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29 juin 2022 3 29 /06 /juin /2022 19:02

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries.

 

 

Voir sur Runan :

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PRÉSENTATION.

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Données historiques.

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L'église de Runan, construite au XIV et XVe siècle est une  ancienne fondation des Templiers, devenue une commanderie  des Hospitaliers de Saint-Jean, mais dédiée à Notre-Dame,  est surtout redevable de sa magnificence aux fondations qu'y firent les ducs de Bretagne en raison de leur proche résidence de Châteaulin-sur-Trieux, et dès  1381, Jean IV y fonda une chapellenie d'une messe chaque jour, dans la "chapelle de Ruzargan". Cette fondation se traduit par la restauration du transept et l'ajout d'un bas-côté nord.

Puis Jean V concéda  une nouvelle foire à la fabrique le 2 juin 1414, à la fête de Notre-Dame.

Une nouvelle foire au jour de la Saint-Barnabé est octroyée le 19 mai 1421, son administration étant confiée à Henry du Parc. Ce dernier fera établir son gisant avec celui de son épouse Catherine de Kersaliou.

La nouvelle foire est établie "pour l'augmentation de la dite chapelle, et dès 1423, l'ancien plan en tau des templiers est modifié par la création du chevet et de la tour-porche. Sur la maîtresse-vitre à six lancettes de 1423, les nobles de Runan témoignent de leur participation au chantier et aux prééminences qu'ils y exercent : les familles Le Goales, de Lestrézec, Le Caourcin Le Saint de Kerambellec, de Lezversault, Kergrist et Plusquellec ont leurs armes sur les lancettes, Henry du Parc et Catherine de Kersaliou placent les leurs en tête de lancette; tandis que le tympan reçoit celles des Rostrenen, de Jean du Perrier (et de sa femme Constance Gaudin), avec celles des Kerchenériou dans les ajours. Enfin, en supériorité sur le tympan viennent les armes du duc Jean V et de son épouse Jeanne de France.

L'abondance de ces armoiries, et de celles que nous allons découvrir, amène à relativiser l'importance du mécénat ducal et de donner plus de poids à celui des bienfaiteurs locaux. En témoignent les chapellenies  mentionnés dans les aveux hospitaliers, appartenant  principalement aux prestigieux lignages établis à Runan et Plouëc, dont certains furent associés à la haute administration du duché dès la seconde moitié du XIVe siècle. (S. Lemaître)

 

Le 28 mars 1435 est accordée une nouvelle foire. 

Une enquête du 15 août 1439, relative à l'enlèvement par Olivier de Kernechriou des armes du commandeur du Palacret, Pierre de Keramborgne, indique, d'autre part, que la chapelle de la Commanderie, au sud de l'église, venait d'être terminée l'année précédente, ainsi que le porche méridional.

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries.

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Mais avant de débuter, je décrirai l'ossuaire, daté par inscription .

 

 

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L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor.

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Une crossette figurée représente un chien de chasse. Quelques décors témoignent de l'influence de la Renaissance. L'ossuaire a été édifié alors que Pierre de la Forest était commandeur.

 Elle est éclairée coté ouest par une galerie à balustres carrés surmontés de chapiteaux ioniques, et elle s'ouvre soit du côté ouest par une porte à fronton triangulaire et pilastres ornés de losanges, soit du côté sud par une baie au dessus de laquelle se lit encore une inscription en lettres gothiques  qui a été relevée ainsi (Couffon:

CE FVST FET 1552 MORVAN ROLLANT

 

 

Monnier avait lu la date de 1557.

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L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor.  Photographie lavieb-aile juin 2022.

L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor. Photographie lavieb-aile juin 2022.

L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor.  Photographie lavieb-aile juin 2022.

L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor. Photographie lavieb-aile juin 2022.

L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor.  Photographie lavieb-aile juin 2022.

L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor. Photographie lavieb-aile juin 2022.

L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor.  Photographie lavieb-aile juin 2022.

L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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Au sommet du gable de l'ossuaire.

Armoiries de Kernechriou seigneur de Lestrézec (cf. L. Monnier) ?

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L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor.  Photographie lavieb-aile juin 2022.

L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor. Photographie lavieb-aile juin 2022.

L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor.  Photographie lavieb-aile juin 2022.

L'ossuaire d'attache de 1552. Granite gris du Trégor. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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LES QUATRE PIGNONS DE LA FAÇADE.

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Nous pouvons décrire de gauche à droite (d'ouest à est) quatre pignons successifs. Le premier est celui de la chapelle des fonts baptismaux.

"Face au calvaire, se dresse l'imposante façade à file de pignons du bas-côté sud, la plus décorée des élévations externes de Notre-Dame de Runan. Les pignons plutôt homogènes sont en grand appareil de granite et sommés d'un épi de faîtage ; les rampants sont lisses et simplement chanfreinés et les pinacles des contreforts rythment la façade en partie haute. Sa construction s'est achevée avant l'année 1438, comme semble l'indiquer l'enquête, diligentée par le commandeur hospitalier Pierre de Keramborgne, du 15 août 1439." (S. Lemaître)

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Dans ce mandement devant le duc Jean V, reproduit infra (sources), Pierre de Keramborgne expose d'abord que l'église de Runazhan dépend de la commanderie de l'Ordre de saint Jean de Jérusalem : en témoigne sa situation au sein d'autres biens de cette commanderie, celle de la Feuillée unie à celle du Palacret, où Pierre de Keramborgne sera inhumé en 1499. (On reconnaît Runan  dans le « Runargant » de la charte donnée aux Templiers en 1182. Notre-Dame de Runan, jadis trêve de Plouëc, se trouvait, en effet, « assise dans le fief du Palacret. Malgré sa richesse, la fabrique de Runan ne devait au commandeur du Palacret que 24 sols de rente, et « pour les offrandes du lieu 100 sols, à la Nativité de Notre-Dame. » Par ailleurs, ce commandeur avait certains droits sur la halle de Runan, et jouissait de treize tenues et d'une dîme. )

Il signale ensuite qu'en cette église, et précisément en une chapelle du bas-côté sud ("chapelle devers le midi"), qu'on  désigne donc sous le terme de "chapelle de la commanderie" et qui était alors "commencée ou faite ou près d'être faite" (ces informations imprécises laissent penser que ses informations sont de seconde main), sur le pignon sud, un écu ("escuczon") en belle pierre de taille, sculpté et peint aux armes de l'exposant (Pierre de Keramborgne) placée en haut de la grande baie a été arasé ou ôté depuis un mois — donc juillet 1439—, après y être resté au moins un an, et remplacé par les armes de Rolland de Kernechriou, aîné de sa famille, avec la complicité de son frère Philippe et de leur oncle Alain.

L'intérêt de cet acte est de nous indiquer la date de la construction de cette chapelle , vers 1438. C'est aussi de nous fournir la précision que cet écu était timbré, et présenté par deux lions.

L'offense a-t-elle été constatée ? Fut-elle réparée par la restitution des armes de Keramborgne à la place de celle de Kernechriou? Ou bien un arrangement a-t-il été trouvé ?

 À quelle place se trouvait cette chapelle  ? S. Lemaître l'assimile à la première chapelle, celle des Fonts. Pierre de Keramborgne possédait une autre "chapelle du midi" en l'église Notre-Dame de Keramanac'h de Plonévez-Moëdec (commanderie de Plouaret appartenant à la fondation de La Feuillée) , placée elle-aussi à l'entrée de la nef au sud : les blasons de l'Ordre de Malte et des Keramborgne sont encore visibles sur les ajours trilobés du vitrail de 1499.

Autant de recherches qui peuvent aujourd'hui susciter notre curiosité lorsque nous nous trouvons devant ces quatre pignons.

Notons que les armes des Kernechriou, seigneurs de Lestrézec  (*) figure sur la chaire-calvaire hexagonale qui marque l'entrée du placître.

(*) écartelé d'argent et de sable, ou écartelé d'argent et de sable au bâton de gueules brochant.

 

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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La façade méridionale de la chapelle des Fonts ou de la Commanderie (vers 1438), ou premier pignon.

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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H1 : un écu présenté par deux anges. Rostrenen de Brélidy ??

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Jean-Paul Rollant l'attribue à la famille Rostrenen de Brélidy. Les armoiries de Rostrenen se blasonnent : d'hermine à trois fasces de gueules.

https://man8rove.com/fr/blason/60gqkk-rostrenen

Les armoiries de la baronnie de Rostrenen sont ordinairement  timbrées d'une couronne  en dessous laquelle apparaît la devise "OULTRE". 

Elles figurent sur la maîtresse-vitre de Runan (1423).

Ici, dans un cartouche rectangulaire, les tenants sont deux anges de profil, dont la tête a été martelée ; l'écu placé de biais (sans meuble visible mais sur lequel je distingue une partition médiane) est timbré d'un heaume de profil vers la droite, lui-même surmonté d'un ornement (couronne ? tortil ?) et enfin d'un arbre.

Je ne vois là aucun élément d'attribution.

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan et ses armoiries.

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H2. Un écu présenté par deux hommes d'armes Kernecheriou ? Kerbouric ?

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Les tenants sont deux soldats en cotte de maille, de profil mais la tête de face.

L'écu est incliné vers la droite. On devine une partition à quatre quartiers. Il est timbré d'un heaume, puis d'une coiffure et enfin surmonté d'un arbuste touffu.

 

"À droite de la baie, il semblerait que le timbre fiché dans la maçonnerie représente les armes de Kerbouric, car à la lumière rasante les quatre quintefeuilles du blason familial ressortent nettement." (S. Lemaître)

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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H3. Écu présenté par deux léopards. 

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"Contre  le pignon de la chapelle des fonts, à l'équerre, un pan de mur fait jonction avec le mur pignon de la travée du porche.

À mi-hauteur, une fenêtre surbaissée à quatre quadrilobes cernée d'un tore et d'une gorge éclaire le bas-côté sud. Au dessus, un écu bûché, timbré d'un heaume à bourrelet, à cimier et lambrequins, tenu par deux léopards indique les armes d'un chevalier. Son cri d'alarme n'est malheureusement plus visible car la bannière qui surmonte le cimier est effacé. Souvent attribuées à Pierre de Keramborgne, ces armoiries ne peuvent être les siennes car il possède en tenant [support] deux lions et non deux léopards."

Rappel : les "léopards" héraldiques ont la tête de face (comme ici) et les "lions" la tête de profil.

L'ensemble héraldique est placé dans un cartouche rectangulaire bordé d'une frise de rinceaux.

Les supports, des léopards dressés sur leurs pattes postérieures ont la queue dressée verticalement derrière leur corps. Ils présentent un écu non incliné, sur lequel je crois deviner une barre oblique.

Le heaume est tourné vers la gauche. Il est surmonté d'un cimier en tête d'animal (lion ? dragon ? ) de profil tournée vers la gauche, dont la gueule est ouverte et les oreilles sont longues. Une banderole portait le cri.

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On comparera cet ensemble aux deux armoiries des contreforts du porche.

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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Le troisième pignon, correspondant à la chapelle seigneuriale.

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"Dans la continuité du porche, le pignon suivant vers l'est abrite les troisième et quatrième travées qui correspondent à la chapelle seigneuriale. Il a été édifié en même temps que le mur pignon de la travée du porche comme l'indique le chaînage contigu du pinacle à deux corbeaux qui laisse s'écouler entre eux l'eau du chéneau.

Le pignon est ouvert d'une baie en tiers-point  liseré d'une colonnette au réseau à cinq lanternes surmonté d'une rosace flamboyante. Ces dispositions datent d'une restauration de 1855 (B. Jollivet). 

Les armoiries en partie basse ont été trop mutilées pour pouvoir être identifiable mais l'écu en bannière de Jean du Perrier se devine en haut et à droite de la baie." [N°7] S. Lemaître.

 

 

 

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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H4 et H5.

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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H4. Écu présenté par un ange de face. 

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La tête de l'ange devait être fixée par un tenon dans la mortaise visible.

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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H5. Écu présenté par deux chiens. 

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Le cadre est rectangulaire.

Les supports sont deux chiens de chasse placés de profil.

L'écu est incliné vers la droite, timbré par un heaume de face et un cimier à tête et cou d'oiseau, de profil.

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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H6. L'écu et les emblèmes du duc de Bretagne (Jean V).

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"Sous le faîte, les armes facilement reconnaissable  du duc Jean V dominent la chapelle seigneuriale. Elles comportent une targe couronnée surmontée d'un heaume à deux cornes, au cimier du lion des Montfort tenu par deux hermines et ornées d'hermines passantes de part et d'autre.

Cette chapelle était réservée aux familles nobles de Runan, proches du haut rang du duc Jean V." (S. Lemaître)

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L'écu incliné vers la droite, et dont la partie haute est crantée et bombée (targe), est tenu par deux hermines dressées de profil. Le heaume est de face, surmonté d'une paire de cornes et du lion de Monfort.

Le complexe rectangulaire est encadré d'une frise de quatre hermines passant à travers les spires d'un phylactère. C'est un emblème bien connu des ducs de Bretagne, associé à la devise A MA VIE inscrite, lorsqu'elle est conservée, sur la banderole.

Voir notamment :

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Voir aussi le sceau de Jean V:

  • http://www.sigilla.org/sceau-type/jean-v-bretagne-deuxieme-contre-sceau-12783
  • http://www.sigilla.org/sceau-type/jean-v-bretagne-deuxieme-sceau-du-secret-48583
  • https://devise.saprat.fr/embleme/hermine-2

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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H7. Jean du Perrier ?

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Le cadre rectangulaire est cintré sur sa ligne intérieur. Les deux anges de profil présentent un écu rectangulaire couronné. Cet écu est dit "en bannière" : "Manière de disposer les armes en carré, comme les bannières féodales, plus honorable qu'en écusson ou en pointe."

Il m'est impossible de distinguer le moindre indice d'identification.

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Les armoiries de Jean du Perrier, seigneur de Quintin et chambellan du duc, se retrouvent sur la maîtresse-vitre de 1423.

"Dans les quatre quatrefeuilles, sont les armes d'azur à dix billettes d'or, quatre, trois, deux et un  de Jean du Perrier comte de Quintin et de son épouse Constance Gaudin décédée en 1423.

 Armes des du Perrier

 

  "Au troisième rang, un écu aux armes des du Perrier et un autre losangé mi-parti : au I, du Perrier, au II, écartelé Gaudin et Brienne de Beaumont, armes de Jean du Perrier, sire de Quintin et du Perrier et de Constance Gaudin sa femme, fille de Péan et de Jeanne Riboule. [...]

Ces grandes armoiries permettent de dater avec une très grande précision la verrière. En effet, l'on sait, d'une part, que c'est par contrat du 3 janvier 1423 que Jean du Perrier, veuf d'Olive de Rougé, épousa Constance Gaudin. (René Couffon) 

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La seigneurie de Quintin sera érigée en baronnie en 1551 en faveur de Tristan du Perrier.

Voir la généalogie de Jean I du Perrier (v1380-1461) :

https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=jean&n=du+perrier&oc=1

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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H8. Deux écus présentés par un ange assis,  de face.

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Les écus sont droits, aucun meuble n'est visible. Un évidemment dans la tête de l'ange laisse supposer que la face était rapportée.

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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H9. Écu présenté par deux hommes sauvages.

 

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Les deux hommes sauvages (tenants très fréquemment adoptés en héraldique), de face ou trois-quarts, présentent un écu incliné vers la droite, timbré d'un heaume tourné vers la gauche, et surmonté d'un tortil et ? d'une tête féminine.

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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Autres ornements sculptés. Quatrième pignon.

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La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

La façade méridionale de l'église de Runan (granite, vers 1437, restauration en 1855) et ses armoiries. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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CONCLUSION.

1. La totalité des meubles des écus de cette façade méridionale de Runan, pourtant très riche en matériel héraldique, a disparu, si tant est qu'ils aient existé (ils pouvaient être peints). Bien sûr, on peut toujours imaginer qu'une nouvelle mission de collectage photographique, effectuée dans des conditions optimisées d'éclairage, par source additionnelle à jour frisant, puisse réserver de rares surprises. 

Il faut aussi tenir compte de l'apport des ouvriers et artisans de 1855 dont Benjamin Jollivet laisse entendre qu'ils sont intervenus par copie fidèle.

On ne voit plus les devises que cet auteur a relevé en 1855.

2. Par contre, si les écus sont muets, les autres éléments du complexe héraldique pourraient fournir, à des spécialistes, des éléments d'identification. Mais il faut sans doute, pour permettre des rapprochements, que la constitution d'un corpus iconographique breton indexé soit colligé de façon suffisamment vaste.

C'est le but de cet article d'y contribuer.

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SOURCES ET LIENS.

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ALAIN (Agnès), 2020, Sortie fontaines et petits patrimoines

https://docplayer.fr/189176009-Sortie-fontaines-et-petits-patrimoine-du-9-mars-2020-pontrieux-runan.html

BLANCHARD (René), 1895, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne: étude sur les sources du recueil. n°. 2218 et 2371

1. Lettres du duc concédant à la chapelle de N. D. de Runan une foire qui devait se tenir le samedi précédant le pardon de la chapelle, fixé au dernier dimanche de juillet. Par le duc, de son commandement, présents : l'archidiacre d'Acreleon, Yvon Roscerf et autres. — Cador.

https://archive.org/details/lettresetmandem02blangoog/page/n137/mode/2up

2. Mandement d'enquérir de l'injure faite au commandeur de la Feuillie en enlevant ses armoiries de l'église de Runan. Orîg. jad. scellé sur s. q. (Ar. CÔtes-du-Nord, H, f. de Malte).

A Vannes, 1439, 15 août. — « Jehan... A noz seneschalx, alloez et procureurs du ressort de Goelou, de Guigamp et de Lannuyon et à leurs lieutenans, à noz bien amez et fealx conseillers Eon de Roscerf, nostre maistre d'ostel, Jehan de Vennes, nostre contrerolleur gênerai, Robert Cador, nostre secrétaire, Alain Raison et Guillaume Labbé, salut.

De la partie de nostre bien amé et féal religieux et cher frère Pierres de Kaerenborgne, commandeur de la commanderie de la Feuillée et du Palacret, nous a esté exposé engrièvement complaignant, disant que l'église ou chapelle de N. D. de Runarzhan, tref ou fillete de la paroesse de Ploeuc, du diocèse de Treguer, est, comme on tient et dit on communeement, fondée et située en la terre ou fé de lad. commanderie, et ce est assez vroysemblable à croire, car celle chapelle est cernée et environée pour la plus grant partie, des fiez et terres d'icelle commanderie, et aussi en celle chapelle a telle et semblable indulgence et remission comme il a es aultres églises et chapeles fondées et situées es fonds, fiez et terres de lad. commanderie et des autres samblables commanderies de l'ordre de l'ospital Mr saint Jehan Baptiste de Jherusalem ; et que en celle chapelle et église de Runazhan, devers le midi, a esté puis nagueres une chapelle commancée et faicte ou près de faicte, et que au pingnon d'icelle nouvelle chapelle, devers led. midi, est assise et levée une belle fenestre de pierre de taille, et que en une belle pierre de taille assise ou hault d'un costé d'icelle fenestre, par dehors devers midi, led. exposant avoit fait mectre et entailler un escuczon ouquel estoient mises et entaillées les armes d'icellui exposant, avecques son timbre au dessus d'icelles armes, et y estoient entaillez et figurez deux leons, l'un d'un costé et l'autre de l'autre costé d'icelles armes, semblans en figure que celx deux leons tenoient led. escuçon où estoient celles armes, et que tout estoit bien et notablement figuré, entaillé et fiait de et en bel et bon ouvrage de pierre ; et ilecques mis, assis, souffert et laissé par le temps d'un an ou environ ou plus, et tellement que les voisins et demourans en celles mettes et celx qui aloient à lad. église ou passoient par auprès d'elle, au moins devers le midi, le povoient veoir et savoir ; et mesmes Rollant de Kernechriou, Phelipe de Kernechriou son frère et Alain de Kernechriou, oncle desd. frères, le savoient et povoient assez savoir, ainsi que sera déclaré et trouvé si mestier est, comme dit celui exposant ; disant oultre que lui, avecques ses biens, saisines et possessions quelxconcques estoient de piecza et encore sont en noz seurté, proteccion et sauvegarde générale et especiale, pupliés et faictes açavoir tellement que lesd. de Kernechriou ne autres d'icelles parties n'en porroient prétendre ignorance.

Et neantmoins tout ce que dit est, lesd. armes dud. exposant ont esté, puis un mois encza ou environ et que que soit nouvelement et puis nagueres, rompues, arrasées, deffaictes, desentaillées et ostées, et ou lieu et endroit où elles estoient, sont mises, figurez et peintes les armes desd. de Kernechriou ou des aucuns d'elx, car en icelui lieu, puis le démolissement desd. armes dud. exposant, furent mises et assises en peinture et colleurs les armes dud. de Kernechriou, o un cressant d'avantage qui sambloit estre manière de diferance, et que celles armes de Kernechriou o celle diferance furent ilecques par aucuns jours, et après ce en fut ostée lad. diference, et y demeurèrent les plaines armes dud. de Kernechriou, savoir dud. Rollant de Kernechriou, teles comme il les porte, car il est l'aisné de celx de Kernechriou ; et dit celui exposant que lad. offense a esté principalement procurée, pourchacée et faicte par lesd. Rollant et Phelipes de Kernechriou, et que de ce faire ilz et leurs adhérez et complices ont esté agens, consentens et participans, ainsi que plus à plaîn sera déclaré en lieu et temps ; quelle chose, si elle n'estoit reparée, seroit en grant foule, vitupère, deshoneur, préjudice, grief et domage dud. exposant ainsi qu'il dit, et nous a très humblement supplié de lui pourvoir sur ce de convenable remède.

Pour ce est il que nous, desirans justice estre faicte et ne voulanz tieulx deliz demeurer impuniz, quelx, s'ilz sont vroiz, sont cas de mal exemple et dignes de granit punicion, comme de violence faicte à l'iglise, commectant sacrilège et infraccion de nostre sauvegarde et grant offense faicte aud. commandeur et à son estât et honeur, qui est issu de bon et grant lignage appartenant à plusieurs des barons et autres grans nobles de nostre duchié  et grandement et dignement bénéficié..., Vous mandons... que vous vous transportez sur le lieu où l'en dit lesd. excès avoir esté faitz, et vous imformez et enquerez du cas sommairement et de plain...; et si vous trouvez lesd. de Kernechriou... coulpables, les requérez... d'en faire reparacion... et remectre les armes dud. commandeur es lieu et estât que trouverez [que] elles estoient avant lad. demolicion d'icelles... Par le duc, en son conseil, ouquel : Vous, l'evesque de S» Brieuc, le maistre d'ostel, Pierres Ivete, le seneschal de Moncontour et autres estoint. — Gunemar. »

https://archive.org/details/lettresetmandem02blangoog/page/n225/mode/2up

— BONNET ( Philippe), RIOULT ( Jean-Jacques), 2010 , "Chapelle Notre-Dame-de-la-Clarté,", in Bretagne gothique : l'architecture religieuse, Paris, Picard, 2010, 485 p. 

— COUFFON (René), 1950, « Runan », Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie « 107e session, 1949, Saint-Brieuc »,‎ 1950, p. 150-164. 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32118665/f154.image.r=runan

— DE COURCY (Pol Potier), 1864, Source : De Rennes à Brest et à Saint-Malo par 

"Quand on a quitté l'espèce d'entonnoir au fond duquel gît Pontrieux et qu'on s'est dirigé sur la route de Bégard, on arrive, après avoir monté pendant un kilomètre, à la chapelle de la Trinité, dite la belle église, dédiée à saint Jorand. Son architecture annonce le XVIe siècle, et elle montre sur ses murs la légende de son patron, dont elle possède aussi le tombeau. A trois kilomètres à l'ouest, est un joli bourg, entouré d'arbres et de verdure, et où l'on remarque une splendide église de la fin du XVe siècle : l'église de Runan. On y distingue surtout une maîtresse vitre restaurée avec soin ; un retable d'autel en pierre, divisé en plusieurs compartiments sculptés et représentant les scènes de la vie de la Vierge ; les tombeaux des sieurs de Kernec'hriou et de Boisboissel, et plusieurs piliers prismatiques très-délicatement travaillés. Le porche méridional abrite les statues des apôtres et est décoré extérieurement, ainsi que la façade de l'église, d'écussons à supports variés, mais dont le champ est martelé.

Dans le cimetière, un calvaire, composé de trois croix en granit, à sa base en forme de chaire à prêcher.

Runan obtint, par chartes des ducs Jean V et Pierre II, de 1414 à 1450, trois foires annuelles dont les droits devaient être consacrés à l'entretien de la chapelle de Notre-Dame. Ainsi s'expliquent les beautés architecturales que l'on y remarque. Les foires ducales existent encore, mais leurs revenus ont reçu une autre destination. On rejoint, par Ploëzal, la grande route de la Roche-Derrien.

 

Infobretagne

http://www.infobretagne.com/runan-eglise.htm

— JOLLIVET (Benjamin-Philibert), 1855, Les Côtes-du-Nord, histoire et géographie de toutes les villes et communes 

 

 

Étymologie et origine

La localité qui nous occupe, de vieux titres nous l'apprennent, se nommait autrefois Run-ar-Gan, trois mots celtiques dont l'usage a fait à la longue, par contraction, Runan. Son commerce et son importance relative datent évidemment de 1414, époque de l'institution de la première de ses foires ; mais son origine est moins facile à établir. Nous croyons, toutefois, que Run-ar-Gan ne prit naissance que dans le quatorzième siècle, après l'érection de Notre-Dame et lorsque la dévotion à cette chapelle eut attiré l'attention sur ce coin de terre.

Monuments

L'église est sous l'invocation de la Vierge, Notre-Dame de Runan. C'est un fort bel édifice de la fin du quinzième siècle, au pignons parsemés d'armoiries de toutes sortes, parmi lesquelles se remarquent les armes de Bretagne, d'hermine plein, avec cette devise : Potius mori quàm fædari, et cette autre : à ma vie, gravée sur le collier de l'hermine suspendue au-dessous de l'écu (Le collier de l'ordre de l'hermine, institué par Jean IV, en 1381, était composé de 2 chaines, attachées par leurs extrémités à 2 couronnes ducales renfermant chacune une hermine passante. Une des couronnes pendait sur la poitrine et l'autre était sur le cou. Les chaînes étaient composées chacune de 4 fermoirs, et ces fermoirs étaient une hermine avec un rouleau autour du corps, sur lequel ces mots étaient écrits : à ma mie. Les rouleaux étaient émaillés alternativement de blanc avec des lettres noires, ou de noir avec des lettres blanches. chacune des hermines portait un collier, d'où pendait un chainon composé de 4 ou 5 anneaux. Les colliers des chevaliers étaient d'or ou d'argent, suivant la qualité des personnes ; ceux des ducs étaient enrichis de pierreries. Les femmes étaient reçues dans cet ordre sous le titre de chevaleresses).

Au moment où nous écrivons (novembre 1855), les maçons et, les tailleurs de pierre ont mis à découvert la nef de droite ; ils relèvent plusieurs pignons, et, copistes fidèles, reproduisent les belles fenêtres ogivales à compartiments dont la conservation n'était plus possible. Les premiers ouvriers de cette église ont reçu depuis longtemps la qualification d'artistes, les seconds s'appellent simplement des tailleurs de pierre ; mais quand le temps aura noirci le travail de ces derniers, les soi-disant antiquaires s'arrêteront pour admirer ce chef-d'œuvre du quinzième siècle, et nos tailleurs de pierre, eux aussi, seront proclamés artistes, à moins qu'ils n'aient la malencontreuse idée de mettre une date à leur œuvre. Alors tout serait perdu ; car les admirateurs systématiques du passé n'accueillent les choses du présent qu'avec froideur et dédains.

L'intérieur de l'église de Runan est d'une grande irrégularité. Il se compose de trois nefs, dont l'une, celle de gauche, est étroite et écrasée, tandis que celle de droite, plus large et plus élevée, se divise en compartiments communiquant entre eux par des arcades disposées dans le sens de la largeur de cette nef, circonstance en dehors, croyons-nous, des règles de l'art architectural et du bon goût. Les piliers diffèrent presque tous : les uns sont de forme carrée et chargés d'ornements, d'autres sont composés de colonnettes en faisceau, d'autres enfin sont ronds, massifs, sans aucune ornementation. Cette nef renferme l'autel du Rosaire, les fonds baptismaux à l'extrémité opposée, et, dans le compartiment du milieu, une énorme pierre sépulcrale sur laquelle sont grossièrement sculptés un homme et une femme, reposant à côté l'un de l'autre. Ces statues ont de 15 à 20 centimètres de relief ; elles sont de grandeur naturelle, et comme l'ouvrier leur a donné à toutes les deux même taille et mêmes proportions, la femme apparaît sur cette pierre froide comme un phénomène de stature. Pauvre Jeanne de France ! car cette femme c'est la fille de Charles VI, roi de France : le guerrier qui repose à ses côtés est Jean V, dit le bon (Jean V fut élevé a la cour de France. Il fit hommage au roi Charles VI; envoya des ambassadeurs en Italie pour travailler a l'extinction du schisme ; marcha plusieurs fois au secours du roi de France, qui lui restitua St-Malo ; conclut une trêve avec le roi d'Angleterre ; retourna à Paris après le massacre des Armagnac ; conduisit le dauphin à Saumur ; fut arrêté à Chantoceaux par Marguerite de Clisson, puis délivré par ses sujets ; confisqua, à la suite de cette trahison, les terres des Penthièvre ; fit alliance avec le dauphin a Sablé. peu de temps après avec le roi Charles VI ; fit armer les communes ; rendit hommage au roi Charles VII ; traita avec le duc de Belfort et ratifia le traité de Troyes), son époux dont les restes mortels, comme nous le verrons plus bas, reposèrent pendant une nuit dans l'église de Runan, il y a de cela 404 ans ! Les statues dont nous venons de parler ont beaucoup souffert de la part du temps ou des hommes.

La maîtresse-vitre a conservé plusieurs fragments de vitraux peints, au milieu de ses gracieux enroulements de granit. Mais, pour admirer les uns et les autres, il faut d'abord savoir que cette maîtresse-vitre existe, complètement cachée par un énorme baldaquin en menuiserie formant tout-à-la-fois et comme d'une seule pièce, autel, tabernacle et retable ; puis, certain de trouver ce que l'on désire derrière cette boiserie malencontreuse, chercher longtemps des yeux un passage. On finit par découvrir deux petites portes placées de chaque côté du maître-autel ; celle de gauche résiste ; mais celle de droite cède à la première pression, et l'on se trouve tout-à-coup en présence de l'objet de ses recherches, dans un couloir étroit et encombré de vieilleries sans nom.

La chaire est ornée de sculptures d'un travail remarquable.

Le clocher a été refait en entier en 1822, mais sans tenir compte du style architectural du reste de l'édifice, avec lequel il n'est plus en harmonie.

Cette jolie église est désignée dans les vieux titres sous le nom de chapelle de Notre-Dame de Plouëc ; et, en effet, nous verrons plus loin que Runan était jadis simple trêve de cette paroisse. Elle appartenait, lorsque éclata la révolution de 1789, à la commanderie du Paraclet, ordre de Malte, et lorsque les commandeurs venaient y faire des visites pastorales, on était tenu de leur présenter les comptes des fabriciens. L'évêque de Tréguier ayant voulu, lui aussi, se faire servir ces comptes, l'ordre plaida et obtint de Louis XIV une ordonnance qui rappelait l'évêque comme d'abus.

Dès les premières années du quinzième siècle, Notre-Dame de Plouëc était en grande vénération parmi les fidèles, et comptait au nombre de ses bienfaiteurs Jean V, dit le Bon, 21° duc de Bretagne, dont les dépouilles mortelles furent solennellement transportées à la cathédrale de Tréguier en 1451, après de vives contestations entre le clergé de cette cathédrale et celui de Nantes. A l'occasion de cette translation, voici ce que rapporte la tradition : Le char funèbre roulait lentement et à petites journées pour se rendre au lieu de sa destination, lorsqu'arrivé en face de la porte de la chapelle de N.D. de Plouëc les roues se brisèrent en éclats ; il fallut donc renoncer à poursuivre la route. On descendit le cercueil renfermant les reliques précieuses, et on le déposa dans l'église de Runan, où il passa la nuit. Dès le lendemain, l'évêque de Tréguier, Jean de Plœuc, accompagné de son clergé, vint au-devant des restes mortels de son ancien duc et les conduisit en grande pompe à Tréguier.

Cette halte, a dit l'histoire, était réglée dans le cérémonial ; mais la tradition n'est pas de cet avis ; elle l'attribue à l'impossibilité, où fut le char de continuer son chemin, par suite de la rupture de ses roues, et regarde cet accident comme une circonstance miraculeuse, comme un avertissement de déposer là les précieuses et saintes reliques, Jean V, de son vivant, ayant eu, comme nous l'avons dit plus haut, une grande dévotion pour cette chapelle de Notre-Dame de Plouéc, devenue depuis église paroissiale de la commune de Runan.

Calvaire et bas-relief en granit

Dans le cimetière, assez mal entretenu, de Runan, le touriste visite avec admiration deux créations artistiques paraissant, l'une et l'autre, appartenir au quinzième siècle. C'est d'abord, au milieu d'une enceinte en maçonnerie formant balustrade, un superbe Calvaire dont la base a 6 pans et supporte trois croix d'inégales grandeurs. Ce monument, de même que l'église, était chargé d'armoiries et de riches sculptures ; mais le marteau des mauvais jours de notre révolution de 1789 a laissé là des témoignages nombreux de la fièvre de destruction qui fut un des traits caractéristiques de cette terrible époque.

Plus heureux que le Calvaire, dont les profondes cicatrices attristent les regards, le Bas-Relief a été préservé de toute atteinte. Découvert, en juillet 1854, par un enfant qui s'amusait à gratter le mur qui le soutient, et débarrassé, à cette époque, de l'épaisse couche d'argile sous laquelle la paroisse l'avait caché en 1793, il est devenu depuis un but de pèlerinage assez fréquenté, et laisse voir maintenant sans crainte les gracieuses statuettes, disposées en groupe, dont nous regrettons de n'avoir pu reproduire ici qu'une partie. Cette œuvre représente les scènes principales de la vie de la Vierge. Elle est incrustée maintenant dans la muraille intérieure d'une masure dont la toiture est complètement détruite. Située dans un coin du cimetière et transformée en mairie lors de l'érection de Runan en commune, cette masure était anciennement disposée en oratoire et formait une petite chapelle. Il ne serait donc pas impossible que ce bas relief eût été fait pour la place qu'il occupe ; mais on suppose qu'il servait autrefois de retable au maître-autel de l'église. Quoi qu'il en soit, nous pensons qu'on ne saurait mieux faire aujourd'hui que de faire revivre l'oratoire des temps anciens, et de lui conserver surtout les admirables sculptures dont nous venons de parler."

http://patrimoine-de-france.com/cotes-d-armor/runan/eglise-notre-dame-et-cimetiere-1.php

 

 

LASCAUX (Michel), 1987, Runan l'église des Chevaliers de Malte.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_106/Runan_lEglise_des_Chevaliers_de_Malte_.pdf

— LEMAÎTRE (Stéven), 2015, « Runan, église Notre-Dame-de-Miséricorde », Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie « Monuments des Côtes d'Armor, le « Beau Moyen Âge », 173e session, 2015 »,‎ 2017, p. 313-326. 

— LE BARZIC (E.), Crec'hriou, Sur les traces d'une vieille maison bretonne, 1969, Bull. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_194/sur__les__traces__dune__vieille__maison__bretonne.pdf

MONNIER (Louis), 1900, « L'église de Runan, ses origines, son histoire », Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, vol. 24,‎ 1900, p. 195.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411436v/f388.item.r=runan

"Cette fenêtre est accostée de deux écussons qui seraient ceux des anciennes familles dominantes de Runan : les Lestrezc et les Kerambellec. Ces derniers portaient d'argent au lion de sable accompagné de quatre merlettes de même. Les armoiries de Lestrezec se lisent encore très facilement plus à notre droite, au haut du pignon de l'ossuaire qui voient, en cet endroit, s'accoler au mur de l'église."

 

 

MONUMENTUM

https://monumentum.fr/eglise-notre-dame-cimetiere-pa00089576.html

PATRIMOINE

https://www.patrimoine-religieux.fr/eglises_edifices/22-C%C3%B4tes-dArmor/22269-Runan/138124-EgliseNotre-Dame

ROLLAND (Jean-Paul), 2016, L'église Notre-Dame de Runan.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_242/eglise__notre__dame__runan.pdf

ROPARTZ ( Sigismond), 1854, « Notice sur Runan », Annuaire des Côtes d'Armor,‎ 1854.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1107857/f87.item

— SPREV

http://www.sprev.org/centre-sprev/runan-eglise-notre-dame-de-misericorde/

— WIKIPEDIA

 https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame_de_Runan

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Héraldique Chapelles bretonnes

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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