La chapelle saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre IV : le tympan.
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Sur cette chapelle, voir :
- La chapelle Saint-Jacques à Merléac (22) : les peintures murales (ou fresques) du premier quart du XVe siècle consacrées à la Passion.
- La chapelle Saint-Jacques de Merléac : les vitraux du 1er quart du XIVe et du début du XVe siècle des baies latérales. Baies 1, 2, 3, 5 et 7.
- La chapelle saint-Jacques de Merléac. La maîtresse-vitre (1402). I. La Vie de saint Jacques.
- La chapelle saint-Jacques de Merléac. La maîtresse-vitre II. La Passion.
- La chapelle saint-Jacques de Merléac. La maîtresse-vitre (1402) III. Le registre inférieur.
- La chapelle saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre IV : le tympan.
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Sur les vitraux, voir : Les articles de mon blog traitant des vitraux. (152 articles )
Sur le thème du Credo apostolique, voir :
Vierge allaitante II : Chapelle Notre-Dame de Kergoat, Quéméneven: I. les vitraux.
Le vitrail du Credo apostolique de la cathédrale du Mans, ou baie 217 du transept nord. I. Les lancettes : Credo apostolique et donateurs. entre 1430 et 1435.
Le Credo prophétique et apostolique et l a maîtresse-vitre de l'église de Quemper-Guezennec (22). entre 1460 et 1470
La façade de l'ossuaire de l'enclos paroissial de Sizun et son Credo apostolique. 1585-1588.
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La maîtresse-vitre (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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La verrière de Saint-Jacques, quartier de Saint-Léon en Merléac, a de belles proportions. Haute de huit mètres cinquante mètres, elle est large de quatre mètres quarante cinq. Elle porte à sa base le nom de son créateur, G. Béart, et la date de sa réalisation en 1402. C'est l'une des plus anciennes baies vitrées conservées en Bretagne.
Rappel : En ce début du XVe siècle, le roi de France est Charles VI, mais la Bretagne est un duché dirigé, après la Guerre de Succession, par un Monfort, Jean V (1399-1442), très soucieux d'affirmer son pouvoir et son image par un large programme de mécénat religieux. Les grands seigneurs de son duché rivalisent pour l'imiter, et notamment le plus grand d'entre eux, Alain VIII vicomte de Rohan de 1396 à sa mort en 1429 et son fils Alain IX.
Or, Saint-Léon (Merléac) (qui dépend du diocèse de Cornouaille où, en 1402, l'évêque est Thébaud de Malestroit) appartient à la vicomté de Rohan.
Enfin, la fin du XIVe et le début du XVe correspondent à cette phase tardive du gothique, nommée gothique international, que l'on reconnaît par exemple dans les mouchettes du remplage de ce tympan. Cette période est marquée par le mécénat de princes soucieux de splendeur démonstrative, et le Prince des mécènes fut alors Jean de Berry, favorisant la carrière d'artistes majeurs de l'enluminure, de la peinture et de l'architecture.
Le haut pavé rectangulaire des huit lancettes trilobées consacrées à la Passion et à la Légende de saint Jacques est couronné par un tympan ogival, centré par une rose à douze rayons et complété, pour remplir la base de la pointe d'ogive, de deux rhombes à quatre quadrilobes, d'écoinçons latéraux et d'un rang de six trilobes aux armes des Rohan.
Son programme iconographique est simple et cohérent. Au centre, la Sainte Face. Tout autour, les douze Apôtres affirmant les fondements de la Foi des douze articles du Credo. Et douze anges soit musiciens, soit porteurs de couronnes, soit proposant la lecture des louanges de leurs chants.
Cette simplicité ne doit pas nous inciter à n'attribuer à cette rose qu'un regard distrait. Son examen aux jumelles révèle toute la beauté des vitraux anciens, conservés presque par miracle jusqu'à nous. Mais surtout, le choix iconographique, celui du Credo apostolique, est remarquable par ses rapports avec les autres productions artistiques de son temps : ce qui fera l'objet de ma Discussion.
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Tympan de la maîtresse-vitre (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Le remplage vu de l'extérieur.
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Tympan de la maîtresse-vitre (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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L'œil de la rose du tympan :
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Il est découpé en un cercle sur lequel se greffent six cercles plus petits . Au centre, la Sainte Face (en partie restaurée), est en verre bleu sur un fond rouge où des rayons serrés sont tracés. Le Christ porte des cheveux longs et une barbe ; son regard se tourne vers la gauche.
Dans les oculi secondaires, le soleil et la lune anthropomorphe se clignent de l'œil, cantonnés par quatre étoiles blanches.
Cet œil est encadré par six trilobes en verre rouge uni.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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LA ROSE : LE CREDO APOSTOLIQUE.
Sur chacun des douze rayons en mouchettes bilobées du premier cercle est peint un apôtre déroulant un phylactère. Sur celui-ci s'inscrit l'un des douze articles du Symbole des Apôtres qui lui est attribué, selon la tradition iconographique du Credo apostolique. Mais ici, aucun attribut ne permet d'identifier à coup sûr chaque apôtre, et notamment pas saint Jacques le Majeur, le patron de la chapelle, qui tient traditionnellement le troisième article.
Les inscriptions sont en lettres gothiques minuscules avec lettres ornées, lettres conjointes et tildes de remplacement de certains -N-.
Je me fonde, pour désigner les apôtres, sur la tradition qui trouve son origine dans un texte du Pseudo-Augustin et s'est appliquée avec quelques variantes pendant tout le Moyen-Âge et la Renaissance (cf E. Mâle) :
1 Pierre: Credo in Deum patrem omnipotentera, creatorem cœli et terrae.
2. André : Et in Jesum Christum, Filium ejus.
3. Jacques (majeur) : Qui conceptus est de Spiritu Sancto, creatus ex Maria Virgine
4. Jean : Passus sub Pontio Pilato, crucifixus, mortuus et sepultus est.
5. Thomas : Descendit ad inferna. Tertia die resurrexit a mortuis.
6. Jacques (mineur) : Ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram patris omnipotentis.
7. Philippe : Inde venturus est judicare vivos et mortuos.
8. Barthélémy : Credo in Spiritum Sanctum.
9. Mathieu : Sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem.
10. Simon : Remissionem peccatorum.
11. Thaddée : Carnis resurrectionem.
12 . Mathias : Vitam eternam.
Mais j'ai mis aussi en variante les attributions du Mystère de la Résurrection joué à Angers en 1456 (cf Annexe).
Le Credo débute en haut à gauche (à 11 heures de cette grande horloge liturgique).
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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1. Saint Pierre. CREDO IN [DEUM] PAT-EM MNI POTENT CREATOREM CELI ET
Credo in Deum, Patrem omnipotentem, Creatorem caeli et terrae. "Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre,"
Nimbe à décor foliaire rayonnant
Le seul critère pour identifier saint Pierre (mais ce ne peut être que lui, il ne laisserait à personne d'autre le rôle de tenir le Premier article) serait sa calvitie, mais elle est rompue ici par une sorte de tonsure monastique en couronne.
Fond rouge damassé à feuilles nervurées, larges, à indentations rondes comme les feuilles d'érable. (F1)
Jaune d'argent : cheveux et barbe.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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2. [Saint André ou saint Jean ]. ET IN IH~US XPUM FILIU EIUS
Et in Iesum Christum, Filium eius unicum, Dominum nostrum "et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur"
Fond rouge : rinceau à tiges files formant des boucles circulaires R1.
Jaune d'argent : chevelure, barbe, mais aussi la partie droite du visage sur le front, l'œil et l'arête du nez, sans que je sois certain qu'il ne s'agisse pas ici d'une altération brune du verre. Si il s'avérait qu'il s'agisse bien d'un rehaut de jaune d'argent, cela constituerait un exemple de ce qui sera observé à Quimper, Runan, etc.
Visage : le dessin à la grisaille est très précis, traçant les plis horizontaux du front, les sourcils en plusieurs traits sinueux, la petite excroissance charnue entre les sourcils (ride du lion), les deux plis palpébraux, l'iris (un arc de cercle pour l'œil gauche, un "camembert" pour l'œil droit) et la pupille noire, les rides en "patte d'oie", le nez fort à la narine puissante, les plis naso-géniens très soulignés, l'ombre du philtrum, les deux lèvres d'épaisseur différente. Le résultat est un "portrait" plein de vie et un regard bon et humain.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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3. [Saint Jacques le majeur] . QUI CONCEPT / US EST / SPIR / CTO NATUS
qui conceptus est de Spiritu Sancto, natus ex Maria Virgine, "qui est conçu du saint-Esprit, et né de la Vierge Marie",
Fond rouge : rinceaux R1.
Jaune : cheveux, barbe, robe.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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4. [Saint Jean ou saint André]. PASSUS SUB P / PILATO CRU / CIFIXUS MORT- ET SEPULTUS.
passus sub Pontio Pilato, crucifixus, mortuus, et sepultus, "(il) a souffert sous Ponce Pilate, (il) a été crucifié, (il) est mort, (il) a été enseveli,"
Fond rouge : Feuilles "d'érable" F1 et feuilles "en laminaire, en lanières" F2.
Jaune d'argent : chevelure, barbe.
L'attribution d'une barbe à saint Jean est incongrue, sauf si on admet le parti-pris d'une indétermination des personnages. Main moderne.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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5. [Saint Thomas ou saint Philippe]. TERCIA DIE / RESUREXIT A MO
descendit ad inferos, tertia die resurrexit a mortuis, "(il) est descendu aux enfers ; le troisième jour, (il) est ressuscité des morts ;"
Fond rouge : feuilles F1.
Jaune : cheveux et barbe.
Visage : comme Van Eyck pour le chanoine Van der Paele en 1434, ou pour le cardinal Albergati, Memling en 1480, ou Joseph dans le Triptyque Mérode de Robert Campin vers 1425 le peintre excelle à rendre les traits témoignant de l'âge respectable des apôtres, peints comme des patriarches. Il participe donc du mouvement de réalisme pictural illustré par les maîtres Flamands. Il nous livre un vrai traité de dermatologie ou d'esthétique gériatrique de la face, ne faisant grâce à ses modèles ni de l'épaississement de la région interoculaire, ni des plis de la racine du nez, ni des autres plis du front ou des joues, ni de l'amincissement des lèvres. Mais dans ce portrait d'apôtres, je note surtout comment l'œil perd sa forme en amande sous l'effet de la ligne en cuvette rectangulaire qu'adopte la paupière inférieure. Pour l'œil droit, l'épaississement irrégulier du bord palpébral est saisissant, révélant un relâchement des tissus cutanés comme on l'observe dans l'entropion sénile.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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6. [Jacques (le mineur) ou Thomas] : ASCENDIT AD CELOS SEDET ADEXTERAM DEI
Ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram patris omnipotentis. "(il) est assis à la droite de Dieu, le Père tout-puissant."
La formulation "ad dexteram Dei" se retrouve dans le Mystère de la Résurrection de 1456 (Annexe)
Fond rouge : feuilles F1 ou F2.
Jaune : barbe et chevelure.
Visage : il confirme l'appartenance du peintre (Guillaume Béart) au mouvement de réalisme pictural. On croit observer même une miliaire de points de crasse sénile, même s'il est, là encore, important de faire la part de l'altération du verre par attaque chimique.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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7. [Saint Philippe ou Barthélémy . INDE VE[N]TURUS JUD-
inde venturus est iudicare vivos et mortuos "d'où il viendra pour juger les vivants et les morts."
Fond rouge : longues lanières F2.
Jaune : cheveux et barbe. Panneau restauré.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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8. [Saint Barthélémy ou Matthieu. CREDO IN SPIRITUM SANCT
Credo in Spiritum Sanctum, "Je crois en l'Esprit-Saint".
Fond rouge : F2.
Jaune : cheveux, barbe, col.
Visage : notez la coiffure avec un tortillon central, comme saint Jean. Les yeux rectangulaires par deux lignes en L. Le discret rehaut de l'œil gauche au jaune d'argent.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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9. [Saint Matthieu ou Jacques le mineur]. SANCTAM ESIAM CHATO / LICAM.
sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem, "à la sainte Église catholique, à la communion des saints".
Fond rouge : F1.
Jaune : cheveux, barbe.
Visage : très nombreuses rides et ridules, hachures sur les épais sourcils et le nez ; œil droit rectangulaire.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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10. [Saint Simon].
remissionem peccatorum, "à la rémission des péchés".
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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11. [Saint Jude-Thaddée : CARNIS RESURRECTIONEM.
carnis resurrectionem "à la résurrection de la chair".
Fond rouge : feuillages F1 ou F2.
Jaune : cheveux, barbe.
Chevelure à tourbillon central. Sourcils en lignes brisés, nombreuses rides, œil rectangulaire, etc.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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12. [Saint Matthias]. VITAM ETERNAM AMEN.
vitam aeternam Amen "à la vie éternelle amen".
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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LES ANGES DES QUADRILOBES .
On trouve de chaque coté, dans le carré qui les réunit, deux anges porteurs de phylactères mentionnant le Sanctus et, en haut et en bas, deux anges porteurs de couronnes. Dans les deux écoinçons qui les bordent, deux anges musiciens sont peints.
1°) Quatre quadrilobes d'anges porteurs de phylactères.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Quadrilobe à l'extrême gauche : ange à phylactère.
La banderole porte les mots SANCTUS DOMINUS DEUS SABAOTH PLENI
C'est bien-sûr l'incipit du Sanctus :
Sanctus, Sanctus, Sanctus Dóminus Deus Sábaoth.
Pleni sunt caeli et terra glória tua.
Hosánna in excélsis.
Benedíctus qui venit in nómine Dómini.
Hosánna in excélsis.
Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur, Dieu de l'univers !
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
Hosanna au plus haut des cieux !
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
Hosanna au plus haut des cieux !
Jaune d'argent : chevelure, galon de l'amict, nuées du lobe inférieur.
L'ange porte au dessus de l'aube finement plissée sous l'effet d'un cordon un amict ourlé d'un galon d'or. Sa tête, imperceptiblement inclinée vers la droite, présente un visage rond au front droit, aux yeux rectangulaires, ourlés et cernés, au nez un peu épaté, aux lèvres fines. Sa chevelure mi-longue aux boucles fortement ondulées est volumineuse à la hauteur des tempes et aplaties sur le haut du crâne.
http://la.revue.item.free.fr/main3d2.htm
http://www.fligny-haute-epoque.com/fr/tete-dange-37
Reliquaire de Saint-Férreol 1346 : http://www.culture.gouv.fr/emolimo/chef.htm
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=REF&VALUE_98=PM87000246
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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SANC[TU]S, SNCX, SNCX D[OMI]N[U]S EIUS.
Sanctus Sanctus Sanctus Dominus eius
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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D[OMI]N[U]S S--US DEUS EIUS DOMINUS D-US.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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S[ANC]TUS S[ANC]TUS S[ANC]TUS DOMINUS DEUS.
Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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2°) Quatre quadrilobes aux chérubins porteurs d'une couronne.
La couronne d'or est celle d'un couronnement spirituel. Il s'agit vraisemblablement de celle du Christ ("mon Royaume n'est pas de ce monde", Jn 18:36), puisque toute cette vitre est christique, à la différence des baies latérales où Marie recevait son couronnement dans les Cieux après son Assomption. Elle vient faire un glorieux contre-point à la Couronne d'épines. Mais elle renvoie aussi aux couronnes répétées sur la bordure des lancettes.
Les anges méritent toute notre attention ; nous remarquons alors qu'ils ont deux paires d'ailes de deux couleurs bleue ou verte, et que leur corps est couvert de plumes. Ils flottent sur des nuées. Ce sont des chérubins.
Fond rouge à feuilles en lanières dans les interstices.
Jaune d'argent sur le corps, la chevelure et parfois les ailes des chérubins, et sur les couronnes.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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LES ANGES MUSICIENS DES ÉCOINÇONS.
Deux cartons sont repris après inversion, et nous avons donc, en double, deux anges jouant l'un d'une mandore et l'autre d'une vièle à archet. Dans les deux cas, les instruments sont piriformes, monoxyles ou bien à côtes et leur table est sculptée d'une rosace centrée, a priori décorative sculptée sans fonction d'ouïe. Dans les deux cas encore, le cheviller est recourbé sur lui-même et son extrémité est sculpté d'une tête d'animal. Il reste à les détailler.
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1°) L'ange joueur de rebec.
Ce qu'on observe, c'est un instrument piriforme étroit et long, à six cordes (six chevilles), dont on peut décrire trois parties. La première, formant l'arrondi de la poire, est creux, puisqu'elle est dotée de deux ouïes en forme de C. Elle est plus basse que la suivante, et séparé de celle-ci par une crête. Vient ensuite la partie moyenne, centrée par une rose décorative, et sur lequel l'archet vient jouer sur les cordes. Enfin, le chevillier, creusé, forme un demi-cercle et s'achève par une tête d'animal (un dragon). L'instrument est tenu sur la poitrine, son fond calé sur la face interne du bras.
L'ange tient un archet bombé, le poignet en pronation, la main tenant un manche.
Les deux instruments de droite et de gauche sont quasi identiques, celui de gauche est plus facile à observer.
Dois-je y voir un rebec ? Le distinguer d'une vièle ?
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Les anges portent l'amict brodé d'orfrois dorés sur une aube plissée qui retombe en un feston bouffant au dessus de la ceinture. Les poignets sont bordés par un galon doré. Le jaune d'argent utilisé pour ces broderies d'or se retrouve aussi employé pour la chevelure, mais peut-être aussi pour rehausser l'œil gauche de l'ange de droite (voir la vue rapprochée).
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Je vais d'abord m'attacher à retrouver, sans succès, des exemples de vièle ou rebec présentant ce chevillier bien particulier, puis à trouver des illustrations à peu près contemporaines de cette verrière de 1402.. Les vièles que je vais trouver sur la voûte de la Chapelle de la Vierge (Jean de Bruges, vers 1377), ont un cheviller droit (Luc Chanteloup utilise à son sujet le terme de rebec ou pochette). De même pour celles ornant les enluminures des Très Belles Heures de Notre-Dame, (1375-1400), peintes par le Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans).
De même, le rebec des anges des Très Belles Heures de Notre-Dame est à chevillier droit (folio 67v, Noces de Cana).
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Ange joueur de rebec, voûte de la Chapelle de la Vierge (Jean de Bruges, vers 1377), photographie lavieb-aile 2014.
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Ange joueur de rebec, Très Belles Heures de Notre-Dame est à chevillier droit (folio 67v, Noces de Cana).
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2°) L'ange joueur de mandore.
L'instrument est une mandore, un instrument à la caisse en demi-poire, plus étroit que le luth, et dont les trois, quatre ou six cordes (comme ici si j'en juge par le nombre de chevilles) produit un son plus aigu. La table est décorée d'une rosace. Le cheviller décroche du corps de l'instrument à angle droit avant de décrire un demi-cercle et de s'achever en tête de dragon.
Mais surtout, la peinture sur verre montre parfaitement le plectre, cet accessoire qui ressemble ici à un haricot vert en S allongé, mais qui est habituellement confectionné grâce à une plume d'oie ou une fine tranche de corne. Tenu entre pouce et index, il prend appui sur la première commissure.
Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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La recherche iconographique d'instruments identiques, avec la tête d'animal, est plus fructueuse.
— Parmi les 47 anges des voûtains de la Chapelle de la Vierge en la cathédrale du Mans, peinte par Jean de Bruges vers 1377, l'un joue d'une mandore. Les doigts de la main gauche appuient sur chacune des trois doubles cordes, la main droite, munie d'un plectre, sorte de stylet tenu entre le pouce et le majeur, pince les cordes. Le cheviller, en forme de crosse recourbée vers l'avant, distingue la mandore du luth. Il se termine par une tête de monstre sculptée. (Voir Jean-Marcel Buvron, Luc Chanteloup, Philippe Lenoble, Les anges musiciens de la cathédrale du Mans, 2005, ou Luc Chanteloup, , Les anges musiciens de la cathédrale du Mans, un concert céleste, Ed. de la reinette 2009).
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Sur le coin supérieur de l'enluminure du Couronnement de la Vierge, peint en 1375-1400 pour les Très Belles Heures de Notre-Dame, folio 75v, on trouve un ange joueur de mandore. L'instrument est monté avec quatre cordes, et quatre chevilles ; le chevillier en crosse se termine par une tête de femme. La tenue du plectre se fait entre pouce et index, tandis que le majeur semble posé sur la corde la plus basse. La position des doigts de la main gauche est peinte de façon si précise qu'un musicien pourrait sans doute en tirer des conclusions sur l'accord ou le jeu.
Au total, ces trois représentations du même instrument (avec quelques variantes) se valident mutuellement, d'autant qu'elles sont toutes datées de la fin du XIVe ou tout début du XVe (entre 1375 et 1402). Ce qui pourrait même permettre d'étudier les rapports entre Jean de Bruges, Jean d'Orléans (Maître du Parement de Narbonne) et l'auteur de la maîtresse-vitre de Saint-Jacques de Merléac.
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Très Belles Heures de Notre-Dame (1375-1400), enluminure du Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans), Couronnement de la Vierge folio 75v. Gallica.
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Dans les marges des folios 67v et 161v des Très Belles Heures de Notre-Dame, se trouve un nouvel exemple de cet ange joueur de mandore. Associé à un joueur de rebec.
Très Belles Heures de Notre-Dame (1375-1400), enluminure du Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans), Noces de Cana. Gallica.
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Folio 161v, Très Belles Heures de Notre-Dame (1375-1400), enluminure du Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans), Noces de Cana. Gallica.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Précision sur les amicts des anges.
Ces amicts sont bien particuliers par le savant repli du tissu sur lui même qui, comme pour les serviettes pliées dans un restaurant, transforment le banal carré d'étoffe en un accessoire particulièrement élégant. Ce raffinement tient à l'évasement des formes sur les épaules, mais surtout au dessin en U ballonisé des deux pointes de col qui tendent à se rejoindre. Plus tard, à partir de 1423, ce dessin en U adoptera la forme de la lettre oméga minuscule ou d'un W arrondi, dans les sculptures sur pierre des anges du Maître du Folgoët.
Pourrait-on en déceler les sources ?
J'en trouve un exemple dans un Trône de Gloire lorrain du XVe siècle restauré par Muriel Oiry en 2010 (Salle lapidaire du Musée d’art et d’histoire de Toul, déposée de la façade occidentale de l’église Saint-Gengoult de Toul ). Les photos proviennent de son article et sont sa propriété :
Muriel Oiry, Le Trône de Grâce : étude et la restauration d’une Trinité lorraine du XVe siècle, https://ceroart.revues.org/1748
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Remarque complémentaire sur le duo rebec / mandore.
Deux anges musiciens jouant face à face l'un d'un rebec, l'autre de la mandore (avec un plectre), est représenté aussi dans la chapelle Saint-Jacques, sur les lambris peints du bas-coté nord, au sein d'un instrumentarium plus étoffé.
De plus, si le chevillier de la mandore est droit, perpendiculaire au manche, celui du rebec est en crosse terminé par une tête féminine.
Voilà les photos qui les concernent, en attendant l'article consacré à ces peintures.
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Peintures murales du bas-coté nord, de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Ange jouant du rebec , peintures murales du bas-coté nord, de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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LES TRILOBES.
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1) Aux fleurs de lys.
Si ces fleurs de lys sont d'origine, et non le fruit d'une création par un restaurateur, elles inciteraient à rechercher leur signification héraldique en association avec les macles des Rohan.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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2. Trilobe aux armes des Rohan .
de gueules aux macles d'or.
En 1402, le vicomte de Rohan en titre était Alain VIII de Rohan, fils de Jean Ier de Rohan et de Jeanne de Léon (morte en 1372). Vicomte de Rohan de 1396 à sa mort en 1429. Il était l'époux, depuis 1380, de Béatrix de Clisson, fille du connétable Olivier V de Clisson.
Son fils, le comte de Porhoet, était né vers 1382 et avait donc 20 ans. Il deviendra vicomte de Rohan en 1429 sous le nom d'Alain IX. A l'époque de la création de ce vitrail, il était célibataire, puisque son mariage avec Marguerite de Bretagne sera célébré en 1407.
Le commanditaire, ou du moins le seigneur qui exerça ses droits prééminence sur cette verrière axiale était donc Alain VIII de Rohan.
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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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DISCUSSION.
Autant les panneaux des lancettes et des tympans des baies latérales contemporains de cette maîtresse-vitre étaient voués au culte de la Vierge, de son Assomption et de son titre de reine, autant la vitre axiale de la chapelle Saint-Jacques est dédié, mis à part le registre consacré à saint Jacques comme patron de l'édifice, à la Christologie. Les lancettes de la Passion sont complétées par le tympan, dont la rose est centrée par le visage du Christ, entouré de ses douze disciples et adoré par un cortège d'anges qui chantent ses louanges et sa divinité par les accents du Sanctus.
Mais c'est surtout l'importance des douze articles de la Foi, piliers de son Église, qui est affirmée.
Il est si courant de voir, en franchissant les porches des églises et chapelles bretonnes, les deux groupes de six apôtres portant en écharpe l'article de ce Credo apostolique qu'on oublierait volontiers que toutes ces sculptures de pierre sont postérieures au premier quart du XVe siècle, puisque les premiers porches suivent la construction de la collégiale du Folgoët en 1423. Le porche de Saint-Herbot en Plonevez-du-Faou, qui en est un superbe exemple, date de 1481-1509, et son homologue de Plourach de 1458-1488.
De même, l'autre exemple de Credo apostolique (et prophétique) sur un vitrail de Bretagne, celui de Quemper-Guézennec, date de 1460-1470.
Ce cortège des douze apôtres tenant leur phylactère serait, sous réserve d'inventaire, la première manifestation dans notre Région de cette tradition iconographique.
Dans les provinces voisines, il faut attendre 1430-1435 pour voir ce Credo apostolique traité en vitrail à la cathédrale Saint-Julien du Mans, sous la Rose de la baie 217.
Seule, la cathédrale de Metz peut s'enorgueillir de sa baie occidentale de 1384 qui traite, sous la grande Rose, du Credo apostolique et prophétique. Elle n'est antérieure que de moins de vingt ans à la verrière de Merléac.
Cela lui confère donc un intérêt manifeste. Mais nous pouvons aller plus loin dans nos considérations.
En effet, s'il faut rechercher des exemples iconographiques dans les autres arts, et après avoir écarté les œuvres postérieures à ce vitrail de 1402 (comme le Baptistère de Sienne de 1450, ou les ouvrages imprimés comme les Calendriers des Bergers), nous trouvons des manuscrits comme le Verger de Soulas ou Speculum Theologiae de la fin du XIIIe siècle folio 13v, le Livre d'heures de Jeanne II de Navarre, enluminé à Paris vers 1330 (Bnf NAL3145), ou le Bréviaire de Belleville Bnf Latin 10483 (1323-1326) mais c'est surtout dans les manuscrits du duc Jean de Berry (1340-1416) que nous trouvons l'expression de ce thème :
a) Le Psautier de Jean de Berry peint vers 1380-1400, enluminé par André Beauneveu, et où chaque apôtre et chaque prophète occupe une page particulière, avec le texte de son article ou de sa prophétie en latin et en français. Ce serait un psautier à l'usage de Bourges.
b) Les Grandes Heures de Jean de Berry, peintes vers 1400-1410, où un apôtre tenant un phylactère et un prophète affilié est représenté en bas de chaque page du calendrier, comme dans le Bréviaire de Belleville. Mais ce dernier manuscrit est déjà postérieur au vitrail de Merléac.
Il faut ajouter que l'on voit encore en la crypte de la cathédrale de Bourges les vitraux des apôtres et des prophètes qui éclairaient jadis la Sainte-Chapelle de Bourges, consacrée en ...1405. Ces vitraux avaient été peints par André Beauneveu.
En conclusion, il existe un faisceau d'argument pour penser que le choix iconographique de la verrière de Saint-Jacques de Merléac a été influencé par les vitraux et les enluminures commandés par le duc Jean de Berry entre 1380 et 1410. Plus précisément, l'influence d'André Beauneveu a pu être déterminante, en tant que peintre d'enluminure et de vitraux à Bourges vers 1486-1488.
Il resterait à étudier les voies de cette influence du Centre-Val de Loire sur la Bretagne et des liens entre les Rohan et la cour de Bourges. Ces liens peuvent passer aussi par les Clisson en raison du mariage, en 1380, de Béatrix de Clisson, fille du connétable Olivier V de Clisson, avec Alain VIII de Rohan.
Un argument peut être évoqué : c'est la ressemblance entre les fonds damassés des vitraux de Saint-Jacques de Merléac et ceux des tentures derrière les apôtres et prophètes du Psautier de Jean de Berry à feuilles F1 ou F2. Les rinceaux R1 s'y observent dans les lettrines des pages suivantes.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f44.item
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f45.item
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f48.item
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f49.item
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f52.item
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f53.item
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f56.item
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f57.item
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f61.item
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f355.item
Les lettrines à rinceaux polycycliques R1
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f63.item.zoom
Par contre, ces fonds damassés sont très simples, si on les compare à ceux de vitraux de la Sainte-Chapelle de Bourges, eux aussi consacrés à un Credo apostolique (complété par les Prophètes, une Sibylle, etc).
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ANNEXE.
Un Mystère de la Résurrection a été joué à Angers en 1456, copié sur un manuscrit conservé au musée Condé de Chantilly, sur un manuscrit de la Bnf français 972 daté de 1491 et imprimé par Antoine Vérard en 1499.
Le manuscrit de Chantilly contient, à la fin du Mystère, un Credo en allemand et un Credo en breton. Ce Credo breton étudié par P. Le Nestour est très précieux puisqu'il précède, comme témoignage du breton armoricain, le Catholicon de Lagadeuc (1464), mais aussi, pour mon sujet, parce qu'il atteste du culte du Credo en Bretagne, et de la forme qu'il prenait au début du XVe siècle.
Le Mystère de la Résurrection de 1456 montre d'une part comment est mis en scène l'énonciation des articles du Credo par chaque apôtre lors de la Pentecôte dans l'enceinte du Cénacle. Les vers 19316 à 19319 donnent l'attribution des articles à chaque disciple par saint Pierre, qui s'exprime :
Si je pense chascun en son cueur
D'entre nous douze, d'en dicter
Ung article et le rapporter
Par escript, desquelz je seray
Celluy qui le premier feray,
Et Jehan Zebedee sera
Celluy qui le second fera,
E Jacques son frere le tiers,
Et mon frere André volentiers
Fera le quart, comme il advient,
Et Phelippe fera le quint
Et Thomas fera le VIe,
Et Berthelemé le VIIe
Mace le VIIIe dictera
Et Jacques Alheus ara
La charge du neufme faire
Et Simon Zelotes, son frere
Escrira le dizieme a plain
Et son autre frere germain,
Judas Thedëus, escripra
Le Xie article et baillera,
Et Mathias, nouvellement,
receu, fera l'achevement
Du XIIe article dicter.
Les vers suivants 13340-13367 donnent le texte latin des articles.
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SOURCES ET LIENS.
http://www.patrimoines.lorraine.eu/fileadmin/illustrations/C006198_291-93.pdf
— MÂLE (Emile) Le Credo des apôtres in L'art religieux à la fin du Moyen-Âge en France page 246-296
https://archive.org/stream/lartreligieuxdel00mluoft#page/250/mode/2up/search/credo
— MÂLE (Emile) Le Credo des apôtres
http://patrimoine.amis-st-jacques.org/documents/000135_e_male_credo_des_apotres_2.pdf
— Wikipédia André Beauneveu
https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Beauneveu
— PSAUTIER DE JEAN DE BERRY, Bnf fr. 13091, 1380-1400. Enluminures d'André Beauneveu.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f16.image.zoom
— GRANDES HEURES DE JEAN DE BERRY ou Horae ad usum Parisiensem , 1400-1410
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b520004510/f11.item
— BREVIAIRE DE BELLEVILLE : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum, dit Bréviaire de Belleville. Bréviaire de Belleville, vol. I (partie hiver), 1323-1326
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451634m/f13.image
—PICHON (Denis) , 2000, Note sur les peintures murales de Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren : présence d'un Credo prophétique Société d'émulation des Côtes-d'Armor, 2000, 130, p. 115-122
— Jean-Marcel Buvron, Luc Chanteloup, Philippe Lenoble, 2003, Les anges musiciens du Mans. Textes de Jean –Marcel Buvron, Luc Chanteloup et Philippe Lenoble – Conception et maquette : Philippe Maillet et Jean-Luc Prou. Editions de la Reinette, 9 rue des frères Gréban - 72009 - Le Mans Cedex
— Baptistère de Sienne : http://www.viaesiena.it/fr/caterina/itinerario/battistero/articoli-del-credo/articoli-della-seconda-campata
— RANSON (Lynn) 2002 A franciscan program of illumination Insights and Interpretations: Studies in Celebration of the Eighty-fifth .publié par Colum Hourihane ..pp 84-89 En ligne
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—Vente Laurence Fligny : tête d'ange
http://www.fligny-haute-epoque.com/fr/tete-dange-37/
— Chef-reliquaire de Saint-Férreol
http://www.culture.gouv.fr/emolimo/chef.htm