et Pays-Bas), mais aussi, sur une bonne part des Passions des maîtresses-vitres du Finistère, et sur les Vierges de Pitié et Déplorations Bretonnes, réservés aux trois mêmes personnages, Marie, Jean et Marie-Madeleine. Elles témoignent de l'importance du culte du sang versé par les Christ et des larmes versées en retour par gratitude et compassion, justifiant la floraison de ces calvaires, de ces Vierges de Pitié et de ces Passions dans les diocèses de Basse-Bretagne.

https://www.lavieb-aile.com/2020/11/devotion-franciscaine-aux-plaies-du-christ-a-la-cour-ducale-de-bretagne-au-xve-siecle-l-exemple-d-isabelle-stuart.html

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On peut noter ici la coiffe fine en dentelle sous le chaperon épais ; les deux mains jointes ; ou les solides chaussures de cuir.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

 

2°) Saint Jean aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.

Jean, imberbe, cheveux bouclés, tête grave (avec une petite bouche fortement concave et une lèvre inférieure faisant lippe), porte une robe boutonnée sous un manteau fermé par une patte, la main sur la poitrine tandis qu'il retient le pan du manteau de la main gauche, est pieds nus comme tout pôtre.

Ses trois larmes sous chaque paupière sont parfaitement visibles.

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Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

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L'ange orant. Kersanton, XVIe siècle.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

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Le cerf sculpté en bas-relief sur le diamant du croisillon : les armes des Le Jeune.

 

Depuis le XVe siècle, la famille Le Jeune ou Jaouancq détient le fief de Botiguéry avec Rivoallon, puis Yvon, ect.

Lors de la Réformation de l'évêché de Léon en 1443, une seule famille noble est mentionnée à Saint-Thonan :

an Iaouancq (an) ou Le Jeune, seigneur de Botiguéry, paroisse de Saint-Thonan. Leurs armes sont  de sable au cerf passant d’argent.

https://man8rove.com/fr/blason/q2evs1x-le-jeune-alias-le-jaouancq#google_vignette

On le retrouve , dans un écu, sur un culot de la statue de saint Herbot au dessus de la porte de la chapelle.

 

Statue en kersanton de saint Herbot, chapelle Saint-Herbot. Photo lavieb-aile 2024.

 

 

Armoiries des Le Jeune, chapelle Saint-Herbot. Photo lavieb-aile 2024.

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

 

 

II. LA FACE SECONDAIRE : SAINTE MARIE-MADELEINE ET SAINT PIERRE. CHRIST AUX LIENS.

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

 

 

1°) Sainte Marie-Madeleine aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.

La sainte a une place majeure dans l'expression du chagrin devant la mort du Christ, et dans le versement de larmes ; elle vient immédiatement après la Vierge et Jean dans toutes des Déplorations, tandis que les peintres et sculpteurs la représentent agenouillée au pied de la Croix, se tordant les mains de douleur en voyant le sang couler des pieds du Rédempteur. Dans les Évangiles, elle tient la première place dans les soins apportés au Tombeau et dans les Apparitions du Christ réssuscité. Dans maintes œuvres, on la voit tenir le flacon d'aromates nécessaires à l'embaumement, voire même pratiquant des gestes de tendresse et de soins au cadavre du Christ.

Ici, elle tient le récipient (type albarello avec un couvercle à bouton) devant sa poitrine, les yeux ouverts mais au regard lointaint et triste.

Le visage est caractérisé par des yeux très globuleux, sans pli palpébral , un nez étroit, une toute petite bouche sous le philtrum, et un menton fin, en avant et pointu.  Les trois larmes sont bien là, parfaitement visibles.

Sa robe à col rond est ajustée sur sa poitrine, son manteau  forme un pan qui revient sous la manche gauche où il est fixé, mais on remarquera surtout ses cheveux très longs descendant sur le côté, et mieux encore la manère par laquelle les nattes sont entourées d'un voile : celui-ci, dont je fais remarquer régulièrement l'existence dans la statuaire de Basse-Bretagne au XVIe siècle, tant il est singulier, ne couvre pas la tête, mais seulement l'occiput avant de passer derrière la nuque. Voir mes développements ici.

 

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

 

 

2°) Saint Pierre tenant sa clef. Kersanton, XVIe siècle.

Il s'agit à l'évidence d'une statue du même atelier, qui a produit des quantités de statues de saint Pierre soit pour les calvaires (*), soit pour les séries d'apôtres des porches.

(*) Dinéault, Quimper-Locmaria

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

 

 

Le Christ aux liens. Kersanton, XVIe siècle.

 

Là encore le Christ aux liens est très fréquent sur les calvaires bas-bretons du XVIe siècle : par exemple  à Bourg-Blanc, au Folgoët, Guisssény, Landerneau, Loc-Brévalaire, Saint-Divy.

On retrouve sur ce visage le traitement de la barbe peignée et de la moustache adoptée pour le saint Pierre.

Le Christ porte la couronne d'épines et le manteau de dérision sur un pagne court ; ses poignets sont liés, et il tenait, avant qu'il ne se brise, un roseau.

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Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

 

 

Les armoiries mi-parti De Parscau /de Kerven.

Le milieu du croisillon porte un écu mi-parti qui a échappé aux marteaux des révolutionnaires. En 1, on reconnait les armes de la famille Le Pascau, de sable à trois quintefeuilles d’argent, ce qui renvoie à priori à Vincent de Parscau, écuyer, seigneur de Menan à Plouguerneau, né à Saint-Thonan,  décédé en  1591 et qui devint seigneur de Botiguéry par son mariage avec Jeanne Le Jeune, héritière de Botiguéry fille de Hervé Le Jeune et de  Catherine du Com.

Note : Olivier Parscau représente encore sa paroisse de Plouguerneau (comme seigneur de Menan) à la Montre de 1557, mais la famille quitta Menan envahi par les sables et s'établit ensuite à Botiguéry.

https://man8rove.com/fr/blason/q2evs1x-le-jeune-alias-le-jaouancq#google_vignette

Mais en 2, ce ne sont pas les armes de la famille Le Jeune. On remarque au centre une croix potencée, et deux coquilles, ce qui correspond aux armes de Kerven ou Kerguend’argent à la croix potencée ou alisée, au pied fourché, d’argent, accompagnée de 3 coquilles de même, 2 en flancs et 1 en pointe  (Vicomte Frotier de la Messelière ). Cette alliance est cohérente avec le fait que les deux familles Le Jeune et Kerven sont citées parmi les familles nobles de Ploudaniel, mais n'est pas cohérente avec les données généalogiques.

Je pose l'hypothèse suivante : le calvaire avec ses deux statues géminées et son Christ aux liens du XVIe siècle (et pour moi attribuées à Prigent avant 1577) aurait été remonté sur un croisillon ultérieur; ce qui expliquerait la fraicheur ou bonne conservation des armes des deux faces. 

Le seul indice pour une alliance Pascau/Kerven est un échange sur le forum du Centre généalogique du Finistère évoquant une "Marie, dame de Kerven" qui pourrait correspondre si je comprends bien à Marie Liminic, dame de Plessis, épouse de Bernard de Pascau, sr de Botiguery (fils de Claude et petit-fils de Vincent), ou bien à leur fille.

Mais ceci est très aventureux : je conserve néanmoins mon hypothèse : ces armoiries ne dateraient pas du XVIe siècle, et pourraient même être assez récentes.

 

 

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Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

 

 

SOURCES ET LIENS.

 

—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Saint-Thonan n° 2663 "saint-Herbot n°1" Atlas des croix et calvaires du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/saint_thonan.html

—COUFFON (René); 1988, , "Notice sur Bourg-Blanc", Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/SAINTHON.pdf

"CHAPELLE SAINT-HERBOT A Bodiguéry. Edifice de plan rectangulaire à clocheton très évidé amorti par une petite flèche carrée. Il remonte au XVIè siècle mais a été très remanié. Mobilier Statues - en bois polychrome : sainte Trinité qui a perdu son Christ, saint Jean, saint Herbot, saint non identifié ; - en kersanton, autre saint Herbot, au-dessus de la porte gothique.

 Sur le placitre, croix de granit : statues géminées sur le croisillon, Crucifix manquant, Christ aux liens."

—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne. Les ateliers  du XVe au XVIIe siècle, PUR éditions.

— autres

http://www.infobretagne.com/saint-thonan.htm

https://www.saint-thonan.fr/tourisme/patrimoine.html

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Published by jean-yves cordier - dans Calvaires Prigent Kersanton Larmes Héraldique
29 juillet 2024 1 29 /07 /juillet /2024 21:30

Le calvaire (XVIe siècle, atelier Prigent?, & 1927) de la chapelle Saint-Urfold à Bourg-Blanc. La Vierge de Pitié aux sept larmes. Saint Yves .

 

— Voir  d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:

 

et hors blog: 

 

 

Attribution personnelle hors catalogue Le Seac'h :

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L'abbé Yves-Pascal Castel a décrit ce calvaire en 1980 dans son Atlas.

" Saint-Urfold no 1, kersanton. 5 m. XVIè s., restaurée 1927. Erigée sur le mur d’enclos. Cinq degrés, de plan semi-octogonal. Socle cubique, groupe N.-D. de Pitié. Fût à pans. Croisillon récent, statues géminées: Madeleine géminé avec abbesse au livre (l’abbesse est, en fait, un saint Yves à tête en ciment!), saint Urfold (?) géminé avec saint Jean au livre , crucifix, croix à branches rondes. [YPC 1980]"

 

Schéma par Yves-Pascal Castel 1980

 

Il n'y aurait pas grand chose à ajouter, si ce n'est de faire remarquer que la Vierge de Pitié présente les larmes habituelles aux productions de l'atelier de Bastien et Henry Prigent à Landerneau (1527-1577), mais ici au nombre de sept (comme son homologue du Musée départemental Breton) et que saint Yves, malgré sa tête refaite en ciment, présente les deux caractéristiques si passionnantes, le livre de ceinture, et le geste d'argumentation, la pulpe de l'index droit contre la pulpe du pouce gauche, propre à ses fonctions d'Official de Tréguier et d'avocat des pauvres.

Par ailleurs, ce calvaire a été fortement remanié, puisqu'on constate l'absence de la statue de la Vierge  à droite au pied de la croix. On voit aussi que saint Jean (géminé avec le très probable saint Urfold)  est orienté à l'envers, puisqu'il devrait normalement être (et qu'il était certainement initialement) à gauche du Christ en croix. On peut ajouter que l'ensemble du calvaire a perdu sa probable orientation initiale, celle où le Christ en croix, entouré de sa mère et de Jean, est tourné vers l'ouest, alors qu'il fait face au sud aujourd'hui. Il est probable qu'au départ, la statue géminée de saint Yves/ Sainte Marie-Madeleine appartenait à un autre ensemble. Le croisillon qui porte la date de 1927 est entièrement du XXe siècle.

  Enfin, on peut envisager, certes avec la prudence qui s'impose, l'attribution de cette Vierge de Pitié, et des statues géminées en kersanton, à l'atelier Prigent, hors du catalogue de cet atelier établi par Emmanuelle Le Seac'h.

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I. LA FACE PRINCIPALE DU CALVAIRE.

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Le calvaire de la chapelle Saint-Urfold à Bourg-Blanc.

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1°) LA VIERGE DE PITIÉ.

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La Vierge est assise et porte le corps de son fils sur ses genoux, le genou droit dressé soutenant le buste et le genou gauche, fléchi, le bassin. Elle est vêtu d'un voile qui forme une coque aux plis fermes à angles droits autour du visage, et qui se poursuit par le manteau aux plis verticaux formant des volutes au dessus du pied droit. La Vierge porte la guimpe, couvrant sa poitrine. Son visage est remarquable par ses deux sourcils épais très froncés, par sa bouche triste, et par les trois larmes s'écoulant sous la paupière inférieure droite et les quatre larmes de la paupière gauche, en forme de filets s'achevant par une goutte épaisse. Il faut y voir un rappel de la liturgie des sept douleurs telles que nous les relatent les textes évangéliques  : - La prophétie de Syméon sur l'Enfant Jésus (Lc 2, 34-35). - La fuite de la sainte Famille en Egypte (Mt 2, 13-21). - La disparition de Jésus pendant trois jours au Temple (Lc 2, 41-51). - La rencontre de Marie et Jésus sur la Via Crucis 2 (Lc 23, 27-31). - Marie debout au pied de la Croix (Jn 19, 25_27). - Marie recevant dans ses bras son Fils mort (Mt 27, 57-59). - La mise au tombeau de Jésus (Jn 19, 40-42). Cette dévotion apparue en 1221 est reprise au XVe siècle par les divers ordres religieux.

Le Christ, très cambré et à la tête refaite (ciment-pierre), a, comme c'est ici l'usage, le bras droit qui tombe verticalement et le bras gauche horizontal  qui est caressé par sa mère. Les plaies des clous sont rectangulaires. Les  genoux sont fléchis, les jambes non croisées, les pieds ont été brisés puis refaits. La tête devait, initialement être soutenue par la main de sa mère.


 

 Voir sur les Pietà ou Vierges de Pitié du Finistère :

et hors blog: 

Comparez avec la Vierge de Pitié du cimetière de Bourg-Blanc,  Atlas n° 84, différente et sans larmes :


 

Vierge de Pitié, cimetière de Bourg-Blanc. Photo lavieb-aile.

Comparez surtout avec la Vierge de Pitié "aux sept larmes" du Musée départemental Breton :  malgré des différences évidentes, les points communs sont nombreux, notamment la forme et le nombre des larmes.

Vierge de pitié, XVIe siècle, kersantite, Musée départemental Breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

 

 

 

Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Tête du Christ refaite en ciment, Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Tête du Christ refaite en ciment, Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

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2°) Sur le croisillon, à droite du Christ : Marie-Madeleine tenant son flacon d'onguent.

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Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Marie-Madeleine (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Marie-Madeleine (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

 

3°) Sur le croisillon, à gauche du Christ : un saint barbu muni d'une canne et tenant un livre : saint Urfold.

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Saint Urfold. Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Urfold. Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Le Christ en croix (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Le Christ en croix (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

 

II. L'AUTRE FACE DU CALVAIRE / SAINT JEAN AU PIED DE LA CROIX et SAINT YVES.

Face nord. Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Face nord. Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

 

 

1°) Saint Jean au pied de la croix.

Nous l'avons vu, il n'occupe pas sa place initiale, à gauche du Crucifix. On l'identifie par son visage imberbe, ses cheveux mi-longs, son geste ému main sur la poitrine, son évangile en main gauche, sa robe aux poignets boutonnés sous le manteau, et serrée par une ceinture plate.

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Saint Jean  (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Jean (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

 

 

2°) Saint Yves, son geste d'argumentation et son livre de ceinture. Tête refaite en ciment-pierre.

Je ne reviens pas sur la description de ces deux attributs de saint Yves, official et Tréguier et avocat des pauvres que j'ai longuement ou décrit aussi souvent que j'en ai rencontré des exemples : voir :

 

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Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Yves   (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

 

 

SOURCES ET LIENS.

 

—ABGRALL ( Jean-Marie), 1903, “Notices sur les paroisses : Bourg-Blanc“ in Bulletin de la Commission diocésaine d'Architecture et d'Archéologie, Vol. 3,  p.357- 364

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/23f0175e72d2c8991d01eca6c9559db0.pdf

—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Bourg-Blanc n° 97 "Bourg-Blanc" Atlas des croix et calvaires du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/bourg_blanc.html

—COUFFON (René); 1988, , "Notice sur Bourg-Blanc", Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/BOURGBLA.pdf

—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne. Les ateliers  du XVe au XVIIe siècle, PUR éditions.

— Autre

https://abers-patrimoine.bzh/kpoi/chapelle-saint-urfold/

 

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17 mars 2023 5 17 /03 /mars /2023 10:19

 Les statues (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.

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Voir :

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Données historiques sur le calvaire de Saint-Côme.

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Statut.

-Calvaire (cad. ZH 106) : inscription par arrêté du 31 mai 1927 

-Abords de la chapelle (cad. ZH 106) : inscription par arrêté du 20 août 1946 

-Chapelle Saint-Côme et les rangées d'arbres bordant le chemin qui contourne ladite chapelle au Sud et à l'Ouest (cad. ZH 106) : classement par arrêté du 21 octobre 1947

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Descriptions anciennes.

Nous disposons de plusieurs descriptions du calvaire de la chapelle Saint-Côme ; la description de la fontaine leur a été ajoutée puisqu'elle abrite deux statues de kersantite de Côme et Damien ayant une valeur de comparaison.

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1°) Jean-Marie Bachelot de la Pylaie, v. 1838 (réed. 1888) études archéologiques et géographiques, page 132.

https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=w39aAAAAcAAJ&q=c%C3%B4me#v=snippet&q=c%C3%B4me&f=false

"Il y a au bout de l'église, en même temps qu'à l'entrée de cette rue, une petite place au milieu de laquelle on voit une croix mutilée. Le fût ou bâton de celle-ci, ornée de nœuds ou de rameaux tronqués, est surmonté d'une petite croix terminale ronde, sur laquelle est appliqué le crucifix. Elle est en kersanton, ainsi que les apôtres [sic] qui accompagnent le pied du fût de la croix. Les personnages [étaient ] hauts de quatre pied, fort bien sculptés, mais d'un dessin incorrect."

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2°) Abbé Corentin Parcheminou, 1930,   Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux page 109

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf

"Devant la chapelle se dresse un petit calvaire mutilé, transporté à cet endroit, il y a quelques années, de derrière le chevet de l'église, où il gênait la circulation. C'est une vieille croix entourée de saints personnages et montée sur une base triangulaire. On reconnaît Saint Pierre tenant une clef, et Saint Côme broyant un remède dans un mortier. Un autre personnage tient une bourse dont il serre le col. Au pied de la croix est un écusson aux armes de Hirgarz en alliance avec celles d'une autre famille. A une centaine de mètres de la chapelle coule une jolie fontaine gothique contenant les statues de Saint Côme et de Saint Damien. L'une des statues n'a plus de tête."

On notera que l'abbé Parcheminou signale ailleurs que les éléments du calvaire de la chapelle Saint-Jean (celui de 1645) étaient, comme aujourd'hui ceux de Saint-Côme en 1930, réunis au fond de la chapelle : "Au fond de la chapelle, on a déposé les débris de l'ancien calvaire. ". La calvaire a été, depuis, parfaitement remonté.

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3°) André Mussat, 1957,  "Saint-Nic : La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien" Congrès archéologique de France , Cornouaille , 1957 , pp . 130-138 ..

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3210063v/f132.item.r=come

"Le calvaire et la fontaine. — À l’angle sud-ouest de l’église se dressent les débris d’un calvaire qui fut certainement important. Sur un socle triangulaire, il reste une partie du fût ébranché, la croix du Christ, et plusieurs, statues de granit [sic] assez abîmées. On y reconnaît la Vierge adossée à Marie-Madeleine, un Saint Pierre avec sa grande clef, enfin deux statues qui sont sans doute celles de saint Côme et de saint Damien. L’un d’eux tient un mortier et un pilon, l’autre porte à sa ceinture un écritoire et un rouleau.
Ce calvaire est écussonné et on y reconnaît des armoiries écartelées dans lesquelles se trouve l’alliance d’Hirgaz (On ne peut malheureusement déchiffrer la senestre de ces armoiries).

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A quelque distance, dans un pré qui descend vers la mer, se trouve la fontaine des deux saints. C’est un édicule très simple protégé par deux murets parallèles, avec au fond une profonde niche surmontée d’un pignon sans décor. Au fond de cette niche, deux statues anciennes de saint Côme et saint Damien, presque identiques : chacune porte un pot à onguents et est coiffée d’un bonnet en forme de calotte (au calvaire, les deux statues sont tête nue). "

Photographie P. Dubost:

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Remarque : André Mussat a confondu saint Jean l'évangéliste, identifiable par son plumier et son encrier, avec l'un des deux frères médecins.

Sur le cliché, la statue de Jean est encore sur le soubassement, avec sa tête sur les épaules. Et saint "Côme" possède encore également sa tête. 

-La datation des statues de la fontaine, proposée par André Mussat, est du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. Aujourd'hui, la tête de l'une est perdue, tandis que c'est tout le buste de l'autre qui n'est plus d'origine. Mais les saints portent des chaussures pointues à la mode au XVe siècle (tandis que les chaussures des personnages du calvaire sont rondes, selon la mode du XVIe).

La fontaine de la chapelle Saint-Côme-et saint Damien de   Saint-Nic (Finistère) : les statues (kersanton, XVIe siècle) des saints patrons.

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4°)Description par Loyer,  Mosser Françoise,  Bréjon,  Jullien, 1968, revu en 1976 par Ducouret  in dossier IA00005244  de l'Inventaire Général.

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00005244_01.pdf

"Situé dans l'enclos ( angle Sud-Ouest), aspecté au Nord-Est.

-granite, grand appareil réglé.

-Soubassement à deux degrés de plan triangulaire, base appareillée de même plan, fût écoté cassé supportant la croix ; sur la base sont posées des statues, certaines en place, d'autres proviennent de la traverse supérieure disparue.

-Représentation : Groupe de Crucifixion (Christ, Vierge, St Jean, Madeleine et saint Pierre) et statue de saint Côme ; statue de saint Damien disparue.

-H. totale actuelle 263 cm.

-Etat de conservation : mauvais.

-Un écu martelé sur la face Sud-Est.

-Datation : milieu du XVIIe siècle.

-Attribution : atelier de Rolland Doré (sculpture)

Fontaine non datée : XVIe ou XVIIe ?"

 

 

-La datation estimée (milieu du XVIIe) et l'attribution à Roland Doré ne sont justifiées que pour le Christ, de style typique de l'atelier, mais les autres statues sont plus anciennes et d'un style très différent de celui de Roland Doré. Roland Doré a exécuté les statues géminées des personnages entourant le Christ du calvaire (XVe et milieu XVIIe) de l'église du bourg, le Christ étant hors atelier doréen,  et peut-être le calvaire de 1645 de la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic.

https://www.lavieb-aile.com/2019/05/le-calvaire-de-l-eglise-de-saint-nic.html

https://www.lavieb-aile.com/2018/06/la-chapelle-saint-jean-a-saint-nic-29-calvaire-inscriptions-sculptures-exterieures.html

 

-En 1968, les photos montre que le soubassement triangulaire du calvaire supportait les trois statues adossées au fût  de Marie-Madeleine/Vierge, de saint Pierre et de saint "Côme", tandis que la statue de saint Jean (dont nous montrons qu'elle était géminée à saint Pierre) était conservée (avec sa tête, brisée mais placée sur la statue) contre un pilier de la chapelle.

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5°) Cliché des statues sur le calvaire :  in dossier IA00005244 réalisé en 1968

https://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-damien-saint-come-saint-nic/efd0fcef-1bdb-4d23-8991-2d5d727de52d

Le dossier de l'Inventaire propose trois clichés du calvaire  prises par François Dagorn à une date non précisée, mais avant le remaniement du placitre,  et cinq clichés prises par Samson sans doute vers 1968, et après le remaniement du placitre.  À cette date, les statues de saint Pierre, de saint "Côme" portant le pot à onguent, et de sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge, sont installées sur le soubassement du calvaire, et la statue de saint Jean est placée dans l'église. Les photographies des statues de la fontaine sont également présentes.

-Il serait intéressant de consulter le fond des clichés du Dr Louis Le Thomas conservé par la DRAC de Rennes ( 15500 clichés entre 1948 et 1961)  : des clichés de la charpente présentés sur ce dossier proviennent de ce fond, attestant de la visite de ce photographe .

 


 

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6°) Couffon et Le Bars 1980 :

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/ce04ce4688eec94939d3300b0299ab59.pdf

"Dans le placitre (site inscrit), petit calvaire mutilé (I.S.) : Christ de Roland Doré et, sur le socle triangulaire, statues en pierre de l'Apôtre saint Pierre et des saints Jean et Madeleine géminés, toutes décapitées. Fontaine en contrebas dans la prairie : voûte à fronton, statues des deux saints mutilées."

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Le calvaire aujourd'hui.

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 Le  calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2018.

Le calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2018.

 

 

 

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Description actuelle des statues conservées dans la chapelle et analyse stylistique.

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I. LES STATUES GÉMINÉES : PIERRE/JEAN (DISSOCIÉES) ET MARIE-MADELEINE/VIERGE.

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Ces statues géminées témoignent de l'existence d'un calvaire plus conséquent de la croix actuelle puisque ces statues géminées sont toujours placées sur un croisillon disposant la Vierge à droite du Crucifix, saint Jean à sa gauche, dans une orientation dirigée vers l'ouest, alors que l'autre face du calvaire, tourné vers l'est présentent les deux autres personnages, ici Marie-Madeleine adossée à la Vierge et dont à droite, et saint Pierre adossé à Jean et placé à gauche.

Le Christ actuel est de Roland Doré, il pourrait provenir du calvaire du bourg, dont le croisillon porte les statues géminées Vierge/diacre et Jean/diacre de l'atelier de Roland Doré.

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A. LA STATUE DE SAINT JEAN ÉVANGÉLISTE.

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Jean est présenté bras croisés devant la poitrine ; ses cheveux sont abondants mais non bouclés, mi-longs, taillés au dessus de la nuque ; il porte une cotte talaire laissant apercevoir des chaussures à bout rond, et un manteau au col rabattu et aux manches — peu larges— à revers, fermé sous la gorge par un bouton rond. Un pli du manteau forme un équivalent de camail autour des épaules.

La cotte ou robe est serrée à la taille par une ceinture où se faufile une lanière réunissant un "écritoire" ou plumier, et un encrier, attestant de la fonction du saint, auteur de l'évangile éponyme (et du Livre de l'Apocalypse).

La tête est inclinée vers la gauche et tournée vers le haut et la droite, c'est à dire vers le Christ du Crucifix. Les yeux sont ovales, et globuleux.

La statue est non seulement brisée dans le plan coronal et séparée de la statue de saint Pierre avec laquelle elle était géminée, mais aussi brisée au quart inférieur sur un trajet oblique bien que cette fracture ait été réparée (au prix de traces du mortier). Une fissure (ou une ombre??) court le long d'un pli du côté droit. Enfin, la tête est séparée du corps, mais s'y ajuste parfaitement : elle attend une décision de scellement.

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Cliché Samson, Inventaire.

 

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 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.  Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.  Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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Les larmes.

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Trois courtes larmes coulent sous chaque paupière inférieure. Ce détail évoque fortement la pratique de l'atelier des Bastien et Henri Prigent (1527-1577) de Landerneau, tant pour les trois personnages de leurs calvaires (Marie, Jean et Marie-Madeleine) que pour les mêmes personnages de leurs Déplorations (Bourg de Saint-Nic, 1560 ; Plourin).

La perte des têtes de la Vierge et de Marie-Madeleine ne permet pas de vérifier la très probable présence de larmes identiques sur leur visage.

Sur les calvaires, les larmes sont réservées, dans la peinture dès le XVe siècle, et dans la sculpture, à ces trois personnages ou aux deux autres Saintes Femmes : l'identification de saint Jean, pour évidente qu'elle soit, est confirmée.

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 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.  Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.  Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.  Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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B. LA STATUE DE SAINT PIERRE.

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Le chef des Apôtres porte ici dans la main droite la clef qui permet de l'identifier. Elle dépasse la taille du buste, son anneau est losangique et le panneton complexe adopte un motif en croix.

Il est vêtu d'une cotte talaire ou robe à gros plis parallèles, serrée par une ceinture, et d'un manteau dont il tient de la main gauche le pan.

Un livre ("Livre des Apôtres") est retenu sous l'aisselle entre torse et bras gauche.

Les pieds sont, de règle, nus.

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État : Le panneton et de l'anneau sont partiellement brisés, de même que les pieds, et, bien-sûr, la partie dorsale qui rejoignait la statue de Jean.

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Cliché Samson v.1968.

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 Saint Pierre (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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C. LES STATUES DE SAINT JEAN ET DE SAINT PIERRE PEUVENT ÊTRE RÉUNIES.

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Elle étaient auparavant taillées dans un bloc monolithique comme toutes les statues géminées des croisillons.

Il semble judicieux de reconstituer par scellement le blog d'origine.

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Saint Pierre et saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre et saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre et saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre et saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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D. LES STATUES GÉMINÉES DE MARIE-MADELEINE ET DE LA VIERGE AU CALVAIRE.

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Les deux statues ont perdues leur tête : cette destruction systématique des statues relève probablement du vandalisme  ayant marqué la Révolution. "Il y avait dans la chapelle de nombreux enfeus ; ils furent comblés sur ordre du Conseil municipal en janvier 1791. La destruction des armoiries également décidée fut effectuée le 30 avril 1791. " (Mussat)

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Marie-Madeleine s'identifie par son attribut, le flacon de parfum ou d'aromates qu'elle porte des deux mains. Elle s'identifie également à son élégance vestimentaire, ses manches bouffantes plissées, la dentelle des poignets et de l'encolure,  sa taille fine, son corsage moulant, et ses cheveux longs et dénoués. Les chaussures sont à bout rond et semelle épaisse.

Elle porte un surcot et un manteau largement ouvert, dont les pans sont réunis par un fermail de tissu orné d'un médaillon.

L'état de préservation est bon hormis le manque de la tête.

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Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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La Vierge au calvaire.

Elle devait avoir la tête voilée, et les yeux larmoyants. Elle porte un manteau (assez proche de celui de Marie-Madeleine), une robe serrée par une ceinture, et des chaussures rondes. La jambe gauche est légèrement avancée et fléchie. On distingue le bas d'une guimpe couvrant la gorge.

Ses mains sont jointes. Le pan gauche du manteau est attaché au poignet gauche, comme c'était l'usage.

Les mains sont brisées ; mais la tranche de section montre une pierre non altérée évoquant un accident récent. En effet, sur les clichés de Samson, les mains sont présentes.

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Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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II. LA STATUE DE SAINT "CÔME".

 

Note : je reprends la désignation de cette statue, par les différents auteurs, comme étant celle de saint Côme, mais j'ai démontré que ce saint est représenté, lorsque son nom est spécifié de façon valide, avec son attribut, la matula ou flacon d'urine permettant l'uroscopie. Au contraire, saint Damien tient le flacon d'onguent, et parfois la spatule.

Iconographie de Saint Côme et saint Damien en Bretagne, sur une vingtaine de sites, sur les porches de Landivisiau (1554), Bodilis (1570), et Saint-Houardon de Landerneau (vers 1554), à Saint-Nic, Plougastel, La Martyre, Ploudiry, Languivoa, etc,  etc... .Avec une petite iconographie générale (enluminures, ...).

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Le saint est placé sur une console qui compense sans doute la perte de la partie inférieure et notamment de ses pieds (ou bien cette partie basse n'a pas été achevée). Il porte un manteau d'étoffe épaisse (les manches se rebroussent aux poignets), plissée, serré par une ceinture et ses épaules sont couvertes d'un camail ou "chaperon" dont le capuchon est bien visible en vue postérieure. Il porte un mortier et son pilon, emblème de la part thérapeutique de son titre de médecin. Le manteau doit correspondre à "la robe" rouge des docteurs en médecine, le chaperon pouvait être en fouurure (parfois frappée d'hermines) mais l'absence de polychromie, et l'absence de la coiffure (logiquement, un bonnet carré) ne nous permet pas d'être plus précis.

La statue est pourvue d'un trou à sa partie inférieure, ce qui "prouve" que la statue venait se fixer sur un plot, sans doute sur le soubassement du calvaire.

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Voir le saint Damien du calvaire de la chapelle de La Magdeleine à Briec :

Saint Côme et saint Damien : le calvaire (kersanton, XVIe siècle) de la chapelle de La Magdeleine à Briec-sur-Odet.

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Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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CONCLUSION.

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Ces descriptions anciennes, ces photos du XXe siècle et les statues conservées aujourd'hui permettent d'imaginer qu'au XVIe siècle, un calvaire à un croisillon s'élevait sur le placitre de la chapelle, doté d'un crucifix entouré de deux statues géminées de la Vierge/Marie-Madeleine et de Jean/Pierre, tandis qu'au moins une statue, celle de saint Damien tenant le mortier et le pilon, était placé indépendamment, peut-être sur le soubassement. Le calvaire a été déplacé car il génait la circulation.

Il parait logique d'imaginer qu'une statue de saint Côme (portant le vase d'urine) était également présente, dans une situation comparable à celle de saint Damien.

Les statues de la fontaine sont antérieures et datent du XVe siècle.

Le fût de la croix était différent de celui-ci, qui date du milieu du XVIIe siècle, qui n'a pas de croisillon et qui est d'un seul bloc avec le Christ de Roland Doré. Et le Christ contemporain des statues du XVIe siècle pouvait être comparable avec celui présent actuellement sur le calvaire du bourg.

Tout cela est cohérent avec ce que nous savons de la chapelle Saint-Côme : un premier édifice du XVe, construit peut-être au décours d'épidémies de peste [statues de kersanton de Côme et Damien de la fontaine]. Une possible intervention de Bertrand de Rosmadec, évêque de Quimper de 1416 à 1445 dont un blason épiscopal est conservé dans la chapelle. Une nouvelle édification au XVIe siècle, dont témoigne le chevet et du transept mais aussi les  statues de kersanton d'un ancien calvaire ; une importante campagne entre 1638 et 1675, sous l'impulsion du recteur Guillaume Kerfezou, avec l'intervention du sculpteur Roland Doré au bourg, à la chapelle Saint-Jean et ici.

Comme cela a été fait à la chapelle Saint Jean, il paraît légitime de replacer ces statues autour du calvaire : les statues géminées sur un croisillon, et la statue de saint "Côme" [Damien pour moi] sur le soubassement, comme l'a envisage l'association Folklore et Culture.

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Quelle serait la datation du soubassement triangulaire ? Du XVIe siècle.

Un élément important est la présence sur le calvaire des armoiries des Hirgaz (d'or à trois pommes de pin d'azur) en alliance à celles d’une autre famille. En effet, elles se retrouvent — quoique martelées — sur un socle de pierre, très mouluré, qui est de la première moitié du xvie siècle d’après son style, sous une statue de saint Damien .  Elles se voient aussi sur deux écus tenus par des têtes latérales qui ont servi de socle à des statues dans le collatéral nord. Ces socles sont en
kersanton. Nous pouvons donc penser que cet écu du soubassement date du XVIe siècle.

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DISCUSSION : L'ATTRIBUTION DES STATUES À L'ATELIER DE BASTIEN ET HENRI PRIGENT (Landerneau 1527-1577).

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Les premiers arguments sont les suivants :

a) la présence des larmes sur le visage de saint Jean. Hors, selon Emmanuelle Le Seac'h, auteure de référence, "Le trait commun aux deux Prigent se repère à un détail qui devient leur signe distinctif : trois larmes en relief roulent sur les joues de leurs Vierges éplorées au calvaire, leurs Vierges de Pitié , de Saint Jean et de Marie-Madeleine quand ils lui sont associés. L'appartenance au même atelier se reconnaît à quelques autres traits : l'arcade sourcilière nette, et les visages pointus.".

b) l'existence dans l'église du bourg de Saint-Nic d'une Déploration à cinq personnages sculptée par les Prigent, en kersanton qui a conservé sa polychromie, et dont les personnages sont en larmes.

c) L' atelier des Prigent est le principal atelier de sculpture du kersanton en Basse-Bretagne au milieu du XVIe siècle.

Mais Emmanuelle Le Seac'h n'a pas retenu ces scullptures (dont elle ignorait peut-être l'existence) dans soon catalogue raisonné de l'atelier Prigent.

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Nous pouvons aller plus loin en comparant le saint Jean avec les statues homologues d'autres calvaires.

1°) Le calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben.

 

Jean au calvaire, Bastien Prigent  calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent  calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent  calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

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2°) Le calvaire monumental de l'église de Prigent, daté de 1555.

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N.b : Sur le calvaire de Plougonven sculpté par les Prigent en 1554, le groupe de la Crucifixion n'est pas de l'atelier, mais de Yan Larhantec au XIXe siècle.

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Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

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Comparaison : la Vierge et Jean au calvaire, et saint Pierre, sur le calvaire de Dinéault.

Le calvaire de Dinéault réunit un Christ en croix de Roland Doré et la Vierge et Jean sur un croisillon de l'atelier Prigent. On notera la proximité des communes de Dinéault et de Saint-Nic. La statue de la Vierge est géminée avec un saint Sébastien, et Jean avec ... un saint Pierre.

L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault III. Le calvaire sculpté par Bastien Prigent puis Roland Doré.

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Jean au calvaire, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

arie au calvaire, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

arie au calvaire, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

Saint Pierre sur le croisillon, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

Saint Pierre sur le croisillon, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

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Pour info, le Christ de Roland Doré (kersanton, XVIIe siècle) à Saint-Côme et à Dinéault.

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Calvaire de Saint-Côme à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Calvaire de Saint-Côme à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

Calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

ANNEXE : LES STATUES DE LA FONTAINE (Kersanton, XVe, complétée au XXe).

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Le sculpteur moderne a représenté les deux saints avec le même attribut : il a imaginé une nouvelle tête pour saint Damien (à droite), qui tient un pot d'onguent type albarelle, mais en omettant de la couvrir du bonnet de docteur. Et il a conçu pour le buste de son frère une statue identique, où le saint porte également un pot de pharmacie (au lieu du vase d'urine) et est dépourvu également du couvre-chef auquel il pouvait prétendre.

Quel casse-tête pour ceux qui, plus tard, feront l'analyse de cette statuaire.

Toujours est-il que les chaussures , bien conservées, sont à bout pointu, un argument déterminant pour une datation au XVe siècle : à la fin du XVe.

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Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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La statue de gauche : seule la moitié inférieure est du XVe siècle.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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La statue de droite : saint Damien.

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Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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SOURCES ET LIENS.

 

—Cadastre 1811 Section C3 de Saint-Côme

https://recherche.archives.finistere.fr/document/FRAD029_00000003P#tt2-279

— CADIOU (Didier), 2022, Les restaurations des édifices religieux de Saint-Nic, revue Avel Gornog n° 30 page 19 et 20

— CASTEL (Yves-Pascal) 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère.

http://croix.du-finistere.org/commune/saint_nic.html

— CORDIER (Jean-Yves), blog lavieb-aile

COUFFON (René), Le Bars (Alfred), 1988, 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf

 

LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes, page 216.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

— MUSSAT (André), 1957, La chapelle saint-Côme de Saint-Nic, congrès archéologique.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3210063v/f139.item.r=come.zoom#

— PARCHEMINOU (Corentin), 1930  “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,” 

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/9720

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Prigent saints côme et damien Larmes

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  • : Le blog de jean-yves cordier
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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