L'enclos paroissial de Dirinon X. Le porche sud (1618). Les apôtres et le Christ (après 1664).
Voir la série sur Dirinon :
— L'enclos paroissial :
L'enclos paroissial de Dirinon I : les crossettes, les inscriptions et sculptures extérieures.
L'enclos paroissial de Dirinon III. la Poutre de Gloire (1623).
L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623), les blochets et poinçons.
L'enclos paroissial de Dirinon VI : le gisant de sainte Nonne (vers 1450-1468) et son reliquaire.
L'enclos paroissial de Dirinon VII : les vitraux, les statues et les peintures de sainte Nonne.
L'enclos paroissial de Dirinon VIII: la statue de saint Antoine par Bastien Prigent (XVIe siècle).
—Le culte de sainte Nonne :
Le culte de sainte Nonne à Dirinon I : la fontaine Sainte-Nonne et les trois pierres de Sainte Nonne.
Le culte de sainte Nonne à Dirinon II : la chapelle Saint-Divy.
Le culte de sainte Nonne à Dirinon III : la fontaine Saint-Divy ou Feunteun sant Divi (XVIe siècle)
—Les croix et calvaires de Dirinon :
Les calvaires de Dirinon . I. Le calvaire du bourg (XVe siècle).
Les calvaires de Dirinon . III. La croix de Kermélénec (1568).
Les calvaires de Dirinon IV : la croix de Kerniouarn / Kerpierre (XVe siècle).
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LE PORCHE EXTÉRIEUR. 1618.
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"Le porche Sud est daté de 1618, quoiqu'il semble appartenir encore à la tradition gothique. Dans la niche du fronton est un groupe de la Sainte-Trinité : le Père couronné de la tiare, tenant devant lui son Fils crucifié. " La colombe de l'Esprit-Saint s'est envolée.
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La datation 1618 est inscrite de part et d'autre de la tête du Père (16 / 18). On peut peut-être deviné des lettres IM et DC sur les piliers latéraux.
Le blason comporte un macle, trois fleurs de lys, trois annelets, et sept billettes, mais leurs propriétaires ne sont pas identifiés.
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L'INTÉRIEUR DU PORCHE.
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"Dans l'intérieur, sur des culs-de-lampes très simples, sont rangées les statues en pierre, des douze Apôtres, très rigides dans leurs poses et leurs draperies, et fort pauvres de facture. Au fond est une statue de Notre-Seigneur en robe sans ceinture, tenant la boule du monde et bénissant."
Les douze apôtres et le Christ Sauveur sculptés dans le kersanton par Jean Le Bescont (1664-1682).
Selon E. Le Seac'h, qui attribue les statues du porche de Dirinon à Jean Le Bescont, ce dernier avait semble-t-il deux ateliers, l'un à Landerneau et l'autre à Carhaix, et "l'on peut se demander s'il n'a pas fait ses classes chez Roland Doré à partir de 1650 avant de reprendre son atelier à sa mort en 1663". Il a été actif comme architecte dès 1650 à Saint-Thégonnec (fenestrage du bas-coté nord), en 1668 sur l'aile sud et de la sacristie de Saint-Thomas de Landerneau. et entre 1680 et 1681 à Locmélar sur le chevet.
Comme sculpteur, il a produit trois séries d'Apôtres en kersanton pour les porches de Locmélar (après 1664), de Goulven , et de Dirinon. Enfin, comme architecte-sculpteur, les archives mentionnent son nom pour l'ossuaire de Saint-Thégonnec de 1676 à 1682. alors que son rôle est probable mais non attesté pour le porche de Ploudiry (1665). Le calvaire de Bodilis relève aussi de son style, de même que les bénitiers de La Martyre (1681) et de Ploudiry (1680). Son atelier est le dernier témoin de la période de prospérité artistique en sculpture sur pierre qui avait commencé avec l'atelier ducal du Folgoët vers 1426.
Son style est magistralement décrit par E. Le Seac'h :
"Il se reconnaît aux grands yeux exorbités en amande. L'œil taillé en amande au modelé convexe est enfoncé dans le globe oculaire et donne une force hiératique aux personnages. La caractéristique du sculpteur est de donner à ses personnages des orbites très rondes avec un fin contour et une arcade sourcilière marquée.
Les visages sont compris dans un rectangle aux angles adoucis agrémenté d'une barbe méchée, finement peignée. Les personnages portent leur attribut à la main et des phylactères.
Le hiératisme des Apôtres est rendu par le dessin des lèvres fines et serrées, dont les commissures sont à peine tirées vers le bas.
Les sourcils sont dessinés par la jointure entre la paupière supérieure et le bas du front.
Les mains longues et fines ont été sculptées avec un soin particulier. Elles occupent une position centrale en tenant les attributs qui permettent de reconnaître les Apôtres.
Les pommettes sont hautes et peu saillantes. Les paupières sont plus accentuées pour donner du relief au modelé. La barbe est stylisée en longues mèches bouclées avec des lignes serrées qui suivent le mouvement ondulé des boucles.
Les volumes sont fermés et compacts dans une facture compassée et sèche"
J'ajouterai une autre caractéristique : les moustaches qui partent des narines soit en vibrisses de chat, soit en traînées sinueuses.
Les proportions des statues changent au XVIIe, deviennent plus hautes mais aussi plus compactes et plus étriquées.
A Dirinon, les statues sont posées sur des consoles en granite directement fixées dans l'architecture du mur sans dais, ni niche, ni aucune autre décoration. Les Apôtres sont à l'étroit sur leur console trop petites pour leur assise. (Ces consoles avaient-elles été posées en 1618, un demi-siècle avant les statues ?).
— Datation : E. Le Seac'h suppose qu'elles sont au moins postérieures à 1650, mais indique aussi que la plus ancienne série d'Apôtres de Le Bescont est celle de Locmélar, datant de 1664. Peut-on donc conclure qu'elles sont postérieures à 1664 ?
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Caractères communs aux apôtres : ils sont tous pieds nus, ils tiennent tous un livre et un phylactère, et sont tous barbus ...sauf Jean, imberbe et sans livre.
Le phylactère portait peut-être, peint, l'un des 12 articles du Credo apostolique propre à chaque apôtre. Le Livre fait allusion aux Actes des Apôtres.
Ils sont pieds nus en vertu du texte des évangiles synoptiques précisant que Jésus leur demanda : "Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie dans vos ceintures, ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni souliers, ni bâton" Matthieu 10:9-10 (et Luc 9:3, Luc 10:4 et Marc 6:8-9).
Les statues étaient peut-être peintes (à Locmélar, des restes de polychromie bleue et ocre jaune persistent).
Les six apôtres de droite.
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Les mêmes, sous un autre éclairage.
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1. Saint Pierre et la clef.
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2. Saint André. La croix en X.
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3. Saint Jacques le Majeur et sa tenue de pèlerin de Compostelle.
Le chapeau à larges bords où est fixé une coquille, la pèlerine, et le bourdon.
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4. Saint Jean et la coupe de poison.
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5. Saint Thaddée (Jude) et sa lance.
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6. Saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon à bout recourbé.
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Les six apôtres de gauche.
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7. Saint Thomas et son équerre.
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8. Saint Simon et la scie.
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9. Saint Barthélémy et son coutelas de dépeçage.
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10. Saint Philippe et la croix à longue hampe.
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11. Saint Matthieu et sa balance de pesage de l'or.
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12. Saint Matthias et son glaive.
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Le Christ Sauveur.
Il accompagne aussi la série des Apôtres de Locmélar, [de même qu'on le trouvait sous le porche de Landivisiau (B. Prigent vers 1554)].
A Locmélar comme à Dirinon, le Christ est vêtu d'une tunique longue et sans ceinture. La raideur de son attitude, accentuée par la lourdeur du tombé des plis du drap, n'est atténuée que par un léger mouvement du cou vers l'avant. Il porte une courte barbe, des moustaches partant des narines en V inversé, et des cheveux mi-longs. Il tient un globe terrestre dans la main gauche alors que la main droite, brisée, traçait une bénédiction.
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La voûte lambrissée et les blochets.
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Le dernier blochet a été peint, lors d'une restauration récente, avec un visage foncé, sur la suggestion d' un des peintres métis ayant travaillé sur l'église entre 2009 et 2012. Un jour il a demandé: "Est-ce que vous croyez que l'on pourrait peindre un blochet à mes couleurs". L'architecte qui suivait le chantier ne s'est pas opposée d'où la présence de ce blochet métis.
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1907, Notice sur les paroisses : Dirinon, in Bulletin Diocesain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper.
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bdd181929b72800d010461e5f4ff222d.pdf
—APEVE (Association pour la Promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Élorn), 2013, "Dirinon", texte, photos, mise en page : François LE MEN, Jean PRZYGODA, Pierre CHAMARD-BLOIS.
http://www.apeve.net/spip/spip.php?article83
— Infobretagne "Enclos paroissial de Dirinon" : http://www.infobretagne.com/enclos-dirinon.htm
— COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, "Dirinon" Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/DIRINON.pdf
—FALC'HUN (Chanoine [Jean-]François), 1986, Dirinon, Editions Ouest-France, 32 pages, pages 30 et 31.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Coll. "Art et Société" Presses Universitaires de Rennes, pages 292-293.
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