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4 octobre 2023 3 04 /10 /octobre /2023 10:49

Les saints anargyres : iconographie de saint Côme et Damien dans la tradition byzantine, en Grèce : quelques exemples.

 

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Cet article s'intègre dans une étude de la représentation des deux saints frères et médecins, qui trouve son point de départ dans la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic (Finistère), s'étend à la Bretagne, puis à la France, et s'élargit désormais à la tradition orthodoxe découverte en Grèce. 

Il montre, sur cinq exemples d'icônes, une représentation homogène des saints et de leurs attributs, associant la spatule à onguent et la boite à remèdes compartimentée. Je n'ai pas trouvé d'exemple de représentation de saint Côme mirant les urines contenu dans un bocal en verre, si fréquemment retrouvée dans mon corpus de la tradition occidentale chrétienne. Mais bien entendu, la prospection de la tradition orthodoxe est ici très limitée.

 

 

 

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Voir les articles précédents sur l'iconographie des saints Côme et Damien :

En Bretagne

Hors Bretagne :

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I. La chapelle des  Saints Anargyres de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikià (Paros)

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Le culte de Côme et Damien est bien attesté  sur l'île de Paros  puisqu'il  existe un monastère des saints Anargyres à 5 km de Parikià, alors qu'à Naoussia, une plage touristique Agios Anargyroi témoigne d'une toponymie ancienne.

La basilique de la Panaghia Katapoliani de Parikià, port et ville principale de Paros, est le plus grand sanctuaire paléochrétien des Cyclades et le troisième plus grand de Grèce. Sa fondation remonte au ive siècle et le bâtiment actuel date du vie siècle.

La chapelle Agii anargyroi se trouve au sud du chœur. De part et d'autre de la porte en bois se trouvent dans des niches quatre icônes, dont une seule, à l'extrême gauche, est richement pourvue d'ex-voto en métal : celle de Côme et Damien.

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La chapelle des  Saints Anargyres de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikià (Paros).Photographie lavieb-aile 2023.

La chapelle des  Saints Anargyres de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikià (Paros).Photographie lavieb-aile 2023.

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L'icône montre les deux saints, dont l'identité est donnée par une inscription dégradée, dont on ne lit que, au centre, "[K]OSMAO. Ils sont tous les deux barbus, nimbés, et vêtus d'un manteau-chasuble à encolure carrée (phélonion), d'une tunique, et d'une robe.

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La chapelle des  Saints Anargyres de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikià (Paros).Photographie lavieb-aile 2023.

La chapelle des  Saints Anargyres de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikià (Paros).Photographie lavieb-aile 2023.

La chapelle des  Saints Anargyres de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikià (Paros).Photographie lavieb-aile 2023.

La chapelle des  Saints Anargyres de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikià (Paros).Photographie lavieb-aile 2023.

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Détail des attributs.

Les saints tiennent tous les deux un étui, oblong, qui s'ouvre par le milieu et dont les extrémités sont arrondies (ce qui écarte l'hypothèse d'un rouleau de parchemin).

Saint Damien tient entre index et majeur, dans un geste très précis, un ustencile dont l'extrémité, après une virole, s'évase en plumet. Il peut s'agir d'une spatule, ou d'une plume, servant en toute logique à appliquer les remèdes ou onguents contenus dans les étuis.

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La chapelle des  Saints Anargyres de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikià (Paros).Photographie lavieb-aile 2023.

La chapelle des  Saints Anargyres de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikià (Paros).Photographie lavieb-aile 2023.

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II. Une icône  des saints Anargyres de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikia (Paros).

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Immédiatement à gauche de l'iconostase, devant le pilier nord-est de la croisée du transept, un meuble en bois, orné en bas de deux belles peintures sur bois (le Saintes femmes au tombeau, et La rencontre du Christ et de la Samaritaine), reçoit une icône des saints anargyres, posée inclinée sous une lampe. Elle est entièrement en métal repoussé, sauf les têtes qui sont peintes.

Sur le métal sont gravés les mots : OI AGIOI ANARGYROI, puis KOSMAS, à gauche, et DAMIANOS, à droite.

En bas, entre les jambes des saints, on lit une inscription en lettres cursives datant cette icône de 1935.

Les deux saints, barbus, sont vêtus d'une épaisse et ample chape damassée (phélonion), d'une courte tunique (surplis ?) serrée par une ceinture, et  d'une robe plissée au dessus de solides chaussures à bout arrondi.

Chacun tient dans la main droite une spatule dont une extrémité est en forme de croix, alors que l'extrémité fonctionnelle est en forme de cuillère.

Dans la main gauche, ils portent une boîte à médicaments  carrée, compartimentée.

Au dessus d'eux, le Christ (ou Dieu) apparaît dans des nuées et les bénit. Il tient en main gauche un voile, dont le sens m'échappe.

 

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Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

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On me permettra une digression, me permettant de décrire les deux peintures sur bois du bâti du meuble.

 

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Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

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1. Les trois saintes femmes devant le tombeau vide face à deux anges.

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Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

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2. La rencontre de Jésus et de la Samaritaine (Jean 4:1-30).

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Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

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III. Une icône (18ème siècle)  des saints Anargyres provenant du monastère Agios Charalambos exposée au musée de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikia (Paros).

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Les deux saints sont barbus, la tête entourée d'un nimbe gravé et le sommet de la tête couronnée d'un nimbe ovale tenu par un ange dans des nuées. Tous les deux tiennent une spatule à onguent et sont vêtis d'une chasuble ou phélonion, d'un surplis et d'une robe.

Saint Côme (KOSMAS) est à gauche, il tient une spatule dont l'extrémité se termine par une croix? Il porte une boite à onguent ou à remèdes, compartimentée et dotée d'un couvercle. La chasuble à encolure carrée est violette et aux reflets soyeux, le surplis blanc est bordé d'or et de pierreries, la robe est verte.

Saint Damien (DAMIANOS) tient une spatule à extrémité sagittée, et un livre relié, fermé. Il porte une chasuble verte, un surplis rose et une robe rouge vermillon.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

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IV. Une icône (18ème siècle)   des saints Anargyres sur le volet d'un triptyque dela Vierge à l'Enfant  exposée au musée de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikia (Paros).

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Le saint de gauche fait un geste de bénédiction et tient un livre relié, celui de droite tient la spatule à onguent et la boite compartimentée à remèdes, rectangulaire.

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Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

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V. Retable (18ème siècle) du monastère des saints anargyres de Parikià exposée au musée de la basilique Panaghia Katapoliani de Parikia (Paros).

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Le retable a été réalisé par un artiste venant de l'île de Lesbos. L'icône des Anargyres est placée dans un meuble séparé. Ils sont bénis par le Christ environné de nuées. Ils tiennent là encore la spatule à onguent, terminée par une croix, et, chacun, une boite  à remèdes.

 

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.

Photographie lavieb-aile 2023.


 

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CONCLUSION.

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Les saints Anargyres (en grec byzantin, souvent employé au pluriel, ἀνάργυροι / anárgyroi), en anglais  Holy Unmercenaries .

Bien que, dans la tradition orthodoxe, il existe trois couples de saints Anargyres  sous les mêmes noms de KOSMAS et DAMIANOS, dans les trois cas médecins, frères et pratiquant leur art sans demander de rétribution (an-argyre, "sans argent", ils ne sont pas distincts, dans leur représentation picturale, et leurs attributs se retrouvent d'une icône à l'autre : la spatule à onguent et la boite à remèdes. Un livre (témoin de leur science ?) est souvent associé. 

Ces trois couples sont 

-Les saints anargyres d'Asie Mineure  (- 303). Ils étaient médecins et martyrs de l'orthodoxie, fils de sainte Théodote. Ils sont nés en Syrie et sont morts en 303 à Aiges de Cilicie en Asie Mineure . Le miracle qu’ils ont accompli en réussissant à transplanter une jambe d’un mort à un patient atteint de septicémie est bien connu. L'Église orthodoxe honore leur mémoire le 1er novembre .

-Les saints anargyres de Rome.  Ils réussirent à convertir l'empereur Carin au christianisme tout en étant torturés. Ils furent tués, probablement par un rival médical, en 284. L'Église orthodoxe honore leur mémoire le 1er juillet .

-Les saints anargyres de Cilicie  : ils furent martyrisés en Cilicie avec leurs frères Léontios, Anthimos et Eutrope, également médecins. L'Église orthodoxe honore la mémoire de tous les frères le 17 octobre .

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SOURCES ET LIENS.

https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%B4me_et_Damien#

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Published by jean-yves cordier - dans saints côme et damien
17 mars 2023 5 17 /03 /mars /2023 10:19

 Les statues (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.

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Voir :

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Données historiques sur le calvaire de Saint-Côme.

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Statut.

-Calvaire (cad. ZH 106) : inscription par arrêté du 31 mai 1927 

-Abords de la chapelle (cad. ZH 106) : inscription par arrêté du 20 août 1946 

-Chapelle Saint-Côme et les rangées d'arbres bordant le chemin qui contourne ladite chapelle au Sud et à l'Ouest (cad. ZH 106) : classement par arrêté du 21 octobre 1947

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Descriptions anciennes.

Nous disposons de plusieurs descriptions du calvaire de la chapelle Saint-Côme ; la description de la fontaine leur a été ajoutée puisqu'elle abrite deux statues de kersantite de Côme et Damien ayant une valeur de comparaison.

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1°) Jean-Marie Bachelot de la Pylaie, v. 1838 (réed. 1888) études archéologiques et géographiques, page 132.

https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=w39aAAAAcAAJ&q=c%C3%B4me#v=snippet&q=c%C3%B4me&f=false

"Il y a au bout de l'église, en même temps qu'à l'entrée de cette rue, une petite place au milieu de laquelle on voit une croix mutilée. Le fût ou bâton de celle-ci, ornée de nœuds ou de rameaux tronqués, est surmonté d'une petite croix terminale ronde, sur laquelle est appliqué le crucifix. Elle est en kersanton, ainsi que les apôtres [sic] qui accompagnent le pied du fût de la croix. Les personnages [étaient ] hauts de quatre pied, fort bien sculptés, mais d'un dessin incorrect."

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2°) Abbé Corentin Parcheminou, 1930,   Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux page 109

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf

"Devant la chapelle se dresse un petit calvaire mutilé, transporté à cet endroit, il y a quelques années, de derrière le chevet de l'église, où il gênait la circulation. C'est une vieille croix entourée de saints personnages et montée sur une base triangulaire. On reconnaît Saint Pierre tenant une clef, et Saint Côme broyant un remède dans un mortier. Un autre personnage tient une bourse dont il serre le col. Au pied de la croix est un écusson aux armes de Hirgarz en alliance avec celles d'une autre famille. A une centaine de mètres de la chapelle coule une jolie fontaine gothique contenant les statues de Saint Côme et de Saint Damien. L'une des statues n'a plus de tête."

On notera que l'abbé Parcheminou signale ailleurs que les éléments du calvaire de la chapelle Saint-Jean (celui de 1645) étaient, comme aujourd'hui ceux de Saint-Côme en 1930, réunis au fond de la chapelle : "Au fond de la chapelle, on a déposé les débris de l'ancien calvaire. ". La calvaire a été, depuis, parfaitement remonté.

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3°) André Mussat, 1957,  "Saint-Nic : La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien" Congrès archéologique de France , Cornouaille , 1957 , pp . 130-138 ..

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3210063v/f132.item.r=come

"Le calvaire et la fontaine. — À l’angle sud-ouest de l’église se dressent les débris d’un calvaire qui fut certainement important. Sur un socle triangulaire, il reste une partie du fût ébranché, la croix du Christ, et plusieurs, statues de granit [sic] assez abîmées. On y reconnaît la Vierge adossée à Marie-Madeleine, un Saint Pierre avec sa grande clef, enfin deux statues qui sont sans doute celles de saint Côme et de saint Damien. L’un d’eux tient un mortier et un pilon, l’autre porte à sa ceinture un écritoire et un rouleau.
Ce calvaire est écussonné et on y reconnaît des armoiries écartelées dans lesquelles se trouve l’alliance d’Hirgaz (On ne peut malheureusement déchiffrer la senestre de ces armoiries).

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A quelque distance, dans un pré qui descend vers la mer, se trouve la fontaine des deux saints. C’est un édicule très simple protégé par deux murets parallèles, avec au fond une profonde niche surmontée d’un pignon sans décor. Au fond de cette niche, deux statues anciennes de saint Côme et saint Damien, presque identiques : chacune porte un pot à onguents et est coiffée d’un bonnet en forme de calotte (au calvaire, les deux statues sont tête nue). "

Photographie P. Dubost:

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Remarque : André Mussat a confondu saint Jean l'évangéliste, identifiable par son plumier et son encrier, avec l'un des deux frères médecins.

Sur le cliché, la statue de Jean est encore sur le soubassement, avec sa tête sur les épaules. Et saint "Côme" possède encore également sa tête. 

-La datation des statues de la fontaine, proposée par André Mussat, est du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. Aujourd'hui, la tête de l'une est perdue, tandis que c'est tout le buste de l'autre qui n'est plus d'origine. Mais les saints portent des chaussures pointues à la mode au XVe siècle (tandis que les chaussures des personnages du calvaire sont rondes, selon la mode du XVIe).

La fontaine de la chapelle Saint-Côme-et saint Damien de   Saint-Nic (Finistère) : les statues (kersanton, XVIe siècle) des saints patrons.

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4°)Description par Loyer,  Mosser Françoise,  Bréjon,  Jullien, 1968, revu en 1976 par Ducouret  in dossier IA00005244  de l'Inventaire Général.

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00005244_01.pdf

"Situé dans l'enclos ( angle Sud-Ouest), aspecté au Nord-Est.

-granite, grand appareil réglé.

-Soubassement à deux degrés de plan triangulaire, base appareillée de même plan, fût écoté cassé supportant la croix ; sur la base sont posées des statues, certaines en place, d'autres proviennent de la traverse supérieure disparue.

-Représentation : Groupe de Crucifixion (Christ, Vierge, St Jean, Madeleine et saint Pierre) et statue de saint Côme ; statue de saint Damien disparue.

-H. totale actuelle 263 cm.

-Etat de conservation : mauvais.

-Un écu martelé sur la face Sud-Est.

-Datation : milieu du XVIIe siècle.

-Attribution : atelier de Rolland Doré (sculpture)

Fontaine non datée : XVIe ou XVIIe ?"

 

 

-La datation estimée (milieu du XVIIe) et l'attribution à Roland Doré ne sont justifiées que pour le Christ, de style typique de l'atelier, mais les autres statues sont plus anciennes et d'un style très différent de celui de Roland Doré. Roland Doré a exécuté les statues géminées des personnages entourant le Christ du calvaire (XVe et milieu XVIIe) de l'église du bourg, le Christ étant hors atelier doréen,  et peut-être le calvaire de 1645 de la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic.

https://www.lavieb-aile.com/2019/05/le-calvaire-de-l-eglise-de-saint-nic.html

https://www.lavieb-aile.com/2018/06/la-chapelle-saint-jean-a-saint-nic-29-calvaire-inscriptions-sculptures-exterieures.html

 

-En 1968, les photos montre que le soubassement triangulaire du calvaire supportait les trois statues adossées au fût  de Marie-Madeleine/Vierge, de saint Pierre et de saint "Côme", tandis que la statue de saint Jean (dont nous montrons qu'elle était géminée à saint Pierre) était conservée (avec sa tête, brisée mais placée sur la statue) contre un pilier de la chapelle.

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5°) Cliché des statues sur le calvaire :  in dossier IA00005244 réalisé en 1968

https://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-damien-saint-come-saint-nic/efd0fcef-1bdb-4d23-8991-2d5d727de52d

Le dossier de l'Inventaire propose trois clichés du calvaire  prises par François Dagorn à une date non précisée, mais avant le remaniement du placitre,  et cinq clichés prises par Samson sans doute vers 1968, et après le remaniement du placitre.  À cette date, les statues de saint Pierre, de saint "Côme" portant le pot à onguent, et de sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge, sont installées sur le soubassement du calvaire, et la statue de saint Jean est placée dans l'église. Les photographies des statues de la fontaine sont également présentes.

-Il serait intéressant de consulter le fond des clichés du Dr Louis Le Thomas conservé par la DRAC de Rennes ( 15500 clichés entre 1948 et 1961)  : des clichés de la charpente présentés sur ce dossier proviennent de ce fond, attestant de la visite de ce photographe .

 


 

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6°) Couffon et Le Bars 1980 :

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/ce04ce4688eec94939d3300b0299ab59.pdf

"Dans le placitre (site inscrit), petit calvaire mutilé (I.S.) : Christ de Roland Doré et, sur le socle triangulaire, statues en pierre de l'Apôtre saint Pierre et des saints Jean et Madeleine géminés, toutes décapitées. Fontaine en contrebas dans la prairie : voûte à fronton, statues des deux saints mutilées."

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Le calvaire aujourd'hui.

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 Le  calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2018.

Le calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2018.

 

 

 

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Description actuelle des statues conservées dans la chapelle et analyse stylistique.

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I. LES STATUES GÉMINÉES : PIERRE/JEAN (DISSOCIÉES) ET MARIE-MADELEINE/VIERGE.

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Ces statues géminées témoignent de l'existence d'un calvaire plus conséquent de la croix actuelle puisque ces statues géminées sont toujours placées sur un croisillon disposant la Vierge à droite du Crucifix, saint Jean à sa gauche, dans une orientation dirigée vers l'ouest, alors que l'autre face du calvaire, tourné vers l'est présentent les deux autres personnages, ici Marie-Madeleine adossée à la Vierge et dont à droite, et saint Pierre adossé à Jean et placé à gauche.

Le Christ actuel est de Roland Doré, il pourrait provenir du calvaire du bourg, dont le croisillon porte les statues géminées Vierge/diacre et Jean/diacre de l'atelier de Roland Doré.

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A. LA STATUE DE SAINT JEAN ÉVANGÉLISTE.

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Jean est présenté bras croisés devant la poitrine ; ses cheveux sont abondants mais non bouclés, mi-longs, taillés au dessus de la nuque ; il porte une cotte talaire laissant apercevoir des chaussures à bout rond, et un manteau au col rabattu et aux manches — peu larges— à revers, fermé sous la gorge par un bouton rond. Un pli du manteau forme un équivalent de camail autour des épaules.

La cotte ou robe est serrée à la taille par une ceinture où se faufile une lanière réunissant un "écritoire" ou plumier, et un encrier, attestant de la fonction du saint, auteur de l'évangile éponyme (et du Livre de l'Apocalypse).

La tête est inclinée vers la gauche et tournée vers le haut et la droite, c'est à dire vers le Christ du Crucifix. Les yeux sont ovales, et globuleux.

La statue est non seulement brisée dans le plan coronal et séparée de la statue de saint Pierre avec laquelle elle était géminée, mais aussi brisée au quart inférieur sur un trajet oblique bien que cette fracture ait été réparée (au prix de traces du mortier). Une fissure (ou une ombre??) court le long d'un pli du côté droit. Enfin, la tête est séparée du corps, mais s'y ajuste parfaitement : elle attend une décision de scellement.

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Cliché Samson, Inventaire.

 

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 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.  Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.  Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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Les larmes.

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Trois courtes larmes coulent sous chaque paupière inférieure. Ce détail évoque fortement la pratique de l'atelier des Bastien et Henri Prigent (1527-1577) de Landerneau, tant pour les trois personnages de leurs calvaires (Marie, Jean et Marie-Madeleine) que pour les mêmes personnages de leurs Déplorations (Bourg de Saint-Nic, 1560 ; Plourin).

La perte des têtes de la Vierge et de Marie-Madeleine ne permet pas de vérifier la très probable présence de larmes identiques sur leur visage.

Sur les calvaires, les larmes sont réservées, dans la peinture dès le XVe siècle, et dans la sculpture, à ces trois personnages ou aux deux autres Saintes Femmes : l'identification de saint Jean, pour évidente qu'elle soit, est confirmée.

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 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.  Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.  Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

 Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.  Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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B. LA STATUE DE SAINT PIERRE.

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Le chef des Apôtres porte ici dans la main droite la clef qui permet de l'identifier. Elle dépasse la taille du buste, son anneau est losangique et le panneton complexe adopte un motif en croix.

Il est vêtu d'une cotte talaire ou robe à gros plis parallèles, serrée par une ceinture, et d'un manteau dont il tient de la main gauche le pan.

Un livre ("Livre des Apôtres") est retenu sous l'aisselle entre torse et bras gauche.

Les pieds sont, de règle, nus.

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État : Le panneton et de l'anneau sont partiellement brisés, de même que les pieds, et, bien-sûr, la partie dorsale qui rejoignait la statue de Jean.

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Cliché Samson v.1968.

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 Saint Pierre (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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C. LES STATUES DE SAINT JEAN ET DE SAINT PIERRE PEUVENT ÊTRE RÉUNIES.

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Elle étaient auparavant taillées dans un bloc monolithique comme toutes les statues géminées des croisillons.

Il semble judicieux de reconstituer par scellement le blog d'origine.

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Saint Pierre et saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre et saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre et saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Pierre et saint Jean (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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D. LES STATUES GÉMINÉES DE MARIE-MADELEINE ET DE LA VIERGE AU CALVAIRE.

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Les deux statues ont perdues leur tête : cette destruction systématique des statues relève probablement du vandalisme  ayant marqué la Révolution. "Il y avait dans la chapelle de nombreux enfeus ; ils furent comblés sur ordre du Conseil municipal en janvier 1791. La destruction des armoiries également décidée fut effectuée le 30 avril 1791. " (Mussat)

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Marie-Madeleine s'identifie par son attribut, le flacon de parfum ou d'aromates qu'elle porte des deux mains. Elle s'identifie également à son élégance vestimentaire, ses manches bouffantes plissées, la dentelle des poignets et de l'encolure,  sa taille fine, son corsage moulant, et ses cheveux longs et dénoués. Les chaussures sont à bout rond et semelle épaisse.

Elle porte un surcot et un manteau largement ouvert, dont les pans sont réunis par un fermail de tissu orné d'un médaillon.

L'état de préservation est bon hormis le manque de la tête.

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Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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La Vierge au calvaire.

Elle devait avoir la tête voilée, et les yeux larmoyants. Elle porte un manteau (assez proche de celui de Marie-Madeleine), une robe serrée par une ceinture, et des chaussures rondes. La jambe gauche est légèrement avancée et fléchie. On distingue le bas d'une guimpe couvrant la gorge.

Ses mains sont jointes. Le pan gauche du manteau est attaché au poignet gauche, comme c'était l'usage.

Les mains sont brisées ; mais la tranche de section montre une pierre non altérée évoquant un accident récent. En effet, sur les clichés de Samson, les mains sont présentes.

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Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Sainte Marie-Madeleine géminée avec la Vierge (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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II. LA STATUE DE SAINT "CÔME".

 

Note : je reprends la désignation de cette statue, par les différents auteurs, comme étant celle de saint Côme, mais j'ai démontré que ce saint est représenté, lorsque son nom est spécifié de façon valide, avec son attribut, la matula ou flacon d'urine permettant l'uroscopie. Au contraire, saint Damien tient le flacon d'onguent, et parfois la spatule.

Iconographie de Saint Côme et saint Damien en Bretagne, sur une vingtaine de sites, sur les porches de Landivisiau (1554), Bodilis (1570), et Saint-Houardon de Landerneau (vers 1554), à Saint-Nic, Plougastel, La Martyre, Ploudiry, Languivoa, etc,  etc... .Avec une petite iconographie générale (enluminures, ...).

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Le saint est placé sur une console qui compense sans doute la perte de la partie inférieure et notamment de ses pieds (ou bien cette partie basse n'a pas été achevée). Il porte un manteau d'étoffe épaisse (les manches se rebroussent aux poignets), plissée, serré par une ceinture et ses épaules sont couvertes d'un camail ou "chaperon" dont le capuchon est bien visible en vue postérieure. Il porte un mortier et son pilon, emblème de la part thérapeutique de son titre de médecin. Le manteau doit correspondre à "la robe" rouge des docteurs en médecine, le chaperon pouvait être en fouurure (parfois frappée d'hermines) mais l'absence de polychromie, et l'absence de la coiffure (logiquement, un bonnet carré) ne nous permet pas d'être plus précis.

La statue est pourvue d'un trou à sa partie inférieure, ce qui "prouve" que la statue venait se fixer sur un plot, sans doute sur le soubassement du calvaire.

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Voir le saint Damien du calvaire de la chapelle de La Magdeleine à Briec :

Saint Côme et saint Damien : le calvaire (kersanton, XVIe siècle) de la chapelle de La Magdeleine à Briec-sur-Odet.

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Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Saint Damien (kersanton, probable atelier Prigent, milieu XVIe siècle) du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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CONCLUSION.

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Ces descriptions anciennes, ces photos du XXe siècle et les statues conservées aujourd'hui permettent d'imaginer qu'au XVIe siècle, un calvaire à un croisillon s'élevait sur le placitre de la chapelle, doté d'un crucifix entouré de deux statues géminées de la Vierge/Marie-Madeleine et de Jean/Pierre, tandis qu'au moins une statue, celle de saint Damien tenant le mortier et le pilon, était placé indépendamment, peut-être sur le soubassement. Le calvaire a été déplacé car il génait la circulation.

Il parait logique d'imaginer qu'une statue de saint Côme (portant le vase d'urine) était également présente, dans une situation comparable à celle de saint Damien.

Les statues de la fontaine sont antérieures et datent du XVe siècle.

Le fût de la croix était différent de celui-ci, qui date du milieu du XVIIe siècle, qui n'a pas de croisillon et qui est d'un seul bloc avec le Christ de Roland Doré. Et le Christ contemporain des statues du XVIe siècle pouvait être comparable avec celui présent actuellement sur le calvaire du bourg.

Tout cela est cohérent avec ce que nous savons de la chapelle Saint-Côme : un premier édifice du XVe, construit peut-être au décours d'épidémies de peste [statues de kersanton de Côme et Damien de la fontaine]. Une possible intervention de Bertrand de Rosmadec, évêque de Quimper de 1416 à 1445 dont un blason épiscopal est conservé dans la chapelle. Une nouvelle édification au XVIe siècle, dont témoigne le chevet et du transept mais aussi les  statues de kersanton d'un ancien calvaire ; une importante campagne entre 1638 et 1675, sous l'impulsion du recteur Guillaume Kerfezou, avec l'intervention du sculpteur Roland Doré au bourg, à la chapelle Saint-Jean et ici.

Comme cela a été fait à la chapelle Saint Jean, il paraît légitime de replacer ces statues autour du calvaire : les statues géminées sur un croisillon, et la statue de saint "Côme" [Damien pour moi] sur le soubassement, comme l'a envisage l'association Folklore et Culture.

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Quelle serait la datation du soubassement triangulaire ? Du XVIe siècle.

Un élément important est la présence sur le calvaire des armoiries des Hirgaz (d'or à trois pommes de pin d'azur) en alliance à celles d’une autre famille. En effet, elles se retrouvent — quoique martelées — sur un socle de pierre, très mouluré, qui est de la première moitié du xvie siècle d’après son style, sous une statue de saint Damien .  Elles se voient aussi sur deux écus tenus par des têtes latérales qui ont servi de socle à des statues dans le collatéral nord. Ces socles sont en
kersanton. Nous pouvons donc penser que cet écu du soubassement date du XVIe siècle.

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DISCUSSION : L'ATTRIBUTION DES STATUES À L'ATELIER DE BASTIEN ET HENRI PRIGENT (Landerneau 1527-1577).

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Les premiers arguments sont les suivants :

a) la présence des larmes sur le visage de saint Jean. Hors, selon Emmanuelle Le Seac'h, auteure de référence, "Le trait commun aux deux Prigent se repère à un détail qui devient leur signe distinctif : trois larmes en relief roulent sur les joues de leurs Vierges éplorées au calvaire, leurs Vierges de Pitié , de Saint Jean et de Marie-Madeleine quand ils lui sont associés. L'appartenance au même atelier se reconnaît à quelques autres traits : l'arcade sourcilière nette, et les visages pointus.".

b) l'existence dans l'église du bourg de Saint-Nic d'une Déploration à cinq personnages sculptée par les Prigent, en kersanton qui a conservé sa polychromie, et dont les personnages sont en larmes.

c) L' atelier des Prigent est le principal atelier de sculpture du kersanton en Basse-Bretagne au milieu du XVIe siècle.

Mais Emmanuelle Le Seac'h n'a pas retenu ces scullptures (dont elle ignorait peut-être l'existence) dans soon catalogue raisonné de l'atelier Prigent.

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Nous pouvons aller plus loin en comparant le saint Jean avec les statues homologues d'autres calvaires.

1°) Le calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben.

 

Jean au calvaire, Bastien Prigent  calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent  calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent  calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

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2°) Le calvaire monumental de l'église de Prigent, daté de 1555.

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N.b : Sur le calvaire de Plougonven sculpté par les Prigent en 1554, le groupe de la Crucifixion n'est pas de l'atelier, mais de Yan Larhantec au XIXe siècle.

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Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent 1555, calvaire monumental de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

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Comparaison : la Vierge et Jean au calvaire, et saint Pierre, sur le calvaire de Dinéault.

Le calvaire de Dinéault réunit un Christ en croix de Roland Doré et la Vierge et Jean sur un croisillon de l'atelier Prigent. On notera la proximité des communes de Dinéault et de Saint-Nic. La statue de la Vierge est géminée avec un saint Sébastien, et Jean avec ... un saint Pierre.

L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault III. Le calvaire sculpté par Bastien Prigent puis Roland Doré.

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Jean au calvaire, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

Jean au calvaire, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

arie au calvaire, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

arie au calvaire, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

Saint Pierre sur le croisillon, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

Saint Pierre sur le croisillon, Bastien Prigent kersanton, milieu XVIe, calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

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Pour info, le Christ de Roland Doré (kersanton, XVIIe siècle) à Saint-Côme et à Dinéault.

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Calvaire de Saint-Côme à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Calvaire de Saint-Côme à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

Calvaire de l'église de Dinéault. Photographie lavieb-aile.

ANNEXE : LES STATUES DE LA FONTAINE (Kersanton, XVe, complétée au XXe).

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Le sculpteur moderne a représenté les deux saints avec le même attribut : il a imaginé une nouvelle tête pour saint Damien (à droite), qui tient un pot d'onguent type albarelle, mais en omettant de la couvrir du bonnet de docteur. Et il a conçu pour le buste de son frère une statue identique, où le saint porte également un pot de pharmacie (au lieu du vase d'urine) et est dépourvu également du couvre-chef auquel il pouvait prétendre.

Quel casse-tête pour ceux qui, plus tard, feront l'analyse de cette statuaire.

Toujours est-il que les chaussures , bien conservées, sont à bout pointu, un argument déterminant pour une datation au XVe siècle : à la fin du XVe.

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Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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La statue de gauche : seule la moitié inférieure est du XVe siècle.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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La statue de droite : saint Damien.

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Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

Fontaine de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 2023.

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SOURCES ET LIENS.

 

—Cadastre 1811 Section C3 de Saint-Côme

https://recherche.archives.finistere.fr/document/FRAD029_00000003P#tt2-279

— CADIOU (Didier), 2022, Les restaurations des édifices religieux de Saint-Nic, revue Avel Gornog n° 30 page 19 et 20

— CASTEL (Yves-Pascal) 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère.

http://croix.du-finistere.org/commune/saint_nic.html

— CORDIER (Jean-Yves), blog lavieb-aile

COUFFON (René), Le Bars (Alfred), 1988, 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf

 

LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes, page 216.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

— MUSSAT (André), 1957, La chapelle saint-Côme de Saint-Nic, congrès archéologique.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3210063v/f139.item.r=come.zoom#

— PARCHEMINOU (Corentin), 1930  “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,” 

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/9720

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Prigent saints côme et damien Larmes
22 juin 2019 6 22 /06 /juin /2019 14:37

Iconographie des saints Côme et Damien : la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal.

 

Voir sur cette chapelle :

 

 

 

 

 


 


 

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Voir les articles précédents sur l'iconographie des saints Côme et Damien :

 

 

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Introduction.

Lorsque, à partir de la chapelle Saint-Côme-et-Saint-Damien de la paroisse de Saint-Nic, je me suis interrogé sur la localisation du culte des deux médecins jumeaux en Bretagne,  j'ai découvert de nombreux sanctuaires conservant encore leurs statues, notamment en Finistère, tant en Léon qu'en Cornouaille. L'iconographie de saint Côme et de saint Damien est donc riche en Basse-Bretagne. Elle associe le plus souvent la représentation d'un saint vêtu en docteur (Côme) qui lève vers la lumière un flacon d'urine afin de juger de l'état d'un ou d'une patiente, avec celle d'un alter ego (Damien)   tenant un pot d'onguent.  Soit les figures de l'alliance nécessaire   du diagnostic et de la thérapeutique  en médecine.

Or, je peux aujourd'hui ajouter un autre exemple qui m'avais échappé, alors qu'il se trouve dans  une chapelle très proche de celle de Saint-Nic. En effet,  25 km seulement séparent cette commune de celle de Saint-Ségal, avec sa chapelle dédiée à saint Sébastien. L'Aulne serpente entre les deux sites.

Pourtant, il m'aurait suffi de mieux consulter l'Iconographie  des saints médecins Côme et Damien de Marie Louise David-Danel, publié en 1958, puisqu'elle y signalait dans son inventaire  la mention : "SAINT-SÉBASTIEN-en-SAINT-SÉGAL (Finistère) - Panneau Sculpté : Un Saint."

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Aujourd'hui, les deux saints sont représentés, sur le volet gauche de la niche d'un saint Joseph à l'Enfant de la chapelle nord du chœur.

C'est un panneau en bois polychrome daté (par rapprochement avec la date des retables voisins) de 1714-1729, divisé en trois compartiment avec de haut en bas, un saint évêque, puis saint Damien, puis saint Côme qui ne dispose que d'un demi-compartiment.
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Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

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Volet gauche, Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

Volet gauche, Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

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1°) Saint Damien, sa spatule et son pot d'onguent.

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Il est coiffé de la barrette rouge des docteurs en médecine de l'Ancien Régime, et porte sur une longue robe blanche un manteau bleu à revers or. Il tient d'une main le pot d'onguent et de l'autre ce qui peut être vu comme une spatule, mais qui a plutôt la forme d'une lancette. Nous aurions alors les deux branches de la Thérapeutique, l'acte manuel, et la prescription ou administration de médicaments : car cette lancette est nécessaire à la saignée, qui prend une place alors majeure dans les traitements.

Les cheveux mi-longs et bouclés sont sculptés, nous sommes presque sûrs qu'ils sont d'origine. Par contre, comme je ne dispose pas du dossier de restauration, j'ignore si la moustache Louis XIII était présente ou s'il elle relève du choix du peintre-restaurateur. On peut faire confiance à ce dernier pour être certain qu'elle n'a pas été placée ici à la légère.

On somme, nous avons toutes les caractéristiques de l'iconographie de ce saint.

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Saint Damien, Volet gauche, Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

Saint Damien, Volet gauche, Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

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Saint Damien, Volet gauche, Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

Saint Damien, Volet gauche, Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

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2°) Saint Côme et son urinal.

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Il est coiffé de la barrette de docteur, et vêtu d'une robe noire recouverte d'un camail. On pourrait le confondre avec un prêtre (saint Yves par exemple), s'il n'élevait vers la lumière la matula ou urinal de couleur jaune tout en la désignant de la main gauche pour appuyer sa sentence.

Cet attribut, et son association avec saint Damien, lèvent tout doute sur son identification. 

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Saint Côme, volet gauche, Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

Saint Côme, volet gauche, Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

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3°) Le panneau supérieur : un saint évêque.

Aucun indice ne vient préciser l'identité de ce personnage, qui peut être un évêque (comme Corentin, puisque la chapelle est située dans son diocèse, ou Séverin, patron de l'église paroissiale), ou un abbé (comme Guénolé, abbé de Landévennec).

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Saint évêque, volet gauche, Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

Saint évêque, volet gauche, Niche de Saint Joseph à l'Enfant, chapelle nord, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

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Discussion.

 

Marie-Louise David-Danel a signalé en 1958 la présence d'un des deux saints en la chapelle Saint-Sébastien, ni dire lequel, ni dire à quel endroit, mais je n'ai pas trouvé d'autre témoignage de cette présence. René Couffon n'en parle pas. Les photos qui précèdent les campagnes récentes de restauration montrent la niche de saint Joseph dépourvue de volet. (François Dagorn noir et blanc puis Bernard Bègne couleur, sans date)

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-sebastien-saint-sebastien-saint-segal/3161081b-4d98-4287-a98a-4abeed58a9dc

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/illustration/ivr5320092900482nuca/a5b5c57b-6ab4-401a-9230-63c9b1c884d6

Aucune photo de retable nord dans le diaporama de la Fondation du Patrimoine

https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/retables-de-la-chapelle-saint-sebastien-a-saint-segal

La plus grande confusion existe. En 1915, Y. Madec décrivait autour de la niche de saint Joseph les "statuettes" des douze apôtres ; mais ceux-ci entourent aujourd'hui la niche de la Vierge.

Lors de ma visite en janvier 2012 (faible éclairage de la lumière d'hiver), j'ai pris les clichés suivants :

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Photographie lavieb-aile 10 janvier 2012.

Photographie lavieb-aile 10 janvier 2012.

photographie lavieb-aile 10 janvier 2012.

photographie lavieb-aile 10 janvier 2012.

photographie lavieb-aile 10 janvier 2012.

photographie lavieb-aile 10 janvier 2012.

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La dernière campagne de restauration s'est déroulée entre 2013 et 2017 sous la direction de Marie-Suzanne de Pontaud, architecte en chef des monuments historiques, par l'entreprise LE BER de Sizun (menuiserie) et COREUM de Bieuzy (peinture) : les lieux sont transformés.

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Retable nord du chœur, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

Retable nord du chœur, chapelle Saint-Sébastien, Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 21 juin 2019.

 

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2. La peste et les saints Côme et Damien.

On sait que la chapelle Saint-Sébastien a été bâtie dans la seconde moitié du XVIe siècle pour conjurer la peste. Saint Sébastien, tout comme saint Roch, sont invoqués contre les épidémies meurtrières regroupées sous le nom de "peste". On pense que la chapelle "Saint-Côme et Saint-Damien" de Saint-Nic fut  aussi  construite au début du XVIe siècle pour la même raison. 

En effet, les deux frères médecins étaient sollicités contre la peste :

— À Venise, dans la sacristie de la Salute :  un tableau attribué soit à Giorgione, qui mourut de ce mal, soit au Titien, Le Triomphe de saint Marc, montre saint Marc  entouré de saint Roch et saint Sébastien à sa droite et de saint Côme et saint Damien à sa gauche. Il glorifie la libération de Venise de la peste de 1500.

— À la chapelle de l'Ouradou à Saint-Côme d'Olt en Aveyron, contre la peste de 1586 (2600 victimes)

— La Nécropole Saint-Côme et saint Damien à Montpellier est le  charnier de l'épidémie de 1348.

— En 1652, l'épidémie de peste dans  la ville d'Argelès cessa le jour même de la fête de Côme et Damien le 26 septembre. Ils deviennent alors les nouveaux patrons de la paroisse.

— La même année 1652 face à la même épidémie, l'église de Serdynia (Pyrénnées-Orientales) commande à Louis Géneres un retable en l'honneur de Côme et Damien. Il sera réalisé en 1661, et doré en 1664. "Sur ce retable, Côme et Damien sont encadrés par des représentations de saint Sébastien et saint Roch, invoqués tous deux contre la peste. L’évêque d’Elne P. Benoit de Santa Maria avait demandé le 8 avril 1587 que la fête de ces saints soit solennellement célébrée dans tout le diocèse pour les remercier de leur intercession lors des épidémies. Les statues de la chapelle catalane représentent les saints en costume de l’époque où domine le bleu rehaussé d’or ; l’un à la bouche soulignée d’une moustache, tenant de sa main gauche un coffret, l’autre, dont les traits féminins contrastent avec ceux du précédent, présentant un livre ouvert. La dissemblance des traits des deux personnages est en désaccord avec les représentations usuelles des deux frères jumeaux. Le sculpteur n’a pas représenté la matula et a donné la préférence aux attributs plus nobles, boîte à onguents ou coffret réservé aux instruments, suivant ainsi la tradition italienne, florentine et vénitienne en particulier. Le retable actuel a remplacé un autre retable, de la fin du XVe siècle. " (Dousset)

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La présence des deux médecins martyrs est donc parfaitement logique dans cette chapelle, à coté des statues de saint Sébastien et de saint Roch.

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CONCLUSION.

Ma découverte inopinée d'un nouvel exemple iconographique du culte des saints Côme et Damien en Finistère, dans le proche voisinage de la chapelle qui leur est dédiée à Saint-Nic, est une surprise qui me procure ce si agréable chatouillement pétulant de l'esprit . C'est encore une fois une confirmation de la stéréotypie des traits iconographiques, tant vestimentaires que par les attributs représentés, et de l'importance de l'urinal, témoin de celle de l'uroscopie dans la médecine du temps . Le lien, ici évident, avec les épidémies de peste incite à en voir la valeur dans les sanctuaires où il n'est pas aussi clairement attesté.

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Il est peut-être trop solidement établi que Côme et Damien sont les saints patrons des médecins (et plus tard des apothicaires), ce qui incite à restreindre leur culte à un secteur professionnel et à oublier qu'il furent d'abord et surtout invoqués, non pas par les médecins, mais par les malades, ou par les communautés éprouvés par les menaces sanitaires.

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Il resterait à bénéficier d'une meilleure information et une meilleure documentation, disponible en ligne et accessible au public plutôt que confiné dans les dossiers des  services de l'Etat, sur le suivi dans le temps de ces éléments mobiliers : date où ils ont été mentionnés dans les inventaires, état avant les restaurations, importance des restaurations nécessaires et techniques employés, indices relevés. Paradoxalement, c'est aujourd'hui par l'intermédiaire des journalistes que des bribes d'informations nous parviennent  (cf. articles de Ouest-France). Ces informations sont nécessaires en Histoire de l'Art.

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ANNEXE : ARTICLES OUEST-FRANCE 2015 et 2017

 

https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-segal-29590/saint-sebastien-la-polychromie-est-validee-3149393

https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-segal-29590/saint-segal-les-travaux-de-saint-sebastien-enfin-termines-5250737

 

 

Une réunion a eu lieu la semaine dernière dans la chapelle Saint-Sébastien. Le retable principal avait retrouvé sa place fin octobre 2014, après une restauration de l'entreprise Le Ber qui a nécessité 1 400 heures de travail pour réparer certains éléments et effectuer un traitement insecticide.

L'entreprise Coreum a ensuite pris le relais pour rénover les peintures et réaliser la polychromie. Elle a présenté son travail à Virginie Foutel, adjointe au patrimoine, à Christine Jablonski, de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), et à Isabelle Kergadennec, responsable du mobilier classé au sein du conseil général.

Et les résultats sont assez impressionnants. Après 1 100 heures de travail, les couleurs retrouvées redonnent vie à ce superbe ensemble qui ne laissera pas les visiteurs indifférents. La dernière étape va pouvoir suivre. Le vernissage sera effectué courant février. Selon Vincent Cherel, de la société Coreum, « le résultat en sera encore amélioré. Le vernis apportera de la profondeur aux peintures, de la vivacité. »

Pour André Le Gall, le maire, présent lors de cette réunion, une décision s'impose. « Je vais demander l'ouverture la chapelle lors du pardon de juillet. Il faut que les habitants de la commune voient ce que nous avons fait de leurs impôts. »

 

 

Un article de Ouest-France du 16 septembre 2017 nous donne de précieuses informations :

"Depuis 2013, la chapelle Saint-Sébastien fait l’objet de travaux. Ceux-ci ont permis de faire de nombreuses découvertes, comme des peintures d’origine, des sculptures ou même des ossements.

Les retables de la chapelle Saint-Sébastien sont nationalement reconnus, parmi les premiers mobiliers d’église bretonne à être classés aux Monuments historiques en 1914, la même année que les enclos de Guimiliau et Saint-Thégonnec. Cette datation montre l’intérêt de cet édifice.

Décision prise en 2010 

Dès octobre 2010, le choix fut fait par la municipalité de rénover l’ensemble des retables dont l’état était préoccupant et avait, plusieurs fois déjà, fait l’objet de récolements de la part de Ia Drac (Direction régionale des affaires culturelles).

Des sculptures tenues par de la colle

Une première étude détaillée, permettant un diagnostic pointu des désordres structurels de l’ensemble des retables, fut réalisée. Il fut édifiant :

certaines parties des sculptures et panneaux ne tenaient plus que par l’usage de colle et de papier mâché, placés au XIXe siècle.

450 000 euros de travaux

La rénovation s’imposait, et la restauration débutait en novembre 2013. En raison du montant des travaux, 450 000 € dont 55 000 € à la charge de la commune, ils se déroulèrent en trois phases : d’abord le retable du maître-autel, puis celle du retable nord, et enfin celle du retable sud.

L'objet de cours aux Beaux-Arts

Cette dernière phase se termine, l’entreprise Le Ber, de Sizun, spécialisée en menuiserie d’art et sculptures, et l’atelier Coréum, pour la polychromie, sont parvenues à restaurer la splendeur de ce mobilier qui, à l’école des Beaux-Arts du Louvre, fait l’objet de six heures de cours lors de l’étude de la polychromie bretonne.

De nombreuses surprises

Les surprises furent nombreuses lors de ces travaux. D’abord, lors du démontage des retables, la découverte des peintures d’origine, datant du début des années 1700, et d’éléments mobiliaires, comme les niches servant au rangement des burettes, et qui étaient tombées dans l’oubli. Les peintures, bien que maintenant recouvertes par les boiseries, ont fait l’objet d’une attention particulière et sont désormais sauvegardées.

Retour d'éléments volés

Autre découverte, celle d’un crâne et de quelques ossements, cachés derrière le retable Sud. L’identité du défunt de même que la raison de leur placement en cet endroit, sont, et resteront très probablement un mystère. Autre événement heureux, la découverte de certaines sculptures dérobées il y a une trentaine d’années, sur internet et chez un brocanteur. Toutes ont maintenant réintégré leurs emplacements. Pour éviter que de tels désagréments ne se reproduisent, la municipalité réfléchit à un système de protection de la chapelle."

 

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SOURCES ET LIENS.

— CASTEL (Yves-Pascal), LECLERC, (Guy), s.d,  La chapelle Saint-Sébastien , son calvaire, ses retables, ed. Commune de Saint-Ségal.

— DUHEM, (Sophie), 1997. Les sablières sculptées en Bretagne. Images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.). Collection Arts et Société. Presses universitaires de Rennes, 1997.

— COUFFON, René, LE BARS, Alfred. Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988. p. 418-419

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/0ffd39bdf24d89d00ff35b034d2685b0.pdf

— INVENTAIRE GENERAL Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel), enquête 2009.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-sebastien-saint-sebastien-saint-segal/3161081b-4d98-4287-a98a-4abeed58a9dc

— MADEC (Yves), 1915, Saint-Sébastien en Saint-Ségal

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/fc72b7a373375935ed358e8dbd9c8cd4.pdf

— DOUSSET  Jean-Claude), Puységur Christian. Saint Côme et saint Damien de Serdinya. [R 71. Culte et iconographie des saints Côme et Damien] . In: Revue d'histoire de la pharmacie, 95e année, N. 360, 2008. pp. 533-536; http://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_2008_num_95_360_21993

 

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Published by jean-yves cordier - dans saints côme et damien Saint-Ségal

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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