Le porche de Pencran : les apôtres du Credo apostolique.
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Sur Pencran :
Le retable de la "Descente de Croix" de l'église de Pencran (29). (1517)
Sur les Credo apostoliques :
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La façade de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun et son Credo apostolique. 1585-1588.
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Le Credo prophétique et apostolique et l a maîtresse-vitre de l'église de Quemper-Guezennec (22).
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L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou IV. Le porche sud : les Apôtres
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La chapelle saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre IV : le tympan. (1402)
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Vierge allaitante II : Chapelle Notre-Dame de Kergoat, Quéméneven: I. les vitraux.
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Sur les porches de Basse-Bretagne (ordre chronologique):
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La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. III. Le Porche des Apôtres. (1423-1433)
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L'église Notre-Dame de Rumengol . III. Le porche sud (vers 1468). et ses apôtres.
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L'église Saint-Salomon de La Martyre. I. L'Arc de Triomphe et le Porche sud. (1450-1468). Et ses apôtres.
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Les peintures de la voûte du porche de l'église de La Martyre.
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L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou IV. Le porche sud : les Apôtres (1481).
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Avec du citron ! Les poissons du porche sud de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. (1509)
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Le portail sud de l'église de La Roche-Maurice. (vers 1530-1550, kersanton, atelier Prigent ?)
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Le porche de l'église de Landivisiau. I. L'extérieur. (1554-1565)
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Le porche (1554-1559) de l'église de Landivisiau. II. La grande arcade extérieure (1554-1565).
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Le porche de l'église de Landivisiau III. Les apôtres et leur dais.(1554-1565)
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Le porche de l'église de Landivisiau VII. L'arcade intérieure et son tympan.(1554-1565)
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L'enclos paroissial de Pencran I. Les crossettes du porche (1553).
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L'église de Guipavas III : les Apôtres du porche nord (1563).
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Sculpture sur pierre de l'Abbaye de Daoulas. I. Le Porche aux Apôtres (1566).
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Les sculptures de pierre de l'église de Bodilis . I. Le portail intérieur (1570) du porche sud.
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Les termes (cariatide et atlante) de Lanhouarneau. porche sud (1584-1588) de l'église Saint-Hervé..
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Porche de Pleyben (1588).
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L'église de Goulven VI. Le porche gothique et le porche aux apôtres. (v.1593)
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Les sculptures de pierre de l'église de Bodilis . II. Le décor de l'intérieur du porche sud (1601).
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La chapelle Saint-Tugen de Primelin : les statues en kersanton. de saint Tugen, des Apôtres et des quatre évangélistes (Maître de Plougastel , début XVIIe).
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Les navires sculptés (v. 1528) de la façade occidentale de l'église de Confort-Meilars. Ses 13 statues d'apôtres en kersanton (Maître de Plougastel, v.1588-1602).
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Le porche sud et la porte sud de l'église Saint-Houardon de Landerneau. 1604
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Les modillons et les bases de colonnes du porche intérieur de Guimiliau. (1606)
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Le porche de Trémaouezan et ses apôtres (1610-1623)
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Les Apôtres du porche sud de l'église de Plomodiern. (1624-1626).
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Porche de Gouesnou (1642)
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Porche de Commana (1645)
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Porche de Locmélar (1664)
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Le porche sud de l'église de Ploudiry. (1665, Jean Le Bescont)
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L'enclos paroissial de Brasparts. I. La Démone tentatrice du porche sud.
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L'Annonciation du tympan de la chapelle de Quilinen (Landrévarzec) ...et son double.
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PRÉSENTATION.
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1. Description générale de l'intérieur du porche sud.
Ce porche voûtée d'ogives est limité à l'extérieur par la voussure interne en anse de panier, et à l'intérieur par deux portes jumelles séparées par un trumeau portant un bénitier à godrons. Le tympan surmontant ces portes est orné d'une statue du Christ Sauveur, comme de nombreux porches des alentours.
Les deux parois ouest (à gauche) et est (à droite) disposent du banc traditionnel (afin que les fidèles se rassemblent) et de douze niches sur culots finement sculptés et sous dais gothiques. Ces niches, séparées par des pilastres à gables fleuronnés, sont occupés par les statues des apôtres. L'ensemble des niches et des statues est peint, avec prédominance d'ocre rouge et de jaune.
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Les apôtres :
Les caractéristiques communes aux apôtres sont, ici comme ailleurs, la barbe (sauf Jean), les pieds nus, le livre (ouvert, fermé, sous l'aisselle, etc.) — mais Jean fait encore exception — et le phylactère.
Les barbes sont particulières par leurs moustaches qui naissent du bord des narines et dessinent ensuite une volute oblique qui s'achève en crochet. La barbe elle-même, mi-longue, est faite de mèches distinctes se déployant en éventail en tortillons ou boucles. On retrouve ces visages sur les apôtres du porche de Daoulas, réalisé peu de temps après ce porche-ci.
Les cheveux bouclés tombent sur les épaules. Seul saint Pierre se distingue par sa calvitie du vertex, préservant en îlot un toupet qui lui est un véritable attribut.
Leur tenue vestimentaire est identique, composée d'un ample manteau et d'une robe tombant jusqu'aux pieds (seuls les orteils dépassent). Le manteau est porté sur l'épaule, ou porté en cape, aux pans libres ou maintenus par un seul bouton sous le menton. Seul Jacques le Majeur porte une pèlerine. La robe, à encolure simple au ras du cou, est toujours serrée par une ceinture, et également toujours ouverte devant la poitrine par une fente d'une vingtaine de centimètres dont les bords sont réunis par deux ou trois boutons ronds. Ces boutonnières forment, par la tension du tissu, une ligne sinueuse, et ce détail à la plastique élégante se retrouve sur la plupart des apôtres des porches (ou des statues isolées) du Finistère au XVe et XVIe siècle quelque soit l'atelier.
Enfin, leur silhouette est longiligne.
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Les dais.
Tous les dais sont sur le même modèle, sauf celui de saint Pierre, qui sera détaillé. Ce sont des sortes de clochers miniatures, avec une tour en dentelle de gables, de galeries et de pinacles, avec des baies aux remplages dont on peut détailler les baies et les tympans, des arcs-boûtants, tout cela couvrant une voûte à clef pendante et dominé par un gable à crochets.
Bien que E. Le Seac'h ne les attribue pas à l'atelier Prigent, ils m'apparaissent pourtant proche de ceux de Landivisiau (plus riches et animés de personnages) et de Guipavas (plus réduits)
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Le registre inférieur, entre les culots et le banc, est nu.
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2. Un credo apostolique.
Les douze apôtres qui, par deux rangs de six, encadrent les fidèles qui pénètrent par le porche sud d'une église ou chapelle bretonne forment un Credo apostolique. Ce qui veut dire qu'ils présentent chacun l'un des douze articles du Credo, ou Acte des Apôtres. Lorsque le texte latin de cet article n'est pas sculpté dans la pierre, et qu'il a été peint sur les rouleaux de papier (ou phylactère) déroulés de leur bras jusqu'au sol, il est le plus souvent effacé, et il faut les yeux de la foi pour l'imaginer.
Saint Pierre est toujours placé à droite de l'entrée, tenant sa clef mais aussi le premier article, Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae.
Puis vient saint André et sa croix en X, avec Et in Iesum Christum Filium eius .
Puis saint Jacques le Majeur, et saint Jean l'évangéliste.
Ensuite, l'ordre des articles est immuable mais leur attribution aux apôtres peut changer. Nous pouvons avoir la séquence Philippe-Thomas-Barthélémy-Matthieu-Jacques le Mineur-Jules Thaddée-Simon-Mathias. (verrière de Quemper-Guezennec)
Ou bien Thomas-Jacques le Mineur-Philippe-Barthélémy-Matthieu-Simon-Thaddée-Matthias (Verger du Soulas)
Ou Jacques le Mineur-Thomas-Matthieu-Barthélémy-Philippe-Simon-Jude-Mathias (Cluny).
Etc.
Un des exemples (dans l'œuvre de saint Augustin, in E. Mâle):
Pierre: Credo in Deum patrem omnipotentem, creatorem cœli et terrae.
André : El in Jesum Christum, Filius ejus.
Jacques (majeur) : Qui conceptus est de Spiritu Sancto, creatus ex Maria Virgine
Jean : Passus sub Pontio Pilato, crucilïxus, mortuus et sepultus est.
Thomas : Descendit ad inferna. Tertia die resurrexit a mortuis. .
Jacques [mineur) : Ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram patris omnipotentes.
Philippe : Inde venturus est judicare vivos et mortuos.
Barthélémy : Credo in Spiritum Sanctum.
Mathieu : Sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem
Simon : Remissionem peccatorum.
Thaddée : Carnis resurrectionem.
Mathias : Vitam eternam.
Or, dans le porche de Pencran, tous les articles, qui étaient peints, sont effacés, sauf ceux d'André et de Jean, à peine lisible.
D'autre part, on a, sans doute à la Révolution, brisé très soigneusement tous les attributs spécifiques de chaque apôtre.
Même si nous retrouvons des indices d'identification (le chapeau de pèlerin de saint Jacques, même si la coquille a été brisée), nous ne pouvons pas nous baser sur l'ordre dans lequel ils sont disposés pour les identifier.
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3. Quel sculpteur ? Quelle datation ? Quel matériau ?
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Les apôtres du porche de Pencran ne sont pas attribués à l'un des principaux ateliers de sculpture de Basse-Bretagne, et la seule chose qu'E. Le Seac'h affirme dans son ouvrage de référence est qu'ils ne sont pas de l'atelier des frères Prigent, auteurs de la majeure partie du porche intérieur et extérieur. Seul le dais de saint Pierre (avec ses petits personnages) leur est attribué.
J'ignore sur quoi se fonde cet opinion. Je remarque que les 2 évangélistes des moulures du porche (qui sont de l'atelier Prigent) ne sont pas très éloignés des apôtres du porche :
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Nous connaissons la date de fondation du porche, en 1553, et celle d'une statue de sainte Apolline dans le bas-coté sud, par les Prigent, l'an 1555. Mais les apôtres ont pu être sculptés ultérieurement.
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Le matériau utilisé est dissimulé par une riche polychromie, mais se révèle sur les tranches des parties brisées. Autant que je puisse en juger sur les photos (le site est en cours de restauration, et n'est plus accessible), il s'agit de kersanton.
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La consultation des monographies et "notices" sur cette église ne fournit pas de réponse, et aucune description complète n'a été proposée de l'intérieur de ce porche, et notamment de ses apôtres. Voici la description de Lécureux en 1915:
"L'intérieur du porche peut rivaliser avec les plus élégants et les plus intéressants du Finistère.
Voûté en croisée d'ogives sur place carré il encadre entre ses arcs doubleaux brisés les ouvertures intérieures et extérieures de l'église. Ses arcs formerets abritent sous leurs nervures douze niches qui dans leur riche variété, car elles sont toutes dissemblables, forment cependant un ensemble d'une harmonie parfaite.
Ces niches abritent sous des dais d'une grande richesse, merveilleusement sculptés les statues des douze apôtres. Ces dais sont du style flambloyant le plus brillant, sauf un seul qui est Renaissance.
Les deux arcs d'ogive diagonaux s'entrecroisent et se réunissent au sommet de la voûte par une clef pendante aux nervures ajourées d'une élégance extrême.
Le fond est percé de deux baies jumelles donnant accès dans l'église. Elles sont à accolades et séparées par un bénitier central de style Renaissance. Ce bénitier est formé d'un fond de cuve hémisphérique orné de godrons et terminé en bas par un fleuron pendant. Le bord supérieur est surmonté d'une frise circulaire moulurée garnie de torsades.
Sans avoir la richesse de ceux de Guimiliau et de Landivisiau, ce bénitier complète harmonieusement la décoration du portail.
Au-dessus, sur un socle en saillie, se dresse la statue du Christ Sauveur, à robe longue et à plis tombants.
Ainsi qu'il est facile de le vérifier par les traces subsistantes toutes ces statues étaient jadis polychromées et il est probable que les dais étaient même dorés ; quant aux parois elles étaient revêtues de peintures décoratives dues au XVIIème siècle. On aperçoit encore en arrière de la statue du Christ une draperie peinte lui formant une sorte de dôme dans le goût de Louis XIV et à côté on peut encore distinguer des têtes d'anges voltigeant dans le ciel bleu. Ces peintures pâlissent tous les jours et il est certain qu'elles finiront par disparaître."
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Plan.
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Les apôtres du coté est.
1. Saint Pierre
2. Saint André
3. Saint Jacques le Majeur
4. Saint Jean
5. Apôtre indéterminé. (Thomas, Barthélémy ?)
6. Apôtre indéterminé. (Jacques le Mineur ?)
Les apôtres du coté ouest.
7. Apôtre indéterminé. ( Thomas Barthélémy)
8. Saint Philippe.
9. Saint Matthieu.
10. Saint Simon
11. Apôtre indéterminé. (glaive recourbé ; Jude Thaddée ?)
12. Apôtre indéterminé. (Mathias ?)
Les culots et leurs inscriptions.
Le Christ Sauveur.
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1. Saint Pierre et sa clef.
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La clef et le livre sont brisés.
Ce premier cliché d'un apôtre permet de mesurer l'altération de la peinture avec ses coulées noirâtres et rougeâtres, mais aussi d'imaginer la polychromie initiale, avec cette robe jaune (jaune d'or jadis ?), le rose de la carnation, et peut-être des traces de bleu.
Ces statues bénéficieront-elles de la restauration en cours ? On aurait alors hâte de découvrir le résultat.
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Le dais. (Atelier de Bastien et Henri Prigent)
Il est hexagonal et sa voûte est creusée d'une coquille. Les trois pans apparents sont sculptés d'abord de rubans en volutes liés, puis de bustes séparés par des pilastres, puis coiffant le tout de couples de personnages en bustes séparés par des pots à feu.
L'œil est vite attiré par l'allure de l'homme barbu, fièrement coiffé d'un bonnet à plume, richement et chaudement habillé d'un bon manteau, comme tout marchand de toile de la région, puis le regard va vers la femme en coiffe, son épouse sans doute, avant d'aller vers cette jeune femme aux cheveux longs. Et l'on pense aux bénitiers de kersanton sortis de l'ateliers des Prigent, et qui portent, au trumeau des porches, ces mêmes personnages ou leurs coussins, à Landivisiau ou à La Roche-Maurice, ces paroisses voisines. Ou à Saint-Houardon de Landerneau .
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2. Saint André et sa croix en X.
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La main droite est brisée.
On lit encore la fin du verset de saint André : ...filium eius unicum.
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3. Saint Jacques le Majeur.
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L'avant du chapeau (où se trouvait la coquille de Saint-Jacques), le livre, et le haut du bourdon ont été brisés.
La pèlerine est longue et dissimule un éventuel baudrier et sa besace.
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4. Saint Jean.
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La main droite (qui bénissait) et le calice de poison de la main gauche ont été brisés.
On lit encore le reste du verset (pontio pilato ?)
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5. Apôtre indéterminé (Thomas ? Barthélémy ?).
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Les deux mains ont été brisées, et avec elles l'attribut tenu à droite, et le livre tenu à gauche, dont on voit la trace) .
L'attribut en question n'est pas une lance, une croix, ou un bâton (dont on verrait l'extrémité ou son attache), ce qui exclue certaines hypothèses. Il pourrait s'agir d'une équerre (Thomas), d'un couteau (Barthélémy).
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6. Apôtre indéterminé .(Jacques le Mineur ?)
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Là encore, les deux mains ont été brisées. L'attache du livre ouvert est visible. L'attribut de la main droite est un objet long, puisqu'on voit encore son attache sur un pli et sur le socle. Ce pourrait être une lance, ou le bâton à foulon de Jacques le Mineur (ou la croix de Philippe, mais je pense l'identifier plus loin).
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LE COTÉ OUEST.
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7. Apôtre indéterminé. (Saint Thomas ? Barthélémy ?).
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Les deux mains ont échappé au marteau iconoclaste, et la main droite conserve le manche de l'attribut qui, lui, a été brisé. Est-ce l'équerre de Thomas, ou le coutelas de Barthélémy ? L'extrémité du pied droit est brisée.
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8. Saint Philippe et sa croix.
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La main droite, tenant le livre fermé tranche tournée vers nous (avec ses fermoirs de reliure), a échappé à la fureur destructrice, de même que la main gauche, qui tient encore un manche rond. Si je tiens compte que ce manche se prolongeait assez haut (car il s'appuie sur l'épaule gauche en renfort), j'en déduis qu'il s'agit de la croix à longue hampe de saint Philippe.
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9. Saint Matthieu et sa balance de peseur d'or.
Main droite et son attribut brisés. Main gauche et son livre intactes.
En me basant sur d'autres statue de Matthieu, intacte, je peux interpréter les trois impacts de brisures , en triangle, comme correspondant à la balance qui sert d'attribut à Matthieu.
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10. Saint Simon.
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Main droite, scie et orteils droits brisés. Il reste pourtant une portion suffisante de la scie pour identifier saint Simon.
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11. Apôtre indéterminé. (saint Jude Thaddée) .
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Les deux mains et le livre sont intacts, mais l'attribut, un glaive à lame courbe avec extrémité en demi-lune évoquant un cimeterre, est brisé. Son avant-dernière place dans le Credo et la comparaison avec le 11ème apôtre de l'ossuaire de Sizun, qui tient un grand sabre à lame en demi-lune, m'incite à proposer saint Jude Thaddée. (attribut fréquent : la hache, ou la massue)
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12. Apôtre indéterminé. Saint Mathias.
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Mathias est l'apôtre qui clôt traditionnellement le Credo avec l'article in vitam aeternam. Son attribut est la hache, ou la hallebarde).
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LES CULOTS ET LES INSCRIPTIONS DES SOCLES.
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Ces culots sont très adroitement sculptés de feuillages (acanthes, choux frisés, feuilles fantaisistes) qui se transforment parfois en résilles d'une finesse incroyable. Et je regrette de ne pas les avoir photographiés tous. C'est peut-être que j'ai été interpelé, — c'est mon dada — par les inscriptions que portent les quatre premiers socles.
Tracés en plein (en réserve) et en caractères gothiques, ils ne nommaient pas les apôtres, et je pensai y trouver le nom des fabriciens en fonction l'année de leur exécution. Mais j'ai globalement échoué à les transcrire, et encore plus à découvrir un habitant de Ploudiry (dont Pencran était une trève) derrière les noms que je pensai lire.
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Statut de saint Pierre. Inscription J. BUZEUR .
Ma leçon est-elle bonne ? J'essaye Keruzeur, Lesuzeur, Buzeric sans résultat.
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Statue de saint André. Inscription F : NIOU ??? --ALL ???
Les choses ne s'arrangent pas !
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Statue de saint Jacques. Inscription J : LUE
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L'anthroponyme LE LUÉ est attesté à Morlaix en 1547 (A. Deshayes). Formes de LE LUE, LAY, LUAY. Geneanet le localise, au XVIe siècle, à Lignol, Morbihan. et certainement pas à Ploudiry.
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Statue de saint Jean. Inscription J : GREALL ?? GRESILL ??
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Là encore, une inscription en beaux caractères gothiques résiste à ma transcription : ces mots ne correspondent pas à des patronymes.
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Du coté ouest.
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Une belle tête féminine est feuillagée et ses cheveux libèrent des épis.
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LE CHRIST SAUVEUR DU TYMPAN NORD.
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Le mur est peint d'un trompe-l'œil d'un drap d'honneur autour du Christ. Il existait peut-être deux statues qui l'encadraient.
Le Christ Sauveur est du type présent, dans cette situation, par exemple à Daoulas (1556), Lanhouarneau (1588), Saint-Thégonnec (1599) et Guimiliau (1606-1617) : barbu, cheveux longs, vêtu du manteau de la Résurrection, jambe gauche avancée, il bénit de la main droite le Monde, représenté par l'orbe. Mais ici, ses mains sont brisées.
Je me demande si un tel acharnement sur les attributs de toute les statues est le fait des révolutionnaires (*) —lesquels ne détruisaient habituellement que les armoiries et insignes nobiliaires — ou s'il s'agit plutôt du passage de troupes iconoclastes. (*) L'église, l'ossuaire, le cimetière et le presbytère de Pencran furent vendus nationalement le 30 Fructidor an IV (16 Septembre 1796), pour la somme de 1.450 livres à Alain Rohel et Jérôme Le Faou.
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SOURCES ET LIENS.
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— APEVE http://www.apeve.net/spip/spip.php?article8
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Pencran, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/7f786fe0966306242750d6e111e8c78d.pdf
— LÉCUREUX (L.) Société Archéologique du Finistère - SAF 1915 tome 42 - Pages 139 à 156
https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1915_0199_0218.html
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf
— PÉRENNÈS (Henri), 1938 Notice de Pencran, BDHA
http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3c650c05ef86fe15d59ddb6b528d5f93.pdf
A propos du Credo apostolique :
— MÂLE (Emile) Le Credo des apôtres in L'art religieux à la fin du Moyen-Âge en France page 246-296
https://archive.org/stream/lartreligieuxdel00mluoft#page/250/mode/2up/search/credo
— PSAUTIER DE JEAN DE BERRY, Bnf fr. 13091, 1380-1400. Enluminures d'André Beauneveu.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f16.image.zoom
— GRANDES HEURES DE JEAN DE BERRY ou Horae ad usum Parisiensem , 1400-1410
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b520004510/f11.item
— BREVIAIRE DE BELLEVILLE : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum, dit Bréviaire de Belleville. Bréviaire de Belleville, vol. I (partie hiver), 1323-1326
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451634m/f13.image
— GAY (Françoise) 1993, Le choix des textes des prophètes face aux apôtres au Credo", in Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon
— HASENORH (Geneviève), 1993 "Le Credo apostolique dans la littérature française du Moyen-Âge", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon
— LACROIX (Pierre) , Renon, Andrée, Mary, Marie-Claude, Vergnolle, Éliane [Publ.] Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993).Sommaire en ligne
— RENON F, relevé du Credo du chœur de la cathédrale de Cambray en 1404 Revue de l'art chrétien: recueil mensuel d'archéologie religieuse, Volume 8 Arras ; Paris 1864 page 262.