La Vierge allaitante dite Notre-Dame de Tréguron de la chapelle Saint-Vénec de Briec au château de Kerjean (29).
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Voir :
— LES VIERGES ALLAITANTES. 12 articles.
http://www.lavieb-aile.com/article-virgo-lactens-ou-miss-nene-5-candidates-du-finistere-les-vierges-allaitantes-96615012.html
Vierges allaitantes I : Notre-Dame de Tréguron à Gouezec. Itron Varia Treguron et Mamm al laez.
- Vierges allaitantes V : Saint-Venec à Briec. Notre-Dame de Tréguron et les autres statues.
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— Exposition Il était une foi. La religion en Bretagne au XVIe siècle au château de Kerjean :
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C'était en janvier 2012. J'avais obtenu les clefs auprès d'un voisin et j'avais découvert la chapelle Saint-Vénec, sombre et glacée, délabrée, verte d'humidité. Misérable.
(Cette incurie n'a pas changé, même au mois d'août 2015 si j'en crois ce témoignage d'une bénévole).
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Mais, comme dans l'étable de Bethléem, cette masure (en réalité un chef-d'œuvre architectural) cacahit une Vierge de toute beauté : Notre-Dame de Tréguron.
La raison de ma visite était précisément cette Vierge allaitante, objet de vénération des nourrices, comme à la chapelle de Tréguron à Gouezec dont elle emprunte l' appellation, et que j'avais visitée quelques jours auparavant pour débuter mon enquête.
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Quatre ans après, quelle surprise ! Je retrouve cette statue en parcourant l'exposition Il était une foi. La religion en Bretagne au XVIe siècle organisée au château de Kerjean.
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Détournant l'idée darwinienne de sélection naturelle, on peut imaginer le travail effectué par la sélection culturelle pour parvenir à cet achèvement du type de la Vierge allaitante fusionnant avec la Vierge au fruit.
Marie, nouvelle Éve, tient une pomme, mais ce n'est pas le fruit jaune et rouge de la gourmandise coupable, mais une sphère d'or, un fruit spirituel et immaculé, celui qui est issu de la racine de Jessé. Tout en accomplissant entièrement son rôle humain de mère nourricière, elle présente à son Fils cette figure de sa mission : racheter l'humanité du Péché Originel. L'Enfant, tout en tenant le sein aux rondeurs pleines, regarde la pomme et y prévoit le globe terrestre qu'il tiendra comme Sauveur du Monde.
Un mouvement se crée en un cercle invisible mais prégnant : il débute par le regard de la Mère sur l'Enfant, se poursuit par le regard de Jésus sur la pomme, s'achève par le bras de Marie qui remonte vers le visage. Dans le fruit du jardin d'Éden, métamorphosé, fusionnent les trois métaphores de Marie, du Fils, et de l'Humanité rédemptée.
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Il est possible de se livrer à une lecture de cette sculpture en se dégageant du contexte religieux et social qui l'a vu naître, et y voir simplement une mère archetypale, qui, tout en donnant le sein à son fils, se livre à ses pensées anticipatrices sur l'avenir dont elle rêve pour lui. N'est-ce pas ce que toute mère fait, dans ce tendre et privilégié instant de la tétée ? Et le fruit plein et doré de ses espérances et de ses attentes se gonfle, parfaitement perceptible pour l'enfant qui s'en nourrit.
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Quelle beauté ! Quelle perfection dans cette fusion des formes et de la pensée créatrice ! Ce sont les compliments que je lui adresse tout en la photographiant sous l'éclairage idéal de cette exposition, où une pièce lui est réservée.
Mais, sans que ses lèvres ne remuent, j'entends la Dame me confier a bassa voce :
— Elle me manque.
— Qui ?
— Ma chapelle.
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— Pour un bel aperçu de l'exposition, et de très belles photographies :
http://www.art-culture-france.com/images/pieces_jointes/saint-vougay_:_exposition__il_/DP%20Il%20etait%20une%20foi.pdf