Emmanuelle Le Seac'h, dans le Catalogue raisonné de Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne (p. 317), attribue les calvaires de Rumengol et de Plomodiern au Premier atelier ducal du Folgoët (1423-1468), tout comme les vestiges du calvaire disparu du Folgoët (vers 1443), dont il ne reste que les statues du cardinal Alain de Coëtivy et de son saint patron.
Elle donne une description si précise de ce calvaire de Plomodiern que je ne peux que la reproduire.
"Le calvaire de Rumengol a inspiré celui qui se trouve à coté de l'église de Plomodiern dans l'évêché de Cornouailles. Il est à dater de la même période, soit entre 1433 et 1457. Le sculpteur du Folgoët produit ici un second calvaire très ressemblant du point de vue stylistique même s'il est dépourvu de larrons. Les deux structures, par contre, varient. L'emmarchement est constitué ici de trois degrés, soit un de plus qu'à Rumengol. Le socle cubique reçoit un fût rond alors qu'il est à pans coupés dans cette dernière paroisse. Il supporte un bloc monolithique avec une Crucifixion traditionnelle sur l'avers avec des fleurons carrés. Ils sont formés de végétaux à Rumengol. "
Malgré la présence au revers d'un Christ du Jugement assis sur un arc-en-ciel, sujet très rarement représenté sur les calvaires sauf à Argol et à Châteaulin, elle réfute l'attribution de ce calvaire à un "Maître de Châteaulin" (Castel 1980) auteur du calvaire du XVe siècle de la chapelle Notre-Dame de Châteaulin. Et elle date le calvaire d'Argol de 1593, plus d'un siècle plus tard.
L'existence d'un dais gothique, rectangulaire à accolade, coiffant le sommet de la croix se retrouve à Rumengol, à Châteaulin, à Argol, et à Plougoulm.
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I. LA FACE PRINCIPALE : LE CRUCIFIX, LA VIERGE ET SAINT JEAN. LA VIERGE DE PITIÉ.
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Le calvaire a été déplacé, car son emplacement actuel, au nord-est de l'église, dans un terre-plein quadrangulaire adossé à un hangar, est pour le moins inhabituel.
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Photo Geoportail
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De plus, il n'est plus orienté, au sens médiat du terme, "tourné vers l'orient" ou plutôt, avec la face principale portant le Christ mort sur la croix face à l'occident, au soleil couchant, tandis que la face opposée portant le Christ ressuscité revenant juger "les vivants et les morts" se tourne vers la direction du lever du soleil et du renouveau.
Des cartes-postales le montrent jadis sur un terre-plein plus vaste, la "place centrale", devant le chevet et situé dans l'axe O-E de l'église.
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Le calvaire (kersanton, premier atelier du Folgoët, entre 1433 et 1457) de l'église de Plomodiern.
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La face principale, orientée sud-est pour faire face au parking, et souvent ombragée, porte le Crucifié sous le dais gothique, entouré de sa mère Marie et de son disciple préféré Jean, Jean l'évangéliste.
On portera son attention au caractère monolithique du calvaire, au fait que la croix avec sa traverse ne forme qu'un seul bloc, où le Christ est sculpté sur le fût, et que les saints personnages ne sont pas des statues indépendantes placées sur les bras d'un croisillon, mais qu'elles sont ancrées sur un arc, celui qui, de l'autre côté, se révélera comme l'arc en ciel du Jugement.
Le pagne flottant du Crucifié, les cheveux tombants sur les épaules et la couronne tressée sont identiques à ce qu'on observe à Rumengol.
Le titulus n'est pas gravé, les lettres INRI devaient être peintes. Les fleurons de la traverse sont rapportés.
Le calvaire de Rumengol en comparaison :
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Calvaire de Rumengol, Le Faou.
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Le calvaire (kersanton, premier atelier du Folgoët, entre 1433 et 1457) de l'église de Plomodiern.
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La Vierge plongée dans le chagrin montre un visage souffrant sous le voile du manteau. Les mains sont croisées sur la poitrine. Elle ne porte pas cette élégante robe ajustée, ce travail des plis et les pans cassés du voile qui, à Rumengol, attirait le regard.
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Le calvaire (kersanton, premier atelier du Folgoët, entre 1433 et 1457) de l'église de Plomodiern.
Le calvaire (kersanton, premier atelier du Folgoët, entre 1433 et 1457) de l'église de Plomodiern.
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De même, saint Jean n'a pas la finesse d'expression du visage, la posture souple et la recherche vestimentaire de Rumengol. La Vierge et Jean sont figés dans une posture hiératique. D'ailleurs, le grain du kersanton est moins fin et plus sombre. Globalement, c'est une œuvre de moins belle facture, et, ceci étant peut-être lié à cela, on n'y trouve pas l'écu en bannière aux armes d'un haut officier ducal comme à Rumengol.
Saint Jean tient son Livre (Evangile selon saint Jean) et lève la main droite pour nous en présenter la paume : ce geste, qui n'est pas une bénédiction, témoigne de sa réaction d'émotion participative face au drame de la Crucifixion : on pourrait imaginer qu'il s'associe à un léger recul du corps, par stupéfaction et sentiment d'être dépassé par ce qui se noue et se dénoue par cette mort.
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Mais ce qui est intéressant, c'est le type de coiffure de Jean, qui forme, au dessus d'un front dégarni, une couronne de rayons semblable à un soleil stylisé. En observant mieux, ces rayons sont des cônes torsadés comme des macarons, exactement comme à Rumengol, reprenant là une des caractéristiques les plus frappantes du Maître du Folgoët pour la chevelure des anges, notamment au Folgoët, sur le portail sud de Quimper ou de Saint-Herbot.
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Le calvaire (kersanton, premier atelier du Folgoët, entre 1433 et 1457) de l'église de Plomodiern.
Le calvaire (kersanton, premier atelier du Folgoët, entre 1433 et 1457) de l'église de Plomodiern.
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L'un des motifs les plus singuliers, parmi l'ensemble des calvaires bretons, de celui de Plomodiern, c'est la Vierge de Pitié. En effet, le voile de Marie forme un dôme qui se prolonge à droite vers le socle de Jean et vers la gauche pour couvrir dans un englobement tendre, l'épaule du Fils. Ce voile fait corps avec la Croix comme s'il en était une expansion mystique assurant protection de sollicitude à la Mère.
Là dessous, comme sous un pavillon, la tête et le corps de la Vierge dessine un petit personnage très fin. Une main se pose maternellement sur la cuisse , l'autre sur l'épaule du Crucifié.
Celui-ci, étendu sur le socle en demi-sphère, ne montre pas clairement ses plaies. Mais, point remarquable, ses cheveux forme une longue tresse, mais pas exactement une couronne d'épines, en reprenant le style du sculpteur du Folgoët avec ses mèches torsadées.
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Le calvaire (kersanton, premier atelier du Folgoët, entre 1433 et 1457) de l'église de Plomodiern.
Le calvaire (kersanton, premier atelier du Folgoët, entre 1433 et 1457) de l'église de Plomodiern.
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II. LA FACE SECONDAIRE : LE CHRIST DU JUGEMENT.
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C'est une très belle figure, qui confère au calvaire toute sa valeur. Valeur thématique, nous l'avons vu, puisque ce Christ du Jugement vêtu du manteau glorieux et exposant les plaies de ses mains, de ses pieds et de son flanc en témoignage de sa victoire sur la Mort ne se retrouve pas ailleurs sauf à Argol et Châteaulin.
Valeur esthétique puisque l'équilibre de la composition de sa station assise sur l'Arc-en-ciel (sa Parousie est un évènement cosmique) et les pieds sur la demi-sphère du Monde est parfaitement réussi.
"Au revers, le Christ du Jugement Dernier est assis en majesté sur un arc-en-ciel. Il est drapé d'un manteau fermé sous le cou, les plis formant tablier sur le devant : il laisse à découvert son ventre rond au nombril creux. Il lève les bras, les coudes collés au corps, montrant ses plaies. Son visage est carré, aux traits nets et francs, le nez droit, les yeux ourlés de doubles paupières. Les lèvres sont entrouvertes. Les cheveux sont méchés et ondulés, séparés en deux au milieu du crâne. Les grandes oreilles à l'anthélix très large ressemblent elles aussi à celles que réalisent ordinairement le maître du Folgoët. Le cou épais et les lèvres fines sont semblables à ceux de la Vierge à l'Enfant du calvaire de Rumengol. Ici aussi, l'œuvre parait inachevé. Le cou n'est pas complètement dégagé de sa gangue de pierre." (E. Le Seac'h p. 94)
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On remarque un trou, sur le socle, où un accessoire (orbe terrestre ?) devait être fixé.
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Le calvaire (kersanton, premier atelier du Folgoët, entre 1433 et 1457) de l'église de Plomodiern.
Le calvaire (kersanton, premier atelier du Folgoët, entre 1433 et 1457) de l'église de Plomodiern.
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Comparaison avec le Christ du Jugement de Châteaulin :
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Calvaire (kersantite, XVe siècle) de l'église Notre-Dame de Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
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—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère.
1606. Plomodiern, église no 1, g. k. 4,50 m. XVè s. Deux degrés. Socle octogonal. Fût rond, petites griffes en haut. Croix monolithe à branches rondes, fleurons carrés, dais, crucifix, Jean, la Vierge, Pietà sous les pieds du crucifix, Christ du Jugement. [YPC 1980]
—COUFFON (Renné), LE BARS (Alfred), 1988, notice sur Plomodiern, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
". Près de l'église paroissiale, la croix qui rappelle l'ancien cimetière, est remarquable par la finesse du travail. Au haut d'un long fût elle présente un dais de couronnement comme celle de Kroaz Paol en Lampaul-Guimiliau. En avant le Christ en croix entre Saint Jean et une sainte femme ; à ses pieds une Pieta. En arrière un Ecce homo. Cette croix est du début du 19' siècle."
2. Au milieu du cimetière, la grande croix qui domine les tombes est du modèle ordinaire des ateliers de Landerneau il y a 70 ans. On y lit : 1875, Celton recteur, Balcon Maire, S. Colin Trésorier. Elle rappelle la bénédiction du nouveau cimetière."
Tous les jubés ou clôtures de chœur que j'ai visité en Bretagne comportent, de chaque côté, une table d'offrande. C'est donc le cas pour le jubé de la chapelle Saint-Fiacre, le plus ancien des jubés en bois de Bretagne (1480).
On (j'ignore qui et depuis quand, cf. lithos) a placé sur la table d'offrande de droite une statue du duc Jean V agenouillé, tandis que celle de gauche accueille un retable en granite polychrome représentant le martyre de saint Sébastien. Ce dernier est déjà visible sur les lithographies de 1845 et de 1865 : est-ce son emplacement originel ? Avant même l'installation du jubé, qui est établi, sur le pilier, en s'encastrant dans une niche crédence antérieure ?
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Léon Gaucherel (1816-1886) : Eglise Saint-Fiacre Le Faouët (lithographie, tirée chez Thierry frères à Paris, 1845)
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Jubé de la chapelle Saint-Fiacre près du Faouët (Morbihan) - Lithographie de FICHOT, d’après un dessin de Félix BENOIST, publiée dans La Bretagne contemporaine, Nantes, 1865, t.II
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D'après cliché GFreihalter Wikipedia
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Ce retable provient de l'atelier ducal du Folgoët et sa datation est estimée par Le Seac'h vers 1450 : c'est dire son intérêt. En outre, sa beauté m'émeut beaucoup, et répond, par sa peinture écaillée, à mon goût pour l'esthétique de l'usé, du fané et du souffrant.
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Au même atelier dit du Folgoët, actif dès 1423, sous le mécénat du duc Jean V, à la collégiale du Folgoët (1423-1468), aux porches en granite de la cathédrale de Quimper(1424-1442) et du Kreisker de Saint-Pol-de-Léon (1436-1472), de Kernascléden (1433-1464), de Quimperlé (1420-1450) et de Notre-Dame-des-Portes (1438) ou aux porches en kersanton de La Martyre et de Rumengol, est attribué le porche sud en granite de la chapelle Saint-Fiacre, daté par son style gothique flamboyant vers 1450.
C'est aussi au même atelier que sont attribués les deux gisants conservés en l'église du Faouët, datés vers 1425 et représentant Bertrand de Trogoff et son épouse Perronnelle de Boutteville.
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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
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Ce retable adossé à la pile nord-ouest de la croisée du transept et de la nef présente un haut-relief du martyre de saint Sébastien.
Il mesure 1,42 mètre de haut, 1,67 mètre de large et 24 cm de profondeur. Il est composé de trois hauts blocs principaux, rectangulaires, et d'un appareillage en partie haute d'une dizaine de pierres. Il est mouluré sur les trois côtés non portants.
Les trois personnages en ronde-bosse sont placés sur des consoles de hauteur inégale, celle où est placée saint Sébastien étant la plus haute. Celle de droite est finement sculpté de croisillons, "une frise de feuilles de choux plates au dessin systématisé" pour Le Seac'h.
Les traces de polychromie sont abondantes et associent le blanc (pour les carnations), l'ocre jaune, le rouge (pour les lèvres), noir (pour les yeux), et un très beau bleu turquoise pour le tronc de l'arbre, les bas-de-chausses de l'archer de gauche et pour les feuilles et tiges des rinceaux.
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Le thème : le martyre de saint Sébastien.
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On sait que ce saint est invoqué pour lutter contre les épidémies de peste, au même titre que saint Roch, car les blessures de flèche évoquent les plaies et lésions de cette maladie. C'est dans le cadre de ce culte que sera construite, un siècle et demi plus tard (1598-1608) la chapelle Saint-Sébastien du Faouët lors d'épidémies de pestes.
On notera que la chapelle Saint-Fiacre s'est élevée près d'un ancien hôpital, ou un hébergement de pèlerins, dont témoigne une inscription lapidaire sur une maison voisine : LAN MIL CCCC XXXVI FUST FAIT CEST OSPITAL PAR C[BOUTE]VILLE. Il faut probablement attribuer aux Boutteville, famille normande passée dès le XIIIe siècle au service des ducs de Bretagne, l'introduction du culte de saint Fiacre, saint invoqué contre les maladies de peau. Une fontaine située à 500 mètres de la chapelle a été redécouverte en 1979 ; il s'agit d'un ensemble exceptionnel de trois bassins, un véritable établissement thérapeutique dédié aux maladies de la peau" (J.J. Rioult 2021).
Le culte de saint Sébastien est présent dans toute l'Europe. Et ses statues sont aussi fréquentes dans les églises et chapelles que ses enluminures et prières d'invocations le sont dans les Livres d'heures.
Il est représenté seul, les bras et les jambes liées à un arbre ou une colonne, et le corps nu transpercé de 5 à 7 flèches, ou bien entouré, dans la même posture, de deux archers bandant leur arc.
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Description.
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Saint Sébastien a les mains liées derrière le dos à un tronc d'arbre. Il est vêtu d'une simple culotte moulante à braguette distincte et ceinture serrée par deux lacets.
"Les côtes sont apparentes comme pour le Sébastien de Daoulas (atelier du Folgoët) et celui du porche des Hommes de Kernascléden ( 1433-1464).
Son corps dégage une impression de vigueur caractéristique de l'atelier avec un galbe musculaire marqué. Les cheveux sont coiffés en calotte, court sur le front et derrière les oreilles. Les yeux, le nez et les fossettes sont aux formes habituelles de l'atelier. Le pavillon des oreilles est large comme sur les quatre évêques de la façade méridionale du Folgoët. Le saint esquisse un léger sourire qui est accentué par le carmin des lèvres et le sourcil gauche en accent circonflexe." (E. Le Seac'h)
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La description d'Emmanuelle Le Seac'h, dont la préoccupation majeure et bien légitime est de rattacher diverses œuvres, dont celles-ci, à l'atelier du Folgoët pour en dresser le catalogue critique, attribue "l'impression de vigueur" et le galbe musculaire marqué au style de cet atelier, mais par contre, il me faut souligner que cette constitution athlétique est propre au sujet iconographique lui-même. Saint Sébastien, qui était considéré comme un Athleta Christi, est représenté depuis le XVe siècle torse et jambes nues, c'est un éphèbe apollinien dont la virilité est, sans jeu de mots, un attribut au même titre que sa beauté solaire. Mais cette virilité est ambiguë, atténuée par une androgynie des traits, et souvent mais non ici par un de la posture en contrapposto.
Un autre attribut (outre l'arbre auquel il est attaché, les flèches et les archers) est ce "léger sourire" qui, tout en participant à la grâce du visage, témoigne, dans les choix artistiques modérés, d'une belle indifférence aux blessures qui le frappent, et dans des choix plus accentués, de la satisfaction du saint de souffrir en martyre pour son Dieu.
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Un élément remarquable est l'absence de flèches, ou d'orifice de flèches, sur le corps du saint.
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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
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"Les pommettes hautes et la vêture des deux soldats sont similaires à celles rencontrées à Quimperlé sur la statue du duc Jean V ou au Folgoët sur celles des Rois Mages. L'archer de droite porte un pourpoint long aux plis verticaux, resserrés à la taille par une ceinture plate aux manches à gigots fendues pour l'aisance. Il est coiffé d'une calotte ronde. Il est sculpté de face tandis que ses membres et sa tête sont de profil. La marque médiévale se reconnaît ici dans la difficulté à rendre les mouvements, dans le hiératisme des corps et la grande schématisation des visages qui tendent vers l'épure." (E. Le Seac'h p. 68)
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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
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De chaque côté, des rinceaux à feuilles larges peints en bleu-vert s'élèvent de la gueule d'animaux, exactement comme sur les moulures des porches sculptés par l'atelier. Du côté droit, où le motif est le plus visible, on reconnaît un dragon ailé.
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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
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"Celui de gauche porte un chaperon enturbanné à un pan aussi appelé chapeau à bourrelet et à crête. Sculpté de profil, il porte une armure dont le plastron est arrondi dans le bas et fendu sur les côtés et au milieu. "(E. Le Seac'h p. 68)
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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.
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ANNEXE : ICONOGRAPHIE.
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Saint Sébastien, atelier du Folgoët, parc de l'abbaye de Daoulas. Photo lavieb-aile.
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Statue en bois de saint Sébastien, chapelle de la Magdelene à Briec-sur-Odet. Photo lavieb-aile.
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Eglise du Tréhou. Photo lavieb-aile.
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Saint Sébastien, bois, XVIe siècle, chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photo lavieb-aile.
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Saint Sébastien, kersanton. Photo lavieb-aile.Calvaire de Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.
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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.
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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.
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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.
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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.
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Saint Sébastien, calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.
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archer, calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.
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archer, calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.
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Saint Sébastien, kersanton, porche de Ploudiry. Photo lavieb-aile.
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Saint Sébastien, kersanton, atelier Prigent vers 1550. Chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photo lavieb-aile.
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Saint Sébastien, kersanton, atelier Prigent vers 1550. Chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photo lavieb-aile.
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Verrière de saint Sébastien, XVIe siècle, église de Plogonnec. Photo lavieb-aile.
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Saint Sébastien, kersanton, vers 1640, Roland Doré, calvaire de la Croix-Rouge ou Creis Ru de Dirinon. Photo lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
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—GROER (Léon de). L'architecture gothique des Xve et XVIe s. dans les anciens diocèses de Quimper et de Vannes. Etude de quelques ateliers. Thèse Ecole des Chartes, 1943. Doc dactylographié inédit.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. Pages 69 et 314.
—LEFEVRE-PONTALIS (Eugène), 1914. Le Faouët, chapelle de Saint-Fiacre, dans Congrès archéologique de France, LXXXIe session tenue à Brest et à Vannes en 1914 par la Société française d'Archéologie, Paris, 1919, p. 348-355.
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J'ai été surpris lors de ma visite de l'église de Runan, de découvrir sur les piliers du bas-côté sud des frises de sculpture qui me rappelaient ceux des porches du XVe siècle de Basse-Bretagne, et notamment la façon dont les rinceaux de vigne ou autres feuillages naissent de la gueule de bêtes et petits personnages de l'extrémité inférieure.
J'ai ensuite découvert, sur le chapiteau d'un pilier, des animaux ( a priori des hermines) passant à travers les spires d'une banderole, comme autour des armoiries ducales du pignon de cette "chapelle de la Commanderie", selon un motif bien connu de l'emblématique de Jean V associé à la devise A MA VIE qu'on lit sur la maîtresse-vitre.
Enfin, deux anges présentant des armoiries montraient que nous nous trouvions face à un ensemble prestigieux.
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Ma curiosité ainsi piquée trouva vite à se satisfaire dans les descriptions de référence de l'église, puisque successivement Louis Monnier, René Couffon, Jean-Jacques Rioult, Steven Lemaître ou Jean-Paul Rolland ont souligné l'intérêt de ces piliers.
C'est René Couffon qui identifia sur le bas-côté sud, après la chapelle des Fonts, et après la deuxième travée correspondant à l'entrée par le porche sud, une "chapelle de la Commanderie" correspondant aux 3ème et 4ème travées : on considère qu'elle fut construite sur la décision du commandeur hospitalier Pierre de Keramborgne un peu avant 1439 pour la Commanderie de Saint-Jean de Jérusalem.
Selon S. Lemaître, les deux rangées d'arcades en équerre, à multiples voussures supportées en alternance par des piliers à faisceau de colonnettes et de piliers losangés forment un espace réservé aux dignitaires de haut rang proche de Jean V, tels que Henri du Parc, Pierre de Keramborgne, ou Jean du Perrier, ou Rolland de Kernechriou.
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"Les exceptionnelles piles à rinceaux de la chapelle de la commanderie n´ont pas d'équivalent connu en Bretagne : ce décor habituellement réservé aux ébrasements des portails matérialise à l'intérieur de l'église un espace alors fermé par une clôture probablement en bois, qui pouvait à l'occasion accueillir la famille ducale." (Jean-Jacques Rioult)
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L'intérêt de cette chapelle n'a pas échappé aux éditeurs de cartes postales, dans des clichés où l'absence des bancs est appréciable.
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D'après Guy Artur IVR53_19742200159V Inventaire général.
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Vue générale de la chapelle de la Commanderie.
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"Les exceptionnelles piles à rinceaux. Leurs tailloirs à mouluration complexe, leurs chapiteaux renflés formant comme un bourrelet ont un accent anglais très marqué. Les colonnettes d'angle y présentent sur leur face antérieure un réglet, caractéristique des années 1430-1450, que l'on retrouve à la même date par exemple dans la chapelle de Tronoën à Saint-Jean-Trolimon." (Jean-Jacques Rioult 1986)
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Au premier plan à gauche, sous la statue de saint Yves, le pilier le plus considérable et le plus noble, avec sa table d'offrande, ses anges porteurs d'écu, et sa frise aux [hermines] passantes. Ce sera mon pilier P1.
À sa droite, le pilier en losange que je vais baptiser P2.
Et entre eux, à l'arrière, mon futur pilier P3. J'ai hâte de les découvrir!
Plan de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Annotation sur R. Couffon.
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Plan selon Couffon modifié par Lemaître.
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. Le pilier P1 de l'angle nord-ouest de la chapelle de la Commanderie.
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Comme le montre le relevé de Lemaître, sa forme est complexe et hétérogène et associe un rectangle (orné des anges portant écus), un demi-cercle polylobé (qui répond au pilier de l'angle sud-ouest), et enfin vers l'est la moitié d'un losange, reprenant le décor des piliers P2 et P3.
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Photo d'après Norbert Lambart, Inventaire général
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La face ouest du "rectangle" est ornée, au dessus d'une table d'offrandes, du premier des anges.
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L'ange et l'écu muet du côté ouest.
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Un écu, hélas muet (peut-être peint, car on ne constate pas de trace de martellement) s'insère dans la frise de sarment du chapiteau.
L'astragale (cette moulure séparant le chapiteau et la colonne), est en tore.
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La structure à quatre colonnes engagées, les deux extérieures plus conséquentes que les colonnettes internes, va se retrouver sur les piliers losangés, et elle encadrera un décor de rinceaux. Mais ici, la tige qui monte et fournit une feuille charnue s'interrompt au profit d'un ange qui est représenté en plein vol de descente, ailes dressées et longue tunique saisie par l'élan. Il nous présente un panneau carré, qui ne ressemble pas exactement à un livre, et qui pouvait porter un motif armorié.
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Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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L'ange et l'écu du côté nord.
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Le thème est le même, mais l'ange est ici agenouillé en position de chevalier servant ; son front est ceint d'un bandeau et ses cheveux volumineux sont peignés. Ce qu'il présente ici est rectangulaire et non plus carré, et il le tient contre sa poitrine comme un servant porte un livre saint.
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Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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En continuant à tourner autour du pilier, en sens horaire, nous trouvons, après un raccord en appareillage un peu périlleux, le premier exemple de ces rinceaux encadrés par deux colonnettes. Les feuilles sont larges, et leurs digitations sinueuses naissent d'une partie renflée en coquille.
À la base, l'animal est dressé sur deux pattes, mais il est peu distinct.
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Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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La face suivante, qui ferme le demi-losange, est identique, aux monstres près.
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Photo Guy Artur Inventaire général.
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Vers le sud, la structure à colonnettes successives est surmontée en guise de chapiteau d'une frise où des animaux passent à travers les spires d'une banderole.
Cela évoque immédiatement, le motif emblématique du duc de Bretagne Jean V, qu'il a fait placer, sur le pignon extérieur de cette chapelle, autour de ses armoiries. Et qui se retrouve aussi sur la maîtresse-vitre, avec sa devise A MA VIE.
On le retrouve aussi sur les autres monuments dépendants du mécénat ducal, au Folgoët, à Quimper et à Quimperlé.
Mais ici, il est difficile d'affirmer que les animaux sont des hermines. Il est difficile aussi de l'infirmer. Certains ont vu des chiens se disputant un os, mais sans me convaincre.
J'ai multiplier en vain les clichés pour trouver l'éclairage déterminant.
Mais la forme générale de l'emblème, et sa situation à l'angle d'une chapelle noble, sur un pilier doté d'armoiries, et dans une église où l'emblème ducal est présent deux autres fois, me semblent des arguments convaincants pour prétendre voir ici aussi des hermines. Elles s'opposent gueule à gueule.
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Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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. Le pilier losangé P2 à l'ouest de la chapelle de la Commanderie.
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Il ne s'agit pas stricto sensu d'une pile losangique, mais carrée, et placée obliquement.
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Le rinceau d'une des face est ornée d'un lapin tête en bas. Il naît, en bas, d'un chien, ou lion, vu de dos.
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Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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Le rinceau de la face adjacente débute, en bas, par un serpent (ou bourgeon) et culmine dans la gueule d'un chien.
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Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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Sur la face suivante, le rinceau est tenu en haut et en bas par des lionceaux. Si on veut.
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Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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. Le pilier P3 en losange du flanc nord de la chapelle de la Commanderie.
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Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
Les piliers (granite, vers 1438) de la chapelle de la Commanderie de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.
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SOURCES ET LIENS.
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—BLANCHARD (René), 1895, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne: étude sur les sources du recueil. n°. 2218 et 2371
— COUFFON (René), 1950, « Runan », Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie « 107e session, 1949, Saint-Brieuc », 1950, p. 150-164.
— LEMAÎTRE (Stéven), 2015, « Runan, église Notre-Dame-de-Miséricorde », Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie « Monuments des Côtes d'Armor, le « Beau Moyen Âge », 173e session, 2015 », 2017, p. 313-326.
"Au sud de la nef dans la première travée, la chapelle des fonts est délimitée en équerre par des piles à faisceau de cinq colonnettes supportant des arcs en tiers-point à quatre rouleaux. Ils marquent le chantier des années 1437-1438 qui s'étend à presque toutes les arcades du bas-côté sud. Dans l'angle ouest de la chapelle des fonts et de la nef, la première assise du pilier, bien que grossièrement équarrie, annonce le départ de cinq colonnettes qui s'élancent vers de chapiteaux évasés décorés d'une vigne abondante. Ce motif est repris sur les chapiteaux de la pile à faisceau complexe qui distribue les arcades de la première et seconde travée de la nef et celle en équerre."
"La seconde travée correspondant à l'entrée méridionale de la nef dessert, à l'est, la chapelle seigneuriale des années 1437-1438 qui occupe les troisième et quatrième travées.
Les deux rangées d'arcades en équerre, à multiples voussures supportées en alternance par des piliers à faisceau de colonnettes et losangés, forment un espace réservé aux dignitaires de haut rang., ce que viennent confirmer les quatre écus frappant les voussoirs centraux des deux arcades qui séparent les deuxième et troisième travées.
"Les piles losangées constituent le principal attrait de la chapelle seigneuriale. Elles sont flanquées aux angles de trois colonnettes engagées à base moulurées et astragales en tore. Elles encadrent des rinceaux grimpants terminés par des monstres ou des animaux.
Les colonnettes engagées et les piles sont coiffés de chapiteaux ornés de sarments stylisés aux tailloirs chanfreinés."
—MONNIER (Louis), 1900, « L'église de Runan, ses origines, son histoire », Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, vol. 24, 1900, p. 132.
Ce retable a été décrit par René Couffon en 1950, et sa description doit être citée in extenso comme un morceau d'anthologie des sommets d'érudition qu'un auteur, certes coutumier du fait, peut déployer à partir d'un hypothèse erronée :
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"Commandé sans nul doute , entre 1421 et 1423 pour décorer le maître-autel, ainsi que le confirme, du reste, sa facture, ce retable en pierre fut remplacé en 1561 par un ouvrage en bois avec tabernacle, dans le goût du jour. Il fut alors relégué dans un oratoire du cimetière servant de débarras et aujourd'hui disparu, où il fut retrouvé en 1854 : il décore actuellement l'autel de la chapelle des fonts baptismaux.
"Cinq tableaux y sont représentés, de gauche à droite : l'Annonciation, l'Adoration des Mages, la Crucifixion, la Mie au tombeau, et le Couronnement de la sainte Vierge. Ces scènes se détachent sur un fond plat avec un léger ressaut central à l'aplomb de la Crucifixion, mais sans aucune séparation. Elles sont surmontées d'importantes architectures flamboyantes, dont elles sont séparées par une gorge décorée de petites roses.
"En pierre bleutée étrangère au pays, c'est là manifestement une œuvre de Tournai. Les architectes du retable de Tournai sont en effet, semblables à celles que l'on retrouve sur plusieurs ouvrages tournaisiens : monuments de la famille de Seclin (vers 1401), et de Tasse Severin (+ 1426) dans la cathédrale de Tournai, bas-reliefs de Jacques d'Avesnes et de Jacques Tintenier dans l'église Saint-Jacques de la même ville, stèle de Robert Le Roy (+1421) conservée au Musée d'Arras, etc...
"La gorge garnie de rosettes est un motif également cher aux artistes tournaisiens et se voit, notamment, sur une niche du chevet de l'église Saint-Jacques sculpté en 1370 par Lotard Morel d'Antoing, sur le monument funéraire de Jacques Isaak et de sa femme Isabeau d'Anvaing (+ 1401) à la cathédrale de Tournai, sur les stèles funéraires de Marie de Quinghien (+1429) et de Jacques de Villers conservés au Musée des Arts décoratifs de Tournai, sur le monument de Beaudouin de Henin (+1420) et de sa femme Catherine de Melun (+1425) dans l'église Saint-Nicolas de la même ville, etc... Ce motif paraît, d'ailleurs, inspiré de certains ivoires avec lesquels les retables tournaisiens offrent une grande analogie.
"Quant aux personnages, malgré quelques imperfections, telle le bras démesuré du second des rois mages et le buste trop allongé de la Madeleine, ils sont d'une grande élégance et de qualité. Les draperies, en particulier, sont parfaitement traitées et ne sont pas sans rappeler, précisément, celles des personnages du tombeau des Seclin.
"Malheureusement, dans ce dernier tombeau, la sainte Vierge est décapitée ; or, il est à remarquer qu'à Runan la figure de la sainte Vierge est plus pleine que dans la plupart des ouvrages tournaisiens, exception faite d'une sainte Vierge et d'une sainte Anne appartenant à un monument mutilé de la cathédrale, ainsi que celle d'une Vierge du monument de Simon de Leval ( 1407) dans l'église de Basèches.
"Il faut enfin noter à Runan, comme a bien voulu nous le signaler Mlle Marguerite Devigne, la taille un peu courte des personnages et le fond plat assez inusité à cette époque, parmi les monuments funéraires tout au moins.
"Le retable a été classé par arrêté du 1er mai 1911."
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En effet, en 1990, Gildas Durand, qui a consacré sa thèse de 1989 aux retables bretons originaires des anciens Pays-Bas (cathédrale de Rennes, Kerdévot en Ergué-Gabéric) a révélé qu'une analyse d’un éclat de la pierre avait été faite par le laboratoire du professeur Sylvain Blais de l’Institut de Géologie de l’Université de Rennes I, remet sa provenance en question. La pierre du retable de Runan était une pierre proche de la kersantite (un lamprophyre métamorphisé dont les principaux gisements se trouvent en rade de Brest). (Note : je n'ai pas eu accès à la publication scientifique mais seulement à des comptes-rendus de celle-ci : Rolland 2020).
Le retable a été recouvert d'un enduit argileux à une date inconnue, qui n'a pas été entièrement ôté lors de sa redécouverte en 1854, ce qui explique cette teinte un peu bleutée qui a abusé l'auguste René Couffon. Pourtant, "la couleur grise tirant sur un vert-bleu du premier registre rappelle immédiatement la kersantite et ne laisse que peu de doute quat à la région d'extraction de la roche" (S. Lemaître)
Dés lors, la datation proposée par Couffon a été revue par J.-P. Rolland : le retable pourrait être du deuxième quart du XIVe siècle, par rapprochement avec la Vierge de l'Adoration des Mages avec la Vierge assise du tombeau de Roland de Coargoureden, dans la basilique de Guinguamp, ou avec la Vierge à l'Enfant du XIVe siècle du Musée des Jacobins de Morlaix, qui est elle aussi en kersantite. (**)
(**) Vierge allaitant l'Enfant, kersanton, vers 1450, provenant de l'ancien château de Creac'h Guizien à Plougoulm
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Le retable mesure 3,20 m de large pour 1,07 m de haut et 30 cm d'épaisseur. Il abrite, sous une frise de dais d'architecture gothique très travaillée (quinze gables à crochets et fleurons séparés par des pinacles) , les scènes de l'Annonciation, de l'Adoration des Mages, de la Crucifixion, de la Mise au Tombeau et du Couronnement de la Vierge.
Le retable présente des similitudes iconographiques avec celui de l'église Notre-Dame-de-Soumission de Pléguien (22), notamment la scène du Couronnement de la Vierge, mais la facture de ce dernier est plus fruste, et ce rapprochement n'indique pas une production par un même atelier : Ici, la facture est plus raffinée : les drapés sont fins et légers, les cheveux habilement stylisés, l'amande des yeux bien dessinée, les ongles des doigts se remarquent sur presque tous les personnages les livres ont des fermoirs et des pages striées, et les accessoires comme les gants ou le pli des chausses se distinguent nettement.
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Note.
Je n'ai pu éclaircir le point de savoir si l'équipe de géologue de Rennes utilise le terme précis de "kersantite", car on trouve dans les descriptions celui de "lamprophyre métamorphisé", et S. Lemaître ajoute en note : "c'est une roche très similaire à la kersantite". L'usage du kersanton est très rare en Bretagne (pierres de construction du château de Brest au XIVe siècle) avant son emploi en sculpture ornementale par le "grand atelier ducal" à partir de 1423 (E. Le Seac'h).
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La Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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L'Annonciation.
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L'ange Gabriel est placé à gauche et il est agenouillé "en chevalier servant" ; il dresse l'index vers le texte du phylactère, qu'il tient dans la main gauche et qui élève ses spires verticalement. Il regarde la Vierge.
Son visage est joufflu. Ses cheveux longs sont retenus par un bandeau à cabochon médian. Il est vêtu d'une tunique serrée par un cordon.
Dès à présent, nous pouvons admirer la finesse des traits, celle des mains, le naturel souple de la posture et le rendu des drapés.
Une zone qui a été grattée devant le front de Marie pourrait correspondre à la colombe de l'Esprit.
La Vierge est debout, levant les mains paumes en avant en signe à la fois de surprise et d'acceptation. Elle est voilée par son manteau, dont le pan tombe verticalement à sa droite, tandis que le pan gauche revient se fixer à la ceinture sous le poignet droit, selon l'usage de la troussoire. La robe vient plisser sous l'effet de la ceinture, et retombe très bas, ne dévoilant que l'extrémité de chaussures pointues.
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Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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L'Adoration des Mages.
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La Vierge est assise sur un piédestal, et tient une boule (fruit ? orbe ?) dans la main droite. Elle est couronnée et voilée, et vêtue comme dans la scène précédente. Son Fils, vêtu d'une tunique, est debout sur le genou gauche de sa Mère et lève la main droite en geste de bénédiction, tandis que la main gauche est posée, en signe d'acceptation, sur le calice d'or qui lui est offert. Devant lui, le roi Melchior, le plus âgé et le seul des trois rois à être barbu, pose un genoux à terre et tient sa couronne en main gauche. Son visage est tourné vers l'Enfant.
Derrière lui, le roi Gaspard tient la coupe d'encens, mais tandis qu'il lève l'index vers l'étoile qui les a guidé, il se tourne vers le troisième roi.
Il s'agit de Balthasar, qui offre la myrrhe.
La disposition générale, et la posture retournée de Gaspard, se retrouve sur le tympan du porche de Rumengol, datant de 1468, également en kersanton.
Ces deux sanctuaires relèvent, comme à Runan, du mécénat du duc de Bretagne ou de ses grands officiers.
Ces éléments plaideraient pour une datation vers le premier quart du XVe siècle, période correspondant aux deux concessions de foire par Jean V en 1414 (pour la fête de Notre-Dame) et 1421 (pour celle de la Saint-Barnabé)
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Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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Plusieurs détails peuvent être remarqués :
Les deux rois ont la main droite gantée (on ne peut affirmer que la gauche le soit).
Le col de leur manteau remonte haut, en col d'officier, mais il est fermé par une dizaine de boutons ronds.
Gaspard porte sous ce manteau une tunique courte à plis serrés sous la ceinture.
Les chevelures sont ondulés et peignés, taillés mi-courts (les pointes arrivant à la hauteur du menton).
Ils sont chaussés "à la poulaine", et Gaspard semble porter une armure, car ce sont bien des solerets à extrémités pointues qui sont visibles.
Ces éléments pourraient permettre d'affiner la datation.
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Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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Le Calvaire.
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Beauté et fluidité des drapés !
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Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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La Déploration à six personnages.
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On corrigera les descriptions de René Couffon et des auteurs qui le suivent : nous n'avons pas ici une Mise au Tombeau (avec Joseph d'Arimathie et Nicodème), mais ce temps de recueillement et de chagrin qui la précède, nommé Déploration en iconographie.
Mais le bas relief de la façade du soubassement, sur lequel est posée la pierre d'exposition, introduit une confusion puisqu'il montre deux soldats endormis , avec leurs armes (hache, hallebarde, masse d'arme) éparses, scène qui appartient à l'iconographie de la Sortie du Tombeau, ou Résurrection. Les casques sont coniques, les solerets très pointus.
Nous pourrions penser à une scène d'embaumement, puisque derrière le corps du Christ nous voyons trois sainte femmes ( Marie-Madeleine, Marie Salomé, et Marie Cléophas) portant chacune un flacon d'aromates. Mais la présence de saint Jean, tenant un livre, est étrange.
Enfin, la position de la Vierge, couchée à demi sur les jambes de son Fils pour lui embrasser la main, est tout à fait singulière. Si bien que S. Lemaître y reconnaît plutôt Marie-Madeleine, et juge que cette scène "comporte quelques excentricités".
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Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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Les boucles de cheveux "en macarons" évoquent le style de l'atelier ducal du Folgoët.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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La première femme après Jean n'est pas voilée. Et elle esquisse un sourire : j'y reconnais Marie-Madeleine.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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La rondeur des visages est vraiment accentuée. Mais la simplicité des traits, la dignité de la posture et surtout peut-être la pureté quasi sacrée de la position des deux mains autour du récipient créent une atmosphère de recueillement et de silence.
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Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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Je grossis et redresse la tête du Christ pour mieux la détailler, au prix de la qualité du cliché.
Les cheveux, d'abord peignés sur le sommet de la tête, tombent en boucles joliment sinueuses sur les épaules.
La couronne d'épines est une simple torsade.
Les yeux (comme ceux de Jean ou de Marie) sont très larges, et la fente entre les deux paupières est en amande très effilée. La paupière inférieure est soulignée par un arc, très excavé, et qui se poursuit jusqu'à la racine du nez.
Le nez est droit et fin jusqu'aux narines élégamment arrondies.
La toute petite lèvre inférieure forme un gracieux dessin sous une arcade concave qui, loin d'être triste, évoque la sérénité.
S. Lemaître y voit, sans me convaincre, "une moustache naissante" et évoque "un style plutôt anglais".
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Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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Le Couronnement de la Vierge.
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Il suffit de regarder !
La symétrie en vagues ou en M des plis des jambes des deux personnages. Et l'opposition entre le dynamisme des plis du torse du Christ, et l'écoulement vertical passif de ceux de Marie.
Les mains de Marie, forme idéale de la prière !
La réussite formelle des pieds nus du Christ, vigoureux, délicats, chacun saisi dans la justesse anatomique de leur position : l'un en appui, en pilier, l'autre en élan communiqué à la jambe, et au bras qui pose la couronne.
L'orbe volumineux renvoie au globus cruciger des empereurs, il témoigne de la toute puissance divine ; mais dans un équilibre des masses, il répond à la rondeur du visage féminin.
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Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle ?) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan. Photographie lavieb-aile 2022.
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SOURCES ET LIENS.
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—ALAIN (Agnès), 2020, Sortie fontaines et petits patrimoines
— COUFFON (René), 1950, « Runan », Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie « 107e session, 1949, Saint-Brieuc », 1950, p. 150-164.
— DE COURCY (Pol Potier), 1864, Source : De Rennes à Brest et à Saint-Malo par
—DURAND (Gildas), 1999, « Nouvelle théorie sur le retable de Runan. Ses conséquences pour la connaissance de l'art gothique breton », Les dossiers du Centre de Recherche et d'Archéologie d'Alet, no 18, 1999, p. 91-104.
http://ceraaalet.free.fr/etudes.htm
—DURAND (Gildas), 1989, Les retables et groupes sculptés originaires des anciens Pays-Bas, des XVe et XVIe siècle, conservés en Bretagne, et la problématique de l'étude de la statuaire en Bretagne recherches sur la notion d'expansion artistique et sur le rôle des influences étrangères dans les productions locales. Thèse soutenu à Rennes 2 sous la direction de Xavier Barral i Altet
—Infobretagne
http://www.infobretagne.com/runan-eglise.htm
— JEZEQUEL (Pierre), octobre 2020, A propos d'une nuance de bleu dans l'église de Runan.
"Plus heureux que le Calvaire, dont les profondes cicatrices attristent les regards, le Bas-Relief a été préservé de toute atteinte. Découvert, en juillet 1854, par un enfant qui s'amusait à gratter le mur qui le soutient, et débarrassé, à cette époque, de l'épaisse couche d'argile sous laquelle la paroisse l'avait caché en 1793, il est devenu depuis un but de pèlerinage assez fréquenté, et laisse voir maintenant sans crainte les gracieuses statuettes, disposées en groupe, dont nous regrettons de n'avoir pu reproduire ici qu'une partie. Cette œuvre représente les scènes principales de la vie de la Vierge. Elle est incrustée maintenant dans la muraille intérieure d'une masure dont la toiture est complètement détruite. Située dans un coin du cimetière et transformée en mairie lors de l'érection de Runan en commune, cette masure était anciennement disposée en oratoire et formait une petite chapelle. Il ne serait donc pas impossible que ce bas relief eût été fait pour la place qu'il occupe ; mais on suppose qu'il servait autrefois de retable au maître-autel de l'église. Quoi qu'il en soit, nous pensons qu'on ne saurait mieux faire aujourd'hui que de faire revivre l'oratoire des temps anciens, et de lui conserver surtout les admirables sculptures dont nous venons de parler."
— LEMAÎTRE (Stéven), 2015, « Runan, église Notre-Dame-de-Miséricorde », Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie « Monuments des Côtes d'Armor, le « Beau Moyen Âge », 173e session, 2015 », 2017, p. 313-326.
—MONNIER (Louis), 1900, « L'église de Runan, ses origines, son histoire », Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, vol. 24, 1900, p. 195.
L'église Saint-Colomban est récente (début XXe) bien qu'on ait conservé le porche sud et le clocher du début du XVIIIe. Mais on trouve dans une niche au dessus du porche sud un statue d'une Vierge allaitant l'Enfant, en kersanton, qui mérite notre intérêt. Haute de 80 cm et large de 30 cm, elle date, selon Le Seac'h, de 1423-1433, dates d'activité du Premier Atelier du Folgoët, auquel cette spécialiste l'attribue. La Vierge est couronnée, elle est drapée dans une robe, tandis qu'un manteau fait office de voile. Seul le sein gauche, haut situé sur le buste, est dénudé, et présenté à l'Enfant par la main de sa Mère.
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Un modèle ? La Vierge allaitant l'Enfant de l'église Notre-Dame de l'Assomption de Quimperlé.
Selon Le Seac'h, il s'agit de la "copie" de la Vierge allaitante du chevet de l'église Notre-Dame de Quimperlé, qui occupe une niche du contrefort nord. Celle-là daterait de 1420, juste au début de la reconstruction de l'église, malgré le voile qui enveloppe les jambes de l'enfant avant de retomber en un beau plissé, et qui, selon Christel Douard, est caractéristique de la fin du XIVe. [C. DOUARD (sous la dir.), Quimperlé et son canton, Rennes, 2002]. Elle n'est pas attribuée à l'atelier du Folgoët, — à la différence de la statue du duc Jean V, en granite, du contrefort gauche— et le corps large de la Vierge et le drapé épais de son manteau révèleraient une influence bourguignonne, alors que le nimbe qui entoure sa tête ne se retrouve pas dans les représentations locales de la Vierge, ce qui trahit sont influence extérieure. Pour Le Seac'h, les sculpteurs de l'atelier du Folgoët, lors de leur passage à Quimperlé, se seraient inspirés de la plastique de cette Vierge importée et l'auraient reproduite à Plougoulm en inversant le bras où est assis l'enfant. Il resterait à préciser le matériau de la Vierge de Quimperlé sous les traces de polychromie : en kersanton pour C.Douard (ce qui s'oppose à une origine exogène) ou en "un matériau d'importation, peut-être un grès" pour Le Seac'h.
Voir les photos de cette statue de Quimperlé ici : https://www.journees-du-patrimoine.com/SITE/eglise-notre-dame-assomption--quim-179977.htm
Néanmoins, je trouve que les différences entre les deux statues sont notables, au delà du coté où Jésus est assis. Le nimbe est absent à Plougoulm, le visage de la Vierge y est plus gracieux (le nez est moins pointu), l'Enfant est vêtu d'une tunique assez longue pour que les plis tombent en tourbillons. À Quimperlé, la Mère semble perdue dans ses pensées et ne regarde pas son Fils, elle ne lui présente pas le sein. À Plougoulm, l'Enfant place tendrement sa main droite sur le haut de la poitrine, et sa main gauche sous le sein. Le sein droit est clairement modelé (il est même difficile d'affirmer qu'il est couvert), à la différence de Quimperlé où il est dissimulé par le voile.
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Église Saint-Colomban de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
Église Saint-Colomban de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
Église Saint-Colomban de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
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SOURCES ET LIENS.
— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de Plougoulm, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
"Statues anciennes : Vierge allaitant, en kersanton, au portail ouest"
—— COUFFON (René), 1961, "L'évolution de la statuaire en kersanton" Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc t. LXXXIX, 1961 p. 1-45.
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1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)