Le gisant de Troïlus de Mondragon au Musée Départemental Breton de Quimper (vers 1545).
Le gisant d'Olivier de La Palue au château de Kerjean (Saint-Vougay), (vers 1505).
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Les gisants sont un sujet iconographique à part entière. Un article Wikipédia recense les gisants de France, dont 50 en Côtes d'Armor, 28 en Finistère, 11 en Ille-et-Vilaine,et 9 dans le Morbihan. Mais Jean-Yves Copy a dénombré en 1986 272 tombeaux existants ou connus pour la seule Haute-Bretagne.
On peut y distinguer les gisants des saints légendaires (St Herbot en sa chapelle éponyme, st Ronan à Locronan, ste Nonne à Dirinon) et des dignitaires religieux (les évêques dans leur cathédrale) de ceux des nobles seigneurs. Parmi ces derniers, la Liste des Gisants cite, en Finistère, celui d'Yves de Launay à Lanhouarneau (+ 1460), de Jean Barbier à Kerjean (+ 1537), d'un seigneur de Com en Lannilis, de Jean de Kerouzéré à Sibiril (+1460), celui d'Olivier de La Palue ( + 1505 ?) que je montre ici en fin d'article. Et celui que je vais étudier ici, celui de Troïlus de Mondragon (v. 1540).
Quatre d'entre eux, en kersanton, sont attribués par E. Le Seac'h au Grand atelier ducal du Folgoët (1423-1509) : celui de saint Ronan (1423-1433), celui de sainte Nonne (vers 1468), et celui de Jean de Kerouzéré (vers 1460), et, non cité encore, celui de la chapelle saint-Jaoua de Plouvien (vers 1423-1433).
Celui de Troïlus de Mondragon, en kersanton également, n'est pas attribué. Sa date le place dans la période d'activité de l'atelier des frères Prigent de Landerneau, connu pour avoir réalisé le gisant du chanoine Laurent Richard à Plouvien.
Au XVIIe siècle, le grand sculpteur Roland Doré (actif en 1618-1663) réalisera aussi, en kersanton, neuf gisants dont six à Saint-Brieuc. Celui de Jacques Barbier, seigneur de Kernaou en Ploudaniel, date de 1638 et est visible au Musée de Lesneven.
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Rappel généalogique.
Voir mon article L'église de Saint-Divy (29) . II. Les vitraux du XVIe siècle (vers 1530 et 1550) de la maîtresse-vitre ou Baie 0. qui m'a amené à faire connaissance avec Hervé de la Palue, oncle de l'épouse de Troïlus.
Le couple Olivier de la Palue / Jeanne Guyomarch.
Olivier de La Palue, seigneur de la Grande Palue, gouverneur et capitaine de Brest, et qui était présent à la montre de Dinan le 2 septembre 1489 est mort en 1505 : son gisant provenant de l'ancienne église de Saint-Houardon de Landerneau, se trouve désormais au château de Kerjean. En épousant en 1460 la fille de son voisin Olivier Guyomarch ou Guiomar , ( seigneur de la Palue, de sable semé de billettes d'argent au poisson en pal du même), Jeanne Guyomarch, il agrandit son domaine de celui de la Petit Palue. Leur fille, Marguerite de La Palue, épouse Jan du Mescam, seigneur de Mescaradec entre 1485 et 1500. Leur fils François, qui suit :
Le couple François de la Palue / Marguerite de Trésiguidy.
Le fils et héritier, François de la Palue (décédé en 1553), aura [quatre] enfants de sa femme, Marguerite Christiane de Trésiguidy (d'or, à trois pommes de pin de gueules), dont une fille, Françoise.
Marguerite de Trésiguidy se remariera avec Charles Lespervier de la Verrière, écuyer tranchant de la reine Anne de Bretagne, et aura une autre fille, Jeanne Lespervier, qui épousera André Gallery, seigneur du Bois-Jouan.
Le couple Françoise de la Palue / Troïlus de Mondragon.
Françoise, "dame de La Palue, de Tréziguidy, des Salles" , née vers 1495, épouse en 1520 un gentilhomme espagnol, Troïlus de Mondragon (vers 1490 -vers 1543). Le gisant de ce dernier, décédé vers 1540-1548, se trouvait dans l’église de Beuzit-Conogan avant d'être déposé au Musée départemental breton de Quimper.
Selon Potier de Courcy :
" MONTDRAGON (DE) (bâtard de Montdragon en Espagne), sr de Hallot et baron de Hauteville, en Normandie, — vicomte de Loyaux, par. de Fresnay, — sr de la Palue, par. de Beuzit-Conogan , — de Trésiguidy, par. de Pleyben, — des Salles, par. de Plouisy, — du Prat, par. de Brélévénez, — de Coatquéau, par. de Scrignac.
Réf. de 1535 à 1543, par. de Plouisy et Brélévénez, év. de Tréguier, et Scrignac, év. de Cornouailles.
D'argent au lion de gueules, accosté de deux peupliers de sinople; alias : d'argent au peuplier de sinople, soutenu de deux lions affrontés de gueules.
Antoine, l'un des capitaines envoyés par Ferdinand et Isabelle au secours de la duchesse Anne, en 1488; Jean, vicomte de Loyaux, capitaine de Nantes et de Rennes en 1510; Troïlus, colonel de quatre mille hommes de pied, marié à Françoise de la Palue, dame dudit lieu et de Trésiguidy, depuis 1543 et enterré à Beuzit-Conogan.
Fondu dans Montmorency-Bouteville, puis Rosmadec."
Voir l'Histoire de Bretagne de Pierre Le Baud (1638).
Françoise de la Palue et Troïlus de Mondragon eurent une fille, Jeanne de Mondragon, qui épousa en 1543 François de Montmorency-Hallot, seigneur de Hallot, de Bouteville.
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LE GISANT DE TROÏLUS DE MONDRAGON AU MUSÉE DÉPARTEMENTAL BRETON DE QUIMPER.
"Gisant gisant de Troïlus de Montdragon, époux de Françoise de la Palue, dame héritière de la Grande Palue en Beuzit-Conogan (Landerneau en Finistère), les époux sont cités en 1527. Chevalier, tête nue, épée à gauche, un ange tenant un oreiller sous la tête, un lion au pied, un ange de chaque côté, flancs armoriés. Primitivement dans l'église de Beuzit." (Wikipédia)
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Historique.
Le Chevalier de Fréminville, dans ses Antiquités du Finistère, fut sans doute le premier, en 1832, à décrire le monument et à attirer l'attention des lettrés sur ce tombeau qu'il attribuait par erreur à Olivier de la Palue, grand-père de l'épouse de Troïlus de Mondragon.
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Ce gisant sculpté vers 1540 et qui reposait "dans un petit taillis qui précède l'église" (Vallin) de Beuzit-Conogan, paroisse de La Grande Palue, où Cleuziou l'avait fait dessiné en 1886 (Bretagne, le pays du Léon) , a été vendu en 1923 à un antiquaire parisien par Mr de la Couture, propriétaire de Kerlorec, et racheté grâce à une souscription lancée par Henri Waquet, et à l'action de la Sauvegarde de l'Art français pour le compte de la Société archéologique du Finistère (SAF), en 1926. Dès 1923, le Bulletin de la SAF s'en alarmait, signalant qu'il avait été enlevé clandestinement de La Palue et allait être expédié aux Etats-Unis sans l'intervention du Préfet et une demande de classement. Celui-ci intervint le 2 févier 1924.
Louis Le Guennec donne un première description dans le Bulletin de la SAF de 1925 :
LE TOMBEAU.DE TROÏLUS DE MONDRAGON
"Le plus beau des anciens tombeaux à effigie du , Finistère était sans conteste celui de Troïlus de Mondragon, qui se voyait encore, il y a deux ans, au pied du vieux clocher isolé de Beuzit-Conogan, près de l'Elorn, en aval de Landerneau, sous les ombrages du parc de Kerlorec. Sur ce magnifique mausolée de fin kersanton s'allongeait la statue couchée, en grand costume de guerre, de l'illustre seigneur dont elle abritait les restes. A la tête, aux pieds et sur les deux faces latérales, des arcades du gothique le plus fleuri encadraient les armoiries de sa famille et de ses alliances. Les solerets cuirassés de l'homme d'armes s'appuyaient au flanc d'un lion, et un petit ange était assis sur son épée nue posée près de lui. . . .
A vrai dire, on sait fort peu ce que fut jadis Troïlus de Mondragon. L'héroïque sonorité de son nom enchantait José-Maria de Hérédia, et notre cher poète Frédéric Le Guyader lui a consacré dans sa Chanson du Cidre, une complainte savoureusement fantaisiste qui le montre bien moins fidèle quoiqu'il rachète sa vie orageuse par. une vaillante mort au service de Mars qu'à celui de Vénus .
D'après les généalogies, Troïlus serait issu d'Antoine de Mondragon, bàLll.rd lui-même d'une fameuse lignée castillane, l'un des capitaines espagnols envoyés par Ferdinand et Isabelle au secours de la duchesseAnne en 1488, à moi)1s qu'il ne fût fils de Jean de Mondragon, vicomte de Loyaux, capitaine de Nantes et de Rennes en l504. Ce qu'il y a de certain, c'est que M. de Mondragon se qualifiait de seigneur du Hallot et vicomte d' Auteville en Normandie, et commandait un régiment de 4.000 hommes de pied au service de la France, lorsqu'il vint, vers 1520, épouser au fond de la Basse-Bretagne, une riche héritière landernéenne, Françoise de La Palue, dame de La Palue, en Beuzit-Conogan, de Trésiguidy en Pleyben et des Salles près Guingamp.
La maison de La Palue se prétendait branche cadette ou « ramage» des sires de Lèon, dont elle portait sur son écu le lion héraldique surmonté d'un « lambel » en signe de « juveignerie ». Olivier de La Palue, vivant en 1460, avait épousé Jeanne Guiomar, dame de la Petite-Palue (manoir tout voisin, passé plus tard aux de La Fitte, Le Borgne de Trévidy.et du Rozel) dont le blason, un poisson sur un ,semis de billettes, charge l'un des écussons du tombeau, Leur fils Hervé de La Palue, sénéchal de Léon, qui se fit peindre au début du XVIe siècle sur la maîtresse vitre de l'église de Saint-Divy, parait avoir eu pour femme l'héritière des Trésiguidy, vieille race cornouaillaise connu surtout par le champion qu'elle fournit en 1351 à l'immortel combat des Trente. Les armes des Trésiguidy, trois pommes de pin, se remarquaient aussi sur la face sud de la tombe, pleines et écartelées d'un écu chargé de sept meubles d'une forme particulière, 2, 3, 2, ressemblant à un T renversé. A coté, un autre écusson était chargé des cinq fusées en faxe de la maison de Bouteville, qui se rapportaient sans doute à une alliance antérieure.
Sur la face Nord du mausolée se voient les armes de la famille de Mondragon, un lion accosté de deux arbres, pleines, écartelées d'un chevron accompagné de trois coquilles, et mi-parti de la Palue ; et celles des La Palue mi-parti écartelèes de Trésiguidy, écartelées elles-mêmes des sept pièces mentionnées plus haut , Enfin, le grand écusson timbré d'un heaume et chargé des armoiries des Mondragon, qui décore l'extrémité de la tête du tombeau offre sur ses lambrequins les blasons de Léon, de Bouteville, du Lech, de Bretagne, de Kerret et Guiomar.
Le manoir de La Palue dresse encore ses hauts pignons et son pavillon d'angle, où s'ouvre à la base une belle porte gothique. Les seigneurs du lieu étaient «fondateurs » de l'église de Beuzit et y possédaient dès sépultures sur lesquelles Troïlus de Mondragon fit ériger de son vivant cette belle tombe. Quand son tour vint d'y reposer, il ne laissa qu'une fille unique, Jeanne de Mondragon, dame du Hallot, La Palue, Trésiguidy, marié avant 1543 à François de Montmorency, seigneur de Bouteville.
Aujourd'hui le monument de Troïlus a quitté les rives de l'Elorn. Vendu par le châtelain de Kerlorec à deux antiquaires parisiens, il gît démonté dans quelque coin de la banlieue. attendant un acquéreur. Celui-ci ne pourra d'ailleurs le transporter hors de France, les actives démarches de M. Desmars, préfet du Finistère, ayant fait prononcer en temps utile le classement de ce mausolée. La meilleure solution serait sans doute le retour en Bretagne dudit tombeau, auquel le musée départemental de Quimper offrirait dans ses salles basses, déjà peuplées de sépultures de chevaliers ou d'évêques, un asile à souhait. Mais cette question est purement financière. Le musée, avec ses faibles ressources ordinaires, ne peut rien ; d'autre part le modeste budget de la Société archéologique ne lui permettrait que de contribuer d'une petite somme à ce rachat si désirable. Du
moins son bureau adresse-t-il un pressant appel à la générosité des membres de la Société et de toutes autres personnalités finistériennes et bretonnes désireuses de s'associer à eux dans ce but. Il y a lieu d'espérer que le Conseil Général voudra bien également témoigner de son intérêt pour le patrimoine d'art du Finistère. Ce patrimoine, naguère si riche, subit en ce moment de cruelles, d'irréparables pertes. Il est grand temps d'intervenir. Nos vieilles chapelles, abandonnées, pillées impunément, croulent de toutes parts; les marchands de biens rasent nos futaies séculaires; des collections d'antiquités sont transportées dans la région parisienne.
En présence de telles constatations, il n'apparaît que plus urgent encore de travailler au sauvetage de ce qui peut être encore préservé et défendu. En récupérant le tombeau de Troïlus de Mondragon, nous aurons assuré la conservation, aussi près que possible de son lieu d'origine, de ce chef d'œuvre de la statuaire basse-bretonne du XVIe siècle, et donné la meilleure des leçons aux collectivités comme aux individus qui, par ignorance, négligence, ou cupidité, se laissent si lamentablement déposséder de ce qu'ils possèdent souvent de plus précieux et de plus respectable, et sans avoir toujours essayé de le vendre dans le pays même." L. LE GUENNEC .
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On peut lire également le compte-rendu du Bulletin Monumental de 1926 page 406-407:
" Dans une courte notice, M. L. Le Guennec signale le très beau tombeau qui, naguère encore, se voyait dans le parc de Kerlorec, sur les rives de l'Elorn, en aval de Landerneau. Il nous apprend qu'il s'agit d'un mausolée de fin kersauton, dont les faces latérales sont garnies des armoiries de la famille du défunt qu'encadrent "des arcades du gothique le plus fleuri ", et, que, au-dessus, repose la statue couchée de Troïlus de Mondragon « en grand costume de guerre ». Cette description trop laconique ne donnerait qu'une faible idée du monument si elle n'était accompagnée d'une bonne photographie, qui apporte des précisions. On comprend alors que les « arcades du gothique le plus fleuri » sont, en réalité, des accolades surmontées d'un réseau flamboyant et que le « grand costume de guerre est une armure du XVIe siècle ». Détail curieux, un petit ange est assis sur l'épée placée à côté de l'image du défunt.
II faut savoir que ce tombeau fut vendu dernièrement à deux antiquaires parisiens. Heureusement, à la suite de démarches pressantes, il fut l'objet d'un arrêté de classement. Le faire revenir en Bretagne est la tâche que se sont imposée la Société archéologique du Finistère et son actif président, notre confrère M. H. Waquet. Secondé généreusement par « la Sauvegarde de l'Art français » dont l'action est de plus en plus féconde, M. Waquet a organisé une souscription, réuni des sommes importantes, et le tombeau de Troïlus de Mondragon va trouver si la chose n'est pas déjà réalisée, un asile définitif et digne de lui, dans le musée départemental de Quimper. Bull. de la Société archéologique du Finistère 1923."
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1543-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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I. LE GISANT : TROÏLUS DE MONDRAGON.
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Le chevalier est représenté en armure, mains jointes, tête posée sur un oreiller à glands, recouvert par un linge plissé tenu par deux anges.
Un autre ange est assis sur la lame de l'épée et tient un phylactère (cela a été dessiné, avec la tête de l'ange intacte, par Théophile Busnel dans la Bretagne : le pays du Léon (1886-1887) de Henri Raison du Cleuziou).
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102384x/f107.image
Les détails de l'armure et jusqu'aux boucles des courroies des jambières, sont sculptés avec précision. Les solerets de l'armure s'appuient sur le corps d'un lion.
Tous ces détails n'ont rien de propre au défunt, ils répondent au stéréotype des gisants, fixés depuis les tombes des ducs de Bourgogne réalisés par Jean de Marville, Claus Sluter et Claus de Werve, pour le tombeau de Philippe le Hardi, 1381-1410, puis par Jean de la Huerta et Antoine le Moiturier, pour le tombeau de Jean sans Peur et Marguerite de Bavière, 1443-1470, en la collégiale de Champmol.
https://beaux-arts.dijon.fr/sites/default/files/Collections/pdf/les_tombeaux_des_ducs_de_bourgogne__livret.pdf
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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L'absence de barbe et la coupe de cheveux en deux longues masses latérales et une frange droite ne correspond pas à celle en vigueur sous François Ier vers 1540. En faisant mon marché sur les images en ligne, je la retrouve sur un portrait de Charles VIII (mort en 1498) ou de Louis XII (mort en 1515) , sur un portrait du futur Charles Quint, mais datant de 1515. Ou de Philippe Ier le Beau, vers 1500. Sur un portrait de Nicolas Kratzer datant de 1528. Sur celui de Charles III de Bourbon (mort en 1527), etc.
On peut en conclure soit que le sculpteur a représenté le chevalier espagnol de façon idéalisée et à son jeune âge, en s'inspirant par exemple d'un portrait datant des années 1500-1520, soit qu'il a suivi, en cela comme pour le reste du gisant, pour le port de l'armure, et le placement de l'épée, d'un archétype ne cherchant pas à représenter le défunt lui-même, mais son image sociale .
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1543-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1543-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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La crinière du lion est faite de boucles épaisses, comme les poils du dessus de la tête. La toison des pattes est soigneusement représentée. Sa gueule ouverte est redressée. La queue s'enroule sur le dessus du dos en se divisant en trois pointes. Ce lion n'a aucune signification allusive en termes héraldique, il appartient au vocabulaire des gisants seigneuriaux. Il a tout les traits des lions sculptés sur les crossettes des églises, et, en cela, il témoigne d'une valeur psychopompe.
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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2°) La cuve ou soubassement du gisant de Troïlus de Mondragon.
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a) le devant de la cuve
Cinq accolades du gothique flamboyant accueillent chacune un blason des ancêtres ou des alliances du couple Françoise de La Palue / Troïlus de Mondragon.
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Soubassement du gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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Ce sont successivement de gauche à droite :
a) Le blason de Bouteville, d'argent à cinq fusées (ici quatre) de gueules posées en fasce
b) Blason écartelé en I et IV d'or à trois pommes de pins de gueules, qui est Trésiguidy, en II et III de vair plain qui est de Lohéac .
c) Blason de Guiomar, seigneur de la Petite-Palue, de sable à un bar d'argent en pal (?), l'écu semé de billettes de même.
Armoiries de la grand-mère paternelle de Françoise de la Palue, Jeanne de Guiomar, fille d'Olivier de Guiomar.
"Guiomar, sr de la Petite-Palue, par. de Saint-Houardon, — du Forestic et du Quenquis, par. de Plouédern. Réf. et montres de 1426 à 1481, par. de Bauzit-Conogan et Plouédern, év. de Léon.
De sable, semé de billettes d’argent, au poisson de même en pal (G. le B.). Devise : Quémer quélen. ("Prendre conseil").
Hervé, doyen du Follgoat en 1453.
La branche aînée fondue dans Carn, d’où la seigneurie de la Palue a passé successivement aux Léon, Montdragon, Léon, Lagadec, la Fite, le Borgne et du Rosel."
Potier de Courcy https://fr.wikisource.org/wiki/Nobiliaire_et_armorial_de_Bretagne/G
d) Blason de Trésiguidy : d'or à trois pommes de pins de gueules.
soit les armoiries de la mère de Françoise de La Palue, Marguerite de Trésiguidy.
e) Blason de La [Grande] Palue qui reprend les armes de la seigneurie de Léon, barré d'un lambel : d'or au lion morné de sable au lambel de trois pendants de gueules en chef.
soit les armes de François de la Palue, père de Françoise de la Palue.
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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Ici, le blason des seigneurs de la Grande Palue, qui reprend les armes de la seigneurie de Léon, barré d'un lambel : d'or au lion morné de sable au lambel de trois pendants de gueules en chef.
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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b) Le panneau latéral, coté des pieds.
On y voit le grand écusson des Mondragon, dont le blason est martelé, avec le heaume tenu par deux lions, recouvert d'un tortil tenu par un aigle, et sur ses lambrequins les blasons de Léon, de Bouteville, du Lec'h, de Bretagne, du Kerret (?), et Guiomar (la Petite Palue).
— A gauche de haut en bas :
- Seigneurie du Léon : d'or au lion morné de sable.
- de Bouteville, d'argent à cinq fusées (ici quatre) de gueules posées en fasce
- du Lec'h, d'or à trois trèfles de gueules
— A droite, de haut en bas :
- Bretagne, d'hermines plain.
- du Kerret (?), d'or au lion de sable à la cotice de gueules brochant
- Guiomar, sr de la Petite Palue : de sable à un bar d'argent en pal (?), l'écu semé de billettes de même,
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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c) le panneau latéral du coté de la tête.
Le blason est ici conservé, incliné de coté, suspendu par une sangle au gorgerin surmonté d'un tortil lui-même tenu par les pattes d'un aigle. Les lambrequins sont vierges, ils se terminent par des glands à pompons. Seules les pattes des lions, brisés et qui tenaient le heaume, sont visibles.
L'écu est un écartelé avec "aux I et IV un lion accosté de deux arbres, aux II et III un chevron accompagné de trois coquilles".
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Gisant de Troïlus de Mondragon (vers 1540-1550), kersanton, Musée Départemental Breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2017.
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LE GISANT D'OLIVIER DE LA PALUE AU CHÂTEAU DE KERJEAN (SAINT-VOUGAY) (vers 1505).
« Gisant donnée pour être celui de Olivier de la Palue, seigneur de la Grande Palue (Beuzit-Conogan en Finistère) et grand-père de Françoise de la Palue, épouse de Troïlus de Montdragon (voir son tombeau à Quimper). Provenance : église de St Houardon en Landerneau. Chevalier armé de toutes pièces, tête et mains nues, épée au côté gauche, poignard à droite, deux anges tenant un oreiller sous la tête, un lion au pied." (Wikipédia)
Olivier, seigneur de "La Grande Palue", possédait son manoir en l'ancienne paroisse de Beuzit-Conogan, actuellement rattachée dans sa majeure partie à Landerneau. Sa famille était un ramage de la famille de Léon, dont elle portait les armes :"d’or au lion morné de sable " brisé en chef d’un lambel de gueules". Olivier était présent à la montre de Dinan le 2 septembre 1489.
Olivier de La Palue, seigneur de la Grande Palue, gouverneur et capitaine de Brest, et qui était présent à la montre de Dinan le 2 septembre 1489 est mort en 1505. Il possédait son manoir en l'ancienne paroisse de Beuzit-Conogan, actuellement rattachée dans sa majeure partie à Landerneau. En épousant en 1460 Jeanne de Guiomar, la fille de son voisin Olivier Guyomarch ou Guiomar , seigneur de la Petite Palue, il agrandit son domaine de la Grande Palue de celui de la Petit Palue. Leur fille, Marguerite de La Palue, épouse Jan du Mescam, seigneur de Mescaradec entre 1485 et 1500. Leur fils François épousa Marguerite de Trésiguidy : c'est le beau-père de Troïlus de Mondragon.
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ANNEXE. UN INTERVIEW ACCORDÉ À LAVIEB-AILE...
... par Troïlus de Mondragon, d'Outre-tombe, avec la participation d'Ana-Isabel, porte-parole de piochages en ligne, et de Pierre-Yves Quémener, Ludovic de Porsbihan et Jérôme Caouën également présents à cette visioconférence qui a pillé leur fil de discussion sur le site Yahoo! groupes "Histoires de Bretagne" de 2012 .
Les liens sont ajoutés par la rédaction.
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Le prénom Troïlus.
— Lavieb : Bonjour Troïlus, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs l'origine de votre curieux prénom ?
— Troïlus : Ah, vous savez sans-doute que Troïlos ou Troïlus est le nom d'un prince troyen de la mythologie grecque, fils de Priam d'après Homère, fils d'Apollon et de Cassandre selon d'autres !
Eh bien, on dit que mes parents se sont inspirés par une mode qui s'est développée avec la Renaissance italienne dès la fin du 15ème siècle lorsque les Grands ont commencé à donner à leurs enfants des noms puisés dans la littérature de l'Antiquité. Souvenez-vous qu'à la même époque en Espagne (et Italie), nous avons les exemples célèbres de César Borgia (né en 1475) et de sa sœur Lucrèce. Vers 1380, Chaucer avait fait paraître son poème Troïlus et Cryseide que reprendra Shakespeare en 1602 avec sa pièce Troylus et Cressida. Mais c'est surtout le Roman de Troie de Benoît de saint-Maure, (1165), traduit en espagnol sous le titre de Historia troyana polimetrica (1270) et dans la Version d'Alphonse XI (1350) qui eut une influence considérable dans tous les esprits lettrés.
— A-I. Mais oui, tenez : On lit dans le Roman de Troie au vers 7753 "Troïlus fut moût bien armez, S'ert sis chevaus d'Espaigne nez, Merveilles coranz e isneaus. Armes aveit a leonceaus D'azur en or vermeil asis.", et dans l'Historia Troyana E venia Troylo muy bien armado sobre vn buen cauallo muy corredor e muy ligero, que fuera de España, e traya las armas de oro e el canpo de azul.
Mais les parents de Troïlus ont plutôt pu lire le texte de Pedro de Chinchilla, qui écrivit en 1443 son Ystoria Troyana, ouvrage qui servira à la première édition de 1490. Néanmoins, ils n'ont pas retenu la forme espagnole Troilo, mais la forme française.
Et Troïlus de Mondragon devait en être fier, car comme le fait remarquer E. Carillo-Blouin, il fut probablement de parrain de Troilus de la Roche de Mesgouez (né en 1536 à Landerneau), futur explorateur du Canada et qui laissera même son nom à un lac du Québec (le lac Troilus).
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Le nom de Mondragon.
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— Lavieb : Merci de ces explications sur votre prénom. Mais votre nom, Mondragon, si romanesque, vous l'avez déniché aussi dans les romans médiévaux ?
— Troïlus : Mais pas du tout, ce nom est illustre dans tout le pays basque ! Il vient du nom d'une ville, aujourd'hui Arrasate / Mondragón en Guipúscoa et de nombreux membres de ma famille l'ont porté. L'un des plus connus fut Juan Ibáñez de Mondragón, né dans cette ville, richissime maestrescuela de la cathédrale de Tuy et chanoine de Saint-Jacques-de-Compostelle, où il y fonda en 1521 la chapelle de la Miséricorde (Capella de Mondragón ) qui se visite toujours. Il est mort en 1531, et je n'ai jamais su les liens exacts sur notre arbre généalogique de celui qui fut mon contemporain, mais c'était une descendance d'Erezmusketa marié à Echeberria, et qui a adopté le nom de Mondragón.
— Ana-Isabel. Son neveu le cardinal Juan de Mondragón lui succéda, qui acheva en 1576 la chapelle de la Miséricorde et bâtit son palais à Saint-Jacques de Compostelle. Puis ce fut le neveu chanoine Pedro de Mondragón, le neveu Mateo, et à partir de lui, nous disposons de la généalogie . Il faut aussi parler du Pazo de Ortigueira, une tour et un jardin acquis par le chanoine Juan à Santa-Cruz de Ribadulla : un descendant de cette famille, Andrés Ibáñez Mondragón, a reçu en 1681 , du roi Charles II, le titre de marquis de Santa Cruz de Rivadulla .
— Troïlus : Ravi de l'apprendre ! J'étais couché depuis longtemps! Mais il parlez-moi aussi du pirate Pedro de Mondragon : il m'a fait rêver, et je me demande même si la fortune de ma famille ne provient pas d'un trésor dont nous aurions hérité !
— Ana-Isabel. Pierre de Mondragon ? Un roman n'y suffirait pas ! Je cède la parole à Pierre-Yves Quémener :
"Pedro de Mondragon est originaire de la province basque de Guipuzcoa (capitale San Sebastian). En 1508, il s'empare d'un navire dans la baie de Cadix avec lequel il pratique la piraterie au large des côtes portugaises, près du cap Saint Vincent. Après s'être enrichi, il se retira en Navarre, d'où il passa ensuite en France pour éviter sa détention ordonnée par Ferdinand le Catholique (Inaki Bazan, "Las hermandades vascas y la lucha contra la pirateria en la Baja Edad Media", Istas memoria, Revista des Estudios Maritimos del Pais Vasco, 2006, p. 66-93).
On le rencontre sur les côtes bretonnes en 1508 : "On trouve encore, en 1473, deux navires bretons, l'un de Quimper, l'autre de Groie, pillés sur mer par des Espagnols, et, en 1508, un pirate de cette nation appelé Mondragon (quel nom de pirate !) rôdant sur les côtes de Bretagne." (Arthur de La Borderie, "Le commerce et la féodalité en Bretagne", Revue de Bretagne et de Vendée, tome 5, 1859, p. 433-455).
Il semblerait qu'il ait commencé ses activités dès 1506 : "Au moment où Tristan da Cunha ralliait, dans le canal de Mozambique, les seize vaisseaux emmenés le 6 mars 1506 de Lisbonne, surgit comme un démon Pierre de Mondragon, dont le bâtiment de Job Queimado en un instant devint la proie.
Au retour de Mondragon en Europe, les coups de main succèdent aux coups de main. Une surprise nocturne, en novembre 1508, le rend maître du plus beau des bâtiments à l'ancre dans la baie de Cadix : un peu plus tard, au cap Saint-Vincent, une carraque portugaise lui livre la riche cargaison d'épices et de soies qu'elle rapporte de Calicut. Le roi de Portugal, le roi d'Espagne s'émeuvent. L'un lui fait donner la chasse, l'autre le poursuit de ses mandats d'arrêt jusque dans les ports de Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, cependant que l'heureux capteur écoule son butin à Pampelune." (Charles de la Roncière, Histoire de la marine française, 1906, p. 137-138)
Une bataille mémorable se déroule au cap Finisterre, au large des côtes de la Galice, le 18 janvier 1509, où il affronte la flotte du commandant portugais Duarte Pachecho Pereira. Certaines pages sur le net disent qu'il serait mort pendant la bataille mais c'est inexact. Voici le récit de l'évènement donné dans l'"Histoire universelle depuis le commencement du Monde" (tome 15, 1748, p. 454) : "un corsaire françois, appelé Mondragon, couroit en ce temps-là la mer, entre autres vaisseaux, il en enleva un portugais qui venoit des Indes richement chargé. Emanuel en fit porter des plaintes au roi Louis XII, qui étoit alors engagé dans la Ligue de Cambrai contre les Vénitiens. Mais n'aiant pas reçu une aussi prompte satisfaction qu'il attendoit, il ordonna à Duarte Pachecho d'aller avec six vaisseaux à la recherche du corsaire, qu'il attaqua proche du Cap de Finistere. Mondragon, dont le métier étoit de combattre, se défendit vigoureusement; mais à la fin Pachecho coula à fond un des vaisseaux ennemis, prit les trois autres et fit Mondragon prisonnier, qu'il emmena à Lisbonne. Le roi aiant reçu une pleine satisfaction, remit le corsaire en liberté, après avoir exigé de lui sa parole qu'il respecterait à l'avenir le pavillon de Portugal."
On trouve un récit quasiment similaire en portugais dans le "Quadro elemental das relaçöes politicas et diplomaticas de Portugal" publié en 1843 par l'Académie royale des Sciences de Lisbonne (tome 3, page 172) avec référence aux Chroniques du roi Manuel par Goes.
Les arrêtés du roi Ferdinand à l'encontre de Pedro de Mondragon, accusé d'avoir volé sur la mer beaucoup de ressources du royaume d'Espagne et de royaumes amis (por haber robado en la mar muchas naos de naturales de Espana y de reinos amigos) ont été répertoriés par l'Instituto de Historia y Cultura Naval : ils sont datés du 29 décembre 1508 (Caceres), du 5 février 1509 (Valladolid) et du 11 mai 1509 (Valladolid), preuve que le corsaire n'était pas mort au cap Finisterre. On peut penser que c'est à cette époque qu'il se réfugia en France, peut-être en Normandie où il pouvait trouver des protecteurs."
Le 13 novembre 1526, un capitaine Mondragon doit envoyer à Marseille deux carraques armées et équipées pour accompagner la nef La Grande Maîtresse et l'escadre de François Ier commandée par Anne de Montmorency vers Gênes. Rien ne dit qu'il s'agit de notre pirate.
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Les armoiries.
— Lavieb : Parlons maintenant, si vous le voulez, de vos armoiries, du moins celles qui figurent sur votre gisant. Mais le sujet va surtout concerné Ann-Isabel, non ?
— Ana-Isabel : Effectivement. Nous avons sur le tombeau de Troïlus un blason écartelé avec aux I et IV un lion accosté de deux arbres, aux II et III un chevron accompagné de trois coquilles. Mais curieusement, pour d'Hozier, en 1638, (Histoire de Bretagne, par Pierre Le Baud) Troilus de Montdragon portait "d'argent à un arbre de synople accosté de deux lyons de gueulles affrontez" (un arbre vert entre deux lions rouges qui se font face). Les figures ont donc été inversées. En outre, les armes décrites par d'Hozier sont exactement les mêmes que celles des Boispéan de Frossay , famille du pays guérandais possessionnée à Frossay et à Saint-Père-en-Retz.
: http://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_du_Boisp%C3%A9an
Guy Le Borgne dans son Armorial breton, 1667, p. 209 indique pour sa part "C. d'or au lion de sable, armé et lampassé de gueulle" (lion noir tirant la langue sur fond jaune).
Mais il faudrait aussi comprendre la deuxième part du blason, au chevron accompagné de trois coquilles (des coquilles de Saint-Jacques de Compostelle). J'ai interrogé en vain la Liste des armoiries comportant des coquilles saint-Jacques : http://www.guides-cheminsdecompostelle.com/guide-chemin-compostelle_blasons-familles.htm
Il faut maintenant mentionner la découverte, parfaitement inopinée en 2005 par Elsa Carillo-Blouin, d'armoiries identiques à la partie I et III, à Vitoria, en Pays Basque, donc à proximité de la ville de Mondragón : un animal (lion? dragon ?) de profil est tourné vers un arbre à long tronc nu et feuillage en feuille de laurier, alors qu'un arbre identique est sculpté derrière lui.
Enfin, il faut remarquer une similitude avec les armoiries qui apparaissent sur l'article Wikipédia en espagnol consacré à la famille de Mondragón, et à la ville d'Arrasate-Mondragón. Un dragon d'or est figuré sous deux arbres verts, de même forme (proche des cyprès de l'art arabo-andalou). De même, les quartiers II et III du blason du gisant de Troïlus, à un chevron et trois coquilles évoquent ceux de gueules à un chevron d'or et trois dragons de même, qui sont attribués aux Mondragons ou à la ville de Mondragon en Guipuzcoa sur un site héraldique espagnol Linajes.net. Par ailleurs, selon P-Y. Quéméner, les Mondragon du pays Basques sont à l'orgine des Mondragons d'Arragon qui blasonnent un chevron accolé à trois têtes de lion.
Le remplacement des lions ou des dragons par les coquilles pourraient rattacher Jean de Mondragon au chanoine de Compostelle Juan Ibanez de Mondragon.
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De Heralder - [1] and File:Escudo-arrasate.gif, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=32700345 .
https://es.wikipedia.org/wiki/Mondrag%C3%B3n#/media/File:Coat_of_Arms_of_Mondrag%C3%B3n.svg.
Armoiries de Mondragón, De Heralder - [1] and File:Escudo-arrasate.gif, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=32700345 .
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Les parents de Troïlus.
— Lavieb : Mon cher Troïlus, vous n'avez livré aucun des secrets de vos armoiries, mais pouvez-vous nous dévoiler vos origines familiales ? Et depuis quand votre famille est-elle arrivée en France ?
— Troïlus : Hélas, mes origines sont devenues très floues dans ce qui me reste d'esprit. Je crois être né vers 1490 et être mort vers 1543. Mais c'est si loin ! Des archives, mon gisant pour des archives !
— Jérôme Caouën :Tenez, voici un acte qui vous concerne : ADD 22 cote 85J
"Document du 24, 25 et 27 août 1539 en la cour de Kerahes [Carhaix] pour des terres sur Coatqueau, Botmel et Bolazec de noble et puissant Tréolus de Mondragon en son nom comme procureur spécial pour noble et puissante damoiselle Françoise de la Pallu femme et compagne épouse dame desdits lieux de la Pallue, Treziguydy et des Salles et Noble André Gualery chevalier seigneur de Boisjouan, de Coybon ?,et de Allerac en son nom comme procureur pour Dame Janne L'esprevier sa compagne et femme a dit baillé acte valable et icelle au dit Montdragon.
Celui fait suite à un premier accord du 3 septembre 1516 contrat et transaction entre noble et puissant Messire Jan de Mondragon en son vivant chevalier chambrelain (pas sûr de ce mot) et conseiller du roi, sieur du Hallot, de la Salle, capitaine de Nantes et de Rennes père et garde naturel dudit Troillus de Mondragon son fils et curateur de la dite Damoiselle Françoyse de la Pallue lors mineure femme et compagne dudit présent sieur de Mondragon d'une part et défunt noble homme Charles L'esprevyer sieur de Verraier (pas sur de ma lecture) en son vivant écuyer tranchant de la feue Raigne (reine, je pense) que dieu absolue et capitaine de ? (je n'arrive pas à lire ce lieu) comme garde naturel de la dite Janne Lesprevyer sa fille de lui procréé en feue damoiselle Marguerite Treziguydy sa femme en seconde noce, en son vivant dame du dit lieu de Treziguidi, des Salles.
Advenant et appartenant à la dite Janne Lesprevyer en la dite feue damoiselle Marguerite de Treziguydi mère des dites Damoiselles Françoise de la Pallue et Janne Lesprevyer."
— Lavieb : Vous voyez, votre père se nommait Jean de Mondragon, il était en vie en 1516, chevalier, chambellan et conseiller du roi, sieur du Hallot et de la Salle, capitaine de Nantes et de Rennes. Quand à Françoise de Palue, votre épouse, elle était mineure en 1516. Ces actes parlent de la succession de Marguerite de Tréziguidy, mère de Françoise de la Palue par son premier mariage, et mère de Jeanne Lespervier par son second mariage avec Charles de Lespervier, seigneur de Vérrières. On voit aussi participer le mari de Jeanne Lespervier, André Gallery, seigneur de Bois-Jouan (par. de Saint-Mars-de-Coutais), d’Allerac, ( par.de Saint- Just) — de Couësbo, (par. de Guer). Cela ne vous dit rien ?
La tutelle de Françoise de la Palue avait fait l'objet d'un mandement du 14/11/1503, impétré par demoiselle Marguerite de Tréziguidy et Hervé de la Palue pour se faire rendre Françoise de la Palue mineure sa fille, de laquelle elle est la tutrice, qui estoit détenue par Hervé le Hech.
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Vous semblez avoir des attaches normandes puisque votre père se dit sieur de la Salle (en empruntant ce titre à sa brue Françoise de la Palue qui en possède le manoir, par héritage de sa mère) mais aussi sieur du Hallot : il s'agit d'une terre en Normandie que Jean de Mondragon a acquis de Jean Amiot au début du XVIème siècle. Et un acte du 25 juillet 1534, vous fait intervenir, vous Troylus de Mondragon, seigneur du Hallot, de Civières, Aubegny, Le Mesnil, Flumesnil et Verguelivre qui rend aveu à Jacques de Montenay, baron de Garancières les Baudemont.. Civières, Le Mesnil-Milon et Aubigny sont, comme Flumesnil, des villages du nord-est de Vernon (Eure), alors que le Hallot que je trouve se place au sud-est de Vernon.
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— Ana-Isabel : en janvier 1501, un Montdragon reçoit 600 livres à titre de dédommagement (tome 3 des Preuves de Dom Morice col 856). Puis, un Jehan de Mondragon, chevalier, capitaine de Rennes et de Nantes, est cité en 1510 (tome 3 des Preuves de Dom Morice col 901) et 1512 (tome 3 des Preuves de Dom Morice col 904). On peut fixer sa date de naissance approximativement vers 1460.
Preuves de Dom Morice coll 856.
Extrait d'un compte de Tresorier général de Bretagne pour deux ans commencés le premier Janvier 1501.
...600 livres à Montdragon, outre sa place de Gentilhomme de l'Ostel de la Royne
Preuves de Dom Morice Coll 900-901
Extrait des Registres de l'Hôtel de Ville de Rennes.
"Au conseil, Assemblée & Congrégation des nobles Bourgeois & manans de la Ville de Rennes, auxquels estoient Jehan de Mondragon Chevalier Seigneur dudit lieu, Capitaine de Rennes & Vicomte du Loyaux, Artur du Pan Escuyer Seigneur du Parc, et Gilles de Beaulieu Connétable d'icelle Ville, ...le 21 mars 1510."
Le vicomté de Loyaux (paroisse de Fresnay-en-Retz, Loire-Atlantique) semble être la première seigneurie des Mondragons en Bretagne.
Il semble que Jean de Mondragon ait été nommé capitaine de Rennes en 1502 et de Nantes en 1504.
Preuves de Dom Morice coll. 904. en 1512 :
" Lettres du Roi Louis XII, adressées à son cher et très aimé cousin le Sire de Rieux Maréchal du Duché de Bretagne, ...Jehan de Mondragon Chevalier, Capitaine de Rennes & de Nantes, ...à ce qu'ils ayent à faire assembler les Estats de la Province pour y establir un fouage et un impost sur les vins et les cidres...pour de l'argent qui en proviendra faire amas de slodats & autres gens de guerre pour résister aux Anglais & autres ennemis du Royaume, qui se sont ligués pour la perte d'icelui. Du 19 aoust 1512."
En outre, il apparaît comme une sorte de diplomate, car, le 22 août 1504, Jean de Mondragon, capitaine de Nantes, a reçu un don de la Reine Anne pour, le remercier « des bons et loyaux services qu'il a faits en plusieurs affaires et voyages qui lui ont été confiés » (ALA B 5 1 f 54).
L'Histoire de Rennes publiée en 1845 par D. Maillet et E Ducrest de Villeneuve nous apprend aussi qu'en 1502, la duchesse Anne "députait alors en Bretagne le sieur de Mondragon pour visiter en son nom les villes, cités et forteresses du duché, aux frais des habitants, et lui en faire un rapport détaillé qui l'instruisit des forces sur lesquelles elle pouvait compter."
Plus loin, après 1511, "les Anglais inquiétèrent les côtes bretonnes. Le capitaine de Rennes, Jehan de Mondragon, reçut l'ordre de se mettre en mesure." (page 211)
Après la mort d'Anne en 1514, le roi Louis XII dépêcha à Rennes en 1515 un commissaire pour recevoir le serment des officiers de la ville. Jean de Mondragon est maintenu dans ses fonctions et reçut son "présent d'installation." .
"A peine les bourgeois de Rennes avaient-ils célébré le service funèbre pour le repos de l'âme de la duchesse-reine , qu'un commissaire vint au nom de Louis XII comme père et tuteur de madame Claude, duchesse de Bretagne, prendre le serment des officiers et gens de la ville. On offrit comme présent d'usage audit commissaire une pipe de vin d' Anjou. Le capitaine Jehan de Mondragon reçut aussi son présent d'installation, consistant en deux grands pots d'argent du poids de 45 marcs." (page 212)
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— Troïlus : tout cela est fort émouvant et ne me laisse pas de marbre. "Papa, papa !"
Un certain Antoine de Mondragon.
— Lavieb : "Papa" ? Doucement, l'honneur d'être votre géniteur n'est attribué à Jean de Mon[t]dragon que par présomption, en se basant sur le fait que vous n'auriez pu épouser Françoise de La Palue sans être le fils d'un haut personnage ! Mais certains auteurs ont remarqué qu'il existe un autre Mondragon breton, un certain Anthoine. Selon Potier de Courcy, Antoine était l'un des capitaines envoyés par Ferdinand et Isabelle au secours de la duchesse Anne en 1488. Cet épisode de la Guerre Folle fait intervenir Alain d'Albret, prétendant à la main de la jeune Anne de Bretagne. Acculé à la défaite par les troupes du roi Charles VIII dirigées par le vicomte de Rohan puis de Louis II de la Trémoilles, le duc François II avait, en 1488, besoin de l'appui d'Alain d'Albret :
Selon Clément-Simon (1874) Alain était devenu puissant. Sa fortune avait encore grandi. Du chef de sa mère, il possédait des terres considérables en Bretagne il était seigneur du Périgord, du Limosin, de l'Albret, d'une partie du Condomois et de l'Agenais.
Tous ces pays lui fournissaient des soldats. La Navarre ajoutait à son influence. Le roi lui avait donné le commandement d'une compagnie de cent lances garnies dont il pouvait disposer même contre le roi Sa compagnie de cent lances était entrée en Bretagne avec les autres Français. Il dépendait d'Alain de la faire passer dans le camp des princes. Il fallait donc le gagner à tout prix.
Alain ne résista plus. Il se croyait déjà duc de Bretagne. Il touchait enfin à cette couronne qu'il convoitait depuis de si longues années. Au lieu de se rendre, vers Charles VIII il se dirigea avec plusieurs milliers de soldats du côté des princes,
mais en traversant le Limousin il trouva l'armée du roi qui l'empêcha encore de passer. Plein de dépit, il revint en Gascogne, en rendit de là en Navarre, puis en Castille pour augmenter son armée. Le roi Ferdinand s'intéressa à son projet et procure des subsides. Alain gagne par le Golfe de Gasgogne la Bretagne avec 5000 hommes.
La guerre reprend fin mars 1488. Le 7 avril, François II ordonne le rassemblement des troupes bretonnes à Rennes. l'armée bretonne du maréchal de Rieux, qui s'était mise en marche dans l'espoir d'aider Fougères, hésite à livrer une bataille rangée. C'est finalement le cas le 28 juillet, à Saint-Aubin-du-Cormier. La bataille qui s'ensuit sonne le glas des troupes bretonnes et de leurs alliés : cinq à six mille Bretons perdent la vie, contre 1 500 Français . Alain d'Albret fut plus heureux et parvint à s'échapper avec son lieutenant Cardaillac. Le Traité du Verger est signé le 19 août 1488.
— Ana-Isabel : Pourtant, aucun document ne confirme l'affirmation de Potier de Courcy qui fait d'Antoine de Mondragon l'un des espagnols conduits par d'Albret. Au contraire, on le voit cité dans le camp adverse, celui du roi Charles VIII.
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C'est dans le tome 3 des Preuves de Dom Morice, qu' Anthoine de Montdragon est cité comme archer aux montres tenues à Dinan le 12 mars 1489 (col 636) et le 2 septembre 1489 (col 633). Donc 8 mois ou 14 mois après Saint-Aubin-du-Cormier. Mais surtout, dans les troupes royales, et non dans celles d'Alain d'Albret ni celles du duc de Bretagne (décédé le 9 août 1488) et ni encore d'Anne de Bretagne, devenue duchesse le 15 février 1489.
a) Preuves de Dom Morice coll 633 : la Montre du 2 septembre 1489
"Rolle de la monstre et revue faicte à Dinan le 2 jour de septembre 1489 de 39 hommes d'armes et 80 archers du nombre de 40 lances fournies de l'ordonnance du Roy nostre Sire, estant soubz la charge & conduite de Messire Jehan Blanchier Chevalier, Roi d'Yvetot icelle servant à l’acquit de Jehan Le Gendre aussi conseiller et trésorier des guerres du Roi pour le quartier Avril, May et et Juin passé...archiers : ... Anthoine de Mondragon."
Jehan Baucher Ier (†1500), seigneur de la Forest, conseiller et chambellan du roy est dit "roi d'Yvetot" car le royaume d'Yvetot est un alleu souverain, un territoire libre de tous droits féodaux. Il mène une compagnie d'ordonnance, premières unités militaires permanentes (et donc professionnelles) à disposition du roi de France depuis 1445. En 1483, Louis IX disposait de 4000 lances en 58 compagnies. Le nombre de lances par compagnies, d'abord de 100, peut atteindre 50, 40 ou même 25 lances.
la lance se compose d'un lancier ou homme d'armes, qui la dirige, d'archers, de coutilier armé d'une lance et d'une dague, et d'un page. Dans le texte de Dom Morice, on constate qu'une lance équivaut à 2 archers.
Quand l’armée n’était pas en campagne, les lances d’ordonnance étaient assignées dans des villes désignées à l’avance, avec l’obligation d’être disponibles immédiatement en cas de besoin, au complet et équipées. Pour la qualité de l’équipement et les effectifs (certains hommes d’armes gardant pour eux le salaire des valets ou d’un archer qu’ils n’engageaient pas), des revues (montres) sont confiées, chaque trimestre, à un maréchal. C'est ici le cas à Dinan.
Les archers étaient équipés de casques appelés barbute (casque sans visière), de protections de bras, d'arcs ou d'arbalètes. Ils devaient manier aussi l'arme d'hast. L’homme d'armes n'était pas nécessairement noble, il s'agissait d'une personne qui avait les moyens de fournir l'équipement demandé. Il n'est donc pas rare de voir dans les rangs des archers ou des coutiliers des nobles qui ne pouvaient se payer l’armure qui était extrêmement chère. (D'après Wikipédia Compagnie d'ordonnance"
b) Preuves de Dom Morice coll 636 :
"Rolle de la monstre et reveue faicte à Dinan le 12 jour de Mars l'an 1489 de 40 hommes d'armes et 80 archiers faisant le nombre de 40 lances fournies de l'ordonnance du Roy nostre Sire, estant soubz la charge & conduite de François Seigneur d'Avaugour ...pour le quartier de l'Ost Novembre et Décembre passé ; Hommes d'armes, mondit Sieur d'Avaugour capitaine, Messire Jehan Baucher, ….Archiers ...Anthoine de Mondragon."
Bien que placé sous le commandement de François Ier d'Avaugour , fils bâtard du duc François II, cette compagnie a, comme la précédente, comme Homme d'armes Jehan Baucher roi d'Yvetot ; elle comporte le même nombre de lances, et on retrouve les mêmes noms cités dans le même ordre et à la suite dans les deux montres, avec des petites modifications de graphie ou de prénom : Jehannot de Saincton Mathurin de Saint Aignen, Bernard de Barbazan Michau le Catu, Guiot Fauveau, Loys Grestoir, Jacques (ou Jehan) de Tessé, Pierre Paté ou Parhé, Huguet de la Garrigne, , Guillaume le Vasseur, Pierre le Barbier, Jacques (ou Jehan) le Pelletier, Leonard Gageron ou Gageiron, Regnaud de Louancourt ou de Loingcourt, Alain Ruete, Anthoine du Buisson, Jehan Robert, le Bastard du Guay, etc. On remarquera que ces noms ont une consonance française ou normande et non hispanique : ces compagnies ne sont pas faite de recrues espagnoles.
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— Lavieb : mais, en lisant les Preuves au dessus de votre épaule, je remarque, deux colonnes au dessus, le nom d'Olivier de La Palue, dont nous venons de réanimer le gisant pour le placer à coté de celui de Troïlus, son successeur comme seigneur de la Palue.
c) Preuves de Dom Morice Coll 631 :
"Rolle de la monstre et reveue faicte à Dinan le 2 jour de septembre l'an 1489 de 99 hommes d'armes & 200 archiers du nombre de 100 lances fournies de l'ordonnance du Roy nostre Sire, estant soubz la charge & conduite de Monseigneur de Rohan ...Et premièrement : Hommes d'armes Monseigneur de Rohan ….Olivier de la Palue, etc...
Donc, Olivier de la Palue était à la montre de Dinan le 2 septembre 1489 (près de 15 ans avant son décès) comme homme d'armes, dans une autre compagnie mais le même jour qu'Antoine de Mondragon. On retrouve son nom (sous la graphie La Pallue) en 1480
d) Preuves de Dom Morice coll. 389
"Les 60 lances et 90 archers de Monsieur le Maréchal y compris 20 lances et 30 archiers qui voulaient être en la compagnie de Jehan de Launay ."Monsieur le Maréchal a donné la soulde de sa lance à ...Olivier de la Pallue"
Il était déjà présent à la montre tenue à Vannes le 28 juillet 1474 comme homme d'armes du Maréchal de Rieux :
e) Preuves de Dom Morice coll 271 :
"La monstre des gens de l'ordonnance du Duc, sous la charge de Mons. De Rieux Mareschal de Bretagne, qui ne sont comparus en la Monstre d'Ancenix rapportée ci-devant, tenue à Vannes par Thomas de Kerarzet Prevost des Mareschaux, commis quant à ce, le 28 jour de Juillet l'an 1474, present à ladite Monstre Jacques le Moyne Lieutenant de mondit Sieur le Mareschal. Et premier. Hommes d'armes Charles de Coëtmen, ...Olivier de la Palue, ..."
— Troïlus : cet archer Antoine de Mondragon, qui a peut-être bien connu le grand-père de ma chère épouse Françoise, serait-il le même qui sera désigné plus tard sous le prénom de Jean (on peut avoir deux prénoms, nous venons de le voir) ? Lui aurait-il rendu un mémorable service ?
— Ana-Isabel : Cet Antoine a du naître vers 1460, s'il avait une trentaine d'année comme archer en 1489. Olivier de la Palue a du naître vers 1440 ou 1450. Moi-même, je pense être né vers 1490. Antoine ne peut être mon grand-père. Mais s'il ne faisait qu'un avec Jean de Mondragon, d'où peut venir cette subite richesse et reconnaissance en l'espace d'environ 10 ans ? Il y aurait eu en effet une ascension fulgurante de simple archer de 1489 sous le prénom d'Antoine à capitaine de Rennes et Nantes en 1502 et 1504 mais encore présent au service du roi en 1515.
— Troïlus : Assez, assez! trouvez-moi quelqu'un qui me fasse une synthèse de tout cela !
"Je proposerais bien une reconstitution de généalogie comme suit :
- Antoine est cité comme archer en 1489, on peut lui donner une date de
naissance approximativement vers 1460
- Françoise de la Palue est dite mineure en 1516 (doc de Jérôme), on peut
lui donner une date de naissance vers 1495
- Troilus, son époux et fils de Jean de Mondragon, pourrait être né à peu
près à la même époque, c'est-à-dire vers 1490. Il meurt vers 1543.
- Jeanne de Mondragon, qui fait partie de la suite de la reine Anne en 1506,
pourrait également être née vers 1490.
On peut donc envisager qu'Antoine de Mondragon, dit Jean, est père de
Troilus et de Jeanne, tous deux nés en France, d'une mère inconnue mais
vraisemblablement bretonne."
— Troïlus : Merci Pierre-Yves pour ce point final. ,Et bien moi, mes enfants, je me remets à l'horizontal. Dormir, ah dormir dans le gris silence de kersanton ! Et gésir ! Gésir !
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL, Notice sur Beuzit-Saint-Conogan, BDHA,
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/62128ce646aa9726db4a47d6e54fe87a.pdf
Notice sur Landerneau page 313
https://www.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e8e8e84cf9484183b6117713f6b2b97d.pdf
— CARRILLO-BLOUIN (Elsa) , 2006, "Troilus de Mondragón: Pistas de investigación para un caso de integración social y cultural temprana. Presencia del País Vasco español en Bretaña durante el siglo XVI", Sancho el Sabio, 25, 2006, p. 233-250.
Résumé : A première vue, il ne reste plus rien de Troïlus de Mondragon, si ce n'est un magnifique gisant de style gothique dans le Musée Départemental de Quimper. Pourtant, les pistes de recherche qu'offrent ses traces dans le Finistère, nous permettent de penser que Troïlus provient d'une lignée importante du Pays Basque Espagnol et, qu'à son tour, il se lie et s'intègre rapidement à la noblesse du Léon en plein XVIème siècle. Sur ses origines, nous n'avions que des suppositions sur la Vallée de Mondragón en Espagne, à partir surtout de l'approximation toponymique. En ce qui concerne sa descendance, là aussi, les auteurs qui évoquent son nom, semblent tergiverser, selon les contextes, en faisant fi de sa lignée, comme si celle-ci n'avait jamais existé. Ou bien en le citant tantôt comme le père, tantôt comme le parrain d'un important personnage de la région, très proche de la cour de Catherine de Médicis et premier vice-roi de la Nouvelle France. Notre voyage à Vittoria afin de présenter ces éléments en mai 2005, nous ont permis de vérifier sur place - et tout à fait par hasard - , l'existence en plein Pays Basque, du blason avec lequel Troïlus de Mondragon a souhaité rester dans l'histoire Bretonne ; blason qui en même temps l'ancre dans le paysage local, et le laisse étranger de par les "mystères" qui semblent entourer sa vie.
— NOTICE Base Monuments historiques
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM29000927
— VALLIN, Édouard, 1859, Voyage en Bretagne, Finistère : précédé d'une notice sur la Bretagne au XIXe siècle / Édouard Vallin Comptoir de la Librairie de province (Paris) 1859 page 196.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k105374d/f211.item.r=beuzit
"Enfin, la chapelle de Beuzit, dont le clocher à jour semble annoncer un édifice beaucoup plus considérable que celui dont il dépend. Dans un petit taillis qui précède la chapelle, se voit un tombeau en kersanton entouré d'arcades gothiques et d'écussons. Sur le dessus du monument est une statue couchée représentant Olivier de la Palue [sic]. Le chevalier est recouvert d'une cotte de mailles, a les mains jointes et les pieds posés sur un lion son épée nue est placée à coté de lui."
En 1591, alors que la Guerre de religion s'éternise et que le Duc de Mercœur, prétendant baillistre du Duché de Bretagne, prépare avec les milices de la Sainte Union bretonne le débarquement des soldats catholiques du général Juan d'Aguila contre le « roi hérétique », une nouvelle église, de style renaissant léonard, est inaugurée à l'emplacement de l'ancienne, dont seule la base est conservée5. C'est pour célébrer un mariage entre deux familles anciennes, celui qui a été prononcé à La Trinité-Porhoët entre Hervé de Parcevault, neveu et héritier d'un conseiller du Parlement qui avait acquis la principale seigneurie de Beuzit, La Palue, et Renée de Coëtlogon, veuve de vingt neuf ans riche de cent mil livres de rente. Le droit breton transmettant l'héritage aux femmes aussi bien qu'aux hommes, le mari n'étant pas nu propriétaire des biens de sa femme, c'est un écu parti Parcevaux et Coëtlogon qui est sculpté sur la façade de l'église, signe que le principal donateur est l'héritière.
L'activité toilière du lin et du chanvre du Haut-Léon, basée sur l'armement saisonnier pour les ports hanséatiques d'Anvers, Lübeck et Libau, a aussi concerné Beuzit-Conogan. Un témoignage en est donné par l'inventaire après décès des biens de Jean Gourvès, un « julod » (le terme ne sera inventé qu'au xixe siècle) né en 1678 et mort le 14 janvier 1745 à Kervalguen, en la paroisse de Beuzit-Conogan. Il fait état, pour un montant de 20 618 livres, d'une grande quantité de fil et de toile, d'un ourdoir avec son chevalet, de formes à dévider avec leurs fers, d'outils à tisserands, d'une maison à buée, etc.6
Les crées (du breton crez, chemise), ces longues toiles de lins recherchées pour leur finesse et leur éclat inégalé du a un procédé de blanchiment du fil, sont ici exportées par le port de Landerneau, auquel l'accès donne lieu au paiement d'une taxe d'octroi7. De là, elles sont embarquées prioritairement vers Bilbao et Séville en vertu d'un privilège acquitté auprès de la Couronne d'Espagne par une guilde morlaisienne qui assure le contrôle de la qualité et l'application de normes selon un cahier des charges8. Elles sont destinées principalement à la confection du linge, exceptionnellement à servir de voilure. Leur commercialisation profite de l'ouverture du marché du Portugal, dont l'amiral avait été à la fin du xve siècle le morlaisien Jean Coatanlem, et bénéficie en Espagne d'une position de monopole depuis que le roi Philippe a accordé au Duc de Mercœur, en 1595, que des lettres patentes soient signées.
Jehan Bazin, ignorant délibérément l'usine d'alginate construite après guerre, décrit ce manoir en 1968 :
« Une demeure seigneuriale du xve siècle qui présente sa façade en équerre au midi et à l’est (...) Tout autour du manoir et s’étendant fort loin, prés, champs, prairies, taillis et bois de haute futaie, sans compter jardins et vergers (...). Tout autour du manoir et s’étendant fort loin, prés, champs, prairies, taillis et bois de haute futaie, sans compter jardins et vergers16. »
Désormais le manoir est enserré de constructions industrielles diverses. Le site est totalement défiguré. C’est pourtant dans ce manoir que vécurent les seigneurs de la Palue, ramage de la famille de Léon qui portait d'or au lion morné de sable, brisé en chef d’un lambel de gueules17, et dont la devise était Que mon supplice est doux18.
Provenant de l'ancienne église de Saint-Houardon de Landerneau, détruite en 1857, le gisant d'Olivier de La Palue, seigneur dudit-lieu en Beuzit-Conogan qui était présent à la montre de Dinan le 2 septembre 148919 et est mort au début du xvie siècle, se trouve désormais dans le pavillon de la chapelle du château de Kerjean20. Vassal du maréchal de Rieux, Olivier de la Palue, de par la fidélité due au suzerain mais comme la plupart des seigneurs léonards fidèles au souvenir de la guerre pour leur indépendance de 1235, est, dans la conjuration de Montargis, du parti des Penthièvre, opposé au centralisme ducal. En épousant la fille de son voisin de haut lignage, Jeanne Guyomarch, il agrandit son domaine de celui de la Petit Palue.
Leur fille, Marguerite de La Palue, épouse Jan du Mescam, seigneur de Mescaradec entre 1485 et 150017. Le fils et héritier de la Palue, François, a de sa femme, Marguerite de Trésidy, une fille, Françoise, laquelle épouse vers 1520 Troïlus de Mondragon, un vieux capitaine au service de feue la Duchesse Anne. Le magnifique gisant de ce beau fils, actuellement déposé au Musée départemental breton de Quimper, se trouvait dans l’église de Beuzit-Conogan.
La fille de Troïlus de Mondragon, Jeanne de Mondragon, après avoir épousé en 1543 François de Montmorency Hallot, vend, sans la Petite Palue, la Grande Palue, qui n'est guère utile à la fortune des Montmorency, au sénéchal du Léon, Maurice de Parcevaux ou au fils de ce dernier, Yves, conseiller au Parlement. Les deux Palue sont de nouveau séparées. La petite fille du neveu et héritier d'Yves de Parcevaux, orpheline à l'âge de deux ou trois ans et héritière de la Grande Palue, est placée comme dame d'honneur de la reine Anne d'Autriche, et est mariée en 1627 au richissime marquis de Kerjean, René Barbier.
De 1824 à 1830, la Grande Palue fut propriété de Philippe Julien de Roujoux, sieur de Keralan et acquéreur en 1833 de La Petite Palue, laquelle fut de nouveau détachée de la Grande Palue à sa mort21.
— ARGENTRÉ (Bertand d'), 1588, L'Histoire de Bretaigne Livre I page 65
http://books.google.fr/books?id=iSVhE84AQisC&pg=PR8-IA8#v=onepage&q&f=false
— DU CHESNE (André) ) Histoire De La Maison De Montmorency page 311
https://books.google.fr/books?id=W9FDAAAAcAAJ&pg=PA311&dq=%22troylus+de+montdragon%22&hl=fr&sa=X&ei=9cqtUMyXIcyb1AXrg4G4Dw&ved=0CDcQ6AEwAQ#v=onepage&q&f=false
— CLEUZIOU (Henri Raison du) 1886-1887, Bretagne : le pays de Léon. Partie 1 , ill. de Th. Busnel http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102384x/f107.image
— LE STUM (Philippe), 2005, La sauvegarde de l'art français et l'achat d'un tombeau breton en 1925, Cahier - La sauvegarde de l'art français, Numéro 18, Picard, pp. 22-27.
— LE BAUD (Pierre), revu par d' HOZIER 1638, Histoire de Bretagne, avec les Chroniques des maisons de Vitré et de Laval ...chez Gervais Alliot, 1638 page VIII
https://books.google.fr/books?id=iSVhE84AQisC&pg=PR8-IA8#v=onepage&q&f=false
— Académie des sciences, belles-lettres et arts d'Angers 1912
https://archive.org/stream/mmoiresacadmied00unkngoog/mmoiresacadmied00unkngoog_djvu.txt
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